The Multiversity

Toki se tenait immobile à l’entrée du magasin de boissons, ses yeux bleus scrutant le chaos déclenché par Jeannie avec une froideur analytique. Le Kool-Aid Man, une aberration rouge et anthropomorphique, dominait le centre du commerce, son pichet brandi avec une assurance comique, tandis qu’une demi-douzaine de mascottes – Pepsiman scintillant, un sprite de Seven Up pétillant, et autres entités publicitaires absurdes – renversaient des étagères de sodas artisanaux dans un vacarme de verre brisé et de liquide sucré. Les clients fuyaient, hurlant, tandis que Jeannie, chapeau haut de forme de travers et masque décalé, balbutiait des excuses, son énergie chaotique palpable. Toki, dans sa tenue décontractée – jupe marine, chemise blanche, ruban cyan et veste assortie – restait impassible, ses mèches blondes dansant sous la lumière, son halo holographique clignotant en analysant la situation.

« Chaos… non planifié. Menace : basse. Perturbation : élevée, » murmura-t-elle, sa voix monocorde tranchant l’air saturé d’odeurs sucrées. Ses lèvres, marquées par le goût résiduel de la sucette, s’étirèrent en une ligne fine. Elle n’avait pas anticipé de combattre des mascottes animées, mais son entraînement au Lys la rendait prête. Sans un mot, elle activa un mécanisme magique dans son sac noir, un éclat bleuté jaillissant de ses poignets. Des gants de boxe démesurés et bleus, se matérialisèrent, luisant d’une énergie non létale, pulsant d’une aura bleutée qui vibrait dans l’air.

« Neutralisation… en cours, » déclara-t-elle, ses yeux fixant le Kool-Aid Man. Elle bondit, seschassures en cuir glissant sur le sol collant de soda renversé, et décocha un uppercut monumental avec son gant droit. Le coup frappa le torse liquide, l’envoyant s’écraser contre un mur dans un éclaboussement rouge, son « Oh yeah ! » devenant un gargouillement pathétique. Les gants, amplifiés par la technologie du Lys, transformaient la force en douleur incapacitante sans dommages permanents. Elle pivota, sa jupe marine virevoltant, et visa Pepsiman, qui sprintait vers la sortie. Un direct du gauche l’atteignit à la poitrine, le projetant contre une étagère de thés sucrés dans un gémissement métallique. « Menace : neutralisée, » murmura-t-elle, enchaînant les coups. Un crochet envoya le sprite Seven Up dans un frigo, et un uppercut fit voler une mascotte de cola dans un présentoir de bonbons, dispersant des friandises.

Elle se tourna vers Jeannie, ses gants géants scintillant. « Contrôle… ton chaos, » ordonna-t-elle, sa voix basse et tranchante, une lueur d’agacement perçant sa façade stoïque. « Stabilisation… nécessaire. Maintenant. » Elle désigna les mascottes neutralisées, gémissantes ou immobiles, incapables de bouger sous l’effet des gants. « Touche-les. Dissipe. Vite. » Son halo clignota, enregistrant l’incident pour le Lys, tandis qu’elle ajustait son ruban cyan, ses yeux bleus fixant Jeannie avec une intensité froide. « Énergie chaotique… problématique. Solution : discipline. »

Toki resta en position, ses gants prêts, surveillant les environs. La panique s’estompait, mais elle anticipait une possible intervention policière. « Boissons… après, » murmura-t-elle, une promesse pragmatique teintée d’une patience rare. « Résous ça. Puis… sucré. » Sous sa froideur, une curiosité discrète persistait – non pour le chaos, mais pour la capacité de Jeannie à le maîtriser. Elle ajusta sa chemise, ses mèches blondes frôlant ses épaules, et calcula mentalement le temps nécessaire pour stabiliser la situation, son regard toujours alerte, prête à frapper si une nouvelle menace surgissait.

Alors apparemment oui, elle est parfaitement capable de faire de la neutralisation non létale. Ce qui sert merveilleusement bien nos intérêts en ce moment parce que sinon les choses auraient vite été compliquées voire très compliquées. Je suis peut-être chaotique par nature mais chaotique et destruction sont deux choses très différentes Malheureusement, à cause de la pop culture, entre autres, les gens ne font souvent pas la différence. J’espère que Toki en est capable. Je dirais que oui. Quelqu’un de froid et analytique comme elle ne sauterait pas à des conclusions hâtives… Donc j’ai peut-être une chance de montrer que je ne suis pas dangereuse malgré le chaos que je peux générer. Je touche chacune des mascottes et elles disparaissent sans causer davantage de problème et d’un claquement de doigts, j’ai non seulement tout réparé mais…

J’ai altéré la réalité comme si rien ne s’était jamais passé. Toki s’en souvient car je ne veux pas jouer avec sa mémoire. Mais autour de nous, c’est comme si rien ne s’était jamais produit. C’est toujours… Compliqué… La manipulation de la réalité. Si le multivers s’y oppose, c’est mort. Là, c’est très mineur… On parle de moins de cinq minutes dans le temps à une échelle très restreinte… Je ne m’attendais pas à de l’opposition. Voilà. Sous contrôle de nouveau. Chaos ne veut pas dire non plus indiscipline. Ironiquement, il faut beaucoup… D’ordre… Pour avoir le vrai Chaos. C majuscule. Pas petit c que tout le monde peut faire. Je parle de la source primordiale, de cette force transcendante. Mais bref. Ce n’est pas le temps de discuter de tout ça… Pas quand il y a du sucre en jeu. Toki ne semble pas trop fâchée après moi… Et comme il n’y aura pas de complication… Voilà…

« Désolée… C’est… Difficile de toujours rester concentrée, de toujours garder le contrôle sur quelque chose d’extrêmement volatile par nature… Mais c’est réglé, heureusement. Je vais faire attention à ne pas éternuer à nouveau. Tout ce qu’il faut c’est une petite faille dans la concentration… C’est triste à dire mais je suis facilement excitable et donc c’est toujours plus compliqué de rester concentrée dans ces moments-là…

Bref. Bref. C’était plutôt cartoonesque ces énormes gants de boxe. Amusant à regarder en tout cas. Considérant ce que tu projettes comme personnalité, je me serais attendu à quelque chose de plus… Terre à terre? Discret? Ce n’est pas une critique, hein. Plutôt une agréable surprise. Tu les as créés sur commande pour l’occasion ou bien cela fait partie de ton arsenal conventionnel? Désolée, je suis très curieuse de nature donc… »

Elle répond si elle veut, elle ne répond pas si elle ne veut pas… Je ne vais pas la forcer à aborder quelque chose qu’elle ne veut pas aborder. Je n’ai pas l’impression que ce soit un sujet sensible mais on ne sait jamais. S’il y a bien une chose que j’ai apprise, c’est de ne jamais sauter aux conclusions trop vite. Peut-être que Toki est comme un Mini Wheats. Un côté givré et sucré derrière le côté sévère… Je n’ai pas déjà fait cette observation au fait? Hum… Peut-être dans une réalité alternative… J’ai l’impression d’avoir déjà dit ça… Peu importe. C’est la coutume, non, de discuter autour d’un verre? Le nôtre n’est pas alcoolisé mais je ne pense pas que ce soit un prérequis… Et de toute façon si je devais boire de l’alcool, je modifierais la réalité pour en faire quelque chose de non alcoolisé. Je n’aime ni le goût ni l’odeur de ce genre de breuvage donc…

Toki resta silencieuse un moment, ses yeux bleus scrutant Jeannie avec une intensité glaciale, comme si elle disséquait chaque mot et chaque geste de la djinn. L’air autour d’elles était lourd, encore imprégné de l’écho du chaos qu’elle avait maîtrisé en un claquement de doigts. Les gants de boxe géants, les mascottes déchaînées, tout cela avait disparu, laissant la pièce intacte comme si rien ne s’était passé. Pourtant, une pointe de suspicion s’insinua dans son esprit analytique, troublant son calme habituel. « Intéressant… » murmura-t-elle enfin, sa voix basse et tranchante coupant l’air comme une lame. « Ton pouvoir est imprévisible, Jeannie. Mais ne te méprends pas, je ne suis pas ici pour juger ton chaos. Tant qu’il ne compromet pas ma mission, je m’en accommode. »

Elle posa une main sur la crosse de son arme non létale cachée, près d'elle, un réflexe ancré par des années de discipline. « Ces gants de boxe… Ils font partie de mon arsenal standard, conçus pour des situations où la dissuasion brute est nécessaire. Pas une improvisation, mais une réponse calibrée à ton éclat chaotique. » Un léger sourire, presque imperceptible, passa sur ses lèvres, brisant un instant son masque impassible. « Une agréable surprise, dis-tu ? Peut-être. Mais ne sous-estime pas ma capacité à rester terre-à-terre, même dans le délire que tu sèmes. »

Soudain, un bruit sec résonna à l’extérieur de la pièce, un craquement de verre, suivi d’un murmure étouffé. Toki se redressa d’un bond, ses rubans bleus claquant dans l’air alors qu’elle saisissait son arme, son corps tendu comme un ressort. « Reste ici, » ordonna-t-elle à Jeannie, sa voix devenant un murmure autoritaire. Elle s’approcha de la fenêtre, ses chaussures silencieuses sur le sol, et jeta un coup d’œil prudent. Une ombre furtive glissa le long du mur extérieur, suivie d’une seconde, des mascottes armées, leurs mouvements trahissant une intention hostile. « Des mercenaires… Ils ont retrouvé notre trace, » murmura-t-elle, son esprit calculant déjà les trajectoires et les angles d’attaque.

Sans attendre, elle ouvrit la porte d’un geste sec et s’élança dans le couloir, son arme crachant une salve de balles à blanc alors qu’un assaillant surgissait d’un coin sombre. La balle frappa la mascotte à la poitrine, le faisant s’effondrer avec un cri étouffé, son arme glissant au sol. Une deuxième mascotte apparut, brandissant un couteau, mais Toki esquiva avec une grâce fluide, ses rubans s’enroulant brièvement autour de son poignet pour le désarmer avant de lui asséner un coup précis à la tempe avec la crosse de son arme. Il s’écroula, inconscient, tandis qu’un tir retentit derrière elle, une balle réelle cette fois, qui ricocha contre le mur à quelques centimètres de sa tête.

Toki plongea derrière une colonne, son souffle régulier malgré l’urgence. « Jeannie, si tu peux faire quelque chose sans tout transformer en cartoon, maintenant serait le moment ! » lança-t-elle, sa voix teintée d’une urgence contenue. Elle risqua un regard, repérant un tireur embusqué près de l’escalier, son pistolet encore fumant. D’un mouvement calculé, elle tira une nouvelle salve, touchant la mascotte au bras, le forçant à lâcher son arme dans un hurlement. Mais l’intrigue s’épaississait, ces mascottess n’étaient pas des amateurs, et leur coordination suggérait une intelligence derrière cette attaque. Toki plissa les yeux, son esprit tournant à plein régime. Qui orchestrait cela, et pourquoi maintenant, alors que la mission semblait sous contrôle ? Elle se prépara à contre-attaquer, son regard glacial balayant les ombres, prête à protéger sa mission à tout prix.

Les ombres s’étiraient sous les lumières, mais Toki restait un roc de glace, inébranlable face au chaos. Son arme non létale, blanche et luisante sous la lumière, cracha ses salves avec une précision chirurgicale, chaque mouvement calculé avec froideur. Le tireur embusqué près de l’escalier s’effondra dans un hurlement, son bras tordu par la douleur, son pistolet glissant au sol dans un claquement métallique. Une autre silhouette surgit des ténèbres, brandissant une arme blanche devenue inutile, transformée en jouet par une intervention extérieure. Toki esquiva avec une fluidité inhumaine, sa jupe marine ondulant autour de ses jambes, son ruban cyan frémissant comme un éclat de ciel dans la pénombre. D’un coup sec de la crosse à la tempe, l’assaillant s’écroula, inconscient, son grognement s’éteignant rapidement. Une troisième mascotte tenta une attaque par derrière, Toki pivota avec agilité, frappa le genou avec une précision brutale, et une balle à blanc à l’épaule cloua l’ennemi au sol, gémissant de douleur. Le silence retomba, lourd, brisé seulement par les râles étouffés des vaincus et le bourdonnement intermittent des néons.

Toki balaya la scène d’un regard d’acier, ses yeux bleus froids scrutant chaque recoin sans trahir la moindre émotion. Pas de menace immédiate. Elle s’approcha des corps immobiles, glissant une main dans son sac noir pour en sortir des liens de polymère renforcé, outils standards du Lys conçus pour neutraliser sans tuer. Avec des gestes mécaniques et implacables, elle attacha poignets et chevilles, ignorant les gémissements faibles qui s’élevaient encore. Elle traîna les mascottes, une par une, dans une ruelle sombre adjacente, où les ombres les engloutirent comme un linceul. Un clic discret dans son oreillette alerta l’équipe d’extraction du Lys, un signal silencieux mais efficace. « Extradition, » murmura-t-elle, sa voix tranchante comme une lame, portant une promesse implicite de justice à venir.

Elle revint vers le commerce, ses pas assurés résonnant sur le bitume, chaque claquement de ses chaussures marquant son retour au calme. Jeannie l’attendait, son champ de force scintillant comme une barrière protectrice dans la nuit. Toki inclina légèrement la tête, son ruban cyan effleurant son menton dans un geste rare de respect. « Merci, encore » dit-elle, sa voix basse et mesurée, un mot simple mais chargé de reconnaissance. Elle activa un programme gynoïde avec un geste discret, un bip léger résonnant dans l’air. Tout redevint normal en un instant, le sol retrouva son éclat intact, les vitrines brillèrent comme neuves, le calme enveloppa la rue, comme si le tumulte n’avait jamais existé.

Toki entra dans le magasin de boissons, son regard perçant balayant l’intérieur avec une intensité froide. « Prends ce que tu veux, » ordonna-t-elle, un geste sec de la main indiquant les rayons remplis de boissons sucrées et gazeuses. « Je paie. » Elle tourna la tête, menton levé dans une posture autoritaire, et ajouta : « Spot tranquille. Boire. Après achat. » L’idée d’un refuge loin des ombres s’imposa dans son esprit, un endroit discret, où la paix pourrait enfin s’installer. Sa tenue, intacte malgré l’action, mettait en valeur ses formes, même discrètes.

C’est bon? Le danger est passé? Vraiment, cette journée est terriblement mouvementée, ce n’est pas bon pour mon cœur…En fait c’est complètement faux parce qu’il faudrait beaucoup plus pour affecter mon cœur mais c’est le principe. Toki a amené beaucoup trop d’action dans ma vie par rapport à d’habitude et je me demande comment elle fait pour rester si calme! Ce doit être terriblement stressant, à force… Mais bon. Tout le monde est sain et sauf mais moi je commence à être fatiguée. Je ne suis pas faite pour le combat! Je fais apparaitre un chiffon et je m’éponge le front avec. Vraiment… Je ne comprends pas ce qui se passe et pourquoi on continue de nous courir après… Et le pire dans tout cela c’est que le proverbe dit : Jamais deux sans trois. Ce qui suggère qu’il y aura une troisième attaque. Oh j’espère tellement que non! Faites que non s’il vous plait!

Je consulte le menu avec attention. Je décide de prendre trois choses : un verre d’eau avec de la glace. Quelque chose à boire qui soit chaud et un autre qui soit froid. Je laisse le choix à la discrétion du « chef ». Après tout, il connait mieux son menu que moi, d’une part, et d’autre part je me demande s’il est un bon juge des goûts de sa clientèle. J’ai déjà été dans un restaurant où le cuisinier vient à votre table, il vous observe pendant une bonne minute puis il retourne en cuisine et il prépare un plat pour vous en fonction de votre humeur du moment, en plus. Et je dois dire que je ne l’ai jamais vu se tromper. Peut-être que ce commerçant a le même genre de talent, qui sait… Ce qui est certain c’est que toute cette agitation est en train de me rendre parano. Je regarde partout m’attendant à… À… À voir une énième mascotte débarquer… Quelle désagréable sensation. Je déteste. Vraiment.

Moi qui suis habituée à quelque chose de tranquille et d’espiègle. À faire des farces, à profiter de la vie… Des plans à avoir des cheveux blancs… Et je ne suis pas SI vieille que ça. Plusieurs millénaires, oui, mais je ne pense pas être la plus vieille des divinités non plus… Je ne suis certainement pas la plus vieille du lot, ça je le sais. Quand la commande arrive, je manque de sauter en bas de ma chaise tellement j’étais perdue dans mes pensées. Je regarde nerveusement Toki, me demandant comment aborder ce que je vais aborder… Ce n’est pas tant que je veux qu’elle s’en aille, oh non. Je veux que les problèmes qui semblent graviter autour d’elle s’en aillent, c’est complètement différent. Sa compagnie n’est pas désagréable. Pas très bavarde, d’accord, mais je peux facilement parler pour deux, vous n’avez pas à vous en faire sur ce point. Un vrai moulin à paroles!

« Toki, sans vouloir être impolie… On ne peut pas aller quelque part où ces mascottes débiles ne vont pas nous courir après? Je ne suis absolument pas du genre à aimer la violence et ce genre de stress donc j’aimerais autant éviter si possible. Et comme on dit jamais deux sans trois, je ne serai jamais capable d’apprécier ce que je bois si je crains de voir débarquer de nulle part de nouveaux ennemis… Que c’est désagréable…

Comment fais-tu pour rester si calme avec des gens qui en veulent à ta vie? Ça ne te stresse pas le moins du monde? Rendu là ce ne sont plus des nerfs d’acier, ils sont en titane ou je ne sais trop… Et en plus, à moins de faire erreur… Nous n’avons pas encore affronté le boss. Dans une logique de jeu vidéo, dans un RPG, après deux vagues d’ennemis plus faibles, le boss finit toujours par débarquer et c’est toujours un coriace… »

Les yeux bleus de Toki balayaient Jeannie avec une froideur calculée. Cette dernière semblait agitée, ses mots s’entremêlant dans un flot nerveux que Toki percevait sans vraiment y répondre. La gynoïde tourna légèrement la tête vers elle, ses rubans bleu clair frémissant avec l'air, et brisa son silence avec une efficacité mesurée.

« Une boisson gazeuse fraîche, couleur schtroumpf, bien chimique, » ordonna-t-elle d’une voix monocorde, adressant sa commande au serveur avec un geste discret de la main. Ses lèvres s’entrouvrirent à peine, mais l’ordre était clair, quelque chose de vif, pétillant, pour rafraîchir ses circuits après l’effort du combat. Une sueur artificielle perlait sur sa peau synthétique, un rappel de son corps gynoïde conçu pour exceller dans les affrontements. « Je suis habituée, » ajouta-t-elle, ses yeux croisant brièvement ceux de Jeannie, sans chaleur ni émotion superflue. « Les missions sont mon domaine. Ce n’est pas comme si je pouvais mourir. Ma technologie futuriste me rend la meilleure combattante possible. » Sa voix resta plate, un ton kudere qui ne laissait aucune place au doute, reflétant son caractère forgé dans le silence et l’efficacité. La mort n’était qu’une abstraction pour une unité comme elle, un concept que ses créateurs avaient éliminé de ses paramètres.

Jeannie continuait de parler, ses craintes s’échappant comme un torrent, et Toki l’écoutait avec une attention distante, ses processeurs analysant ses paroles sans s’impliquer émotionnellement. Elle redoutait une troisième attaque, un « boss » dans sa logique de jeu vidéo, et son inconfort face à la violence était palpable. Toki resta immobile, ses chaussures noires ancrées au sol, sa jupe marine impeccable malgré le chaos récent. Puis, une idée germa dans son esprit logique. « Ces mascottes et ce stress ne sont pas nécessaires, » murmura-t-elle, son regard se posant sur l’intérieur du magasin. Ses senseurs détectèrent une porte futuriste, discrète mais prometteuse, encastrée dans un mur orné de motifs high-tech, ses contours luminescents suggérant une technologie avancée compatible avec le Lys.

Toki s’y avança après avoir reçu sa commande, ses talons claquant avec une régularité mécanique, et ouvrit la porte d’un geste fluide. Un éclat de lumière blanche envahit l’espace, et elles furent transportées sur le sommet d’un immeuble de New York, un panorama urbain s’étendant sous leurs yeux. Le vent était plus fort ici, fouettant ses rubans et soulevant les cheveux de Jeannie, mais l’atmosphère était calme, loin des ruelles tumultueuses. Toki se tourna vers elle, son expression inchangée, ses yeux bleus reflétant la lueur des néons. « Ici, pas d’ennemis. Pas de chaos. Juste la ville. » Sa voix resta froide, mais une pointe d’intention perçait dans ses mots, une invitation implicite à se détendre.

Toki s’assit sur le rebord, ses jambes croisées avec une grâce calculée, sa jupe marine frémissant légèrement. Elle commença à déguster sa boisson schtroumpf, son contenu bleu vif pétillant dans un verre givré, et elle la prit sans un mot, buvant une gorgée pour stabiliser ses systèmes. « Les nerfs en titane ? Peut-être. Mais c’est ma programmation. Je ne ressens pas le stress comme toi. » Son regard se posa à nouveau sur Jeannie, analysant sa réaction. « Si un boss arrive, je l’éliminerai. Pour l’instant, profite de cet endroit. » Elle tapota le béton à côté d’elle, un geste rare de sa part, suggérant une proximité que Jeannie pouvait choisir d’accepter. Le Lys l’avait formée pour protéger, et si cela incluait un moment de paix pour elle, Toki s’exécuterait avec la même précision que dans le combat.

« Oh non, si un boss se pointe, je m’énerve et je le fais disparaitre en un claquement de doigts! Je ne suis pas faite et ne serai jamais faite pour le combat ou l’action. Un moment de paix sur ce toit me fera certainement plaisir, oui et… ET! J’ai une super idée! Je sais où tous ces guignols ne pourront jamais nous trouver! À un endroit dont ils ignorent l’existence, un endroit qui n’est pas dans votre dimension! Bien sûr!

Pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt? Je t’amène chez moi! Dans ma bulle dimensionnelle! C’est privé et à l’épreuve des intrusions. S’ils veulent se frotter à une déesse au summum de son pouvoir… Je leur souhaite bien du plaisir! Et puis du reste, ça me fait plaisir. Par contre, tu vas perdre contact avec Le Lys, c’est ça? Comme je viens de le dire, c’est privé, isolé et à l’épreuve des intrusions. Je ne veux pas qu’on puisse me traquer. »

Je ne donne pas vraiment le choix à Toki, en fait. Je lui prends la main, un portail apparait et hop! Vous allez me dire : mais enfin, Jeannie, ce n’est pas très gentil de prendre une initiative sans lui laisser la possibilité d’en placer une! Je sais mais vous me connaissez, je suis si facilement excitable alors avoir une visiteuse chez moi… C’est un événement rare et je confesse que j’ai envie de montrer un peu ce que je sais faire au lieu de toujours réagir à ce qu’elle me fait subir, involontairement, avec toutes ces mascottes débiles et autres. Et comme dit, c’est ma bulle dimensionnelle. Personne n’y entre sans ma permission. C’est facile à oublier et j’aimerais le rappeler pour la forme. Je suis une déesse. Je ne suis pas une simple demoiselle en détresse dépassée par les événements. Alors j’ai parfaitement les moyens de me protéger et de repousser les intrus, purement et simplement.

Toki se retrouve donc dans un monde extrêmement coloré et… Sucré? C’est ce que j’utiliserais pour le décrire. On ne peut certainement pas penser à de la violence. C’est un monde qui a l’air un poil… Cartoon… Car c’est ma lubie du moment et je peux changer le « décor » ici à ma guise. La machine pensante en face de moi peut scanner autant qu’elle veut, ici il n’y a aucun danger, aucune menace, c’est une bulle dimensionnelle tranquille et sans tracas. Ah comme j’aime me réfugier où il fait toujours beau et où il fait soleil pour aussi longtemps que je le désire… Un monde parfait, idyllique, même… Et c’est ainsi que je l’aime. Mais enfin, Jeannie, ce n’est pas sain, direz-vous. Et qu’est-ce que vous savez des divinités, au juste, simples mortels que vous êtes? C’est bien ce que je pensais. Alors chut et laissez-moi apprécier ce que j’ai sans autre forme d’interruption.

« Bienvenue chez moi! Si tu as envie de quoi que ce soit, fais-moi signe et je le ferai apparaitre. Ici, la réalité se conforme à mes désirs. Alors vraiment, si tu as envie de quelque chose, tu ne te gênes pas. C’est rare que j’ai de la visite, j’espère que c’est présentable… Je sais, je sais, j’ai agi avec impulsivité, qu’est-ce que j’y peux, je suis comme ça, ha ha ha! Mais bon, sans me lancer des fleurs, je dirais que je suis… Hum…

Une déesse sympa! Voilà? Au fait, tu en connais beaucoup des déesses? Il y a des divinités dans Le Lys? Ou ce sont tous des super robots badass comme toi qui n’ont peur de rien? Désolée, désolée, peut-être que c’est top secret et… ET!? Tu ne vas pas me tuer parce que j’en sais trop, hein? Ou était-ce parce que je n’en ignore pas assez? Je dirais que ça revient pas mal au même, non? Hum… Excellente question. Je disais quoi déjà? J’ai tendance à me perdre dans mes pensées… »