The Multiversity

Lumen avait beau connaître des bouleversements économiques et sociaux, ce n’était pas pour autant que les prétendants ne se bousculaient pas au portillon. Traditionnellement, c’était le Roi et la Reine en fonction qui s’occupaient de marier leurs enfants, en ayant toujours en tête le bien du royaume. C’était dans cette optique que Rickard Ivory avait épousé la duchesse de Kovar, mais, avec Elena, il y avait une situation juridique difficile à traiter, car sans précédent : elle était la dernière des Ivory encore en vie, ce qui faisait que seule elle pouvait consentir au mariage. En d’autres termes, les parents n’étaient plus là pour provoquer le mariage, et il fallait donc séduire Elena. Certes, cette dernière avait du soutien, notamment de la part d’Adamante, à tel point que les ducs et les autres rois proposant un mariage savaient très bien que, non contents de convaincre Elena, il leur faudrait aussi convaincre Adamante. Cette dernière était silencieuse en public, mais, en privé, il était connu qu’elle et Elena parlaient longuement de tout et de rien. Quoi de surprenant ? Les Mélisains avaient agi en ce sens, en liant dès le berceau Adamante et Elena. Adamante représentait à elle seule toute cette famille qu’Elena n’avait pas, une véritable grande sœur... Et peut-être même plus encore. Ça, c’était tout un débat, une question éternelle, sur laquelle la Reine n’était pas encore fixée.

Hinata tenta de la rassurer, en lui indiquant que le peuple ne voudrait que son bonheur. Elena se permit un léger sourire devant cette réflexion très idéaliste. Le peuple, son bonheur ? Le peuple se moquait bien du bonheur de sa souveraine, et ne voulait qu’une chose : qu’elle se remue le cul pour les aider à aller mieux, pour améliorer leur situation. Reine ou Roi, c’était une profession très ingrate. Certes, on logeait dans des appartements magnifiques, très luxueux, mais il fallait aussi savoir se sacrifier jour et nuit pour son peuple. Nöly et Liam auraient pu la préparer à devenir une Reine efficace, à manier une diplomatie de velours dans un gant de fer, comme le couple royal avait su le faire. Nexus avait tant perdu le jour de leur double mort. Il n’y avait pas qu’Elena qui avait tout perdu ; le royaume avait également commencé à sombrer à nouveau, s’enfonçant davantage. Elle, elle avait été formée par les moines et par Jamiël, mais, aussi proche que Jamiël le fût de Nöly, elle n’a jamais été à sa place. Le petit bonheur d’Elena était secondaire devant celui de son royaume, et même sa peine à l’idée d’être orpheline ne devait pas transparaître. En période de crise, on ne voulait pas d’une souveraine égoïste qui songerait à se marier seulement avec les gens qu’elle aimait ; on voulait une dirigeante forte, qui saurait maintenir les bannerets et les vassaux à respecter leurs serments, et à agir contre l’Empire. On voulait d’une souveraine qui arriverait enfin à museler les grands syndicats, les puissantes banques, et les consortiums économiques, pas d’une petite mijaurée née avec une cuillère en argent dans la bouche, qui se prélasserait dans ses draps de soie, en balançant à un peuple affamé des miettes de pain. Tout ça, Elena le savait, et elle l’appréhendait. Comment faire ? Elle avait le sentiment de n’être encerclée que de requins, d’arrivistes, d’opportunistes, d’individus soucieux de dévorer son trône, et de l’enchaîner, de spolier Nexus, et de l’offrir aux Ashnardiens avec la promesse de conserver la plus grosse part du butin.

En ce sens, il était donc bien, pour Elena, d’avoir des amies. Edoras, malheureusement, serait d’un piètre secours envers Nexus. Oh, ce serait un beau mariage, car Edoras était un État protekhan, mais il était éloigné de Nexus, restait relativement petit, et ne pourrait pas fournir aux Nexusiens les avantages technologiques tekhans... De plus, le sexisme ambiant à Edoras serait mal vu de la part des Nexusiens. Hinata lui expliqua alors qu’elle devait penser à autre chose, qu’elle avait encore tout le temps avant de songer au mariage... Vraiment ? Elena le savait, mais elle ne pouvait pas s’y empêcher.

*Comment suis-je censée profiter pleinement de la vie, quand, hors de ces paisibles murs, les gens passent leur temps à me calomnier ? Comment puis-je me prétendre détendue quand tant de gens s’appauvrissent chaque jour ?*

Hinata, pourtant, avait tout à fait raison. Elena était encore mineure, et, si un mariage devait avoir lieu, il ne pourrait avoir lieu que quand Elena serait majeure. Là encore, une ordonnance royale datant d’un certain temps avait décidé de rehausser la capacité de contracter un mariage à l’âge de la majorité civile, afin d’éviter les abus, notamment les mariages entre des personnes très âgées et des personnes très jeunes, ce qui constituait une manière de violer la loi en autorisant la pédophilie. Cette telle pratique était autorisée dans la mesure où, suivant un adage juridique, le viol entre époux n’existait pas, le mariage supposant, nécessairement, une présomption aux relations sexuelles. Ce faisant, la loi avait autorisé la pédophilie, ce qui avait finalement conduit à l’adoption d’une ordonnance qui avait rehaussé l’âge du mariage, n’autorisant des exceptions que dans des cas exceptionnels et rarissimes. La Reine avait donc encore le temps avant d’y songer.

« Dans le pire des cas, si tu hésites trop, je serais heureuse de me marier avec toi et t'ôter tout plein de doute ! » lâcha alors Hinata.

Elena, qui était près d’elle, blottie contre son corps, se mit à sourire à son tour, comprenant la plaisanterie... Ou pas ?

« Tu serais donc prête à affronter tous mes prétendants pour moi ? C’est très flatteur ! »

La Reine tourna alors la tête en voyant Adamante et Nora s’avancer vers elles. Sans que la petite Ivory n’ait le temps de dire quoi que ce soit, Hinata leur balança cette idée incongrue :

« Elena et moi, nous allons nous marier ! Nous en avons conclu que dans une année, jour pour jour, ce serait idéal, le jour de notre véritable rencontre, une année après, le jour de notre mariage. Nous discutions de cet endroit, ne le trouvez-vous pas sublime pour nous marier ici ? À moins que nous fassions cela à Edoras ? J'en suis toute excitée ! »

Adamante pencha lentement la tête sur le côté, avant de rapidement sourire. Elle pouvait lire en Elena comme dans un livre ouvert, et haussa les épaules.

« Elena fait parler toutes les têtes... Il suffit que je la laisse une minute seule avec quelqu’un d’autre pour qu’on parle déjà de mariage. »

Elena rougit poliment en souriant, l’air contrite. Adamante, en réalité, était ravie. L’idée de cette entrevue avait rendu la Reine relativement nerveuse. Elle avait eu peur de décevoir Hinata, de ne pas être à la hauteur des attentes de la belle Edorrassienne. Visiblement, les deux s’entendaient à merveille. Adamante n’était nullement jalouse. Contrairement à ce que les commentateurs et les cyniques disaient, elle n’exerçait pas sur Elena une influence totalitaire et monopolisante. Elle aimait la Reine, tout simplement... Et elle aussi n’était pas totalement fixée sur la nature de cet amour. Sans pouvoir se l’expliquer, elle ressentait malgré tout une petite pointe noire à l’idée d’envisager Elena se marier avec quelqu’un d’autre qu’elle. Elle s’expliquait ce sentiment en se disant qu’elle connaissait Elena depuis sa plus tendre enfance, et qu’elle estimait donc avoir son mot à dire sur une quelconque union... Mais il était fort possible qu’il y ait une autre chose derrière ça, quelque chose de bien plus différent, mais que les deux femmes se refusaient même à envisager, sans doute par cette naïveté propre aux amies d’enfance.

« En tout cas, j’espère que votre séjour à Nexus vous plaît, pour l’heure », lâcha Elena, à l’attention d’Hinata et de Nora.

Oui Hinata avait des idées stupides parfois mais elle était là pour blaguer et même si Elena rentra dans son jeu en se demandant si elle serait prête à tenir tête à ses prétendants? Eh bien oui, elle serait capable! Même si elle disait cela sur le ton de l'humour, si Elena a vraiment peur d'une personne qui veut vraiment se marier avec elle, Hinata sera là pour son amie. Certes, ce n'était pas un véritable amour alors dans ce cas mais elle avait toujours su que dans certains mariages forcés ou sans amour, tôt ou tard la graine de l'amour germait entre elles et pouvait faire des miracles. Que ce soit des gros nobles de n'importe quel pays, des dictateurs, des chevaliers, de simples prétendants, elle pourrait venir stopper tout cela, même face à une prétendante! Si Elena a vraiment besoin d'elle, elle viendra l'aider. Certes, ce serait différent si elle serait déjà mariée de son côté... Qui sait ce qui peut se passer en quelques années après tout? Mais bon, fin de cette petite blague, Hinata observa la réaction des deux autres, Adamante avait vite percé la blague en se disant qu'Elena venait déjà à en parler mariage en si peu de temps. Faux, c'est elle qui a lancé le sujet mais passons. Nora aussi savait que c'était une blague. Même si Elena était une amie de longue date et que la princesse semblait pas le moins du monde, intimidée, elle ne serait pas aussi sereine si elles auraient parler mariage, sérieusement.

« N'allez pas trop vite les filles. »

Nora resta souriante devant cette atmosphère paisible, ici, dans les jardins alors que la jeune reine vint à savoir si leur séjour se passait bien pour le moment mais ce n'était pas vraiment utile de répondre, il suffit de voir l'ambiance qui règne ici pour être fixé. Tout allait bien dans le meilleur des mondes.

« Je n'ai rien à redire pour le moment, tout est absolument parfait Elena! Si ça continue, je crois que je vais bien avoir du mal à quitter Nexus. Mais plus tard, ce sera à toi de venir passer quelques jours à Edoras! »
« Du calme Hinata, Elena a aussi des choses à voir de son côté avant de songer à se reposer un peu à Edoras. Pour le moment, profite avec elle de ton séjour ici et ne pense pas au reste. »
« Tu as raison. Alors Elena, tu as d'autres endroits à me faire visiter? À moins que tu veut qu'on partage quelque chose à deux? Ou même à quatre pour pas laisser Adamante et Nora de côté. »

Il devait bien y avoir certaines choses à faire à quatre? Pas la lecture ou ce genre de choses mais une activité, une visite d'un endroit spécial, ce genre de chose? Et justement, elle avait une petite idée de cela, il était encore un peu tôt pour diner mais rien ne les empêchait de prendre un petit thé par exemple? Avec quelques biscuits ou gourmandises, ce ne sera pas de refus après tout, n'est-ce pas?

« Pourquoi on n'irait pas prendre un thé toute les quatre? Cela pourrait être sympathique, vous en pensez quoi? »

Bien entendu, la princesse était pour et Nora d'un bref sourire l'était aussi. Elle était en sécurité au palais de Nexus mais son rôle reste quand même de rester auprès d'elle quoi qu'il arrive et donc, elle sera partante. De plus, ça lui permettra d'avoir Hinata un peu plus à l'œil et pourquoi pas d'en apprendre plus sur Adamante aussi. Elle était un peu comme elle, toujours à surveiller Elena et la conseiller et bien que leur rôle soit un peu différent l'une de l'autre, il était aussi très similaire.

Le mariage... Le rêve pour beaucoup de jeunes filles, un moyen de s’extraire de leur famille pour vraiment contribuer au sein de la société. Aux hommes et aux femmes issus de la noblesse, on leur enseignait l’importance du mariage dès leur plus jeune âge, afin de permettre d’augmenter la puissance de leur famille, son influence, et son prestige. Même les Ivory n’y avaient pas fait exception. L’Ordre défendait l’idée selon laquelle l’institution était un lien d’amour aux yeux du Dieu entre deux êtres qui s’aimaient, une manière d’indiquer aux yeux du monde qu’on entendait s’associer pour fonder une famille, constituant ainsi le lien intermédiaire fondamental entre la société et l’individu. Mais le mariage, ce n’était pas qu’un lien d’amour, c’était aussi un lien politique, une manière d’associer pacifiquement deux familles, quelque chose que les Ivory avaient beaucoup utilisé pour accroître leur influence auprès des grands duchés et des puissantes familles, renforçant ainsi progressivement leur mainmise sur le royaume, jusqu’à pouvoir ainsi l’unifier sous un même gant. Elena, elle, ne s’était jamais vraiment préoccupée de cette question. Les moines du monastère ne lui avaient guère parlé du mariage, et ce n’était qu’au Palais d’Ivoire, une fois de retour à Nexus, qu’on lui avait expliqué en quoi consistait le mariage, et qu’elle ne pourrait pas y écoper. Elena trouvait ça assez injuste. Elle n’avait pas envie de se marier, alors, pourquoi est-ce qu’il fallait la forcer ? La jeune Reine trouvait ça injuste, oui, mais elle ne pourrait pas y échapper. Plus le temps passait, et plus son mariage entre elle et Kovik Kovar se rapprochait. L’homme était beau, intelligent, cultivé, raffiné, et dirigeait un puissant duché. Un duché qui avait appartenu à Rickard Ivory, un duché dont Lumen ne saurait se passer, en raison de ses riches gisements miniers.

Elena y repensait, alors qu’Hinata et Nora lui assurèrent être en train de passer un très bon moment. Ces aveux amenèrent sur les lèvres de la Reine un sourire réconfortant et rassuré. On lui proposa ensuite une séance de thé, ce qui accrut légèrement son sourire.

« Et bien... Pourquoi pas, oui... Nous n’avons qu’à faire ça sur le kiosque, ce sera plus agréable qu’en étant cloîtrée dans une véranda. »

Il faisait beau, après tout, et c’était un choix indiqué. Adamante comprit son rôle, et s’écarta, afin d’aller demander aux majordomes et aux pages d’apporter des chaises et des tables. Ces derniers réagirent rapidement, et, quelques minutes après, Elena se retrouva posée sur une chaise, sous le kiosque, en compagnie d’Hinata, de Nora, et d’Adamante. Quelques nobles les regardèrent brièvement, simplement par curiosité, avant de reprendre leur exploration, regardant les fleurs, humant leurs parfums, appréciant le fait de voir des fleurs exotiques à Nexus. Elena, elle, se plongea silencieusement dans l’observation de la mer. Depuis cette falaise, on pouvait voir toute la côte, avec une succession de falaises. Le soleil se reflétait sur les vagues, et, parfois, le vent de la mer faisait virevolter les courts cheveux d’Elena. La Reine se retourna vers les deux femmes, un petit sourire poli sur les lèvres.

« J’espère que vous n’avez pas froid... J’oublie parfois qu’Edoras est au centre des terres, et que le vent marin peut surprendre les visiteurs. »

Un page apporta ensuite des tasses, avec des assiettes, une petite cuiller, et quelques biscuits, ainsi que le thé. C’était de la belle argenterie, et, poliment, il remplit les tasses. Il avait le dos raide, bien droit, des gants blancs, et un élégant costume avec des boutons incrustés d’or. Il inclina poliment la tête, avant de s’écarter. Ce majordome avait déjà servi ses parents. La Reine attrapa la tasse, et répondit alors à une question laissée en suspens :

« Je serais par ailleurs ravie de visiter Edoras. Vu ce que tu m’en as dit, je pense que je ne pourrais que m’y plaire. »

Pour l’heure, cependant, les femmes étaient à Nexus.

« Je pourrais vous montrer la salle d’armes du Palais... Ou alors nos musées... L’université...La Cathédrale... À moins que vous ne préfériez faire des promenades le long des côtes... »

Elle réfléchissait à voix haute, et Adamante précisa alors :

« L’Ambassadrice Sparda désire également vous voir, Princesse Hinata. Rien ne presse, naturellement, mais les services diplomatiques uatéens nous ont fait part de sa demande. »

Dans ces quelques jours de vacances, Hinata comptait bien profiter à fond de ses jours de repos, savourer le calme, aucun travail sur les bras et surtout d'Elena. Son amie de toujours avait toujours été une amie précieuse et ce, même si ce n'était qu'avec des mots sur du papier. Elle a toujours voulu la voir et passer du temps avec elle et maintenant que c'est une chose possible, la princesse d'Edoras comptait bien agir comme toutes ses filles de son âge qu'elle avait pu voir dans les rares séries ou même ses livres de dessins que les jeunes nommaient des mangas. Hinata rêvait de partager des secrets entre filles, de parler d'amour, de s'endormir avec elle, de se raconter des histoires de fantômes éventuellement le soir, bref, tout un tas de choses! Elena ne risquait pas de trop se reposer en compagnie de son amie dans ses prochains jours. Devant la mer avec leurs amies, la princesse suggéra un petit thé et aussitôt dit, aussitôt fait! Les serveurs de la jeune reine s'activaient pour apporter table, chaises, et tout ce qui allait avec. C'était bien pratique d'être la personne la plus importante de son royaume, il y avait quelques avantages non négligeables. Rapidement, elles pouvaient se reposer face à la mer et profiter d'un thé servi rapidement et encore chaud mais pas trop. Idéal.

Malgré un léger silence reposant au début, Elena vint faire attention à ce qu'elles ne prennent pas froid, c'était gentil de sa part mais ce n'est pas une petite brise qui va leur faire du mal. Elle fit un petit signe pour lui dire que ça allait très bien. Au pire des cas elle aura un léger mal de gorge et même si Shunya ne faisait pas partie des filles venues avec elle pour assurer sa protection, il y avait ici d'autres médecins capables de calmer une douleur à la gorge. Qui sait, une prochaine fois elle pourrait faire venir Shnuya? Elle adorait surement cet endroit! Oui, depuis sa petite quinte de toux – même si c'était surement un peu plus que cela – Hinata et sa guérisseuse étaient plus proche qu'avant. À quel point? Ha, voilà qui est secret! Très proche ou non, cela ne regardait qu'elle. Pour ce qui était d'Edoras, elle en était sûr! Elena serait surement aussi contente qu'elle en étant ici. Dès qu'elle le souhaite, elle fait briller sa chambre et la chambre d'amis, que ça brille de mille feux autant que possible! Elle se fera une joie de tout lui faire visiter ou tout lui faire goutter, au choix! Elle sera libre de faire ce qu'elle veut mais Hinata fera surtout tout pour lui rendre tout ça très agréable. Pour ce qui était de la visite, elle se tâtait un peu... elle n'était pas tellement religion mais la cathédrale serait surement quelque chose de beau! Mais la promenade avait quelque chose d'attirant aussi. Adamante vint cependant lui rappeler aussi qu'il y avait Sparda... Hinata soupira sur le coup... C'était embêtant, elle vient ici pour être paisiblement reposé, loin de tout ça et voilà que quelqu'un vient la rappeler à l'ordre...

« Ha oui... Pourriez-vous envoyer quelqu'un pour lui dire que je lui parlerais demain? Cette soirée ainsi que cette fin d'après-midi, j'aimerais la passer avec mon amie. »
« Hinata, tu devrais peut-être la rencontrer maintenant? Comme ça elle te laissera tranquille et tu pourras profiter pleinement ensuite de tes vacances. De plus, ça m'étonnerais qu'elle reste très longtemps si tu montres quelques petits signes de fatigue par exemple? »

Ce ne serait pas correct pour elle mais c'est vrai qu'elle voulait surtout rester avec Elena et Adamante, rencontrer des gens de Tékhos, même pour une affaire ou un simple bonjour, ce n'était pas sa priorité. Soupirant à nouveau, elle releva la tête vers Elena.

« Finalement, tu pourrais faire dire que je suis prête? Désolé que cela dérange à notre véritable rencontre mais comme le dit Nora, nous serons ensuite libre de faire ce que bon nous semble. »

Croquant un petit morceau de biscuit, elle but une légère gorgée de thé avant de reprendre.

« Tu sais de quoi elle veut me parler? C'est juste par politesse ou bien elle voulait dire ou faire quelque chose? »

Bien entendu, même si elle souhaiterait parler en privé, Hinata resterait ici et Elena en fera de même. Elle n'avait rien à lui cacher et quand bien même elle évoquerait certains secrets de son royaume, elle n'avait rien à cacher à Elena, c'était son amie quand même.

ELENA IVORY

Hinata pesa le pour et le contre. En soi, aucune obligation ne pesait sur elle, car ce n’était pas une visite diplomatique. Certes, comme tout étranger, Hinata se devait de respecter la loi luméenne, mais, mis à part cette obligation commune, elle n’avait aucun agenda protocolaire, aucune obligation diplomatique, et aucune visite spéciale à effectuer. Concrètement, ce n’était pas une visite officielle, simplement une amie rendant visite à une autre amie... Mais, quand ces deux amies étaient la Reine de Nexus et la Princesse d’Edoras, il fallait s’attendre à ce que l’accueil soit fait en grande pompe. L’accueil d’Hinata au port en était le bon exemple, et était contraire à ce que la Reine, initialement, avait souhaité. Elle aurait simplement voulu qu’on la traite comme n’importe qui, mais Jamiël lui avait répondu que ce n’était pas possible, et que ce serait aussi un bon moyen de rapprocher le peuple de sa souveraine, ce en quoi Elena avait exprimé de sérieuses réserves.

La Princesse d’Edoras réfléchit donc, et, sur le conseil de Nora, finit par admettre qu’il pouvait être intéressant d’aller voir l’ambassadrice Sparda.

« Je vais aller faire le nécessaire » s’excusa Adamante en filant.

Elle était bien plus active qu’Elena. Adamante avait toujours été comme ça : sautant à droite et à gauche, incapable de rester assise trop longtemps, de se concentrer longuement sur la pure théorie ou sur les leçons. Les méditations religieuses l’avaient toujours ennuyé, et elle avait été loin d’être une élève modèle. Une Mélisaine au sang chaud, tout simplement. Dans la pure tradition des habitants de cette île. Ses cousines, comme la belle et redoutable Astrid de Winterfell, n’étaient guère différentes. Elena laissa donc Adamante s’occuper de ça, tout en continuant à apprécier la caresse du vent sur sa nuque ainsi que sur ses cheveux. Elle observait la mer en contrebas, admirant ce paysage, laissant son esprit s’évader. La mer était sa vie... C’était l’expression de la liberté, du commerce, de la puissance maritime centrale de Lumen. Si belle, et pourtant si sauvage... Indomptable et terrible, d’une cruauté sans pareille... Elle avait ravi à Elena sa famille, elle avait ravi à Lumen sa couronne, laissant derrière son passage une jeune femme orpheline, et un royaume décapité.

Elena fut tirée de ses réflexions en entendant Hinata lui poser une question :

« Tu sais de quoi elle veut me parler ? C'est juste par politesse ou bien elle voulait dire ou faire quelque chose ? »

La Reine haussa les épaules.

« Je n’en ai pas la moindre idée, avoua-t-elle. Je sais juste que l’Ambassadrice a écrit en personne un courrier pour indiquer qu’elle avait appris ta visite, et qu’elle savait que ce n’était pas une visite protocolaire, ou diplomatique. Elle en a profité pour savoir si tu pouvais venir la voir à l’ambassade, mais je n’en sais guère plus. »

C’était la plus simple vérité. Une ambassade n’avait nullement à motiver ses requêtes, les conventions internationales ne l’imposant pas, sauf circonstances particulières. Si une ambassade souhaitait qu’un ressortissant de sa nation soit traduit dans ses locaux, les autorités nexusiennes n’avaient pas d’autres choix que de satisfaire à sa requête, sauf circonstances légitimes. La coopération judiciaire était un élément indispensable des relations internationales, surtout à une époque où des réseaux criminels internationaux avaient tendance à se développer.

Quelques minutes plus tard, Adamante ne tarda pas à revenir, en leur expliquant que Nishi attendrait la Princesse d’Edoras au parvis en fin d’après-midi... Ce qui leur laisserait donc du temps pour profiter l’une de l’autre.

NISHI

Officiellement, Nishi était une sergente-institutrice uatéenne dépêchée à Lumen pour aider à former les pécores luméens contre les Formiens. Cette formation s’inscrivait dans le cadre de conventions multilatérales passées entre uatis, Lumen, et leurs États proches, comme Novac, ou l’Ordre du Griffon. Face à la globalisation du conflit entre Uatéennes et Formiens, les Uatéenns avaient décidé de faciliter leur intervention sur des États souverains, comme Lumen ou Mijak, en obtenant ainsi le soutien des autorités locales en cas de bio-infestation formienne détectée. C’est en suivant cette logique que Uatis avait conclu des accords avec Lumen, incluant notamment l’utilisation d’une Uatéenne pour sensibiliser les Luméens sur la menace formienne.

En réalité, Nishi avait aussi d’autres fonctions, et était très proche de l’ambassade, où elle avait d’ailleurs sa chambre. Il n’y avait que dans l’ambassade qu’on pouvait trouver des substrats de technologie uatéenne, dont d’indispensables instruments sexuels, les Uatéennes étant fidèles à leur réputation. Nishi savait pourquoi l’Ambassadrice voulait voir la Princesse d’Edoras, et, en cette fin d’après-midi, la belle rousse était à l’entrée du Palais d’Ivoire, sur le parvis, savourant l’air frais. Elle portait son élégante armure rouge moulante, qui permettait de voir sa belle poitrine, et qui, généralement, suscitait bien des regards. Nishi, en tant que Uatéenne hébergée à Lumen, était un peu moins lesbienne que ses consœurs, mais préférait toujours le beau sexe. L’ambassade uatéenne n’était pas un lupanar, mais il fallait bien admettre que ce n’était pas un couvent non plus... Et Nishi avait une fâcheuse tendance à coucher avec les étudiants de l’université. Après tout, on ne pouvait pas se refaire, quand on était une Uatéenne pure souche.

Pour l’heure, elle attendait silencieusement la venue de la Princesse. La Couronne avait favorablement répondu à leur requête, et c’était tant mieux... Car, si les soupçons de Nishi et de Sparda venaient à se confirmer, alors la présence de la Princesse d’Edoras à Lumen serait une aubaine... Une aubaine dont il allait falloir profiter à bon escient.

C'est dommage que cela lui arrive maintenant mais comme Nora lui disait, une fois débarrasser de cela, rien ne l'empêchera de vraiment s'amuser avec Elena par la suite. Ce n'est pas comme si elle était là pour négocier certains échanges commerciaux entre Nexus et Edoras, la princesse était juste ici pour s'amuser avec la reine. Adamante s'absenta pour aller délivrer le message, Hinata s'attendait à voir un des serviteurs faire cela? Pourquoi elle? Enfin, si cela ne la dérangeait pas, elle ne voyait pas où était le problème. Prenant leur thé, la princesse se demandait quand même ce que lui voulait une Uatéenne ici? Certes, cela peut juste être une salutation pour bien se faire voir ou par simple politesse mais quand même, c'était assez culotté de venir la déranger pour ça. Après tout, comment elles avaient su qu'elle se rendrait ici? Certes Hinata avait tout fait pour n'avoir aucun rendez-vous pour ces quelques jours ici mais quand même. À croire que quelqu'un à Edoras l'avait espionné ou vendu la mèche mais qui? Ou alors, il y avait quelques mouchards ici et là? Ce n'est pas important, après tout comme elle à toujours penser, Edoras est une branche de l'arbre uatéen, elle ne voit pas pourquoi elle s'entendrait mal avec ses conseurs et confrères...

Elle profita de ses derniers instants en sa compagnie, parlant un peu de tout de rien mais surtout d'elles avant qu'Adamante ne soit de retour pour lui annoncer qu'elle attendrait en fin d'après-midi, de quoi passer encore un peu de temps avec Elena à boire le thé. Elles n'ont pas vraiment parler de chose très intéressante ou croustillante. Avec l'heure du repas qui approchait, Hinata s'était questionné sur les spécialités de Nexus et Elena en a fait autant avec celles d'Edoras. Rien de bien intéressante mais elles se rattraperont au repas ou après, elles avaient le temps de parler de choses plus privée que de banalité, c'est sur.

L'heure approchant, Hinata fit route avec Nora ainsi que la reine et Adamante jusqu'à son rendez-vous. Elle n'était pas obligée d'y assister mais au moins pour savoir le chemin. C'était plus amical quand même que d'envoyer une quelconque servante. Elena et Adamante n'avaient pas fait toute la route mais au moins jusqu'aux portes du palais, ce fut ensuite quelqu'un d'autre qui mena Hinata et Nora vers le parvis. Aucune autre Edorassienne n'était avec elles, Nora était suffisante pour protéger Hinata pour le moment. La jeune femme devant les portes n'était pas Sparda, surement une de ces soldates ou agent de quelque chose? Quoi qu'il en soit, elle était bien là à l'heure du rendez-vous et bien que ça tenue laissait entrevoient certaines parties de son anatomie – dû au fait que ce soit très moulant, presque une tradition pour les Uatéennes et Celkhanes apparemment – bien qu'Hinata était un peu gênée, elle tenta de le masquer. Elle commençait à avoir l'habitude entre ça et certaines « blagues » de Tsukasa.

« Bonjour mademoiselle Nishi, je viens pour la demande de mademoiselle Sparda. »

Oui bon, Nishi devait bien savoir à quoi ressemblait une des figures les plus connues dans les environs de Uatis mais Hinata faisait cela par politesse en se courbant légèrement devant elle pour la saluer en joignant ses mains devant elle.

[HRP: Désolé de la qualité, je suis pas très inspiré ce soir :s]

Mains jointes dans le dos, Nishi vit les quatre femmes sortir du Palais d’Ivoire. Un joli tir groupé. Elena connaissait Nishi, et savait ce qu’elle faisait là. La présence de militaires uatéennes s’inscrivait dans le cadre de conventions passées entre Uatis et Lumen, par le biais du Conseil de régence. La Reine n’avait pas eu grand-chose à dire, et était, de toute manière, d’accord sur l’idée. Sur le principe, cette convention portait atteinte à la souveraineté de Nexus, mais c’était une atteinte légitime, proportionnée, et justifiée. Face à la menace des Formiens, les Luméens ne pouvaient pas faire grand-chose, et l’hypothèse d’une attaque formienne n’était pas un pur cas d’école... Pas depuis que des bio-infestations avaient émergé un peu partout dans le monde, et qu’il était clair que les Formiens avaient trouvé le moyen de contourner les forces uatéennes pour se répandre ailleurs. Nexus était un carrefour mondial, ses auberges et ses hôtels accueillant en moyenne des centaines de milliers de visiteurs par jour, que ce soit des marchands ou de simples touristes. La ville était immense, la plus grande du monde, et il était évident que, avec ses vastes souterrains, profonds, et extrêmement complexes, l’endroit était une aubaine pour la Fourmilière. Elena en avait bien conscience, et c’est bien pour ça qu’elle approuvait la présence de Uatéennes sur son sol.

En revanche, Elena se demandait pourquoi Nishi avait été envoyée... Pourquoi diable l’ambassadrice Sparda désirait-elle s’entretenir avec Hinata ? La Reine avait du mal à le comprendre, et elle se sentait un peu gênée que les simples vacances de la Princesse d’Edoras soient bouleversées par ceci. Nishi, de plus, était une soldate très droite en public. Certes, Elena savait qu’elle aimait bien le sexe, et qu’elle avait déjà effectué plusieurs orgies, mais elle n’était pas une Tekhane pour rien.

Dehors, le soleil commençait à se coucher, et un léger vent frais venait de la mer, faisant remuer les multiples drapeaux luméens qui décoraient la cour d’entrée, le parvis. Nishi les laissa s’approcher, et salua en joignant ses jambes, en dressant le dos, et en posant une main à son front, optant pour le traditionnel salut militaire.

« Bonjour mademoiselle Nishi, je viens pour la demande de mademoiselle Sparda. »

Nishi hocha lentement la tête :

« Bonsoir, Princesse Hinata d’Edoras. Bonsoir, Ange Nora. Bonsoir, Reine Ivory. Bonsoir, Adamante. »

De manière assez mécanique, Nishi salua les quatre femmes, et présenta ses excuses pour ce désagrément.

« L’Ambassadrice Sparda aimerait s’entretenir au vous au sujet de derniers éléments apportés dans l’enquête concernant le coup d’État avorté qui a eu lieu à Edoras il y a quelques années. »

Comme Hinata l’estimait, Edoras était un État qui se rattachait à Uatis, et, quand les Uatéennes avaient appris que le frère de l’actuelle Princesse, Shin, avait tenté de renverser le pouvoir en menant un coup d’État sanglant dans le Temple de la Lune, Uatis avait diligenté une enquête pour expliquer les raisons de ce coup d’État, et pour démasquer les éventuels complices de Shin. Le Sénat avait considéré que ce coup d’État aurait en effet pu affaiblir Uatis, car, s’il avait réussi, il y avait fort à parier qu’Edoras aurait sombré dans une guerre civile, et se serait éloignée de Uatis.

La nouvelle était inattendue, même pour Elena, qui cligna des yeux sous l’effet de la surprise. Naturellement, elle savait ce qui avait eu lieu avec le frère d’Hinata, mais elle ignorait que l’ambassadrice menait une enquête... Ce qui l’énerva un peu.

« Je ne savais pas que vous aviez été envoyée ici pour mener des investigations, Officier Nishi, remarqua-t-elle.
- Ces éléments sont très neufs, et ont plus ou moins été acquis par hasard. L’Ambassadrice comptait vous en parler, expliqua Nishi, car, si nos soupçons se confirment, nous vous soumettrons une demande d’extradition portant sur plusieurs de vos sujets. »

Une nouvelle surprise. Dans le cadre de la coopération judiciaire internationale, il arrivait parfois que Uatis demande à Lumen d’extrader des ressortissants luméens pour les juger dans le cadre d’enquêtes pénales en cours. Par sa taille et son importance, Lumen était un eldorado pour ceux qui cherchaient à échapper à la police.

« Soit... Je pense que le mieux est que je vous laisse. Hinata, je t’attends pour le dîner. »

Si ça concernait Edoras et Uatis, Elena estimait en effet qu’elle n’avait rien à faire là. Elle fit une brève accolade à Hinata, et s’écarta. Nishi, elle, savait qu’il était risqué de parler d’un sujet aussi sensible que Shin à la Princesse.

« Croyez bien que mon intention n’est pas d’éveiller en vous un sujet douloureux, et je comprendrais donc tout à fait que vous n’ayez pas envie de me voir... Sachez bien que ce n’est nullement une convocation. Nous avons juste besoin de votre éclaircissement sur certains éléments qui suscitent encore une interrogation. »

C'est évident que cette petite réunion n'était pas pour plaire à Hinata, surtout en ses rares vacances. Elle accordait de son temps à des envoyés de Uatis quand elles venaient à Edoras où quand elle devait se rendre dans la grande cité, après tout, son peuple était originaire de cette cité futuriste et elles remerciaient les soldates pour protéger leur cité comme le monde des invasions de Formiens. Ce n'est pas une mince affaire mais chacun avait sa guerre à mener, les Celkhanes avaient les esclavagistes, Lumen et Mijak s'entendaient toujours comme chien et chat... Elle redoutait toujours qu'un jour, Mijak ne se jette sur Lumen... Bien sûr elle avait peur pour Elena mais même sans ça, elle a vécu l'enfer d'un coup d'état, une guerre, c'est pire! Arrivant auprès de Nishi, cette dernière les salua avant de leur éclairer leur lanterne. En réalité, Uatis avait découvert certaines choses concernant la fameuse « Lune rouge » comme ont dit à Edoras. Cette nuit ou une poignée d'hommes avait tenté de renverser le pouvoir des femmes d'Edoras installé depuis presque un millénaire, mener par Shin, le fils de la reine d'Edoras. Si lui et un petit groupe était au palais, dans la ville, ça restait du pillage, des viols, des meurtres, parfois tout ça mener par des pères de famille respectables qui n'avaient rien demandé à personne mais qui avaient eu des idées de germée par de mauvaises paroles...

A l'époque de sa mère, les hommes avaient certaines interdictions, pas autant qu'à Uatis et ils étaient bien traitées, c'est juste et surtout Shin qui n'avait pas supporté de voir le trône et la couronne lui échapper pour une histoire de sexe. Edoras a toujours eu des reines pour gouverner. Bien entendu, il y a eu des rois mais ils avaient surtout le rôle de mari de la Reine. Après en privé, ses derniers pouvaient bien conseiller leur femme, leur donner des idées, certaines reines ont bien entendu saluer les trouvailles de leur compagnon en public, d'autres ont préféré ne rien dire mais cela ne regardait que ses ancêtres. Depuis ce coup d'état, les hommes avaient moins de droits qu'avant, c'était injuste pour la plupart, c'est vrai. Tôt ou tard elle réussira à leur retirer ses contraintes comme elle viendra à vaincre sa peur des hommes mais il était trop tôt encore pour ce genre de choses... Elle voulait bien faire un geste pour alléger leur souffrance mais elle ne savait pas par quoi commencer? Mais malgré que ce concerne Edoras et donc apparemment un problème assez personnel, Elena ne semblait pas au courant et pas vraiment d'humeur à ce genre de surprise. Hinata avait perdu son sourire en apprenant de quoi il s'agissait mais quand Elena venait à partir en lui laissant une accolade, elle la serrait contre elle. Elle ne voulait pas y aller, elle n'aimait pas remuer le passé, du moins ce moment de son passé. Mais elle savait qu'elle devait la laisser filer alors elle la relâcha avant de se tourner vers Nishi.

« Très bien, je ferais ce que je peux pour vous aider mais finissons-en vite je vous prie, je n'ai pas envie de revivre cela plus longtemps... »

Elle suivit donc Nishi à l'intérieur du bâtiment afin que ce soit bel et bien Sparda qui vient lui fournir les différents éléments à savoir, ce qui necessitait sa venue. Elle ne voulait pas rester ici des heures à ce souvenir de tout cela, plus tôt ce sera fini et mieux c'est. Elle connaissait un peu la jeune femme, elle était souvent envoyée à Edoras mais inutile de dire que la revoir pendant ses vacances n'est pas un plaisir, surtout pour évoquer ce sujet. Nora restait à ses côtés en posant une main sur son épaule pour lui montrer qu'elle n'était pas seule ici. Une fois dans son bureau, elle faisait à peine attention au décor qui l'entourait et salua Sparda comme Nishi, en se courbant légèrement.

« Bonjour Sparda.... alors, qu'avez-vous découvert donc... »

Elle avait déjà offert un meilleur accueil à la jeune femme mais ce sujet-là était bien le pire qu'on pouvait lui proposer, bien qu'une proposition de mariage avec un homme.

SPARDA

Sparda savait qu’elle prenait de gros risques en contraignant ainsi la Princesse d’Edoras à venir la voir pour lui parler de l’évènement qui avait traumatisé sa nation, ainsi que cette jeune femme. La « Lune Rouge » était un sujet tabou au sein de Uatis, en raison des conséquences gravissimes que ce coup d’État avait eu, non seulement pour la Princesse, mais aussi pour Edoras, et même pour Uatis. Après cet attaque, les Tekhanes avaient craint que les ghettos masculins ne s’embrasent, en cherchant également à commettre une révolte. Une telle chose n’était, fort heureusement, pas arrivée, mais la défiance à l’égard du sexe masculin n’avait été que renforcée. En ce sens, être à Lumen était une expérience curieuse. Il y avait une meilleure répartition des sexes, les hommes n’étaient pas tous regroupés dans les bas-fonds, et Sparda elle-même avait bien du mal à se confronter à ce monde complètement différent, ce monde où les femmes n’étaient pas toutes-puissantes, et où les hommes avaient encore une forte influence. L’Ambassadrice savait ne pas mettre en avant les préjugés qu’elle avait en tête, et il lui était même arrivé de forniquer avec des mâles... Ce qui, pour les Tekhanes, s’apparentait presque à de la grossière zoophilie.

Le rôle de Sparda était de représenter les intérêts tekhans à Lumen, que ce soit au niveau du tourisme, des industries, ou même de la justice. Dès qu’un intérêt tekhan était impliqué, l’ambassade n’était jamais éloignée, et les bureaux de l’ambassade tekhane s’étalaient donc dans un vaste palais, avec des jardins à l’entrée. L’entrée du palais était une série de colonnes en marbre, et il y avait de confortables et luxueux salons à l’intérieur, ainsi qu’une multitude de bureaux. Sparda, elle, logeait dans un grand bureau, où elle avait l’habitude de prendre sa secrétaire par les fesses. Le personnel comprenait essentiellement des Tekhanes, mais il y avait aussi quelques Lumeniens, afin de montrer que l’ambassade entendait accepter de se rapprocher des mâles de Lumen. Sparda, elle, était ambassadrice ici depuis une quinzaine d’années. Elle était bien plus vieille que ce que son corps magnifique laissait supposer. Les traitements des cliniques tekhanes étaient très efficaces pour supprimer les rides et les imperfections physiques que la vieillesse entraînait.

Son bureau était plutôt grand, une agréable pièce avec une terrasse, et une porte menant à ses appartements : une chambre, une salle de bains, une garde-robe... Sparda vivait au sein de l’ambassade, et il n’était donc pas rare que certaines employées dorment avec elle. Ses quartiers comprenaient également une chambre de torture, que Nishi avait déjà eu l’occasion d’utiliser. Sur ce point, Sparda ne dérogeait pas au cliché de la Tekhane perverse. Cependant, pour l’occasion, Sparda n’avait aucune envie de sexe, car elle savait qu’elle s’engageait sur des charbons ardents.

On ne tarda pas à annoncer la Princesse d’Edoras, et, quelques minutes plus tard, Nishi laissa la Princesse rentrer en premier, accompagnée de son ange gardienne, Nora. Nishi referma ensuite poliment la porte, et resta au fond de la pièce, jambes écartées, bras croisés dans le dos, en posture martiale.

« Je vous remercie d’avoir répondu à mon invitation, Princesse Kaguya, la salua Sparda. Je suis l’Ambassadrice Sparda, et je vous souhaite la bienvenue en notre ambassade.
- Bonjour Sparda.... alors, qu'avez-vous découvert donc... »

Sparda nota le ton agacé de la Princesse, qu’elle comprenait. C’était une Princesse, pas une simple touriste intimidée par une convocation au sein de l’ambassade. On n’appelait pas une princesse comme une simple citoyenne, en effet. L’ambassadrice savait donc qu’elle marchait sur des charbons ardents, et que, si jamais la Princesse venait à se plaindre, elle pourrait perdre son poste. Uatis tenait à son alliance avec Edoras.

L’ambassadrice s’était relevée, et lui présenta un dossier devant elle. On y voyait la photographie d’un jeune homme, élégant et élancé. Quel était le rapport avec Shin et sa tentative de coup d’État ? Sparda ne tarda pas à le présenter.

« Cet homme s’appelle Rheyn Bardas, et est un marchand Lumenien. Il fait partie d’une guilde spécialisée dans l’armement. Cette guilde contrôle un certain nombre de forges, et a la mainmise sur des mines d’argent et de nickel dans différents royaumes alliés à Lumen, et même dans la cité-État elle-même. Les services de renseignement tekhan ont mené des enquêtes très précises sur cette guilde, et ont révélé que Rheyn avait été envoyé par cette dernière afin de prospecter le sol edorassien. Nous avons retrouvé copie des ordonnances autorisant la tenure d’expertises géologiques dans les montagnes pour repérer des gisements intéressants. »

Elle s’était rassise tout en parlant, et montrait à Hinata une copie des ordonnances royales d’Edoras.

« Les expertises ont été réalisées par la guilde sur différents endroits, et, d’après ce que nous savons, il y a des gisements miniers intéressants. Cependant, ce n’est pas là le plus important que nous ayons relevé... »

Sparda ménagea une courte pause, se mordillant les lèvres. En d’autres circonstances, elle aurait probablement proposé une partie à trois avec les deux femmes, car elles étaient plutôt bien foutues, mais l’ambassadrice choisit de rester sérieuse. Si elle s’était retrouvée mêlée à cette histoire, c’était bien parce qu’elle portait sur une guilde Lumenienne, et que les services d’enquête tekhans avaient préféré se rapprocher de l’ambassade, afin de disposer d’un appui.

« Rheyn a organisé des ventes, officiellement pour le compte de l’armée d’Edoras, d’après la comptabilité publique de la guilde. Cependant, quand nous avons inspecté l’inventaire du Temple de la Lune, nous n’avons retrouvé nulle trace de ces transactions dans les archives royales. »

Sparda lui montra des copies. Sur celle du registre de la guilde, on pouvait voir une commande pour Edoras, incluant des épées, des boucliers, et des minerais. Inversement, l’inventaire d’Edoras ne mentionnait nullement une telle commande. L’ambassadrice renchérit alors :

« Nous soupçonnons Bardas et la guilde d’avoir soutenu le coup d’État mené par votre frère, car votre mère aurait refusé les propositions de contrats pour permettre à sa guilde d’avoir le droit d’exploiter les mines. Votre frère les aurait évidemment autorisés, et la somme aurait représenté des millions de pièces d’or, tout en permettant à la guilde d’armer une nation entière. »

C’était le déroulement de l’enquête, que Sparda retraçait à Hinata. Le plus gros restait encore à venir, et l’ambassadrice hésita quelques secondes, avant de finalement se lâcher :

« Et les enquêteurs soupçonnent une complicité intérieure au sein du Temple de la Lune à l’époque du putsch. »

Des traîtres et des espions, qui pouvaient toujours être en activité, même si Sparda ne pouvait pas le garantir, au vu des éléments actuels de l’enquête.

Cette histoire n'était pas faite pour lui plaire de base, la convoquer alors qu'elle était en vacances était agaçante mais savoir en plus que cela avait un rapport avec Shin, il ne lui en fallait pas plus pour que colère et peur ne se mélange dans son esprit. Sans Nora, elle aurait été la dernière véritable victime de sa liste de personnes à abattre. Ses parents pour commencer, sa mère puis son père et enfin Kagami qui avait tenté de fuir à cause de sa peur. Elle était la dernière des Kaguya, la dernière de la lignée royale cependant. Elle devait avoir des cousins et cousines – en dehors de Yuna – surement aux alentours d'Edoras, sur Terra mais où? Cela dit, ce n'était la question pour le moment, elle avait bien plus important en tête. Après avoir salué Sparda avec le strict minimum de la politesse, elle écouta son histoire en observant tour à tour les documents qu'ont lui tendait. D'abord la photo d'un jeune homme qu'elle n'avait jamais vu, appartenant donc à une certaine guilde d'armement Lumenien, pour le moment, rien de bien important mais la mauvaise nouvelle arrivait. Il aurait voulu fouler le sol Edorasien pour y exploiter les minerais mais ce n'était pas toujours très passionnant... Cela semblait être presque des choses pour son conseil restreint afin qu'elle ait un résumé plus court et plus simple.

Ce type aurait vendu des armes au palais? Cela la surprenait car depuis ses débuts, Edoras forge ses armes pour leurs soldats et hormis acheter une ou deux armes venant d'ailleurs pour collectionner ou décorer un endroit, le temple n'irait pas acheter énormément d'arme, surtout à l'époque de sa mère. Si les Lumenien et les Asnardien ont un type d'arme plutôt médiéval, les sabres d'Edoras s'apparentent plus à un style plus samurai. Cela leur arrive de se tourner vers Uatis pour ce qui est technologique, parfois même tenter de mêlée sabre et technologie mais rares sont les personnes avec ce genre d'arme au sein de ses troupes. Alors qui et pourquoi aurait-il eu des ventes? Bien sur, elle avait sa petite idée derrière la tête mais c'était peut-être faux et la vérité était ailleurs? Mais non, c'est possible que ce type ai fournit à Shin des armes... Après tout, qu'il aurait pu trouver une ou deux armes à utiliser dans le palais n'était pas impossible mais armée toute une foule d'hommes en colère, ça ne semblait pas être possible, pas aussi simplement. Sparda vint placer la cerise sur le gâteau avec une complicité au sein du palais à cette époque? Pour elle, ce fut Shin qui a éliminé certains gardes afin d'ouvrir les portes aux autres mais à bien y réfléchir, ça ne semblait pas aussi simple que cela... Il est vrai qu'à l'époque, plusieurs hommes allaient et venaient au sein du palais, en général la famille de certaines résidentes mais la grande majorité avait été tué lors du coup d'état...

Repenser à cela ne l'aidait vraiment pas à voir cela calmement. Ce n'était que des cauchemars à venir la nuit et de mauvaises pensées qu'elle va devoir penser ses prochains jours aussi. Hinata soupira en observant ses cuisses.

« Cela apporte certaines réponses à ce moment mais, était-ce une raison suffisante pour vouloir remuer le couteau dans la plaie Sparda? À dire vrai, je ne vois aucune raison qui aurait pu justifier ma venue ici. Cela apporte certaines réponses mais cela ne les fera pas revenir, cela ne remontera pas le temps aussi... Je comprends que vous ayez pensé que cela serait une bonne chose mais pour le coup... je ne vous juge pas mais j'aurais préféré ne pas y repenser pour être informé de cela... Jamais je ne pourrais pardonner à mon frère d'avoir assassiné ma famille, jamais je ne lui pardonnerais d'avoir soulevé certaines personnes pour commettre ses crimes en villes et dans le temple de la lune... J'aimerais donc savoir si vous aviez autre chose à rajouter ou a précisé? Parler de cela n'est pas fait pour me plaire comme vous pouvez le remarquer et j'ai même tendance à être moins concentrée... D'ordinaire, je pourrais lire entre les lignes mais là... je serais presque incapable de distinguer une vache dans un couloir alors soyez plus directe... mais pas trop quand même... »

Hinata releva la tête, sans once de colère mais plutôt de la tristesse. Elle ne lui avait pas parler méchamment après tout mais elle était fatiguée de cette histoire qui refaisait toujours remonter de vieux spectre à la surface. Oui, si la réponse pouvait être méchante ou on la pointerait du doigt, elle ne serait pas spécialement pour. Mais qui sait, elle n'avait pas vu où Sparda voulait en venir? Des complices encore aujourd'hui au sein du palais? Cela lui semble impossible mais la Uatéenne avait peut-être des preuves ou plus que des raisons de penser cela. À elle de savoir la convaincre ou lui poser cela sous le nez. Nora observa la princesse, elle tenait le coup pour le moment mais elle était comme une bombe qui pouvait exploser à tout moment alors elle se méfiait un peu même si elle savait que les Uatéennes ne cherchait pas à la blesser.

Sparda savait qu’elle était sur des terrains glissants, mais l’Ambassadrice ne serait pas, justement, l’ambassadrice uatéenne à Lumen, si elle n’était pas intelligente et clairvoyante. Sparda était une femme aussi belle que douée, dotée d’un certain sens politique, et elle savait qu’Edoras avait été meurtri par le massacre commis au Temple de la Lune, si tant est que c’en était devenu un tabou au sein de la société edorassienne. Il était déconseillé d’en parler. La Princesse Kaguya lui répondit donc en soulignant qu’elle n’appréciait pas de voir cette partie-là de son passé revenir devant elle, et qu’elle estimait que Sparda aurait mieux fait de s’abstenir. Kaguya raisonnait encore un peu trop sur le mode des sentiments, selon Sparda, ce qui n’était jamais bon pour une souveraine, mais elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir. Contrairement à Kaguya, Sparda avait une longue expérience en politique, et faisait partie des vieilles louves. Ambassadrice à Lumen, c’était un poste particulièrement prestigieux, et aussi très périlleux, depuis la mort du Lion de Lumen et de sa femme. L’Ambassadrice devait renouveler sans cesse à Lumen le soutien de Uatis, mais sans pour autant que ce soutien soit mal perçu par les Mijakiens. Uatis veillait à sauvegarder ses intérêts économiques à Lumen, tout en veillant également à ne pas se mettre à dos les Mijakiens, devant ainsi jongler entre des intérêts contradictoires et un véritable maelström politique. Personne ne naissait pour ça, mais, comme toute autre chose en ce monde, on apprenait sur le tas. Sparda s’en sortait plutôt bien, et ne tarda pas à poursuivre, répondant à la Princesse :

« Je sais très bien que vous n’aimez pas évoquer cette partie de votre passé, Princesse, et je regrette d’avoir à le faire... Mais je crains que votre séjour à Lumen ne se termine mal. »

L’Ambassadrice exposait ses doutes, mais il était difficile de les résumer. Elle suivait cette enquête depuis des années, essayant de démêler le vrai du faux, jonglant entre les interrogatoires réalisés sur des paranoïaques ou des menteurs. Elle ne tarda donc pas à poursuivre :

« Je pense que les gens qui ont soutenu Shin voulaient votre mort, et qu’ils peuvent poursuivre. J’ai cru comprendre que, lorsque la Princesse de Sylvandell vous avait rendu visite, vous aviez été attaquée par une femme, n’est-ce pas ? Il me semble avoir son dossier... »

Sparda ouvrit un dossier, jusqu’à trouver l’image de la femme en question.

« C’est elle, n’est-ce pas ? »

Dragon Knight était le surnom de cette tueuse uatéenne professionnelle. Il y a quelques mois, la Princesse de Sylvandell, Alice Korvander, avait rendu visite à la Princesse d’Edoras, et ce séjour s’était plutôt mal passé, car quelqu’un avait cherché à tuer la Princesse d’Edoras. Cette personne était Dragon Knight, et, grâce à l’aide des Sylvandins, elle avait été neutralisée.

« Dragon Knight, de son vrai nom Miranda Jun, n’a jamais divulgué aux autorités tekhanes pour qui elle travaillait... Cependant, elle a réussi à s’enfuir, bénéficiant d’une complicité extérieure et intérieure, et, en analysant les armes qu’elle avait utilisé pour tenter de vous tuer, nous avons réalisé que certains des composants de ses armes sont similaires à celles qui ont été utilisées par Shin durant sa tentative de putsch. Autrement dit, je pense que certains veulent terminer le travail, et je voulais vous voir pour vous avertir. »

Dragon Knight était une demi-démone, disposant de pouvoirs magiques hérités de son père, un démon, qui avait violé une Tekhane. Cette femme était aussi belle qu’efficace, et il y avait lieu de penser qu’elle voulait terminer le travail. Sparda poursuivit à nouveau :

« Croyez bien que mon intention n’a jamais été de vous rappeler de mauvais souvenirs, ou de vous peiner. Je ne vous aurais pas demandé cet entretien si je n’avais pas de sérieuses raisons de craindre à un nouvel attentat sur votre personne. »

Bien évidemment que cela ne lui plaisait pas, remuer le couteau dans la plaie n'était jamais très plaisant, surtout pour elle. Mais elle se disait que ce n'était pas une mauvaise intention de Sparda, qu'elle voulait aider du mieux qu'elle pouvait à la guérir. Cela ne ramènerait pas ses parents ou Kagami à la vie mais cela aura au moins le mérite de lever le voile sur la part de mystère qu'il existe dans cette affaire? Certes, en apparence ce n'était qu'un coup d'état mais il y avait peut-être autre chose derrière? C'est ce que vint lui expliquer la jeune femme en évoquant d'abord une affaire qui s'était déroulé il y a quelques mois, lors de la visite de la princesse de Sylvandell et de sa femme avec sa petite sœur. Une petite fille charmante se souvint Hinata mais là n'était pas la question. Il est vrai qu'elle avait accepté ce chevalier dans le palais, ce fameux Oberyn mais par un horrible coup monté, une servante avait été tué et comme Hinata souffre toujours de sa hantise, ce fut Oberyn qui fut accusé. De plus, tous les éléments étaient en place pour accuser cet homme et par une femme ou une personne extérieure. Mais tout est bien qui finit bien même si la coupable de cette affaire n'avait pas été arrêté cette fois.

Si cette Dragon Knight est la même entre « la Lune Rouge » et cette affaire, alors pourquoi? Elle pensait que cette femme avait été une personne engagée pour créer la panique, avoir été prise pour cible ou encore créer des problèmes entre les deux royaumes mais si elle avait aidé son frère à aller aussi loin... Qui était-elle et qui l'avait sous son aile? Cela commençait à l'effrayer... C'était bien beau de l'avertir mais elle avait une question, même plusieurs biens que l'une d'elles lui brulait les lèvres...

« Mais qui?! Qui à envoyer cette femme aider Shin? Pourquoi me viser? Je n'ai rien qui pourrait servir aux autres! »

Le trône reviendrait normalement à une de ces futures filles et en l'absence d'enfant, il y avait toujours une autre issue pour ne pas voir un homme grimper sur le trône et régner sur Edoras mais qui en voudrait à Hinata? Shin avait été le seul à avoir ouvertement voulu sa place mais les autres... Elle n'avait pratiquement pas de famille en dehors d'Edoras ou du moins, elle l'ignore, de même que ses potentiels cousins/cousines ne savent peut-être pas les liens du sang qu'ils partagent. En plus si c'est ici, c'est encore pire! Il y a pratiquement personne qu'elle connait, aucune shinobi, aucune samuraï, en tout cas bien moins que dans son palais. Et puis ici... c'est pire!

« Mais imaginez que n'importe quoi puisse arriver ici, c'est horrible! On pourrait accuser Elena de traîtrise, d'être plus ou moins impliquée dedans! Je veux pas qu'elle ne soit ne serait-ce que soupçonnée!! »

Apprendre une telle chose lui donnait envie de rentrer chez elle pour éviter que quoi que ce soit n'arrive que son amie soit montrée du doigt. Et s'ils étaient déjà à l'oeuvre? Peut-être devenait-elle un peu parano mais lui avoir dit cela, même pour son bien, ça ne lui en faisait pas en tout cas, du bien. A l'idée qu'il puisse lui arriver quelque chose ou que son amie puisse être jugée pour une chose totalement fausse lui faisait peur, la faisant trembler. Nora agissait vite en la prenant dans ses bras, tentant de la calmer mais après lui avoir mis une peur pareille, Sparda avait intérêt à mettre du sien pour la rassurer.

« Là, Hinata, je suis là, ne t'en fais pas... Et puis je suis sûr que Mademoiselle Sparda n'a pas fini de te parler. Vous avez surement des soldates postées un peu partout pour veiller à ce que la princesse ou la reine Ivory ne leur arrive rien? »

Et si Sparda dirait oui juste pour la rassurer, elle a plutôt intérêt à faire en sorte que cela devienne vrai. Laissant Hinata se calmer, ce fut l'Ange qui prit les devants en parlant avec la Uatéenne.

« Avez-vous des preuves ou quelques indices qui pourrait laisser entendre qu'elle se trouve dans les alentours actuellement ou durant la visite de la princesse? Ce rendez-vous était censé être secret pour Hinata et la princesse Ivory alors si vous étiez au courant de notre venue, j'espère que vous étiez la seule à être au courant. Sans laisser supposer qu'une taupe pourrait être de votre côté mais certaines personnes sont surement prêtes à vendre la mèche pour de l'or ou d'autres récompenses. »

Cela pouvait très bien venir d'un ou d'une Luméenne mais pour le moment, elle bavardait avec elle alors elle devait s'assurer que ce n'est pas de leur côté que viendrait la fuite si jamais la mercenaire se montre.

De l’irritation, la Princesse d’Edoras se mit alors à paniquer, mais elle avait vu juste sur un point... Si Hinata mourrait, Edoras accuserait Lumen... Tout comme les accusations d’Edoras envers le Commandeur Oberyn avaient manqué créer une guerre entre Sylvandell et Edoras, soit, en généralisant, entre Mijak et Uatis... Maintenant, Sparda devinait un scénario similaire être en train de se répéter. Bien sûr, elle ne pouvait pas faire part de tous ses doutes à la Princesse d’Edoras, car il y avait des chances qu’il valait mieux ne pas divulguer. Nora, l’Ange gardienne d’Hinata, vint alors rassurer Hinata, avant de poser plusieurs questions à Sparda. L’Ambassadrice s’humecta les lèvres, avant de répondre :

« J’ai foi en Messire Ronald Langley, et je pense que vous ne risquez rien dans l’enceinte du Palais d’Ivoire. Néanmoins, avec votre autorisation, je pense allouer quelques hommes supplémentaires à votre protection. Nishi elle-même est en charge de cette affaire, et vous pouvez me croire, c’est l’agente la plus compétente dont je dispose. »

Aucun sourire ne vint accueillir le compliment de Sparda. Nishi ne sourirait qu’en arrêtant Dragon Knight, et en accomplissant à bien sa mission. Sparda laissa planer quelques secondes d’hésitation, ressassant ses pensées, et donna ensuite à la Princesse d’Edoras de plus amples explications :

« Comme je vous l’ai dit, nous soupçonnons des esclavagistes d’être derrière cet attentat, mais nous pensons aussi à des séparatistes. Depuis la mort de Liam Ivory et de sa femme, Nöly, le pouvoir royal est fragile à Nexus... Il l’est d’autant plus qu’Elena a passé dix longues années loin de Nexus. La révolte gronde, et certains agitateurs soufflent sur les braises. Si une dignitaire uatéenne venait à mourir ici, a fortiori une amie proche de la Reine... Les séparatistes n’auraient aucune difficulté à créer une guerre civile qui aboutirait à la destitution de la Reine. Pour autant, Princesse Kaguya, je ne désire nullement votre départ, ou votre retour vers Edoras. »

Elle regarda ensuite Nora, et répondit à la question de l’Ange :

« Concernant Dragon Knight précisément, nos services et des hommes de confiance de la milice urbaine espionnent attentivement Rheyn Bardas. Nous pensons qu’il héberge Dragon Knight, et Nishi avait justement prévu de faire une sortie ce soir afin de glaner des informations à ce sujet. »

Nishi hocha lentement la tête, et intervint à son tour, se rapprochant un peu des deux femmes. Contrairement à Sparda, Nishi était beaucoup plus prosaïque, et avait estimé qu’il ne fallait pas intervenir la Princesse, afin de ne pas déclencher un mouvement de panique inutile. Cependant, elle devait aussi reconnaître que la perspective d’être épaulée par l’Ange Nora en personne était plutôt séduisante.

L’Officier Nishi parla donc :

« Bardas, outre sa maison dans les hauteurs, a avec lui un second, son lieutenant. Podrick. »

Joignant le geste à la parole, Nishi montra une photographie du dénommé Podrick, qui avait tout de la brute épaisse.

« Podrick travaille comme contremaître dans l’une des mines de la guilde de Bardas. Ce soir, il va se rendre dans un squat des bas-fonds, et nous pensons que ce squat est une planque. Il y a peut-être des informations sur Dragon Knight à l’intérieur, et la milice urbaine soupçonne cet endroit de servir de plateforme de fisstech. »

Le fisstech était une drogue qui se vendait très bien à Lumen, et qui posait un certain nombre de problèmes. Ce trafic de drogue servait notamment à financer les révoltes.

« J’aimerais que vous nous accompagniez, Ange Nora. Ainsi, vous pourrez apporter à la Princesse un rapport objectif sur ce que vous avez vu, et votre expérience au combat nous serait d’une grande aide. »

C’était une requête qui n’avait évidemment rien d’obligatoire.

Quelle idée de lui raconter ce genre de choses à un moment pareil! Elle qui venait se détendre et voir son ami, voilà que c'était raté et la voilà maintenant inquiète pour elle comme pour Elena. Car bien sur, elle comptait vivre mais elle ne voulait pas voir arrivée malheur à son amie! Elena était sa réelle amie depuis si longtemps alors pas question de tout ruinée comme ça à cause d'une ou deux personnes qui louchent sur sa place ou sa ville! Ses ancêtres n'ont pas construit Edoras pour y voir de viles personnes s'y installer et tout faire selon leurs lois. Edoras devait rester un havre de paix, un Uatis moins futuriste qui ne compte pas sur toutes ses machines, ses guerres, une ville où il ferait bon vivre. Bien des choses se dressaient derrière sur l'histoire de la cité mais ce n'était pas le moment de tout citée. Nora se contentait de protéger sa princesse, de la rassurer mais ce ne sera pas facile à présent. C'était une chose nécessaire à lui dire mais quand même... elle venait tout juste d'arrivée. Sparda avait foi en ses gardes, Nishi ou cet homme, peu importe, Hinata voulait être en sécurité et qu'il n'arrive rien non plus à son amie, c'est là ce qu'elle voulait.

« Faites donc... Mais faites attentions aussi... »

Le principe d'un espion ou d'un agent dormant pour ce genre de traitrise était le fait de pouvoir avoir la totale confiance de l'autre pour qu'il ne s'attende pas à ce que le monstre soit dans ses rangs. Elle espérait que ses gens en qui elle avait confiance l'étaient vraiment et qu'ils n'étaient pas de simples gardes qui attendent leur heure pour frapper dans le dos. Nishi se rapprocha pour faire part de ses informations en lui exposant les faits, comptant aussi sur l'aide de Nora. L'Ange posa son oeil sur la princesse, gardant sa tête contre elle.

« Si la princesse veut bien, je me ferais une joie de vous aider à les stopper. Mais pour le moment, comprenez que je dois veiller sur elle et que je souhaiterais partir le cœur léger en sachant la princesse assez rassurer pour ne pas paniquer. »

La pauvre avait déjà vu trop de sang comme ça dans sa vie. Elle en avait une sainte peur à présent si bien qu'une simple coupure sur le doigt peut la faire paniquer et lui donner des vertiges. Bon, pour ce qui est de ses menstruations, disons que c'est à part.

« Pouvez-vous nous laisser un instant seules? J'aimerais parler avec elle. »

Une fois seules dans le bureau, Nora se tourna vers elle pour avoir une meilleure prise sur elle en la prenant dans ses bras. Pas de simples bras pour la maintenir, maintenant, elle pouvait la serrer contre elle en lui caressant les cheveux et baiser sa tête. La pauvre était tremblotante... Reprenant d'une voix plus faible et plus douce, elle ne cessait pas ses caresses pour autant.

« Veux-tu que j'aille avec elle ensuite et que je tente de stopper tout ça ou bien tu préfères que je reste avec toi? »

Elle agita la tête et parvint à peine à dire qu'elle voulait qu'elle aille avec Nishi et les autres et qu'elle tente de l'aider. Hinata était plutôt pacifiste mais dès que sa vie ou celles des gens qu'elle aimait commençaient à être en danger, elle n'avait aucun problème à demander la mort de ce genre de personne dangereuse. Une dizaine de minutes s'écoulèrent avant que Nora ne ressorte du bureau, la princesse endormis dans ses bras. Certes, Nora à dû un peu tricher en usant d'un petit sort pour accélérer le sommeil mais quand elle était dans ce genre d'état, elle avait du mal à s'endormir. Parlant à voix basse pour ne pas la réveiller, elle avertit Nishi et Sparda.

« Je reviens une fois la princesse déposée et en sécurité. »

Simple, elle ne fit aucun détours. Elle quitta le petit bâtiment et une fois dehors, elle fit sortir ses ailes d'Anges pour voler et rejoindre au plus vite le palais d'Ivoire et ainsi éviter un maximum de bruit. Les gardes la laissaient entrer et elle demanda à vite rejoindre Elena et Adamante. Une fois les couloirs traversés, elle trouva la jeune reine dans l'un de ses appartements et s'avança vers elle avec Hinata toujours assoupis.

« Puis-je vous confier la princesse, votre grâce? » Elle déposa Hinata sur le lit en lui retirant ses sandales avant de la mettre bien droite sur le lit. « Rassurez-vous, elle n'a rien mais elle est plutôt chamboulée alors elle risque d'avoir besoin de votre présence à son réveil. De mon côté, je dois effectuer une mission pour la princesse, je ferais tous pour être au plus vite à ses côtés mais en attendant, je peux compter sur vous? Oh, ne prévoyez rien de trop consistant pour elle ce soir, elle risque de ne pas avoir très faim mais si vous lui proposez, elle mangera un morceau avec vous. Navré que votre première rencontre se passe dans ces conditions mais il y a toujours des gens prêts à tout pour anéantir ce bonheur qu'ils ne peuvent pas frôler du bout des doigts car ils sont trop cupides ou au contraire avare ou autres encore. Je vous remercie, votre grâce. »

Retournant sur ses talons, l'Ange quitta la pièce rapidement mais sans bruit pour rejoindre Nishi au plus vite. Ce Podrick, cette Dragon Knight, elle comptait bien les dénicher et les livrer à eux pour qu'il leur tire tout ce qu'ils ont à dire !

Matthieu Montfort s’apprêtait à lancer une nouvelle opération ce soir, et se tenait dans un poste de garde des bas-fonds. C’était un petit fort en pierre, protégé par un mur d’enceinte, avec des miradors, surveillés par des torchères, des arbalétriers, et des archers. On y entrait par un corps de garde menant à une cour intérieure. Ce fort faisait office de commissariat à Nexus, et abritait les quartiers d’une partie de la milice urbaine. On trouvait évidemment d’autres forts, et celui-ci était l’un des plus importants. C’est à l’intérieur, dans une salle, que Montfort étudiait à nouveau les plans du quartier que lui et ses hommes allaient devoir sécuriser. Un cercle rouge indiquait l’immeuble de la cible. Montfort n’était pas inquiet, car ils avaient l’avantage du nombre, mais il voulait éviter un mouvement de panique. Le capitaine était affecté dans les bas-fonds depuis des mois, et était un élément fiable.

Depuis des semaines, il enquêtait sur un trafic de fisstech et d’armes, et pensait avoir trouvé l’endroit depuis lequel les trafiquants délivraient la drogue dans les rues de la ville, en échange d’armes qu’ils faisaient sortir de la cité-État par les égouts, probablement pour armer des rebelles, ou des Scoia’tael dans les bois. La Scoia’tael était une importante organisation, très décentralisée, qui regroupait des non-humains, majoritairement des nains et des elfes, en guerre contre les royaumes humains. Ils accusaient ces derniers d’avoir volé leurs terres, et Nexus était une cible de choix pour eux, le royaume ayant après tout été jadis elfique, selon eux. Montfort, lui, se moquait bien de ces vieilles lunes et de ces revendications. Les Écureuils, ainsi qu’on surnommait les membres de la Scoia’tael, en référence aux queues d’écureuil qu’ils portaient pour se reconnaître entre eux, étaient des terroristes, qui n’hésitaient pas à attaquer des caravanes marchandes, des hameaux isolés, ou même de simples coursiers. Ces trafiquants de drogue leur fournissaient des armes, et Montfort devait amasser des preuves contre Bardas.

Rheyn Bardas travaillait pour une guilde d’armement, le Bouclier d’Acier. Le Bouclier était une guilde assez riche, qui fournissait généralement des armes à la milice urbaine, et avait la mainmise sur plusieurs mines de fer et de métal dans les montagnes environnantes. Montfort avait mis les services fiscaux sur le coup, et il avait ainsi appris que le Bouclier d’Acier ne se portait pas très bien. Récemment, le châtelain d’un superfort avait passé un appel d’offres en vue de réarmer sa garnison. Un contrat juteux, qui aurait permis au Bouclier de se refaire une santé. Malheureusement, le contrat lui était passé sous le nez, et la guilde peinait à financer à la fois ses ateliers et ses mines. Les royaumes nains à proximité envisageaient même de les racheter, les nains n’ayant jamais apprécie de perdre leur souveraineté sur les territoires miniers. Économiquement, le Bouclier était donc dans le rouge, ce qui fournissait à la guilde un mobile pour soutenir les Écureuils. Les Scoia’tael devaient évidemment acheter des armes, et les achetaient en fournissant, non pas de l’or, dont ils étaient dépourvus, mais les ingrédients de cette drogue : de l’hydragenum, du vermillon, et du quebrith. Montfort espérait obtenir des informations dans ce refuge susceptibles, non seulement d’incriminer la guilde et ainsi de permettre une action en justice efficace, mais aussi d’obtenir des informations sur leur laboratoire, et leur repaire principal.

« Il faudra boucher ces axes-ci..., disait-il, s’adressant à ses lieutenants.
- Les gardes devraient pouvoir contenir et surveiller le secteur, tandis que nous nous infiltrerons dans le squat.
- Cette fois-ci, nous aurons des armes de siège. »

Montfort hocha lentement la tête. Il ne voulait pas revivre l’épreuve du siège du repaire de Garden, où l’absence de mantelets les avait retardés*. Montfort continuait à discuter, lorsqu’on lui annonça que les Uatéennes étaient arrivées. Il hocha lentement la tête, et descendit les marches menant à la cour.

Quand les Uatéennes étaient venues lui voir pour lui parler de son enquête, Montfort avait été surpris. Nishi, qui était une femme aussi belle que redoutable, lui avait expliqué que, d’après leur enquête, la guilde du Bouclier d’Acier était liée à un trafic d’armes impliquant des rebelles edorrassiens. Montfort avait vu les répercussions politiques de son enquête, et avait accepté l’aide de Nishi, qui était une Uatéenne fiable et efficace.

Il sortit dans la cour, et fut surpris en voyant, non pas Nishi, mais une Ange avec un cache-œil. Nishi était là, et lui expliqua que Nora les aiderait.

« C’est la garde du corps personnelle de la Princesse Kaguya d’Edoras. Son aide nous sera précieuse. »

Silencieux, Montfort l’observa quelques secondes.

« Okay, soit... Une Ange, ça ne peut qu’être utile, après tout. Venez, je vais vous briefer... On va lancer l’assaut d’ici une heure, à tout casser. »

Nora

Comment de simples vacances loin d'Edoras pouvaient si facilement tourner au drame? Non seulement les Uatéennes sapent le moral de la princesse mais en plus, elle annonce qu'elle est potentiellement en danger. Nora était là pour éviter ce genre de chose mais autant que possible, il faudrait éviter que chaque sortie ne soit dangereuse mais hélas, là était aussi le quotidien d'une personne importante. Aidant la princesse à s'endormir, elle regagna rapidement la tour d'Ivoire pour rejoindre la reine et lui confier Hinata. Être avec elle à son réveil ou même Adamante, cela la rassurait un peu. Au pire des cas, il reste d'autres Edorassiennes qui veillent sur leur princesse. Rejoignant donc Nishi, elle fit un peu de route avant d'arriver aux côtés de ceux qui étaient prêts pour la mission. Nishi en profita pour lui rappeler un peu l'ordre de la mission avant d'arrivée aux côtés de certains chevaliers où elle fut présentée comme la garde du corps personnelle d'Hinata, ce qui est vrai. Elle n'avait rien de ses Anges tout sourire qu'on pouvait voir sur certaines peintures. Nora adoptait un ton assez neutre quoi que combattif. Elle était là pour ça après tout.

« Compter sur moi pour vous aider mais sachez que je suis surtout bonne avec les armes. J'use de magie aussi mais entre les deux, mon domaine reste le combat physique. »

C'était vrai, bien qu'elle invoquait son arme via la magie et qu'elle pouvait s'en servir, Nora a surtout tendance à user de son art pour le maniement des armes que de sorts de lumière ou de feu ou autres éléments encore. Cependant pourquoi ne pas profiter d'avoir une Ange dans leurs rangs pour profiter de certains avantages que sa seule présence pourrait aider.

« Avant d'y aller, je peux très bien survoler le coin pour voir si tout se déroule bien? Pas de trace de piège ou alors de renfort? »

Cela pouvait toujours avoir ses avantages de survoler la zone, la nuit ne tardait pas à tomber et quand bien même ses ailes sont d'une blancheur éclatante, passer de toit en toit sans les ailes, c'est tout aussi discret. Elle observa rapidement la petite troupe en leur souriant.

« Cela dit avant de partir à l'assaut, je pourrais toujours lancer un petit sort de protection sur vous tous. Ça ne vaut pas une armure mais cela peut éviter qu'une épée ne vous tran0he la tête d'un coup sec? Une belle cicatrice au pire? »

Ce genre d'aide n'était pas de refus.

Hinata

Pour la princesse, rien à signaler si ce n'était son sommeil. Elle semblait si paisible en dormant et heureusement, aucun cauchemar ne venait pas poursuivre ici. Pourtant avec ce qu'elle avait entendu et repenser donc, elle aurait pu faire cet éternel cauchemar où Kagami mourrait sous ses yeux, perdant la vie dans ses bras en même temps que son sang. Non, ce ne fut rien de tout cela, elle se voyait dormir. C'est un peu stupide de rêver qu'on soit voit dormir mais bientôt une main venait lui caresser les cheveux doucement, comme pour chasser la moindre pensée négative ou bribe de cauchemar. Cela l'apaisait. Puis une fois que les caresses cessèrent, elle se réveilla – dans son rêve – en souriant avant de voir Shizuka se blottir contre elle, posant sa tête sur sa poitrine en la consolant avec sa douce voix. C'était une amie aussi chère qu'Elena pour elle. Elles n'avaient pas la même proximité mais elles s'étaient vite rapproché, d'autant plus que la princesse se lie facilement d'amitié avec une femme alors une personne comme elle. Serait-ce plus? Serait-ce même de l'amour pour la timide Shizuka? Elle ne le savait pas vraiment... Après tout, elle n'a jamais été amoureuse, elle le lui avait déjà avoué. À son retour, elle devra passer un peu de temps avec elle, une soirée ou un morceau d'après-midi quand elles n'auront pas grand-chose à faire. Oui, la princesse dormait calmement en pensant à cette jeune femme...

« Un peu de repérage ne nous fera pas de mal, oui... Je ne pense pas que vous verrez grand-chose, mais on ne sait jamais... »

Montfort leur expliqua qu’il avait un agent infiltré à l’intérieur du squat, et qu’ils attendaient son signal pour lancer l’assaut. Le signal émanerait d’une fenêtre, à travers la chandelle d’une bougie. Cependant, il était probable que Nora ne verrait rien, car, si les informations étaient bonnes, la base était souterraine, filant vers les égouts. Théoriquement, il y avait un deal ce soir, ce qui revenait à dire que des Scoia’tael se tenaient là, et qu’il y aurait des preuves. Matthieu voulait mettre la main sur des armes, voire des papiers qui permettraient d’incriminer Bardas et sa guilde. Il était donc confiant, et observait brièvement Nishi. La Uatéenne s’imprégnait des ordres de combat, tout en inspectant l’équipement fourni, ainsi que ses collègues. Elle se préparait à l’assaut. Le plus long, c’était ça... Attendre avant l’assaut, devoir ronger son frein, prendre son mal en patience. Montfort savait qu’il ne fallait rien rater. Si une Uatéenne et une Edorrassienne faisaient partie de cette opération, c’est qu’il devait y avoir des éléments qui le dépassaient. Tout ça ne pouvait pas confirmer que les Scoia’tael. Dans quoi est-ce que Rheyn Bardas s’était fourré ? Matthieu Montfort avait appris qu’il ne fallait pas poser trop de questions inutiles, surtout avant une apparition. Il agissait pour la justice royale, et ne s’était jamais remis en question. Il accomplissait son devoir, et aidait à purifier ce monde, à le rendre un peu moins pourri qu’il ne l’était déjà. Si cela lui permettait de faire tomber une guilde, il considérerait sa journée comme étant effectuée.

Les agents aperçurent Podrick, accompagné de plusieurs hommes. Avec sa forte musculature, l’homme était reconnaissable. Il s’avançait le long de rues désertes et silencieuses, et tapa contre la porte de l’immeuble. Un panneau s’ouvrit, ils parlèrent entre eux, puis Podrick rentra, après avoir jeté un regard nerveux derrière lui, comme s’il craignait qu’on ne le suive.

« Pas d’intervention, on se tient prêts ! Rappelez-vous qu’il faut être discret ! »

Dans ce genre d’opérations, où les renforts mettraient du temps à venir, Matthieu craignait plus que tout que les choses ne se mettent à déraper, qu’il n’y ait une erreur quelque part, une fuite, un traître... Parfois, il fallait juste prendre le risque, en se disant que, si on ne croyait même plus les membres de sa propre équipe, alors on ne pouvait qu’échouer, en voyant des couteaux aiguisés partout autour de soi.

La tension crut d’un rang, alors que les regards de l’équipe étaient fixés sur les étages du squat, afin de repérer la chandelle annonçant que l’opération pourrait commencer. Les secondes semblaient s’étirer, chaque mouvement devenait suspect, chaque bruit incongru une menace potentielle.

« J’ai l’impression de revenir à l’époque où j’étais dans la police... »

Montfort tourna sa tête vers celle qui venait de parler : Nishi. Le duo se tenait devant une fenêtre aux volets entrouverts, permettant de voir, dehors, le squat.

« Vous avez déjà mené des opérations de ce genre ?
- Les planques sont une habitude de la police... Rester dissimulés des jours, afin de réunir des informations sur de potentiels dealers, des meurtriers, un gang... C’est épuisant pour les nerfs. Alors, quand il s’agit d’agir, d’intervenir, je dirais que c’est une sorte de...
- ...De libération, compléta Montfort avant de tourner la tête vers elle. Je connais ce sentiment. Je pensais juste que les Uatéennes avaient des robots, ou des genres de drones. »

Nishi sourit légèrement.

« En fait, cette technologie n’est pas vraiment...
- Voilà le signal, Chef ! Troisième fenêtre, deuxième étage ! »

La conversation entre les deux s’interrompit, alors que Montfort venait effectivement de voir la bougie s’allumer.

« Okay ! On y va ! »

Les hommes de Montfort sortirent du refuge, deux par deux, se rendant autour du squat.

« On se sépare ! Faites le tour du périmètre. Nishi, vous sécurisez les étages supérieurs avec Nora, puis vous nous rejoignez aux étages inférieurs. Neutralisez toute menace potentielle, mais limitez les pertes autant que possible ! »

Les ordres étaient donnés. Il était temps d’agir.

Il serait difficile de voir quelque chose dedans mais ce n'était peut-être pas le cas dehors? Il ne faut pas oublier que cela pouvait être un piège et que les soldats pouvaient être pris à revers par plus de mercenaires ou soldats adverses. C'est pour cela que Nora souhaitait faire un peu de reconnaissance afin de garantir la sécurité de tous. Partant seule, elle n'avait rien découvert de louche, il y avait une ou deux personnes dans les rues mais ses derniers rentraient chez eux ou alors dans la taverne la plus proche. Y a pas de quoi fouetter un chat. Revenant auprès de ses compagnons d'armes, l'Ange restait caché avec eux à attendre le signal depuis la fenêtre du premier étage. Chacun avait les yeux rivés dessus, le stress était partie intégrante de l'opération, de leur situation actuelle. Nora n'avait pas l'intention de tuer sauf si c'était une vie autour d'elle qui était en jeu. Mais pour le moment, elle continua de garder son regard au premier étage et une fois la bougie allumer, tout le groupe était fin prêt à mener cette opération à bien! Nora faisait confiance à ses gens et sa mission était de sécuriser l'étage avec Nishi. Ainsi soit-il. Elle abaissa ce masque de dragon sur son visage, cachant la partie supérieure, ainsi elle pouvait vraiment être imprégnée par cette opération. Ce n'était pas un masque magique ou quoi que ce soit, simplement un masque typique que l'on peut trouver lors des fêtes à Edoras. L'assaut était à peine lancé que la jeune femme s'aventurait aussi rapidement que possible par une autre fenêtre de ce squat. Bonne initiative! Elle avait porté Nishi par les hanches en déployant ses longues ailes blanches et fut l'assaut des autres, la discrétion n'était plus de mise!

Arrivant rapidement à l'étage sans gêner ceux qui fonçaient sur le squat, elle donna un grand coup de pied dans une fenêtre qui s'ouvrait avec violence, brisant aussi un carreau au passage. La fenêtre menait sur une pièce vide mais leur entrée avait fait apparaitre par la porte deux types, apparemment étonné de voir des gens arrivés soudainement mais l'Ange ne comptait pas les tuer. Après tout, en y regardant de plus près, cette pièce avait de nombreuses armes posées ici et là. La salle d'armes? Une planque? Peu importe. Elle fit apparaître un katana blanc, fourreau comme manche, qui était légèrement courbé. Sans même dégainer son katana, elle frappa au niveau de la tempe un des soldats adverses, le coup plus le bord de la porte qu'il venait de manger venait de le sonner. Elle eut une poussée rapide en envoyant son pied dans le ventre du second personnage, le collant au mur avec surement un bel hématome plus tard. Nora se pencha sur lui, pressant avec deux doigts deux points sur sa nuque qui venait de lui faire faire un petit somme forcé, sans trop de dégâts.

« Continuons. »

Nora avait le choix entre sa droite et sa gauche et commença donc par la droite en voyant d'autres portes mais le remue ménage venait de plus bas même si cet étage abritait une personne plus forte que de simples soldats. En effet, un homme aux cheveux longs et à la barbe rousse sortait d'une pièce. La faible lumière de l'étage laissait deviner une cicatrice à l'un de ses yeux. Il décrocha l'épée de son dos, un peu plus longue que la moyenne et venait tenter de combattre mais dans ce couloir, ce ne sera pas une partie de plaisir.

« A moooort! »

Hurla-t-il en abattant son épée au sol, Nora ayant esquivé le coup. L'épée défonça le sol mais il serait risquer de le combattre ici. Nora recula en incitant Nishi d'en faire de même pour arrivée au bout du couloir, une espèce de petit salon qui allait vite être un véritable bordel. Le mercenaire abattait son arme partout, détruisant table basse, chaises et autres mobiliers. Nora sortit son sabre de son fourreau en faisant disparaître ce dernier pour bloquer l'arme de son adversaire. Elle en retira le petit poignard caché dans le manche pour le planter dans le muscle du bras de son adversaire, le faisant baisser sa prise sur son arme. Mais ce dernier était loin d'être aussi faible et redoubla de force en repoussant l'Ange. Il continua de faire tourner son épée autour de lui, défonçant tout ce qui se trouvait à sa portée, l'épée passait souvent très près d'elle. N'ayant pas le choix pour stopper ce guerrier rapidement, elle usa de son petit poignard pour trancher ses doigts. Non pas qu'ils étaient tombé de sa mais la plaie bien ouverte l'empêchait de tenir son arme correctement. L'arme tombait au sol et le katana de Nora caressa la gorge du mercenaire.

« Êtes-vous le seul guerrier engager ici ou vous êtes plusieurs? »

Comment savait-elle qu'il était un mercenaire? Simple, le symbole sur son plastron était celui d'une guilde de mercenaire assez connu dans les alentours de Nexus. Nora n'était pas une experte pour tout ça mais elle savait au moins faire la différence entre un soldat qui sait à peine se servir d'une arme et une personne avec plus d'expérience.

« Parle rapidement, ça évitera que je te rase de très près... »

S'ils étaient plusieurs, elle devait se dépêcher de les stopper. Certains membres de l'escouade pourront leur tenir tête mais pas tous.

MATTHIEU MONTFORT

La dernière fois que Montfort avait fait confiance à des externes dans une opération de ce genre, les choses avaient légèrement dégénéré. L’externe s’était révélé être un salopard de mage noir qui avait tué une bonne vingtaine de soldats, et une trentaine de civils. Une véritable hécatombe, qui avait bien failli lui coûter son poste. Fort heureusement, les capitaines Lumeniens intègres dans les bas-fonds étaient visiblement suffisamment rares pour que le haut-commandement offre à Montfort une seconde chance. Il prenait donc un risque supplémentaire avec cette Nora, mais, contrairement à Phyloria, il connaissait cette Ange. Il était peu probable qu’elle ne se mette à retourner sa veste. Il se tenait au rez-de-chaussée, et débarqua dans un hall en ruines, où la résistance s’organisa. Le hall était plutôt grand, avec un vaste lustre, de grandes fenêtres, et un escalier intérieur menant à une mezzanine d’où des archers et des arbalétriers débarquèrent. Les arbalétriers de Montfort ouvrirent le feu, en abattant plusieurs, et ce dernier monta à l’assaut des marches. Des bandits jaillirent, équipés de masses, de fléaux, et d’épées en mauvais état. Montfort et ses hommes les heurtèrent dans l’escalier. Il en attrapa un par sa chemise, et envoya son gantelet de fer dans son visage, lui fracassant le nez, et faisant sauter plusieurs de ses dents. Ce guignol n’avait même pas une côte de maille, et Montfort le balança derrière lui. Il dévala les marches en s’écrasant mollement sur le sol, et Montfort atteignit l’étage. Un archer le visa, et sa flèche heurta son armure, se fracassant contre son plastron. Il regarda l’archer en serrant les dents, furieux, mais une flèche décochée par l’un de ses hommes, en contrebas, transperça de part en part la tête du rebelle.

Les Lumeniens avaient tapé dans une vraie fourmilière, et il entendit du bruit en hauteur, signe que Nora et la Uatéenne devaient être en train de s’amuser. Montfort, lui, s’avança rapidement. Les rebelles se réfugièrent dans les couloirs, renversant des commodes et des meubles en les accueillant avec des flèches. Trop pressé, l’un de ses hommes se reçut une flèche dans l’épaule, et se recula en grimaçant. Un Lumenien équipé d’un lourd bouclier s’avança alors. D’autres hommes de Montfort fouillaient le rez-de-chaussée, croisant également le fer avec plusieurs adversaires.

*Ce sont des amateurs...*

Montfort s’avança dans les chambres, et comprit alors pourquoi certains des ennemis étaient pieds nus, ou en chemises. Il y avait des putes dans les chambres. C’était un bordel, et les filles, en voyant des hommes d’armes en armures avec du sang qui éclaboussait ces dernières, poussèrent des hurlements hystériques. Elles étaient droguées pour la plupart, sans danger. Matthieu s’en moquait. Il visait une autre cible, et ne tarda pas à rejoindre un autre escalier, vers où les rebelles s’enfuyaient. Il s’y rendit rapidement, et entendit alors du bruit sur sa droite. Un mur faible s’ouvrit alors, et un homme le frappa, le renversant dans une chambre. Il était plus grand que les autres, avec d’énormes muscles, et, sur son bras, portait un tatouage évoquant un scorpion noir. Manipulant une lourde hache, l’ennemi s’avança, et l’abattit sur Montfort, qui l’évita en écartant les jambes. La hache mordit le sol, et Montfort leva son pied, atteignant l’homme au front. Le capitaine Lumenien se releva, brandissant son épée, mais le tueur préféra profiter de son avantage, et attaqua avec la hache, décrivant avec cette dernière un mouvement circulaire, en visant son ventre.

Matthieu esquiva en bondissant en arrière, et l’homme courut alors... Mais l’épée l’atteignit au ventre, déchirant sa côte de mailles, faisant perler son sang. Le capitaine reconnaissait cet écusson, ce blason. Cet homme appartenait à une confrérie illégale, les Scorpions Noirs, des brigands, des pillards, et des meurtriers. Celui-ci était téméraire, et avait tenté de profiter de son avantage pour tuer un chevalier Lumenien, afin de désorganiser l’attaque, mais Montfort était plus doué que ça. Il n’était pas un vulgaire dandy se pavanant dans son armure en essayant de se faire passer pour un chevalier, mais un véritable guerrier, entraîné, endurci, fort.

« Prudence, il n’y a pas que des amateurs ici ! »

NISHI

« Parle rapidement, ça évitera que je te rase de très près... » la menaça Nora.

Nishi connaissait également les Scorpions Noirs, car elle était à Lumen depuis un certain temps. Le mercenaire comprit rapidement qu’il n’était pas dans son intérêt de se taire, et parla rapidement.

« Okay, okay, on se détend, merde ! C’est juste un contrat, putain !
- Qui vous a embauché ?
- Un type... Je connais pas son nom... »

Nishi n’en croyait pas un mot, mais elles ne pouvaient pas le tuer. Elle s’empressa de le neutraliser, puis l’attacha, tout en expliquant à Nora, en lui montrant le tatouage greffé sur son épaule, qu’il appartenait à une confrérie illégale. Des tueurs à gages sans scrupule, parfois des anciens membres de guildes tout à fait honnêtes qui avaient été licenciés pour avoir commis des crimes, comme des viols, ou ce genre de forfaits.

« On a affaire à des hommes bien organisés et puissants. Ce genre de services ne se loue pas facilement. »

Autrement dit, il allait falloir redoubler de prudence. Nishi se rendit dans le couloir, en pointant son pistolet devant elle. Elle entendit du bruit en s’avançant près d’une porte entrebâillée, et l’ouvrit délicatement, regardant à travers. C’était une grande pièce s’étalant sur deux étages, et elles étaient en hauteur. Des truands se tenaient en contrebas.

« C’est la Milice, putain !
- Qui les a prévenus ?
- T’es con ou quoi ? On a sûrement une taupe infiltrée !
- Il faut se réfugier dans la crypte ! On est pas de taille contre eux !! »

Ils descendaient le long d’une trappe avec une échelle, dans une grande pièce qui faisait visiblement office de salle de détente, avec des jeux de cartes ici et là, et des barres de strip-tease. Nishi en déduisit que ce devait être une planque de longue date. Elle se retourna vers Nora.

« Nous devrions les suivre pour trouver leur repaire principal. C’est un véritable dédale de couloirs, là-dessous. »

Cette trappe semblait directement mener au sous-sol, et, à partir de là, vers leur planque, là où devaient se trouver les Écureuils. Leur cible.

ELENA IVORY

Tandis que la Princesse Hinata dormait paisiblement, Elena, de son côté, choisit d’aller prier. Le Palais d’Ivoire avait sa propre église, un ensemble de petites chapelles ayant chacune une statue. Elena, comme elle en avait pris l’habitude de faire, se rendit dans la chapelle de la Sainte-Vierge, et s’agenouilla en joignant les mains, et en se mettant à prier. Elle supplia la Sainte-Vierge et le Dieu Unique d’accorder leur protection à ses amies, à la Princesse Hinata Kaguya, qui avait assez souffert, ainsi qu’à Nora, et ainsi qu’à ses hommes. Elena pria ainsi, silencieusement, pendant de longues et de longues minutes. La religion avait été l’un de ses moyens pour survivre à la mort de sa famille. On lui avait dit que ces derniers, bien que morts, continuaient à veiller sur elle depuis les Cieux, et continuaient à veiller sur elle. Ainsi, Elena n’était jamais seule.

Sans pouvoir se l’expliquer, elle trouvait cette idée réconfortante et rassurante... Se dire que, là-haut, une âme puissante veillait silencieusement sur elle. Oui, c’était très réconfortant.

Aussi priait-elle donc.

La situation n 'était pas si évidente que cela, les hommes entraient par le bas en cherchant à produire un effet de surprise – chose réussie – afin de trouver les leaders de ce beau merdier. Mais évidemment, ses derniers ne vont pas les attendre assis à une table juste en face de la porte en croyant ne jamais se faire attraper. Cela serait bien trop simple après tout. Le mercenaire qu'elle avait stoppé était le genre de type que personne ne peut se payer si facilement. Un garde du corps vaut déjà son pesant d'or alors si cet homme n'était pas le seul membre des Scorpions Noirs, la vérité risque de bien faire mal pour certaines personnes si jamais elles se font prendre en flagrant délit. Suivant la Uatéenne, toutes les deux trouvaient ce qui semblait être une salle de détente mais les souris partaient rapidement dans leur trou à rat pour s'y cacher. Des cryptes en plus? Charmant comme endroit. Néanmoins, ils avaient raison de fuir mais pour vraiment éviter la mort, mieux vaudrait s'attacher dans un coin, sans arme en criant qu'ils se rendent. Nora avait entouré ses alliées d'une magie pouvant repousser les attaques, évitant la mort rapide. Pour ce qui était des pièges cela dit, ça avait le principe d'être pratique donc même en étant prudente, l'Ange comptait déloger les rats du navire pour les envoyer dans les pattes des soldats afin de leur faire gagner une nouvelle chambre d'auberge, avec des barreaux, des interrogatoires et de quoi leur faire cracher tout ce qu'ils peuvent savoir d'un plan visant à nuire à Hinata et peut-être même Elena par la même occasion? Il ne fallait pas les laisser agir de la sorte.

Décidant donc de ne pas laisser ses quelques gardes prévenir leur congénère pour qu'ils puissent fuir par une trappe ou une autre issue de secours. L'ange sauta la balustrade avec Nishi sur ses talons avant de se diriger vers la trappe qu'elle ouvra avant de sauter dedans. Elle tomba sur ses pieds et fonça vers le seul chemin de disponible pour le moment, aucun piège à première vue mais il y avait bien des choses ici à se méfier. Les pièges, les guet-apens, les culs-de-sac, tout devait être fait ici pour que les bandits soient dans leur élément afin d'y avoir un avantage. Nora n'avait rien d'une terranide canin par exemple, pouvant flairer une odeur, elle y allait à l'instinct, prête à frapper au moindre adversaire sur sa route. Les cryptes étaient un long mélange de couloirs pour le moment mais elles s'en approchaient, déjà quelques trous dans les murs prouvaient la présence de squelettes dans les environs mais il reste encore à trouver les autres qui ne devraient pas être loin? En théorie...

« Reste sur tes gardes Nishi, ils peuvent surement tenter de nous avoir par-derrière. »

Qui sait s'il n'y avait pas un passage secret pour les prendre à revers? Quoi qu'il en soit, malgré la présence de « tombes », le raffut n'était pas vraiment audible au-dessus, les pierres étaient épaisses après tout mais l'endroit restait silencieux. Jusqu'à arriver à un nouvel escalier mais cette fois, un chemin descendait, l'autre continuait. Jusqu'où s'étendait cet endroit? Car vues ce qu'elles sont traversées, elles sont loin du repaire. Depuis combien de temps ont-ils une base ici? Qu'est-ce qu'ils manigancent vraiment? Cela dit, le mystère du chemin emprunté était évident pour Nora. Elle remua le pied vers le chemin qui continuait sur cet étage, et les traces de poussière se montraient. Or, depuis le début, elles ne font pas vraiment attention mais les fuyards ont laissé des traces. Ils sont donc descendu. Prenant donc l'escalier qui descendait encore dans un endroit très sombre, ayant posé le pied au sol, les torches s'allumaient alors qu'une armée d'arbalète tirait sur les deux intruses. Nora tendait les bras en créant une bulle protectrice autour d'elles. Les flèches stoppées, toute la petite garde ici présente étaient étonnées.

« Nishi, n'hésite pas à tuer si tu n'a pas le choix mais le mot d'ordre est de les stopper. »

Nora avait encore son katana en mains et bondit sur les remparts de cette grande salle afin d'aller assommer autant de garde que possible avec le revers de sa lame. Cependant, elle n'avait aucun remords à blesser les résistants. L'heure tourne, elles doivent faire vite !

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Amies d'enfance [Hinata Kaguya]

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