The Multiversity

La prochaine activité de la journée pour Shiro est de participer au petit-déjeuner collectif dans la grande salle avec Mélinda. Elle pensait que boire du sang suffirait à satisfaire sa faim mais dès que son hôte lui parle de petit-déjeuner elle sent qu’elle a aussi besoin de nourriture classique.

« Allez je te suis. »

Shiro marche avec Mélinda à travers les couloirs et les escaliers du manoir. L’endroit grouille de vie même de bon matin et l’infirmière se rend compte que son premier repas de vampire a éveillé quelque chose en elle. Elle parvient à sentir, bien que légèrement, les nombreux groupes sanguins dans les différentes pièces, avec une concentration importante dans la grande salle. Le duo entre par la porte latérale et va s’installer à la table au fond de la pièce. Dès l’arrivée de la maîtresse des lieux tout le monde se tait et regarde dans sa direction pour la saluer. Mélinda les salue en retour et leur explique que Shiro est une vampire pour aujourd’hui, ils doivent donc la traiter comme si elle était leur maîtresse. Il y a quelques clignements de yeux surpris, des murmures, puis les jeunes femmes et hommes s’inclinent respectueusement pour saluer l’infirmière.

« Bonjour à tous. C’est un vrai plaisir pour moi d’être ici aujourd’hui et de pouvoir goûter à la vie de vampire. Je reconnais certaines têtes parmi vous qui sont déjà passés par l’infirmerie et les jeunes femmes parmi ces têtes savent quel genre d’infirmière je peux être. Si je suis là aujourd’hui c’est pour expérimenter la vie de vampire au sein du clan Warren et je peux vous dire que ça commence plutôt bien. J’espère que vous me ferez tous un bon accueil et que nous pourrons partager de bons moments ensemble tout au long de la journée. »

Après ce petit discours Shiro va s’asseoir à table avec Mélinda.

« J’espère que mon petit discours allait, je n’ai pas l’habitude de parler devant autant de gens. »

Au fond ce n’est pas très important mais l’infirmière espère juste qu’elle n’a pas fait une mauvaise première impression auprès des occupants du manoir, surtout si elle doit être la maîtresse aujourd’hui.

Le petit-déjeuner est aussi bien fourni que le dîner de la veille, avec du pain et des viennoiseries à peine sorties du four, du thé et du café pleins de saveurs, du miel, de la confiture, des céréales, des jus de fruits fraichement pressés… Shiro n’est plus surprise de voir autant de raffinement à table mais elle est toujours aussi impressionnée de voir le mal que Mélinda se donne pour que les repas soient si fournis. En attendant de voir si une demoiselle va venir la lécher sous la table elle engage la conversation avec son hôte.

« Alors dis-moi Mélinda, qu’est-ce que tu fais de tes journées dans ce grand et beau manoir, hormis travailler et faire l’amour ? »

Si autoritaire face à une seule esclave, Shiro fut un peu décontenancée par tout ce monde. Il était impressionnant de voir combien d’esclaves Mélinda avait. Néanmoins, Shiro réussit à prendre la parole, et leur expliqua qu’elle était en train d’essayer la vie de vampire. Les esclaves comprirent donc que Shiro allait potentiellement devenir leur nouvelle Maîtresse. Ce n’était pas forcément juste pour ceux qui étaient là depuis des années, et qui attendaient patiemment le moment où Mélinda viendrait leur offrir le Don, mais Mélinda n’avait jamais prétendu être juste. Shiro s’assit ensuite à compagnie de Mélinda. Avec leurs tenues, elles détonaient pour un simple petit-déjeuner. Beaucoup étaient encore en pyjama, après tout. Les maids amenèrent des chariots métalliques remplis de victuailles, servant ainsi tout le monde, chaque maid ayant son propre secteur à gérer. Celle qui s’occupait de Mélinda et de Shiro était une lycéenne que Shiro avait déjà ausculté quand elle était venue la voir alors qu’elle avait de la fièvre : Izumi. Elle servit à Shiro du jus d’orange, lui demandant si elle voulait du café, et posa un plateau en argent comprenant des viennoiseries.

Mélinda attrapa un croissant et mordit dedans. Quand Izumi arriva près d’elle, la vampire n’hésita pas à lui mettre une main aux fesses, la faisant rougir tandis qu’elle lui versait du café. Mélinda sourit en sentant la présence d’un gode anal qui vibrait dans les fesses d’Izumi, et elle s’amusa à le titiller du bout des doigts, arrachant un discret soupir à la jeune femme. L’ambiance bon enfant tranchait avec tout l’aspect sexuel et la débauche sauvage de la nuit entre Shiro et Mélinda. Pour autant, le sexe restait toujours là. En regardant bien, on pourrait voir certaines filles tendre des morceaux de pains remplis de beurre sous la table, et remettre leurs mains sur le dessus de la table sans le morceau.  Lors des repas, il y avait toujours une équipe qui agissait sous la table, généralement des nekos.

Shiro interrogea alors Mélinda sur son quotidien. Celle-ci s’humecta les lèvres, et répondit :

« Je ne vis pas tout le temps au manoir, Shiro. En fait, je passe la plupart de mon temps à Mijak, dans mon harem. Mais, en ce qui concerne mes activités sur Terre, je me rends aussi au lycée, pour m’y amuser, trouver de nouveaux membres, entretenir mon réseau… Avant, je m’occupais aussi de la gestion du manoir, mais j’ai délégué cela à plusieurs de mes esclaves. »

Mélinda lui expliqua que le manoir était administré par un conseil regroupant certaines de ses esclaves. Au cœur du conseil, il y avait les Nakano, cinq sœurs jumelles que Mélinda avait adopté dès leur naissance.

« Ce sont elles qui gèrent les affectations. Le seul moyen d’empêcher que ce manoir se transforme en anarchie complète, c’est d’avoir de l’ordre et de l’organisation. Équipe de nettoyage, de cuisine… Elles gèrent tout ça et le planning des esclaves. Moi, en ce qui me concerne, je dois bien t’admettre que je passe la majorité de mon temps ici à faire l’amour. Je regarde aussi des films avec les filles. Elles ont essayé de m’initier aux jeux vidéos, mais je dois t’avouer que je suis un peu trop vieille pour gérer un joystick entre les mains. »

Une organisation bien rodée. Shiro sentit alors un frottement sur sa jambe. Un visage remonta vers son bassin, tout en léchant longuement sa jambe. Ce n’était pas Lumiya, mais sa petite-sœur, Émilia. Sa langue glissa sur le collant de Shiro, pour remonter vers son bassin. Comme si de rien n’était, Mélinda interrogea alors Shiro à son tour :

« Et toi, ma chérie ? Quand tu ne viens pas ici pour te faire baiser pendant des heures, que fais-tu de ton quotidien ? »

Shiro savoure un délicieux petit-déjeuner en très agréable compagnie et pas seulement grâce à Mélinda. Chaque domestique qui assure le service est un régal pour les yeux de l’infirmière, les femmes en particulier, et quand Izumi vient la servir elle n’hésite pas à passer une main sous sa jupe pour lui caresser les fesses. Pourquoi se priver après tout.

Mélinda explique à Shiro qu’elle est rarement dans ce manoir, elle passe la plupart de son temps dans son harem à Mijak. Quand elle vient ici elle cherche parfois de nouvelles personnes à ajouter à son entourage mais elle passe la majorité de son temps à s’amuser et à faire l’amour. Ce sont ses esclaves qui gèrent les affaires quotidiennes du manoir avec à leur tête les Nakano, des sœurs quintuplées que la vampire a adopté dès leur naissance.

« Je serais curieuse de les rencontrer. »

Son hôte lui renvoie ensuite sa question et l’infirmière a le plaisir de sentir un visage remonter vers son bassin tout en léchant longuement sa jambe. Elle regarde sous la table et découvre une belle neko aux cheveux argentés du nom d’Emilia.

« Bonjour toi. »

Elle lui caresse la tête et lui donne un morceau de croissant sous la table avant de se trouver de nouveau vers son hôte.

« Je ne fais pas grand-chose les jours où je suis de service au lycée. Le matin après m’être levé je vais faire un peu de jogging afin de rester en forme, et le soir en rentrant je me fais à manger et je me couche tôt pour bien me reposer.
En revanche, quand je ne travaille pas ou que je ne suis pas ici à faire l’amour, il y a une chose qui occupe tout mon temps : l’art. Peinture, musique, littérature, théâtre… j’en consomme et j’en produis un peu aussi. J’écris des poèmes, je joue des morceaux au piano, ce genre de choses. »

Shiro peut sentir la langue d’Emilia approcher de plus en plus de son entrejambe, elle en frissonne d’avance tandis qu’elle continue d’avaler son petit-déjeuner, offrant de temps en temps un morceau à la neko pour l’encourager.

« Bien sûr si je viens m’installer ici je passerai plus de temps à m’envoyer tes charmants esclaves.
Et toi alors, tu as des loisirs en dehors du sexe ? »

Mélinda écouta attentivement Shiro, qui avait des passions très humaines. Le jogging, le piano, les poèmes… Cela l’intrigua.

« Tu es donc une artiste… Je serai curieuse de lire tes poèmes à l’occasion, ou de t’entendre faire du piano. On en a un ici, un Steinway. »

Une autre manière de rappeler la colossale fortune de Mélinda, car les pianos Steinway étaient excessivement chers, valant plusieurs dizaines de milliers d’euros. Mélinda sourit en voyant Shiro sursauter sous le contact d’Émilia, à qui elle tendit un morceau de brioche, que la jeune furry avala goulûment. Shiro interrogea ensuite Mélinda sur ses loisirs, tandis que Mélinda nota que Shiro envisageait la perspective d’habiter ici. Son regard virevoltait sur toutes les personnes présentes, et Mélinda pensait suffisamment la connaître pour savoir que Shiro devait s’imaginer comment leur faire compulsivement l’amour.

Souriant légèrement, Mélinda répondit alors de manière complète :

« J’ai malheureusement peu de loisirs. Tu sais, je ne suis pas qu’une simple tenancière de harem… Mon rôle a évolué depuis mon premier mariage avec ma femme, Vanillia. Je suis devenue une comtesse, et je dirige un clan vampirique. Et puis, il y a eu deux autres évènements significatifs. La Déesse Aphrodite a amélioré mon sang, elle a infusé son sang divin avec le mien, ce qui me permet désormais de donner la vie comme les humains le font. Cela n’est pas anodin, car, avant cela, je refusais de convertir les autres. Être un vampire est formidable, mais la perspective d’être à jamais stérile est horrible… Maintenant, mon sang permet de donner la vie. Tu vois, c’est un changement significatif. Et puis, ensuite, je me suis également mariée avec l’Empereur de Mijak, Wismerhill. C’est un mariage politique et sexuel, l’Empereur se marie avec les femmes les plus influentes pour maintenir la paix impériale. Mais cela fait que j’ai aussi un harem impérial à gérer… Enfin, tu n’as jamais été sur Terra, mais il faudrait que je t’y emmène… Si tu choisis de devenir une vampire, bien sûr. »

On aurait pu croire qu’elle cherchait à éviter la question, mais Mélinda y revint ensuite :

« Quant à mes loisirs… Outre le sexe, les filles essaient de m’initier aux loisirs humains. Les jeux vidéos, j’ai du mal, on regarde des films, et, si j’ai un piètre talent artistique, j’aime bien lire, aussi… Mais il y a un loisir que j’aime plus que tout autre Shiro, c’est celui qui consiste à chasser. »

Les yeux de Mélinda semblaient briller à cette idée. Sa main attrapa doucement celle de Shiro.

« Chaque fois que je me rends au lycée, c’est dans la perspective de faire une nouvelle esclave. Je suppose que c’est une forme de substitut à la chasse classique, mais j’aime aussi ça. Quand je veux chasser, je pars avec Bran de nuit, et on se rend à des endroits où il y a des types dangereux, comme à proximité des boîtes de nuit. On attend alors qu’un homme éméché tente de violer une femme, et on intervient. Ne va pas croire que nous sommes des super-héros. Nous attaquons nos proies, des violeurs, des criminels, car cela attire moins la police. Mais, à la fin de la proie, quand on a assez joué, nous nous gorgeons de leur sang, s’il n’est pas trop mauvais, et nous les tuons. »

Shiro était à ce moment vampire, alors Mélinda poursuivit :

« Tu te souviens du plaisir féroce que tu as eu à me dominer, hein ? C’est cette soif de pouvoir qui est dans tous les vampires. C’est pour ça que j’aime le pouvoir, que j’aime commander… Je ne ferai jamais de mal à mes protégés. Les vampires ont besoin de chasser, Shiro, comme des lions. Alors, je me débrouille toujours pour chasser. Si tu deviens une vampire, toi aussi, tu devras le faire. Bran t’accompagnera, et tu découvriras le plaisir immense qu’on peut ressentir à tuer de sales types, à les violer comme eux le feraient, puis à les tuer. Et puis, on voit ensuite ce qu’on fait de leur victime. La laisser là, l’emmener à un hôpital, ou dans une chambre du manoir, si elle nous intéresse… »

Mélinda haussa les épaules.

« J’espère ne pas te choquer, je sais que les humains ont plus de mal que les vampires à comprendre l’importance du cycle de la vie et de la mort. Mais, pour te répondre en toute honnêteté, voilà mon grand loisir… Chasser. Que cela soit en baisant des lycéennes, ou en traquant des sales types. »

Est-ce que Shiro serait choquée, ou excitée ?

Mélinda se montre intéressée par les loisirs artistiques de Shiro, espérant qu’elle lui fera un jour lire ses poèmes ou écouter ses performances au piano.

« Si je reviens ici souvent, ou même si je finis par m’y installer, je pourrai te faire écouter mon jeu quand tu voudras. »

L’infirmière ne s’étonne pas de savoir qu’il y a un Steinway dans ce manoir, son hôte est de tout évidence très fortunée. Cette dernière lui parle ensuite de ses hobbies et il semble qu’elle n’en ait pas beaucoup, son travail et ses responsabilités lui accaparant beaucoup de temps. En plus de ses différentes affaires elle dirige également un clan vampirique et s’est même mariée avec un empereur sur Terra, où elle espère pouvoir emmener Shiro si elle décide de devenir une vampire. Sinon de temps en temps elle aime lire ou regarder des films, mais ce qu’elle aime faire par-dessus tout pour se distraire c’est chasser.

« Bizarre, je ne t’aurais jamais imaginée dans la peau d’une chasseuse. »

Mais il ne s’agit pas de chasse traditionnelle mais de chasse ’’à l’humain’’ si on peut dire. Shiro voit bien que les yeux de Mélinda brillent quand elle lui explique qu’elle sort la nuit avec Bran pour aller dans les endroits dangereux de la ville et trouver des sales types pour les torturer, les violer, se nourrir de leur sang et les tuer. Clairement ce n’est pas pour protéger la population ou par altruisme mais pour le frisson du pouvoir et pour se nourrir du sang de leurs victimes, prenant quand même soin de mettre les victimes en lieu sûr.

Shiro est assez choquée par ce qu’elle vient d’entendre et Mélinda peut le comprendre. D’après elle les humains ont plus de mal que les vampires à comprendre l’importance du cycle de la vie et de la mort mais cette pratique de la chasse est quelque chose dont les vampires ont besoin, comme les animaux sauvages, et elle devra aussi le faire si elle choisit de devenir une vampire.

« Quand tu en parles comme ça, ça semble… horrible. Je ne suis clairement pas en position d’émettre un jugement ou même de comprendre totalement ce que la chasse représente pour les vampires mais… Je suis médecin, Mélinda. J’ai prêté serment de toujours préserver la santé d’autrui et de ne jamais faire souffrir, alors rien que d’imaginer que je puisse blesser et tuer de sang-froid juste pour satisfaire un besoin… ça me fait froid dans le dos. »

Apparemment l’infirmière a encore beaucoup de choses à apprendre sur ce que signifie réellement être une vampire. Elle espérait en apprendre plus sur son hôte et ainsi se rapprocher d’elle mais ce petit échange l’a bien refroidie, elle n’est plus vraiment d’humeur à profiter des léchouilles de la gentille neko entre ses jambes. Elle continue à manger son petit-déjeuner et à nourrir la demoiselle sous la table mais son esprit est ailleurs, remettant en question ses décisions jusqu’ici.

Mélinda avait sans doute été trop loin. Son emballement, encore une fois ! Elle sentit le sang de Shiro se refroidir sur place, et Mélinda sentit qu’il fallait rapidement préciser ce qu’elle avait voulu dire. Sa main s’empara de celle de Shiro, comme pour l’empêcher de se retirer.

« Je connais ton serment, Shiro, et je ne t’impose rien. Tu m’as demandé ce que j’aimais faire, je ne t’impose pas de le faire… Mais ne te méprends pas. Sur Terre, je récupère des esclaves. Les chasses, je les fais sur Terra. »

Elle laissa quelques secondes de silence, et reprit :

« Nous sommes tous des êtres carnivores, Shiro. La viande que l’on mange provient d’animaux. Ce que je chasse, sur Terra, ce sont des monstres, mais aussi d’autres vampires sauvages. Les humains que je chasse sont des êtres monstrueux, je ne traque pas de simples personnes innocentes. Tu peux me trouver dure, mais tu vis dans un pays qui autorise toujours la peine de mort, Shiro. Quand je chasse des humains, ce sont souvent des gens cruels, qui commettent des actes qui les condamneraient à mort. La dernière personne que le Japon a condamné à mort est un individu qui a tué 36 personnes en incendiant un immeuble à Kyoto. »

Mélinda sentait bien que cela perturbait Shiro.

« Chasser n’est pas obligatoire, ce qui compte, c’est que tu te nourrisses de sang. Si tu ne bois pas de sang, tes neurones vont se détériorer. C’est une conséquence du vampirisme, nos cellules cérébrales se détériorent rapidement. Le sang permet de les régénérer. Si les neurones se détériorent trop, tu retournes à l’état sauvage. »

Elle relâcha la main de Shiro.

« Tu voulais épouser Tessia, non ? Les succubes aussi, tu sais, peuvent tuer. Je souhaite être franche avec toi, Shiro, je ne veux pas te mentir. Les vampires ne sont pas des biches, nous sommes des chasseurs, des prédateurs qui vivront éternellement. Alors, sache que les humains qu’il m’arrive de tuer le méritent entièrement. Je n’ai pas foi en la justice des hommes. J’estime que quelqu’un qui tente de violer un enfant ne mérite pas de pitié. Voilà le genre de gens que je traque. Le dernier que j’ai tué sur Terre était un homme d’affaires véreux, proche des Yakuzas, qui achetait des enfants réfugiés venant de pays asiatiques et qui faisait du tourisme sexuel en Thaïlande. Je traque ce genre de personnes, et j’avais tous les éléments nécessaires pour ne pas avoir de doutes. Moi et mon frère, nous l’avons pisté jusqu’à sa tanière, où nous avons vu les vidéos qu’il prenait, et le plaisir malsain qu’il tirait à torturer des enfants et à les violer. Alors, nous sommes intervenus. »

Elle lui expliqua qu’ils avaient neutralisé le pédophile, puis Mélinda avait emmené les enfants pour s’en occuper.

« Il finançait une association qui venait en aide aux enfants orphelins et réfugiés. Un profil insoupçonnable. Peut-être aurais-je dû le délivrer à la justice japonaise, mais j’ai préféré appliquer ma propre justice. Je voulais qu’il ressente la douleur de ce qu’il a infligé à ses victimes, la peur et la terreur. Je ne souhaitais pas juste le tuer, mais le punir. Alors, moi et mon frère, nous l’avons emmené au cœur d’une forêt, nu, et nous l’avons traqué toute la nuit, jusqu’à le tuer. Tu peux trouver ça cruel, mais je ne regrette pas de tuer de telles personnes. Il ne méritait plus de vivre… Et, en le torturant comme ça, nous obtenons aussi des informations sur ses complices. Ils finissent toujours par révéler des informations. Grâce à ça, j’ai obtenu les coordonnées de ses complices, et j’ai pu prévenir mon amie Tessou, une policière. Cela a permis beaucoup d’arrestations et de sauver bien des enfants. »

Mélinda se racla la gorge à nouveau.

« Je ne suis pas un monstre, Shiro. Mais c’est ça, la vision d’un vampire. Pour moi, la mort n’est pas un tabou, elle fait partie du cycle de la vie et de la mort. Si tu veux une allégorie, dans un pâturage où il y a dix brebis et un loup, si on ne tue pas le loup, il tuera les brebis. Des types comme ça, si je ne les tue pas, ils tueront d’autres personnes. »

La vampire se racla la gorge.

« Désolée, je ne pensais pas aborder ce matin une conversation si sérieuse… Mais, comme tu vois, je ne fais pas que faire l’amour. Il est normal que cela t’horrifie, ma puce, car tu raisonnes encore comme une humaine. Ce que je te dis n’est pas politiquement correct, mais c’est pourtant une réalité. Je suis les actualités terriennes, et je sais par exemple que, face à des terroristes et à des seigneurs de guerre, les gouvernements ordonnent des assassinats. On peut trouver ça effrayant, mais moi, je pense qu’il existe des personnes dont les crimes sont tels qu’ils perdent le droit de vivre. Bien sûr, je ne parle pas de tuer des voleurs, ou des délinquants ordinaires… Mais des cas horribles, il en existe. En France, il y a un homme, Pierre Bodein. Cet homme a été condamné à de nombreuses reprises par la justice française. Sept condamnations, plus exactement. Un individu qui a commencé comme braqueur, et qui réussissait toujours à sortir de cellule en se faisant passer pour un fou. »

Elle lui expliqua que cet homme avait été diagnostiqué en 1976 comme étant un végétatif en fauteuil roulant, un débile qui mangeait ses propres excréments. Libéré en 1980, Bodein avait alors recommencé ses braquages, en se faisant de nouveau passer pour fou après avoir été une nouvelle fois arrêté. Tous les psychiatres avaient confirmé alors qu’il était bel et bien fou. Pourtant, en 1992, le supposé fou parvint à quitter son fauteuil roulant pour s’enfuir de son hôpital psychiatrique.

« Lors de sa cavale, Bodein séquestra trois femmes, en viola une, braqua une banque, une armurerie, puis tira sur deux policiers. La justice le condamnera à 30 ans de prison en 1994, puis finalement à 20 ans après l’expiration de délais d’appel. Finalement, il sera libéré beaucoup plus tôt, en 2004. »

Mélinda poursuivit après quelques instants de silence :

« La police l’arrêtera à nouveau. Cette fois, Pierrot le Fou, comme on l’appelait, avait enlevé une fillette de 10 ans, qu’il a violé, puis tué. Il a ensuite tué une femme âgée de 38 ans en la violant aussi, puis a terminé son parcours criminel en violant et en tuant une femme de 14 ans. Il a alors finalement été condamné à la perpétuité incompressible. »

La vampire se tut à nouveau, après ce long monologue.

« Je t’ai parlé tout à l’heure du loup et de dix biches. D’aucuns trouveraient insupportables de tuer quelqu’un comme Bodein. Moi, je pense qu’à partir du moment où il a violé des femmes et tiré sur des policiers, il était apte à finir entre mes griffes. Si la France avait eu la lucidité de le condamner à mort, deux fillettes et une femme seraient toujours en vie. Je souhaite que tu y réfléchisses, Shiro. Je ne souhaitais pas aborder ce sujet dès maintenant avec toi, mais, puisque tu envisages de partager ma vie, tu dois aussi connaître ma vision des choses. Si je te parle du cas de Bodein, c’est pour te montrer que, parfois, il n’y a pas d’autre solution. Tu connais la parabole du scorpion et de la grenouille ? Un scorpion souhaite traverser une rivière, et demande à une grenouille de la porter pour traverser la rivière. Cependant, la grenouille est la proie du scorpion, alors elle indique au scorpion de ne pas la piquer. Le scorpion accepte, mais, en cours de traversée, il finit par piquer la grenouille, qui ne comprend pas, car, en tuant la grenouille, le scorpion se condamne lui aussi. Alors, la grenouille demande au scorpion pourquoi, et le scorpion répond… Que c’était sa nature. »

Sa conclusion vint ensuite :

« Certaines personnes sont irrécupérables, ma chérie. C’est comme ça, que ce soit sur Terra ou sur Terre. Certaines personnes sont le Mal incarné, et ne rêvent que de tuer les autres. Ce sont ces personnes que je traque. Alors, ce n’est pas fréquent, mais, quand j’en trouve une, je ne la lâche pas. Tu peux me trouver dure, et tu peux trouver ça horrible, mais c’est ma conviction. »

Dire que Shiro était si joyeuse ce matin, maintenant elle commence à voir les mauvais côtés de la transformation vampirique. Mélinda essaie de rattraper le coup en lui expliquant qu’elle ne mène ses chasses que sur Terra et qu’elle traque des individus dangereux ou des vampires sauvages, ainsi elle ne fait pas de victimes innocentes et rend les rues plus sûres tout en satisfaisant son besoin de sang. La chasse n’est pas obligatoire mais les vampires doivent se nourrir régulièrement de sang sinon leurs neurones se dégradent rapidement.

« Je comprends que tu aies besoin de te nourrir mais… tu as plein d’esclaves qui sont prêts à t’en donner de leur plein gré, pourquoi en prendre à des inconnus ? Et surtout pourquoi les tuer ? »

Certes le Japon autorise encore la peine capitale mais cette dernière est strictement encadrée par la loi, alors que Mélinda agit sans rendre de comptes à personne. Son hôte essaie de la convaincre que parfois, certains individus méritent de mourir pour leurs crimes et la justice est inapte à les punir convenablement, comme le tueur en série Pierre Bodein en France, et lui fait remarquer qu’elle comptait épouser une succube, qui est également une espèce prédatrice.

« Est-ce qu’on peut éviter de parler d’elle s’il-te-plaît ? »

Le point principal de Mélinda ici est que les vampires ont une conception différente de la vie et de la mort et que ces chasses s’inscrivent autant dans un besoin de se nourrir qu’un besoin de traquer des proies. C’est quelque chose que Shiro ne peut sans doute pas comprendre en tant qu’humaine mais en tout cas elle voit bien que son hôte est totalement sincère avec elle. Cependant elle regrette d’avoir abordé un sujet aussi sérieux de bon matin.

« Il aurait bien fallu qu’on l’aborde à un moment ou un autre de toute façon. J’apprécie ton honnêteté et le mal que tu t’es donné pour m’expliquer ta vision des choses mais… je vais avoir besoin d’un peu de temps pour intégrer tout ça. »

Maintenant l’infirmière réalise qu’il y a bien plus en jeu dans cette décision qu’elle ne le croyait. Changer d’espèce va aussi changer sa vision du monde, la façon dont elle perçoit les humains qui ne seront plus ses semblables, et même son rapport à la vie et à la mort. D’après ce que lui a raconté son hôte, elle pourrait même être incapable d’exercer son métier d’infirmière.

Comment suis-je censé soigner et protéger les malades si je me mets à voir les humains comme des proies ? Les protégés de Mélinda ne sont pas des dangereux criminels mais comment je peux être sûre de faire encore la différence une fois transformée ?

Après tout l’élixir ne l’a pas réellement transformée en vampire, ce n’est que temporaire. Elle va devoir être très attentive durant le reste de la journée pour voir si elle a des changements de comportement alarmants ou des désirs étranges.

Shiro avait encore besoin d’accuser le coup. Mélinda, de son côté, avait longuement parlé pour lui expliquer son point de vue, mais elle n’avait pas encore tout à fait terminé. Elle resta silencieuse pendant quelques instants, en regardant sa nouvelle amie. Shiro avait les yeux perdus dans le vague, elle ne parlait pas trop, mais Mélinda sentait ses neurones s’agiter derrière ses jolies prunelles. Mélinda lui attrapa alors doucement la main, comme pour la sortir de sa torpeur.

« Il faut que je te montre quelque chose. »

Les conversations alentour avaient un peu diminué pendant le monologue de Mélinda. Ses esclaves savaient comment leur Maîtresse fonctionnait. Mélinda quitta donc la table en emmenant Shiro avec elle, et en la tenant par la main. Elles rejoignirent l’atrium du manoir, à proximité de la salle à manger, avec un escalier intérieur menant à une mezzanine à l’étager. Les quartiers de Mélinda étaient accessibles par là. Mélinda s’y rendit, et se dirigea vers une porte fermée.

« Je ne t’ai pas dit toute la vérité, Shiro. Enfin, ce que je t’ai dit, je le pense, mais, si je veux être parfaitement honnête avec toi, il faut que tu connaisses mon passé. »

Elle déverrouilla la porte, et alluma une lumière. Shiro put ainsi voir une espèce de débarras où il y avait des tableaux, et des bibelots. Sur ces tableaux, une femme avait été dessinée, ressemblant à Mélinda, mais en plus âgée. La personne peinte avait les mêmes yeux verts que Mélinda, et on retrouvait dans son regard la même intensité que dans les yeux de Mélinda. Laissant Shiro examiner les lieux, Mélinda finit par se lover contre elle, dans son dos.

« C’est ma mère… Elizabeth Warren. Enfin, je veux dire, ma mère biologique. J’ai gardé ici tous les souvenirs d’elle que j’ai pu retrouver. C’est moi qui l’ai tué… Involontairement, pour le coup. Elle était épuisée au moment de me mettre au monde, et elle a fait une fausse couche. C’est à croire que j’étais prédestinée à côtoyer la mort. Je t’épargne les détails techniques, mais disons que mes parents étaient assez instables. Mon père, Adam, était déjà fou, et, quand il a vu que ma mère était morte, il m’en a fait porter le chapeau. J’ai grandi dans une cage, ma chérie, dans une cage entourée d’esclaves. Mon père était un homme que je détestais, et qui me faisait du mal. Alors, quand on m’a transformé en vampire, je l’ai tué. J’ai ainsi pu récupérer ses possessions, et notamment les esclaves qu’il martyrisait, torturait, ou tuait dans des expériences grotesques pour tenter de ramener ma mère à la vie. »

Elle sentit le corps de Shiro frissonner contre elle. Mélinda l’embrassa dans le creux du cou.

« Alors, je ne sais pas… Est-ce ma nature vampirique qui me donne envie de traquer des gens comme lui, ou mon passé ? Ma fille, Akira, ne ressent pas ce besoin comme moi. Je serai donc tentée de penser que cela vient de moi. En tuant mon père, j’ai protégé toutes ces femmes dont leurs descendances sont toujours sous ma protection. Mais toi, tu ne seras jamais un danger pour eux, Shiro. Je n’ai jamais blessé ni menacé une seule personne qui ne le méritait pas en plusieurs siècles, il n’y a aucune raison que tu le fasses. Mais tes nouveaux pouvoirs te permettent aussi de faire plus que ce qu’une humaine peut faire. Comme moi, tu as envie de les protéger, n’est-ce pas ? Toutes ces personnes que tu as vus… Tu ne pourras jamais leur faire de mal. »

Mélinda retourna alors doucement Shiro, et se risqua à aller l’embrasser brièvement sur les lèvres.

« C’est le prix à payer, ma chérie. Si tu veux des esclaves, il faut aussi veiller sur eux, et parfois contre leur volonté. Quand tu récupères une jeune adolescente droguée qui refuse de se soigner ou de se sevrer, il faut agir contre ce qu’elle te demande, pour son bien. Quand je récupère une femme battue qui retourne sans cesse chez son conjoint parce qu’il la harcèle et qu’elle a peur de lui, il faut aussi que je passe de la gentille Maîtresse à la vampire qui montre les griffes, et que je fasse comprendre à cet homme que, s’il continue à importuner ainsi ma protégée, je pourrais bien le castrer. La violence est parfois nécessaire dan s notre monde, ma chérie, car il y a des gens qui ne comprennent que cela. C’est malheureux, mais c’est ainsi. Si tu veux dominer ces femmes et ces hommes, si tu veux bien les dominer, il faut avoir ça dans un coin de ta belle tête. »

Perdue dans ses pensées, Shiro s’en fait finalement sortir par Mélinda qui décide de l’emmener dans ses quartiers privés. Elle y ouvre une porte et l’invite à entrer dans ce qui ressemble à un débarras avec des tableaux et des bibelots. Sur l’un de ces tableaux, une femme ressemblant à Mélinda mais en plus âgée est dessinée. La vampire explique à son invitée que cette femme est sa mère, Elizabeth Warren, et qu’elle est morte en lui donnant naissance. Son père, Adam, était déjà mentalement instable avant que sa fille ne naisse, mais après la mort de sa femme il a perdu pied et rejeté la faute sur son enfant. La vampire n’entre pas dans les détails mais l’infirmière comprend bien qu’il lui a fait du mal, du coup elle n’a pas hésité à le tuer après avoir été transformé en vampire. Son geste était certes illégal mais elle avait ainsi pu se libérer de son père abusif et sauver toutes les femmes qu’il gardait en cage, et de toute façon personne ne l’aurait punie pour avoir tué son père s’il était bien le monstre qu’elle avait décrit. De son point de vue, prendre sa vie avait sauvé la vie de nombreuses femmes ainsi que de leur descendance.

« Tu as sans doute raison, mais qu’est-ce qui te dit qu’il n’y avait pas d’autre solution ? Je n’étais pas là alors je ne peux pas savoir, mais est-ce que tu es sûre et certaine que tu n’aurais pas pu te libérer de ton père d’une autre façon ? »

Shiro ne veut pas croire que la mort est la seule solution, ça va à l’encontre de tout ce qu’elle a appris et tout ce qu’elle a juré d’accomplir en tant que médecin. Son quotidien à l’infirmerie n’est pas toujours rose, elle doit parfois gérer des adolescents agressifs, dépressifs voir suicidaires, à cause de mauvais traitements subis à l’école ou à la maison, et parfois elle a envie de faire du mal à ces agresseurs. Mais elle se retient parce qu’elle a juré de ne jamais infliger volontairement de souffrance et qu’elle sait qu’il y a une bonne et une mauvaise façon de gérer ces situations.

Mélinda lui présente les choses sous un autre angle : c’est peut-être son passé qui lui donne envie de traquer les mauvaises personnes plutôt que sa nature vampirique. Après tout sa fille Akira ne ressent pas le besoin de chasser. En revanche il y a une chose que Shiro doit absolument comprendre si elle veut bien dominer ses esclaves en tant que vampire : parfois il est nécessaire d’aider une personne même si c’est contre sa volonté, comme une adolescente droguée qui refuse de se sevrer ou une femme prisonnière d’un compagnon violent.

Je ne peux pas lui donner tort là-dessus.

Là encore, dans son travail elle a déjà eu affaire à des adolescents au bord de la rupture nerveuse et prêt à se faire du mal ou à en faire aux autres. Dans ce cas-là elle est obligée d’imposer des soins à la personne, même si c’est contre son gré.

Après un autre baiser Shiro regarde Mélinda droit dans les yeux et, bien qu’elle a été relativement silencieuse depuis un moment, les mots viennent tout seuls.

« Je ne pense pas que je puisse être un jour comme toi, Mélinda. Je ne me vois pas sortir la nuit pour chasser des prédateurs et des assassins, les tuer et boire leur sang, et l’idée que je puisse devenir ce genre de personne en me transformant en vampire me terrifie. Mais je suis d’accord avec toi sur le fait que, parfois, on est obligé de protéger une personne de soi-même et de l’aider même si elle ne le veut pas. Protéger tes esclaves, les aimer et les dominer pleinement… ça je peux le faire. Vampirisme ou non. »

L’infirmière voit bien que son hôte s’en veut un peu de l’avoir autant troublée dès les premières heures de son expérience de vampire mais il est important qu’elle ait un maximum d’informations sur ce que ce changement pourrait impliquer dans sa vie si jamais elle décidait de franchir le cap. Elle embrasse son hôte sur les lèvres, plus intensément cette fois, pour essayer de remettre l’ambiance au beau fixe mais il lui apparaît rapidement qu’elle ne pourra pas le faire en quelques minutes. Elle a besoin d’un peu de temps pour réfléchir.

« Mélinda, je ne voudrais pas être impolie mais… j’aurais besoin de rester un peu seule. Pas longtemps, une heure maximum, juste pour remettre de l’ordre dans mes pensées au calme. Est-ce qu’il y a un endroit dans le manoir où je pourrais aller pour me détendre ? »

Elle pourrait retourner prendre un bain, sinon elle verrait bien un salon de massage ou un sauna. Est-ce que son hôte a aménagé ce genre d’endroit dans sa luxueuse maison ?

Aurait-elle pu épargner son père ? La question méritait sans doute d’être posée. Mélinda se la posait souvent, d’ailleurs. Shiro l’embrassa à plusieurs reprises, tout en lui disant qu’elle avait besoin de temps pour réfléchir à tout ça. Mélinda n’allait pas insister. En soi, elle regrettait effectivement d’avoir déjà évoqué cela. Une autre idée commença à germer dans son esprit. Elle hocha la tête, et attrapa à nouveau la main gantée de Shiro.

« On a une piscine et un complexe balnéaire dans l’une des ailes.  Un bain bouillonnant, notamment, qui fait le plus grand bien pour se relaxer. Cependant, tu peux rencontrer d’autres personnes, c’est ouvert à tout le monde. »

Mélinda marcha donc vers cette partie du manoir, qui se trouvait au fond de l’une des ailes, où elle remplissait une bonne partie de l’aile. On pouvait d’ailleurs voir la piscine depuis l’extérieur, car il y avait de grandes baies vitrées. C’était une piscine de 25m avec à l’extérieur une piscine externe de 20 mètres. Les deux piscines étaient reliées par un tunnel aquatique. Mélinda ne se refusait rien, car l’entretien de cette piscine coûtait pas mal d’argent. En chemin, elle répondit aux questions de Shiro.

« J’ignore si je pouvais sauver mon père… Mais je ne le pense pas. Il était un traître aux yeux du pouvoir en place, et, sur Terra, la peine de mort est largement répandue. Enfin, quand je vois certaines prisons humaines, je me dis que cette race applique aussi une forme discrète de peine de mort. C’est ironique, dans un sens. Là d’où je viens, quand on veut condamner une personne à un supplice pire que la mort, on l’emmure vivant chez elle, et elle n’en sort jamais. On se contente de la nourrir par une trappe. La mort est perçue comme une délivrance… Enfin, je te parlerai peut-être un jour davantage de Mijak ou de Terra, c’est une planète que tu pourrais qualifier de médiévale, ou d’héroic fantasy. La peine de mort y est donc courante. Si je n’avais pas tué mon père, j’aurai fini esclave, ou on m’aurait tué, pour éviter que je ne cherche par la suite à venger mon père. »

C’était assez terrible comme raisonnement, et assez impitoyable. Comme quoi, Mélinda se voulait assez lucide.

« Si j’avais vraiment eu le choix, je ne pense pas que je l’aurai tué. J’aurai fait comme Bran, je l’aurai rééduqué… Mais Bran était jeune, et plus facile à guérir que mon père. Est-ce que cela aurait marché ? Ou est-ce qu’il serait toujours à ce jour un vieux prisonnier sinistre dans mes geôles ? Je n’en sais rien… La vraie question, c’est plutôt de savoir si je regrette d’avoir tué mon père. »

Elle s’arrêta dans sa marche, puis regarda alors Shiro, et lui caressa la joue.

« Parfois oui, parfois non. C’est surtout quand je vois des familles heureuses… Je regrette de ne jamais avoir connu ça… » soupira-t-elle.

Mélinda releva la tête.

« Bref, je suis désolée de t’avoir embêté avec tout ça, Shiro. Vraiment. Je sais que tu es venue à moi parce que tu étais triste, et j’ai voulu te rendre heureuse, satisfaire tes désirs, et te montrer que tu avais le droit d’être heureuse et d’avoir une famille qui compte sur toi. Je n’ai pas changé, tu sais. Je ne suis pas un genre de monstre, et tu ne deviendras pas plus monstrueuse en étant vampire que tu ne l’es déjà comme humaine… Je veux dire, toute personne qui vit est autant capable de faire le bien que le mal. Il suffit de voir comment les enfants peuvent être méchants entre eux, n’est-ce pas ? Tu ne changeras pas là-dessus. »

Elles avaient rejoint la double porte menant aux vestiaires.

« Bon, eh bien, je te laisse là, ma chérie. Viens me voir quand tu en auras envie, ou profite du reste du manoir… Mais n’oublie pas que tu es une vampire jusqu’à la fin de la journée, maintenant. D’ici à ce midi, tu devrais avoir faim, et à avoir soif. Je te rassure, tu ne va pas te transformer en une brouxe, mais tu ressentiras un peu les effets d’une déshydratation… Il faudra que tu me retrouves alors, ou un autre vampire de la maison. Bran, Akira, ou les esclaves que j’ai commencé à vampiriser… Mais bon, j’espère quand même que tu viendras vers moi. »

Mélinda lui sourit, et l’embrassa une ultime fois, avant de la laisser libre. Elle ignorait totalement comment Shiro allait réagir, et cela l’angoissait un peu. Au fond, Mélinda avait toujours ce besoin compulsif de tout contrôler, de maîtriser ce qui se passait chez elle. En soi, il n’y avait aucun risque que Shiro s’en prenne à d’autres, mais elle avait surtout peur que son invitée, horrifiée par ce qu’elle avait appris sur elle, ne décide de partir. Mélinda était convaincue qu’elle pouvait faire de Shiro un membre de son clan, de sa famille… L’idée que Shiro se refuse à elle lui était donc logiquement insupportable.

*Fais-lui confiance, c’est une grande fille, elle saura faire la part des choses… Elle voulait sortir avec une succube, je te rappelle, ce ne sont pas non plus des parangons de vertu.*

Certes… Le véritable problème était sans doute que ce genre de moments déstabilisait Mélinda, et révélait que, sous son assurance d’aplomb, elle souffrait en elle d’un manque de confiance… Comme un héritage lointain de l’époque où elle était une esclave enfermée dans un cachot…

Apparemment Mélinda a aménagé une piscine et un complexe balnéaire dans une des ailes du manoir, avec un bain bouillonnant parfait pour se détendre et des tas de personnes à rencontrer.

« Ca me semble parfait. Tu veux bien m’y conduire ? »

Les deux femmes marchent main dans la main vers cette partie du manoir qui occupe presque toute l’aile dans laquelle elle est installée avec une piscine intérieure de 25 mètres et une piscine extérieure de 20 mètres, reliées par un tunnel aquatique. En chemin la vampire parle à son invitée de son père, des regrets qu’elle éprouve parfois à l’avoir tué, du monde de Terra qu’elle espère lui faire découvrir un jour, du fait qu’elle ne changera pas de personnalité en devenant un vampire, elle lui explique qu’elle pourrait se sentir déshydratée dans la journée à cause du besoin de sang et qu’elle ne doit pas hésiter à venir la voir au besoin puis elle l’embrasse une dernière fois avant de la laisser devant l’entrée du complexe.

« A plus tard Mélinda. »

Shiro a le sentiment de dépasser un peu les bornes en demandant à son hôte de la laisser seule dans sa propre maison mais elle a vraiment besoin de temps pour réfléchir et elle sait qu’elle n’y arrivera pas si Mélinda est juste à côté d’elle.

Une heure, pas plus… le temps de faire du tri dans mes pensées.

Dès qu’elle entre dans le complexe est elle accueillie avec beaucoup d’attention par le personnel. L’annonce d’une invitée qui pourrait devenir une nouvelle vampire du clan Warren a fait le tour du manoir et tout le monde veut être aux petits soins pour la nouvelle favorite de leur maîtresse. La nudité est autorisée dans le complexe mais elle hésite longuement pour savoir si elle veut mettre un maillot de bain ou non. Elle ne s’interdit pas l’idée de s’amuser si elle croise une belle femme dans un bain mais elle est d’abord là pour réfléchir et elle ne veut pas attirer l’attention. Les japonais ont certes un rapport différent à la nudité, ils ne l’associent pas directement à la sexualité, mais il n’y a pas que des japonais chez Mélinda. Dans le doute il vaudrait mieux éviter tout ce qui pourrait être tentant mais, connaissant la maîtresse des lieux, certains maillots pourraient la rendre encore plus sexy que si elle ne portait rien.

Aaahhh ! Je suis là pour réfléchir à une importante décision sur mon avenir et je n’arrive même pas à choisir entre maillot et naturisme ?

Agacée par elle-même la jeune femme finit par trouver un compromis : elle emprunte un maillot de bain mais elle choisit un bikini très léger qui la couvre à peine. Après s’être changée et avoir pris une douche pour se nettoyer elle pénètre enfin dans les installations du complexe.

Shiro est impressionnée par ce qu’elle découvre dès l’entrée : le complexe balnéaire semble immense pour une propriété privée, il y a de nombreux jacuzzis et bains bouillonnants en plus des deux piscines et même un petit coin thalasso proposant un sauna et des massages. Cet endroit est un autre rappel de la fortune de Mélinda et l’infirmière ne peut que s’extasier devant autant de grandeur.

Et dire qu’elle veut partager tout ça avec moi… mais à quel prix ?

Shiro se dirige vers le bain bouillonnant que lui a conseille Mélinda pour se relaxer et ne manque pas de laisser ses yeux vagabonder en chemin. L’architecture des lieux est plaisante à regarder mais les autres visiteurs le sont également, en particulier les femmes. Humaines ou hybrides, jeunes ou matures, nues ou en maillot, une pièce ou bikini ou formes plus exotiques… L’infirmière qui ne voulait pas être une source de distraction est la première à se laisser distraire par autant de beauté. En plus certaines lui rendent son regard, lui font des clins d’œil voir remuent un peu leurs courbes pour lui faire plaisir.

J’espère que Mélinda ne m’a pas envoyée ici pour me corrompre sournoisement.

Une fois arrivée au bain bouillonnant l’infirmière s’immerge silencieusement, essayant de ne pas se faire remarquer des autres personnes présentes mais c’est difficile quand on est une petite célébrité au sein du manoir. Certains la regardent, échangent des murmures, la saluent de loin, mais dans l’ensemble on la laisse tranquille. En tout cas jusqu’à ce qu’un visage connu ne vienne s’immerger dans le bain à côté d’elle.

« Tiens, Akira. Bonjour. »

Croire que Mélinda aurait eu des arrière-pensées en emmenant Shiro à la piscine, c’était après tout comprendre le fonctionnement de la vampire. Elle ne lâchait jamais rien, et, quand Mélinda avait une idée en tête, elle faisait tout pour y arriver. Pour autant, elle savait aussi qu’il ne fallait pas forcer sa chance. Elle avait exposé à Shiro les enjeux, en toute loyauté, et l’infirmière devait choisir. Cependant, c’était aussi typiquement le genre de choses que Mélinda détestait ! Elle, elle avait besoin de tout contrôler, car, dans le fond, elle savait qu’on ne pouvait jamais faire totalement confiance aux humains. Il n’y avait qu’en sa femme que Mélinda avait une confiance absolue, ce qui était aussi lié à la nature si unique de leur mariage. Alors, elle rongea son frein, et s’éloigna de la piscine.

La piscine était quant à elle assez jolie, ressemblant à des thermes romains. On trouvait ainsi autour du bassin central des colonnes en marbre. La piscine était très appréciée, Shiro pourrait sans doute voir beaucoup des personnes qu’elle avait croisé tantôt au petit-déjeuner. Le bain bouillonnant était en revanche vide. Shiro ne le réalisa pas en s’y plongeant, mais il était alors trop chaud pour un être humain normal. Mais, pour Shiro qui avait bu l’élixir de vampirisme, la chaleur était au contraire agréable, et étonnamment reposante. De la vapeur s’échappait autour d’elle tandis que l’eau bouillonnait tout autour, pressant et décompressant ses muscles. Le jacuzzi se trouvant sur une mezzanine surélevée, elle pourrait voir par des baies vitrées à l’étage des salons de massage, où des esclaves en massaient d’autres, avant de leur faire l’amour. Le sexe n’était jamais très loin ici, y compris dans le bassin. Le naturisme était évidemment autorisé ici. Shjiro pouvait donc promener ses oreilles, ou tout juste se relaxer. En se retournant, elle pouvait également voir toute la piscine. Dans une alcôve, un jeune homme besognait sa copine contre le mur, les doux soupirs de celle-ci remontant à la surface. Il n’y avait pas que les esclaves de Mélinda ici, mais aussi des proches des esclaves. Quoi de mieux pour les séduire que cette piscine hédoniste où tous les excès étaient possibles ?

Des bruits de pas la firent doucement sortir de sa rêverie. Intégralement nue, Akira Warren venait la rejoindre dans son bain, et lui sourit ensuite.

« Salut, Shiro. Cette eau te va ? Tu sais que, si tu étais encore une humaine, tu n’aurais pas pu mettre le pied dedans ? C’est pour ça que personne ne te rejoint. C’est aussi pour ça que j’aime m’y rendre le matin. Le soir, ici, c’est un vrai baisodrome. »

Akira était la fille de Mélinda, sa première fille vampirique. Elle était allongée en face de Shiro, frottant doucement ses pieds contre les siens.

« Si cela peut te rassurer, ce n’est pas Mère qui m’envoie. Mais je sais ce qui te chagrine, je vous ai entendu. Alors, je me suis dit que je pourrais égayer ta réflexion en te faisant part de ma position. »

Akira ne connaissait pas vraiment Shiro plus que ça. Shiro savait qu’elle était une ancienne étudiante, qui n’était pas restée très longtemps au lycée.

« J’ai grandi dans un clan qui considérait toute entité paranormale comme foncièrement mauvaise. Pour cela, mon père m’a envoyé au lycée Jinmu. Je devais trouver Mère, et la tuer. Je n’ai eu aucune difficulté à devenir son esclave. J’étais dans son manoir, et, quand je devais lui offrir ma virginité, je m’apprêtais à la tuer. Mère était ivre ce soir. Autant te dire qu’il faut beaucoup boire pour que cela arrive. Une vieille histoire, une peine de cœur. En tout cas, j’étais prête. Je l’ai blessé, mais elle, elle m’a égorgé. Je me vidais de son sang, et elle aurait pu me laisser mourir, mais elle a choisi de me soigner… En faisant de moi sa fille. »

La jeune vampire poursuivit après quelques secondes :

« Tandis que je me faisais à ma nouvelle nature, j’ai constaté que Mère n’était pas le monstre horrible que ce que je pensais. Elle demande fidélité et obéissance, mais la confiance qu’on lui accorde n’est pas usurpée. Comme je tardais à faire mon rapport, Père a attaqué ce manoir. Je pensais pouvoir le raisonner… Mais mon père biologique avait perdu son épouse à cause d’un yokai. Il était convaincu  que j’étais une menace. Je l’ai rencontré dans mon studio. Il m’a neutralisé. J’ai été conne. Mère m’avait dit de ne pas me rapprocher, mais je l’ai fait. Lui a attaqué le manoir. Il y a eu plusieurs morts. J’ai fini par revenir, et il a failli me tuer. Mère s’est interposée entre moi et lui, et s’est empalée sur son katana.  J’ai dû tuer mon père… »

La voix d’Akira s’était assombrie. Elle ferma les yeux, soupira, puis les rouvrit.

« Maintenant, je cherche à récupérer ma petite-sœur biologique, qui est encore entre les mains du clan. Enfin, je serai heureuse de t’avoir comme petite-sœur, Shiro. Tu serais la preuve que les Warren ne sont pas toutes maudites à avoir des difficultés avec leurs parents biologiques. »

Akira se rapprocha de Shiro, et s’allongea finalement à côté d’elle.

« S’il y a une chose que j’ai appris ici, c’est que Mère est dépendante des autres. Elle ne peut pas dormir seule, car elle fait des cauchemars. Elle ne peut être heureuse que si tous les autres le sont aussi. Et moi, je serai heureuse d’avoir une petite-sœur vampirique innocente. »

Tout en disant cela, elle embrassa Shiro sur la joue.

Contrairement à Shiro, Akira avait décidé de se baigner nue. Elle entre dans le bain en lui faisant remarquer qu’elle n’a pu y entrer que parce qu’elle est une vampire, son corps humain n’aurait pas supporté la chaleur.

« Maintenant que tu me le dis c’est vrai qu’il n’y a que toi et moi. »

L’infirmière se sent privilégiée, c’est un sentiment agréable. Dans un coin de sa tête elle se dit qu’elle va peut-être revenir ce soir, voir si ce bain devient vraiment un baisodrome de vampires comme le dit la vampire.

Akira explique à Shiro qu’elle n’est pas ici sur demande de sa mère mais qu’elle sait pourquoi Shiro est chagrinée. L’infirmière l’écoute lui raconter son histoire, comment elle avait infiltré l’entourage de Mélinda avec pour objectif de la tuer, comment elle avait fini par devenir une vampire et par tuer son propre père afin de protéger sa nouvelle mère.

Décidément…

Mais surtout Akira explique à Shiro que Mélinda dépend des autres, elle cherche sans cesse de l’amour et de la chaleur auprès de ses esclaves. Et à titre plus personnel elle aimerait beaucoup avoir une petite sœur vampirique innocente. Cette dernière phrase faire sourire la jeune femme.

« Innocente ? Tu trouves que j’ai l’air innocente ? »

Shiro a été qualifié de tas de choses ces dernières années, mais « innocente » c’est une première. D’un autre côté elle est effectivement innocente en tant que vampire, elle ne connait encore rien à ses pouvoirs ou à ses talents particuliers mais elle n’est pas sûre de vouloir les découvrir.

« Plus sérieusement je n’aurais jamais cru que Mélinda puisse être autant… en détresse. Quand je suis avec elle, elle a l’air si forte, si affirmée, si solide… Je m’attendais à ce qu’elle envoie quelqu’un pour me convaincre d’accepter son offre simplement pour des questions d’égo, je n’aurais jamais cru que… »

Est-ce que Mélinda avait peur de la perdre ? Shiro commence à voir la situation sous un autre angle mais ça ne change pas son problème principal.

« Je n’ai pas envie d’abandonner Mélinda tu sais, mais j’ai peur de ce que je pourrais devenir si j’accepte de recevoir la transformation. Tu vas peut-être pouvoir m’aider d’ailleurs : après être devenue une vampire, est-ce que tu as constaté des changements importants dans tes habitudes ou ton comportement ? »

Même si les circonstances de sa transformation sont très différentes, l’infirmière espère pouvoir profiter de l’expérience de la jeune femme comme elle l’a déjà fait hier soir.

L’être et le paraître… Au fond, Mélinda avait beau être une dominatrice, Shiro était bien placée après la nuit qu’elle avait eu pour savoir que son amie était aussi une soumise. Akira pouvait sentir la surprise de Shiro, qui semblait prendre connaissance d’une facette de Mélinda qu’elle n’avait pas encore envisagé. Sa dernière question la fit doucement sourire.

« C’était aussi ce que je craignais, quand Mère m’a transformé. Que je devienne une sorte de monstre. Cela me semblait inévitable. J’avais été éduquée en voyant les vampires comme des prédateurs, des créatures de la nuit foncièrement mauvaises et monstrueuses. Mais, si cela était vrai, alors nous n’aurions pas de libre-arbitre. »

Akira s’était un peu relevée pour parler, et étira ses ongles, les transformant en griffes.

« Mère m’a appris à mordre sans tuer. Le sang sort après tout très facilement d’un corps, il suffit de doigté, et cela se fait très facilement. Mais j’ai changé, oui. J’étais plutôt végétarienne, avant, mais, maintenant, dès que je vois de la viande rouge, j’adore ça. Et, bien sûr, quand une amie se coupe, je suis la première à la sucer. Mais, si tu crois que la vue du sang te rendra folle, ce n’est pas le cas. C’est plutôt… Comme un désir lancinant. Quand on voit quelqu’un de joli, on est attiré par cette personne, mais on peut se retenir de lui sauter dessus. Le désir sanguin, c’est un peu comme le désir sexuel, ça se contrôle, et, tant qu’on ne cherche pas à le retenir, on ne devient pas monstrueux. »

Les pervers sexuels étaient après tout des personnes qui avaient une relation tordue avec leur propre sexualité, parce qu’ils avaient été frustrés pendant leur enfance, brimés dans un désir irrépressible qui avait fini par les pervertir.

Akira revint ensuite sur le sort de sa mère.

« Et oui, tu es innocente. Tu es innocente dans le sens où, contrairement à moi ou à Mère, tu n’as pas eu à commettre des actes irréparables pour protéger ceux que tu aimes. Et j’espère que tu n’auras jamais à le faire. C’est aussi pour ça que Mère tient à toi. Outre tes performances sexuelles, tu es là pour lui rappeler que ce qu’elle fait est mal. »

Elle s’était rapprochée de Shiro en disant cela, et caressa son visage, puis l’embrassa sur les lèvres.

« Mais bon, en toute franchise, depuis qu’elle est enceinte, je pense que Mère n’aura plus envie de chasser. La stérilité des vampires a toujours été leur malédiction. Ils chassent pour trouver des personnes à vampiriser, pour satisfaire ce besoin d’hérédité qu’ils ne peuvent plus satisfaire par la voie sexuelle. Donc, tu n’as pas à t’en faire. Et puis, tu sais comment est Mélinda, non ? S’il y avait le moindre risque, elle ne commencerait pas à vampiriser ses esclaves. Et as-tu-vu un changement chez elles ? Mis à part les rendre plus nymphomanes qu’elles ne le sont déjà… »

Elle caressa la joue de Shiro, son pouce glissant sur ses lèvres, et filant à travers. Elle s’entailla sur les canines de Shiro, et la laissa sucer son pouce.

« Je crois que tu te trompes de question, ma chérie. Tu es venue ici pour expérimenter de nouvelles choses. Tu aurais pu juste te contenter de partir avec Bran, mais tu es restée, et tu as finalement goûté à l’élixir magique de Vanillia Donc, la vraie question, c’est de savoir si tu as envie de rester avec nous, de devenir une Warren… Et de prendre le risque de te lier à nouveau à d’autres personnes. »

Apparemment Akira avait les mêmes craintes que Shiro quand elle est devenue une vampire mais Mélinda lui a appris ce dont elle avait besoin pour ne pas succomber à ses nouveaux instincts, notamment à mordre pour boire le sang sans tuer. Elle a bien observé quelques changements comme un goût prononcé pour la viande rouge ou le fait qu’elle vient tout de suite sucer une plaie qui saigne quand elle en voit une. D’après elle, la vue du sang ne rend pas fou mais c’est un désir lancinant comme le désir sexuel : tant qu’on ne cherche pas à le réfréner de façon déraisonnable on ne devient pas monstrueux.

« Je ne vais pas te contredire là-dessus. Combien de fois j’ai du expliquer aux lycéens qu’ils ont le droit de faire l’amour autant qu’ils veulent du moment qu’ils pensent bien à se protéger ? »

Akira insiste sur le fait que, pour elle, Shiro est ’’innocente’’ parce qu’elle n’a jamais eu à commettre des actes irréparables pour protéger ceux qu’elle aime. D’une certaine façon Mélinda la voulait auprès d’elle pour se rappeler que ce qu’elle faisait était mal, même si ça ne l’empêcherait pas de continuer. La jeune vampire se montre de plus en plus tactile avec l’infirmière, glissant son pouce dans sa bouche et l’entaillant sur sa canine pour qu’elle suce son sang, et lui demande pourquoi elle est vraiment venue ici. A la base elle voulait juste coucher avec Bran mais elle avait décidé de rester et de goûter à l’élixir magique de Vanillia, maintenant elle doit se demander si elle souhaite devenir une Warren et se lier au clan.

Elle me demande ça alors que je suis en train de boire son sang… Elle cache bien son jeu elle aussi.

Le sang qui coule dans la bouche de Shiro est un régal, elle suce le doigt d’Akira comme si c’était un chibre de futa dont elle voulait faire gicler le foutre, et la satisfaction de son appétit sanguin rend difficile pour elle de contester. Elle fait une pause dans sa succion pour répondre à la jeune femme.

« Tu as raison. A la base j’étais seulement venu pour avoir ma première expérience avec un homme. Mais comme j’aurais dû m’y attendre, ta mère en a profité pour planter ses crocs en moi, physiquement et métaphoriquement. Dès la première fois que je l’ai rencontré et la première fois qu’on a fait l’amour ensemble, j’ai su qu’elle prendrait une place importante dans ma vie. Je tiens vraiment à elle, j’ai confiance en elle et je la respecte, c’est pour ça que je voulais que son frère soit mon premier amant masculin. L’idée de devenir une vampire et de rejoindre le clan Warren ne me rebute pas mais… je ne suis pas sûre de le vouloir pour les bonnes raisons. Est-ce que je le fais pour moi ou pour ta mère ? Tant que je ne serai pas sûre de la réponse je ne pourrai pas me décider. En plus j’ai toujours un peu peur des changements plus radicaux que ça pourrait avoir sur moi. Et puis… »

Et puis il y a Tessia. Shiro a beau se répéter chaque jour que cette histoire est finie, que Tessia est partie et qu’elle ne reviendra pas, qu’elle doit passer à autre chose, elle ne peut pas s’y résoudre complètement et continue de s’accrocher à l’espoir fou que la succube reviendra vers elle un jour et qu’elles pourront à nouveau être ensemble. Accepter l’offre de Mélinda ce serait tourner définitivement la page et finir de faire le deuil de leur histoire, ce que l’infirmière ne parvient pas à faire. Mais ça elle n’ose pas l’avouer à qui que ce soit.

« Laisse tomber. L’important c’est que je tiens à Mélinda et que je suis flattée qu’elle veuille m’offrir un tel cadeau et m’accueillir au sein de sa famille, seulement… c’est un sacré changement alors tu comprends pourquoi j’ai besoin d’un peu de temps pour me décider. Franchement, si tu avais eu le choix de devenir une vampire, tu aurais cogité combien de temps avant de te décider ? »

Tout en l’écoutant elle remet son doigt dans sa bouche pour continuer à sucer son sang.

« Si Mère m’avait laissé le choix, non seulement je ne serai jamais devenue une vampire, mais j’aurai de plus tenté de la tuer. »

La réponse d’Akira, surprenante, fusa aussi vite qu’elle était venue. Shion avait sucé son doigt avec appétit, et cherchait de toute évidence à détourner le sujet. Akira avait vu juste… Mélinda devait sans doute s’en douter aussi, mais, contrairement aux apparences, Mélinda doutait davantage d’elle que sa propre fille. Elle avait vu les yeux de Shiro se froncer avant qu’elle n’évacue la vraie raison qui la troublait. Nul besoin d’être télépathe pour le deviner. Akira répondit néanmoins à la question de Shiro en développant sa réponse :

« Je te l’ai dit, j’étais endoctrinée à l’époque. Maintenant, j’échafaude au point un plan pour sauver ma petite-sœur du même clan qui a fait de moi une arme. J’aimerai tous les sauver en leur montrant qu’ils croient en des mensonges. Mais nous, les Japonais, nous sommes des gens très têtus… »

Akira était à califourchon sur Shiro, dans une posture très sensuelle, mais sans encore rien entreprendre de très sexuel. Elle caressa ses bras, remontant jusqu’à ses mains, puis descendant ensuite jusqu’à ses épaules, pour se pencher alors vers elle, ce qui fut l’occasion de partager un nouveau baiser.

« Parfois, il faut contraindre les gens qu’on aime… Et, parfois, il faut aussi savoir admettre qu’on a le droit d’aimer plus d’une personne. »

Cette fois, Akira ne parlait pas de sa propre histoire. Elle se releva un peu, et sentit les muscles de Shiro se crisper.

« Tu l’aimes encore, n’est-ce pas ? Sache que tu ne cesseras jamais vraiment de l’aimer. C’est ça, l’amour… Ça vous colle à la peau sans jamais partir. Mais pourquoi devrait-on n’aimer qu’une seule personne ? Mère a une épouse, mais, comme tu as pu le voir, elle peut aimer d’autres personnes… Elle t’aime aussi, tu sais. Je n’ai jamais eu la chance de rencontrer celle que tu aimes… Mère l’a fait. Tu devrais lui en parler, tu sais. Contrairement aux apparences, elle est très émotive… Mais elle refuse de l’admettre, comme toi. Cela vous fait un autre point commun. »

Akira en sourit, et l’embrassa alors sur le bout du nez, un geste qui se voulait attendrissant et mignon.

« S’il y a une chose que j’ai retenu de Mère, c’est que nous vivons tous en cage. Toi, tu es libre, mais, au fond, tu restes emprisonnée d’un amour que tu t’es toi-même forgée. Ce manoir, il symbolise cela. C’est une magnifique prison où on s’enferme nous-mêmes, et où l’on apprend que la liberté n’est pas une marque d’émancipation. De toutes les personnes de ce manoir, Mère est la plus à même de comprendre tes sentiments. Enfin, je dis ça pour t’aider… J’aimerai beaucoup que tu deviennes ma petite-sœur, Shiro, mais on ne te forcera pas. Après tout, tu n’es pas venue ici en voulant tuer Mère… Je pense que tu cherchais plutôt à tuer tes souvenirs de Tessia, au fond… Mais ça n’a pas marché. Enfin, quand tu baisais avec Mère, et que tu t’amusais à la torturer, tu n’y pensais plus, mais cela revient, comme une lame de fond. Même si tu deviens vampire, cela sera toujours là, donc… Enfin, bref, je m’avance peut-être un peu trop, mais Mère sait écouter… À sa manière. »

Akira admet qu’elle ne serait jamais devenue une vampire si elle avait eu le choix, qu’elle aurait même tenté de tuer Mélinda, mais seulement parce qu’elle était endoctrinée. Aujourd’hui elle voit Mélinda pour ce qu’elle est vraiment et elle échafaude un plan pour libérer sa petite sœur de son clan. Parfois il faut contraindre les gens qu’on aime, et parfois il faut admettre qu’on a le droit d’aimer. Shiro est interloquée.

« Comment ça ? »

Dès qu’Akira commence à parler d’amour, Shiro se crispe. La jeune vampire n’a même pas besoin de dire le nom de Tessia à haute voix pour que l’infirmière comprenne de quoi elle parle. Elle l’encourage à parler de ce qu’elle ressent à Mélinda, lui rappelant qu’elle-même à une épouse et que pourtant elle aime bien d’autres personnes autant que Vanilla. Et tout comme elle, elle a du mal à admettre qu’elle peut se montrer très émotive. Après un bisou sur le bout du nez elle lui explique qu’au fond elle cherche sûrement à tuer ses derniers souvenirs de Tessia, à se libérer de cette prison qu’elle s’est elle-même forgée, et il n’y pas meilleur endroit pour cela que ce manoir, une prison dans laquelle on s’enferme de son plein gré et où on découvre que la liberté n’est pas si importante. De plus elle lui affirme que Mélinda est la plus à même de comprendre ce qu’elle ressent et qu’elle ne doit pas hésiter à lui en parler. Certes elle ne pourra jamais oublier son grand amour mais au moins elle pourra passer à autre chose et aller de l’avant.

« Et tu as deviné tout ça toute seule ? »

L’infirmière s’est mise sur la défensive dès que la vampire lui a parlé de Tessia. Ça ressemble de plus en plus à une manipulation de la part de son hôte, peut-être pleine de bonnes intentions mais néanmoins une manipulation. A moins que ses tergiversations à propos de la succube, qu’elles croyaient bien enfouies au fond de sa tête, soient bien plus visibles que ce qu’elle croyait. Dans les deux cas elle se dit qu’il vaut mieux être honnête avec Akira.

« Tu as raison, je pense toujours à Tessia. Et oui je crois qu’une partie de moi voulait profiter de tous les plaisirs du manoir pour enterrer mes souvenirs de notre relation sous le luxe et la décadence. Mais maintenant je dois me rendre à l’évidence : je ne pourrai jamais l’oublier. Elle m’a offert tellement de joie, elle a été si importante pour moi… Tout ce que je peux faire c’est essayer d’aller de l’avant mais il y a une chose qui m’empêche de vraiment passer à autre chose : l’espoir. Je m’accroche toujours à l’espoir fou qu’un jour elle revienne, qu’on puisse reprendre là où on en était resté et qu’enfin les choses se passent bien. Je sais que ça paraît fou et que je ne fais que m’accrocher à une illusion… mais c’est plus fort que moi, je n’arrive pas à en décrocher. »

Shiro sent que ça lui fait du mal d’en parler, mais maintenant qu’elle a commencé elle ne peut plus s’arrêter.

« C’est pour ça que je ne veux pas m’attacher à Mélinda. Imagine que tout se passe bien, qu’on commence à tisser des liens… et puis un jour Tessia revient et veut qu’on se remette en couple. Il faudrait que je sois folle pour accepter… et pourtant je pourrais le faire, parce que mon amour pour elle est si fort que je ne pourrai jamais faire une croix dessus. »

L’infirmière se sent vraiment idiote quand elle s’entend dire ce qu’elle pourrait faire pour une femme qui l’a laissée tomber sans même lui dire au revoir, mais c’est plus fort qu’elle. L’amour rend idiot après tout.

« Pire, imagine que Mélinda finisse par me quitter elle aussi. Et ne viens pas me dire que ça n’arrivera jamais parce qu’on ne sait pas ce qui peut arriver. Avoir été rejeté une fois m’a déjà fait mal, alors si ça devait se reproduire… je crois que cette fois je ne pourrai pas m’en remettre. »

Face à la brusque hostilité de Shiro, Akira se justifia rapidement, en se reculant un peu de l’infirmière.

« Hey-là, on se détend, ma jolie ! Ce n’est pas Mère qui m’envoie… Mais tu as bu son élixir, tu sais… Alors, tant qu’il fait effet, toi et moi, on partage le même sang, un sang né d’une fusion entre Mère et Vanillia… Elles ont un lien télépathique entre elles, et cela fonctionne aussi chez nous… De manière moins importante, ceci dit. C’est… Comment dire… Comme si je percevais tes émotions. J’ai senti une pointe de chagrin en toi, et, pour le reste, même si on ne s’est jamais rencontrées jusqu’à présent, Mère m’a parlé de toi. Tu as déjà dû comprendre que Mère anticipait un peu, non ? Quand elle a reçu ta demande de coucher avec Bran, toi qui étais partie vivre avec Tessia, elle a vite compris… Et puis, Tessia était aussi une invitée du manoir, donc, nous savons nous aussi qu’elle a disparu. Dès lors, il n’était pas difficile de faire le lien entre ta demande et l’absence de celle que tu aimes. »

Ce n’était finalement que de la déduction, avec un peu de vampirisme. Shiro s’adoucit ensuite un peu, puis expliqua ce qu’elle avait sur le cœur, et sur la conscience. Elle aimait toujours Tessia, et elle se raccrochait au mince espoir de la revoir un jour… Alors, cela la perturbait avec Mélinda. Akira sourit, et la laissa parler, puis se rapprocha à nouveau d’elle. Elle se coucha sur le flanc, posant son coude sur le rebord, sa main se relevant pour s’appuyer sur sa joue. Avec son autre main, elle caressa la joue de Shiro.

« Je crois que tu envisages les choses de manière un peu restrictive. Mère a déjà une femme, tu sais… Si tu acceptes son don, tu ne seras pas sa nouvelle épouse. Tu deviendrais sa fille, comme moi. Si jamais Tessia devait un jour revenir te voir, tu pourras toujours vivre avec elle. Pourquoi devrais-tu absolument choisir ? »

Restait ensuite le dernier point… L’abandon.

« Je ne peux pas lire l’avenir, tu sais… Tout ce que je peux te dire, c’est que Mère est sur Terre depuis des années, et que rejoindre un clan, c’est comme rejoindre une nouvelle famille. Craindre de perdre Mélinda, c’est comme craindre de perdre tes propres parents… Qui, dans le cas présent, ne vieillissent jamais. »

Akira se tut ensuite pendant quelques instants, et reprit alors :

« Mais… Je crois qu’il est trop tard pour ça, non ? Je veux dire… Ne pas s’attacher à Mère. Si tu as bu son élixir, c’est bien que tu l’envisages, non ? Donc, je dirais que tes options se résument à, soit partir, et redevenir triste, soit tenter ta chance… Et voir ce qui se passera. »

En quittant la piscine, Shiro reçut à nouveau sa tenue vampirique. Elle n’eut ensuite aucune réelle difficulté à retrouver Mélinda. L’effet de l’élixir faisait qu’elle pouvait sentir sa présence, comme une sorte d’intuition et d’odorat. Elle se rendit ainsi vers le bureau de Mélinda, qui se trouvait finalement assez près du réfectoire. Il se trouvait au premier étage, accessible depuis une double porte à l’entrée. Un grand escalier intérieur y menait, et une mezzanine s’étalait ensuite autour de ce grand vestibule. Un énorme lustre se trouvait ensuite au deuxième étage, et de grands tableaux se situaient sur la mezzanine. On trouvait aussi des fauteuils, des canapés de relaxation, et tout ce qu’il y a pour rendre les visiteurs heureux.

Shiro n’eut qu’à toquer la porte pour qu’elle s’ouvre. Dans son bureau, Mélinda était seule, et elle portait encore elle aussi sa tenue matinale. Elle examinait des courriers, des missives, administrant le manoir. Si elle avait confié la gestion du manoir à ses esclaves, elle continuait encore à devoir signer certains documents. Elle avait bien sûr senti Shiro venir, alors, quand l’intéressée entra, Mélinda se redressa, et la laissa parler.

Finalement, Shiro avait eu le temps de réfléchir, et d’arriver au constat qu’elle aimait Mélinda, mais qu’elle aimait encore Tessia. Mélinda resta silencieuse. Elle aussi avait cherché Tessia depuis sa disparition, elle avait même demandé à Samara, une démone, d’enquêter sur elle. Aucun retour… Ce qui pouvait signifier que Tessia était probablement morte. Mélinda se retint de le dire à Shiro.

Quand la jeune femme en eut terminé, Mélinda lui sourit alors, et caressa alors les deux joues de Shiro avec ses mains. Elle se pencha alors vers elle, et l’embrassa tendrement sur les lèvres.

« Je pense que tu as déjà choisi, ma chérie, mais que tu as besoin de temps pour l’admettre… Mais cela me va. Je suis une vampire dominatrice, mais je laisse toujours le choix. »

Mélinda s’écarta un peu de Shiro, mais lui attrapa la main, et s’assit sur un canapé avec elle. Elle croisa ensuite les jambes, puis la regarda.

« Sache que je ne fais pas cette proposition à la légère, Shiro. Le processus pour rejoindre un clan prend parfois des années. Si tu rejoins ma famille, la relation qui nous unira ne sera pas juste celle de deux personnes qui s’aiment. Tu deviendras ma fille, Shiro, tu seras une Warren Ce n’est pas juste être amoureuse, tu sais, c’est appartenir à une nouvelle famille, une famille où on ne se cache rien. »

Mélinda rajouta ensuite :

« Si je te fais cette proposition, Shiro, c’est parce que je t’aime. Devenir une vampire ne te privera pas en soi de ce que tu ressens pour Tessia, mais tu auras l’éternité devant toi… Et tu dois aussi savoir que tu seras certes ma fille, mais aussi mon amante… Et que tu resteras fertile. »

Tout en disant cela, sa main caressa le ventre de Shiro, ce qui eut aussi pour effet de la coucher sur le canapé, pendant que Mélinda se dressait sensuellement au-dessus d’elle.

« J’accepte, mais j’ai des demandes à te faire, moi aussi. Pour commencer, sache que ta verge risque de se déployer encore, alors je pense qu’il faudra que tu la travailles. Je me disais que tu pourrais profiter de tes examens médicaux pour l’utiliser sur chacune de tes patientes… Et voir si tu te sens apte maintenant à coucher avec tes patients. »

Elle s’était encore rapprochée d’elle, et l’embrassa à nouveau, plus longuement cette fois.

« Enfin, l’idée que tu te retrouves seule chez toi m’attriste. Pour moi, Shiro, tu es déjà destinée à être ma fille. Je… Je te laisserai le numéro de mon frère, Bran. J’aimerai… Enfin, ce n’est pas obligatoire, mais je pense que ce serait bien si tu l’appelais pour qu’il vienne te voir certains soirs, quand tu te sens seule. C’est un excellent homme à tout faire, tu sais, il te fera ta cuisine, ton ménage, nettoiera tes vêtements… Et il te baisera comme jamais le soir. »

Et oui, Mélinda lui prêtait Bran !

« Mais, avant ça, tu dois aussi apprendre à mordre… Et je refuse que la dernière vision que tu aies de moi soit notre discussion. Avant que tu ne partes, j’entends bien que tu me mordes, et j’entends bien aussi te baiser furieusement. »

Tout en ayant dit cela, elle sourit en se relevant à califourchon, un doigt tapotant les lèvres de Shiro, s’y enfonçant de temps en temps pour qu’elle le suce, puis elle sourit encore.

« Si cela te va, nous remettrons à plus tard ton initiation à la morsure, ma chérie, car le temps va nous manquer… »

Mélinda serra sa main gauche en un poing, et approcha son poignet de la bouche de Shiro. Son autre main se rapprocha de son poignet, ses griffes s’étirant.

« Ouvre la bouche, petite gourmande… Laisse Maman Mélinda te nourrir. »

Elle approcha sa griffe… Et s’ouvrit le poignet, faisant couler son délicieux sang sur les lèvres de la belle infirmière…