The Multiversity

Même si elle le voulait, il lui serait impossible de rester mécontente. Impossible d’être « noir » quand Liliane est si proche d’elle. L’intimité explose ses capacités de raisonnement. Elle n’est plus que sensations. Complète attention pour la seule personne dans le multivers qui compte. Une sorte de… mouton ? Peut-être. Mais dans ce cas, c’est le mouton personnel du soleil qui éclaire et réchauffe l’intégralité de toutes les vies.

Du coup, elle se fiche que les gens voient la scène. En fait, après le coup de téléphone de Shayne, elle aurait presque envie de concocter des plans (forcément machiavéliques, ils ne peuvent pas être ordinaires, c’est Alma !) pour que les gens les regardent, les prennent en photos, les filment, commentent et plus encore. Mais, une nouvelle fois, impossible de réfléchir quand Liliane est si proche. Si… hypnotisante.

« S’amuser, c’est bien. D’accord. Mais je persiste à penser que si on participe à une compétition, il faut gagner. Rien que l’idée qu’on puisse perdre change l’état d’esprit. C’est comme… c’est comme l’histoire du lapin et du renard, je crois. Les deux courent vite. Mais il y en a qui court pour sa vie et l’autre pour un repas. Si le premier perd : il meurt. Si le deuxième perd : il aura… faim. »

Mouais. Pas sur qu’Alma parvienne à aller bien loin avec son histoire de sport olympique inter-animaux.

« Bref. Toi tu auras mangé de toute façon. Enfin, je veux dire. En fait, je ne sais plus ce que je veux dire. Je crois que… ça importe peu. »

Bien sur que ça importe peu. Liliane sur ses genoux. Des baisers goût de glace. Comment une compétition de plage pourrait-elle être plus importante ?

« Et donc… tu as déjà pris des photos ? »

Alma a bien vu que la petite molette ne pointant plus en direction du nombre 27. Peu lui importe qu’elle en est prise une, ou cinq ou vingt. Ce qui intrigue le plus Alma, c’est : quand ? Quand Liliane a-t-elle bien pu prendre ces photos ? Elles ne se sont pas lâchées. Et… peut-être le pire dans l’histoire : comment se fait-il qu’elle n’est pas « ressenti » la visée de l’appareil sur elle ? Est-ce que son instinct de survie perd en puissance… en vacances ?

*Est-ce que je dois m’inquiéter ? Ou… est-ce que je devrais être contente de savoir que je… en sécurité avec Liliane ? Suffisamment « relax » pour ne pas avoir les nerfs à fleur de peau ? J’en sais rien. *

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« Mon roseau, si tu penses que je pourrais accorder de l’importance à une vulgaire compétition, c’est que tu n’as pas encore tout à fait compris comment je pense. Que je gagne ou que je perde, je gagne quand même. Un prix qu’aucune compétition ne peut me donner. Qui ne s’achète pas. Toi, mon roseau. Tu seras fière de moi même si je perds. Tu seras avec moi même si je perds. Ta présence rassurante sera là.

Quand je suis avec toi, je sais que rien ne peut m’atteindre. Est-ce qu’un titre de reine de la plage va me donner ça? Non. Quand je suis avec toi, je ne suis pas seule. J’ai ton amour sincère. Est-ce qu’avoir été la plus belle en bikini va me donner ça? Non. Quand je suis avec toi, je me sens précieuse. Désirée. Je sens que je peux faire quelque chose de bien. Et cela, Alma, ce n’est pas un vulgaire concours de bikini qui saurait me l’offrir, non.

Si je perds, je sais que tu seras là pour me serrer dans tes bras et me réconforter quand je descendrai de la scène. Si je gagne, je me jetterai dans tes bras depuis la scène et nous nous embrasserons avec amour et passion pour célébrer ma victoire. Pour faire des jaloux. Pour montrer que tu as quelque chose qu’ils n’auront jamais. Pour gonfler ton cœur d’orgueil et de fierté. Maintenant dis-moi, est-ce si important de gagner le concours? »

Nouveau baiser chocolaté. Plus passionné, plus… Osé. Le genre de baiser presque indécent. Décadent. Qui serait capable de réveiller la libido dormante d’Alma.  Liliane ne dit pas ce qu’elle dit pour jouer d’Alma comme d’un instrument de musique, non. Elle a dit tout cela car c’est ce qu’elle croit. Telle est la force de sa conviction. Les mots. Alma a toujours été une femme d’action. Les mots sont de piètres armes quand le danger est omniprésent. Oui, les mots peuvent blesser. Mais là d’où vient Alma, jamais plus que des poings ou une arme. Mais ici, sur ce monde considérablement plus paisible, les mots ont beaucoup plus d’impact. Quand vous avez du temps pour réfléchir, les mots sont dangereux. Enfin. Peuvent être dangereux. Liliane n’est pas et ne sera jamais une combattante. Elle a un pouvoir plus utilitaire qu’autre chose et ses paroles pour se défendre.

En quelque part, ce n’est pas surprenant qu’Alma soit si vulnérable face à Liliane. Jamais elle n’a vraiment affronté ce type d’arsenal. Jamais elle n’a vraiment pu s’arrêter et réfléchir. Liliane est entrée dans sa vie pas en détruisant tout sur son passage, non, loin de là. En s’infiltrant par les failles dans l’armure d’Alma et en s’attaquant à son cœur meurtri et vulnérable. En mettant du baume sur son esprit tourmenté. Liliane est considérablement plus dangereuse qu’Alma. Enfin. Pourrait l’être. Car la blonde pourrait faire faire ce qu’elle veut à Alma, quand on y pense. Ou presque. Mais la possibilité existe. Alma peut se protéger contre les attaques qu’elle voit. Mais des phéromones et des mots pleins de miel? La chaleur et la radiance de Liliane? Son charisme et son attitude si positive et lumineuse? Ma fille adoptive n’avait pas la moindre chance. Mais est-elle à plaindre?

« Et pour ce qui est des photos, Alma, tu es habituée à réagir aux menaces. Pas à un objectif pointé sur toi par la personne que tu aimes et qui t’aime en retour. Est-ce que tu t’es aperçu que je nous ai prises en photo lorsque je t’ai embrassé il y a quelques instants? Le deuxième baiser chocolaté, pas le premier. Tu n’as pas besoin de me voir agir pour que j’agisse. Et ça garde la surprise. Tu ne sais pas ce qui sera développé. Le mystère ne fait-il pas partie du plaisir de la chose? »

Les trois premiers paragraphes du discours de Liliane ont l’effet d’une bombe nucléaire chez Alma : dévastateurs. Alma n’y connait rien à l’amour. Elle expérimente à chaque minute passée avec Liliane. En réalité, elle n’est même pas sûre d’éprouver de l’amour pour Liliane. Elle n’a pas d’expérience passée pour comparer. Elle ne sait de quoi est fait l’amour contrairement au fait qu’elle pourrait désosser un fusil à canon scié et en comprendre tous les mécanismes.

Pourtant, il apparait que ces trois premiers paragraphes ressemblent à une déclaration d’amour. Les mots de Liliane plus puissants que les poings d’Alma. D’où la bombe nucléaire. Ou, si on était plus romantique (tout en restant « arsenal ») on pourrait évoquer la fameuse flèche de Cupidon. Mais qui veut se faire tirer dessus par un bébé aux boucles d’or ? Flippant cette image…

« Je… »

Ne parle pas, Alma. Chut. Laisse Liliane t’embrasser avec toute sa fougue et son goût chocolat. Voilà, bien mieux. Profite ma grande ! Le baiser prend fin. Alma regarde rapidement Liliane. Puis elle regarde les autres clients dans le restaurant. Tiens, le papy là-bas a un sacré sourire. Alors Alma lui répond avec un sourire également. Un victorieux qui clame « et oui ! C’est MA petite amie. » Puis elle tourne la tête et découvre la tête de leur serveur. Clairement un mélange de jalousie et d’autre chose. A tous les coups, il ne comprend pas qu’une femme comme Liliane préfère les femmes aux hommes. Oui, Alma aime bien ce sentiment. C’est SA petite amie. A elle. Et donc elle partage SA vie. Elle n’illuminera pas les vies des moutons et autres moins que rien.

« Mouais. Dès que ça échappe à mon contrôle, ça me travaille. Il faut que je sache. D’habitude, parce que ne pas avoir d’informations peut être une atteinte à ma santé ou pire : ma vie. Mais, comme tu l’as dit, tu as réussi à me prendre en photo parce que tu tires avec amour et non avec violence. Donc… oui, je suppose que je peux réussir à rager toute seule, disons, d’une « bonne » façon par rapport à ce mystère. Oui, je peux faire ça ! »

Les mains d’Alma glissent sur les flancs de sa petite amie. C’est vrai qu’à force de passer du temps avec Liliane, elle s’éveille à d’autres aspects de sa vie. A cet instant, nous parlons donc de sa libido. Et, typiquement Alma, elle ne peut le faire à moitié. Et ça la prend inévitablement comme une pulsion qui rue à toute vitesse sans grande chance d’être stoppée.

Les doigts jouent avec les nœuds. Celui de derrière qui retient la belle poitrine de sa petite amie. Puis ses mains redescendent, redécouvre encore et encore les courbes de Liliane. Les doigts frôlent alors les nœuds de chaque côté du bas du maillot. Si elle augmentait encore un petit peu la tension… juste un tout petit peu et… oui, le maillot ne tiendrait plus aux hanches de sa petite amie.

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Qui sont ces femmes ? Que font-elles ? C’est tellement, comment dire ? Alma cherche ses mots. Grossier ? Absurde ? Non, forcé. Voilà le bon mot. Il n’y a pas de subtile manipulation. Le micro soutien-gorge qui plonge le regard dans un décolleté artificiel. Le maquillage outrancier pour attirer l’œil sur un sourire répété des milliers de fois dans un miroir. C’est à ce genre de connerie que SA Liliane va participer ? La colère monte. Pour en chasser une partie, elle hue chacune des candidates. Des gens la regardent. Des hommes aussi. Qui font plus que la regarder. Alors elle leur jette son regard « badass intimidante ». Certains baissent la tête. D’autres s’en vont carrément.

C’est au tour de Liliane.

Un silence contemplatif se fait.

Seuls quelques « Waouh… » troublent un peu l’intervention divine du Soleil.

Puis, soudainement :

« C’EST MA PETITE AMIE ! LILIANE ! »

Son égo est tellement gonflé. Comment pourrait-il en être autrement ? Liliane éclipse toutes les autres. Ca se voit d’ailleurs, en bas des marches, là où les précédentes sont passées. Elles attendent et elles maudissent Liliane. Elles savent déjà qu’elles ont perdu.

« LA VICTOIRE EST TIENNE ! C’EST SUR ! »

Alma a le sourire étiré jusqu’aux lobes des oreilles. Tout le baratin comme quoi Liliane participait avec la possibilité de perdre. Elle s’est sous-estimée ! C’est presque… intolérable. Comme si Alma s’abaissait à travailler derrière un bureau pour faire de l’administratif. Shayne ne le pardonnerait pas. Là, c’est du même acabit.

Le public se « réveille » soudain. C’est une foule en liesse. Les bras se lèvent. Les sourires illuminent les visages. Les sifflements acclament leur nouvelle reine. L’affaire est déjà pliée.

…jusqu’à ce que le gars au micro essaie de récupérer l’attention. C’est un professionnel, ça se voit à a sa façon de gérer. Se tenant immobile et silencieux, progressivement les vivats cessent. La foule et Alma l’écoutent. Il y a encore une candidate. La dernière après Liliane. Qui est d’ailleurs remercié et dont le bras tendu indique de descendre dans la fosse avec les candidates déjà déchues.

Alma déglutit difficilement. Qui est cette fille ?!

*Non. Non non non non non… *

Le penchant de la solaire Liliane. Aucun sourire. Une beauté glaciale. Alma entend une fille derrière elle demander à sa copine si elle n’a pas des frissons. Etrange… Qui est cette beauté bleue ? Cette peau si blanche qu’elle semble être l’innocence des anges. Ses cheveux blancs qui devraient être de l’apanage des vieux sages sur une peau à la plastique impeccable. Ce maillot de bain une pièce qui jure sur les micro bikini. Une petite poitrine quasiment invisible. Et pourtant, pourquoi se fait-elle désirer ?

*Et c’est quoi ce drôle d’accessoires ? Pourquoi une paire de gants noirs ? *

Les yeux d’Alma s’écarquillent. Elle sent qu’elle va perdre le contrôle. Ses viscères lui parlent de leurs mots acides et blessants : SA Liliane va perdre face à cette beauté glaciale…

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Alma est perdue. Elle devrait être super heureuse de voir sa petite amie gagner le concours de bikini alors… pourquoi ? Pourquoi ressent-elle cette chose en elle ? Si elle voulait lui donner plus de corps, elle dirait que c’est un petit être au nez long, aux yeux sournois et qui lui chuchote des choses. Des… avertissements ? Malgré son aspect repoussant, il semble être « bon » pour elle.

Trêve de plongée métapsychique : Liliane doit être réceptionnée et son baiser également. Et, comme à son habitude, la solaire présence chasse les noirs nuages de ses pensées. Parfois, à raison. Rarement, comme dans ce cas, à tort ? Peut-être pas à tort, mais en tout cas faisant du tort à la voix de la vérité.

« Attends, qu- Quoi ?! »

Déjà, aller remercier son ennemi est quelque chose de difficilement compréhensible pour Alma ? Mais là, elle doit carrément aller copiner avec cette… cette… GRR ! Pas le choix. Sa main est prisonnière est celle de Liliane. Et à peine le temps de réaliser le résultat de ses pensées qu’elle se retrouve nez à nez avec cette… « énergumène » ? Voilà déjà que le schéma mental d’Alma change. Elle se fait la réflexion que cette fille n’est pas comme les autres. Dans un concours de bikini, elle est venue avec un maillot une pièce. Elle cherche à se démarquer. Certes, c’est pas mal. Ca la chasse déjà en partie du gros troupeau de mouton inutile et très énervant. Ensuite, et c’est ça qui fait vraiment chavirer la balance, elle a tenu tête à Liliane. D’une façon où même elle a cru que sa petite amie allait perdre. Elle en était CERTAINE.

*Donc je pense que mon instinct me dit que cette personne est, disons, au-dessus de l’ordinaire. Donc… peut-être que je devrais faire un effort ? *

« Bien joué. Je veux dire, tu étais une rivale intéressante pour mettre en valeur comme il fallait ma petite amie. Tout le reste n’était qu’un assemblage de poches de silicone, de trop-plein de maquillages et d’attitudes fausses. »

Il faut lire entre les lignes, bien entendu. Mais Alma vient de faire un vrai compliment à sa nouvelle amie ( ?).

Alma tend la main. L’autre la lui sert. Elle ne semble pas rancunière.

« C’est froid. C’est, pourquoi pas. Je ne suis pas là pour te juger. »

Un problème de circulation ? Pas certain. Pendant un bref instant, Alma a eu l’impression d’un lien avec le Gris. Et si ?... Pas le temps d’explorer la question, la radieuse et chaleureuse Liliane reprend la parole. Elle fait les présentations.

« Ouais, moi c’est Alma. Et donc toi c’est Cicada 2023 ? Genre tu changes de nom chaque année ? »

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« C’est plus anonyme que Giana De Winter. C’est tout. Les gens s’attendent à un nom classique. Commun. Ils ne savent pas comment réagir face à l’imprévu. Cicada 2023 remplit cette fonction. Perdre. Gagner. C’est sans importance. J’étais simplement curieuse de voir ce qu’un maillot une pièce et une absence totale de volume mammaire pourrait donner comme résultat dans cette compétition. »

La vache. C’est l’anti Liliane, c’est sûr. Liliane, solaire et chaude. Giana, lunaire et froide. Autant la blonde est expressive, autant l’autre parle avec un « creepy monotone ». Pas un mot plus haut que l’autre, pas la moindre expression. Un regard calculateur et froid. On dirait qu’elle vous dissèque comme un spécimen intéressant. Clairement que quand elle pose son regard sur quelqu’un, elle ne voit pas un être humain, summum de l’évolution, doté d’une vive intelligence, etc., etc. Non. Elle voit des intellects inférieurs et tout au plus des animaux. Si Liliane est du genre à croire en les gens, clairement que pour cette autre jeune femme, sa vie en est une de chiffres et de données froides et inhumaines. Elle a serré la main d’Alma et de Liliane et quand la blonde a suggéré qu’elle et Alma deviennent amies, elle a donné son numéro sans même poser de question.

Sans doute se dit-elle que ma fille adoptive ne l’appellera jamais. Que c’est un exercice en futilité. Et qui plus est, peut-être que ce numéro n’est pas son numéro de téléphone principal. Il peut y avoir des dizaines de raisons. Ce qui est définitivement sûr, c’est que cette jeune femme a de quoi intriguer, intéresser Alma. Car en quelque part, elle est plus proche d’elle que Liliane l’est sur un plan attitude et comportement. Oh je doute très fortement qu’Alma se mettrait à en aimer une autre. Voire qu’elle pourrait même envisager le plus petit rapport corporel avec Giana. Je vais faire des recherches sur elle. Je veux savoir qui elle est. Et si elle représente une menace, elle sera éliminée sans autre forme de procès. Je ne suis pas du genre à m’encombrer de ce genre de dilemme moral. Alma est romantiquement avec Liliane. Liliane est un instrument de modelage comportemental utile.

Et surtout, surtout, une variable que je contrôle. Cette autre femme, non. Une rencontre avec maman Shayne est donc inévitable. Si Alma pense qu’elle peut être amie avec quelqu’un sans avoir ma permission… Oh elle le regrettera amèrement, je peux le lui assurer. Qu’elle n’oublie pas sa place. À la droite de sa déesse. Pas égale avec sa déesse. Et si c’est une leçon qu’elle apprendra dans la douleur… Tant pis pour elle. Alma n’a clairement pas vu jusqu’où je peux aller pour accomplir un objectif. Et je lui souhaite de ne pas être la personne victime de ce genre… D’attention… De ma part. Mais qu’importe. Pour le moment, Liliane et Alma s’éloignent de cette inconnue. Liliane rappelle à Alma leur conversation du restaurant, quand ma fille adoptive jouait avec le maillot de la blonde… On a connu de pires façons de célébrer une victoire bien mérité… Rentrer à la maison est donc un excellent plan…

« Je pense que c’est une journée qui a été productive dans tes apprentissages sociaux, non? Et tu t’es peut-être même fait une nouvelle amie! Dois-je me sentir jalouse que tu vas désormais répartir ton temps entre trois femmes, ta mère, moi et Giana? Enfin… Cicada 2023? Je suis super fière de toi, en tout cas et je veux que tu le saches! Tu as fait des super progrès et je suis super fière de toi mon roseau! »

Cicada 2023, ou Giana De Winter : définitivement une personne qui intrigue Alma. Elle n’a pas hésité un seul instant à donner son numéro. Et, bizarrement, cette façon de faire lève une partie des doutes. Moins de questions dans la tête encombrée d’Alma. Comme si c’était… une sorte de preuve d’authenticité ? Quelque chose dans le genre.

Et avant même que quelque chose puisse commencer, elle et Liliane se sont éloignées. C’est bizarre. Est-ce qu’elle vient de rater un moment important dans sa nouvelle (première) vie ? Ce n’est que repoussée à plus tard ? Alma ne sait pas. Elle ne va certainement pas regretter de se retrouver seule avec sa petite amie, attention ! Mais il est vrai que ce nouveau paramètre (non Alma, cette nouvelle vie) vient chambouler un peu la donne.

Alors oui, le visage d’Alma est comique quand elle doit passer d’une réflexion métaphysique sur le fait d’ajouter sa première (deuxième en comptant Liliane ?) amie dans sa vie au sujet intime. Il y a un temps de décalage. Son expression est perdue. Puis rapidement, le sourire réchauffe ses pensées. Son parfum fait s’envoler dans un coin ses réflexions. Elle est de nouveau toute entière à Liliane.

« C’est gentil de me faire ces compliments. Mais tu sais, je ne pense pas que tu sois touchée de cette chose si horrible et si humaine qu’est la jalousie. Ce serait une terrible marque noire sur le Soleil, non ? »

Alma fait un effort pour se concentrer. Pour renvoyer sa tête à ce moment précis dans le restaurant où quelque chose de primaire s’était emparée d’elle. Parce que, à cet instant, après avoir rencontrée la froide De Winter, sa libido est loin d’être déchaînée. Alors elle embrasse sa petite amie. Parce qu’elle se dit que c’est un bon moyen de se mettre en condition. Bonus non négligeable, sa petite amie adore ce genre de petits gestes.

« Après, c’est vrai que je ne me sens pas à l’aise à l’idée de devoir re-réfléchir encore une fois à comment gérer mon nouveau planning pour donner assez de temps à trois femmes. Enfin, SI je dois passer du temps avec une autre femme. Je ne suis pas idiote au point de croire que la première femme qui passe puisse devenir mon amie. Même si… même si, je l’avoue, quelque chose en elle m’intrigue très fortement. »

Peut-être pas une bonne idée d’essayer de développer ses sentiments vis-à-vis de De Winter. D’abord parce qu’Alma essaie de retrouver un état excité. Mais aussi parce que ça pourrait blesser Liliane. Malgré ses sourires et sa joie de vivre : est-ce que Liliane est aussi prête qu’Alma a partagé son temps ? Le ton de la plaisanterie au sujet de la jalousie ne cacherait-il pas une vraie faille ?

« Attends. Je crois que je ne devrais pas parler de ça. »

Oui, Liliane est surement contente qu’Alma se livre à une introspection utile. Du genre qui permette de se remettre en question de la bonne façon pour évoluer.

« Viens avec moi. »

Elle lui prend la main et la ramène vers sa moto. Disons plutôt vers la cabine individuelle où Liliane s’est changée.

« Tu ne vas pas repartir comme ça. Ce serait de la folie de te ramener en prenant de telles risques. Alors… tu vas devoir te déshabiller avant de, je ne sais pas, prendre ton temps pour remettre tes vêtements ? »

Oui oui, Alma sous-entend qu’elle met en place un lieu et un temps pour reprendre ce qui a été initié dans le restaurant.

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Euphorique. C’est LE mot qui qualifie l’Alma toute souriante qui sort de la cabine individuelle. Ça a été… Waouh ! Mais surtout ? INTIME, bande de voyeurs !

Alma se retourne. Ses deux mains attrapent le visage de Liliane des deux côtés et elle lui colle un nouveau baiser passionné sur les lèvres.

« C’était génial. Parce que TU étais géniale ! Je veux dire, tu es TOUJOURS géniale mais, euh, encore plus juste avant. Merde ! Bref, je ne regrette rien du tout : ah ah ! »

Ce qui est presque la vérité. Car il y a une ombre au tableau. Un petit regret qui commence à pointer le bout de son nez. En effet, la journée est déjà bien entamée. La fin est plus proche que le début. Et, Alma, à ce moment précis, aimerait bien être piégée dans une boucle temporelle. Ou du moins que le temps arrête son cours. Parce que là, elle est super heureuse (bon, il y a surement les endorphines et autres drogues du bonheur qui courent/folâtrent dans son corps) mais elle sait d’expérience que rien ne dure. Bientôt, il y aura de nouvelles merdes à gérer.

« QUOI ? Tu veux une photo ? »

Deux gars sourient en pointant du doigt la poitrine de Liliane. Alma est rapidement sur eux, leur téléphone portable dans sa main à elle. L’application de l’appareil photo est ouvert. Le doigt tape rapidement deux fois sur l’écran et capture l’image de la plantureuse Liliane. Puis elle en prend une troisième en s’incluant dans le cadre. Elle… sourit. Ce qui est plus perturbant que si elle avait fait un doigt d’honneur.

« Allez vous branler là-dessus. Et n’oubliez pas que je me suis envoyé les photos. Donc je connais votre numéro ! »

Alma revient vers Liliane. Elle hausse les épaules.

« Ouais, je sais. Je n’aurai pas dû faire ça. Mais ça m’a énervée. Et en même temps, je me suis dit que je pouvais faire mieux que les taper. Ou briser leur téléphone par terre. C’est une sorte de meilleure vengeance et en plus de ça, j’ai gagné quelques souvenirs de cette formidable journée. Plutôt pas mal, non ? »

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

C’était inévitable. C’était doublement inévitable, même. D’abord que Liliane doive retourner à sa vie et laisser Alma seule. Mais elle n’a pas à s’en faire. Alma sera, comme d’habitude, très occupée à devenir meilleure pour Maman Shayne. Alors elles se disent au revoir. Chacune vivra sa vie avec l’autre en arrière-pensée. Pas trop proche pour ne pas vivre le moment présent, pas trop loin pour oublier.

Et cette deuxième chose inévitable ? C’est ce qui va bousculer l’emploi du temps de ses professeurs. Enfin, ça va dépendre de la réponse au message qu’elle vient juste d’envoyer. Ça vibre ! C’était rapide. Alma réveille son téléphone et lit la réponse à son SMS. Giana De Winter lui donne rendez-vous à la même plage où elles se sont rencontrées. Alors Alma prévient Maman Shayne et ses professeurs de la journée. Changement de programme dans les règles de l’art pour cette fois.

Avant de partir, il faut se changer. Elle ne va pas y aller dans la tenue qui lui a permis d’avoir une douce nuit avec sa Moitié. Impossible également de retourner à la plage en maillot de bain. Il n’y a pas Liliane, ce sera donc à sa façon. Et sa façon est noir. Ses vêtements habituels : le mélange gothico-militaire. Et peu lui importe qu’elle ait chaud au-dedans. Elle préfère transpirer et se sentir puissante.

La moto ronronne entre ses cuisses. C’est un félin qui s’éveille doucement. Liliane n’étant pas là, son esprit ne se perdra pas dans des sous-entendus érotiques. Là, on a Alma moins la libido. On a Alma la guerrière qui va aller rencontrer une femme dont le regard est froid et calculateur. Une femme qui agit comme elle l’entend sans se soucier du bétail humain.

Alma conduit en direction de la plage. La vitesse va au-delà des limitations. Elle n’a pas à faire attention à la sécurité de sa petite-amie. Aujourd’hui, elle peut savourer les shots d’adrénaline. Doubler les camions sur une deux voies et se rabattre au dernier moment dans un concert de klaxons. Si la vitesse le lui permettrait, elle brandirait un majeur dressé. Mais elle n’est pas folle au point de risquer un stupide accident et de devenir plus plate que Cicada 2023 après être passé sous les roues du camion énervé.

La plage. Elle y est. Elle dépose son casque et observe les alentours. L’endroit lui parait nettement moins intéressant qu’hier. Bruyant. Trop de foule. Trop de sable qui s’immisce partout. Une plage sans Liliane n’est qu’un endroit comme un autre. Si ce n’est la présence de vagues et de sable.

Alma se dirige vers l’endroit du rendez-vous. La scène du concours de bikini n’a pas été démontée. Sans les participantes, sans le présentateur, sans les jeux de lumière et de musique : ce n’est qu’un ensemble de plaques et de tiges métalliques.

En montant les quelques marches pour aller attendre sur la plateforme, elle décide de s’attacher les cheveux en arrière. Ainsi, ses mèches roses « disparaissent ». A se demander si Gianna De Winter la ramène sur une voie de régression ? Ce doit être plus subtil.

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Et la voilà qui arrive. Impassible. Insensible à ce qui l’entoure. Si froide. Si… Vraiment, c’est le contraire de Liliane. Liliane, si solaire, si chaude. Giana, si lunaire, si froide… Autant la blonde semble toujours contente de voir Alma, autant Giana semble avoir une froide indifférence à sa présence. En même temps, l’amitié prend bien des formes et cela n’implique pas des sourires et se faire des tresses en parlant de jolis garçons. Si Liliane est l’idéaliste, Giana est la réaliste, celle qui garde(ra) Alma ancrée dans la réalité. Un pas en arrière? Non. Un contrepoids. Parfois, Alma a besoin d’une vision moins rose de la vie. Ce n’est pas tant que Liliane risque d’émoussé un instinct aiguisé par des années de survie. C’est plus que Liliane est rassurante et, volontairement ou non, elle peut endormir chez Alma certains réflexes de survie. Survie au sens large, évidemment.

Alma ne va pas oublier de sortir des flammes à cause de Liliane. Mais le fait qu’elle arrive à se glisser dans le dos de ma fille adoptive, de lui faire un câlin sans qu’Alma sursaute et soit sur la défensive, c’est de cela dont je parle. Liliane a beaucoup de positif à amener à Alma, c’est certain. Mais comme dit, il faut un contrepoids à toute chose. Et Giana semble être ce contrepoids. Et parlant de cette jeune femme, elle aussi est habillée différemment de la veille. Elle a une sorte d’ombrelle pour se protéger du soleil et ses habits sont d’un bleu rappelant un fjord glacé en hiver. Le reste de l’ensemble a des couleurs tirant sur l’argenté. C’est étonnant froid et austère. Pas de robe, évidemment. Vous imaginez bien le sable que cela ramènerait. Elle a une beauté très… Aristocratique. C’est la façon dont elle se tient, sa posture, qui donne son « charme », bien plus que son physique. Parce que bon…

Petite et plate comme une planche… Ce ne serait pas étonnant que certains pervers aient des idées malvenues sur son âge, à cause de son physique. Ce qu’elle porte est très… Utilitaire. Fonctionnel. Mais il y a quand même un je ne sais quoi de plus féminin que purement unisexe. D’un presque imperceptible signe de tête, elle reconnait la présence d’Alma et elle l’invite à la suivre. La scène sera familière pour Alma. Elles sont au restaurant de la veille. L’ambiance est nettement différente avec Giana. Tous ses gestes sont précis. Mesurés. Pensés pour l’économie d’énergie, même. Pas de mouvement superflu. Le restaurant servant pour tous les repas, là, ce sera un déjeuner plus qu’un diner (et certainement pas un souper). Giana a donné rendez-vous tôt à Alma. La plage commence à se remplir, petit à petit. Et c’est ce que De Winter pointe du menton.

« Je t’ai vu hier avec cette autre femme blonde. Liliane, pour être exact. Les contraires s’attirent, visiblement. Mais ce n’est pas le but de ce préambule. Je ne juge pas. Mon point est le suivant. En dehors de nous deux, tu as remarqué la piètre qualité des autres candidates. On peut en apprendre énormément sur une société en regardant ce qu’elle fait pour se divertir. Cette société en est une de paraitre et de voyeurisme.

C’est pour cela que je t’ai invité. Pour observer objectivement cet écosystème particulier qu’est la plage. Remarque ces gros bras sans cervelle qui arrivent les premiers pour se donner en spectacle avec leur musculature artificiellement gonflée par des stéroïdes. Ils se considèrent comme le haut de la chaine alimentaire, ici. Mais de 1% d’entre eux a le plus petit pouvoir ou une caractéristique l’élevant au-dessus de la masse. Mais regarde leur air supérieur… »

Ce sont les ABC qui seraient ravis d’avoir Gianna De Winter en complément de Liliane a leurs shooting photos. Elle dégage vraiment quelque chose. Elle fait partie de ces personnes qui se distinguent de la masse. Pourquoi ? Hasard génétique ? Construction sur un historique ? Alma n’en sait vraiment rien du tout. Mais elle se laisse guider jusqu’au… restaurant ? De Winter les a observés quand elles mangeaient ? Alma doit-elle se méfier ? Oui, forcément : c’est une inconnue.

Elle écoute Gianna. A propos du fait qu’elle et Liliane étaient vraiment à part lors du concours de bikini. C’est vrai. Alors elle hoche la tête et la laisse poursuivre. Observer l’écosystème de la plage ? Intéressant. A la fois le choix du mot et le sujet de discussion. Parler du beau temps ou de sujets triviaux l’aurait très vite énervée.

« Je pourrais aller leur péter la gueule à tous. Et ce, sans utiliser le moindre de mes pouvoirs. »

Révéler avoir des pouvoirs est… une erreur ? Tout du moins, c’est quelque chose qu’on ne fait pas à la légère. Même dans une société où un beau pourcentage de la population mondiale est devenu super-héroïque. Alors quoi ? Qu’essaie de prouver Alma en partageant cette information ?

« Mais je ne le ferai pas. Ce serait gaspiller mon énergie et mon temps. En plus de ça, elle m’a fait comprendre que plus que les blesser eux, c’est surtout moi que je blesse. A l’intérieur. Un truc comme ça. Je ne comprends pas toujours ce qu’elle essaie de m’expliquer. »

Pas besoin d’affaire fait de grandes études pour comprendre que ce « elle » désigne Liliane. Alma insiste-t-elle sur le fait qu’elle est déjà en couple ? Ou est-ce une façon de dire qu’une personne a déjà commencé à changer sa façon de penser ?

Est-ce l’influence de Liliane ? Parmi cette masse grouillante stéroïdée, Alma le repère, lui. Cet homme qui s’entraîne après avoir fait quelques allers-retours de course au bord de la mer. Celui-là n’est pas là pour s’exhiber. Il suit scrupuleusement un programme. Il respecte les temps de pause entre chaque série. Cet homme-là a un désir d’évolution. Peut-être même que son programme est parfaitement chronométré comme le sien et que c’est son unique créneau avant d’être aspiré dans la machine démoniaque qu’est le « métro/boulot/dodo ».

Alma l’observe et n’ajoute rien de plus. De plus, du peu qu’elle a observé Gianna, cette dernière a déjà du comprendre qui elle observait. Et, si elle a bien cerné sa personnalité, nulle doute qu’elles verront les mêmes choses derrière cet homme qui se démarque.

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« Ton amie a raison sur le fond. Mais pas sur la forme. Même si je ne suis pas hostile à retirer du patrimoine génétique les nombreuses erreurs qui en font partie, ce serait futile. Une perte de temps et d’énergie. Ces parasites veulent de l’attention. La meilleure défense est de leur en priver. De montrer son évidente supériorité sans avoir besoin d’en faire trop. Utiliser ses pouvoirs est donc superflu dans ce contexte. »

Elle n’a même pas bronché quand Alma a mentionné avoir des pouvoirs.  Pas la plus petite réaction. Elle a continué la discussion, suivant celui d’Alma et remarquant cet homme qui s’entraine rigoureusement. Mais en ce moment, ce n’est pas ce qui l’intéresse. Le but est de faire une démonstration. Elle désigne plutôt du doigt un de ces imbéciles aux muscles gonflés qui regarde Alma comme si c’était un morceau de steak juteux. Se faire regarder ainsi aurait de quoi faire bouillir son sang. Car cet abruti doit être en train de s’imaginer lui faire des choses inavouables. À elle. Futur bras droit de sa déesse et mère adoptive. Il est avec son troupeau et c’est ce qui lui donne ce sentiment de sécurité. La force par le nombre, ce genre de principe. Ceci étant dit, toutefois… Pas toujours. Et avant qu’Alma ne puisse passer aux actes, ne serait que de l’insulter, Giana agit en premier.

Elle se lève et va se planter devant lui. Elle est dans sa bulle, dans son espace personnel. Elle impose immédiatement sa dominance. « Je t’ai déjà vu. À la pharmacie. Hier. » dit-elle. L’idiot répond que oui et pour se donner de l’importance, explique que c’était pour acheter des condoms XXX large. « Incorrect. Tu as consulté le pharmacien pour ta gonorrhée ou blennorragie, appelée familièrement chaude-pisse » Giana n’a pas haussé le ton. Ce dernier n’a pas changé non plus. Mais dans la façon dont elle livre l’information, fabriquée de toute pièce, mentionnons-le car elle n’a jamais vu cet homme auparavant? Du grand art. Et de l’unité fragile de cette communauté de Neandertal nait la discorde. « Enfoiré, t’as couché avec ma sœur hier! », s’écrit un des primates et le ton monte aussi vite que les poings se dressent. Sans un mot de plus, Gina retourne s’asseoir.

« En anglaise on dit : fight smarter, not harder. C’est inutile de faire des efforts non nécessaires. Conserver ses forces est primordial dans un monde où le danger est omniprésent. Moins qu’à certains autres endroits mais le risque zéro n’existe pas. Tout ce que je viens de dire était faux. Mais je savais qu’il mordrait à l’hameçon. Par son mensonge et sa stupidité, il a été l’architecte de sa propre chute. »

Je suis terrifiante à cause de mes pouvoirs et surtout par le fait que j’ai des millénaires d’existence et une grande expérience de comment plier les autres à ma volonté. Mais Giana est autant sinon plus terrifiante car sans faire d’effort particulier et sans utiliser autre chose qu’un esprit vif, elle vient de causer des dommages considérablement plus important chez cet imbécile qui si elle avait utilisé ses poings. Si elle a des pouvoirs, car elle ne l’a pas mentionné, elle n’en a clairement pas besoin pour faire mal. Ce ton neutre et inexpressif a fait bien plus mal que si elle avait crié sur ce type. Oh clairement qu’elle va bien s’entendre avec Alma. Elle a ce que Liliane n’a pas. Une froide logique. En une démonstration, elle vient de montrer qu’elle est spectaculairement plus dangereuse que la majorité des personnes présentes sur cette plage. Et ce « monstre » est assit à la table d’Alma…

Gianna et Liliane peuvent être complémentaires. C’est ce que comprend Alma quand elle entend « Ton amie a raison sur le fond. Mais pas sur la forme. » Et… ça la soulage énormément ! Ainsi, elle peut poursuivre cette conversation avec un esprit plus serein. Elle va pouvoir conjuguer Maman Shayne, petite amie Liliane et reste-à-définir Gianna. Quel soulagement !

Sa future-amie se lève et se rapproche d’un pas mesuré vers le bodybuildé. Qu’est-ce qu’elle semble petite à côté du colosse. Elle est obligée de lever la tête pour lui parler. Alma a de la peine pour elle. Mais pas longtemps. La discorde éclate. Le groupe alors uni ne l’est plus. Pas d’effusions de sang. Pas de vol de confettis. Peut-être quelque chose lié au parfum comme Liliane ? Mais ce serait surprenant de se lier avec deux femmes ayant le même pouvoir, non ?

« L’architecte de sa propre chute. Ouais, ça sonne bien. Ca fait très, comment dire ? Intellectuel ? Stratégique ? Un truc dans le genre. C’est sacrément impressionnant à regarder. »

Ses yeux se baissent sur ses deux petits poings serrés. Ont-ils vraiment de la valeur ? Depuis qu’elle est dans ce monde, elle a l’impression qu’on lui répète encore et encore la même leçon : tu es un dinosaure, Alma. Ta façon de combattre est préhistorique. Trop brut. Trop violente. Trop physique. Il y a tellement d’autres voies à suivre.

*Est-ce que j’ai fait erreur toute ma vie ? Je veux dire, je ne pense pas avoir eu le choix pour survivre. Je crois même que j’ai développé mes pouvoirs d’une façon efficiente. Alors… pourquoi est-ce que j’ai l’impression que tous mes efforts ne valent pas grand-chose depuis que je suis dans ce monde ? *

« Ouais, vraiment, je t’aime bien. Tu parles comme mon micro-onde ou la nana dans les messages vocaux. »

Pas un instant, Alma pense que cette façon de parler va offenser Gianna. Elle est au-dessus de ça, pense-t-elle.

« Mais tu es efficace. Tu as quelque chose qui fait que tu es au-dessus des autres. Pas par ta taille mais par ton charisme, ta personnalité, ce genre de truc. Désolé, je ne suis pas très bonne en expression orale. Mais je fais des efforts. Bref, ce que je voulais dire, c’est que je pense que ça peut marcher entre nous deux. Je n’ai aucune idée de pour faire quoi. Bien que je sache que ce ne sera pas comme ma relation avec Liliane. Une seule comme elle me suffit : ah ah ! »

Il n’y aura pas de câlin. Pas de complication mentale à savoir si elle doit serrer la main pour dire bonjour ou faire la bise ou un check ou toutes ces autres façons de se saluer quand on se voie.

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« Personne ne te demande d’exceller dans l’art oratoire non plus. La forme est brute et manque de raffinement mais le message n’en est pas moins clair. Et je ne recherche pas de relation charnelle ou romantique. Donc aucun intérêt pour moi de ce côté. Et puis du reste, à moins de faire erreur, tu as Liliane pour cela.Tu l’auras sûrement remarqué, je ne suis pas du genre expressive ou sentimentale. »

L’ancienne Alma l’aurait probablement très mal pris. Se faire dire grosso modo qu’elle communique de façon grossière n’est pas particulièrement agréable à entendre. Même si c’est vrai. En même temps, clairement, Giana ne fait pas d’effort pour être diplomate car ce serait fort probablement perdre du temps à mettre du miel dans ses mots. Le message est clair. Alma parle de façon grossière mais compréhensible. Giana ne considère rien de charnel ou de romantique avec Alma. Il n’y a pas d’attirance. Donc leur relation sera basée sur autre chose. Le quoi reste potentiellement à déterminer, pas que cela semble déranger ou l’une ou l’autre. Pour Giana, le contenu est plus important que le contenant. Clairement que oui mais cela ne veut pas dire négliger le contenant pour autant. À en juger par la façon dont elle s’habille, bien que ce soit secondaire, ce n’est pas négligé.

Et si Alma s’attend à des excuses… Elle risque d’être extrêmement déçue. Clairement, Giana dit ce qu’elle a à dire en se souciant peu des sentiments des autres. Encore une fois, pourquoi perdre son temps avec des détails superflus? Les deux femmes mangent dans un silence relatif car il n’y a pas besoin d’échanges verbaux constants pour rendre quelque chose significatif ou important. Quand le big bang a eu lieu, après tout, personne n’était là pour passer de commentaires… Au bout d’un moment, cependant, Giana finit par briser le silence. Dans la façon dont Alma a choisi ses mots, elle indique clairement que ce n’est pas son style de combat. Et son choix vestimentaire confirme le profil plus « brutal » de ma fille adoptive. Une idée semble avoir germé dans la tête de la très lunaire Giana. Elle désigne un trio de poulettes de plage assises un peu plus loin, à une table.

« Tu te posais la question du quoi, entre nous. L’apprentissage me semble être une idée parfaitement viable. À ta façon de t’habiller, de parler et d’agir, je déduis que tu es habituée à un style plus… Direct. Violent. Physique. Se salir les mains, foncer dans le tas et cogner. Une stratégie qui fonctionne quand le milieu n’est pas trop civilisé. Moins quand tout est une question de statut et de réputation. Exemple.

Tu vois ces trois femmes en bikini? Seins refaits, cheveux inutilement teints, des lèvres gonflées? Depuis tout à l’heure, elles n’arrêtent pas de passer des commentaires désobligeants sur toi. Les petites boucles d’oreille que je porte ne sont pas un accessoire mode plus qu’un moyen d’écouter ce qui se dit autour de moi. Les gens se pensent subtils alors qu’ils ne le sont pas. Bref. Le pourquoi et le comment sont de peu d’importance.

Et si tu allais les remettre à leur place? Verbalement, j’entends. Cela peut sembler difficile mais ça ne l’est pas forcément. Ces femmes misent tout dans leur apparence. Fausse. Artificielle. Plastique. Honnêtement, on dirait plus des poupées gonflables que des femmes. C’est un exercice facile, même pour une débutante. Tu es pragmatique, non? Avoir davantage d’armes dans son arsenal est toujours utile, tu en conviendras avec moi. »

C’est énervant de se faire critiquer sans filtre. Pourtant, c’est aussi reposant. Pas besoin de psychoter à savoir ce qui se cache derrière les mots. Pas besoin d’aller à la pharmacie pour prendre des médicaments à force de lire entre les lignes. Avec Gianna, c’est direct. Alma aime bien.

Manger sans parler. Au début, Alma a levé les yeux pour s’assurer que ce n’était pas une combine. Ou parce que c’était à elle de dire un truc pour meubler le silence. Mais elle a très vite compris. Pas besoin de blablater inutilement. Elles n’en ont pas besoin. Que c’est satisfaisant !

Alma s’immobilise dans sa tâche de mastication. Gianna se met à parler. Et pas qu’un peu. Beaucoup de choses intéressantes qui demanderait réflexions et questions. Mais ce n’est visiblement pas le moment. De Winter a posé un objectif. Alma pourrait dire que ça ne l’intéresse pas. Mais dans ce cas, il lui semble que ce serait extrêmement facile pour Gianna de l’abandonner ici et maintenant. De passer à autre chose. Et de complètement oublier qu’Alma a croisé son chemin de vie.

Alors Alma finit d’abord de manger. Elle ne veut pas revenir une fois que tout sera froid. En plus de ça, ça lui permet de fixer les trois victimes. Oui, les trois se sont rendues compte qu’Alma les observe. Elles sont gênées. Elles ne comprennent pas. Impossible que la gothique-qui-vient-à-la-plage les ait entendus, hein ?

Elle se lève. Elle avance vers les trois Barbies. Le problème ? Elle n’a aucune foutu idée de comment faire.

Barbie n°1 : « Hey ! Je crois que tu as fait une insolation, la vampire. Le truc jaune par terre, c’est du sable. »

Barbie n°2 : « Ouais, c’est fait pour magnifier son bronzage en s’allongeant dessus. Mais pour ça, il ne faut pas finir en cendres au soleil. Le gros ballon jaune au-dessus, tu vois ? »

Barbie n°3 : « Ta peau est tellement blanche. Tu dois être malade. Et puis ces quoi ces mèches roses ? C’est ridicule, ma pauvre. »

Puis ça glousse. Oui, ça glousse plus que ça rigole. C’est insupportable. Alma serre les poings. Elle voudrait tant faire cogner ses phalanges dans leur visage refait. Voir le sang couler. Les entendre geindre et pleurer.

*Non. Je ne dois pas procéder comme ça. Réfléchis, Alma. Réfléchis. *

Elle s’approche encore un peu plus et les fixe. Elle ne cille pas. Son regard est intense.

Les trois barbies reprennent leur babillage. Elles continuent de parler des vêtements d’Alma. De ses cheveux. De son manque de féminité. Etc.

Mais Alma ne dit rien. Elle commence alors à respirer plus fort. Elle s’approche encore un petit peu plus pour envahir leur zone personnelle.

Au final, les trois barbies s’en vont. Ebranler par cette affrontement muet. Bien entendu, elles disent tout haut qu’Alma est cinglée et qu’elle doit se faire soigner. Qu’elles perdent leur temps avec cette pauvre fille, etc. Mais la réalité est qu’elles partent la queue entre les jambes. Il y en a une qui se retourne. Alma prend alors la pose de quelqu’un qui va ruer. Il y a un hoquet aigu et la barbie en question accélère le pas. Tout le troupeau la suite ensuite. Instinct de survie.

Alma revient au restaurant.

« Je n’ai pas trouvé de truc intelligent à dire pour les détruire. Alors j’ai usé du silence. »

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« Décevant. Le silence est une option, oui, mais pas une option qui cause des dommages. Elles ont pris la fuite mais leur égo est intact. Dans ma démonstration, l’égo du parasite et l’unité de son groupe ont été sévèrement endommagés et les effets seront, s’ils ne sont pas permanents, à long terme. On pourrait argumenter que c’était ta première tentative. Ce n’est pas une excuse. C’était médiocre. »

La vache, elle est direct et ne mâche pas ses mots, que ce soit avec ses « alliés » ou ses ennemis. Liliane, qui encourage toujours Alma, même si elle fait une erreur… Et Giana, qui ne se gêne absolument pas pour être destructrice dans ses observations. Laquelle des deux méthodes est la meilleure, c’est une question de point de vue. Reste à savoir si Alma lui en colle une pour lui montrer la supériorité de ses poings sur ce visage impassible et cette langue trop acérée. En même temps… Alma n’aime pas douter. Psychoter. Là, elle se fait dire sans détour l’évaluation de sa performance. C’est définitivement brutal mais on ne peut plus clair. Cela veut aussi dire qu’Alma s’est lancé dans un combat qu’elle ne pouvait pas gagner de façon satisfaisante car elle s’est mal préparé. Et ça, c’est une faute qui aurait pu lui coûter cher, en des circonstances différentes.

Donc… Ce que dit Giana n’est pas plaisant à entendre… Mais c’est vrai. Et si Alma est un moindrement honnête, elle peut facilement voir où elle a commis une erreur. Elle n’a pas réfléchi. Elle a voulu faire ses preuves et elle a fait une erreur de jugement. Cela ne veut pas dire que Giana va l’abandonner sur place et s’en aller. Mais cela veut dire, par contre, qu’elle va devoir potentiellement mettre les bouchées double si elle veut développer une relation platonique et respectueuse avec elle. Si Alma a terminé de manger, Giana, pour sa part, mange tranquillement son dessert. Quand le serveur revient pour lui demander si c’est à son goût, de cette manière froide et sans émotion, elle lui fait savoir qu’elle n’a pas besoin d’entendre les platitudes demandées par le service à la clientèle et que même si elle dit oui, le serveur s’en moque éperdument car le prix sur la facture sera le même. Ouch.

Avec la solaire Liliane, elle aurait probablement complimenté le chef, remercié le serveur pour son professionnalisme. Avec Giana c’est « ne vient pas m’embêter avec des futilités ». Violent contraste. Mais en quelque part, Alma va aussi y voir des similitudes avec ma façon de faire. Quand j’entraine Alma, je suis impitoyable et mes commentaires sont assassins. Elle veut siéger à ma droite? Elle a intérêt à le mériter. Plusieurs vont dire que les commentaires négatifs tuent la confiance en soi. Oui. Et non. Si le commentaire est négatif et constructif, une personne mature est capable de comprendre la pertinence des informations véhiculées. Toujours tenter une approche « verre d’eau à moitié plein » peut amener à la fausse croyance que tout va bien ou que les progrès sont significatifs… Alors qu’en vérité ce n’est pas le cas. À voir comment Alma va le prendre, ultimement.

« J’en déduis que tu es plus efficace avec l’utilisation de tes pouvoirs car l’application est plus directe et de mande de la maitrise, non de la réflexion. Parle-moi de tes pouvoirs. Je veux comprendre ce qu’ils sont et comment ils fonctionnent. Ma curiosité est piquée. On ne sait jamais trop de chose. Peut-être que je pourrai trouver un moyen pour toi d’en optimiser le rendement. Un œil extérieur, un esprit analytique, etc. »