Mais derrière les guirlandes lumineuses, les chants joyeux et les odeurs de cannelle, se cache une vérité bien moins reluisante. Une vérité que personne n’ose raconter. Une vérité qu’on a tenté d’étouffer sous des couches de sucre et de bons sentiments.
Car dans l’ombre de l’homme en rouge vit un frère. Le cadet oublié. Le mouton noir de la dynastie Noël. Celui qu’on a relégué aux marges du conte, trop encombrant, trop bruyant, trop... sincère. On l’appelle Balthazar Noël, mais lui préfère "Brian", pour oublier l’héritage dont il ne veut plus. Un colosse sarcastique à la langue acérée, qui vomit le folklore à coups de vérités crues et d’éclats de rire grinçants.
C’est avec ce personnage hors-norme, brut comme un bloc de glace et chaud comme une bûche en feu, que ce soir... nous allons passer un moment à la fois explosif, dérangeant, hilarant. Oubliez les clochettes. Oubliez les flocons. Ce soir, c’est Brian qui débarque.
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Le public était en liesse. Les projecteurs faisaient danser la lumière sur les dorures extravagantes du plateau, et l’ambiance, rythmée par une fanfare joviale, évoquait celle des grandes soirées mondaines, où le faste n’avait d’égal que l’extravagance de son hôte. Sur le devant de la scène, César Flickerman trônait derrière son bureau comme un maître de cérémonie tout droit sorti d’un rêve baroque, costume vert émeraude et sourire carnassier parfaitement en place.
Il se leva lentement, tel un prince des mots s’apprêtant à livrer un discours solennel, et leva les bras vers la foule pour obtenir le silence. Le public obéit avec l’enthousiasme complice des habitués, suspendu à ses lèvres comme à celles d’un prophète.
— Mesdames, messieurs, et vous, êtres lumineux ou démoniaques qui nous regardez depuis les recoins les plus sombres du multivers… ce soir, permettez-moi de vous offrir plus qu’un simple invité : un événement.
Un frisson parcourut les gradins. César, savourant l’effet de ses propres paroles, marqua une pause dramatique, puis reprit, le ton toujours plus solennel :
— Vous connaissez tous le Père Noël. Le grand, le bon, le bedonnant. Mais ce que peu savent… c’est que ce dernier n’est pas un homme seul. Derrière lui, dans l’ombre parfumée de sapin et de disputes familiales, se cache un frère. Un cadet. Un marginal. Un corps d’Apollon, un regard de feu, un ego taillé dans la glace du pôle… Mesdames et messieurs, pour la première fois sous vos yeux ébahis… je vous demande d’accueillir : Balthazar Noël !
Le rideau frémit. Une pluie de confettis s’abattit comme la promesse d’un miracle. La fanfare entonna une mélodie triomphante. La porte des coulisses s’ouvrit lentement dans un souffle... et resta béante.
Personne ne sortit.
Un murmure d’incompréhension parcourut l’assemblée. César, encore debout, fixa l’entrée avec un sourire figé, qui se crispa légèrement au fil des secondes. Il porta discrètement une main à son oreillette.
— Quoi ? souffla-t-il, à peine audible.
…Comment ça, il n’est pas là ?
…Avec qui ? La maquilleuse ? Maintenant ?!
…Quoi, cinq gardes de sécurité n’arrivent pas à le retenir ?! Envoyez du renfort, et vite !
Il inspira profondément, redressa les épaules et reprit d’un ton presque trop enjoué :
— Il semblerait que notre cher Balthazar… ait été momentanément retenu. Un léger contretemps… capillaire, semble-t-il. Rien de bien grave, mes chers, Mais a priori notre cher invité a la passion qui brule dans les veines