
Le combat contre le Leshen était à la hauteur de ce qu’on pouvait attendre de lui. Redoutable, l’adversaire affrontait les deux duellistes dans un combat violent et éprouvant, utilisant les animaux de la forêt. L’ancien esprit protecteur avait sombré dans la démence. Cahir savait, grâce à son passé mijakien, que ces créatures avaient proliféré depuis quelques années, vraisemblablement en réponse à la Chute de l’Eld. La magie noire se répandait partout, corrompant les forces élémentaires, comme pour illustrer la très mauvaise passe que la planète était en train de traverser. Puissant, le Leshen ne leur épargnait rien, et Cahir, après l’attaque de ronces, vit un loup le charger, le renversant au sol.
Tandis que Sophitia générait une rangée de stalagmites vers le Leshen, Cahir, lui, se retrouva couché sur le sol, et évita de justesse d’être égorgé par le loup en brandissant son poignet. Les crocs du loup se plantèrent contre son gant, qui absorba l’impact, sans pour autant dissiper la douleur. Avec son autre main, Cahir tenta de repousser le loup, hélas sans réel succès. S’accrochant furieusement à lui, les yeux injectés de sang, la bête griffa son torse, ses griffes raclant son armure protectrice faite d’ébonite. Autant dire que la situation était complexe. Cahir vit la bête se redresser, ses dents claquant encore furieusement, ce qui lui offrit l’opportunité, avec sa main meurtrie, de le repousser en poussant sur sa gorge. L’homme se releva ensuite, tandis que le loup bondissait à nouveau après s’être remis sur ses pattes... Mais la lame de Cahir fouetta l’air au même moment, dans un geste réflexe qui ouvrit la gueule du loup en deux, envoyant des éclaboussures de sang sur son torse.
L’apatride se retourna vers Sophitia, qui demanda s’il n’avait pas quelque chose pour l’enflammer.
« J’ai une Étoile dansante. »
C’était une bombe incendiaire, que Cahir avait pensé à récupérer en plus de ses élixirs. Il l’attrapa nerveusement, tandis que le Leshen se dispersait encore, s’évaporant en une nuée de corbeaux, avant de fondre sur Cahir. Sophitia généra des stalagmites supplémentaires, contre lesquelles les corbeaux se heurtèrent... Avant de se replier encore, et de les contourner, telle une nuée vorace et assoiffée. Cahir dernier frappa encore l’air avec sa lame, et les corbeaux se dispersèrent, jaillissant dans son dos. Dans un geste réflexe, l’apatride pivota sur place, et frappa l’un des bras du Leshen, le tranchant sur place. Un coup fatal, mais hélas inutile. Depuis le crâne du Leshen, un nuage noir jaillit, formant une sorte de poison corrosif, tandis que son bras se mettait à repousser, formant un ensemble noueux de branches et de fleurs flétries.
L’apatride sentit alors des racines s’agripper à sa gorge, venant ensuite le plaquer contre le mur de stalagmites, tandis que d’autres racines venaient s’enrouler autour de ses bras, comprimant ses muscles. Il cracha sur place, ses bras se bloquant, sa main serrée sur l’Étoile dansante. Des ronces commençaient déjà à attaquer l’armure, et, alors qu’il aspirait faiblement, sentant l’air lui manquer, ses doigts décapsulèrent l’Étoile dansante, relâchant ensuite la bombe. Sans le bouchon, la solution incendiaire se déclencha rapidement, provoquant un sifflement suraigu qui dura quelques secondes...
...Puis la bombe explosa brusquement, déversant autour d’elle un jet de flammes. Le Leshen s’enflamma en quelques secondes dans un hululement strident et sinistre, tandis que Cahir sentait également le feu le frapper, et tomba au sol. Si l’armure l’avait sauvé en absorbant l’essentiel de l’onde de feu, les ronces avaient atteint son cou, diffusant du poison à l’intérieur, tandis que quelques gouttes de sang perlaient de sa peau. Cahir se mit donc à ramper, tout en éternuant douloureusement, des larmes noyant ses yeux.
Quant au Leshen, il poussa de nouveaux hululements, avant... De disparaître. Il tomba en poussières, dans un bruit de flétrissures et de craquements de bois, une fumée noirâtre visqueuse s’échappant des bris de bois étalés sur le sol, avant de disparaître. Mais pouvait-on sérieusement croire qu’il était mort ? Rien n’était moins sûr ! Mais, pour l’heure, il fallait s’occuper de Cahir, qui n’arrivait plus à se lever, des points noirs dansant devant ses yeux...