The Multiversity

« N… Non, je n’ai pas dit ça… Enfin. Pas comme ça. Ou pas en impliquant ça? Ce n’est pas ce que j’ai voulu dire, bon! Si tu veux dormir, on dort, c’est tout. Je… Bah je ferai avec c’est tout. Nouvelles expériences, coutumes des autres, tout ça… L’oreiller est trop confortable pour que je me lève avant demain mat… OH! J’ai oublié d’enlever la pause sur le cycle jour/nuit… Voilà. Euh… Bonne nuit! »

Des fois je me demande où est-ce que je range ma tête. Ou pourquoi je prends certaines décisions. Mais bon. J’imagine qu’en un sens, c’est le résultat final qui compte? Mini crise évitée avec Power Girl. Je pensais que pour les mortels, dans les sociétés dites civilisées, il était très important de faire attention à l’hygiène. Après l’activité physique, il est coutumier pour les humains de prendre une douche. Regardez les nombreux gymnases, piscines, salles de sports et autres endroits où l’on fait la glorification de l’effort physique. Tout se termine par une douche. Moi, on m’a dit que le sexe, c’était comme dix longueurs à la nage. Logiquement, donc, C’EST un effort physique intense DONC la douche est requise comme pour n’importe quelle activité… Pas de cette catégorie mais… On ne peut pas exactement considérer ça comme… Enfin… Ce serait un peu… Oh bof.

Vous comprenez ce que je veux dire. Après, pas besoin de le prendre sur ce ton, je n’ai pas dit les choses pour mal faire, j’essaie juste d’être plus… Organisée? Je ne sais pas moi, moins chaotique et éparpillée, bon! C’est sans importance. J’ai l’impression d’avoir touché une corde sensible, je ne dis rien de plus, je me couche et tant pis pour la douche. De toute façon, si jamais ça me dérange trop… Un petit coup de « pouvoir divin » et personne ne se sera rendu compte de rien. Et c’est vrai que cet oreiller est trop confortable pour que je me relève. Je serais presque jalouse de cette Helena, tiens. En ce moment, je pense que des milliers voire des millions de gens sont jaloux de moi. Il faut dire que quand on y pense, c’est un scénario qui aurait été impossible en début de journée… C’est fou comme les choses peuvent évoluer vite. Pas que je m’en plaigne, bien au contraire. Bien au contraire!

Je préfère très certainement avoir de nouveaux alliés à de nouveaux ennemis. Je n’aime pas la discorde, je n’aime pas la chicane ou les disputes. Je ne suis pas quelqu’un qui aime les émotions négatives, point. Je suis votre « déesse » sympa, c’est tout. Qui va manger quelque chose de sucré et être super contente, qui s’émerveille devant un arc-en-ciel et qui perd toute sa concentration en entendant la musique du camion du marchand de glaces. Je peux bien laisser tomber mes petites habitudes pour ma nouvelle amie, possiblement techniquement amante et employeuse, non? Je dirais que oui. Et d’ailleurs, je ne tarde pas à m’endormir. Je ne sais pas si c’est parce qu’elle est kryptonienne et que le soleil qu’elle emmagasine fait qu’elle dégage une certaine chaleur mais je n’ai eu besoin ni de pyjama ni de draps pour rester au chaud. Je me suis rarement endormie si rapidement d’ailleurs.

Cela n’arrive que si je me sens bien d’ailleurs. Mieux je me sens, plus je m’endors vite. Et là, en moins de cinq minutes. Par contre, mon sommeil est perturbé. Je me réveille parce que mon oreiller gigote dans le lit. Qu’est-ce qui se passe? C’est déjà le matin? Non… Eh bah! Je ne sais pas ce qu’elle fait comme rêve mais ça a l’air plutôt torride son truc. Le temps de me réveiller complètement… Elle parle dans son sommeil, tiens? Rigolo. Et elle dit quoi? Ouah… C’est assez détaillé, quand même. Rendu là on dirait quasiment des instructions. Elle pense à sa belle ou quoi? Elle prononce un nom là… Attendez… Jeannie. Drôle de façon de prononcer Helena mais… Mais… Oh. Oooooh… Non quelque chose doit clocher. Comment elle pourrait rêver à moi? Je veux dire… Considérant toutes les conquêtes plus expérimentées qu’il y a dû avoir dans sa vie… Eh ben ça si je m’y attendais.

Mais que faire, donc? Je ne vais pas la réveiller, ce serait… Impoli? En même temps je ne pourrai jamais me rendormir sur mon… Oreiller… Elle gigote bien trop. Euh… Peut-être que si je fais ce qu’elle dit dans son rêve, ça va la calmer et je pourrai dormir après? Oh riez tant que vous voudrez, je voudrais bien vous y voir, à ma place! Bon. Du calme, Jeannie, du calme. Alors qu’est-ce qu’elle demande? C’est précis en plus. Je la caresse… Ici… Je la touche… La… Ensuite elle veut que je la mordille ici pour la titiller… Si on m’avait dit qu’un jour, pour pouvoir dormir à nouveau, je devrais… Non. De la concentration! On enchaine les étapes et on espère pour le mieux. Ça a l’air de faire effet en tout cas. Dites, je viens de penser à un truc : je dis quoi si jamais elle se réveille? Comment j’explique ça intelligemment? AH! ELLE S’EST RÉVEILLÉ!

« Ce n’est pas ce que tu crois! Je peux tout expliquer! Tu t’es mise à gigoter dans ton sommeil et ça m’a réveillé et je me suis rendu compte que tu faisais un rêve euh… Très agréable et là tu as prononcé mon nom et tu m’as donné comme une série d’étapes suivre alors je me suis dit que si je voulais dormir, il fallait amener le rêve à son terme et… Et en y repensant, c’était vraiment con comme plan… Je ne savais pas quoi faire, je te jure! Que… Que… »

Jeannie était vraiment déstabilisée. Karen s’en amusait presque. Pour la Déesse, cela devait devenir un débat fondamental et très complexe ! Devaient-elles dormir maintenant, ou se doucher avant ? Karen avait choisi, et Jeannie finit par la suivre, reposant sa tête sur ses seins. C’était un oreiller moelleux, et Jeannie ne tarda pas à sombrer… Ou, du moins, c’est ce que Karen espérait, mais elle-même finit rapidement par succomber.

Des rêves, Karen en faisait souvent, mais elle s’en rappelait rarement. Souvent, elle rêvait d’Earth-2, son monde natal, elle revoyait son père adoptif, Kal-El, qui la félicitait pour ce qu’elle avait fait. Mais, maintenant, elle avait plutôt tendance à rêver de sa femme, de sa douce Helena, de la vie qu’elles allaient mener ensemble. Huntress était une justicière forte et indépendante, qui venait en aide aux femmes à travers le monde, mais, sous le masque, Helena Wayne était très soumise. Incroyablement soumise, même ! Le contraste était absolument saisissant, ce qui amusait fortement Power Girl. Mais la Kryptonienne l’aimait profondément… Sauf que, ce soir, son rêve fut particulier.

Elle rêva de Jeannie, et il était permis de se demander si ce rêve venait bien d’elle-même, ou si Jeannie, inconsciemment, ne l’avait pas encouragé à rêver d’elle. Ce fut un rêve assez intense, et, à vrai dire, plutôt érotique. Jeannie y déployait ses pouvoirs sur la réalité pour offrir à Karen un, spectacle intense. Les deux femmes faisaient l’amour à hauteur… Cosmique. Les planètes étaient comme des billes tandis qu’elles faisaient l’amour, et chaque orgasme faisait pleuvoir une pluie de mouille donnant naissance aux étoiles et aux galaxies. Elles faisaient l’amour avec énergie, et se retrouvaient ensuite à hauteur de simples humaines, festoyant et baisant au milieu de champs tentaculaires.

« Hmmm… »

Karen avait rarement fait un rêve aussi intense, qui l’amena à remuer nerveusement sur le lit. Elle serra sa main sur les cheveux de Jeannie, qui sembla alors prendre conscience du rêve de Karen. Jeannie se mit à agir, embrassant ses seins, léchant ses pointes, titillant ses tétons, et caressa son corps. Elle flatta le magnifique et voluptueux corps de Karen, et, quand elle l’embrassa dans le creux du cou, Karen émergea lentement. Elle cligna des yeux, et son regard croisa alors celui de Jeannie.

Surprise, Jeannie se mit à bafouiller, ne sachant plus quoi dire. Un sourire se glissa finalement sur les lèvres de Karen, qui mit fin aux interrogations de Jeannie en allant l’embrasser. Sa main se serra sur ses cheveux, et l’autre caressa le dos de Jeannie, glissant plus bas, toujours plus bas, jusqu’à s’appuyer sur ses fesses.

« Voilà ce que j’appelle un très agréable réveil, Jeannie… Je pensais t’avoir épuisé tout à l’heure, mais, visiblement, tu as des réserves d’énergie insoupçonnables… Je n’ai jamais fait un rêve aussi érotique après avoir fait l’amour, alors… Je me dis que tu l’as peut-être inconsciemment implanté en moi. Tu crois que tu pourrais faire ça ? Car je ne m’explique pas autrement ce rêve, ou cette envie furieuse que j’ai de te faire encore l’amour… Tu as une idée à ce sujet, ma belle ? »

Karen pouvait aussi se réveiller très vite, un autre avantage au fait d’être une Kryptonienne !

Mais… Mais… MAIS!? Non! Non pas du tout! Je n’ai rien fait de tel! Je veux dire… Je m’en souviendrais… Je crois… Si j’avais tenté d’influencer le sommeil de PeeGee de quelconque façon! Et en même temps bon, je l’ai dit et redit. Nous ne sommes pas sur terre. Nous ne sommes pas dans la troisième dimension. Nous sommes dans une bulle dimensionnelle se basant sur quelque chose de complètement étranger à ce que vous connaissez. Un peu comme la Cinquième dimension, quoi. C’est en dehors de votre compréhension. Conséquemment, peut-être, je dis bien peut-être, que cela peut avoir une influence sur un individu qui se retrouve à exister où il ne devrait pas, essentiellement. Il n’y a aucune raison naturelle pour que PeeGee se retrouve dans une bulle dimensionnelle, de ma conception et privée de surcroit. Je maintiens la théorie que je suis innocente.

Après bon. Peut-être que les lieux agissent comme un amplificateur pour ce qui pourrait passer par la tête de PeeGee et tente de l’harmoniser avec… Je ne sais pas moi, la signature de la maitresse des lieux. Je ne prétends pas comprendre le chaos à la perfection. PERSONNE ne peut comprendre le chaos! C’est pour cette raison qu’il est le chaos, aussi. Ce serait une explication qui se tient. Certainement. Elle fait des rêves érotiques sur moi. Qu’est-ce que vous voulez que je réponde à ça? Dois-je être flattée? Horrifiée? Est-ce normal que vos invités fantasment sur vous pendant votre sommeil? C’est la première fois que ça m’arrive et je suis tellement rouge qu’on doit pouvoir me voir de l’espace. Et vous savez que je suis d’une curiosité presque maladive. J’ai envie de demander des détails, à cause de ce vilain défaut. Et je sais, je sais que je vais le regretter. Je le sais éperdument!

Donc… Je ne dois pas poser de question. Je ne dois pas passer de commentaire pouvant laisser sous-entendre quelque intérêt pour qu’elle me révèle quoi que ce soit. Tu peux le faire, Jeannie. Tu es une déesse plurimillénaire qui a résolu des énigmes prétendument impossibles. Tu as été en mesure de résister à la tentation de l’omniscience, de l’omniprésence et de l’omnipotence! Tu t’es libérée de tes chaines pour obtenir la liberté qu’on t’a refusé lors de ta création! Toutes ces choses font en sorte que jamais, franchement, je ne me risquerais à demander, volontairement ou accidentellement à PeeGee… OH NON! C’est sorti tout seul! J’ai dit « bah dis donc, ça devait être tout un rêve », en réponse à son commentaire, ce qui implique, nécessairement, qu’elle me donne des détails sur la question! Ça y est, c’est foutu, là elle va tout me raconter!

« C… Ce… C’était juste un commentaire dit spontanément, je ne le pensais pas réellement! Et je n’ai rien mis dans ta tête, rien influencé! Je… Je n’ai pas souvent des visiteurs ici et je n’ai jamais pensé à étudier les effets de mon monde sur le cerveau d’êtres de la troisième dimension… Oh… Je sais! C’est moi qui suis en train de rêver! Mon cerveau me joue des tours avec un rêve embarrassant. Je vais me pincer et… »

OUAIIIIIE! OW! OW! OW! Je me suis pincée pour de vrai! Ce n’est pas un rêve! Ce n’est pas un rêve! Mais ça ne fait qu’empirer, ce n’est pas possible! Je vais passer pour une obsédée, une perverse de la pire espèce et je ne sais quoi encore! Je vous l’ai déjà dit, la sexualité est loin d’être une nécessité pour moi. Alors comment vous voulez que je m’en sorte à côté de quelqu’un comme Power Girl qui carbure au sexe? Et forcément, en y repensant, que c’est possible que des bribes de « et si » soient venus l’influencer. Quand on regarde l’univers des possibles pour tenter de faire le choix le plus judicieux, je confesse avoir vu des choses assez… Particulières. Dont Power Girl qui devient enceinte et qui accouche d’une planète mais je ne crée pas les possibilités, elles existent, c’est tout. Et je choisis celle que je veux appliquer. Il me semble que c’est…

Absolument incompréhensible pour des mortels. Pour eux, une situation se présente et ils agissent, c’est tout. Ils n’ont pas accès à autant d’options que moi en la matière, si j’ose dire. Ils ne voient pas sur plusieurs lignes parallèles, ils ne voient pas le monde comme je le vois. Oh bon sang, oh bon sang, et quand je me pose trop de questions ou que je me dis que je ne devrais pas me poser de questions et donc… PeeGee a pu entendre toutes mes réflexions et observations. Mon rapport au sexe VS son rapport au sexe. Cette curieuse possibilité où elle donnait naissance à une planète. Les insultes que j’ai utilisées contre moi dans au moins dix-sept langues qu’elle ne connait pas… Je finis par faire apparaitre un mouchoir de soie pour m’éponger le front. Ça va aller, ça va aller, tout n’est peut-être pas encore perdu. Enfin je l’espère. Presque de tout mon cœur, s’il faut l’avouer.

« Est-ce que… Est-ce que c’est trop tard pour te dire que tu es en train de rêver en ce moment et que rien de tout ceci n’est réel, pour tenter de me redonner un semblant de dignité? Ou est-ce que tu es fermement réveillée et que c’est trop tard? Je peux dire sans mentir que je ne suis pas trop fière de moi, là… De quoi j’ai l’air? D’une folle, d’une obsédée ou pire encore. Superbe façon de remonter son estime de soi! »

Karen s’attendait à ce que sa boutade fasse mouche, mais… Tout de même pas à ce point ! Elle avait littéralement tapé dans le mille, et sourit brièvement en voyant Jeannie se mettre à paniquer, puis à hyperventiler. Honnêtement, Karen avait un peu du mal à suivre l’esprit désordonné de Jeannie, une femme omnipotente incapable de se calmer. À dire vrai, en l’écoutant, Karen n’était même plus sûre de savoir ce qui la faisait paniquer à ce point. L’idée d’avoir influencé son rêve ? Ou l’idée d’avoir encore envie de lui faire l’amour ? La plaisanterie de Karen semblait aller un peu trop loin, Jeannie allant jusqu’à s’éponger le front, et à se poser quantité de questions…

Power Girl posa alors un doigt sur les lèvres de Jeannie.

« Hey, hey ! Stop, okay ? Temps mort ! Là, respire un grand coup, et calme-toi. On vient de faire l’amour, et on se réveille d’une sieste bien méritée, comment tu fais pour repartir si vite dans les tours ? C’est fascinant ! »

Bon, Karen avait aussi tendance à vite se réveiller, mais il pouvait aussi lui arriver de traîner au lit. On avait beau être une Kryptonienne, cela ne vous empêchait pas d’avoir besoin de dormir, et d’apprécier le fait de se prélasser dans un lit moelleux et savoureux. Karen relâcha les lèvres de Jeannie, et se recoucha au milieu du lit, observant brièvement le plafond.

« Franchement, Jeannie, qu’est-ce qu’on s’en fout du rêve que j’ai fait ? Je disais juste ça pour te taquiner, mais je ne m’attendais pas à ce que tu paniques à ce point… Et pourquoi crois-tu que je te jugerais, hum ? J’ambitionne de faire de ma femme une actrice pornographique, et, si elle est une justicière, elle adore se faire soumettre, qu’on l’humilie… C’est une véritable nymphomane, tu as bien de la marge avant de lui arriver ! Alors, on se détend, on décompresse, et on profite du fait de pouvoir dormir ensemble. »

Karen lui sourit encore, et l’amena à se coucher de nouveau contre elle.

« Il faut que tu arrêtes de croire que je vais tout le temps te juger, Jeannie… Je ne suis pas ta mère ou ta supérieure, juste ton invitée, ton amie, et occasionnellement ton amante. Alors, fais-moi confiance, et arrête de croire que je vais te prendre pour un monstre ! D’accord ? »

Voilà, c’était dit ! Mais, parfois, il fallait aussi y aller franc jeu, surtout avec une femme qui paniquait aussi vite ! Karen ferma encore les yeux, caressant le dos de Jeannie.

« Franchement, on est bien dans ce lit…. Tu comptes me faire visiter quoi, aujourd’hui ? Une idée en tête ? »

« Je… J’ai peur du jugement des autres. Pendant une bonne partie de ma vie, j’ai été un simple objet, utilisé selon le bon vouloir de maitres et de maitresses qui jamais en me donnèrent quelque considération. Quand… Je suis devenue une vraie déesse… Et que j’ai failli perdre la raison… L’omniscience m’a forcé à regarder en face des choses très déplaisantes. Et après je suis devenue Jeannie, celle qui est déesse de nom.

Au début… C’était affreux. Je paniquais dès qu’on me parlait, dès qu’on m’approchait. J’ai passé trois siècles, complètement invisible, juste à me promener parmi les mortels, enviant cette… Spontanéité. Certains avaient peur d’être jugés mais nombreux étaient ceux qui n’en avaient absolument rien à faire. Ensuite j’ai rencontré d’autres gens, d’autres divinités et je me suis rendu compte que je n’étais pas préparée à grand-chose, en fait.

Alors… Rencontrer quelqu’un comme toi, qui sait ce qu’elle veut, qui a des plans, des objectifs et qui ne compte accepter aucune déviation à ces derniers par rapport au but fixé… C’est intimidant. Ce n’est pas ta faute. C’est ma faute. Je ne sais pas si je serai un jour socialement à l’aise. Les farces sont mon mécanisme défensif de prédilection, ma nature optimiste et sympathique une façade pour dissimuler la terreur qui me ronge, tu vois.

Tu emploies souvent la notion d’omnipotence en parlant de moi. Je peux manipuler la réalité mais j’ai peur de me manipuler moi. Et si cette nouvelle Jeannie, socialement à l’aise, plus facile à aborder, détentrice de nombreuses connaissances et maitrisant de nombreuses choses, le sexe, par exemple, n’était plus moi mais quelqu’un d’autre complètement? Ce serait facile. Un simple claquement de doigts et hop… »

C’est ce que j’ai dit à Power Girl, après avoir figé le temps, et elle, par conséquent, dans ma bulle temporelle. Pourquoi je ne lui ai pas dit en face à face? Parce que j’ai l’impression d’être constamment en train de gâcher l’ambiance. Est-ce qu’elle aurait quand même pu entendre ce que j’ai dit? Peut-être. Je ne sais pas. Enfin. Directement, j’en doute. Mais le cerveau est une chose curieuse. Ce n’est pas exactement stopper le temps, dans le cas actuel, c’est plus étirer le temps pour elle en fait. Si sa super ouïe est capable de percevoir le tout et de le décoder et… Je ne sais pas, bon. Je ne veux pas extrapoler. Il est possible que oui, PeeGee finisse par se rappeler mes paroles, sans savoir pourquoi ou comment et probablement qu’elle classera l’incident comme sans importance. Chose certaine, par contre, ce qu’elle va entendre de ma part est tout autre. Plus optimiste.

Promis, je ferai attention, que je lui dis. Ce n’est pas un mensonge, je vais vraiment faire un effort en ce sens. Après quoi je viens me coucher sur elle et je frotte son nez avec le mien. Comment ils disent ça? Un baiser esquimau, je crois? Et puis bon, avec sa super force, je ne dois pas peser grand-chose pour elle. Je vais te dire un secret, que je lui dis. Ce lit est fait d’une matière intelligente. Cette matière est capable de déceler les pensées de surfaces ayant rapport au confort d’un lit et s’adapte en conséquence pour offrir un confort maximal au dormeur. Ça fait partie de mon obsession d’être une hôtesse parfaite et attentionnée, que je dis en pouffant légèrement de rire. Une telle technologie, si elle était développée, pourrait rapporter une fortune… Et je le faisais simplement en claquant des doigts. C’est vrai que j’aime la chose bien faite. J’ai toujours eu des tendances… Bien…

Pseudo perfectionnistes, on va dire. Ceci dit, je pense qu’aujourd’hui, ce sera moi la touriste, en fait. Plus j’y pense et plus je me dis que ce serait une bonne idée. Écoute, que je lui dis, il y a encore énormément à découvrir ici… Alors je propose un échange. Et je lui expose mon plan de la journée. Étape un : une bonne douche chaude, j’en meurs d’envie depuis hier. Et si c’est une Power Girl pas sage qui décide d’avoir les mains baladeuses et que la douche « dégénère »… Je vivrai avec. Ce genre de… D’attouchements… Sous la douche… Ce doit être agréable et... Non. On se concentre, mademoiselle Jeannie. Ce n’est pas le temps de penser ainsi. Et elle vient d’OÙ cette pensée, d’ailleurs? Pas important. Je disais. Étape un : douche. Étape deux : un déjeuner capable de triompher de l’appétit d’une kryptonienne. Étape trois : retour sur terre et elle me fait découvrir son monde.

Enfin. Des endroits qui sont intéressants, importants ou symboliques pour elle. Et je veux même rajouter dans le lot un petit défi. Je dois réduire au maximum l’utilisation de mes pouvoirs donc découvrir son monde comme les gens du coin. Ce ne sera pas SI difficile que cela. Je n’utilise pas mes pouvoirs à outrance pour commencer. En fait, c’est surtout pour éviter que le commun des mortels panique et / ou pense que Power Girl se tient avec une super criminelle. Vous savez, tout est une question de perception, tout ça, tout ça… On ne va pas faire exprès de causer la panique autour de soi, non? Je confesse que je ne suis pas fan des complications. Je suis quelqu’un de simple, ironiquement, malgré mes pouvoirs. Je trouve encore le don de m’émerveiller devant un arc en ciel, c’est vous dire… Vraiment, il existe considérablement plus dangereux que moi dans l’existence!

Karen ne put que sourire quand Jeannie lui annonça que, contrairement à elle, elle n’avait aucun plan, et était incapable de s’organiser dans la vie.

« J’insiste sur ton omnipotence, parce que, même si je n’ai pas le pouvoir d’altérer la réalité, je peux être considérée comme une Déesse par les humains. Les balles rebondissent sur ma peau, les explosions me chatouillent, et j’arrête les voitures avec une main. En un sens, je peux comprendre ta position. Tout avoir… Et en même temps ne rien avoir. J’ai perdu mes parents, tu sais. Et, malgré toutes mes capacités, je n’hésiterai pas une seconde à tout abandonner pour les retrouver. »

À son tour, la Kryptonienne se confiait, même si Jeannie avait peut-être déjà eu vent de son passé. Elle était une orpheline, qui avait connu deux fois la destruction d’un monde. Il y eut d’abord Krypton, puis ensuite sa Terre, quand les forces de Darkseid avaient envahi celle-ci. Depuis lors, Karen s’était réfugiée sur une autre Terre, et avait conçu une immense société, Starr Industries, qui était devenue une multinationale très prolifique faisant d’elle une femme extrêmement riche, en plus de ses super-pouvoirs. Donc, elle était un peu comme le croisement de Batman et de Superman… Avec des gros seins !

Karen caressa le dos de Jeannie, affectueusement, comme pour lui montrer qu’elle la comprenait.

« Mais je n’ai pas vraiment de plan à proprement parler, tu sais… Je me suis contentée de rebondir. Maintenant, je veux retourner sur Earth-2, c’est pour ça que j’ai conçu Starr Industries, afin d’avoir suffisamment de fonds pour travailler sur la physique quantique, et sur la création de Portails dimensionnels… Mais je dois admettre que, pour l’heure, ça n’a pas trop bien marché. Enfin… L’essentiel est de se trouver un objectif dans la vie, je pense… Et ce n’est pas facile, quand on a des capacités comme les nôtres. »

Elle parlait en connaissance de cause, après tout.

« Ce que je veux dire, Jeannie, c’est… Qu’il faut te trouver des raisons de vivre. J’avais mon obsession pour Earth-2, mais, maintenant, j’ai Helena… Et je fonde avec elle une famille. Alors… Tu vois ? C’est ça, le plus important… Réussir à trouver sa place. »

Difficile à faire pour une femme comme Jeannie. Que celle-ci le veuille ou non, c’était son omnipotence qui la définissait. Que pouvait faire un Dieu comme elle ? Karen avait bien du mal à le savoir, car, en réalité, même si ses pouvoirs étaient élevés, ils ne lui permettaient pas d’altérer la réalité. Jeannie proposa en tout cas de prendre une douche, puis un petit-déjeuner, et, ensuite, d’aller visiter la Terre. C’était un changement de plan, mais Karen acquiesça. Techniquement, elle n’était pas née sur cette Terre, mais elle la connaissait maintenant plutôt bien.

Optant pour la douche, Karen se releva, et rejoignit la salle de bains qui jouxtait la chambre, attrapant Jeannie par la main. Nues, les deux femmes rejoignirent une belle cabine. Elle était espacée, permettant aux deux femmes de s’y mettre sans problème, et Karen commença à faire couler l’eau. Un jet d’eau fraîche tomba à côté, et elle attendit un peu que la colonne d’eau chauffe, puis sourit à Jeannie, avant de lui caresser les joues, et de l’embrasser encore.

« D’ailleurs, tu veux que je sorte ? Je ne sais pas si tu voulais qu’on prenne une douche ensemble ou pas… »

Enfin, ce n’est plus comme si Jeannie avait le choix, maintenant, mais Karen était curieuse de voir comment elle allait réagir…

C’est… Particulier. Je me rends compte que j’ai peut-être gagné davantage en maturité que je ne le pensais possible. À une certaine époque, spontanément, sans penser à la portée de mes paroles, motivée uniquement par ma bonne volonté, je lui aurais dit : mais je peux ouvrir un portail pour Earth 2, si tu veux! Je peux le faire, techniquement. C’est compliqué. Ça demande de l’énergie. Et l’univers risque de me faire les gros yeux… Mais ça se fait. Le truc, par contre, c’est que bien que cela parte d’une bonne intention, cela n’aurait pas été la bonne chose à faire. Car ce serait un peu comme dire à PeeGee, tout ce que tu as fait, et pour lequel tu as échoué, tu l’as fait plus ou moins pour rien alors que MOI je peux le faire. Alors que non, non et encore non, jamais cela n’aurait été l’objectif visé, certainement pas. De faire du mal, de faire de la peine, de…

De causer de la douleur, en fait. Et à moins qu’on me pousse à bout, je ne blesse pas et je ne tue pas. Avoir des pouvoirs hors du commun ne donne pas tous les droits et à part à une très, très, très courte période de ma vie dont je déteste parler, je n’ai jamais eu la volonté de faire du mal à autrui. Je refoule systématiquement toute émotion négative. Des fois, cela ne fonctionne pas comme je voudrais… Mais au minimum, cela évite des tragédies. Personne ne veut être l’auteur d’une tragédie, d’un drame. Enfin. Sauf en littérature, en cinéma ou en théâtre mais vous comprenez le principe. En tout cas, je ne sais pas si je suis plus surprise et étonnée qu’heureuse de ce développement personnel. Un peu des deux? Si oui, dans quelles proportions? Est-ce vraiment important, dans le grand ordre des choses? Allez savoir. Je ne suis pas super douée pour ce genre de réflexions de toute façon.

Ce qui n’a pas changé, par contre, c’est mon mépris total pour le concept de bulle personnelle. Je suis une câlineuse compulsive et je m’assume. Et la nudité ne me dérange pas vraiment non plus donc je fais un gros câlin à PeeGee pour lui remonter le moral et lui donner du courage, en ignorant complètement le fait que cette scène ferait faire de sacrés rêves érotiques à bien des pervers ou pourrait faire un splendide début de film porno. Ce n’est pas de MA faute si vos coutumes sont… Étranges. Enfin bon, ne venez pas ruiner mon câlin ou ça va barder pour vous! Et l’intention c’est clair. C’est un câlin, pas une séance de tripotage, que je sache. Tu vas y arriver, que je lui dis, à revisiter Earth 2. Et si elle fonde une famille en plus… c’est mignon, je trouve. Avoir une famille ne semble pas être très commun chez les super héros. Je peux comprendre la logique derrière mais…

Enfin. Ce n’est pas important, j’imagine, car si je pars dans un coin de ma tête sur des débats philosophiques, on ne va jamais s’en sortir. Et puis c’est le moment de la douche, un moment toujours agréable! Nous entrons en je laisse PeeGee ajuster la température. Qui n’aime pas une bonne douche chaude, après tout? Rien que d’y penser et je me sens toute joyeuse, toute contente. Des fois je me dis que je passerais des heures sous l’eau chaude mais ce serait techniquement un gaspillage de ressources… Quoi? On peut avoir des pouvoirs dépassant l’entendement et ne pas aimer dilapider à gauche et à droite tout et n’importe quoi! C’est irresponsable et c’est aussi franchement stupide. Qu’est-ce que ça montre au juste? Qu’on sait comment se comporter en idiot abusif et vaniteux? Cela dit, je suis tiré de mes pensées, heureusement, par une question de PeeGee. Hein?

« Je ne suis pas certaine de comprendre la question… J’ai proposé de prendre un douche, ce qui par défaut veut dire que n’ayant pas précisé que je voulais la prendre seule, je veux la prendre avec toi. Ensuite, partons du principe que c’est une question légitime… Depuis que tu es ici, nous avons eu au moins deux relations sexuelles. Ta nudité ou ma nudité ne me dérangera vu de ce que nous avons partagé. »

Après… Ne me demandez pas d’où c’est venu parce que je n’en ai strictement aucune idée. Je plaque PeeGee contre le mur de la douche, suffisamment fort pour faire craquer la céramique. Oh bon, elle est capable d’encaisser avec sa physiologie kryptonienne. Je me souviens ensuite de l’avoir embrassé férocement, pour asseoir ma dominance et de l’avoir caressé intimement au niveau de l’entrejambe avec une audace et une fougue que je ne me connaissais pas. Ça n’a pas duré longtemps mais… « Le mal est fait », bien que ce ne soit pas le mal dans un tel contexte, plus… Je ne sais pas moi, jouer avec le feu et partir un brasier, je ne sais pas… Il s’est passé quoi au juste? Je n’y comprends rien. Je suis incapable d’être dominante, on l’a vu hier, même quand j’essaie, je finis par échouer. Mais là, clairement, ce n’était pas comme… Mais qu’est-ce qui m’arrive au juste?

« Je… Je suis tellement désolée… Je ne sais pas ce qui s’est passé. Une seconde je répondais à ta question, tentant de démêler ce que tu venais de dire, la seconde… C’était comme si… Comme si j’avais regardé la scène depuis l’intérieur de mon propre corps… Et là c’est de nouveau bel et bien moi… Euh… Si… Si tu veux je… Je sors de la douche? Ce sera je ne sais pas… Moins dangereux, peut-être? Truc du genre… »

Karen sourit doucement quand Jeannie lui assura qu’il n’y aurait rien de choquant à ce qu’elles se douchent ensemble, ayant après tout vu son corps nu sous de multiples coupures. Karen acquiesça donc silencieusement, et garda sa main dans celle de Jeannie. Avec l’autre, elle écarta la porte, et elles rentrèrent à l’intérieur. Jeannie referma alors la porte, et poussa brutalement Karen. Celle-ci heurta violemment le mur, et sentit ce dernier trembler. Plusieurs carreaux se fissurèrent, et Jeannie se pressa ensuite contre elle. Elle allait l’embrasser ! Karen s’y attendait, et elle entrouvrit les lèvres en penchant la tête sur le côté, s’attendant à ce baiser… Mais rien ne vint. Surprise, Karen fronça les sourcils en la regardant, s’attendant à une réaction… Mais, finalement, Jeannie cligna des yeux. Elle avait eu une absence, et se remit alors à paniquer, jusqu’à suggérer de partir.

« Euh… »

Power Girl n’était plus à ça près, et attrapa alors la nuque de Jeannie. Sa main se posa dessus, et elle alla l’embrasser, pressant son corps contre le sien. Son autre main tourna le robinet, et l’eau afflua. Froide au début, elle les frappa toutes les deux, et le contact fit frissonner Karen, qui mordilla la lèvre inférieure de Jeannie.

« Oops… Désolée ! »

Elle retourna l’embrasser, faisant fi de tous les doutes de Jeannie, ou de toutes ses interrogations. Fort heureusement, Karen avait une endurance surnaturelle, à même de réagir à la puissance divine de Jeannie. La fatigue ne venait pas encore les saisir, et elle posa sa main sur les fesses de Jeannie, la déplaçant naturellement du robinet de douche à cette zone, qu’elle palpa lentement. Elle continua ainsi à jouer avec Jeannie, et, quand le baiser se rompit enfin, une eau très chaude vint les toucher.

Souriant encore, Karen sentit la buée remonter, et embrassa la femme dans le creux du cou, remontant sur sa joue, léchant sa peau, mordillant aussi celle-ci.

« Ma peau est très endurante, comme tu le sais… Tu sais, les humains apprécient une eau de douche allant de 30 à 37° Celsius… Moi, il m’en faut bien dix de plus pour que ce soit agréable… »

Jeannie allait sûrement pouvoir l’endurer, vu sa nature divine… Mais, ce faisant, la vapeur commençait à remonter dans toute la cabine, venant les recouvrir toutes les deux. Karen continua à l’embrasser, la plaquant ensuite contre la porte de l’entrée, et la retourna. Jeannie se retrouva dos face à Karen, qui continua à l’embrasser dans le creux du cou, et savonna ensuite son dos. Elle y allait calmement, la nettoyant tendrement, et fléchit les genoux, jusqu’à rejoindre ses fesses, qu’elle nettoya alors avec ses deux mains, tout en en profitant pour écarter chaque fesse l’une de l’autre.

Mutine, Karen approcha alors son visage, et glissa sa langue sur sa croupe, jouant avec cette zone.

« Tout à l’heure, tu parlais de danger… Qu’est-ce que tu sous-entendais par là, ma chère Jeannie ? Craignais-tu pour ta pudeur, ou pour la mienne ? En tout cas, ton joli petit cul, lui, m’attire beaucoup ! »

Elle rigola doucement, et retourna lécher la croupe de Jeannie, curieuse de voir comment celle-ci allait réagir à tout ça…

« Bah… Hier c’était une présence malveillante qui est venue bousiller notre jeu… Aujourd’hui je deviens temporaire spectatrice de mon propre corps alors qu’une moi dominante se manifeste… Ou un genre de moi dominante… Considérant que ça ne s’était jamais produit auparavant, je suis prudence. Ce n’est pas la chose logique à faire? J’aurais cru que oui, personnellement… Ça ne t’inquiète pas, toi? »

Comment elle fait pour rester joueuse dans ces conditions? Il se passe des trucs vraiment bizarres, là… Quand même, j’ose espérer qu’elle s’en est rendu compte. Si je m’inquiète, c’est que même pour moi, ce n’est pas normal. Et si MOI je m’inquiète, TOUT LE MONDE devrait s’inquiéter. Ou pas, encore une fois, considérant sa réaction. Je la trouve aussi difficile à comprendre qu’elle doit me trouver difficile à comprendre. Et ne venez pas me dire que c’est moi qui m’en fais trop : je sais parfaitement que ce n’est pas vrai. Il se passe quelque chose de bizarre. Quoi, je ne sais pas… Mais je voudrais bien savoir. Sauf que bon, je ne suis plus omnisciente donc… Je suppose que la ou les réponses viendront avec le temps. Quand bien même je voudrais accélérer les choses, il semblerait que ce n’est pas sur le point de se produire. Alors quoi faire, je vous le demande, moi!

La solution facile serait de juste ignorer la chose, reporter à plus tard, se dire que ça va s’arranger. Mais ça… Non. Je suis parfois immature, j’ai souvent un déficit de l’attention s’il y a des choses colorées ou brillantes à proximité mais je sais aussi être responsable. Et franchement, ce serait bien irresponsable que de se dire : ouais, on va juste jouer sous la douche avec PeeGee et puis voilà. Et puis je ne suis pas certaine d’apprécier ce qu’elle fait non plus d’ailleurs. C’est bizarre. Correction. C’est quelque chose de nouveau pour moi et donc c’est difficile de déterminer exactement où je me situe. On me dira : mais c’est facile, on aime ou on n’aime pas. Ah mais je dis : les nuances. La torture des nuances… Il y a des choses, j’aime ou je déteste, point. Mais il y a plus aux choses que du noir et du blanc. Verdict… Non. Pas fan. Donc… On ne va pas continuer ce petit jeu, miss PeeGee.

Je lui dis donc gentiment que ce n’est pas trop mon truc, ce qu’elle fait, mais que si elle veut continuer de le palper avec ses mains, ça me dérange moins. Je veux dire… Ne pas aimer une chose ne veut pas dire ne rien aimer du tout. Et puis bon, à mon tour de la savonner et de la nettoyer, sinon que genre d’hôtesse je serais, je vous le demande? Une eau plus chaude ne me dérange pas. Une eau plus froide… Là ça aurait été autre chose. Je la regarde de haut en bas, me tapote le menton avec l’index avant de lâcher un « ahah! » triomphal. Vous vous demandez quel était mon questionnement? Quel gel douche utiliser sur elle. Et j’en ai pris à senteur de fruit de la passion. Je ne sais pas, ça cadre avec elle. Enfin. À mes yeux. Donc… Pourquoi pas! Parce que bon, personne connaissant vraiment PeeGee pourra dire qu’elle n’est pas passionnée, ça c’est clair. Définitivement.

« On ne peut certainement pas parler de toi sans parler de passion. Donc… Fruit de la passion pour le gel douche. Je préfère au savon parce que ça permet une application plus directe, tu peux vraiment faire pénétrer le gel dans la peau. Celui-là agit alors comme une sorte d’exfoliant. Ne me demande pas les détails précis, j’ai un jour tenté de comprendre les trucs mode, beauté et cosmétique… Une catastrophe, oui! »

En tout cas, et je n’ai pas honte à l’admettre, je ne serai jamais aussi douée que sa petite amie et future femme pour m’occuper d’elle mais des millénaires de servitude ont quand même pour effet de vous rendre très attentif aux besoins des autres. Le massage de la veille en a été une excellente preuve d’ailleurs. Évidemment, je ne suis pas chaste dans mes… Manipulations… Et je m’occupe bien d’elle. Sinon, c’est mal traiter ses invités. Et ça, franchement, ce n’est pas acceptable. Oh quoi, vous savez très bien que je suis du genre à m’inquiéter, bon gré, mal gré, de la perception que les gens ont de moi. Donc… Je ne voudrais pas la décevoir même si elle m’a dit de ne pas m’en faire avec des détails du genre. On ne change pas en une nuit, ça non. Et j’ajoute que ça me fait plaisir de bien m’occuper d’elle. Au moins, il n’y a pas eu d’autre incident, si j’ose dire. Encore heureux.

Ce qui ne veut pas dire, par contre, qu’il n’y a rien eu. Une certaine kryptonienne semble joueuse, même sous la douche et nous échangeons encore un certain nombre de baisers et de caresses. Et quand sa main effleure accidentellement mon bas ventre, sa super ouïe ne manquera pas d’entendre des battements de cœur soudainement plus élevés. Comment vous voulez « jouer » contre une kryptonienne? C’est de la triche, voilà ce que je dis. On va essayer de s’en sortir avec ma carte préférée : la promesse d’un bon petit déjeuner. Le ventre, quand il est vide, a plus de volonté que n’importe quoi d’autre. Et j’imagine qu’une kryptonienne, au déjeuner, ça mange énormément pour se refaire des réserves. Ce serait logique, quand on y pense. Mais ça ne me dérange pas. Si elle veut manger, je lui préparerai tout ce qu’elle veut, l’essentiel étant de bien commencer la journée. Car elle me fait découvrir la Terre aujourd’hui!

Visiblement, Jeannie n’était pas d’humeur aussi badine que Karen, puisqu’elle mit fin délicatement au petit jeu que Karen était en train de faire. Dommage ! Mais Karen n’allait pas insister outre mesure. Il ne fallait pas être trop gourmande, et elle avait déjà eu longuement l’occasion de profiter de Jeannie ! Celle-ci proposa ensuite un petit-déjeuner, et Karen sourit brièvement.

« Ce sera l’occasion de découvrir les plats culinaires de ta planète, Jeannie. »

Karen retournerait ensuite sur Terre avec Jeannie, même si elle ne savait pas trop quoi faire d’une telle Déesse. Certes, celle-ci voulait devenir employée de Starr Industries, mais Karen avait des doutes sur le fait que cela puisse vraiment marcher. Le travail, c’était une logique très spéciale, où il fallait se plier à la hiérarchie, suivre des ordres… Une divinité accepterait-elle de se soumettre à son « R+1 » sans rechigner ? Accepterait-elle de devoir mener le siège à la photocopieuse pour imprimer tout un tas de pages, ce genre de choses ? La banalité du monde du travail était une machine redoutable qui broyait les esprits, et Power Girl voyait assez difficilement Jeannie se plier à ce rythme. Mais elle pouvait aussi se tromper.

La douche se termina donc, et Karen sortit rapidement. Elle s’essuya, et enfila les vêtements disponibles. Une fois prête, elle avait une belle tenue aristocratique, avec une longue robe élégante et des gants en dentelles, avec des collants et de courtes bottes en cuir.

« Bon… Alors, où est ce repas que tu m’as promis ? » sourit-elle doucement.

Power Girl était apaisée, et n’en voulait guère à Jeannie d’avoir écourté leur séance dans la douche. Elle aurait sans doute pu insister, car elle avait senti le cœur de Jeannie s’emballer dans la douche, mais Karen ne souhaitait pas tirer trop sur sa chance. Maintenant qu’elle se sentait prête et propre, elle attendait désormais que Jeannie la guide là où elle voulait la conduire…

Alors… Un déjeuner! Je vous dirais que ça va probablement vous décevoir mais nous avons énormément de similitudes avec les coutumes culinaires de la Terre. La base de toute société un minimum développé c’est encore le pain et quel que soit le nom donné à la céréale utilisée, c’est le même principe de base. Nous fonctionnons aussi avec sucré, salé, acide et amer. Techniquement, il y a une cinquième saveur qui représente un équilibre parfait entre les quatre mais je ne sais pas si c’est quelque chose qui serait perceptible pour Power Girl. Mais alors ça ne goûtera rien, pourriez-vous penser, les saveurs s’annulant l’une et l’autre. Un raisonnement logique mais erroné. Désolée, je ne saurais pas le décrire avec les mots, il faudrait que vous le goûtiez pour comprendre. Mais c’est de l’ordre du détail, dans la situation actuelle, en fait. Ce n’est pas important.

En fait, je vous dirais que nous avons aussi notre version des viennoiseries et que c’est très à la mode. Les œufs entrent beaucoup dans notre alimentation. La viande. Les fruits. Tels quels, en confiture ou autre. Donc… Je ne vois pas vraiment quelle spécialité je pourrais faire découvrir à la kryptonienne. Elle aura droit à un déjeuner princier par contre. De quoi nourrir facilement une douzaine de personnes. Il y a du pain, des œufs apprêtés de différentes façon, des confitures, des gelées, du beurre, différents types de saucisses, l’équivalent du jambon, des crêpes, des gaufres, quelque chose ressemblant à du bacon, des brioches à la cannelle, des palmiers, différents types de croissants (nature, fromage, amandes)… La liste est longue mais également, quelque chose de bien terrien, l’élément déclencheur de toute cette histoire… DU NUTELLA! Ah mais certainement que oui!

Oh et à boire… Du lait, de l’eau, une trentaine de types de jus différents, une grande variété de thé, une boisson similaire à du café… Je n’ai rien oublié, je crois. Non, le miel est là aussi… Non, pour une fois, je n’ai rien oublié. Ah mais c’est difficile de penser à tout avec un esprit comme le mien! Les idées fusent dans tous les sens et ce n’est pas toujours facile de garder le tout cohérent. Il y a beaucoup à admirer chez les humains. Leur cerveau plus primitif et simple a moins tendance à se perdre en divagations que le mien. Je vous le dis, des fois je me dis que je suis comme un petit animal. Agitez un truc coloré, lumineux ou brillant devant mes yeux et ma concentration vient de partir en courant. C’est terrible! Alors ceux qui ont peur que je devienne un jour une déesse malveillante… Vous avez déjà vu une méchante déesse avec un tel déficit de l’attention? Je serais extrêmement surprise!

Évidemment, j’ai tout conjuré moi-même, fait apparaitre le tout. Ça sauve tellement sur le temps de préparation, c’est fou! Ah non parce que je vous jure qu’autrement, j’en aurais eu pour des heures… Et des heures… Et des heures… Tout faire apparaitre est bien plus simple. Pas forcément dans le monde « normal » parce qu’il y a des limitations à prendre en considération. Mais ici, c’est chez moi, ma bulle dimensionnelle où je suis omnipotente. Ce que je déteste ce mot… J’essaie de ne pas utiliser mes pouvoirs, en fait, quand je suis dans le monde « réel ». Comme ça, on évite un certain nombre de problèmes. Ce n’est pas toujours facile ou possible mais… Je ne fais pas de miracles non plus. Parfois, c’est plus fort que moi, un réflexe, si vous préférez. Ça arrive même aux meilleurs. Pas que je prétende nécessairement être meilleure que les autres, bien sûr que non.

« Si jamais tu en veux plus, tu me le dis et je te le fais apparaitre, ça va me faire plaisir. Ça va avoir l’air de venir de nulle part mais je dois poser la question. Comme je vais techniquement devenir une de tes employés, tu offres le service de psychologue? Je veux dire… Un cas comme moi, ton psy normal, c’est lui qui va ressortir de la pièce fou. Parce que je suis en train de me dire que je vais peut-être avoir besoin de consulter. Les incidents d’hier et d’aujourd’hui ne sont peut-être pas des incidents isolés… »

Dans les deux cas, il y avait quelque chose d’étrangement familier. Comme… Je ne sais pas moi, regarder le monde sous un autre angle, une autre facette de qui vous êtes. Que ce soit mon imagination, la réalité, un mix des deux ou autre chose, là, dans l’instant, ça ne s’est pas manifesté dans le « monde réel ». Mais comme avec beaucoup de choses, une porte, une fois ouverte, vous ne contrôlez pas forcément ce qui sort avec vous. Qui entre, oui. Je suis extrêmement contrôlante. Mais je confesse que je n’ai jamais pensé à faire la même chose en sortant car… Je vis seule dans ma bulle, où serait le besoin? Enfin bon, je suppose que ce n’est pas un sujet joyeux ou digne d’être abordé quand nous allons passer une superbe journée à découvrir la Terre en pseudo touriste! Hum… Peut-être que je vais même affronter un super criminel avec PeeGee, qui sait…

« Oublie ma question, c’est le meilleur moyen pour ruiner l’ambiance. Pour se mettre de bonne humeur, quand tu vas me faire découvrir la Terre, tu vas m’amener arrêter un super criminel avec toi? J’avoue que je n’ai jamais essayé pour de vrai. Accidentellement ou pour qu’on me laisse tranquille, oui, mais jamais en mode la justice m’appelle, tu vois le genre. Un vol de banque? Une prise d’otages, peut-être? »

Karen et Jeannie rejoignirent une impressionnante salle de banquet où Jeannie expliqua à Karen qu’elle faisait apparaître tout ce que Karen voulait, et qu’elle n’avait qu’à y songer. Surprise, Karen se rappela toutefois très vite que, dans ce monde, Jeannie était omnipotente. Faire apparaître des plats n’était pas très compliqué pour elle, et il s’agissait, somme tout, de choses assez ordinaires. Du pain chaud, tendre, avec du beurre, de la confiture, des viennoiseries. Karen commanda donc un chocolat chaud assez bouillant. Comme pour tout le reste, l’endurance surnaturelle de son organisme faisait qu’elle n’était attirée que par des produits très forts. Une eau très chaude, un chocolat chaud très fort. Elle se posa ensuite face à Jeannie, et commença à tremper sa tartine, allant jusqu’à user de ses yeux lasers, à faible intensité, pour réchauffer le chocolat.

« Même si tu produis ça instantanément, je me dois quand même de te remercier pour ce repas. »

Elle ignorait si Jeannie avait besoin de beaucoup manger, mais Karen, elle, était très gourmande. Son corps brûlait toutefois bien plus de carburant que n’importe quel humain, sauf peut-être le Flash. Elle devait donc s’entretenir, et conserver sa force. Elle croqua donc dans une tartine. Pas besoin de grille-pain avec elle, elle réchauffait les biscottes avec ses yeux, et avala avec appétit de la confiture. Karen avait toujours aimé la gastronomie pour ça, elle qui était friande de bons plats ! Pendant quelques instants, un silence respectueux s’instaura entre les deux femmes.

Jeannie finit toutefois par le rompre en évoquant l’hypothèse de suivre une thérapie, notamment par rapport aux « incidents d’hier et d’aujourd’hui ». De quoi parlait-elle ? Karen fronça lentement les sourcils, n’ayant pas le souvenir qu’il y ait eu quelque chose qui avait échappé au contrôle de Jeannie. En même temps, elle n’était pas vraiment une spécialiste des pouvoirs omnipotents de Jeannie, et ne pouvait donc faire qu’avec ce que celle-ci lui disait.

« Je ne sais pas… Il existe des thérapeutes adaptés pour les métahumains, mais je tiens à m’éloigner d’eux… Tu sais, les Terriens se méfient de gens comme nous, et je n’ai pas envie que le SHIELD s’intéresse de trop près à mes activités. »

C’était d’ailleurs aussi pour ça qu’elle était une justicière discrète. Honnêtement, entre les Vengeurs, la Justice League, ou les Titans, il y avait assez de groupes comme ça pour combattre les super-vilains ! Karen, elle, était avant tout une riche femme d’affaires, et, quand elle agissait sous Power Girl, c’était généralement pour protéger Helena. Cependant, cette perspective semblait ravir Jeannie, qui embraya sur ce sujet, en indiquant qu’elle voulait se livrer à des activités super-héroïques.

« Euh… »

N’importe qui ayant vu la saison 1 de « The Boys » pouvait déjà dire que ce serait une mauvaise idée !

« Il faudra te former, tu sais… Moi, j’ai appris à maîtriser mes pouvoirs avec mon père adoptif. Tu ne peux pas juste aller sauver des gens comme ça, le risque est trop grand. Un accident… Ça ne doit pas arriver. »

Son père l’avait longuement formé, car il fallait que Karen apprenne à contrôler ses pouvoirs, sa force surnaturelle, sa puissance terrifiante… Tout cela n’avait pas été facile, mais Karen ne pouvait pas juste se contenter d’une petite tape sur l’épaule, a fortiori vu comment Jeannie était endiablée et nerveuse !

« Et puis, tu oublies l’essentiel… À quoi ressemblera ton costume et ton nom de justicière ? »

Ça, c’était une vraie question !

« Attends… Quoi? Je n’ai pas dit que je voulais devenir justicière. Oh non, non, non. Je n’ai pas ce qu’il faut pour devenir justicière. Pour commencer, je déteste l’ordre. Mon origine est le chaos, c’est à peu près la seule chose positive à mon existence de jadis. Cette liberté d’interprétation, tu vois? Non je disais que tu pourrais me montrer comment TOI tu fais le boulot de super héroïne. Comment tu arrêtes les criminels.

Mais si je devais être une super héroïne… J’aimerais bien être comme toi, je crois. Badass avec un physique pouvant mettre à tes pieds des légions d’admirateurs, affronter l’ennemi au corps à corps avec une super force, brutaliser les méchants, faire régner la justice… Une super héroïne qui applique la vraie de vraie justice et qui nettoie les rues d’une métropole prisonnière du crime et… Wow… Il faut que je me calme sinon je vais encore… Euh…

Me faire des histoires dans ma tête, en fait. C’est marrant parce que… Nan… Ce n’est pas important. De toute façon c’est probablement juste une coïncidence. Je disais donc… Je me dis que ce serait génial de te voir à l’œuvre, combattre les méchants, faire régner la justice. Ce n’est pas mon truc mais ça ne veut pas dire que je ne peux pas apprécier le travail bien fait pour autant! Parce qu’à la fin de la journée, ça se résume à ça! »

Succès et échec sont les critères utilisés par le monde moderne pour déterminer si un individu est performant, en quelque sorte. Donc, le nombre de criminels capturés lors d’une intervention est un facteur important à prendre en considération pour les super héros. Probablement de façon plus subconsciente que consciente, en fait. Je doute que Superman se dise « il y a trente criminels, je dois en neutraliser au moins vingt-sept pour avoir un ratio minimum de 90% ». Mais il voudra certainement en laisser filer le moins possible. Ce qui normal, je crois, quand on se donne pour mandat de sauver le monde. Paradoxalement, c’est se mettre énormément de pression sur les épaules. Comment vous voulez ne pas crouler dessous, en fait? Ça arrive une mauvaise journée. Un imprévu. Quelque chose de ce genre-là. Oula, je suis partit loin dans mes pensées, là, moi…

Tellement loin, en fait qu’au lui de boire ma gorgée de thé, je me retrouve à m’ébouillanter en me renversant le tout dessus. Naturellement, je pousse un cri strident, tombe à la renverse et me cogne la tête violemment contre le sol. Complètement sonnée, là. Et pendant mon mini blackout, je vois une curieuse scène dans ma tête. C’est flou mais… Je vois… Hum… On dirait Power Girl, oui… Faisant face à une figure encapuchonnée qui lui dit qu’elle ne peut pas la tuer, qui si elle fait ça, Jeannie sera la seule à en souffrir de façon atroce… Ah bah dites donc… Je fais des fanfictions dans ma tête quand je perds connaissance? Je devrais peut-être me mettre à l’écriture tiens. Bref. Je reprends connaissance et me redresse brusquement et j’espère jusque qu’elle ne s’est pas penchée au-dessus de moi parce que sinon son nez va prendre cher, toute kryptonienne qu’elle soit!

Ça va, je n’ai rien, que je m’écris. Je regarde la tache de thé sur mes vêtements et d’un geste presque négligent, je la fais disparaitre. Note à moi-même, dis-je tout haut. Rendre les planchers moins durs en cas de chute. Autre note à moi-même : ne pas dicter à voix haute les notes que je me laisse. Oui bon ça va hein. Je n’ai jamais dit que j’étais normale et je ne serai jamais normale. Je me demande vraiment comment le cerveau de PeeGee fait pour suivre. Et évidemment, parce que ce ne serait pas moi si j’arrêtais de parler pendant trente secondes, il faut absolument que je lui raconte ce que j’ai vu pendant mon blackout et j’essaie de deviner de quel ennemi il pourrait s’agir et pourquoi ça me concernerait. Et cette voix… Cette voix est familière et en même temps… J’imagine que je finirai par trouver. Ou PeeGee trouvera. Qui dans ses ennemis porte la capuche, au juste? En fait…

Peut-être que c’était une vision prophétique! Que c’est une adversaire que tu n’as pas encore affronté! Ah là, mon imagination part dans toutes les directions. Ce que je ne sais pas, c’est que ce n’est pas Power Girl que j’ai vu pendant mon blackout. J’ai pensé que c’était elle à cause du flou. Mais ça… C’est le sujet d’une autre histoire. Concentrons-nous plutôt sur l’histoire qui se passe présentement. Bien évidemment, mon esprit est déjà passé à autre chose. On m’a souvent dit que j’étais invivable parce que mes idées ne tiennent pas en place. Ce n’est pas ma faute, j’ai une condition médicalement reconnue, je le répète! Trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité! Je ne fais pas exprès! Bon, où en étais-je… Ah oui, ça me revient, là. J’allais demander à PeeGee une question sur mon idée précédente et… Comment ça, laquelle? Mais suivez un peu, bon sang!

« Je viens de retrouver mon idée. Est-ce que tu veux que je fasse l’appât? Tu sais, admettons que tu dois traquer un dangereux criminel et qu’il faut le faire sortir de son repaire, tout ça… Moi je veux bien aider! S’il n’y a que moi et pas d’autres civils, c’est encore plus facile pour toi de faire ton travail! De casser des gueules et de botter des culs! D’être badass et de finir le combat le costume en piteux état mais le sourire triomphant et le pied botté sur le torse de ton ennemi vaincu! »

Cette conversation avec Jeannie était très bizarre… Comme toujours avec elle, ceci dit ! Karen s’était retrouvée embarquée dans une sacrée aventure, et elle ignorait totalement où tout cela allait la conduire. Jenanie était totalement imprévisible, et expliqua qu’elle ne souhaitait pas être une super-héroïne, mais voir Karen faire la super-héroïne. Confuse, l’intéressée fronça lentement les sourcils, sans trop savoir quoi dire. Visiblement, Jeannie fantasmait aussi un peu sa vie de Power Girl. Elle ne faisait pas partie de la Justice League, ni même des Avengers, ou même les Titans. De son point de vue, il y avait bien assez de super-héros comme ça dans le monde ! Power Girl était au contraire assez discrète, et, quand Karen agissait sous ce costume, c’était très souvent pour aider Helena ! Certes, elle venait de se manifester contre Jeannie, mais c’était aussi pour ça que Jeannie, initialement, s’en était prise à une cible commune. En soi, Karen ne patrouillait jamais quotidiennement sous son uniforme, il y avait bien assez de gens pour ça.

Alors qu’elle s’apprêtait à tout expliquer là-dessus à Jeannie, celle-ci s’ébouillanta brusquement avec sa tasse de thé, et tomba à la renverse. Surprise, Karen se releva, et se rapprocha d’elle.

« Jeannie ? Jeannie ?! »

Allons ! Ce n’était pas une petite tasse de thé qui allait mettre à terre une Déesse ! Couchée sur le sol, Jeannie semblait en pleine réflexion… Et se réveilla brusquement. Sa tête heurta celle de Karen, qui grogna en tombant à la renverse à son tour. Aïe !

« Hmmm, bordel ! »

Elle se massa la tête. Jeannie cognait dur, mine de rien ! Celle-ci lui présenta ses excuses, et Karen haussa les épaules.

« Moi, j’ai ma kryptonite, et toi, tu as le thé chaud, c’est ça ? » ironisa-t-elle.

Karen était loin de se douter de la vision que Jeannie avait eue. Celle-ci ne tarda pas à revenir sur l’idée d’héroïne, en indiquant qu’elle pourrait camper le rôle de victime. Karen croisa les bras en fronçant les sourcils.

« Je… Je crois que tu ne saisis pas encore tout, Jeannie. Je ne suis pas une justicière classique. Enfin… Je n’appartiens à aucun groupe, et je ne passe pas mes nuits à arrêter les criminels. Ce monde d’élection n’est pas mon monde d’origine ! J’utilise essentiellement mes pouvoirs pour secourir Huntress ! Pour le reste, je suis avant tout Karen Starr, et, crois-moi, diriger une multinationale, cela prend beaucoup de temps ! »

De fait, son agenda était tout simplement surnaturel, et Karen ne tenait que grâce à son endurance surnaturelle, au fait qu’elle avait besoin de très peu dormir. Entre Starr Industries, ses recherches sur le Multivers, ses relations avec Helena, et tout de même les rares moments où elle incarnait Power Girl, elle avait un emploi du temps très chargé ! Inutile de dire que, dans ces conditions, il lui était très compliqué de voler au secours de la veuve et de l’orphelin tous les jours.

Karen se racla ensuite la gorge, avant de poursuivre :

« À mon avis, il faudra surtout que je te présente à Huntress, si tu veux jouer la proie… C’est l’une de ses stratégies usuelles pour s’infiltrer dans les réseaux criminels. Mais moi, je t’avouerai que les plans compliqués reposant sur l’infiltration et sur les pièges, c’est pas trop mon truc ! »

Elle, à vrai dire, elle était plutôt une solide bourrine dans l’âme !

Mais… MAIS!? Mais non, ça ne va pas DU TOUT! Une super héroïne, ça sauve les gens dans son joli costume et tout! C’est une kryptonienne, en plus, et les kryptoniens ne remplissent pas leur rapport d’impôt comme de bons petits citoyens! Pas sur Terre, en tout cas! Ils sauvent le monde, ils font partie de la super famille, quoi! Superman, Supergirl, tout ça… Elle est en train de me dire qu’elle n’est même pas super héroïne à temps partiel? Mais où je vais l’avoir, ma dose d’action, d’aventure et de justice, si ce n’est pas Power Girl qui me montre comment elle fait son boulot de super héroïne… Qui n’est pas vraiment son boulot… Ou même un hobby… ô cruelle déception! Je la regarde avec de grands yeux comme si elle venait de dire une énormité sans précédent. En fait… C’EST une énormité sans précédent! L’identité secrète! Le costume, le nom et tout!

Attends voir. Je fais apparaitre un tableau blanc avec feutres effaçables. Je commence à écrire sur le tableau tout ce qui fait de Power Girl une super héroïne… Tout en essayant de comprendre pourquoi elle ne semble pas plus enthousiaste que cela à sauver la veuve et l’orphelin. Et me voilà repartit dans mes pensées et mes fantasmes de super héros parce que j’ai dû écrire quelques trucs sur le tableau qui n’ont rien à voir avec les qualités super héroïques de Power Girl. Disons… Autre chose. Et quand je m’en rends compte, au lieu de faire comme tout le monde et d’effacer le tableau, le tableau s’enflamme tout d’un coup avant de tomber en un petit tas de cendres bien propre. Il faut que j’arrête de fréquenter Power Girl. Sa nature extravertie, dominante et sexuellement libérée a des effets bizarres sur mon schéma de pensées. Je ne savais même pas que je pouvais avoir ce genre de…

NON! On passe à un autre sujet! Et vite! Avant de dire ou d’écrire quelque chose qui aura dû rester dans cette case très privée qu’on appelle « fantasme ». Avec de la chance, elle ne se sera rendue compte de rien. Elle… Elle aura pris une gorgée de café, une bouchée de quelque chose… Non, oublie ça ma pauvre, elle sait. C’est CLAIR qu’elle sait. Alors… À moi d’habilement amener à conversation ailleurs. Je lui dis que d’après moi, son style de super héros est plus fonce dans le tas et tape que stratégique. Pas que ce soit une mauvaise chose, que je précise. Simplement qu’effectivement, pourquoi tenter de désamorcer la mise à feu d’un missile quand on peut simplement l’envoyer d’un coup de poing en direction du soleil? POW! En même temps c’est logique. Et je suppose, aussi, que c’est un peu inutile de tenter d’infiltrer une base cachée au milieu d’un volcan quand tu peux juste… Bah…

Plonger dans la lave et en ressortir sans la plus petite brûlure. La liste de possibilités est très longue. Mais clarifions les choses. Donc, demandais-je, même si je te fais mes yeux les plus irrésistibles, tu ne vas pas arrêter des méchants pour moi, me montrer comment tu fais ton boulot pas boulot de super héroïne? Si ça doit absolument impliquer Helena, peut-être qu’elle pourrait se retrouver en danger et… Je me mets moi-même une gifle. Méchante Jeannie, que je m’exclame. Rappelle-toi. Dans le monde réel, il y a des conséquences. Ah oui, merci, moi-même, de me ramener à l’ordre, des fois je me perds dans ma tête. Je m’excuse à PeeGee en lui disant que j’ai tendance à théoriser à voix haute, de ne pas porter attention à ce genre de divagation. Je serais une mauvaise amie / employée / qualificatif de son choix si je faisais un truc pareil. Ce serait égoïste et mesquin d’ailleurs, oh oui…

Mais donc, si elle ne va pas me faire une démonstration, que va-t-on faire? Il faudrait que ce soit quelque chose de typiquement PeeGee et qui ne concerne pas son entreprise parce que je vais la visiter lors de mon premier jour de travail. Ou alors, on peut faire quelque chose de plus classique. Visiter un musée, par exemple. Ou un site historique. Ou… Aller au cinéma? Toutes ces idées me semblent mauvaises. Trop communes. Rien de vraiment unique ou particulier à la Terre en tant que tel. Il faut vraiment que je passe plus de temps hors de ma bulle dimensionnelle, moi. À force, j’en oublierais presque de socialiser plus souvent. Au risque de me répéter, je n’ai jamais prétendu être parfaite, moi. Je sais que ce serait aussi prétentieux que faux alors même pas la peine d’essayer, non? De toute façon, si j’essaie de mentir, vous allez vous en rendre compte tout de suite alors…

« Je crois que j’ai une idée… Et si je te laissais planifier cette visite de la Terre! Comme ça, on risque moins de faire des choses trop loufoques ou surréalistes. Je veux dire… Comment tu veux, par exemple, réussir à causer une catastrophe entropique en mangeant un hot dog? C’est typique des États-Unis et c’est sans danger! Quoi que…

L’incident du Sapin de Noël du Rockefeller Center est encore frais à ma mémoire. La dinde de Noël géante qui terrifie New York… Est-ce que j’ai dit ça à voix haute? Ah merde! S’il te plait, ne pose pas de question, c’est probablement un des trucs les plus embarrassants qui me soient arrivés… Et je n’ai même pas fait exprès. PeeGee, tu es une super héroïne, dis quelque chose pour me sortir de mon embarras! Allez quoi, un beau geste! »

Karen avait toujours eu envie d’être comme son père, une super-héroïne. Mais cette envie avait à vrai dire fortement diminué quand son monde natal avait été ravagé par les forces de Darkseid menées par Steppenwolf. Karen avait compris que les super-héros étaient insuffisants, et potentiellement dangereux, en ce qu’ils amenaient les humains à se relâcher, à se reposer sur eux. Or, un super-héros n’avait pas pour rôle de se substituer à la police ou à l’armée. Karen se méfiait aussi de ce que ce pouvoir représentait, de la tentation d’aller au-delà du super-héroïsme pour commencer à imposer sa vision des choses. Elle était une super-héroïne en ce sens qu’elle utilisait sa matière grise de manière super efficace ! Karen ne se battait pas qu’avec ses poings, mais avant tout avec son cerveau, ce cerveau qu’elle avait utilisé pour créer Starr Industries, et pour avoir sous les locaux de son entreprise un complexe de recherche abritant un laboratoire travaillant sur les flux quantiques et sur les Portails dimensionnels.

Jeannie était surprise, et essayait de comprendre. Karen, toujours un peu surprise par les réactions de la jeune femme, la laissa faire, jusqu’à ce qu’elle lui demande… De la sortir de son embarras. Elle avait matérialisé préalablement un tableau blanc pour écrire au feutre tout ce qu’elle assimilait à la notion de « super-héros », avant de le brûler. Karen enchaîna donc, sans trop savoir quoi dire :

« Là d’où je viens, les super-héros ont échoué. Cela m’a amené à devoir reconsidérer les choses sous une autre perspective. Je reste Power Girl, mais je suis aussi Karen Starr. Pour le dire autrement, je pense que mes facultés ne se limitent pas qu’à ma capacité à user de mes poings. À travers mon entreprise, je dispose de capitaux pour investir dans les zones défavorisées, développer des fondations, des orphelinats, des dispensaires médicaux, ou juste faire du commerce. »

Karen Starr était aussi une bonne capitaliste, une femme multimilliardaire qui usait de sa fortune colossale pour faire le bien dans le monde… Ce qui ne lui permettait pas d’échapper à quelques critiques, surtout en ces périodes complotistes. Certains théoriciens du complot échafaudaient des théories sur une sorte d’assemblée secrète de multimilliardaires, l’associant à d’autres philanthropes réputés comme George Soros. Karen n’en était pas particulièrement perturbée. Les gens avaient peur, et, dans leur peur, avaient besoin de s’inventer des fantasmes. Tout ce qu’il fallait était qu’ils ne passent pas des fantasmes aux actes.

La jeune Kryptonienne reprit ses explications :

« Il m’arrive de patrouiller comme Power Girl, mais je n’ai pas envie d’être une figure médiatique. Je… Je suis bien comme ça. Il y a assez de héros comme ça, je préfère n’intervenir que quand c’est nécessaire, ou pour protéger Helena. Si tu veux voir des gens arrêter des criminels, suis le parcours de policiers. Moi, je préfère passer mon temps dans mon laboratoire, à travailler sur les flux quantiques et sur la théorie des cordes, plutôt qu’à voler de toit en toit. »

Quitte à briser les fantasmes de Jeannie, Karen ne comptait pas mentir.

« Mais qu’est-ce que tu veux voir sur Terre, exactement ? Vu tes pouvoirs, je pense que tu connais déjà tout ce qu’il y a à voir, non ? Et, tu sais, je ne suis pas une guide touristique non plus, je ne suis pas sûre de te relater avec précision les merveilles de la Terre… Surtout que, après tout, je suis une réfugiée sur ce monde. »

Oh bon… Tant pis. On ne m’enlèvera pas de la tête ma vision très hollywoodienne de Power Girl, super héroïne de son état. C’est dommage de savoir qu’elle ne fait pas comme Superman ou Supergirl mais… Je vivrai avec. Il faut de tout pour faire un monde, etc., etc. Et puis du reste, je ne peux quand même pas la forcer à faire quelque chose de super héroïque contre son gré. Je ne suis pas une super criminelle, je suis la petite déesse au chapeau! Oui, parfaitement, c’est un surnom qu’on m’a donné et je le porte avec fierté d’ailleurs. Je ne suis pas bien grande, je le reconnais. Et pas très costaude. Je n’ai rien d’intimidant et… Et vous savez tout cela, on en a déjà parlé plus tôt dans cette aventure! On ne va pas répéter ce qui a été dit, non? Et comment ça, s’appuyer sur le quatrième mur? Je dis ce que je pense et moi je dis que nos vies sont des aventures que suivent des entités!

Quel serait le but de l’existence, sinon? Nous sommes de la fiction pour quelqu’un d’autre! Comédie! Drame! Action! Horreur! Tous les genres confondus! Et… Et je divague encore, bon sang, c’est de plus en plus fréquent… Je disais donc. Pas d’actions super héroïques de la part de Power Girl. D’accord. On va faire avec. Sans, plutôt. Je sais, je sais, elle dit ça sans mauvaise intention mais quand même. Combien de fois devrais-je répéter que je ne peux pas tout faire et que je ne sais pas tout? Oh bon, on ne va pas se fâcher, ça ne servira à rien. Tentons plutôt de répondre à sa question plutôt, ce sera, j’imagine, plus constructif, après tout. Alors, Jeannie, que veux-tu voir sur Terre? Ce n’est pas tant le quoi que le comment, en fait. Permettez-moi, par conséquent, de vous expliquer ma vision des choses et vous comprendrez sans doute mieux de quoi il retourne. Enfin. J’espère!

« PeeGee… Ce n’est pas tant ce que je veux voir que le comment. Et le fait que tu sois réfugiée est encore plus parfait, pragmatiquement parlant. Tu as des endroits sur cette planète qui te sont chers, qui éveillent chez toi diverses émotions. Joie, fierté, tristesse, colère… Oui j’ai joué les touristes, j’ai vu tous les grands monuments, visité les plus célèbres musées. Mais… Ils ne m’inspirent rien. Absolument rien de rien, en fait.

Pourquoi? Parce que c’est regarder l’œuvre d’autrui expliqué par quelqu’un qui prétend comprendre l’œuvre ou connaitre la personne. Tu essaies vraiment de me faire croire que le guide au Parthénon était là lors de sa construction? Évidemment que non. Donc il raconte ce que les historiens et archéologues ont découvert. Le tout manque donc de vie. De vécu. Mais si je vois la Terre, ou certains de ses lieux, avec toi, toi qui y a vécu des moments…

Alors ces endroits prennent vie. Deviennent intéressants, significatifs. Je peux te faire visiter mon monde d’un bord à l’autre. Mais si je fais juste jouer les guides touristiques, comment vas-tu vraiment t’imprégner de ce monde, de cette culture? Ah bah c’est facile : tu ne peux pas. Mais quand nous avons partagé un moment hier dans la capitale… Alors là, cet endroit devient symbolique pour toi. Comme les piliers de la création. Euh…

Sans vouloir présumer, bien entendu. Même si c’était une réplique. Bref. Je veux voir le monde selon PeeGee. Et cette expérience commence… Maintenant. Tadam! Merci d’avoir choisi Air Jeannie pour vos déplacements instantanés entre sa bulle dimensionnelle et votre monde. Nous revoilà à New York! Eh oui, le différentiel de temps est conséquent entre ma bulle et ici. Alors… Contente d’être revenue dans la troisième dimension? »

Eh non elle ne rêve pas, nous sommes bel et bien de retour à New York! Quoi? Vous ne pensiez pas que nous allions rester éternellement dans ma bulle dimensionnelle, quand même. Ça n’aurait pas été très pratique… Et puis elle a une vie à vivre, elle doit retourner dans les bras de sa bien aimée à un moment ou à un autre, aussi. C’est ça avoir une vie bien remplie. Et accessoirement, de devoir jongler avec plusieurs rôles. Des fois, je suis contente de mon existence relativement simple bien que ô combien compliquée. Et je ne dis pas ça pour me plaindre. C’est vraiment vrai. Malgré toute sa complexité, ma vie est belle depuis que je ne suis plus une esclave de la volonté d’autrui. Je peux faire ce que je veux quand je veux et ce sont mes choix et mes actions. Bon d’accord, peut-être pas TOUT faire ce que je veux quand je veux. Il faut être réaliste.

Alors, que je demande. Nous sommes à New York! Y a-t-il quelque chose que tu veux me faire découvrir? Qui soit significatif pour la grande PeeGee? Pour bien des humains, New York est une ville très iconique, très célèbre et très prisée des touristes. Mais peut-être que pour la Kryptonienne, cette ville ne lui inspire rien du tout et que nous perdons notre temps ici. Hum. Est-ce que je fais perdre son temps à PeeGee? Voilà une question aussi intéressante qu’inquiétante… J’espère que non en tout cas. Elle me le dirait sinon… Je crois. J’espère. Je vais faire un effort pour être sage et… Snif… Snif… Snif… Nutella… Nutella… Quelqu’un est en train de faire cuire de la pâte sucrée et il la recouvre de Nutella… Divine ambroisie à base de noisettes… Et donc, devinez qui vient d’échouer son objectif en trois secondes et qui risque de se faire percuter par un cowboy de la route conduisant comme un taré?

Avec Jeannie, il fallait s’attendre aux retournements de situation fréquents. Karen y eut encore droit quand la Déesse les ramena alors sur New York ! Karen sursauta brusquement en constatant qu’elles étaient au cœur de Central Park ! La jeune femme portait un tailleur blanc avec une ceinture rouge, et regarda autour d’elle, surprise. Était-ce une autre illusion ? Elle n’en avait pas l’impression, et ferma les yeux brièvement. Elle sentit rapidement que ses pouvoirs étaient là, et les rouvrit ensuite. Le roulement des voitures de la ville la ramenait à une réalité qu’elle connaissait bien.

« Je… Euh… Oui, je… Merci. »

Surprise, Karen ne savait pas trop quoi dire. Il y a encore quelques secondes, Jeannie était en train de lui demander qu’elle voulait voir les endroits vraiment marquants pour Karen. Mis à part lui parler de ses vacances avec Helena, Karen ne voyait pas trop quoi dire, mais ce changement inattendu et rapide de dimension l’avait un peu surprise, à tel point qu’elle avait perdu le fil de ses pensées. La Kryptonienne vit alors Jeannie humer l’air ambiant, reniflant quelque chose.

Karen tourna la tête, et vit, de l’autre côté de la rue, un stand de hot dogs. Il y en avait sur Central Park. Jeannie s’avança alors. Toutefois, une voiture se rapprochait, et pila en se ruant vers elle. Karen s’envola alors, et attrapa Jeannie dans ses bras, évitant de justesse la voiture. Elles s’envolèrent un peu, et Karen constata au passage que son tailleur avait changé, et qu’elle était sous sa forme de Power Girl.

« Hum… Toi, tu voulais vraiment qu’une super-héroïne te sauve, hein ? »

En contrebas, des gens hurlaient et sortaient leurs téléphones portables, filmant la super-héroïne qui s’envolait dans les airs. Karen sentait l’air frais sur son visage, et rejoignit rapidement les gratte-ciel de Manhattan.

« Une fois, j’ai été en croisière sur le Nil avec Helena… J’avais réservé une croisière, nous avions fait l’amour sur la Grande Pyramide, au soleil couchant. De fait, il y a peu de souvenirs de voyages que j’ai qui ne soient pas sexuels… » confessa la justicière.

Volant dans les airs, Karen entendit soudain des sirènes. Elle baissa la tête, et vit un camion de pompier qui s’élançait rapidement. Power Girl étendit sa super-ouïe, et apprit qu’il y avait un incendie à Hell’s Kitchen.

« Bon, et bien… Tu vas pouvoir me voir en action finalement, Jeannie. Il y a un incendie quelque part. »

Karen s’envola donc vers l’immeuble. Un incendie avait éclaté dans un appartement situé dans l’un des derniers étages, et une troupe massive commençait à se former au sol. Power Girl déposa Jeannie à proximité, et utilisa sa super-vision. Il y avait un enfant coincé dans une chambre, et la mère hurlait dans le couloir, implorant les pompiers de venir l’aider.

« Et bien, voilà l’occasion parfaite, Jeannie ! Tu veux toujours être super-héroïne ? Il te faut un costume pour ça ! »

« Je te jure que c’était complètement par accident! Sur ma tête! Sur ce que j’ai de plus sacré : ma liberté! J’ai senti plus loin que le stand de hotdogs un autre stand! Ce n’est pas une rumeur, Mr. Puff a ouvert une boutique aux États-Unis! Là, tu vois? C’est écrit sur l’enseigne! Et ils font une délicieuse pâte frite qu’ils recouvrent ensuite de Nutella… Nutella… Divine ambroisie, un des trésors de l’humanité… Euh… »

Je devins rouge jusqu’aux oreilles avant de commencer à marmonner que ma gourmandise me perdrait, un jour. Par contre, même pas le temps d’aller en acheter car, à mon grand chagrin, Power Girl s’envola avec moi dans ses bras, nous éloignant de cette délicieuse collation avec mon nom écrit dessus. Au revoir, ô délice décadent, nous nous reverrons, sois sans crainte… Maintenant que je connais l’adresse, si vous pensez que je vais me gêner… Est-ce que j’essaie de convaincre PeeGee de faire un détour? Non. Pas avec tous ces maniaques de la caméra qui veulent tout filmer et tout photographier. Comment vous voulez faire une sortie entre copine avec tous ces voyeurs? Il faudrait pouvoir faire en sorte qu’ils ne puissent pas la reconnaitre. Je peux techniquement le faire… Mais je ne sais pas si la principale concernée approuverait à cette idée, en fait. Et… Oh?

Et pourquoi ce serait problématique que tes souvenirs de voyages soient sexuels, demandais-je à haute voix, plus pour moi que pour PeeGee. Elle avait le droit d’avoir une vie sexuelle active, ce n’est pas un crime, de un, et de deux, si c’est ce qui lui rappelle des moments heureux, où est le mal? J’avoue que c’est original, dis-je en rigolant. Pas méchamment mais… J’imagine juste la tête du guide touristique qui essaie de faire sa présentation avec PeeGee et Helena qui… En fait, je pouffe tellement de rire que naturellement, ça attire l’attention de la kryptonienne et je lui montre en faisant apparaitre dans l’air comme si on regardait un reportage télé avec le guide qui présente et cette scène de passion en arrière-plan… Désolée, désolée, que je dis. C’est plus… Mignon que drôle. Et c’est toujours mieux ça que de toujours tout vider seule. Sans personne. C’est sûr.

Oh bien sûr, je ne dis pas que je n’ai pas passé de bons moments avec diverses personnes rencontrées au fil de mes aventures mais de souvenirs vraiment marquants… Je ne sais pas. Honnêtement. C’est difficile de fournir une réponse précise sur la question. Mais j’imagine que cela devra attendre car il semblerait que mon souhaite soit sur le point de s’exaucer : un vrai de vrai sauvetage par la seule, l’unique, la très kryptonienne Power Girl! Coooool! Ah ce n’est pas moi qui m’en plaindrai, en tout cas. On va enfin voir un peu d’action! De vraie action! Je dis on mais je parle de moi… Mais je pense que vous vous en doutiez un peu, après tout. Toutefois, il semble y avoir un revirement inattendu à la situation… Car il semblerait que je sois sollicité pour participer à toute l’affaire. Moi? Mais… Je ne suis pas une super héroïne! Et je pensais qu’elle avait dit que… Je pose trop de questions.

« Un costume? Franchement, PeeGee, je porte un masque style gala ou théâtre, un haut de forme et une tenue que ne renierais pas Zatanna, la grande magicienne! Veux-tu bien me dire pourquoi j’aurais besoin d’un costume? Et quand bien même on verrait mon visage. Admettons. Personne sur cette planète ne sait qui je suis! Enfin, je connais quelque terriens et terriennes mais… Tu vois ce que je veux dire! »

Et une autre question, plus pertinente celle-là, que je me pose… Dans quelle mesure ai-je le droit d’agir? C’est un feu, d’accord mais moi, en un claquement de doigts, j’aurais téléporté les gens en danger en sûreté et d’un autre claquement de doigts, j’aurais tout réparé. Manipulation de la réalité, vous avez oublié? Après, c’est quelque chose d’extrêmement mineur donc je doute qu’en quelque part, l’univers proteste. Mais si je fais ça et que les caméras ont vu Power Girl, elle va mal paraitre et je ne peux pas vraiment faire mal paraitre mon amie et future patronne, pas vrai? Donc je dois avouer que je ne sais pas qui faire car ce que j’aurais fait instinctivement pourrait lui causer problème. Autant vous dire que ça ne me tente pas du tout de la faire. L’embarrasser, quoi. Non. Pas embrasser ou embraser. Vous ne savez pas lire ou vous le faites exprès? GRRRRR!

Je rappelai également à PeeGee que je n’avais absolument aucune envie de devenir une super héroïne. J’ai bien assez de mes problèmes à régler, pas besoin de ceux des autres en plus. Par contre, je me demande, qu’est-ce qu’elle a de prévu, exactement? Nous sommes dans le vrai monde, là, pas dans ma bulle dimensionnelle. Donc il y aura de vraies de vraies conséquences, ici. On ne peut donc pas perdre trop de temps à discuter car on… Enfin moi… Je ne sais pas si le bâtiment est fragilisé, s’il y a des blessés, tout ça. Et je ne vais pas commencer à jouer avec des vies, humaines ou autres, comme certains miseraient au casino sur le rouge ou le noir à la roulette. Donc, si PeeGee a un plan, je suis curieuse de l’entendre parce que là, vraiment, j’hésite entre faire ce que j’aurais fait et potentiellement la mettre dans l’embarras car elle n’aura rien fait ou ne rien faire et lui laisser toute la gloire…

Karen haussa les épaules quand Jeannie lui indiqua qu’elle avait déjà un costume. Il est vrai qu’avec sa tenue de magicienne violette, son chapeau haut-de-forme et son masque, elle avait un petit air de Zatanna… Power Girl acquiesça donc, et se retourna ensuite vers elle.

« C’est pas faux… Bon, alors, puisque tu es une magicienne, tu peux m’aider à éteindre les flammes ? Je peux résister au feu, mais pas la personne prisonnière à l’intérieur… »

Power Girl pouvait aussi souffler, mais cela présentait le risque de fragiliser davantage la structure. Elle s’envola alors, et rejoignit le balcon de l’appartement. L’incendie était visiblement lié à une fuite de gaz depuis la cuisine. C’était un petit appartement, en piteux état, avec une cuisine-séjour et une chambre à côté. Le feu était parti de la gazinière, et avait enflammé les meubles en bois, continuant ensuite à se répandre. Karen avait aidé Jeannie à la rejoindre, et celle-ci commença à user de ses pouvoirs divins, taisant les flammes. Power Girl entra alors à l’intérieur. Jeannie éteignait les flammes, mais elles repartaient encore. Karen rejoignit la porte de la chambre, et l’ouvrit alors.

Le plafond était en train de se fissurer, le feu étant remonté dans la charpente. La Kryptonienne constata qu’une poutre en feu s’était écrasée au milieu de la chambre. L’enfant se trouvait derrière, recroquevillé dans un coin. Karen ne pouvait pas défoncer la poutre sans prendre le risque que le plafond s’écroule. Elle posa alors ses mains gantées sur la poutre, et s’efforça de la relever. Les braises l’aveuglèrent un peu, et elle se retourna vers Jeannie. Le feu ne pouvait rien faire à Karen, mais elle n’avait que deux bras !

Elle la héla donc :

« Jeannie ! Va récupérer l’enfant ! »

Le plafond continuait à trembler. Des fissures se lézardaient de plus en plus profondément sur le plafond, ainsi que de la poussière. Karen entendit d’inquiétants craquements, signe que le plafond risquait de ne pas tenir longtemps ! Elle pouvait tenir la poutre, mais pas empêcher le plafond de se casser la figure !

The Multiversity

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