The Multiversity

Waouh ! C’est vrai que Liliane est une conteuse née ! Alma peinerait à croire que c’est sa propre histoire qu’elle vient d’entendre. Il se pourrait même qu’elle est éprouvée de la jalousie pour cette femme qui a partagé un bout de sa vie avec Liliane. Tout comme il se pourrait qu’elle est eue des bouffées de chaleur et des pensées que la télépathe ne devrait pas capter.

Alma se met à triturer les mèches de ses cheveux lorsque Maman Shayne en parle. Elle se sent comme prise en faute. Une ado énamourée… qui redevient progressivement l’Alma qui fronce les sourcils. Qu’est-ce que Shayne est en train de dire à Liliane ? Qu’elle est une mauvaise influence pour elle ?!! Sa respiration se fait plus forte. Ses doigts ont depuis longtemps abandonner le tripotage des mèches roses.

« Ne la menace pas ! »

Et merde. Voilà que ce qu’elle redoutait le plus survient : Shayne menace Liliane. Les deux femmes les plus précieuses de sa vie se retrouvent dans des camps opposés. C’est impossible pour elle de faire un choix. Et pourtant… pourtant, par son interjection, elle vient de prendre celui de Liliane.

« S’il te plaît, s’il te plaît, je t’en conjure, ne lui fais pas de mal. »

La voix d’Alma a drastiquement changé. Elle reconnait la toute-puissance du Chaos. Elle ne veut pas balayer les confettis qui étaient cinq minutes avant le corps de son amie. Non, de sa petite amie. Décidément, il faut qu’elle s’y fasse.

Elle entremêle ses doigts dans les siens. Contrairement à ceux de Liliane, le sentiment n’est pas agréable. Prier, supplier pour la vie de Liliane. Alma en est rendue à là. Abdiquer face à l’autorité. Abandonner sa fierté. Tout ça pour préserver la vie de Liliane : sa petite amie. Face à Shayne : sa mère adoptive.

*Mais quel bordel, putain ! *

« C’est d’accord. Je vais faire ce que tu veux. J’abandonne mon idée de par cet de le déclarer officiellement. Pas de problème. Je vais continuer à étudier dans mon hangar avec les professeurs. Je vais continuer à rendre de petits services à ma communauté. Je serai uniquement leur « Sainte aux plantes » et pas plus. Mais je t’en supplie, par pitié, ne fais pas de mal à Liliane. Je serai gentille. »

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« Je ne suis pas d’accord. Il y a plus à cette situation, n’est-ce pas? Oui… Je vois très bien les similitudes entre vous deux. Vous savez c’est quoi votre problème? Vous ne vous parlez pas assez à cœur ouvert. Forcément que ça va causer des malentendus. Et je peux facilement le prouver. Shayne, pourquoi est-ce que vous tenez tant à ce qu’Alma continue de vivre comme elle le fait actuellement? D’accord. Stabilité.

Sécurité. Confort, aussi… Mais avez-vous pensé au confort mental d’Alma, par contre? Comment ça qu’est-ce que je veux dire par là? Faisons un parallèle. Imaginons que le hangar d’Alma est une serre. Et que le reste du monde, c’est la nature. Donc vous, Shayne, avez rescapé Alma d’une situation difficile, de ce que je crois comprendre. Et comme vous ne voulez pas qu’elle revive ça, vous lui donnez tout : de l’eau, de la terre bien riche…

De l’engrais, beaucoup de lumière, bref, tout ce qu’il faut pour que la fleur soit belle et en santé. Le problème de cette approche est simple. La fleur doit être admirée. Et dans une serre privée, personne ne peut vraiment la voir, pas vrai? Donc, logiquement, il faut la sortir de la serre. Mais en exposant Alma à la nature, les parasites, les impuretés, les pesticides, toutes ces saletés risquent de la contaminer ou de lui faire du mal. Et ça se comprend.

Mais en même temps… Est-ce que vous avez considéré le point de vue de la fleur? Si Alma veut expérimenter avec le dehors, c’est que vos soins ont porté fruit. Elle se sent assez forte pour risquer de se retrouver dans la nature. Elle veut briller. Et en brillant, montrer la qualité de votre travail, en quelque sorte. Si Alma n’était jamais sortit de sa serre, elle ne m’aurait pas rencontré. Elle n’aurait pas fait de progrès au niveau du social et ce qui s’y rattache.

Le problème en fait c’est que vous vous parlez mais sans vraiment vous parler. Alma, admettons que Shayne n’est pas prête à ce que tu sois fichée dans un système gouvernemental. Ça ne veut pas dire qu’elle rejette en bloc ou de façon mesquine ce que tu voudrais faire. Essaie de te mettre à sa place, de temps en temps. De comprendre son inquiétude, ses appréhensions. Tu es douée pour les réflexions analytiques, non?

Alors moins de sentiment et plus d’analyse. Et Shayne, je parie que vous vous dites que votre grande expérience dans la vie vous rend plus compétente à déterminer ce dont Alma a besoin, je me trompe? Faites le même exercice. Demandez-vous pourquoi Alma pourrait vouloir ceci et cela et pas juste en vous disant qu’elle est inexpérimentée ou ignorante. Un terrain d’entente est possible. Vous ne voulez pas trop exposer Alma au monde.

Alma maitrise le vert. Elle pourrait donc avoir un blog où elle répond aux questions des gens en horticulture et en botanique. Une sorte de « consultante du peuple » pour tout ce qui est plantes, avec l’option de laisser une donation ou non. Alma va donc faire ce que des millions de personnes font, du télétravail mais bénévolement. Elle va rester au hangar, continuer de suivre ses cours et tout. Mais elle va travailler, sous une forme, quand même.

Et comme c’est un blog, pas besoin d’être fichée au gouvernement donc cela enlève une des grosses inquiétudes de maman Shayne. Et Alma, en plus, tu peux dire dans ton blog que tu as un projet de parc, que tu voudrais acheter les terrains environnants. Tu serais surprise de ce que les fans sont capables de faire. Donc : Alma travaille, gagne un revenu irrégulier mais présent, continue tranquillement son projet de parc et vos deux séries d’objectifs sont atteints! »

Est-ce que cette mortelle vient vraiment de régler la situation su premier coup, avec quelque chose de logique et un compromis? Parce que si oui, trouvez moi un oreiller que je hurle dedans…

C’est étrangement calme.

Mis à part l’exposé très (trop) efficace de Liliane ? Enfin, Alma pensait plutôt à Shayne. Elle s’était attendue à une bagarre. A des cris. Des larmes peut-être. Du sang assurément à bien y réfléchir. (ou des confettis…) Mais ça ? Non, il n’y avait aucun moyen qu’elle puisse deviner ce retournement de situation.

Même Shayne ne dit rien. Elle semble très calme. Mais du genre qui doit couver une tornade. Et probablement pas une gentille. En tout cas, Alma se demande si elle ne préférerait pas entendre Shayne crier. Ce silence la met mal à l’aise. Alors autant y remédier d’une façon ou d’une autre !

« Peut-être que c’est une bonne idée, oui. Le truc du blog. »

Son poignet essuie l’humidité à ses yeux. Non, ce ne sont pas des larmes. Impossible que la badass intimidante pleure, voyons ! Elle ne peut pas être sentimentale au point d’avoir cru que la dernière heure de sa petite amie était venue. Tout comme ça ne pourrait pas être de l’eau qui sort spontanément, soulager que sa petite amie vive et continue à vivre.

« Il me faudra surement de l’aide. Pour le créer. Pour le remplir. Pour, je sais pas, savoir comment faire pour que les gens me trouvent. Et pas ceux du gouvernement, hein, Shayne ! Je veux parler des gens sans importances que les puissants piétinent du pied avec leurs grosses voitures et tout. »

Moins d’émotions et plus de réflexion. C’est ce que lui a dit Liliane. Elle est de bonne conseil, sa petite amie. Elle devrait l’écouter et s’exécuter.

« Liliane a raison. Sans ta générosité et tes leçons parfois apprises dans… disons la difficulté. »

Alma a plutôt penser à la douleur. Mais ce ne serait pas un bon terme à employer devant Liliane. Elle n’a pas envie de parler du bâtiment qui a pris feu. Et encore moins de ce connard de pyrokinésiste qui y est resté.

« Sans tout ça, je serai encore recroquevillée sur moi-même dans mon hangar. C’est grâce à tout ce que tu m’as offert que je suis sorti de ma serre. Enfin, de mon hangar. Et, euh, je suis peut-être un peu extrême dans mes prises de position. Je reconnais que je fonce volontiers dans des plans compliqués au lieu de m’occuper de jalons plutôt faciles à exécuter et expérimenter. Oui, je suis désolé, Shayne. Je vais essayer d’être une meilleure fille adoptive. Plus à l’écoute. Plus… sage. Moins… entreprenante ? Quelque chose comme ça ? »

Elle regarde Liliane. Mince, on dirait parfois qu’elle brille de positivité. Est-ce qu’Alma devrait lui demander si les anges existent ? Peut-être lui faire remarquer subtilement que son déguisement ne tient plus le coup face à sa nature céleste ? Une enveloppe humain est bien trop grise pour la Lumière des Cieux. Ou ailleurs. Peu importe où habitent les anges. Alma n’en sait rien dans le fond. Même dans la forme. Mais là, elle digresse. Ce n’est pas le moment.

Elle tend sa main vers Shayne. C’est bizarre de vouloir serrer la main de sa mère adoptive. Mais Alma se dit que c’est un geste fort. Et puis, ça prouve qu’elle murit à faire la première moitié du chemin avant l’autre, non ?

« Elle est vraiment génial, Liliane, hein ? Je ne sais vraiment pas ce que j’ai fait pour qu’elle ne veuille plus me lâcher. »

C’est un sourire. Pas aussi lumineux que chez Liliane, mais comparé au sourire de Marischka : c’est éblouissant.

« Un vrai pot-de-colle. »

Grand sourire à Liliane et tirage de langue pour bien faire comprendre qu’elle plaisante. A se demander comment quelques mots aient le pouvoir de complètement renverser une situation conflictuelle. C’est comme si Alma ne s’était jamais rabaissée plus bas que terre. En un claquement de doigt !

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Oui, répond Alma à Shayne quand elle parle d’inviter Liliane à leur table plus souvent. Si ça permet à Shayne de se libérer plus de temps pour elle, elle est d’accord. Si en plus, Liliane parvient à désamorcer les conflits entre elles deux : raison de plus ! Car bien que le soudain sourire suite au regard glacial inquiète Alma, sa capacité de réflexion domine ses émotions (comme Liliane lui a suggéré). Sa conclusion ? Bien que Maman Shayne la challenge une nouvelle fois à lui faire peur avec l’Ombre, Alma se persuade que l’influence de Liliane n’agit pas que sur elle. Sur Shayne également ! Mais de cela, elle préfère ne rien dire. Beaucoup trop risqué…

*Le déni est une chose puissante. Et il semblerait que ça ne touche pas seulement que les faibles êtres humains. Hum, intéressant… *

La demi-déesse s’en va jouer les serveuses en allant chercher une carafe d’eau dans la cuisine. La sainte en profite alors pour voler un baiser à la pauvre petite gothique sans défense… qui se laisse bien entendu faire. Mais pas trop longtemps, non plus, hein ! C’est que Maman Shayne est juste à côté.

« Une odeur particulière ? Ça ne m’étonne pas. Ça doit venir de son pouvoir, je pense. Par contre, même si on prend souvent le bec, jamais elle ne m’attaquerait. »

*Ah. Bon, ce n’est pas tout à fait vrai. Et peut-être qu’elle faisait référence à une attaque dirigée vers Liliane et non moi ? Peu importe ! J’arrête de me prendre la tête à partir de maintenant ! *

Et nah. Mais cette promesse, combien de temps Alma va-t-elle réussir à la tenir ? C’est qu’elle possède un sale caractère tout de même…

Liliane retourne s’asseoir sur sa chaise. Shayne revient avec la carafe d’eau. Et Alma mange de bon appétit une bonne partie de la nourriture chinoise. Un constat doit tout de même être fait lorsque son estomac est plein.

« On n’arrivera pas à tout manger. »

Son regard se tourne vers Liliane. Et lui sourit. Parce qu’à priori, ça devient difficile de ne plus sourire en la regardant. Puis elle tourne son attention vers Shayne. Elle lui sourit mais avec une autre nuance. Celle du défi. Tiendra-t-elle la promesse qu’elle a dite il y a si peu de temps en arrière ?

« On a donc suffisamment à manger pour le prochain repas. Je dirais même pour trois. Alors, que diriez-vous toutes les deux qu’on finisse ça toutes ensemble ? »

Alma doit faire un effort de mémoire. La notion de temps semble plus relative qu’absolu. Réfléchis, Alma. Réfléchis. Elle devait quitter Liliane pour son cours du soir. Il y a eu les terroristes dans les wagons. Oui, elles sont toujours le soir. Donc ce sera chinois pour le lendemain midi. Ouh ! Mais voilà que ses joues prennent une jolie couleur. Et si ?... Oui ! Elle ose !

« Liliane. Hors de question de te laisser repartir ce soir. Après l’attaque que tu as subie, je n’arriverais pas à fermer un œil et psychoterais de savoir si tu es vivante ou non. »

Il y a tout de même Maman Shayne juste à côté. Il va falloir tempérer la bravade audacieuse.

« Tu prends le lit dans ma chambre. Moi je dormirais sur le canapé. Vous êtes toutes d’accord avec ça ? »

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Non ? C’est vrai que ce n’est pas le refus qui choque Alma mais bien le mot jeté à l’unisson par les deux femmes de sa vie. Que Liliane proteste et veuille dormir avec elle, elle peut le comprendre. Mais que ce soit également le souhait de Shayne ? Là, Alma ne comprend pas. Est-ce que ça cache quelque chose ? Mais ça parait idiot. Pourquoi Shayne voudrait qu’elle passe la nuit avec une presque étrangère ? Elle qui est si protectrice et qui avait menacé Liliane pas plus tard que tout à l’heure. Ca cache quelque chose. Forcément Mais… mais Liliane lui lance un de ses regards que toutes les réflexions d’Alma fondent. Elle hoche la tête un peu bêtement.

« Ok. Ok nous dormirons toutes les deux dans mon lit. »

Alerte dans son petit cerveau ! Elle n’a jamais passé la nuit avec une autre personne. A la limite, elle se souvient d’un presque vivant dans un presque lit dans son monde d’origine. Bon, ok, c’était un cadavre sur un matelas troué. Mais elle avait froid et le ciment était encore plus froid que ce bout de matelas tout pourri et habité par des choses type insectoïde. En croisant les doigts que ce n’était pas pire que ça…

Et voilà que Shayne continue ? Un câlin d’au revoir après l’avoir forcé à dormir avec sa nouvelle et première petite amie ? Alma a très envie de gueuler « Mais qui êtes-vous à la fin ?! ». Mais elle se retient. De toute façon, Shayne a déjà rompu le contact et fuit à travers un de ces cercles de téléportation.

La voilà donc seule avec Liliane.

Et alors qu’elle hésite entre relâcher la tension suite au départ de Maman Shayne et commencer à stresser de la future nuit à passer, Liliane prend l’initiative et passe à l’attaque la première.

« Moi en maillot de bain devant une foule d’inconnus à moitié nu ?! »

Effectivement, ça fait beaucoup pour Alma. Il faut dire que même Liliane ne l’a pas vu « complètement nue ». Sans entrer dans les détails, dans la douche il y avait de la fumée et elles étaient collées-serrées. Et dans la salle de bains, Alma a conservé une partie de ses vêtements. Bref, on pourrait dire qu’Alma est pudique. Donc, elle va évidemment refuser en bloc la nouvelle proposition audacieuse de son amie au sourire ravageur.

« A la limite, j’accepte ta proposition uniquement si on trouve une espèce de petite plage privée loin de tout le monde. Le genre avec des falaises tout autour. Hors de question de me mettre à moitié à poils devant monsieur tout le monde et madame commérage et les chiards qui vont gueuler partout à tue-tête. »

C’est donc une concession. Alma accepte sous conditions. Donc Maman Shayne n’est pas obligée de manger l’intégralité de son tube de dentifrice aux épices d’Asie. Seulement la moitié peut-être ?

« Et… je n’ai pas de maillot de bains, de toute façon. Même si, te connaissant, ce n’est pas ça qui va t’arrêter. Je… je ne me trompe pas, j’imagine, n’est-ce pas ? »

Elle relève la tête. Forcément qu’elle va se reprendre un coup de soleil de positivité façon Liliane. Forcément !

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« Tu n’écoutais pas quand je parlais tout à l’heure ou…? Je t’ai comparé à une fleur qui a besoin de s’épanouir au soleil. Pourquoi tu ne voudrais pas te montrer en maillot de bain devant les autres? Tu es possessive et tu veux me garder pour toi. Moi je veux te faire briller de mille feux et montrer à tous comment tu es belle et géniale. Conflit d’intérêt? De philosophie? Peut-être. Et alors? Qu’est-ce que ça change.

Je ne connais pas ton passé, je ne sais pas ce que tu as enduré. Mais c’est derrière toi. Tu mérites qu’on te connaisse, qu’on t’admire. Si tu ne veux pas le faire pour toi, c’est ton choix, je le respecte. Alors fais le pour moi? À quoi ça sert d’aller sur une plage privée si je ne peux pas montrer à tous ma petite amie géniale et badass? À rien. Alors oublie ça. L’idée ne me tente plus. Quant au maillot de bain… Non, en effet. Pas du tout. »

Liliane est déçue. Ce n’est pas tant qu’elle n’apprécie pas l’effort d’Alma, attention. Mais le compromis est insatisfaisant. En quelque part, Alma devait s’en douter rien qu’en le formulant à voix haute. Que jamais Liliane n’accepterait cette proposition. Je veux dire si moi j’ai pu le deviner… Sans doute qu’Alma en est également capable. Eh non Alma, c’était impossible qu’elle accepte. C’est comme si… Je ne sais pas… Elle te proposait que tu la partages avec une autre femme. Tu ne voudrais pas, tu la voudrais pour toi toute seule. C’est le même principe. Liliane veut que les gens sachent que tu es sa merveilleuse petite amie. Au lieu de faire comme toi et de vouloir la garder pour toi, cachée, elle veut te garder pour elle (spéculation) et montrer à tous ô combien elle est chanceuse de t’avoir dans sa vie. Le seul problème c’est que je ne pense pas qu’Alma soit…

Bien qu’elle soit capable de faire plaisir à Liliane cette fois. C’est quelque chose d’encore plus drastique que le reste. Tout ce qu’Alma a réussi à construire, à développer, cela lui a permis de rester, globalement, proche de qui elle est. Elle n’a pas eu à trop sortir de sa zone confort. Mais ce que Liliane demande, c’est presque l’anti Alma. C’est d’être… En un sens vulnérable face au regard des autres. D’être jugée. Critiquée. Observée. Ce n’est guère étonnant qu’Alma ne soit pas enchantée. Ce que Liliane demande est simple pour elle. Liliane est extravertie. Elle est souriante, elle a une affinité pour le social. Mais pas Alma. Et en quelque part, la blonde est extrêmement cruelle, sans s’en rendre compte. Pour elle, le constat est simple. Si Alma refuse la proposition ou demande un compromis qui ne lui plait pas, elle abandonne l’idée. Mais pour Alma, décevoir Liliane est impensable.

Imaginez que Liliane décide de l’abandonner pour quelqu’un de plus volontaire? C’est le genre de scénario qu’Alma risque de se faire. Et je ne pense pas qu’elle a la force soit pour dire oui à Liliane et être confortable avec la décision ou maintenir son non et supporter la déception de Liliane. Hum… Je sens… Je sens un appel téléphonique… Une Alma en panique qui demande conseil à sa mère adoptive… Ou pas, remarquez. Mais il me semble que c’est le genre de situation où elle pourrait vouloir mon avis. Et évidemment que je serai disponible pour le lui donner. Après tout, je suis sa mère adoptive, celle qui s’assurer qu’elle soit heureuse et qu’elle ne manque de rien. Au vu de « l’amélioration » de notre relation ce soir, elle pourrait vouloir capitaliser là-dessus pour avoir des conseils. J’extrapole, bien entendu. Peut-être qu’Alma ne m’appellera pas. Il suffit d’attendre et de voir la suite.

Liliane est cruelle. Sans le vouloir, donc impossible de la détester pour ça. Elle ne se rend pas compte dans quel état elle plonge Alma. Alma qui n’a rien répondu. Même pas un « Mais… » ou encore un début d’explication comme « J’ai tellement de cicatrices… » Rien. Elle s’assoie. Et elle commence à penser.

*Même si je concède et que je lui dis finalement que je veux bien y aller pour elle, je suis sûre que tout ça va finir par m’énerver. Pas forcément pour une « bonne » raison, mais qu’est-ce que ça va changer à la fin ? Je pourrirais le moment au soleil de Liliane. *

Le dos se courbe. Les avant-bras se posent sur les cuisses. Alma ne relève pas la tête. Elle continue à rester piéger dans sa tête : à la recherche de la solution.

*Mais pourquoi elle veut me faire briller de mille feux ? Pourquoi vouloir m’exposer au monde ? Je ne suis pas un objet qu’on expose. Je ne suis pas une œuvre d’art à mettre dans une galerie. On dirait que je suis sa petite chose. Elle ne peut pas seulement profiter de moi ? *

Sa petite chose. C’est dérangeant comme expression. Parce que Maman Shayne utilise une similaire « petite chose brisée ». Et de mémoire de celui qui écrit actuellement, il lui semble qu’Alma a dit dans le passé que ça lui allait cette expression. Mais aujourd’hui, beaucoup de choses ont changé. Quoique, dans le fond, peut-être que c’est ce qu’elle désire ? Hum… Impossible de statuer maintenant.

Le front d’Alma tombe dans ses mains.

*Et puis après ce sera quoi ? Elle aime tellement son corps et le montrer qu’après la séance de bronzage, ce sera quoi : se balader à poils ? Faire du naturisme ? HORS DE QUESTION ! Je ne suis pas une pute. Je ne suis pas une chienne en chaleur. Je suis bien plus que ça ! Merde et re-merde ! Mais qu’est-ce que je suis en train de penser ?! *

Ses doigts glissent dans ses cheveux. Ils frottent son crâne. Alma psychote de plus en plus gravement dans sa petite prison cérébrale.

*Je n’arrive pas à trouver une solution toute seule. Impossible d’en parler à Liliane : elle est déjà passée à quelque chose. A Shayne ? Et puis quoi encore ? Qu’est-ce qu’elle pourrait bien me dire ? Je ne la vois pas passer du temps à la plage. Puis, ce n’est pas son genre de passer du temps social comme ça. C’est une demi-déesse ! Elle est bien au-dessus de toutes ces frivolités de merde qui torture, hein ! *

A ça, Maman Shayne. Alma est passé à ça, donc pas grand-chose, de t’appeler. Mais elle ne le fera pas. Donc en plus de décevoir Liliane, elle est en train de décevoir Shayne. Et tout ça pour une histoire de bronzage à la plage. C’est terrible !

La badass intimidante passe alors à une étape honteuse. Moi-même, écrivant ces quelques lignes, je prends le risque de subir l’ire de la terrible Alma lorsque ces événements seront passés et qu’elle réalisera qu’il y a une trace à sa disgrâce. Car le cul-de-sac de cette situation commence à la faire flancher : sa vue se brouille. L’eau commence à s’accumuler au bord de ces deux yeux.

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Liliane se rapproche d’Alma et elle la prend dans ses bras. L’odeur de sa petite amie lui dit tout ce qu’elle a besoin de savoir. Elle caresse la chevelure de ma fille adoptive, présence rassurante et chaleureuse, des rayons de soleil pour percer les ténèbres des pensées d’Alma. Évidemment qu’elle n’a pas voulu ainsi tourmenter ma fille adoptive. Liliane n’est pas ce genre de personne. Comme n’importe qui, elle a manifesté sa déception. Simplement, même si Alma dit le contraire, elle a une deuxième déesse dans sa vie. Mortelle, celle-là. Liliane, à qui elle veut absolument plaire, de peur de la perdre. C’est sûr que la pauvre Alma n’est clairement pas une experte dans les relations humaines et elle a tendance à se faire des scénarios catastrophes dans sa tête alors que parler avec Liliane, même si c’est stupide à ses yeux, éviterait de la faire souffrir ainsi...

« Oh Alma… Ne le prend pas comme ça… Tu as le droit de ne pas vouloir et j’ai le droit d’être déçue. Être en couple, ça ne veut pas dire dire oui à tout. Vouloir toujours faire ce que l’autre voudrait. Tu es qui tu es, avec tes passions, tes goûts et tes dégoûts. En ce moment, tu ne te sens pas prête, confortable, à porter à la vue de tous un beau maillot de bain qui mettrait ton corps en valeur. Et peut-être que… Bien…

Tu ne seras jamais confortable de le faire. Et ce n’est pas grave. Pas grave du tout. Pour moi, ton corps est une inspiration, en quelque part. C’est une œuvre d’art. L’histoire d’une survivante qui a réussi à vivre et non plus à survivre. Je ne suis pas psychologue ou psychiatre ou devin ou rien de cela. J’ai un pouvoir que plusieurs considèreraient comme inutile et sans intérêt. Mais je suis douée pour lire les gens. Et toi, ma belle Alma…

Shayne dit que tu es une petite chose brisée. Mais pour moi tu es… Comme un roseau. C’est une plante, je ne t’apprends rien, cela va donc merveilleusement bien avec ton pouvoir. Le roseau s’adapte au vent qui souffle, il est flexible, agile. À l’échelle humaine, c’est aussi accepter de montrer sa vulnérabilité. Savoir lâcher prise, même sortir de sa zone de confort. Ne pas abandonner, ne pas renoncer. Le vent souffle, oui, toujours. Mais…

Le roseau finit par se redresser. Il survit à la tempête. Et après, il continue de vivre, de croitre, d’exister. Beaucoup ont tenté de le faire casser en le faisant plier. Et aucune d’entre eux n’a réussi. Tu es comme ça à mes yeux. Mon roseau. Tu as le droit d’avoir ta vulnérabilité. De ne pas être confortable ou de ne pas aimer quelque chose. Je ne vais pas moins t’aimer parce que tu ne dis pas oui à tout ce que je veux, allons donc… »

Liliane propose donc une concession à Alma. Quelque chose qui me fait froncer les sourcils mais je ne m’en mêlerai pas. Liliane demande à Alma de pouvoir l’admirer dans toute sa nudité. Pouvoir toucher du bout des doigts chaque cicatrice, chaque vestige de sa vie d’avant. De la laisser l’admirer. Honnêtement je ne sais pas ce qui est pire pour Alma. De s’exposer complètement à Liliane et de se laisser toucher si intimement ou le maillot de bain sur une plage à la vue de tous. Mais en même temps… Liliane ne l’a pas demandé de façon… Lubrique. C’était pratiquement avec révérence. Un peu comme… Un artiste qui se retrouverait devant un tableau célèbre. Mythique, même, comme la Joconde, tiens. Je l’ai vu ce tableau, soit dit en passant. Je n’ai pas été du tout impressionné. Mais ce n’est pas de moi dont il s’agit. C’est de Liliane la solaire et de ma fille adoptive…

Au contact de la solaire Liliane, les larmes ne sèchent pas : elles s’évaporent. Ses yeux se ferment puis se laissent absorber dans ce cocon chaleureux. Cette main qui caresse ses cheveux aux pointes roses. Geste a priori simple qui démêle ses pensées complexes.

« Je me doute bien que je ne dois pas obéir à chacune de tes propositions. Tu n’es pas une sorte de personne qui recherche à dominer l’autre. Mais… mais ça me fait chier quand tu es triste. Ou déçue. Je n’aime pas te voir comme ça. Et du coup, moi aussi ça me fait du mal. C’est… c’est compliqué les relations. »

Un sourire est tout de même revenu. Une chose idiote qui lui tourne dans la tête. Une simple paire de mots que Liliane a lâché dans la conversation.

« Mon roseau. J-j’aime bien ce surnom. Ce n’est pas une belle plante comme peut l’être une fleur avec ces belles lignes et ces couleurs qui attirent les yeux. Mais je m’en fiche. Ça me va très bien d’être un roseau. Merci, Liliane. »

Bon, il est temps de se reprendre. C’est nul de se mettre dans des états pareils à chaque fois. Et puis, ça n’a l’air de rien, mais c’est fatiguant également. Probablement qu’elle devrait trouver un moyen de renforcer son endurance émotionnelle. Est-ce que ça existe au moins ce truc ? Elle préfère ne pas demander à Liliane. Elle ne veut pas qu’on lui fasse un speech sur combien elle doit arrêter de tout voir sous le prisme de l’entraînement.

De toute façon, Liliane revient avec une nouvelle proposition. Tout le petit cerveau d’Alma est une nouvelle fois complètement réquisitionné pour analyser et trouver la bonne solution à cette requête. Non, à la demande de sa petite amie.

« Je… je te fais confiance. »

Elle déglutit. Ça se voit qu’Alma ne saute pas de joie dans tous les sens à cette proposition. Mais c’est Liliane qui lui demande. Avec cette expression sur son visage qui lui dit qu’elle doit le faire pour elle. Que c’est comme… comme discuter autour d’un café et apprendre à se connaître ? Sauf que ça ressemble plus à une méthode à la Alma. Mieux, une méthode qui mélangerait le style à la Alma avec celui à la Liliane. Bien entendu, l’idée de se retrouver totalement nue avec quelqu’un qui va faire uniquement que l’observer Très attentivement et, plus que cela, laisser glisser ses doigts sur ses blessures de survie… Ça n’a rien d’excitant. Rien du tout.

« J’accepte. »

Elle doit arrêter de réfléchir. Passer à l’action avant de faire volte-face et de causer, soit de la déception chez Liliane, soit de la colère chez elle.

Alors Alma prend la main de Liliane. Mais où aller ? Pas la salle de bains. C’est un endroit qui est déjà teinté d’une aura d’intimité sexuelle. Sa chambre alors ? Non. Elle ne veut pas associer le souvenir de cette observation à la pièce où elle se repose. La grande pièce avec le canapé est beaucoup trop grande. Alors où ?

Une pièce neutre. Là où elle stocke les colis qu’elle reçoit. Une pièce de passage où ses professeurs entreposent parfois leurs affaires. Il y a également des meubles. Parfois contenant des cadeaux qu’on a fait à la « Sainte aux plantes ». Parfois des livres qu’elle a récupéré dans des boîtes à livres. Il y a vraiment de tout dans cette pièce.

Alma lâche la main de Liliane et se positionne en-dessous une ampoule. Elle regarde Liliane, comme si tout allait s’arrêter. Mais elle laisse passer une seule seconde avant de commencer à se déshabiller. Consciencieusement en posant chaque vêtement sur une table contre le mur. Elle fait tout ça dos à sa petite amie. D’abord parce qu’il y a moins de gêne. Et puis parce que le dos est la plus grande surface de peau du corps. Là où il y a le plus de cicatrices. Des traces de brûlure au feu et à l’acide…

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Elle a l’impression d’être une chose à étudier. Mais pas dans le mauvais sens du terme. Alma n’a jamais aimé son corps et qui pourrait l’en blâmer ? A chaque fois qu’elle baisse les yeux dessus lorsqu’elle se lave ou lorsqu’elle croise le chemin d’un miroir : elle redécouvre toutes les fois où la vie lui a chié dessus. Toutes les fois où elle a souffert pour prolonger son agonie de quelques jours supplémentaires. Et à cette époque, agonie était le synonyme de vivre. Plutôt survivre. Bref, le point est : Alma n’est pas en pamoison devant son corps. C’est peut-être pour cela qu’elle le couvre intégralement de noir.

Mais laissons les peut-être, les si et les messages probablment cachés de son inconscienet. Quand Liliane déclaire qu’elle est inspirée, Alma se met soudain à penser qu’elle n’est pas une chose mais peut-être une statue. Quelque chose de brut que l’artiste (re)découvre sous ses doigts. Et Liliane est clairement en phase de réflexion sur ce qu’elle ressent de la pulpe de ses doigts. Alma baisse les yeux sur son corps et se demande ce que sa petite amie a vu. Non, quoi ? Elle doit créer ? Elle se sent bête. Elle allait dire qu’elle se sentait peut-être statue, peut-être Muse et, quoi encore ? Dormir toute seule ? Mais…

Alors Alma va finalement aller s’allonger dans son grand lit. Jamais il ne lui a pari si vaste. Aussi vaste qu’un désert. Mais un désert où il fait nuit. Si au moins le soleil pouvait se lever. Mais la solaire présence de sa petite amie est si loin. Dans une autre pièce de son hangar, certes, mais ça parait à l’autre bout du monde pour Alma. Autant vous dire que cette nuit n’est pas du tout reposante. Elle tourne. Elle se retourne. Elle ferme les yeux. Elle ouvre les yeux. Elle essaie de ne plus penser. Mais se dire qu’elle ne pense plus n’est pas en fait penser ? Argh ! Elle n’en peut plus. Elle fait des micro-siestes. Elle ne récupère pas du tout.

Elle revient. Avec un bête dessin sur sa tablette lumineuse qui lui agresse les yeux.

*Ne sois pas conne. Ne lui dit pas une connerie comme « pour ça ? C’est pour ça que tu es toute pimpante et que j’ai eu une nuit de merde ? » Retiens-toi, Alma. Observe. Essaie de trouver quelque chose de sympa à lui dire. Elle a fait une nuit blanche pour ça. Après avoir étudié ton propre corps. C’est vrai ça, c’est quoi le lien avec mon corps ?... *

Elle ne voit pas. Elle a beau aller de cette terre brûlée à cette chaîne de montagnes, elle ne comprend pas ce qu’il y a d’intéressant. Oui, c’est une belle carte dans un style fantasy. Mais bon, il doit y avoir des milliers d’artistes sur internet qui font quelque chose de similaire, non ?

« Kano ? Roseau ? En quoi ? C’est quoi l’esperanto ? »

*Attends attends attends ! Pourquoi elle parle de roseau ? C’est le petit nom qu’elle m’a donné hier. Mais bordel, c’est quoi le lien avec moi et mon corps ?! *

Ca l’énerve. Mais elle se force à réfléchir. Ses mains frottent ses yeux. Il doit y avoir un message caché. Quelque chose, bordel !

Alors elle voit. Cette tâche de feu à cette ligne anguleuse. Ce n’est pas une terre brûlée à une chaîne de montagnes. Enfin si, mais pas seulement. C’est… c’est…

« C’est… c’est… »

Bordel ! Elle a vraiment fait ça ?! Cette brûlure dans son dos ? Cette estafilade qui l’a tant fait saigné ? C’est… c’est…

« Putain ! Tu fais chier, Liliane ! »

Des mots agressifs. Des insultes. Mais, il ne faut pas s’arrêter à la forme. C’est le fond qui est important. Le ton derrière les mots. De la… gratittude ? Peut-être. Mais Alma est en train de se dire autre chose. Difficile d’essayer d’expliquer une pensée profonde alors que des larmes coulent de ses yeux.

« Tu es chiante. Je dois être fatiguée. Ca doit être pour ça que mes yeux pleurent. Puis ton écran est trop lumineux. »

*Arrête ça, Alma. Dis ce que tu as sur le cœur. Fais pas la conne et ne manque pas ce moment ! *

« Enfin, c’est peut-être aussi parce que… euh, comment dire ? C’est beau tout ça. Ton dessin, ta carte, je ne sais pas trop comment l’appeler. »

*Mais bordel, arrête de tourner autour du pot. Tu es Alma, oui ou non ? *

« Quand j’ai compris ce que tu avais dessiné. Enfin, je veux dire, par rapport à quoi tu t’étais inspiré, je… Je n’ai jamais été amoureuse, tu l’as compris. Je t’ai même dit que je ne savais pas ce qu’était l’amour mais… Comment dire ? Je ressens un truc en moi. C’est nouveau. C’est plutôt chaud. Comment t’expliquer ? »

Alma embrasse Liliane. Ce n’est pas une grosse galoche. C’est court mais intense. Et quand Alma quitte les lèvres de sa petite amie, il y a un sourire sur ses lèvres et quelque chose qui brille dans ses yeux.

« Je crois que je suis profondément amoureuse de toi, Liliane. »

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Alma ne se souvient pas de s’être couchée. Elle se réveille la première et se découvre en train de sourire. Liliane est plongée dans un profond sommeil. Et elle est là. Juste à côté d’elle. Elles ont dormi ensemble ! Hum ? Vous ne comprenez pas la présence du point d’exclamation ? Bon, on va prendre le temps de l’explication en ce cas. Alma a dormi avec une personne juste à côté d’elle. Dans son hangar. Quasiment dans le plus simple des appareils. Sans aucune arme. Sans système de surveillance. Elle a dormi profondément. Elle a une énergie incroyable au réveil. Alma VIT. Elle ne survit plus. Tout du moins, elle a l’impression qu’elle a enfin passé d’un camp à l’autre.

En faisant attention, Alma sort du lit. Victoire ! Liliane a dit quelque chose. Mais c’était incompréhensible. Plus important, elle ne s’est pas réveillée. Alma la regarde alors qu’elle est debout. Bon, peut-être que regarder pendant cinq minutes est un peu long. Juste tout un petit peu, probablement. Finalement, Alma quitte la chambre. Sa chambre ? Leur chambre ? Elle n’est plus trop sure du pronom. Elle s’en fiche. La vie est belle !

Elle enchaîne alors mécaniquement son début de journée. Préparation d’un solide petit-déjeuner à base de fruits. Le ronron satisfaisant de la cafetière qui diffuse son arôme noir dans la cuisine. Alma finit par se mettre à table, assise sur un tabouret haut.

Et… elle ne pense à rien.

Au début, elle s’était imaginé sortir l’ordinateur portable et travailler sur des possibles articles pour son futur blog. Elle avait imaginé récupérer le fichier de la carte fantasy de Kano et lancer l’impression de plaques métalliques de différentes tailles pour redécorer son hangar. Mais non. Une idée après l’autre, toutes sont « juste » parties de la petite tête d’Alma. Comme ça. Pouf !

Il y a un téléphone portable dans sa main. Elle semble s’en rendre compte uniquement à cet instant.

« Allô ? »

Qui est-ce qu’elle a appelé ? Alma est obligée de décrocher l’appareil de son oreille pour découvrir qu’elle a appelé Shayne.

« Shayne ? C’est Alma. Je suis amoureuse de Liliane. »

C’est sorti tout seul. Alma en est la première surprise. Elle avoue à haute voix. Elle déclare qu’elle a des sentiments. Et tout ça à la personne qui a pris le titre de mère adoptive dans sa vie. Et non plus dans sa survie.

« Oui. Je suis quasiment sûre que ce que j’éprouve, c’est le truc que tout le monde appelle amour. »

Où est-ce qu’elle veut en venir ? Elle n’en sait rien elle-même. Elle réfléchit et se dit qu’elle voulait surement en parler à quelqu’un d’autre. Enfin, pas n’importe qui : à Maman Shayne.

« Je ne sais même pas s’il y a des choses que je dois faire à ce sujet maintenant. Et, ce qui est bizarre, c’est que ça ne me tracasse même pas. Je veux dire, j’ai l’impression que quelqu’un a fait du ménage dans ma tête. C’est si… reposant. »

*Pour l’instant. Mais je m’en fous. Je vais en profiter. Et on verra bien ce qui se passera plus tard. *

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Est-ce qu’elle vient vraiment de m’appeler pour me dire qu’elle est amoureuse de Liliane? On dirait que oui. Je pourrais bien lui faire un reproche, critiquer considérant l’heure qu’il est… Mais comme je n’ai pas besoin de dormir, ce serait une excuse foireuse et donc elle saurait que je ne dis pas la vérité. Ce qui risquerait plus de lancer les choses dans une confrontation futile donc… On la ferme et on passe à autre chose, Shayne. Je lui demande d’attendre un instant… Et un portail s’ouvre dans sa cuisine. D’où je sors. Nous sommes dans sa cuisine et pour une rare fois, je lui offre un sourire moins narquois que mes sourires habituels. J’imagine qu’elle veut qu’on en discute un peu plus longuement donc… Me voilà. C’est le genre de choses qu’une mère doit faire, non? Je crois. En tout cas la littérature le suggère donc… Voyons où ça nous mène.

« Tu vis, Alma. Tu as enfin franchi cette étape. Je suis… Je ne peux pas croire que je vais dire ça… Fière de toi. Oh ne te méprends pas. Ce n’est pas que je ne veux pas le dire. Mais j’aurais espéré que ma propre créatrice me le dise avant que je ne le dise à quelqu’un d’autre. Sentimentalisme mal placé, je sais. Bref. Tu vis, maintenant. Tu as arrêté de survivre. Arrêté d’être Marishka. Tu te rends bien compte que le futur…

Est devant toi. Que ton ancienne vie est derrière toi. Je ne dis pas d’oublier tout ton passé. Mais il sera moins lourd. Tu seras moins tentée de le regarder. Je ne sais pas si je dois être reconnaissante envers Liliane ou la détester… Mais bon. Dans le grand ordre des choses, l’essentiel c’est que tu trouves enfin ta voie. Ceci étant dit par contre, je ne pense pas être d’une grande aide pour toi concernant les affaires amoureuses. Pour tout dire…

Comme tu le sais, je suis née d’émotions négatives et de chaos. Affection. Amitié. Amour. Je connais ces mots. Mais je n’ai jamais vraiment vécu personnellement quelque chose s’en approchant. En recevoir, tu comprends? Je peux toujours voir si quelqu’un peut t’aider avec cela, au nombre de cultistes que j’ai et de contacts que je peux mobiliser… Mais je ne pense pas que ce soit la meilleure façon de faire les choses. De ce que j’en comprends…

Contrairement à bien des éléments de la vie mortelle, c’est probablement le sujet le plus complexe, sans recette établie, si on veut. La base est facile. Respecte l’autre et connais ce qu’il aime et n’aime pas pour t’assurer de ne pas merder. Mais ça tu n’avais pas besoin de moi pour te le dire. Et il faut discuter sérieusement d’un autre point, Alma. Ta possessivité et ta jalousie. Tu sais comme moi que tu vas devoir… Partager Liliane? »

Je la regarde et c’est mon expression qui dit « refuses à tes risques et périls ». Si elle aime vraiment Liliane, elle doit accepte de lui donner de l’air, de lui laisser sa liberté. Si Alme essaie trop de contrôler Liliane, consciemment on non, cela pourrait se retourner contre elle. Et pas que cela. Liliane a des collègues, des amis, des gens qu’elle connait depuis bien avant Alma. Ma fille adoptive serait naïve de penser que Liliane va juste oublier toutes ces personnes pour ses consacrer exclusivement à Alma. Et si elle le pense vraiment, elle a intérêt à se sortir cela de la tête le plus rapidement possible. Autrement, elle va être extrêmement déçue.  Et je pèse mes mots. Si Alma veut vivre, elle va devoir ne pas se comporter comme une sorte de stalker ou de yandere qui est prête à tuer ou blesser toute personne proche de Liliane. Une chose à la fois Shayne. Une chose à la fois…

La conversation commence bien. Alma s’en fait rapidement la réflexion mais, elle a l’impression qu’elle n’est pas la seule à changer. Cette conversation lui parait à la fois sérieuse et naturelle. On parle de sa vie amoureuse et des changements contrairement à son ancien alias. Mais Shayne aussi déballe ce qui pourrait être tenu au secret. Elle pourrait intérioriser tout ça mais elle décide de faire confiance à sa fille adoptive et de lui avouer… certaines choses. Shayne et sentiments vont bizarrement mal dans une même phrase. Mais Alma décide de ne pas pointer vers ce sujet. Laisser au temps le temps de faire son travail silencieusement lui parait être la meilleure des réponses.

Puis vient un sujet qui lui fait faire la moue. Partager Liliane. C’est le premier des nuages noirs qui vient gâcher cette nouvelle et belle journée. Alors Alma soupire et décide de se plonger dans les flammes et les lignes tortueuses du plan de travail en bois.

« Je ne vois pas comment je pourrais ne plus être possessive et jalouse. Je ne sais pas comment je peux l’être moins. Et j’ai peur aussi de l’être tellement moins d’en devenir complètement détachée. »

Ce qui reste de son café est tiède. Ce n’est pas agréable.

« Je n’ai pas envie de partager Liliane. »

Ça ressemble presque à un petit enfant qui fait son caprice. Mais Alma a grandi depuis sa première rencontre avec Shayne. Autrefois, elle en serait restée là. Aujourd’hui, elle va prendre sur elle et trouver la force de développer sa pensée.

« Qu’est-ce que les autres ont à offrir que je ne peux pas lui offrir ? Si elle a envie de parler à quelqu’un, je serai là. Si elle a envie d’aller quelque part, je pourrais l’accompagner. Si elle a des problèmes, je serai là pour les régler. Que ce soit des gens qui lui veulent du mal. Des gens qui en veulent à son argent. Ou je ne sais pas quel autre problème, elle pourrait avoir. Non, vraiment, je ne comprends pas. Je crois que je peux être là pour tout ce dont elle a besoin. »

La terrible réalité la frappe alors. Elle vient de dire de la merde, elle le reconnaît. Ses mots sont des mensonges. Et le dernier exemple est terriblement frais… Alors Alma fait encore la moue. Elle lève la tête vers Maman Shayne.

« Tu as raison… Merde ! »

Elle plaque soudainement ces mains sur sa bouche. Elle a parlé fort ! L’oreille tendue, elle écoute en silence pendant de longues secondes. Rien.

« Ouf, c’est bon. Liliane dort toujours. »

*Alors je fais quoi, moi ? Je ne peux même pas l’accompagner à la plage… *

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« Tu n’as pas le choix, Alma. Tu vas devoir partager Liliane ou tu vas l’étouffer, comme une plante parasite qui prendrait tout de son hôte pour ne rien laisser derrière. Écoute-moi bien et tu la fermes jusqu’à ce que j’ai fini. Je te l’ai dit. Je collectionne les petites choses brisées. Des cultistes mal en point, ceux qui sont prêts à mourir en mon nom, ceux qui étaient VRAIMENT brisés… Ils racontent des choses.

Il y en a un, un homme. Sa femme, c’était son monde. Son… Soleil. Oui, le parallèle est d’autant plus glaçant quand tu considères Liliane, non? Et il la gardait séquestré dans leur grande maison. Oh elle avait tout. Nourriture, vêtements, argent, divertissement… Tout. Sauf le bonheur. Tu as vu Liliane vivante et pleine de vie. Imagines la terne et dépressive. À cause de toi. Parce que tu l’étouffes. Parce que tu l’empêches de vivre sa vie.

Et tu sais comment finit cette histoire? Avec de la cervelle qui repeint les murs. Une balle dans la tête. Un matin elle s’est levée et elle n’en pouvait plus. Et ne vient pas me dire que c’est juste un exemple. Une femme. Elle n’aimait pas que son mari voit d’autres femmes. Elle a brutalement assassiné sa secrétaire. Quand son mari s’en est rendu compte… Elle a perdu l’homme qu’elle aimait. Folle de douleur, elle l’a tué lui aussi. Pourquoi? Car…

Si elle ne pouvait l’avoir pour lui, personne d’autre ne l’aurait. Je peux te donner des dizaines d’exemple. Sois certaine d’une chose, Alma. Si tu es trop jalouse, trop possessive… Tu vas tuer Liliane. Physiquement. Ou psychologiquement. Je vais faire quelque chose de rare. Je ne demande pas. J’ordonne. Je suis une demi déesse. Ma volonté est la volonté de mes cultistes. Mais je te DEMANDE. En tant que mère adoptive.

Je sais que c’est dur partager. Comment je le sais? Je dois te partager avec Liliane. Mais je l’accepte. Parce que c’est plus important pour moi que tu sois heureuse. Si tu aimes vraiment Liliane, ce sont les moments ensemble que tu vas chérir. Et ne t’en fais pas. Si elle a besoin de toi, elle te le dira. Une relation de couple, c’est une relation de confiance. Si tu fais confiance à Liliane, alors tu n’as rien à craindre. Et elle te sera fidèle. Je le sens.

Quand tu auras mon âge… Si un jour tu deviens immortelle… Tu finis par voir des choses chez les gens que l’œil normal ne saurait voir. Liliane est une petite chose brisée, Alma. Derrière les sourires et la bonne humeur se cache une personne qui souffre. Ne la noie pas de cadeaux. Fais quelque chose de simple. Liliane est quelqu’un de tactile. Elle est très câlins, caresses, tendresse. C’est une artiste dans l’âme qui aime le corps humain.

Va à la plage avec elle. Un beau maillot de bain, tu vas faire sa journée si elle peut t’admirer. Entraine-toi mais en portant une tenue de sport plus short et t-shirt. Mets ton corps en valeur. Réveille l’artiste en elle. Permets-lui de créer. Ne refais pas l’incident du photoshoot. Oh je suis au courant. Je suis une demi-déesse. C’est mon rôle de savoir. Donne-lui des gestes d’affection. Une tendre caresse, juste prendre sa main dans la tienne… Montre lui que c’est réel. Concret. »

Reste à voir si Alma est prête à faire des concessions et des efforts pour Liliane ou si elle est encore trop égoïste pour faire le nécessaire. Et risquer de tout perdre, par extension. Je me demande, Alma, jusqu’où iras-tu pour Liliane? Tu es prête à tuer, ça je n’ai aucun doute là-dessus. C’est facile, tuer, cela ne demande pas de se regarder soi-même. Tu es prête à la couvrir de cadeaux. C’est facile aussi. Purement matériel. Mais peux-tu lui donner ce qu’elle veut? Peux-tu rallumer la flamme qui s’est éteinte en elle? Pour Liliane, les gens sont des œuvres d’art vivante. Vas-tu l’empêcher de t’admirer, vas-tu l’empêcher d’être inspirée par toi? Alma a vu la réaction de Liliane au photoshoot. Un clair indicateur que derrière le sourire se cache autre chose. Le sourire est sincère. Il n’est pas forcé. Mais une couche de plâtre et de peinture pour réparer un trou en surface n’efface pas la béance derrière…

Maman Shayne demande à Alma de la fermer. Et Alma la ferme. Elle est contente de l’avoir fermé. Cette conversation est un instant rare, elle le pressent. Elle doute d’entendre avant longtemps Maman Shayne parler avec tant de… clarté ? C’est peut-être ça le mot. En tout cas, ça va bien avec le fait que Liliane soit solaire et chaleureuse.

« Je ne veux pas que Liliane dépérisse à cause de moi. Je veux la rendre meilleure. Si tant est que cela est possible. En tout cas, si c’est une petite chose brisée comme moi, et j’ai confiance en toi pour dire ce genre de chose, après tout, j’en étais une, alors je veux recoller ses morceaux. Je ne sais pas comment. Je ne sais pas combien de temps. Mais je Dois le faire. »

Maman Shayne lui dit de s’entraîner à sortir dehors. Devenir la Muse de son artiste. C’est un objectif qui parait tellement insensé par rapport à ce qu’elle était avant. Mais il faut qu’elle arrête de faire ces comparaisons. Le passé est figé. Le présent est vivant. Et le futur est promesses. Elle doit devenir cette Muse pour la femme qu’elle aime. Tout en devenant la Super Elue pour sa mère adoptive. Est-ce que les deux objectifs sont compatibles ? Elle l’espère sincèrement…

« Je vais m’entraîner. Pas au combat, enfin, je vais toujours m’entraîner à combattre mais réduire ça à une routine simple. Je vais m’entrainer à être sociable. M’entraîner à supporter le regard de l’autre. M’entraîner à supporter mon propre reflet dans le miroir. Quand je ne suis pas habillée, je veux dire. »

Et pour ça, la cartographie de sa petite amie devrait être d’une grande aide. Elle va l’imprimer. Peut-être dédié une pièce rien qu’à ça. Pour se redécouvrir. Se projeter dans une autre perspective. Trouver une solution pour faire d’une faiblesse, une force. Peut-être même proposer à Liliane de s’accaparer cette pièce et en faire son atelier d’artiste ? Ce serait tellement super si Liliane créait dans son hangar. Elle serait à portée de main.

*Mais… est-ce que c’est la manifestation de ma possessivité ou de mon amour ? C’est quoi la différence entre les deux ? *

Sa tête se tourne vers sa chambre. Leur chambre ? Et si elle allait la réveiller d’un chaste baiser ? Sauf que Maman Shayne est encore là. Et Liliane a besoin de récupérer après sa nuit blanche de dessin. Elle ne sait même pas combien de temps elle va devoir attendre avant qu’elle retrouve le sourire de sa petite amie. Et quand est-il de sa journée ? Est-ce qu’elle suit les cours de ses professeurs comme avant sa rencontre avec Liliane ? Elle ne sait pas.

Maman Shayne est juste en face d’elle.

*Autant lui en parler directement. *

« Qu’est-ce que je fais ? Je veux dire, je devrais travailler aujourd’hui. Avec mes professeurs. Mais… est-ce que c’est compatible avec les efforts que je dois fournir pour Liliane ? Comment je fais pour faire cohabiter mes différents objectifs ? Je suis… je l’avoue, je suis un peu perdue. »

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« Alma… Tu es ma fille adoptive et je continues de vivre ma vie, non? Ce que tu dois comprendre c’est que tu n’arrêtes pas de vivre pour l’autre. Dit ainsi, ça a l’air simple. Mais pas tant que cela. Tu as des cours, tu vas à tes cours. Tu as un rendez-vous, tu vas à ton rendez-vous. Liliane n’est pas comme toi, elle est habituée au rythme imprévisible d’une vie plus… Normale. Toutes ces choses chiantes, en fait…

Le trafic, l’autobus qui arrive en retard, le collègue malade qui ne va pas au travail… Et elle ne t’en voudra pas. Même que je pense qu’elle va trouver ça bien que tu continues d’avoir une vie. Et je te rappelle, Alma, que si on s’y prend d’avance… Tout peut être déplacé. Réorganisé. Demande à Liliane son horaire. De cours. De travail. Et on va mettre tes propres cours dans les trous qui correspondent à ses absences. Dois-je te rappeler que…

Je suis une demi-déesse? Je paie tes profs. Ils feront ce que j’ordonne. Ou j’en ferai des confettis. Pas quelque chose de sanglant et gore non, quelque chose de coloré, comme lors des fêtes… Tout ça pour dire que, Alma, des options, ça existe. Quitte à en créer. Allez. Assez parlé. Tu veux un conseil? Retourne te glisser sous les couvertures. Mais sans rien porter comme vêtement. Colle-toi contre elle. Et regarde son sourire au réveil. »

Mon petit doigt me dit que Liliane va bientôt se réveiller. Enfin. C’est plus je vais m’arranger pour que ma télépathe réveille Liliane et elle pourra commencer sa journée avec Alma. Vraiment, même quand elle essaie de bien faire, elle trouve le tour de trop en faire ou de s’inquiéter pour rien. Ce sont deux jeunes femmes en amour. Il faudra plus qu’un cours ou deux qui vient chambouler un horaire pour causer des problèmes… Je ne sais pas si Alma va suivre mon conseil. C’est entre elle et elle. J’ose espérer que oui, qu’elle écoute quand maman Shayne parle. Je veux dire… Elle voulait des conseils, elle en a eu. Je la salue et reprends un portail en sens inverse. Je sais qu’elle est retournée se blottir contre Liliane. Avec ou sans vêtements… Je ne sais pas. Liliane va le découvrir. Elle aime bien le corps d’Alma. Il raconte une histoire. De difficultés surmontées. D’épreuves…

La blonde finit par ouvrir les yeux. Et vous savez comment, en théorie, au réveil, tout le monde a l’air tout SAUF dégourdi? Si on prenait une photo, vous auriez une de ces têtes… Mais Liliane? Elle se réveille, fraiche comme la proverbiale rose. Souriante. Solaire. L’astre Liliane recommence à briller. Elle sourit à Alma. « Salut toi », dit-elle avant d’offrir ses lèvres à sa petite amie et de se serrer contre elle. Comme le disait Scorpia dans « She-Ra and the princesses of power » : You know I’m a hugger. C’est une câlineuse invétérée, c’est tout. Et en soi, ce n’est pas un mal. Et si elle réussit à dompter la sauvage Alma? C’est encore mieux. Ma fille adoptive a besoin de découvrir la douceur. Il n’y a pas que la douleur ou la violence dans la vie. Il y a bien plus de sensations qu’il lui reste à découvrir, c’est évident. Et ce n’est pas moi qui pourrai les lui enseigner. C’est un fait avéré.

« Comment va mon roseau ce matin? Hum… Tu sais ce qu’il manque à tes lèvres? Un petit baume au goût sucré pour aider avec l’hydratation et tout. Non, pas un lip gloss ou un rouge à lèvre. Enfin bref… J’ai eu une idée géniale en dormant. Si je suis ta petite amie, ça veut dire que j’ai besoin de mon petit coin à moi quand je viens te voir… Et si je m’installais un atelier dans un coin non utilisé? Une artiste a besoin de créer, après tout… »