The Multiversity

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, ou peut-être « Dark Jeannie »?

Shayne avait tellement poussée Helena dans son humiliation que son esprit fragilisé avait pris la première porte de sortie qu’il avait pu trouver. Et dans le cas présent, c’avait été de croire que la femme qui était en train de la punir était bien Karen. Après tout, elle avait la même apparence, la même voix, le même parfum. Et puis, si ça venait de sa chérie, cette punition n’était plus un horrible calvaire mais une nouvelle session de leurs jeux coquins.

Helena écouta Karen lui expliquer qu’elle était venue la sauver alors que Shayne et ses cultistes étaient en train de la torturer. Maintenant, elles se cachaient dans une autre partie de l’usine en attendant qu’on arrête de les chercher, et elle la punissait parce qu’elle lui avait fait une peur terrible. Son histoire était bien sûr truffée d’incohérences, mais la jeune femme était dans un état second provoqué par le déni et la soudaine sensibilité de ses fesses, alors elle était prête à la croire.

« Oh ma chérie... merci d’être venue me chercher. »

Elle s’apprêtait à l’embrasser quand tout à coup, elle sentit tout son corps se mettre à chauffer. Chacune de ses zones érogènes était soudainement devenue très sensible. Les mains de la kryptonienne la caressaient dans les moindres recoins, et elle ne pouvait que se tortiller sur place en couinant.

« Aaahhh... mon amour... tu es sûre que c’est le bon moment... pour faire ce genre de choses ? »

Après tout, il y avait quand même un groupe de fous furieux qui les traquaient. Mais le plaisir ressenti sous ses assauts lui fit vite oublier le danger pour se concentrer uniquement sur ce qui la rassurait : sa chérie. Avec une femme aussi puissant auprès d’elle, elle se disait qu’elle n’avait plus rien à craindre, qu’elle allait pouvoir capturer Shayne et ses fidèles et mettre fin à leur vague de violence. Mais pour l’instant, tout ce qu’elle voulait, c’était se rassurer dans ses bras et ne plus penser à l’horreur qu’elle venait de traverser.

« Karen... »

Elle posa ses mains sur le visage de la femme et vint coller ses lèvres contre les siennes. Ce baiser fut un pur délice. Leurs langues dansaient ensemble, et son corps hypersensible le rendait encore meilleur. Embrasser sa compagne était exactement ce dont elle avait besoin pour se détendre après être passée si proche de l’humiliation absolue. Il n’y avait qu’une seule personne sur cette Terre qu’elle acceptait de voir la rabaisser autant, et c’était Karen.

Après presque trente secondes, elle se sépara de sa bouche pour pouvoir passer à l’étape suivante.

« Dis ma chérie... si tu sortais ta bite ? Le moins que je puisse faire... pour me faire pardonner... de t’avoir autant inquiété... aaahhh... c’est te détendre... avec une bonne pipe. »

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, ou peut-être « Dark Jeannie »?

Elle veut que je quoi!? Que je sorte… Enfin, que Big Boobs sorte sa… Elle est encore plus affectée que je ne le pensais par ma petite séance de torture psychologique parce que ce n’est un, pas le temps pour ce genre de choses et deux… En fait non, pas de deux, chacun son truc, etc., etc., vivre et laissez vivre… Le truc c’est que les événements ne vont pas dans la direction que je veux. Enfin si. Je veux dire… J’ai suffisamment d’éléments compromettants pour la forcer à contracter une dette colossale auprès de moi mais ce n’est pas le point, n’est-ce pas? Attendez… Mais oui, c’est justement le point! Et j’ai atteint l’objectif principal d’ailleurs. Je me comprends. C’est l’essentiel. Et non, Helena, c’est terminé les cochonneries, punitions et autres. Ça n’a jamais été fait pour ton bénéfice. Juste pour le mien. Comment maintenant me réintégrer dans l’histoire?

J’ai une idée. Je vais me faire la voix de la raison et dire que des vies sont en jeu. Aucun super héros, aucune super héroïne ne peut résister à des gens en danger mortel. Power Girl va partir en premier pour contrer un maximum de cultiste pendant qu’Helena va faire en quelque sorte l’arrière garde, couper toute retraite aux méchants criminels. Cela me permet de quitter la pièce en premier, de changer d’apparence et j’attends un moment que la fière disciple de Batman reprenne ses esprits et ses sens avant d’entrer à nouveau dans la pièce avec un sourire rappelant celui du chat dans Alice au pays des merveilles. Bah quoi? Je ne vais pas éternellement rester sous les traits de Mega Boobs. On va voir ce dont sa mémoire se rappelle, à combien de pourcent son cerveau fonctionne et si ses esprits sont revenus. Un bon plan est en plusieurs étapes et comportes de nombreuses variantes.

« Oh, tu nous quittes déjà? Non. Je ne crois pas. Toi et ta précieuse Power Girl avez causé suffisamment de dégâts dans mes opérations. Malgré ses capacités surhumaines, elle est plutôt stupide, non? Sous prétexte qu’elle m’a entendu dire qu’il allait y avoir des gens en danger, la voilà qui s’en va au mauvais endroit. Je paierais cher pour voir son expression d’incrédulité quand la bomba va exploser… Ailleurs. Très cher.

Mais revenons-en à toi. Tu es là, Helena! Donc normalement, en tant que bonne super héroïne, tu devrais tenter de m’arrêter! Mais si tu le fais, juste par mesquinerie, je pourrais déclencher la bombe prématurément. Et de ce que je sache, les gentilles super héroïnes ne discute pas avec les vilaines filles dans mon genre. Paradoxalement, au vu de ma nature joueuse, tu aurais plus de chances de me convaincre en tentant une approche plus pacifiste. »

Comme dit plus tôt, je ne sais pas de quoi son cerveau, sa mémoire, se souvient donc j’essaie de la garder désorientée, déséquilibrée et peu apte à penser. Ainsi, je peux continuer à jouer avec elle en ne sachant pas quels seront les résultats. Et bien sûr, en bonne super criminelle imprudente, elle n’a pas sa fidèle arbalète à portée de main mais une arme à feu. Fonctionnelle, en plus. Si elle me tire dessus, une vraie balle va sortir du canon. Admettons qu’elle se souvient de tout. Admettons. Que va-t-elle faire? La première fois, avec le couteau, elle a été punie et humiliée. Si son cerveau a préféré oublier ces événements, un mécanisme normal pour survivre aux traumatismes, que va-t-elle tenter? Elle ne peut pas gagner, dites-vous? N’importe quoi. Tant qu’elle repart en vie, elle gagne, non?

Mieux encore. Et si je lui donnais volontairement le contrôle de la situation, une mise en scène bien sûr mais… Elle ferait quoi? Comment Helena réagit quand elle a l’avantage? Ô curiosité quand tu nous tiens…

Après la torture, Helena goûtait au plaisir. Désireuse de satisfaire Karen, elle lui demanda de passer en forme futa pour qu’elle vienne lui pomper le dard, mais son amoureuse devint soudainement la voix de la raison en lui disant qu’elles avaient encore une mission à terminer. Helena était un peu surprise de ce soudain revirement, mais elle ne pouvait pas lui donner tort.

« Tu as raison. On va montrer à cette déesse de pacotille et à ses tarés de fidèles de quel bois on se chauffe. »

Power Girl se proposa pour aller affronter les cultistes de front tandis qu’Huntress assurerait la ligne arrière, leur coupant ainsi toute retraite. La jeune femme regarda sa bien-aimée quitter la pièce, confiante en ses capacités à vaincre Shayne et ses drôles de pouvoirs tandis qu’elle couvrirait ses arrières. Malheureusement, à peine quelques minutes après son départ, Shyane apparut dans la pièce et se mit face à son intruse.

« C’est fini Shayne. Maintenant que Power Girl est là, ton petit culte d’illuminés n’en a plus pour longtemps. »

Malheureusement, la méta-humaine avait encore quelques tours à jouer. Elle annonça qu’elle avait posé une autre bombe quelque part en ville, et qu’elle était prête à la faire exploser à tout moment. Et avec les deux super-héroïnes ici, il n’y aurait personne pour empêcher le carnage. Elle s’amusa à provoquer Helena, mais cette dernière avait su tirer les leçons de ses erreurs. La dernière fois qu’elle avait voulu se croire plus maline que cette femme, elle s’était retrouvée dans une position très inconfortable. Et là, en plus, des vies étaient en jeu. Elle devait agir de façon réfléchie et posée, le temps que Karen se débarrasse du plus gros de ses forces. D’autant qu’elle n’avait ni ses arbalètes ni son bâton avec elle.

« Je ne vais pas me battre avec toi Shayne. Tu m’as déjà montrée que je ne faisais pas le poids face à toi. Alors si tu acceptes de ne pas faire exploser une autre bombe, je suis prête à discuter. Tu choisis le sujet, moi je reste assise là... et on discute. »

Un tel changement de comportement aurait pu surprendre, mais Helena espérait que Shayne mordrait à l’hameçon. Inconsciemment, une partie d’elle refoulait aussi l’idée du combat par peur de finir à nouveau dans une position de faiblesse où elle serait humiliée et torturée par cette femme.

« Qu’en dis-tu ? Tu es prête à discuter ? »

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, ou peut-être « Dark Jeannie »?

Elle n’est pas amusante du tout. Elle est trop prompte à reprendre ses esprits. Maudit Batman et ses méthodes d’entrainement. Elle aurait dû être confuse, désorientée, tomber dans ce nouveau piège. Mais non. Déjouée par une vulgaire humaine sans réel pouvoir. Patience, Shayne, patience. Tu trouveras un moyen de continuer à t’amuser. Tu as du temps devant toi. Elle croit vraiment que sa chérie est en train de se battre contre mes sbires ou qu’il y a une bombe. Adorable. En fait si. Il y a une bombe. Plusieurs bombes. Plusieurs fanatiques prêts à détruire des cibles prédéterminées. Mais pour le moment, pas la peine d’user de la violence. En fait même je dois dire que je suis prise complètement par surprise. Je n’ai pas vraiment la chance de discuter avec les gens, voyez-vous. Je suis un peu trop… Volatile. Instable. Je peux y parvenir, oui, certainement.

Mais mon amour du chaos et de l’entropie est très forte. Donc pour m’apprécier, il ne faut pas être du type loi et ordre car je représente alors tout ce que vous détestez. Mais qu’elle propose de discuter, même si c’est probablement pour gagner du temps, même si rien n’est sincère? Cela vient quand même toucher une fibre chez moi et mon regard devient pétillant de joie. Pour vrai de vrai, que je lui demande. Je prends place, le plus sagement possible mais je vibre presque d’une excitation difficilement contenue. J’ai plus l’air d’une adolescente que d’une adulte en ce moment. Elle va prendre le temps de discuter avec moi… Je suis super contente. Peut-être que je ne la tourmenterai plus trop. On verra. On verra. Je ne promets rien comme ça personne ne sera déçu. C’est une bonne logique à avoir. De quoi vais-je discuter avec elle? Décision… Décision… Il y a tellement de sujets!

Est-ce que nous discutons du feu, de la fascination qu’on peut pour lui, cette force primale et majestueuse de la nature? Non. Trop… Destructeur. De mon amour des explosions? Euh… De mauvais goût. Mais si on oriente ça sur les feux d’artifice, peut-être? J’adore les feux d’artifice! Une des plus belles inventions humaines! Feu, explosions, couleurs… Il y a de tout! Ce sont toutes les choses que j’aime! Non… Elle n’a pas la tête à aimer ce genre de choses… Gastronomie? Tourisme? Armes de destruction massive? Elle a grandi aux États-Unis, non? C’est un peu leur marque de commerce… Non, non et encore non. Il faut que je réfléchisse… Il faut que je trouve quelque chose d’intéressant. Je sais ce que je vais faire. Je vais faire comme je fais souvent. Me laisser guider par l’inspiration du moment. On verra ce que ça donne et si ça ne fonctionne pas au moins j’aurai essayé…

« OH! C’est si rare que les gens veuillent discuter avec moi… De quoi allons-nous parler… Oh je sais! Gotham! Tu connais bien Gotham! J’y suis allé par le passé. Pas ma ville préférée. Trop de criminalité. C’est trop sombre. Trop glauque. Enfin toujours est-il que j’étais en train de commander un beigne et un café dans un Krispy Kreme. Es-tu déjà allée dans un Krispy Kreme? Tu vois les beignes se faire fabriquer.

Mieux encore, ils t’en donnent un gratuit! Et ça pendant que je mangeais mon beigne, je me suis dit : on néglige les petits plaisirs de la vie! Les petits plaisirs coupables. Moi j’adore les feux d’artifice. Je peux en voir un million et rester aussi fascinée par ce superbe spectacle! Et les petits plaisirs coupables, aussi! Tu dois bien avoir quelques petits plaisirs coupables aussi ou des choses qui vont toujours te mettre de bonne humeur, non? »

Helena savait qu’elle devait gagner du temps pour que Karen sécurise l’usine, quitte à devoir tailler le bout de gras avec cette psychopathe. Shayne semblait ravie d’avoir trouvé quelqu’un avec qui parler, et elle commença par discuter avec Helena de sa ville natale : Gotham. Elle n’aimait pas cette ville à cause de son haut taux de criminalité et de son côté sombre. Elle avait mangé un beignet dans un Krispy Kreme, et elle parla ensuite de son amour pour les feux d’artifice, l’un de ses petits plaisirs coupables selon elle. Elle voulait savoir si son invitée en avait aussi.

Je dois jouer son jeu. Karen a besoin de temps.

La jeune femme hésita pendant un temps à lui mentir, mais elle craignait qu’elle ne soit capable de le voir. Elle préféra lui avouer quelque chose sur elle.

« J’adore regarder le soleil se lever sur l’océan depuis une falaise. C’est le moment le plus beau et le plus apaisant de la journée. Quand je vois les rayons orangés du soleil se refléter sur l’eau au loin, j’oublie tous mes soucis. C’est là que je me dis que notre monde est vraiment beau, et qu’il mérite qu’on le protège. »

Bien sûr, Helena n’était pas une éco-militante, et elle ne se battait pas particulièrement contre les abus de l’humanité contre l’environnement, mais elle se disait qu’à son échelle, chaque fois qu’elle mettait un criminel derrière les barreaux, elle laissait de la place aux gens de bonne volonté pour faire de la Terre un endroit plus agréable.

« J’aime aussi passer du temps avec ma compagne. C’est une femme charmante, joyeuse et pleine de vie. Chaque fois que je me réveille à ses côtés le matin, je me dis que je suis la femme la plus chanceuse du monde. Et c’est aussi pour la protéger elle que je suis ici. »

Huntress se dit qu’elle pouvait profiter de cette conversation amicale pour en apprendre un peu plus sur Shayne.

« J’aimerais te demander... pourquoi aimes-tu tant détruire ? Le monde est rempli de belles choses, et tu pourrais les protéger grâce à tes pouvoirs. Au lieu de ça... tu brises des vies et répands le malheur et la terreur avec tes explosions. Pourquoi ? »

« Mais je dois le faire, Helena. Je n’ai pas le choix. Quelqu’un doit le faire, éveiller les consciences. Faire comprendre aux gens dans quel danger ils se mettent. Leur inculquer qu’ils doivent compter sur eux-mêmes et non sur les autres. Voyons-le ainsi : la façon de faire des super héros est un placebo. De la poudre aux yeux. Un spectacle qui éblouit les naïfs et les gens crédules. Et avant de dire que je mens, penses-y bien.

Quand tu mets un criminel derrière les barreaux, tu sais qu’il va ressortir. Une évasion ou parce que le système de justice et ses énormes lacunes lui donnera un moyen de le faire. Pense à Gotham. Combien de fois Batman a arrêté le Joker? Et combien de fois s’est-il évadé pour tuer encore plus? Alors que si Batman avait tué le Joker, en sacrifiant une vie, il en aurait sauvé des dizaines. Des centaines, même, au cours d’une vie. »

On ne peut pas nier les faits. Les criminels que les super héros capturent, les pointures importantes, finissent toujours à nouveau dans la nature. Inévitablement, ils recommencent à faire ce qu’ils faisaient avant, créant plus de souffrance, de morts et de blessés. Et le civil moyen va se plaindre du fait que le Joker s’est évadé mais à sa prochaine capture, il va glorifier Batman au lieu de lui faire le reproche de ne pas éliminer le Joker. Parce que les gens sont devenus complaisants. Pourtant ils devraient demander le même genre de comptes aux super héros qu’ils en demandent aux policiers, par exemple. Mais ils ne le font pas et ils ne le feront jamais non plus. C’est sûr et certain. Comment faire alors pour les forcer à regarder la réalité en face? En les forçant à constater qu’ils vivent dans une illusion de sécurité et nécessairement, il y aura des morts. C’est inévitable. Clairement.

Si on veut que l’effet, le souvenir, soit durable, dans ce cas il faut accepter de prendre les grands moyens. De faire une omelette. De casser des œufs. Donc ultimement, pour empêcher l’humanité de juste accepter passivement les choses, il faut lui ouvrir les yeux et brutalement de surcroit. C’est pour ça que je fais ce que je fais. Enfin. Officiellement. Officieusement, j’aime juste la destruction et c’est toujours plus pratique de l’excuser par une raison. Mais ça… Qui voit vraiment la ligne entre les deux? Et j’ai répondu sans détour à Helena. Je crois à ce que je dis. On ne peut pas m’accuser de mensonge. Une part de moi est convaincue par cette rhétorique, aussi controversée soit-elle. J’aime beaucoup cette réalité. Convaincs-toi suffisamment de quelque chose et tu oublieras que c’est un mensonge. C’est particulièrement intéressant de voir ô combien on peut déjouer des tests avec ça…

« Oui, Helena, des gens meurent à cause de ma méthode. Des dizaines de personnes contre des millions de personnes. Il faut leur ouvrir les yeux. Il faut qu’ils arrêtent d’accepter un système où les héros peuvent continuer de perpétuer le même cycle défaillant et qui ne sert les intérêts de personne. Tuez le Joker. Faites exécuter  le grand patron d’une organisation criminelle X. Arrêtez de sauver les imbéciles qui se mettent en danger.

Super héros ce n’est pas un métier et si certaines législations vous donne le pouvoir de faire appliquer la loi, à la fin de la journée vous êtes des vigilantes en costume. En gardant la population soumise à votre volonté vous consolidez votre pouvoir. Votre influence. Et petit à petit vous allez décider de qui vit et qui meurt… Sans aucune régulation ou réglementation. Je dois donc éveiller, réveiller les consciences pour empêcher la dictature des super héros. Je dois sauver le monde. »

Helena savait qu’elle ne parviendrait pas à résonner Shayne et la convaincre que ce qu’elle faisait était mal, elle voulait juste gagner du temps pour Karen. La méta-humaine lui expliqua qu’elle voulait éveiller les consciences, faire comprendre aux gens qu’ils ne devaient plus autant se reposer sur les super-héros. Elle s’attaqua ensuite à la façon de faire des super-héros, qui arrêtaient les criminels et les mettaient en prison pour qu’ils finissent par en sortir ou par s’évader. Par exemple, si son père s’était décidé à tuer le Joker, il aurait pu sauver des centaines de vies.

« Je sais que la problématique est compliquée, et crois moi, il y a souvent pensé. Mais tuer le Joker aurait marqué le franchissement d’une limite sans retour en arrière possible. Après le Joker, il aurait fallu tuer le Pingouin, puis Mr. Freeze, puis Catwoman... et au final, Batman serait devenu un terrible meurtrier en série, et la limite entre le bien et le mal aurait totalement disparu. »

Shyane tentait de justifier les meurtres qu’elle commettait en expliquant que la prise de conscience qu’elle allait entrainer sauverait des millions de personnes en leur faisant réaliser qu’ils pouvaient se libérer du système défaillant maintenu par les super-héros et éliminer une bonne fois pour toutes ceux qui menaçaient leur sécurité. Elle alla même plus loin en pointant du doigt le fait que les super-héros n’avaient aucun droit de faire appliquer la loi, qu’ils soumettaient la population à un point que leur influence finirait par leur permettre de décider de la vie et de la mort de chacun. Selon elle, il était question de sauver le monde des super-héros.

Helena se sentait désarçonnée devant le discours de Shayne. Pas parce qu’il était insensé, mais au contraire parce qu’il était rempli de bons arguments. Elle avait déjà entendu des détracteurs des super-héros exprimer les mêmes idées qu’elle, mais jamais aucun d’eux n’était allé aussi loin pour faire entendre son point de vue. Elle comprenait mieux maintenant comment elle avait pu rassembler un culte autour d’elle, et elle craignait à présent que, si jamais son ennemie parvenait à se faire entendre, elle parvienne à rassembler assez de gens derrière elle pour gagner de l’influence. Même les terroristes pouvaient être écoutés s’ils trouvaient le bon public.

« Crois moi Shayne, je comprends ton point de vue. Tu as peur qu’un jour, les humains ordinaires deviennent les jouets des individus dotés de super-capacités, comme à l’époque ou les ouvriers étaient les esclaves des patrons. Mais tes actions envoient le mauvais message. Quand les gens sauront ce que tu as fait, tu seras présentée comme une méta-humaine usant de ses capacités sur des gens désarmés et innocents, ce qui te mettra exactement dans la position de ceux que tu dénonces. Et je suis sûre que ce n’est pas ce que tu veux. »

La jeune femme commençait à se dire qu’il y avait peut-être un espoir de faire comprendre à la méta-humaine qu’il y avait d’autres façons d’agir.

« Batman pensait la même chose que toi. Il avait peur qu’un jour, Superman ne décide d’asservir l’humanité, et il savait que personne ne pourrait l’arrêter. Alors il s’y est préparé. Mais il n’a jamais fait usage de violence ou d’intimidation devant des gens innocents. Et tu n’y es pas obligée non plus. Tu peux faire entendre ton point de vue devant le public. Tu es une très bonne oratrice, je suis sûre que les gens t’écouteront. Et s’ils voient que toi, une méta-humaine, tu te soucies de fixer des limites pour que les super-héros respectent les gens ordinaires, alors ils sentiront que tu te soucies d’eux et ils te soutiendront. »

Faire entendre son point de vue et faire bouger les choses grâce au soutien populaire ; y avait-il quelque chose de plus américain que ça ?

« De toute façon, tu te feras arrêter tôt ou tard. Et là, plus personne ne t’écoutera et les choses n’évolueront jamais. Ce n’est pas ça que tu veux n’est-ce pas ? »

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, ou peut-être « Dark Jeannie »?

« Non, non NON! C’est là que tu as tort! Au contraire! Batman serait devenu un vrai héros s’il les avait éliminés, pas un simple meurtrier! Batman aurait alors éliminé les criminels dangereux, ceux qui sont au-delà de toute rédemption, ceux qui sont de terribles dangers! Catwoman n’est pas un terrible danger, c’est une voleuse, à la base. Elle a tué combien de personne? Je ne sais pas il faudrait que je vérifie, en fait…

Le point, Helena, c’est qu’il aurait été un vrai héros car il aurait accepté de sacrifier une partie de son humanité pour faire le ménage. Pour permettre aux gens de vivre dans un monde moins corrompu. Moins gangrené par des injustices. Batman n’est pas un héros. Il ne se définit pas comme un héros, que je sache. Aucun super héros ne se défini vraiment comme un super héros car refuser de tuer fait d’eux des lâches. Pas des héros! »

Je commence à faire les cent pas, visiblement agitée, énervée. Cette rhétorique stupide… Comment peut-on être ainsi aveugle à ce qui est pourtant évident? Je serre les poings, mon regard est furieux… Et je sors de ma poche une balle antistress avec laquelle je commence à jouer. Du calme, Shayne, du calme. Elle n’aurait pas cette conversation avec toi si elle ne pensait pas qu’une Power Girl inexistante avait besoin de plus de temps. Alors on ne va pas faire exprès de mettre fin à une conversation autrement constructive. Je me force à me calmer. Et ma respiration se stabilise. Voilà. Mieux. Beaucoup mieux. Je m’excuse d’avoir haussé le ton. On peut être psychopathe… Ou était-ce sociopathe? Et avoir un minimum de manières. Que disions-nous déjà? Ah oui. Les super héros qui refusent de tuer. Et j’ai la parfaite analogie pour cela. Oh que oui!

« Question : si quelqu’un a le cancer, que fait-on? On élimine le cancer pour que le corps puisse vivre. Parfois, on enlève un morceau ou deux de l’organisme affecté. Mais on ne le laisse pas continuer à s’étendre, à se développer. On ne va pas le mettre dans un coin en espérant qu’il redevienne cellules saines! Et si on ne le traite pas, il tue son hôte, si j’ose dire. Les criminels dangereux SONT des cancers. Clairement que oui!

Ils DOIVENT être éliminés. De préférence chirurgicalement pour éviter les dommages inutiles. Et c’est tant mieux si les gens me voient comme la méchante de l’histoire. Je ne suis pas et ne serai jamais gentille ou une bonne personne. Ma nature même ne me le permet pas. Ce qui est important c’est qu’ils comprennent le message. C’est tout ce qui importe. Les humains ne veulent rien entendre, rien comprendre tant que le drame ne frappe pas!

Tu veux rire? Tout ceci est une expérience. Je voulais voir si quelqu’un allait se rendre compte de quoi que ce soit. Une ville arrête d’émettre, arrête de donner signe de vie et tu es la seule personne qui a réagi alors que le nombre de morts était déjà significatif. Et les gens du coin n’ont rien fait. Ils n’ont pas cherché à aider leurs voisins dans le besoin ou leur communauté. Ils ont attendu qu’on vienne les sauver. Des bœufs à l’abattoir.

Est-ce que ça va éveiller les consciences? J’en doute. Mais je peux te dire une chose par contre. S’il faut recommencer, je recommencerai jusqu’à ce que l’humanité ouvre les yeux. Il faut un exemple qui marque, qui choque, qui ébranle. Et si je me fais arrêter… Je ferai comme le Joker et compagnie. Je ressortirai de prison et recommencerai. À moins que tu aies retenu la leçon… Et que tu me tues, peut-être? Qui sait… Feras-tu ce qui est nécessaire? »

Je ne vais pas mourir et je le sais. Je ne suis certainement pas inquiète de ce qui pourrait se passer. Que voulez-vous qu’il se passe, au juste? Batman ne l’a pas entrainé pour tuer. Elle ne va donc pas me tuer parce que ce serait très probablement contre ses principes. Et si elle essaie, je suis capable de prendre soin de moi. Après tout, j’ai grandi sans parent, sans tuteur, sans modèle. Je n’ai besoin de personne, en fait. Et c’est parfait comme ça. Je fais ce que je veux, quand je veux et je ne laisse personne me dire quoi faire. C’est ainsi que se doivent d’être les choses. M’arrêter, moi. Alors là, ne me faites pas rire. Il suffit d’un peu de menace, d’un exemple concret et ils vont me laisser partir. C’est ça avoir des otages. On veut toujours protéger les otages. On étant les héros, pas moi. Pour ma part, ils sont dans les jambes, on dirait du bétail, grouillant et mugissant…

Helena avait beau essayer de parlementer, d’accorder du crédit à certains des propos de Shayne, cette dernière campait fermement sur ses positions. Pour elle, les criminels dangereux étaient des cancers qu’il fallait éradiquer, et tant pis si elle devait passer pour la méchante afin de faire entendre son message. Pour elle, tout ceci était une expérience afin de confirmer ce qu’elle savait déjà : tandis que les victimes s’amoncelaient, personne dans la communauté de Franklin n’a agi pour aider ceux qui avaient besoin d’aide. Ils ont juste attendu qu’on vienne les sauver. Elle n’était pas sûre que sa démarche éveillerait les consciences immédiatement, mais elle était prête à recommencer aussi souvent qu’il le faudrait jusqu’à ce que les gens comprennent qu’il était temps pour eux de se débarrasser de leur dépendance aux super-héros. Et même si elle allait en prison, elle s’évaderait, comme le Joker et les autres supers-vilains, jusqu’à ce quelqu’un ait enfin le courage de faire ce qu’il fallait : la tuer.

« Je ne te tuerai pas Shayne. Même si ta mort permettrait de sauver des dizaines de vie, je m’y refuse. Je te l’ai déjà expliqué : tuer quelqu’un, c’est franchir la limite. Et une fois franchie, on arrive plus à délimiter la frontière entre le bien et le mal. Alors jamais je ne te tuerai, peu importe ce que cela aurait à m’apporter. »

Helena se doutait un peu que Shyane ne voudrait pas l’écouter, mais elle avait quand même un espoir de lui faire entrevoir une autre façon de faire entendre son point de vue au monde. De toute façon, son but premier était de faire gagner du temps à Karen, pas de jouer les diplomates. Et cela faisait suffisamment de temps.

« Puisque tu refuses de discuter, je vais te proposer autre chose : rends-toi maintenant et laisse partir tes otages. Il y a déjà eu suffisamment de victimes. »

Evidemment, Shayne fut plutôt hilare après cette déclaration, alors Helena lui expliqua ce qu’elle avait en tête.

« Tu as peut-être pu me neutraliser, mais d’autres héros ne tarderont pas à débarquer ici pour t’arrêter. Et crois-moi, ils y arriveront. Ensuite tu seras jetée en cellule et on fera en sorte que tu n’en sortes jamais. Il existe des prisons pour les personnes avec tes capacités maintenant. Alors rends-toi service et abandonne. Puisque tu vas perdre de toute façon, pourquoi faire plus de morts ? De toute façon, personne ne voudra écouter ce qu’une terroriste peut avoir à dire. Les gens auront encore plus peur et ils seront encore plus dépendants des super-héros. Au final, on gagne et tu perds. »

Est-ce que la provocation marcherait mieux que la diplomatie ?

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, ou peut-être « Dark Jeannie »?

« Par autres héros, est-ce que tu veux dire Power Girl? Parce que si oui, je crains fort que tu sois déçue. Je peux prendre bien des formes, tu sais. Celle de ta chérie, par exemple. Oh Helena, tu as été une vilaine fille, tu sais? Ou peut-être que tu préfères ton mentor? La justice m’appelle, je suis la nuit… Ou sinon si tu veux une autre imitation, donne-moi le nom de la personne et je me charge de reste. Surprise? »

J’avais changé d’apparence, successivement, d’abord pour Power Girl et ensuite pour Batman avant de passer par tous les membres de la Justice League, des Avengers et des grands groupes de super héros connus. C’est plus facile qu’on ne le croit, vraiment. Changer une apparence c’est comme modeler de la glaise, essentiellement. Avec de la pratique, tout est possible. Elle pense vraiment me faire changer d’avis? Me convaincre de quoi que ce soit? Elle est pathétique, voilà ce qu’elle est. Si elle se refuse à tuer, tout ce qu’elle fera, c’est se rendre complice de plus de morts, de plus de souffrance. Et honnêtement, je ne m’attends pas réellement à ce que mon message passe. Les humains sont hostiles au changement quand cela leur demande un effort. Personne ne veut avoir à regarder la réalité en face et à se dire : je suis responsable de ma propre survie.

J’ose espérer obtenir une réaction un peu plus… Passionnée… De sa part… En se rendant compte que ce qu’elle croyait pour certain, que sa chérie était venue à son secours, n’était qu’une mise en scène, un jeu psychologique orchestré par moi. Oh je n’ai pas l’intention de la tuer non plus. Pas pour l’instant. Au contraire, je m’amuse bien trop à décortiquer comment elle fonctionne, à l’analyser. Tout cet intellect, toute cette formation auprès de Batman et elle continue de croire, à tort, que je suis Jeannie. C’est absolument délicieux. En fait, en y pensant bien… Je n’ai pas été très… Maline. Si Helena venait à rapporter certains de mes propos à Power Girl, cette dernière pourrait flairer que je ne suis pas qui je dis que j’étais… Et logiquement, l’humaine doit avoir bonne mémoire donc il est peut-être même déjà trop tard… Bravo Shayne, tu as succombé au grand cliché des méchants.

Un excès de confiance. Si elle a la force morale de ne pas tuer, cela veut dire qu’elle a aussi une grande force mentale et qu’elle sera probablement capable de revisiter ce que tu lui as fait endurer pour aller trouver les bons indices… Il faudrait lui faire oublier. Perdre la mémoire. Je pourrais endommager son cerveau, oui. Ou débalancer la délicate chimie de ce dernier. Mais… Ce serait trop facile. Bien trop facile. Et c’est peut-être là un de mes plus grands défauts. Si c’est trop facile, il n’y a ni saveur ni plaisir. Le chaos est une chose merveilleuse mais il doit servir un but. Le chaos ne peut pas servir le chaos, autrement, il est… Mais c’est bien tout. Et être sans but n’est pas une réelle existence. Il faudra que je trouve autre chose. Toutefois… Une question me brûle les lèvres. Je DOIS la poser. Parce que pour moi, c’est incompréhensible. Complètement sans logique. Donc…

« Des menaces en l’air d’une pseudo héroïne. Je ne crains ni pour moi, ni pour mon futur. Et il n’y a pas d’otages ici. Que des cultistes à ma gloire. Un pouvoir suffisamment puissant peut passer pour divin, après tout. Enfin. Je me demande. Tu dis que tu ne me tueras pas. Jamais. Tu es en train de me dire que je pourrais torturer la femme que tu aimes sous tes yeux, lui percer le cœur d’un éclat de kryptonite verte… Et tu me laisserais vivre? Pourquoi? »

Alors qu’Helena pensait que tout était bientôt fini, que Karen allait bientôt passer cette porte et vaincre Shayne avant de ramener sa femme chez elle, Shayne décida de briser ses rêves et ses espoirs en changeant de forme devant elle. D’abord Power Girl, puis Batman, puis tous les membres de la Justice League. La voir se transformer ainsi stimula les souvenirs inconscients de la jeune femme, qui tenta tant bien que mal de refouler ces souvenirs douloureux.

« Non... non... tu mens. Karen est là... elle va te vaincre... elle va me sauver. »

Sans s’en rendre compte, Helena était en train de faire exactement ce que son ennemie dénonçait : elle attendait désespérément que quelqu’un vienne la sauver au lieu de se prendre en main. Pire encore, son ennemie décida de profiter de sa vulnérabilité pour la torturer un peu plus. Elle lui demanda si elle serait prête à la tuer si elle torturait et assassinait sa femme sous ses yeux.

« Ah ! Tu n’as aucune idée... d’à qui tu as affaire. Karen est bien plus forte que toi. Jamais tu ne la captureras... et jamais tu ne la tueras. »

Plus elle parlait de sa femme, plus la jeune femme avait mal à la tête. Les pensées qu’elle tentait de refouler revenaient la hanter. Elle revoyait des flashs d’elle et de Karen, mais était-ce vraiment Karen ? Shayne l’avait-elle dupée en changeant son apparence ? Karen avait-elle seulement été là au départ.

Non... non... elle essaie de me manipuler. Elle joue avec mon esprit. Il faut que je m’éloigne d’elle.

Malgré le danger évident, Helena prit la fuite. Elle devait quitter ce bâtiment, aller trouver le FBI, la Justice League, n’importe qui pourvu qu’elle puisse avoir de l’aide. Elle savait reconnaître quand elle n’était pas de taille, et Shayne était clairement une adversaire trop forte pour elle. Elle devait fuir, reprendre des forces, élaborer un plan et revenir plus forte. Sans ça, qui sait quel horrible punition cette méta-humaine lui infligerait.

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, ou peut-être « Dark Jeannie »?

« Qu’est-ce que tu fais, Helena? Tu attends qu’on vienne te sauver? Que Power Girl vienne te sauver? Tu es EXACTEMENT comme les habitants de cette ville. Mettre sa vie entre les mains d’autrui plutôt que la sienne. Je n’aurais jamais pu prouver un point aussi parfaitement moi-même, tu me facilites tellement la tâche… Je suppose que je devrais te récompenser pour ton bon comportement, non? »

Helena semble avoir décidé autrement, par contre, en prenant la fuite. Décevant, vraiment. Je n’ai pas l’intention de la tuer. Bon, certes, personne n’aime la torture psychologique mais… Je ne suis pas SI cruelle avec elle. J’essaie de l’amener à réaliser un certain nombre de faiblesses qu’elle a et dont elle ignorait potentiellement l’existence. Le Chaos demande que les choses changent. Ce qui stagne est un affront à l’Entropie. En aidant… Aidant est un bien grand mot… Helena à évoluer, même si la façon de faire est très probablement traumatisante, elle pourra devenir meilleure. Et donc servir, plus ou moins volontairement, la volonté du Chaos. Vous trouvez ça illogique? Dommage pour vous car c’est on ne peut plus clair pour moi. Je suis tirée de ma réflexion par des coups de feu. Quoi?! Mais… Qui a osé? Non, non, non! Mais que font-ils ces imbéciles?

Clairement qu’Helena ne pense pas de façon tout à fait rationnelle en ce moment ce qui la rend nécessairement plus sujette à faire des erreurs ou à ne pas être en mesure de faire un plein usage de ses capacités et les gardes sont en train de lui tirer dessus. Dans des circonstances normales ou optimales, je ne doute pas de sa capacité à les neutraliser avec une certaine facilité… Mais la panique est très mauvaise conseillère si elle lui a suggéré la fuite ce qui, avouons-le, était probablement le pire choix à faire. Je sors à sa suite en criant des ordres. STOP! STOP! CESSEZ LE FEU! CESSEZ LE FEU! Les gardes me regardent, incrédules, ne sachant pas trop pourquoi je les empêche de neutraliser une menace et je dois faire un effort de volonté des plus intenses pour ne pas simplement tous les tuer où ils se trouvent. Non. Non. Ce sont des fanatiques. Ils veulent te protéger, Shayne, c’est tout.

Tout de même, cela ne sert en rien, en ce moment, mes intérêts. Vraiment pas. Il y a du sang par terre. Cela d’Helena ou celui d’un garde que je n’ai pas encore dans mon champ de vision? Je suis contrariée. Nous avions une discussion si intéressante… Chose certaine, il est physiquement impossible qu’une simple humaine ait simplement pu quitter le bâtiment en si peu de temps… Alors on va faire une… Expérience. Je suis curieuse. On dit toujours que les super héros font passer les autres avant eux. Voilà un superbe moyen de confirmer cette théorie. Ma voix se fait entendre dans tout le bâtiment grâce à l’intercom et je vous dirais que je suis extrêmement curieuse de voir la suite des événements. On va voir ce que celle qui se prétend tributaire de puissants principes moraux va faire. On va voir le sang de combien d’innocents peut se retrouver sur ses mains, en fait…

« Huntress, si tu ne reviens pas immédiatement dans cette pièce, mille personnes vont trouver la mort. Et je ne plaisante pas. Chaque minute où tu ne seras pas où je veux que tu sois va faire augmenter le nombre de morts jusqu’à ce que la population soit entièrement décimée. La question à se poser est la suivante : est-ce que ta vie vaut plus que leurs vies? Si oui, quel genre de super héroïne es-tu? Si non… Nous aurons l’occasion d’en discuter… »

Quoi? J’ai encore une surprise pour elle… Mais elle ne va pas aimer je le crains…

Helena ne pensait qu’à une chose : fuir. Elle devait aller trouver de l’aide pour venir à bout de Shayne et de ses fanatiques. Sur le chemin, plusieurs d’entre eux tentèrent de l’abattre, mais elle parvint à neutraliser tous ceux qui étaient sur son chemin et à esquiver les tirs des autres. Du moins jusqu’à un certain point, car une balle finit par venir se loger dans son bras gauche.

« Aahh ! »

La douleur lui donna une nouvelle dose d’adrénaline, de quoi l’aider à tenir bon et à continuer de fuir, laissant tomber du sang sur son chemin.

J’y suis presque... il faut que je tienne.

Mais alors qu’elle approchait de la sortie du bâtiment, Helena entendit la voix de Shayne dans les haut-parleurs. Elle lui annonça que si elle ne revenait pas immédiatement vers elle, alors elle se mettrait à tuer des innocents. Elle ne précisa pas s’il s’agissait des gens qu’elle gardait ici ou bien des habitants de Franklin, mais il était clair qu’elle comptait faire un carnage. Elle interrogea Huntress sur ses valeurs et ses motivations en tant que super-héroïne. Était-elle prête à mettre sa vie en jeu pour ces inconnus, ou bien allait-elle les laisser mourir pour se sauver ? La jeune femme poussa un long soupir.

Comme si je pouvais hésiter.

Helena se dirigea vers la salle des communications, les mains en l’air, et retrouva Shayne.

« C’est bon, je suis là. Ne tire pas, je me rends. Par contre... argh... je ne serais pas contre un médecin. Un des tes hommes m’a touché. »

La méta-humaine semblait tellement décidée à jouer avec sa prisonnière que cette dernière se dit qu’elle pouvait espérer être soignée.

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, ou peut-être « Dark Jeannie »?

« Qui t’a blessé? Tu m’indiques lequel et il est mort. Je n’ai autorisé personne à ouvrir le feu sur toi. Hum. Utiliser sa force vitale pour te soigner me semble… Poétique. Et si tu n’as pas vu qui c’était, ce n’est pas grave, tu en choisis un au hasard et si le coupable ne se dénonce pas, il aura une mort sur la conscience. Viens là que je regarde ta blessure. Blessure par balle au bras… Oui… Je vois, je vois… »

C’est la première fois, je crois, qu’elle me voit inquiète. Et elle se retrouve assise sur mes genoux pendant que j’inspecte sa blessure. De proche, je n’ai pas l’air d’une psychopathe ou d’une sociopathe. Sous cette apparence, j’ai certains traits de ma créatrice dont une curieuse forme… D’innocence. En temps normal, je détesterais ce fait mais probablement que dans la situation actuelle, cela pourrait aider à désamorcer certaines tensions. Je ne veux pas activement tuer Helena. Jouer avec elle, définitivement, c’est plus fort que moi. Mais je n’ai pas spécialement envie de lui faire du mal physiquement. Je me concentre sur sa blessure et en jouant avec la matière, non seulement j’extrais la balle sans faire de dommages mais en plus je peux soigner la blessure sans avoir besoin d’outils chirurgicaux. Bon j’aurais pu attendre qu’elle me dise qui a fait ça mais… Qu’importe.

Tu vois, que je lui dis, même pas une cicatrice! Et j’ai remarqué que tu avais des microdéchirures au niveau musculaire donc je m’en suis occupé aussi. Tu veux que j’inspecte le reste de ton corps, aussi? Promis, je ne ferai rien de maléfique. Quoi? J’aime utiliser mes pouvoirs! Et ce que je lui dis est vrai. La plupart de mes fidèles avaient des maladies graves ou incurables, des handicaps terribles ou toutes sortes de conditions diverses faisant de leur vie un enfer. Et vous les regardez aujourd’hui, ils ressemblent à n’importe qui d’autre! Vous ne vous en douteriez même pas! Et des fois, bien sûr, pour les fidèles qui performent mieux que les autres, une petite récompense. Un bonnet de soutien-gorge ou deux de plus pour cette jeune femme qui complexe sur son corps, un peu plus de musculature pour ce fan de gym qui ne veut pas utiliser de stéroïdes ou autres… Quoi?

Je suis définitivement chaotique avec un fort penchant pour la destruction. Cela ne veut pas dire que de temps en temps je ne peux pas faire quelque chose de « bien ». Je veux dire… Il y a des nuances dans la vie. Personne n’est complètement noir ou complètement blanc. Enfin. Dans 99% des cas. Et puis du reste, si vous voulez blesser efficacement, vous devez savoir comment guérir. Autrement, vous allez juste faire n’importe quoi et ça ne veut absolument rien dire. En tout cas ça doit lui faire bizarre à Helena d’être assise sur mes genoux… Avec moi qui semble avoir complètement oublié que je lui ai dit que j’allais donner la mort à des innocents si elle ne revenait pas dans cette pièce. Ou de me dire qui lui a tiré dessus que j’utilise son essence vitale pour la soigner. Je ne mens pas quand je dis que je suis instable. C’est comme ça. Un accident de la nature, si vous voulez.

« Oh… Je me souviens… Je voulais te demander un truc. Non. Deux trucs. En fait c’était trois trucs… Alors : te considères-tu comme réellement libre en tant que super héroïne, pourquoi tu es revenue sans savoir avec certitude si j’allais tenir parole et lequel des gardes est-ce que j’exécute parce que tu as été blessée? Oh et quatrième truc! As-tu envie de faire quelque chose en particulier? Tu es mon invitée, involontaire, après tout! »

Shayne, furieuse de voir qu’Helena avait été blessée, lui demanda qui était le responsable, et qu’elle le punirait pour ça, mais Helena ne voulait pas voir plus de gens souffrir.

« Je ne sais pas. Pour moi, tes hommes se ressemblent tous. En plus j’étais trop occupée à essayer de fuir. »

Grâce aux pouvoirs de la méta-humaine, la jeune femme fut guérie rapidement, pas même une cicatrice. C’était comme si elle ne s’était jamais faite tirer dessus. Shayne lui proposa également de réparer les mirco-déchirures de ses muscles.

« Non, ça ira. Mais merci. »

Assise sur les genoux de son ennemie, Helena était loin de baisser sa garde, mais elle savait que Shayne ne lui ferait pas de mal. Si elle avait voulu la blesser ou la tuer, elle aurait pu le faire bien plus tôt. Non, elle voulait juste jouer avec elle. Et justement, pour continuer son jeu, elle lui demanda si elle se sentait vraiment libre en tant que super-héroïne, pourquoi elle était revenue sans avoir de garantie que son ennemie tiendrait parole, et encore une fois, de désigner un coupable pour qu’elle puisse l’exécuter. Elle demanda également si elle avait envie de faire quelque chose en particulier.

« Ce n’est pas une question de liberté. Si j’étais partie en abandonnant ces gens, tu les aurais tués. Même si je meurs maintenant et que tu décides de les tuer ensuite, je sais que j’aurai fait mon maximum pour les sauver. Alors que si je m’étais enfuie... j’aurais porté leur mort sur la conscience pour toujours.
Ensuite, je ne sais pas lequel de tes hommes m’a blessé. Je ne l’ai pas vu, et en plus ils se ressemblent tous pour moi. Alors à moins que tu veuilles tous les tuer...
Et pour terminer, et afin que les choses soient bien claires entre nous... »

Elle fixa son ennemie droit dans les yeux.

« Je ne veux rien de toi, et je ne veux rien faire ici. Tout ce que je veux, c’est partir. »

Cependant, elle se doutait que ça n’allait pas être aussi simple.

« Tu ne pourras pas me garder ici éternellement. Tôt ou tard, la vraie Power Girl réalisera que j’ai disparu, et elle viendra me chercher. Et tu peux me croire, elle sera très en colère. »

Helena avait bien pensé à dire à Karen qu’elle partait, mais allait-elle tenir assez longtemps pour voir sa chérie venir à sa rescousse ? D’ici là, elle devait continuer à chercher un moyen de fuir.

« Mais puisque tu tiens tant à ce que je sois ton invitée... est-ce qu’il y a un endroit où je pourrais me reposer ? Toutes ces émotions m’ont fatiguée. »

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, ou peut-être « Dark Jeannie »?

« Hum? Excuse-moi, j’étais distraite… Un endroit où te reposer… En fait… Tu voulais partir, non? D’accord. Tu peux t’en aller. Dis bonjour à Power Girl pour moi. J’ai presque fini mon expérience à Franklin. Il me reste juste la grande finale et... Tu as clairement dit : je ne veux rien de toi, et je ne veux rien faire ici. Tout ce que je veux, c’est partir. Donc tu ne veux pas d’information sur ladite finale. »

Je donne l’ordre à mes gardes de la laisser partir… Mais notez que un, je ne leur ordonne pas de l’escorter dehors et que de deux, je me désintéresse d’elle immédiatement. Je quitte la pièce et me dirige vers une porte, plus loin, que j’ouvre avec un code à chiffre. Maintenant, on va voir si elle va vraiment partir ou bien si quelque instinct super héroïque va la pousser à vouloir savoir ce qu’est cette finale. Qu’elle parte ou qu’elle reste, laissez moi vous raconter la suite, vu au travers mes yeux. Derrière la porte se trouve une échelle qui descend sous terre. La centrale de Franklin a une particularité que bien d’autres n’ont pas. Une sorte d’abri anti atomique sortit de l’âge d’or de la guerre froide. Et dans cette relique d’une époque révolue... Vous vous souvenez de la question que j’ai posé à Helena? te considères-tu comme réellement libre en tant que super héroïne?

J’ai remarqué une chose. Les super héros se battent pour un monde libre mais ils sont enchainés par le poids des responsabilités. De ne pas abuser de leur autorité. Ils vivent dans la peur de leurs propres pouvoirs. Un super héros, alors, est encore plus un prisonnier qu’un super vilain en prison. Le super vilain peut s’évader, peut être libéré. Mais de quoi pouvez-vous être libéré si vous craignez une partie de ce que vous êtes? Ces chaines ne partiront jamais. Mais… Imaginez que oui, en fait. Être matériakinésiste ne me donne pas la faculté de contrôle mental. Mais… jouez suffisamment avec la chimie d’un cerveau et vous pouvez faire des choses stupéfiantes. Imaginez que vous réussissez à supprimer les chaines dont je parle et empêchant certaines inhibitions chez l’organisme affecté, par exemple. Imaginez qu’il s’agisse d’un individu avec des pouvoirs similaires à ceux d’un kryptonien.

Maintenant, vous relâchez dans la nature un être qui ne voit plus l’utilisation de ses pouvoirs comme problématique. Qui va faire toutes les choses idiotes ou dangereuses qu’il a toujours voulu tenter mais que l’éthique, la morale et la crainte l’ont empêché de faire. Et vous lui donnez toute la ville de Franklin comme terrain de jeu. Vous imaginez sans ma la dévastation que tout cela va causer. Plus intéressant encore. Je vous ai dit que les gens de Franklin attendaient désespérément l’arrivée d’un super héros. Que va-t-il se passer avec leurs esprits fragiles quand le, pardon la super héroïne en question va tout dévaster au lieu de les aider? Je suis curieuse de voir ce qui va se produire. Évidemment, je ne suis pas stupide. Je me suis gardé une sorte de laisse pour contrôler ma création. Donc je vais pouvoir observer mon expérience en toute quiétude. Voilà ce qui attend cette ville.

Maintenant, est-ce qu’Helena m’a suivi, je ne sais pas. Est-ce que mon échange verbal avec mon sujet test est perceptible à ses oreilles, si elle est là, je ne sais pas. Je n’ai pas d’yeux derrière la tête. Je pourrais si je voulais mais ce ne serait pas très beau, esthétiquement. Et puis de toute façon c’est sans importance. Admettons qu’elle est là. La super héroïne désinhibée vient de prendre son envol et la dévastation commence. La fin de Franklin. Elle a clairement dit qu’elle ne me tuerait pas… Et on ne raisonne pas avec quelqu’un mentalement instable. Que peut-elle faire pour stopper tout ça? À mon avis, rien. Mais si elle a vu, et j’aimerais que ce soit le cas, peut-être va-t-elle enfin entrevoir ma vision corrompue du monde et comment on règle les problèmes. Que derrière l’extrémisme de mes méthodes, il y a une logique, un fil conducteur quelque chose d’organisé, en fait.

Ce qui amène, nécessairement, à une autre question. Qui est le plus dangereux? Un fou qui ignore qu’il est fou et donc qui agit sans nécessairement savoir toute l’étendue des dégâts qu’il cause ou un fou qui sait pertinemment qu’il est fou mais qui ne semble nullement intéressé par quelque guérison que ce soit, résolument décidé que la folie était la seule chose pour lui? Sans doute Helena a-t-elle dû faire face au Joker ou à de nombreux illuminés de Gotham. Mais est-ce qu’on a une échelle de comparaison équivalente? Qui sait, qui sait. De mon avis personnel, par contre, je dois avouer que la jeune femme a piqué ma curiosité. Elle n’est qu’incohérence, à mes yeux. Elle ne veut pas tuer mais veut empêcher le crime. Elle veut sauver des vies mais pour ce faire, sacrifierait la sienne. L’échange n’est pas bon. Logique. Sauver un millier d’individus sans instinct de survie?

Pourquoi? La question est presque obsédante. Celle qui est mentalement instable, c’est moi, techniquement, pas elle. Et il n’y a rien de sain dans ce raisonnement. Une dangereuse naïveté. Un pseudo optimisme mal placé. Une philosophie défaillante. Et même elle. Power Girl va venir me chercher. Pourquoi? POURQUOI? Elle a elle-même reconnu la dépendance de la population générale face aux super héros et ELLE-MÊME place ses espoirs dans une autre super héroïne! C’est… Fascinant. Ce qui me fait éclater d’un grand rire hystérique car je déteste ça. Helena Wayne aurait dû être… Un simple jouet. Jetable, rien à garder sur la durée car nécessairement elle serait comme tous ces pseudos héros qui se pensent tellement supérieurs aux autres. Mais il y a tellement de failles dans sa logique… Je suis même en train de me demander si elle n’est pas restée volontairement, après tout.

Elle est la disciple de Batman, non? En logique pure, elle me bat. Je n’ai jamais prétendu être du calibre d’un super cerveau. Et pourtant, malgré toute son expérience, son savoir, son expertise et le reste… Je dois me faire des idées mais jusqu’à un certain point… On dirait presque que c’était fait de façon délibérée. Oh, la théorie du syndrome de Stockholm serait si délicieusement… Est-ce que des super héros se sont déjà laissés capturer par des super criminels pour assouvir quelques pulsions masochistes ou on désir d’être dominé? Dans mon esprit tordu, un autre plan germe… Oui… Il faudrait expérimenter là-dessus. Tant de questions… Tant de possibilités… Et la Terre est vaste et sa ressource principale nombreuse. Les victimes. Plus de 7.8 milliards de victimes potentielles pour des expériences de diverses nature. Je crois que je vais conclure cette partie de mon récit par un monologue, tiens… Qui sera entendu ou non.

« Bien joué, Helena, bien joué… Tant de questions sans réponse, quelle agonisante torture pour cet esprit déjà si tourmenté qu’est le mien. Franklin est perdue, ne pourra pas être sauvée… Mais notre affrontement n’aura pas été un blanchissage… Tu as porté un coup et tu auras porté le bon. Comment pourrais-je vouloir poursuivre mes nombreuses expérimentations avec un puzzle aussi délicieusement frustrant… »

Shayne répondit aussitôt aux demandes d’Helena en lui disant qu’elle pouvait partir. Elle ne la retenait pas plus longtemps. En revanche, elle laissa quand même supposer que quelque chose de bien plus grand se préparait à Franklin, quelque chose d’encore plus terrible que tout ce qu’elle avait déjà fait.

« Parce que tu m’aurais révélé des choses si je t’avais suivi et obéi ? Tu m’aurais laissé apprendre ce que tu préparais alors que depuis le début, je te dis que mon seul but est de t’arrêter ? »

La méta-humaine ordonna aux gardes de laisser sa prisonnière partir et elle la laissa pour se diriger vers une porte fermée par digicode. Dans un premier temps, la jeune femme se dit que c’était une occasion en or de partir, mais ensuite, elle commença à s’interroger.

Si je ne vais pas chercher de l’aide maintenant, je risque de ne plus jamais pouvoir le faire. Mais si je pars maintenant, elle mettra son plan à exécution. Et je ne sais toujours pas ce que c’est.

Son père lui aurait probablement conseillé de se retirer pour le moment afin de trouver une stratégie. A l’inverse, sa mère lui aurait dit que le risque encouru en valait la peine si cela lui permettait d’avoir un plus gros lot à la sortie. Elle prit un peu de temps pour y réfléchir, et au final, elle décida de plutôt suivre la voie de sa mère. Cependant, avant de courir rejoindre son ennemie, elle sortit un instant de l’usine le temps d’envoyer un message à Karen et au FBI.

« Centrale charbon, sortie ville. Hommes armés et civils. Danger méta-humaine. Attentat en préparation. »

Restait à espérer qu’ils viendraient assez vite. Helena rattrapa Shayne juste quand cette dernière commençait à descendre sous terre par une échelle.

« Shayne ! Attends ! En fait j’ai bien envie de voir ton grand final. »

La méta-humaine ne l’empêcha pas de la suivre, tout comme ses sbires, et la jeune femme s’enfonça dans les entrailles de la centrale. Cette dernière possédait une particularité assez unique : un abri antiatomique datant de l’âge d’or de la Guerre Froide, encore en bon état. En bas de l’échelle, elle pouvait entendre la pseudo-déesse parler, sans savoir si elle se parlait à elle-même ou si elle s’adressait à elle. Elle disait que Franklin était perdu, qu’il était trop tard pour la sauver, mais qu’elle ne souhaitait plus poursuivre ses expérimentations à présent, que l’héroïne lui avait porté un coup sévère.

Un coup ? J’aurais réussi à atteindre quelque chose en elle ?

Ou ce n’était peut-être qu’une autre élucubration de son esprit dément. Helena descendit jusqu’en bas de l’échelle, puis franchit une porte blindée laissée ouverte. Il n’y avait aucune lumière à l’intérieur, elle n’y voyait que grâce à la lumière venant de l’autre côté de la porte.

« Shayne ? Tu es là ? »

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, ou peut-être « Dark Jeannie »?

Elle est restée? Elle est restée? C’en est trop pour moi. J’éclate d’un grand rire dément. Pas le genre de rire dément de mauvais méchants pour se donner un genre. Là c’est clairement un cerveau déjà passablement instable qui vient de faire TILT! Erreur 404, le crash, rien ne va plus. Cette femme est dangereuse. Très dangereuse. De nous deux elle devrait être la plus saine et… Et… Je me lève, comme déboussolée, mes pensées s’entrechoquant dangereusement dans ma tête avant de mettre un grand coup dans le mur le plus proche qui se fissure sous l’impact. Je me suis coupée et je saigne mais je n’ai rien remarqué. Je suis assise en petite boule, en train de rire, de rire… Le tout ponctué par les gouttes de sang qui tombent sur le sol. Et dans Franklin, sur tous les écrans qu’elle peut voir en arrivant dans la pièce où je me trouve… La grande finale que j’ai orchestrée.

Une méta humaine, une super héroïne en train de tout détruire avec ses pouvoirs, faisant toutes les choses qu’elle n’a jamais osé faire avant, complètement libre de faire ce qui lui plait. C’est le cauchemar des organisations comme le SHIELD. Qu’un « super », un vrai, pète les plombs et commence à tout détruire sur son passage. C’est pour cette raison qu’ils tentent de les contrôler un maximum, après tout. Je relève la tête pour regarder mon œuvre. Encore une fois, une démonstration qui va faire couler autant d’encre que de sang. Je ne sais pas qu’Helena a appelé des renforts… Mais même s’ils en envoient, à part Power Girl ou un super de son calibre (Superman, Wonder Woman, Green Lantern, Capitaine Marvel…) Mais s’ils ne sont pas venus pour enquêter sur le problème initial, je doute qu’ils viendront maintenant. Power Girl, pour Helena, possiblement. Qu’importe…

« Tu vois Helena, la fin de Franklin… Voilà ce qui arrive quand on libère les gens comme toi, les super héros, de leurs chaines. Fini la noblesse. Fini la compassion. C’est de l’amusement purement égoïste et un manque flagrant de considération pour les conséquences qui prend le dessus. Et encore, c’est une super héroïne relativement mineure, rien qui soit du calibre de Power Girl ou Superman mais regarde l’étendue des dégâts!

Mais ce n’est pas le plus troublant. Cet honneur te revient. Tu es dangereuse. Un insidieux poison. Tu es la disciple de Batman et tu ne suis aucune logique. Tu remets ton sort entre les mains de Power Girl. Tu refuses de tuer alors que c’est la solution la plus pragmatique. Tu es revenue te jeter dans la gueule du loup alors que je t’ai rendu ta liberté… Si seulement tu pouvais ressentir l’extrême agonie que tu me fais subir en ce moment… »

Je la regarde, les yeux embués de larmes, tentant de garder contenu le maelstrom qui fait rage dans ma tête. Je parviens malgré tout à rire encore. Et elle peut voir ce qui a toujours été sous son nez depuis le début mais qu’elle n’aura probablement pas remarqué car elle était plus occupée à se méfier ou à me juger. Malgré tous mes pouvoirs, malgré tout ce que je peux faire… Je suis un être brisé. Défectueux. Défaillant. Je suis née des mauvais sentiments de ma créatrice. Ce n’est pas comme se regarder dans un miroir déformant, c’est comme se regarder dans un miroir brisé. Ce que vous esprits ne comprennent pas c’est que je suis plus ou moins l’incarnation des sentiments non diluées d’une entité plurimillénaire. Le chaos est une force autodestructrice… Alors vous pensez que je suis quoi, ultimement? Il n’y aura pas de fin heureuse pour Shayne Hannigan!

Helena s’attendait bien à ce que son retour dans la gueule du loup perturbe Shyane, mais le spectacle auquel elle assista en entrant dans le bunker dépassa de loin ses craintes les plus pessimistes.

Sur tous les écrans de ce qui semblait être une salle de commande, elle pouvait voir une super-héroïne en train de détruire Franklin dans un déferlement de rage et de puissance. Les immeubles en ruine, les civils qui fuyaient en hurlant, la police qui se battait désespérément... c’était un spectacle de cauchemar. Puis elle entendit quelqu’un rire. Elle se tourna et vit Shyane, assise par terre dans un coin, en train de rigoler avec du sang coulant de sa main. En l’observant un peu, Helena comprit vite que ce n’était en rien un rire machiavélique ou un signe qu’elle prenait plaisir à voir la ville détruite. Non... c’était un rire nerveux. C’était le son terrible de l’esprit volant en éclats et des sentiments s’entrechoquant jusqu’à former un amas totalement méconnaissable et impossible à exprimer. Le genre de rire qu’on pouvait entendre dans la bouche du Joker, l’ennemi juré de Batman, ou dans celui de n’importe quel autre personne ayant atteint un dangereux point de rupture. Entre ça et ce qu’elle avait sous les yeux, le pire était à craindre.

« Shayne... ce que je vois sur les écrans... c’est en direct ? Ça arrive maintenant à Franklin ? »

La méta-humaine commença à évacuer ses mauvaises pensées à haute voix. Elle parla à son adversaire de sa révulsion pour les super-héros en avançant que le spectacle sous ses yeux était ce qui arrivait quand un super était libéré de ses chaînes. Plus de compassion, plus de responsabilités, juste une personne égoïste qui ne pense jamais aux conséquences. Elle exprima ensuite toute l’agonie que lui faisait endurer le comportement incohérent de son ennemie. Elle ne suivait aucune logique, était aussi apathique que les civils courant à présent pour sauver leur vie, elle refusait le pragmatisme du meurtre des criminels et elle était revenue se jeter dans la gueule du loup après avoir réussi à en sortir.

« Shayne... je... »

Là, Helena ne savait plus quoi dire. Surtout que Shayne semblait à deux doigts de pleurer. Elle alla s’asseoir face à elle et fixa ses yeux embués.

« Shayne... je vois que tu souffres, mais je ne sais pas comment t’aider. D’ailleurs, je ne sais même pas si je peux t’aider. Mais si je peux le faire, et si tu veux de mon aide, je te promets que je te la donnerai.
J’ai compris une chose à présent : je ne peux pas te faire changer. Et tu ne pourras pas faire changer les gens de cette façon. Crois-tu qu’ils vont sortir de leur apathie pour combattre ce méta-humain que tu as lâché sur leur ville ? Non. Ils vont s’enfuir et prier en fixant le ciel pour qu’un super-héros vienne les sauver. Et tu sais pourquoi ? Parce que l’homme est irrationnel. C’est dans sa nature. Changer cela entraînerait une disparition de cette individualité qui fait de nous des humains. Tu auras beau t’épuiser, t’époumoner, te détruire physiquement et mentalement, ils continueront à agir de manière stupide et incompréhensible.
Mais cela ne veut pas dire qu’ils ne méritent pas de vivre. Il faut seulement travailler dur, jour après jour, pour que la raison l’emporte sur la bêtise, pour que le partage l’emporte sur l’égoïsme, et qu’il y ait toujours plus de bonnes personnes que de mauvaises.
Oui, j’ai agi de manière irrationnelle en revenant ici après avoir réussi à en sortir, mais je l’ai fait quand même. Pourquoi ? Parce que je pensais que j’avais quelque chose à y gagner, que je pourrais en apprendre plus sur ton plan. Et j’ai réussi. Alors tu vois... incohérence ne veut pas dire stupide.
Maintenant si tu veux bien m’excuser, j’ai une ville à sauver. Je te conseille de méditer sur ce que je t’ai dit. »

Helena se dirigea vers l’échelle pour quitter le bunker. Franklin avait besoin d'elle, et d’autres super-héros étaient sûrement déjà en route.