The Multiversity

Revy était une amante redoutable, et visiblement très impatiente. Elle était décidée à passer d’emblée aux choses sérieuses, et jeta Lara sur le lit. Elles étaient au beau milieu d’une chambre un peu miteuse, qui n’avait pas grand-chose à voir avec les chambres agréables de son manoir. Il faisait très chaud, et Revy délaissa bientôt sa langue pour ses mains, décidées à opter pour un fisting musclé.

« Hey… ! Du calme… ! »

Lara eut beau protester, la femme musclée était comme emportée dans son élan. Lara se mordilla les lèvres en sentant les doigts de la femme s’enfoncer en elle, et déglutit. De la sueur se mit à dégouliner de son front, et elle grogna, fermant les yeux, résistant à l’envie immédiate de prendre son pistolet pour tirer. Elle ne pouvait pas non plus se séparer de sa guide… Qu’elle fasse l’amour, soit, mais Revy passait instantanément du premier au dernier étage de son ascenseur de désir ! Lara déglutit donc, se tortillant sur place. On aurait pu y voir du désir, mais elle trouvait juste que cela allait trop vite ! Revy se risqua même au fistfuck. Lara allait la repousser quand on toqua à la porte. Les garçons étaient arrivés, et cela sembla surprendre Revy. Lara sortit alors de sa torpeur, et se recula. Elle glissa du lit, et tomba sur le sol en grognant.

« Ça va, ça va ! »

Lara se releva, nerveuse, et regarda brièvement Revy.

« Désolée, chérie, ça va un peu trop vite pour moi. Je… Passe une bonne nuit. »

La femme se déplaça alors, un peu douloureusement. Elle devait se faire violence pour conserver une tenue droite, une marche équilibrée, et ouvrit la porte. Elle croisa le regard enfiévré et l’haleine de Dutch, et vit Sullivan froncer les sourcils. Lara écarta Dutch de la main, et avança ensuite.

« Ça va, gamine ? s’enquit Sullie.
- Je… Je suis fatiguée, c’est tout. La chaleur… Ça m’a tourné la tête avec l’alcool… »

Lara se rendit dans sa chambre. Elle avait mal entre les cuisses, et se posa sur le lit, soupirant doucement.

*Putain, cette folle m’a niqué la chatte !*

Lara constata que ses affaires étaient là, et sortit une pommade spéciale, un onguent qu’elle avait récupéré en Amérique du Sud, et qui était pratique pour lutter contre les irritations. Elle s’en aspergea la peau autour de son sexe, espérant bien être en état de se déplacer dès demain…

"Ha! Bah, faut savoir!"

Pas gênée de s'exposer nue devant les deux hommes, Revy s'alluma une tige et tira une longue taffe. Devant les regards interrogatifs de son chef et de Sullivan, elle haussa les épaules.

"Ben quoi? on a picolé et les choses se sont un peu emballées, y'a rien de grave. Faut pas paniquer les gars."

Elle écrasa sa cigarette sur le bord du cendrier rempli et s'allongea sur le dos, les mains derrière la tête.

"Bon, vous rentrez tous les deux et on baise ou vous retournez à vos affaires?"

Bien évidemment, ils ne prirent pas le risque de faire un pas de plus dans la chambre. Revy ferma les yeux et s'endormit dans la minute qui suivit pour se réveiller deux heures après, en pleine forme. A poil, elle traversa le couloir pour aller prendre une douche dans la minuscule salle de bain qu'ils partageaient tous. L'eau coulait difficilement du tuyau en inox mais suffisamment pour qu'avec un peu de patience, on arrive à faire ce qui doit être fait dans une douche. De retour dans sa chambre, Revy resta un moment sous le ventilateur de plafond qui se lança en couinant faiblement. l'air lui fit du bien et elle passa une culotte, son short en jean et un crop top noir ultra court. Pieds nus, elle alla au bureau où les deux hommes attendaient. Autant elle arrivait fraiche et l'esprit clair, autant eux, n'avaient cessé de boire et avaient les paupières lourdes et l'haleine chargée.

Revy trouva un carnet, un stylo et entreprit de dresser une liste du matériel nécessaire pour leur expédition. Leur virée pour se fournir à l'Eglise de la Violence ayant terminée sur la banquette arrière du taxi, elle allait commander leur équipement par téléphone. Elle savait ce dont elle avait besoin et écrivait vite en calculant le rapport poids-nécessité de ce qu'elle voulait. La première partie du voyage se ferait en bateau donc tout irait bien mais après il leur faudrait marcher et donc porter à dos tout leur équipement.

Comme armement, elle allait prendre un AR-15 équipé d'un réducteur de son et d'une aide à la visée performante sous forme d'une lunette mixte. Elle choisit aussi un court fusil à pompe de petite dimension mais redoutable d'efficacité. Et comme arme de poing, elle prit un Glock 17, très fiable en milieu difficile et lui aussi équipé d'un silencieux. Elle prit aussi un nombre de munitions suffisant. A cela, elle ajouta deux systèmes de vision nocturne et deux dispositifs radios performants avec oreillettes, le tout résistant à l'immersion dans l'eau. Un équipement de survie compact pour deux rejoignit le tout, incluant de la nourriture lyophilisée. Et enfin, elle prit comme tenue un treillis jungle qui irait parfaitement dans le milieu dans lequel elles prévoyaient de s'aventurer.

Elle terminait sa liste quand Lara apparut dans l'encadrement de la porte du couloir. leur précédent était passé. A Roanapur, on vivait l'instant présent, c'était tout.

"Hey salut! Bien dormie?"

Malgré la chaleur, Revy versa d'un récipient isotherme un café brulant et corsé dans une tasse en métal qu'elle posa sur la table basse devant le canapé.

"Viens t'asseoir et complète cette liste avec ce dont tu as besoin. je commanderai tout de suite après et on sera livré demain matin, tôt.

Sullivan et Dutch grognèrent un vague assentiment. Pour eux, il était temps d'aller dormir. Pour les filles, il allait falloir causer. Personne ne s'aventurait dans ces jungles perdues sans une vraie bonne raison.

"Qu'est-ce qu'on va faire exactement là-bas? A quoi je dois m'attendre?"

Lara se réveilla le lendemain matin, à l’aube, et constata avec soulagement que l’onguent avait fait des miracles. Elle émergea donc rapidement, et observa la ville par la fenêtre de sa chambre. Roanapur s’éveillait également, mais cette ville semblait ne jamais devoir dormir. L’aventurière se prépara rapidement, enfilant une tenue appropriée aux chaleurs tropicales qui régnaient ici. Elle enfila donc son classique débardeur bleu azur avec un minishort kaki abritant ses holsters dans lesquels attendaient ses deux pistolets Magnums. Elle vérifia avant que ceux-ci étaient bien prêts, les nettoyant en vérifiant ensuite les chargeurs. Ainsi équipée, Lara sortit de sa chambre, et rejoignit le salon de l’hôtel, où Revy était également debout, se servant un café. Visiblement, la femme ne lui en voulait pas de l’avoir planté hier soir.

*Hum…*

Elles devraient sans doute en parler… Mais pas dans l’immédiat. Victor n’était pas réveillé, mais ce n’était pas très grave. Lara n’avait pas prévu d’aller explorer les jungles avec lui. Elle allait en revanche devoir y aller avec Revy, et elle espérait bien que celle-ci serait moins brutale dans l’exploration de la jungle qu’au lit. Sinon, leur séjour promettait d’être explosif ! Lara se rapprocha donc, et s’assit sur le canapé.

« Salut… Et oui, ça a été, merci… Et toi ? » demanda-t-elle, par pure politesse.

Lara attrapa une tasse de café, et s’en versa également une rasade. Elle observa brièvement la liste que Revy lui tendit, et répondit ensuite à ses interrogations :

« Ben, je ne sais pas… C’est toi la spécialiste de la région, non ? Je t’ai déjà dit que t’avoir comme guide était l’idée de Victor. L’exploration de temples antiques nécessite de la subtilité et un certain doigté, ce sont des structures fragiles et abandonnées. »

Évidemment, toute allusion entre ce qu’elle disait et leur nuit avortée serait totalement fortuite !

« Il nous faut juste un véhicule pour y aller, de préférence un tout-terrain. Ceci dit, d’après ce que tu m’as dit, les sites archéologiques sont à côté de champs de drogues, donc il faudra sans doute marcher, et avoir une carte de la région. Ensuite, une fois qu’on aura rejoint le temple… Enfin, les temples… Je ne sais pas. J’ignore si nous y trouverons quelque chose. Très souvent, l’exploration de temples antiques n’apporte rien, si ce n’est des sacs plastiques ou des capotes usagées. Il faut vraiment se rendre dans des endroits très isolés pour y trouver des vestiges archéologiques. »

Oui, même si elle s'intéressait plus au flingue qu'à autre chose, Revy savait ce qu'était l'archéologie. Ce qu'elle voulait dire, c'est est-ce qu'il y avait quelque chose d'autre que des vieilles pierres à attendre de cette balade, comme des concurrents armés ou ce genre de truc pouvant rapidement détériorer la situation. Et comme Lara semblait sous entendre des choses évidentes, elle préféra hausser les épaules et laisser tomber.

Elle se poussa sur le canapé et fit signe à la britannique de venir s'asseoir à côté d'elle. Elle avait déployée une carte de la région, ce qui simplifierait les explications.

"Regarde, Roanapur est ici et la zone à explorer est là."

Elle désigna les deux points, éloignés l'un de l'autre et séparés par une vaste étendue verte foncée.

"Entre les deux, ce n'est que de la jungle, impénétrable et inextricable. Il y a bien 200 kilomètres à vol d'oiseau. On ne trouvera pas de route pour s'y rendre ni de chemin carrossable pour s'y rendre. Comme je te l'ai dit, je suis sûre que la zone est inexplorée. En revanche ..."

Elle posa son doigt sur l'emplacement de Roanapur et coupant à travers la mer, remonta jusqu'au delta d'un fleuve et remonta en suivant une multitude de canaux plus ou moins précis.

"... en bateau, c'est faisable, et il se trouve qu'un bateau, on en a un. Le tracé est enregistré sur l'ordinateur de bord et on pourrait y être en trois jours. Ce sera plus sûr que n'importe quel autre moyen et on aura le soutien de Dutch et Sullivan jusqu'à ce qu'on débarque."

Elle se renfonça ensuite dans les coussins du canapé.

"On ne verra pas les plantations de pavot, par contre on devra passer les barrages des narcos locaux. ils barrent les canaux de rivières avec des barricades flottantes et il faut montrer patte blanche pour passer. Ca ne devrait pas être un problème. Ils sont un peu cons mais on y est déjà passé."

Elle s'alluma une nouvelle clope pour accompagner son café.

"Dutch nous déposera au même endroit où nous avons accosté la dernière fois, je pense pouvoir reconnaitre le coin. Là il faudra marcher et surement éviter, sinon combattre, les nains qui m'ont attaqués."

Elle exhala une longue soufflante de poison.

"Va pas te faire de mauvaises idées sur moi. Ici, faut parler plus fort que tout le monde pour se faire entendre et il faut montrer les muscles avant de se faire emmerder ... En jungle, tu m'entendras pas et tu pourras gratter tes cailloux en toute sérénité."

Ses yeux se voilèrent d'un souvenir lointain.

"T'as l'air d'être cool, je voudrais pas qu'il t'arrives malheur, sincèrement."

Revy se redressa d'un coup et se leva en s'étirant, dévoilant ses abdominaux dessinés.

"Bon ben si il te faut rien, je vais passer un coup de fil aux nones et avec un peu de chance, on pourrait tout avoir ce soir! Donc départ tôt demain matin!".

Elle se gratta une fesse et alla téléphoner à partir d'un vieux téléphone fixe accroché au mur. La conversation dura un moment et elle s'énerva en négociant le prix du matériel nécessaire. Elle notait au fur et à mesure et quand elle raccrocha, elle tendit à Lara un bout de papier avec le montant final.

"Désolée ... c'est des connasses parfois mais au moins, tout sera livré ce soir au bateau donc on pourra partir de nuit."

Lara écouta Revy lui expliquer que deux options étaient possibles : soit s’enfoncer en profondeur dans la jungle (une option que Lara préférait), soit remonter la rivière sur un bateau, ce qui avait l’avantage d’éviter de se perdre dans la jungle, mais les rapprocherait aussi des champs de pavot. Il n’y avait a priori pas de risques que les narcotrafiquants les attaquent, mais Lara avait tendance à se méfier de ce genre de personnes. Dès qu’on s’éloignait du monde civilisé, il fallait être agoraphobes, car les gens qu’on croyait ne vous voulaient pas forcément du bien. Elle ne dit rien, observant la carte de Roanapur. Revy avait une grande carte sur laquelle elle avait punaisé les sites de pavot. Il y en avait plusieurs ici et là, mais les champs de pavot étaient regroupés sur une bonne partie de l’île.

« D’accord… Quelque chose me dit que tu préfères le bateau, donc optons pour le bateau. »

C’était elle la guide, après tout. Revy contacta ensuite ses fournisseurs pour réunir le matériel, notant sur un calepin ce qui était demandé, puis lui présenta ensuite la facture.

« Hum… J’imagine que tes contacts n’acceptent pas les chèques ? »

Une question purement rhétorique, en réalité. Lara allait réunir les fonds sans trop de difficulté si Roanapur disposait d’une banque. Avant qu’elles ne se séparent, Lara sourit doucement quand Revy lui annonça qu’elle comptait sur elle, qu’elle ne voulait pas qu’il lui arrive du mal. Lara sourit doucement, et haussa les épaules.

« Merci de ta sollicitude. La prochaine fois qu’on fera l’amour, utilise un strap-on plutôt que ta main pour commencer, ça passera mieux. »

Lara passa ensuite le reste de sa journée à se balader en ville. Elle se rapprocha de Sullivan, qui approuva le plan de se déplacer en bateau, plus sécurisé que se battre dans la jungle. Lara partit ensuite vers la banque locale. Roanapur restait une grande métropole, avec un centre moderne composé de gratte-ciel. Elle trouva une banque. Disposant d’un accès international, elle récupéra les fonds requis, puis alla s’asseoir à un restaurant au bord de la mer.

*Quelle curieuse ville…*

Et elle avait pour elle une guide tout aussi curieuse, ce qui collait donc bien à l’ambiance de la ville…

Le lendemain, à l'aube, à l'heure où l'on pouvait profiter de la fraicheur marine, toute l'équipe se retrouvait au port de Roanapur. La compagnie Black Lagoon y possédait un petit entrepôt qui donnait directement sur un quai flottant où était amarré le moyen de locomotion de la société. Il s'agissait d'une vieille vedette lance torpille réformée de l'armée américaine mais qui avait une possibilité de transport correcte et qui en plus d'être rapide, était particulièrement manœuvrable. Elle était idéale pour remonter les bras de rivières sillonnant la jungle du Sud-Est asiatique.

Benny avait déjà configuré l'itinéraire sur l'ordinateur de bord, Dutch faisait chauffer les moteurs et les sœurs de l'Eglise de la Violence avaient déjà livré la commande de la veille dont une bonne partie était stockée dans la petite soute de bord. Revy arpentait le pont. Elle portait un bas de treillis et un débardeur kaki taillé près du corps. Elle venait de montrer à Sullivan et à Lara le parcours qu'ils prendraient et s'affaira ensuite à défaire les cordages pour libérer le bateau. Alors que Dutch guidait la vedette au ralenti pour sortir du labyrinthe qu'était le port de Roanapur, Revy s'approcha de la britannique pour s'asseoir à côté d'elle, sur un tube lance-torpilles. Elle tapa dessus et il résonna vide.

"On n'en a pas là-dedans mais la mafia russe peut nous en fournir si nécessaire. C'est assez sensible et Dutch n'aime pas naviguer sur une poudrière, d'autant plus qu'on se fait tirer dessus assez souvent."

Roanapur n'était pas une belle cité mais son héritage culturel était riche malgré tout. Revy désigna la statue gigantesque du Bouddha qui surplombait la ville.

"La légende dit que Bouddha lui-même a caché par là les secrets de sa sagesse. Je ne sais pas ce que ça veut dire mais ca doit valoir un paquet de fric si c'est vrai."

La première vague qu'ils prirent les firent osciller. La vedette quittait la baie protégée et s'engageait vers le large. Ils suivirent la côte pendant quelques heures et vaquèrent à leurs occupations. Revy s'occupa du matériel et le conditionna en deux sacs à dos lourds mais bien équilibrés. Elle vérifia une énième fois l'état de ses armes et grailla ses chargeurs de munitions perforantes. Un remous du bateau lui indiqua que Dutch changeait de cap. Elle remonta sur le pont et effectivement, ils se dirigeaient à présent vers une côte sauvage et couverte de végétation luxuriante. Elle expliqua à Sullivan qu'il y avait trop de hauts fonds sablonneux pour suivre le littoral de près. Puis se rapprochant de Lara.

"Ce sont les frontières du triangle d'or, là, les narcos sont rois. Les grands états les combattent où les aides, en fonction des besoins. La CIA est impliquée dans le développement de certaines drogues qu'elle fait envoyer en Russie pour déstabiliser la jeunesse dorée de Moscou. Du coup, les russes paient chers pour les têtes des agents américains qui supervisent sur place."

Ils furent secoués quand la vedette traversa l'embouchure de la rivière qu'ils devaient remontés. Là où l'eau de mer se mêlait à l'eau claire, les remous étaient assez sévères pour qu'ils aient à s'accrocher au bastingage.

Et puis, tout se calma et l'enfer vert les entoura. Ici, l'atmosphère était lourde, seulement percée par les cris d'animaux ou d'oiseaux que l'on ne voyait pas. Dutch avança prudemment, esquivant des rochers saillant hors de l'eau ou des troncs d'arbres dérivant. Il bifurqua au bout d'une heure à ce rythme sur un nouveau bras qui s'enfonçait sous la frondaison d'arbres gigantesques. Le moteur tournait au ralenti, Benny fit le point topo et valida.

"Ok! A partir d'ici, on fait gaffe. On ne voit personne mais il y a bien du monde qui guette. Ils savent qui nous sommes mais on ne sait jamais."

Elle installa une mitrailleuse lourde sur l'arceau d'un tourelleau de pont et y engagea une bande de cartouches. Elle arma son AR15 et cala la visée holograhique à son œil. Elle donna un fusil d'assaut à Sulli et à Lara et ne fut pas surprise de voir qu'ils savaient s'en servir. De lourde, l'atmosphère passa à oppressante. Le soleil cognait dur et la réfection sur l'eau blessait les yeux. Cependant, tout se passa bien. Revy montra à Lara l'aileron énorme d'un requin bouledogue qu'ils croisèrent, rappelant que ces saloperies remontaient loin dans l'arrière pays.

Benny avait son casque visser sur ses oreilles et manipulaient les molettes de sa console radio. A un moment, il leva un index et Dutch ordonna d'être prêt, ce qu'ils étaient déjà. Quelques minutes plus tard, la vedette ralentissait à la vue d'une barricade vulgaire posée en travers du chenal. Quelques hommes armés, trois gamins jouant au ballon, deux putes affalées dans des hamacs et une baraque en torchis accompagnait le barrage. L'ambiance était à la méfiance et malgré leur nonchalance, ils avaient tous l'index crispé sur la queue de détente de leurs armes. L'un des hommes, tous asiatiques, héla Dutch avec hargne et le grand Black obtempéra à l'ordre d'arrêt. il accosta contre une jetée sommaire en bambou et laissa deux des types monter à bord. Des merdeux, maigres, surement infestés de parasites mais qui avaient le pouvoir de les faire chier. A la vue de l'équipage, le chef du groupe reprit dans un anglais médiocre.

"Contrôle bateau."

C'était obligé pour pouvoir passer. L'homme fit le tour du pont, dévisagea les passagers, regarda avec méfiance la mitrailleuse. Il avait tout du déchet soumis à l'autorité d'un type plus fort que lui. Devant Lara, il s'attarda, conquit par son impressionnante poitrine. Il se tourna en riant vers ses hommes et lança en thaïlandais commun.

"Toutes des putes ces étrangères."

Nul doute que tous comprirent ce qu'il disait. La main de Revy s'approcha de la poignée de la grosse 12,7. Si Lara réagissait comme une européenne, la fusillade était inévitable et en vérité, ce n'était pas pour la déranger.

Un devil boat. Lara était presque sûre que le tas de ferraille devait datait de la Seconde Guerre Mondiale. Les Américains avaient beaucoup utilisé ces vedettes, que les Japonais surnommaient « devil boats ». C’était une autre forme d’antiquité. Lara grimpa dessus, en se retenant de demander si la vedette allait s’écrouler. Revy avait l’air très fière de ce calibre, et Lara la suivit silencieusement. Elle avait passé une nuit assez ennuyeuse, qu’elle avait consacré au début à étudier soigneusement les cartes de Roanapur dont elle disposait, avant de s’endormir. Elle ne se rappelait plus de son rêve, mais elle était sûre qu’elle avait rêvé de faire l’amour avec Revy, même si le contenu du rêve était très flou. En tout cas, Revy lui fit une présentation sommaire, en lui expliquant que la vedette n’avait pas de torpilles. Lara hocha doucement la tête.

« Je ne pense pas que nous aurons besoin de torpilles pour visiter les temples antiques. »

Lara avait étudié un peu le passé de Roanapur, et avait découvert ce qu’elle savait sur cette ville… Un ancien port moribond qui avait connu un regain d’activité lors de la Seconde Guerre Mondiale, quand les Japonais avaient utilisé cette petite ville portuaire pour y installer une base navale. La ville avait connu une nouvelle révolution lors de la guerre du Vietnam, des déserteurs américains et vietnamiens investissant la ville pour s’y implanter. Désormais, Roanapur ressemblait un peu à Madripoor, ou à Port Royal à l’époque du 17^ème siècle… Une ville libre, où le crime faisait loi. Lara avait aussi appris que l’un des pontes de Roanapur était un membre des Triades, un certain « Mr. Chang », représentant la très puissante triade Sun Yee On, une mafia chinoise internationale établie dans tous les continents de la planète.

La vedette fit le tour de l’île, longeant les récifs. Les paysages asiatiques étaient assez typiques, avec ces morceaux de roches qui flottaient le long de la côte. Roanapur se trouvait le long de la frontière avec le Cambodge, près d’un ensemble d’archipels très touristiques. Une eau bleue azur presque transparente, un décor de carte postal qui dissimulait des réalités bien plus sombres que Revy rappela en indiquant qu’ils étaient à la frontière du « Triangle d’Or ». Une appellation informelle désignant l’une des principales sources d’opium de la planète, une large bande impliquant plusieurs pays. Lara resta silencieuse, examinant la côte verdâtre avec ses jumelles. C’était une jungle épaisse qui s’offrait à eux, et la vedette s’y engagea péniblement. Lara reposa ses jumelles, avec la curieuse impression que, dans cette étendue d’arbres, de multiples yeux invisibles les observaient. Revy ne tarda pas d’ailleurs à le confirmer, tout en leur conseillant de « faire gaffe »…

*Plutôt cocasse, venant de sa part…*

Revy arma d’ailleurs une tourelle lourde sur le devant de la vedette, tout en proposant à Lara un fusil d’assaut. Des M16.

« Et ben, je ne suis pas sûre que la discrétion soit de mise, avec tes gros joujoux… »

Sullivan soupira doucement en se rapprochant.

« Nous approchons d’un village. Prudence, il vaut mieux ne pas se faire remarquer.
- Je me demande ce que je ferais sans tes précieux conseils, Sullie. »

La vedette se rapprocha d’un petit village moribond, qui semblait être perdu dans le passé quelques siècles avant. De misérables bâtiments faits de tôle et de paille s’articulaient autour d’un antique barrage, et Lara vit plusieurs gardes se rapprocher. Ils portaient des AK-47 et des fusils à pompe Benelli. Des armes achetées visiblement sur le marché noir. La vedette s’arrêta, et Lara, nerveuse, laissa un homme monter à bord. Puant comme dix phoques, mal rasé, il inspectait le bateau lentement, et se permit une remarque des plus sexistes. En voyant Revy approcher sa main de la crosse de son arme, Lara attrapa doucement son poignet, et lui fit négativement signe de la tête.

« Motif de votre visite ? demanda l’homme.
- En quoi ça vous regarde ? soupira Dutch.
- Il y a beaucoup de trafic en ce moment… Je ne voudrais pas laisser passer des contrebandiers, vous comprenez… » fit l’homme avec un sourire moqueur.

Dutch répondit alors :

« Tourisme. Cette dame et… Son oncle… Souhaitent visiter l’arrière-pays.
- Du tourisme à Roanapur ? Vraiment ? » répliqua l’individu en les regardant.

Sullivan allait répondre, mais Lara rétorqua à sa place :

« On m’a dit que Roanapur était un endroit très apprécié pour les putes étrangères. »

Une moue nerveuse barra alors le visage de l’homme, qui grimaça.

« Je veux bien vous laisser passer, mais il faut contribuer au financement du pays. Vous voulez voir l’arrière-pays, Mademoiselle ? Vous allez voir par vous-même que nous ne sommes pas très riches ici. Donc, il y a une taxe à payer… De 200 000 baht. »

Cela correspondait à un peu plus de 5 000 €.

« Il n’y a aucun péage ici ! Lieutenant, vous feriez mieux de nous laisser passer !
- Et si je refuse ? »

Les soldats de l’homme relevèrent leurs armes, braquant la vedette.

« Ce n’est pas normal, grommela Sullivan. Ces types nous cachent quelque chose…
- Contentons-nous de payer, il y a des enfants dans ce coin, je ne veux pas de bain de sang inutile ! »

Lara haussa la voix.

« Inutile de montrer les muscles, on va payer votre fichue taxe ! »

Lara descendit de la vedette, rejoignant le ponton, et se rapprocha du lieutenant. Celui-ci était nerveux.

« Vraiment ?
- Je n’ai pas l’argent sur moi, mais je peux vous faire un virement instantané…
- Hmmm… Vous croyez qu’on a Internet ici ?
- Et bien, à en juger par les tours radio que j’ai vus ici et là sur votre île, oui. »

L’homme resta silencieux pendant quelques instants, avant de sourire, amusé par la situation.

« Soit… Suivez-moi. »

Lara acquiesça, et vit que Revy se mit à la suivre. Elles s’aventurèrent le long du port. Il y avait encore d’autres gardes tandis qu’ils rejoignaient un entrepôt métallique. Un ordinateur se trouvait là, et, tandis que Lara s’avançait, elle put voir d’autres hommes armés à l’intérieur.

« Bien, bien, bien… Vous êtes plutôt riche, Mademoiselle… »

Lara se déplaça lentement, observant les lieux, sur la défensive.

« Et si vous nous disiez à quoi tout cela rime ? Vous nous attendiez, n’est-ce pas ? »

Le lieutenant sourit doucement.

« On ne peut rien vous cacher… Miss Croft. »

Lara fronça les sourcils, sur la défensive. Elle entendit autour d’elle le déclic significatif d’armes qui se pointaient vers elle et Revy.

« Cette transaction ne vous concerne pas, Revy. Retournez sur votre barque, mes commanditaires ne souhaitent que Miss Croft.
- Vos commanditaires ?
- Vous vous êtes mis à dos des personnes très influentes, Miss Croft. »

L’homme récupéra un écusson, et, quand il le jeta sur la table, et que Lara le vit, elle déglutit en comprenant que les choses venaient de se compliquer… Comme une signature, elle voyait devant elle l’écusson de la Trinité…

Lara laissa couler. De toute manière, sur chaque barrage qu'ils franchiraient, ce serait la même rengaine. Dès qu'un pouilleux se retrouvait avec une once de pouvoir, il fallait qu'il fasse chier le monde. Message compris! Revy n'allait pas faire un carnage à la mitrailleuse lourde! C'est Dutch qui prit le relais et les choses ne s'arrangèrent pas. C'était curieux, d'habitude, après la première joute verbale, les types n'insistaient pas et tout se passait bien. Benny aussi avait l'air surpris et le regard qu'il échangea avec la flingueuse signifiait qu'il avait aussi relevé la chose. Au dessus d'un, un énorme nuage voila la violence du soleil et l'humidité devint aussitôt plus pesante. Une rigole de sueur dévala de la nuque de Revy jusqu'à son bassin mais elle s'en moquait, suivant l'échange surprenant entre Lara et le type. Pas conne la britannique. Elle s'imposait et n'eut aucune peine à se faire comprendre, renvoyant le truand dans ses buts. il s'en sortit avec une galipette commerciale extravagante mais que Lara décida de suivre.

Les pirates braquèrent la vedette au premier accroc et tout l'équipage se prépara à ouvrir le feu, sous tension. Revy était d'accord avec Sullivan, ça allait beaucoup trop loin. Quelque chose puait dans cette histoire et ses sens de mercenaire lui intimaient de tirer la première.

"Qu... Quoi? Tu descends? Attend moi!"

Revy lâcha la mitrailleuse pour saisir son AR15 et se précipiter derrière Lara qui avait emboiter le pas au chef du dispositif. Elle eut juste le temps de lancer à Dutch à voix basse.

"J'aime pas ça. Préparez vous à dégagez dès qu'on revient. Dis à Benny d'armer un lance roquette qu'il planquera sur le pont."

Le grand Black approuva. Il était tendu et des gouttes de sueur perlaient à son front. Le voyage risquait d'être long ... Lui aussi n'était pas favorable à ce que les filles quittent le bord mais Lara était la cliente après tout ...

Revy suivit, s'attachant à ce pourquoi elle était payer. Elle savait y faire et notait et retenait tout ce qu'il y avait à savoir. Ce semblant de village sentait le poisson pourri mais plus traces de filets de pêches ni de pêcheurs d'ailleurs. Et à part les trois gosses et les putes du ponton, aucunes familles n'étaient visibles. En revanche, des mecs armés, il y en avait, et plus que nécessaire. Pour un premier barrage, cela faisait beaucoup de déployer autant de gardes, si loin des cultures de pavot. Généralement, quelques hommes suffisaient juste pour donner l'alerte et laisser les prochains échelons se préparer. Non, définitivement, quelque chose merdait. Et si Sullivan en était conscient, Lara devait l'être aussi et jouait un jeu pour ... quoi? Gagner du temps? Épargner des vies?

A leur entrée dans l'entrepôt, la flingueuse se retourna. La vedette n'était pas loin mais de nombreux pirates leur barrait le passage à présent. Revy grogna. Si ça partait en couilles, il leur faudrait passer en force. A l'intérieur du bâtiment de tôles, l'odeur était pestilentielle. Les hommes transpiraient abondamment alors que les habitués du coin seraient censés être habitués à ce climat.

Lara mit les pieds dans le plat dès qu'ils furent devant l'ordinateur. L'homme changea du tout au tout et s'exprima dans un anglais parfait en l'appelant par son nom. Lara se tendit, c'était visible et Revy se rapprocha encore. Ici les pirates qui n'en avaient plus l'air tenaient leurs armes comme des pros et s'étaient placés intelligemment, de manière à ne pas croiser leurs feux. Revy toucha la britannique de l'épaule.

"On se barre Lara."

Qu'importe par où, qu'importe comment, la seule issue sentait la poudre.

"Cette transaction ne vous concerne pas, Revy. Retournez sur votre barque, mes commanditaires ne souhaitent que Miss Croft."

"Ah ben fallait le dire avant ... On aurait tout d'suite compris ..."

C'était grinçant. Elle aussi, il la connaissait. Ils étaient bien rencardés ce qui signifiait que le voyage allait prendre une nouvelle tournure.

"Vous aussi vous faites dans les antiquités?"

Surement que non mais les quelques secondes gagnées lui permettait de caler ses secteurs de tir et ses priorités. Certes, il y avait du monde mais rien n'était impossible et si ils voulaient Lara vivante, ils hésiteraient peut être à tirer à tout va.

En guise de réponse, l'homme jeta sur la table un écusson ressemblant à celui que porte n'importe quel militaire sur sa manche. Une organisation donc? En tout cas, le symbole ne lui disait rien. Dans quelle merde elle mettait les pieds? Cernées, les deux femmes avaient l'air d'être dans une passe difficile. Maintenant, en ce qui concernait Revy, ce genre de situation restait dans son registre. Mais elle n'était pas seule ...

Son ton n'augurait rien de bon et dans son regard s'alluma cette étincelle qui rappelait toute la sauvagerie dont elle était capable. L'index sur la queue de détente de son arme, elle ne laisserait personne survivre à ce qui allait suivre.

Cet écusson n'était pas anodin. La Trinité... Lara sentit la nervosité de Revy, et déglutit lentement.

« Ta petite-copine s'est frottée à des ennemis très puissants, Revy... Tu es trop jolie pour te retrouver embrigadée dans cette histoire, ces types... Tu n'as pas idée de ce dont ils sont capables, et ils ont une sacrée dent contre Miss Croft. »

Lara ne pouvait en dire davantage en l'état à Revy. Elle ignorait jusqu'à quel point ces mercenaires étaient au courant de l'influence des Trinitaires. Lara avait rencontré cette organisation au Japon, lors de sa toute-première et véritable aventure, sur l'île sauvage d'Himiko. Les Trinitaires étaient à l'origine un ordre monastique religieux, formé lors des croisades chrétiennes à Jérusalem. Son nom était d'ailleurs inspiré de la trinité divine chrétienne : le Père, le Fils, et le Saint-Esprit. D'après ce que Lara avait découvert, l'Ordre de la Trinité s'était fixé pour mission de retrouver le Christ. Certains affirmaient même que c'était là la première raison des croisades. Sous bien des aspects, l'Ordre la Trinité avait été l'ancêtre de l'Inquisition chrétienne, traquant les faux prophètes pour retrouver le Christ réincarné, et ainsi amener la Trinité sur Terre. Les Trinitaires avaient commencé par traquer le Prophète de Constantinople, dont Lara avait retrouvé des traces dans d'antiques registres de la ville de Constantinople.

Cet homme, Lara l'avait rencontré en Russie. Elle avait découvert que le Prophète, s'appelant Jacob, protégeait une peuplade locale dans une région isolée de la Russie, contre des militaires et des criminels locaux œuvrant au nom de la Trinité. Le secret de Jacob, de son immortalité, était lié à un artefact antique, la « Source Divine ». Lara avait ainsi compris que l'objectif de la Trinité était de mettre la main sur cette "Source Divine", qui avait été utilisée par la Reine Himiko pour devenir une sorcière. Suite à la mort de Jacob, la Trinité traquait Lara.

« Ne rendez pas la situation si difficile...
- Vous ne pouvez pas leur faire confiance, ils vont vous tuer.
- Vous avez vraiment trop d'imaginations... Ma chère Revy, je vois dans vos yeux une franche envie de meurtre... Je vous conseille de refréner vos ardeurs, vous êtes cernées, et, au moindre geste de votre part, nous attaquerons votre bateau. Inutile de transformer tout cela en bain de sang, les Trinitaires seront bientôt là. »

Cette dernière révélation glaça le sang de Lara.

« Vous... Ne me dites pas que vous les avez prévenus !
- Bien sûr, ils veulent vous récupérer en personne. Ils devraient d'ailleurs être là d'ici une minute à l'autre... »

Lara devint blême, et se pencha vers le bureau, tapant des deux mains dessus.

« Évacuez ce village, vite! Vous ignorez de quoi ces gens sont capables !
- Je n'ai pas d'ordres à recevoir d'une salope comme vous, Miss Croft ! Ils m'ont déjà fait un acompte, vous savez... »

Lara se redressa, furieuse, cherchant un moyen de rebondir... Quand le plafond explosa.

Dans l'air, un drone venait de tirer un missile sur l'entrepôt, et deux hélicoptères d'assaut se rapprochaient, équipées de mitrailleuses, et commencèrent à faire feu à tout-và.

Les Trinitaires venaient d'arriver !

Qu'importe qui était qui à ce moment-là. La seule chose qui comptait était que Lara s'opposait à une menace et c'est bien le sujet qui importait à Revy. Son job avait commencé dès l'instant où les termes du contrat avaient été arrêtés par Sullivan et Dutch. D'ailleurs, contrat ou pas, dans une situation pareille, elle aurait prit le parti de la britannique gratuitement. Revy détestait les cons, qui plus est, menaçants et misogynes. Elle assimila rapidement les protagonistes de l'histoire mais cette organisation, la Trinité, ne lui disait rien. Lara, au contraire, savait exactement de quoi il s'agissait et son attitude indiquait que c'était un adversaire redoutable. Et à écouter le chef de bande parler, la Trinité était sur le point d'arriver.

Le type était bavard et cela faisait déjà deux fois qu'il ramenait sa gueule auprès de la flingueuse. C'était déjà deux fois de trop mais comme Lara avait pris les choses en main, Revy était restée à l'écart de l'accrochage. Mais là, l'asiatique se foutait clairement de leur gueule et le caractère incontrôlable qui couvait difficilement dans le corps exsangue de la sino-américaine sortit sans prévenir.

"Hey toi! Le fils de pute! Ta bande de connards et ..."

L'instant d'après, le plafond se désagrégeait au-dessus d'eux. Revy n'avait eu que le temps de tourner la tête, reconnaissant le sifflement caractéristique d'une munition propulsée. Elle roula sur le côté, boula et se redressa un genou à terre, arme à l'épaule. Deux coups tirés, la tête d'un des sbires explosa sous les impacts de .223. Acquisition d'une nouvelle cible, l'homme vit la mort se dresser face à lui et s'écroula, le front pulvérisé. Un tour d'horizon à 360 degrés permit à la tueuse de faire un rapide état des lieux. Elle aligna encore un homme alors qu'elle était toujours à la même place puis fit un pas glissé de côté pour éviter la rafale du premier mec qui réussit à la cadrer. L'AR-15 distribuait la mort à une vitesse folle, les détonations étant atténuées par le silencieux de l'arme.la culasse claquait en rythme et Revy dansait dans les ombres et la poussière.

Lara était là et se débrouillait bien aussi. Revy nettoya le périmètre autour de la britannique. Elle était partout, apparaissant et disparaissant dans les nuages de fumées de l'incendie qui se déclarait dans l'entrepôt. Personne ici ne pouvait espérer faire le poids contre elle. Pauvres cons, qu'est-ce qu'ils avaient bien pu espérer?

Quand la culasse de l'arme claqua à vide, elle laissa tomber son chargeur pour en introduire un autre. CLAC CLAC! Elle tira et relâcha le levier d'armement et pointa le fusil face à elle. Elle guettait, observait, chassait ses proies. Elle savait où se trouvait Lara et à aucun moment ne la fit passer dans son axe de tir. Quelque part devant elle, un blessé geignit. En deux pas elle fut sur lui et lui écrasa la trachée d'un coup de talon brutal.

A l'extérieur de l'entrepôt, ce devait être l'horreur. Des hurlements précédaient des coups de feu rapprochés.

Putain ... l'équipe, le bateau ...

Revy espéra que Dutch et les autres aient pu réagir à temps. Au dessus d'elle, un hélico se stabilisa et deux cordes furent jetés dans le vide.

"BANDE DE FILS DE PUTE !!!!!!!!!!!"

Elle leva son fusil d'assaut et mitrailla la carlingue de l'aéronef. Deux corps accrochés aux cordes vinrent s'écraser devant elle. Elle les termina d'une balle en pleine tronche et eut le temps de constater qu'il s'agissait d'un tout autre genre de combattants: bien équipés, en tenue de combat, armes derniers cris, optronique de dernière génération ...
Un cliquetis la fit réagir et elle bondit en arrière tandis qu'une pluie de balles tirée d'en haut pulvérisait le sol à l'endroit où elle se trouvait juste avant. Il ne fallait pas rester là.
Elle arriva derrière la britannique et l'attrapa par le bras. Son visage portait les stigmates de la folie et du combat et elle arborait un sourire de démente.

"On sort de là, on va s' les faire dehors."

Lara émergea des décombres en étant assez sonnée. Elle sentait du sang couler de sa tempe, mais, tandis qu’elle émergeait, la main de Revy empoigna la sienne. Folle furieuse, celle-ci hurlait, vomissant des insultes aux Trinitaires, tout en disant à Lara de se les faire dehors.

« Hein ?! »

L’aventurière avait dû mal entendre ! Elle s’extirpa des décombres, ses oreilles continuant à siffler. Sa vision reprit peu à peu la normale, et elle s’appuya contre un mur. Devant elle, Revy s’élança vers la sortie, et continua à faire feu. Lara secoua la tête, et récupéra ses deux pistolets, deux Colt Mark IV 1911. Elle s’élança vers la sortie, entendant des rafales supplémentaires. Revy tirait sur plusieurs commandos qui répliquaient avec des fusils d’assaut. Elle s’était abritée derrière un muret en pierre, et les balles fusaient autour d’elle. Lara cligna des yeux, et un Trinitaire se tourna vers elle. Lara le nota juste à temps, et retourna s’abriter dans l’entrepôt dévasté. Les balles sifflèrent près d’elle, et l’adrénaline se mit à battre dans ses veines. Elle vérifia ses armes, et l’entrepôt alentour. L’aventurière attrapa une grenade, puis la lança vers les Trinitaires, provoquant une explosion qui lui permit de filer vers Revy.

Elle glissa au sol, filant près d’elle.

« Tu es tarée ou quoi ?! Tu n’es pas pare-balles, il faut foutre le camp ! »

Un hélicoptère tournoyait dans les airs, quand un missile fusa de la base, et le frappa violemment. L’hélicoptère explosa avec violence, et les débris tombèrent autour d’elle. Lara se releva, et fit signe à Revy de courir vers le bateau. Lara s’élança rapidement, rejoignant les quais. Dutch et Sullivan étaient sur place. Sullivan s’occupait du bateau, tandis que Dutch, armé de son fusil à pompe Remington 870, tira sur l’un des gardes, le renversant au sol, et se précipita vers le poste de contrôle. La roquette, elle, émanait du bateau, où Victor Sullivan avait utilisé un lance-roquettes. Lara et Revy se rapprochaient rapidement, et le bateau commença à démarrer, filant par l’ouverture.

Tandis que Lara courait rapidement, les Trinitaires continuaient à les canarder. Une Jeep fila soudain devant elles, et une tourelle s’orienta, pour les mitrailler. Lara bondit sur le côté, filant à travers une porte, débarquant dans une petite maison. Les puissantes balles de la mitrailleuse ne tardèrent pas à tonner, perçant les murs très fins de l’abri, dans des coups assourdissants. Lara se mit à ramper, passant par une sortie à l’arrière, et répliqua, ouvrant le feu sur la Jeep.

Dehors, c'était le même bordel que dans l'entrepôt. Le chaos régnait en maitre. Des cadavres d'innocents hachés par les balles jonchaient le sol, désarticulés. Des incendies se déclaraient dans les quelques paillottes du village. L'odeur âcre de la poudre dominait et piquait les yeux. Revy s'était abritée derrière un muret épais et allumait les trinitaires par des interstices où elle pouvait glisser le canon de son arme. Elle était précise et ses tirs faisaient mouches. Les étuis de cartouches s'amoncelaient autour d'elle mais elle avait encore des chargeurs disponibles.

Les types d'en face n'étaient pas des guignols et ils progressaient en s'appuyant mutuellement. Seulement, ils avaient en face d'eux une mercenaire réputée increvable et particulièrement violente. Elle en plomba encore un de deux pruneaux dans le buffet et les autres se tapirent à l'abri où ils purent. L'explosion d'une grenade termina de les déboussoler et Lara sauta près de la flingueuse.

"Tarée? Pourquoi? Ces pas les meilleurs que j'ai affronté non plus..."

Un des hélicos fut mouché et dans le chaos ambiant, les filles se précipitèrent vers le bateau. Revy devant, fusil à l'épaule, balayant son champ visuel. Elle tirait rapidement, au coup par coup, arrosant leurs adversaires d'un feu continu. Quelques balles fusèrent non loin d'elle. Les tireurs se planquaient et tiraient au hasard, sans vraiment regarder. Dès qu'ils apparaissaient dans la visée holographique de Revy, leur tête explosait sous l'impact de ses 5,56 mm. Les aventurières traversèrent le village rapidement, descendant vers la rivière. Revy fut soulagée d'entendre les détonations sourdes du shotgun de Dutch. C'était une arme effroyable que le grand Black maniait comme un jouet.

Elles étaient poursuivies. Il semblait que le nombre d'adversaires ne tarissent pas. Revy stoppa net et pivota pour mettre un genou à terre.

"Cours au bateau, t'arrête pas!!"

Elle perdit quelques secondes pour arroser leurs arrières et permettre à Lara d'avancer. Les trinitaires continuaient à attaquer malgré leurs pertes. Ils étaient partout et leurs tirs devenaient de plus en plus précis.

"Putain de merde !!!"

Une rafale d'arme lourde perfora l'espace et en se retournant, elle eut juste le temps de voir les jambes de Lara disparaitre dans une paillotte en torchis. Une jeep équipée d'un tourelleau l'avait interceptée. Cet instant de distraction avait suffit pour qu'un trinitaire surgisse sur sa gauche et lui saute dessus. Ils roulèrent dans la poussière, luttant à mort et Revy prit l'avantage après lui avoir enfoncé un pouce dans l'oeil. L'homme était lourd au dessus d'elle. Elle réussit à sortir son Glock de son étui, lui colla dans la bouche en pétant les dents et appuya sur la détente. La tête du soldat explosa comme une tomate trop mûre. La flingueuse le poussa sur le côté, se releva, buta un autre mec à trois mètres et courut vers la jeep. Le tireur à l'arrière, trop occupé à aligner Lara ne la vit pas venir. Elle le tua à bout portant et sauta à l'arrière du véhicule militaire.

"Alors les connards, on s'branle?"

Les deux types à l'avant, la regardèrent, éberlués. Elle était monstrueuse, couverte de sang et de poussière mélangés. Son regard d'hallucinée brillait d'une sombre sauvagerie. Elle braquait sur eux, à quelques dizaines de centimètres, le canon de la mitrailleuse et tira. Les balles de 12,7 les hachèrent. C'était purement dégueulasse. La mercenaire retourna ensuite l'arme contre leurs poursuivants et fit un carnage, vidant en rafale continue le contenu de la boite de munitions adjacente. C'était assourdissant, la jeep tremblait sous les départs de coups et Revy s'accrochait à son arme comme à une bouée salvatrice.

Quand il ne resta rien à tirer, elle sauta du véhicule et à reculons, se dirigea vers le ponton.

"Lara! Arrête de pioncer! On se barre!"

Dutch et Sullivan avaient fait le ménage aux alentours et les gardes gisaient disloqués. La barrière de fortune était ouverte sur la rivière et l'équipage était prêt. Les moteurs de la vedette ronronnait et Revy attendit que Lara passe pour lui emboiter le pas. Leur course faisait trembler les planches du ponton de fortune ...

Fuir, voilà ce qu’elles faisaient ! Bloquée par une Jeep, Lara s’était recroquevillée dans la cabane, et entendit alors des détonations supplémentaires s’accompagnant de hurlements de douleur. Elle courut par une porte arrière, rejoignant un petit jardin encombré de plantes et de détritus, et bondit par-dessus une palissade en bois. Retombant sur le sol, elle vit que Revy avait profité du fait que les servants de la Jeep se focalisaient sur elle pour attaquer à revers le véhicule. Elle utilisa ensuite la tourelle, et mitrailla les mercenaires. Elle abattit les deux devants, qui poussèrent des hurlements, et Revy continua à tirer, faisant trembler sa tourelle, alors même qu’ils étaient déjà morts. Lara put néanmoins voir que d’autres Trinitaires se rapprochaient, et, faisant fi du bruit assourdissant de la mitrailleuse, leur tira dessus avec ses deux pistolets. Elle atteignit un commando à l’épaule, le clouant au sol. Un autre la ciblaz alors avec son fusil d’assaut, et cracha une décharge mortelle. Lara bondit au sol juste avant, et roula sur le côté, s’approchant de la Jeep. Revy sembla alors se rappeler sa présence, et sauta au sol.

Toutefois, avant de la suivre, Lara se dirigea vers le réservoir d’essence, et ouvrit le clapet permettant d’y accéder. Elle récupéra ensuite sur le cadavre du mitrailleur abattu par Revy une grenade, et la fourra dans le réservoir, avant de la décapsuler.

« COURS ! »

Les deux femmes s’élancèrent vers le ponton, et, quelques instants après…

*BOOOOM !!*

Dans une violente, mais non moins impressionnante, explosion, la Jeep se transforma en une boule de feu. La déflagration souffla les Trinitaires, offrant aux deux jeunes femmes le temps nécessaire de rejoindre le ponton. Le bateau avait déjà démarré, et Sullivan utilisait une carabine. Âgé, mais non moins précis, il atteignit en pleine poitrine un commando qui s’était élancé en ciblant Lara. La balle le heurta violemment, le couchant au sol.

« Grouillez-vous, les filles ! »

Les soldats du village offraient également à Lara et à Revy une bonne couverture. Lara bondit sur le pont du bateau, se réceptionna à l’aide d’une roulade, et atterrit contre le bastingage. Sonnée, elle vit ensuite le village s’éloigner, tandis que les détonations continuaient à retentir. Sullivan se rapprocha de Lara, et l’aida à se relever. Sonnée, des traces de sang ici et là, ainsi que des ecchymoses, Lara n’avait fort heureusement que des blessures légères, superficielles.

« PUTAIN ! Mais c’était quoi ce bordel ?!
- De vieilles connaissances… » éluda sommairement Lara.

Elle se rapprocha de Revy, qui était couverte de sang. Lentement, et presque inquiète, Lara posa une main sur son épaule.

« Tu… Tu vas bien ? »

Dutch poussa les gaz à fond et les deux moteurs de la vedette grondèrent sous l'afflux de puissance. le bateau se cabra en décollant presque que l'eau et les hélices tournoyant à pleine vitesse, il s'élança sur la rivière. Des impacts de balles résonnèrent sur la coque métallique alors qu'ils s'éloignaient du poste de contrôle ravagé mais personne ne fut blessé. Revy avait roulé dans une demie cale ouverte et se redressait péniblement. Dutch maintenait une vitesse élevée pour mettre le plus de distances possible entre eux et les trinitaires mais on entendait encore le rotor du deuxième hélicoptère tout proche.

"Ils ont des missiles Dutch, ne file pas en ligne droite et garde nous à couvert!"

"Mouais, plus facile à dire qu'à faire!"

En effet, les trinitaires avaient perdu un appareil. Ils ne prendraient pas le risque de les survoler de trop près et essaieraient de les fumer à distance.

"Tu... Tu vas bien ?"

Lara était là, sa main sur l'épaule de la tueuse. Aussi crasseuse qu'elle, elle avait fait preuve d'un remarquable sang-froid. Elle ne devait pas en être à son premier coup de feu. Revy lui présenta un véritable visage de hyène, encore excitée par l'odeur du sang et de la poudre. Ses yeux étaient ceux d'une psychopathe et son sourire carnassier était effrayant.

"Ouais ... ça va. Je serais bien restée un peu pour les terminer mais il faut qu'on avance."

Elle sortit de sa poche un paquet de clopes tout broyé et s'alluma une tige tordue. Elle tira dessus longuement avant d'exhaler une trainée de fumée âcre.

"Quel bordel!"

Dutch ralentit l'allure et chercha à les faire progresser sous l'épaisse végétation qui bordait la rivière qui se rétrécissait. Ils continuèrent un moment avant que Revy ne lui demande de s'arrêter dans une mangrove peu profonde. Sans gêne, elle retire son haut de treillis et son débardeur, attrapa un seau qu'elle remplit en se penchant par dessus bord, et se le vida sur la tête. Un deuxième suivit et elle utilisa un troisième pour se laver avec un savon que Benny lui envoya. Le pantalon et les boots rejoignirent le reste et elle resta en culotte sur le pont pour se nettoyer. Dutch et Benny ne sourcillèrent pas, surement habitués aux écarts de leur porte-flingues.

"Lara a des choses à nous dire. je précise au passage qu'elle sait utiliser un flingue, y'a pas à chipoter là-dessus. Bravo ma grande, tu m'impressionnes."

La crasse et le sang qui la recouvrait s'épandirent dans les sillons du navire, mélangés à l'eau sale avant de tomber dans la rivière. Revy se sécha et entreprit de nettoyer ses armes en écoutant ce que l'archéologue allait révéler.

"Là, j'ai besoin de savoir qui sont ces connards, quels sont leurs moyens, ce qu'ils veulent et combien ils sont. Dutch, on repartira à la nuit tombée et on naviguera jusqu'à l'aube. Benny, tu resteras devant tes écrans. je veux des rapports sur toute l'activité aérienne, nautique et terrestre autour de nous."

La gestion de la société, c'était pour Dutch. par contre, dès que ça camphrait, c'est Revy qui s'imposait comme reine guerrière.

Ils camouflèrent le bateau, et commencèrent à s’enfoncer dans la jungle. Il était plus que probable que les Trinitaires surveilleraient la rivière, et des pièges étaient bien trop faciles. Lara, avant de répondre aux questions de Revy, attendit que le groupe se soit éloigné de la rive. Alors que le soleil commençait à décliner, ils s’arrêtèrent près d’une grotte, à hauteur d’un karst. Il y avait là tout un réseau de grottes. De manière générale, Roanapur disposait de grottes souterraines très étendues et profondes, qui permettaient le passage des contrebandiers. Toutefois, ces grottes étaient dangereuses. Outre leur aspect labyrinthique, quand les tempêtes s’abattaient, l’eau pouvait vous bloquer. Lara avait encore en mémoire la fameuse opération de sauvetage des douze enfants thaïlandais piégés dans la grotte de Tham Luang, au sein du massif montagneux de Doi Nang Non. La mousson pouvait être terrible.

Ils s’enfoncèrent dans une grotte pour bivouaquer, et Lara commença donc ses explications :

« Ces gens appartiennent à une organisation occulte qui existe depuis plusieurs siècles, l’ordre de la Trinité. C’est… C’est un ancien ordre religieux conçu par l’Église catholique vers la fin du Haut Moyen-Âge pour retrouver le Christ, et par extension pour traquer les faux prophètes. Leur cible a été un certain Jacob, un prophète qui serait apparu à Constantinople.
- Lara… Est-ce qu’on peut éviter le cours d’Histoire ?
- Je ne crois pas, non ! Il me semble l’avoir déjà suffisamment dit, non ? Si on veut comprendre le présent, il faut s’intéresser au passé, car le présent n’est que la conséquence des évènements passés !| »

Victor leva les bras, comme pour faire signe qu’il n’insistait pas. Il sortit ensuite une cigarette, et Lara poursuivit donc ses explications.

« En fait, ce que j’ai découvert, c’est que la Trinité traquait une source d’énergie, qui était à l’origine des facultés de Jacob, qu’on surnommait le Prophète Immortel. Les Trinitaires pensaient que cette source d’énergie était une manifestation du Saint-Esprit. La Source Divine… C’est le nom que l’Église a donné à cet artefact. En retrouvant le Prophète Immortel, les Trinitaires souhaitaient retrouver cet artefact.
- Et quel rapport avec toi ?
- Mes parents ont essayé de retrouver la Source Divine, Victor. Et c’est dans leurs notes de recherche que j’ai trouvé les moyens d’avancer, de mener mes propres recherches. Au Japon, il y avait une femme légendaire, la Reine Himiko… D’après les notes de mes parents, cette femme aurait été en lien avec la Source Divine. Himiko est une figure mythologique, qui aurait été la première Reine du Japon, l’une des femmes de l’Empereur Jinmu, lequel est tout autant légendaire. J’ai rejoint une expédition qui avait pour but de retrouver l’île d’Himiko, Yamatai… J’ai trouvé cette île, mais les Trinitaires étaient là. »

Elle soupira encore, et poursuivit après quelques secondes :

« Les Trinitaires se sont progressivement séparés de l’Église, jusqu’à devenir une organisation indépendante, assez secrète… Une organisation qui dispose de sa propre milice, et de financements importants émanant des gouvernements. Cette milice sévit au Moyen-Orient, dans des zones à risques, pour accomplir des missions complexes et dangereuses. Mais cette milice est le bras armé de la Trinité, et recherche surtout la trace de cet artefact. Ils sont bien armés, disposent d’un équipement de pointe, ultramoderne, et souhaitent me capturer pour des raisons qui me sont encore assez inconnues.
- Ces artefacts qu’on recherche ici… Ce serait la Source Divine ? »

Lara secoua négativement la tête.

« Non… »

Elle se pinça encore les lèvres, les observant encore.

« Connaissez-vous Zaelandia ? »

Victor fronça les sourcils, avant de répondre :

« Le continent englouti ? Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Mes parents s’intéressaient beaucoup à ce concept. Jadis, l’Océan Pacifique abritait un continent… Un continent qui a été englouti. Je poursuis leurs recherches, et je pense que la Source Divine fait partie de plusieurs artefacts émanant de ce continent, et qu’il y en a peut-être un à Roanapur. »

Un silence troublé sembla accueillir la phrase de Lara, qui sembla alors enchaîner à nouveau sur un autre sujet :

« Avez-vous déjà entendu parler du Déluge ? »

La suite du voyage était compromise. Benny fit un état général de la géographie du terrain autour d'eux et il apparut qu'une singularité géologique se situait toute proche de leur localisation. Ils camouflèrent donc la vedette et s'équipèrent pour passer la nuit un peu plus loin dans les terres. Ils marchèrent vite après avoir trouvé un layon dégagé et atteignirent la structure naturelle. Très impressionnant, le chaos pierreux offrait une bonne protection contre tout type d'attaque terrestre. Le temps que le groupe s'installe, Revy fit un tour pour reconnaitre les lieux et placer habilement deux mines Claymore qu'elle pourrait déclencher manuellement si nécessaire. La nuit s'installait et elle alla s'occuper ensuite de ses affaires. Elle trouva une place non loin de l'entrée, un peu surélevée d'où elle pourrait faire un carnage tout en étant protégée si des intrus se présentaient.

Alors que Lara se lançait dans des explications complexes, la mercenaire démonta ses armes pour les nettoyer et le huiler tout en écoutant la britannique attentivement. Revy était une grande gueule, une dure à cuire et une fouteuse de merde mais quand il s'agissait de boulot, elle pouvait la fermer et écouter.

D'ordinaire, les briefings de mission de la Lagoon Company tournait autour des stups, des armes voire d'autres types de livraisons toutes plus illégales les unes que les autres. Là, on changeait du tout au tout et quand Lara parla du Christ, Revy crut avoir mal entendu. Quoi? Le Christ, le Jésus de la bible? Elle échangea avec son équipe un regard sceptique mais bon, ils étaient payés pour un job aussi elle laissa faire. L'histoire était bien ficelée et concordait avec les épreuves de la dernière journée et le carnage au village. Pourquoi pas après tout? Hitler avait bien retourné toute le Moyen-Orient pour retrouver des artefacts "divins".

Sullivan semblait adhérer à l'histoire contée. Le vieux briscard faisait confiance à Lara. Revy termina le nettoyage de ses armes au moment où Lara abordait le Déluge. Sans être une érudite, Revy avait entendu parler de ce passage biblique. Elle s'alluma une clope et s'approcha de Lara.

"Ok... on a compris qu'on est sur un très gros dossier, et qu'on va faire face à une armée de connards surentrainés, surarmés et pleins de pognon. On va s'aventurer titiller l'anus de Jésus ou d'un d'ses potes et on va sortir de l'eau un continent englouti ... juste nous deux c'est ça...?"

Elle déplia des cartes de la région amenées par Benny avant de rigoler.

"Pour un programme, c'est un programme! Moi, ca me va!"

Elle se pencha pour étudier les objectifs du voyage.

"En bateau, on a encore pour une bonne journée de voyage mais ça inclue pas mal de navigation au ralenti à cause de l'état des bras de rivières, et sans compter que l'itinéraire doit être connu de nos nouveaux potes. On a un quad dans la soute de la vedette. On peut suivre une piste forestière, sous réserve que vos trinitaires ne soient pas partout. On irait peut être plus vite pour rejoindre la région des temples qui est ici, assez reculée et à laquelle on ne peut accéder qu'en marchant. Le terrain est très escarpé, barré de ravins vertigineux et de reliefs escarpés. L'avantage est qu'on pourra peut être s'approvisionner en cours de route si on trouve des locaux. Dans les deux cas, le risque d'être décelées est grand. Et marcher d'ici à là-bas est hors de question!"

La mercenaire se tourne ensuite vers Lara.

"C'est toi qui paye. Qu'est ce qu'on fait?"

Lara secoua la tête.

« Non… On ne va pas sortir l’Atlantide de l’eau, Revy… Je ne vais pas vous faire une conférence en la matière, mais il existe une théorie qui se fonde sur l’universalité de certains mythes, dont le Déluge, pour soutenir que l’humanité ne serait pas originaire de l’Afrique, mais d’un autre continent… Un continent qui se trouvait dans le Pacifique, et qui a été englouti. Ce mythe est lié à celui des Trinitaires, car la Source Divine viendrait de ce continent originaire. D’ailleurs, si on extrapole, on peut aussi considérer le mythe du Jardin d’Éden comme une référence à ce continent premier. »

Victor n’était pas si surpris que ça. Lara et Nate en parlaient souvent ensemble, pendant des heures. Nathan Drake était de toute évidence un passionné d’archéologie, et, si Sullivan aimait l’archéologie aussi, c’était avant tout pour des raisons plus pragmatiques. Le vieux briscard les laissait donc parler. Lara apportait à Nathan des connaissances plus académiques, car elle avait fait de hautes études en la matière. La quête de ses parents avait toujours tourné autour de l’Atlantide. Lara avait plus ou moins terminé ses explications, et elle sentait bien que plus d’explications auraient agacé Revy. La femme semblait plus à l’aise avec les explications synthétiques et musclées qu’avec un récit ésotérique. Elle récupéra une carte, et expliqua à Lara que, pour rejoindre les temples, il y avait deux solutions : soit en continuant à descendre le fleuve, soit en passant à travers la jungle. La première solution était plus rapide, mais avec le risque de se faire repérer plus rapidement par les Trinitaires.

Lara avait déjà fait son choix.

« Les Trinitaires ont des drones, ils vont surveiller la rivière. Il nous faut passer par la jungle. »

Victor Sullivan soupira doucement à cette idée.

« S’il y a des autochtones, je pense que je ferai une pause, je serai un poids mort, sinon… »

Lara haussa les épaules.

« Voyager de nuit dans la jungle n’est pas très prudent, on va devoir attendre l’aube… »

Dutch et Sullivan acquiescèrent. Lara se redressa. Elle avait déjà eu l’occasion d’examiner les cartes, mais elle le fit encore, vérifiant elle aussi leur itinéraire… Bien que Lara soit surtout spécialiste du hors piste. Elle se rendait après tout très souvent dans des zones vierges, des endroits isolés où aucune route n’avait été tracée, où aucun sentier n’existait. Il fallait alors se repérer avec les points cardinaux, et vérifier sa trajectoire la nuit avec les étoiles. Lara savait y faire. Elle attendit donc la fin de la soirée, et descendit à l’intérieur du bateau. Il était petit, mais Revy avait sa propre cabine. Lara toqua à la porte de cette dernière, et entra à l’intérieur.

Elle croisa le regard de la femme, et lui parla alors, pensive :

« Je… Je ne voudrais pas qu’il y ait de malentendus entre nous, Revy… Par rapport à… À l’autre nuit… »

Le choix de Lara était des plus logiques. La navigation par voie fluviale était compromise et les possibilités qui s’ouvraient à eux étaient limitées. Le commentaire suivant de Sullivan exposait la suite de l’opération. Revy s’accouda sur la table et examina encore la carte. Si quelqu’un ne les connaissait pas, on aurait pu les prendre, Lara et elle, pour deux sœurs. Presque la même taille, même corps tonique, même queue de cheval et même air déterminé.

"Sullivan a raison, il ne viendra pas et ne ferait que nous ralentir. Benny, t’es super fort devant un ordinateur mais tu vaux rien au combat. Dutch, y’a que toi pour ramener le bateau …"

Elle se redressa pour s’étirer.

"Lara et moi partiront seules à l’aube. Benny, prépare le quad. Dutch, trouve un coin où nous poser."

Contrairement à ce qu’on pense, la jungle n’est pas un endroit si isolé que ça. Les layons y sont nombreux, passages d’illégaux qui traficotent sous le nez même des mafias locales. Jusqu’à un certain point, les filles pourraient progresser assez vite. Après, ce serait la démerde. La réunion se termina sur ces entrefaites et Revy alla préparer le matériel pour le lendemain : paquetage, armes, munitions, eau et nourriture, le minimum pour un raid en jungle. Ensuite, elle rejoignit sa cabine après s’être lavée sur le pont de la vedette à l’aide d’un seau et d’eau claire. La nuit était tombée et l’humidité aussi. Dans une heure, il ferait frais et dans deux, il leur faudrait passer un pull. C’était ainsi en forêt d’Asie du Sud-Est, les contrastes y étaient omniprésents.

Elle était allongée sur la bannette étroite de sa cabine, une clope aux lèvres et ne pensait à rien. Ses yeux vides fixaient le plafond métallique et sa respiration était sereine. Encore une fois, elle avait frôlé la mort et cela ne lui faisait rien. Ni chaud, ni froid. Ce n’était qu’une journée merdique de plus dans sa vie et elle savait qu’un jour prochain, fatalement, elle tomberait sur quelqu’un de plus fort qu’elle. Ça aussi, elle s’en foutait un peu. Qu’est-ce qu’elle avait pour elle dans ce monde ? Son équipe ? Quelques connaissances ? Surtout des tarés comme elle… Revy grimaça et pensa à Lara, une jeune femme aux antipodes de sa condition. Elle était belle, intelligente, riche, connaissait pleins de trucs sur l’histoire, savait utiliser un flingue aussi… Tout le monde n’avait pas la chance de naitre dans de bonnes conditions. Revy n’avait jamais connu sa mère et son vieux la cartonnait dès qu’il était bourré. Elle haussa les épaules et souffla un long trait de fumée.

La porte de sa cabine s’ouvrit et Lara entra après avoir frappé. Revy tourna son visage vers elle, masque éteint et dénué d’émotions.

"Oh… Lara…"

Elle se redressa et fit rouler ses épaules engourdies. Comme toujours, elle portait un top rapiécé trop court et un mini short en jean aussi vieux que le bateau.

"T’inquiète pas, y’a aucun malentendu entre nous. On va pas revenir dessus. Ça a pas matché sur ce coup là, peut-être plus tard. On avait pas mal picolé aussi."

Sous la lumière crue de l’ampoule de la cabine, Lara paraissait sculpturale.

"Tu veux qu’on remette une couche ? Y’a pas mieux que baiser pour faire descendre la pression."

Depuis leur séance d’effeuillage avortée, les deux femmes avaient risqué leur vie. Lara n’avait par ailleurs plus rien à faire, si ce n’est attendre demain matin. Elle avait donc décidé de crever l’abcès, surtout que les deux femmes étaient appelées à se balader seules dans la jungle. Et Lara avait pu constater que Revy n’était pas qu’une grande gueule. Tout à l’heure, dans le village, face aux Trinitaires, elle s’était avérée diablement efficace ! Quand Lara entra, elle vit que Revy était couchée sur son lit, cigarette aux lèvres. La femme se releva brusquement, et sembla un peu surprise de voir Lara, surtout quand l’archéologue lui proposa, avec plus ou moins de subtilités, de faire l’amour. Revy s’était un peu redressée, et Lara referma la porte derrière elle, dans un claquement. Elle se rapprocha de Revy, et, tout en souriant doucement, commença à s’asseoir à califourchon sur elle.

« Et bien, à moins que tu aies autre chose de prévu… »

De la main, elle attrapa la cigarette de Revy, et tira dessus pendant quelques secondes. Elle écrasa ensuite le mégot contre un cendrier, puis se pencha davantage vers Revy, et l’embrassa. Sa main se déplaça pour empoigner ses cheveux, et elle l’embrassa avec appétit. Lara ne faisait guère dans la subtilité, mais elle avait cru comprendre que Revy fonctionnait comme ça. Et, même si elle était d’origine aristocratique anglaise, Lara pouvait aussi se montrer très crue. Elle embrassa donc sa partenaire avec appétit, jouant de sa langue avec la sienne, remuant un peu sur le lit.

« Quand on sera prêtes… »

Lara glissa sa main dans la poche arrière de son minishort, et en sortit une petite fiole rose. Elle la porta entre deux doigts, et la montra à Revy.

« Tu pourras avaler ça, c’est une fiole très particulière. Vu ton corps musclé… Ta morphologie s’adaptera mieux. C’est une fiole d’hermaphrodisme… »

Et, en le disant, Lara sentit ses joues s’empourprer. Elle posa ensuite la gélule sur la table, et recommença à l’embrasser…

A croire que la jungle et l'action étaient bénéfiques à Lara ... Tout était calme autour d'elles. Personne sur le bateau ne bougeait. Les autres devaient se reposer aussi à part Benny qui ne décollait pas de sa console de contrôle. L'archéologue referma la porte derrière elle, donnant une réponse très claire à ce qui allait suivre. Tiens? Elle fumait elle aussi? Sexy la british! Et dominante avec ça? Elle roula une pelle à Revy en lui prenant les cheveux, comme une dominatrice se satisfaisant de sa soumise. Sous elle, Revy la laissa faire, répondant à son baiser par un autre de la même intensité. Leurs langues s'entremêlèrent, partagèrent leur salive, leurs succions tandis que leurs lèvres se verrouillaient, humides et tièdes.

C'est Lara qui la première se redressa, exhibant une fiole au contenu rose. Revy haussa un sourcil. De la dope? Non, apparemment pas. Une fiole d'hermaphrodisme? Pas la moindre idée de ce que c'était mais Lara paraissait enjouée à l'idée qu'elle la boive. Pourquoi pas. Revy n'était pas vraiment versée dans les trucs bizarres mais elle était prête à partager les envies de Lara. Pour la flingueuse, il suffisait que ce soit physique et le reste lui convenait.

"Si tu veux ... maitresse."

Revy avait ses bras collés à son corps, maintenus par les cuisses de Lara qui se montrait très coquine. Et puis, elle l'embrassa à nouveau. Le top de Revy remonta sur sa poitrine exhibant outre ses abdominaux dessinés, de très jolis seins même si de tailles très inférieurs à ceux de son amante. La sino-américaine ondulait, presqu'impatiente. D'habitude, c'est elle qui menait la danse et de se laisser faire l'échauffait pour la suite.

"Enlève moi ce top que je te voie bien."

Les gros nibards de Lara, elle avait envie de les bouffer aussi quand ce fut fait, elle se redressa sans difficulté, repoussant sa partenaire en arrière, et elle plongea son visage ente ces deux masses chaudes et perlant de sueur. La température dans la cabine était à peine supportable et Revy, d'une main poussa un hublot microscopique pour laisser entrer un semblant d'air. Elle s'appliqua ensuite à mordiller les tétons de Lara et la peloter sans vergogne. Mais comment faisait-elle pour tenir debout avec des obus pareils?

Les rôles s'inversèrent quand la sino-américaine fit basculer Lara sous elle. A elle d'être agenouillée au dessus de la britannique. Elle ôta son top également, se contorsionna pour enlever sa culotte et défaire Lara de ce qu'elle portait encore. D'une main, elle saisit les poignets de Lara et les immobilisa contre le battant de la bannette. Ainsi étirée, prisonnière, Lara était superbe. Revy glissa un genoux entre les cuisses de sa victime , remonta haut jusqu'au sentir une vulve brulante.

"Je crois que tu étais déjà prête en entrant ici... Voyons voir ton truc."

D'une pichenette, elle fit sauter le bouchon et avala le contenu rose en une goulée. c'était doux et sucré et elle attendit quelques instants.

"Ca marche pas on dirait..."

Et puis la sensation de chaleur se propagea dans son ventre, descendit plus bas et quelque chose irradia. Revy écarquilla les yeux quand une verge épaisse jaillit de son entrejambe, grossissant rapidement et venant se loger entre les gros seins de Lara.

"Mais c'est quoi cette merde?"

Elle éclata d'un rire primal.

"Ok, je comprends. Ma cliente est une vilaine perverse qui cache bien des secrets."

Elle se pencha sur Lara, un large sourire carnassier affiché sur son visage.

"Donc je vais te sauter Lara. C'est bien ça?"

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