(bruitages et gestuels de l’acte ; petits cris et coups contre la table ; Marischka-Alma s’en fiche, le monde extérieur à cette table n’est plus)
« Et soudain : BOUM ! Comme une putain de pinata ?! »
Marischka-Alma reste la bouche ouverte. Elle imagine la scène. Shayne en position de levrette. Puis soudain, la bite du Prince Roméo qui explose comme un ballon de baudruche trop gonflé !
« AH AH AH ! Bien fait pour sa gueule à lui ! AH AH AH ! »
Retour à son assiette. Celle-ci se termine. Il ne reste plus qu’une petite mare de sauce rouge là où se trouvait un demi-kilo de viande. Marischka-Alma se saisit de la bouteille et ne parvient à verser qu’un petit filet carmin dedans. Elle lève alors la bouteille, interpellant trop fort le serveur pour en demander « une autre ! ».
Shayne reprend alors la parole. Lui promettant monts et merveilles. Enfin, plutôt repas copieux et toit au-dessus de sa tête. Il faut un moment au cerveau de Marischka-Alma pour comprendre. Une maison pour elle. C’est bizarre. Quand elle était chez elle, dans cet autre monde qui est le sien, elle avait une maison. Un bâtiment où elle croisait parfois Poison Ivy et Colossus. Mais en y réfléchissant, ça ne lui a jamais paru une « maison » dans le sens où ce devait être un endroit où la famille se réunit, vit ensemble, partage des moments. Non, Marischka ne sait pas vraiment ce qu’est une maison. Par contre, elle en a connu beaucoup des bâtiments, des pièces, des lits de fortune. Même des nuits à la belle étoile en pleine nature ou en plein milieu de chantiers de construction.
Alors son cerveau décide de répondre à la question la plus surmontable.
« Je dirais plutôt moto. Une voiture, ça me parait trop gros. Trop lourd. Pas assez maniable. J’aime bien la liberté et la vitesse qu’offre une moto. Alors, ouais, une moto. Merci, serveur pour la bouteille ! A tout à l’heure ! Et, ah, avant que j’oublie, tu devrais retirer ce truc que tu as dans le cul. Tu marches bizarrement et tu tires la tronche depuis tout à l’heure. C’est pas terrible. »
Elle finit sa pique par un clin d’œil avant de revenir à Shayne (tout en faisant un arrêt au remplissage en bonne et du forme de son petit verre ballon qu’elle commence à trouver « mignon »)
« Une maison donc ?... »
Marischka-Alma est perdue. Elle ne sait pas trop comment réagir à ça. En fait, elle ne sait pas quoi répondre. Shayne attend quoi d’elle.
« Euh… D’accord ? »
Non, ça parait léger ça. Alors quoi d’autre ?
« J’avoue que j’ai du mal à me projeter dans une maison qui serait la mienne. Et, si j’ai d’autres besoins, tu seras aussi là pour les combler ? Que ce soit parce que je suis blessée ? Parce que ma tête déconne et que je me mets à pleurer, à vouloir me faire du mal ou des conneries de ce genre ? Tu seras tout le temps là ? Que ce soit pour des besoins sexuels, émotifs et tous les autres ? Je… je comprends pas. »
Marischka-Alma se met à trembler. L’émotion la submerge. Le bon repas et l’alcool mélangé à son sang ont détruit ses barrières. Ses émotions, son vrai-être est à fleur de peau.
« Je crois que je vais pleurer. Je crois que je suis heureuse. Enfin, je veux dire si tu ne me mens pas. Parce que si tout ça est vrai alors, comment dire ? C’est gênant, je crois. Mais je crois que ce que tu m’offres, c’est ce qu’aurait dû m’offrir mes parents, non ? »