The Multiversity

Elle ne pouvait pas penser à tout. Avec une telle bombe jeter au visage de Misaki, forcément, elle gérait ça comme elle pouvait. Faire une orgie, ici ! Rien que ce mot, orgie. Elle se croyait dans un fantasme ou quoi ? Pour Misaki, ce serait déjà obscène que certains élèves partagent un baiser, mais bon, elle peut tolérer ça, ils sont en âge, c'est « normal » mais que ça aille plus loin ! Sous son toit ! Non, là par contre, ça allait loin ! Elle refusait cela, sous tous les angles si bien que si elle le pouvait, elle le lui interdirait d'y penser ! Mais bon, elle ne peux pas tout faire non plus. Heureusement, dans un sens, Mélinda acceptait cela, s'amusant apparemment plus de sa réaction que sa proposition. C'était déjà plus « drôle » que vraiment envisager une telle chose ici. Enfin, elle n'allait pas s’énerver, même si elle laissait supposer qu'elle ignorait bien des choses du lycée comme de la ville... Étrange argument.

« Je... je gère ma colère et ma stupéfaction comme je peux face à une telle chose ! Je ne m'attendais absolument pas à une si mauvaise blague ! »

Décidément, Mélinda était une personne qui cherchait tant à la pousser à bout, il semblerait. Et pour preuve, pour qu'il n'y ai pas d'orgie, elle voulait que Misaki la « punisse » cette nuit. Déjà l'idée était surprenante, improbable et en plus... si vulgaire ! Elle pourrait bien jouer sur les mots, elle a parlé de punition, sans être très précise ! Elle pouvait bien la coller sur une table à écrire dix mille fois que « je dois être sage et respectable surtout chez les autres », ça restait une punition. Peut-être pas ce qui passionnerait Mélinda, mais elle aurait tenue parole ! Elle n'oubliait pas les « étranges pouvoirs » de Mélinda, mais c'était quand même un monde, de voir à quel point cette fille ne pensait qu'à ça ! Elle conservait le rose aux joues, tentant d'affronter le regard de Mélinda tant bien que mal en conservant son sérieux.

« Tu... Tu as vraiment un souci avec ça... De toute façon, mes invitées ne restent pas toute la nuit, tu n'auras qu'à attendre que ça se vide pour voir la suite. »

Si elle garde son calme, et qu'elle accepte le marché avant que les conditions ne soient claires, elle arrivera à la punir, comme le ferait un enseignant respectable avec une élève pas sage. Tant pis si elle aura mal à la main à écrire autant de ligne, elle aura respecté le contrat ! Mais en attendant, elle devait faire comme elle pouvait pour que tout se passe pour le mieux, sans débordement. Il était facile de voir et de deviner que Misaki n'était pas à l'aise face à de telles choses, mais elle faisait comme elle pouvait. Elle savait que l'on disait des jeunes qui ne pensaient qu'à ça, mais il y a exagération quand même.

« Pourquoi est-ce que tout semble tourner autour de … de ''ça'', avec toi ? À t'écouter, on dirait une parodie d'une actrice dans ce genre de film ! Tu pourrais au moins être plus distinguée, courtoise et simplement normale. Là... tu donnes l'impression de ne penser qu'à ça ! »

Est-ce que cela se voyait qu'elle était vierge ?

Un sourire enjoué traversait régulièrement les lèvres de Mélinda. Indéniablement, cette Misaki était très amusante.  Mélinda l’entendît refuser clairement l’idée d’une orgie, tout en semblant très gênée… Si gênée qu’on aurait pu croire qu’elle était très inexpérimentée en la matière. Néanmoins, elle offrit une ouverture, celle de jouer avec Mélinda après la soirée. Bien sûr, elle pouvait aussi mentir, mais Mélinda la pensait sincère. Elle se tapota les lèvres, réfléchissant donc à cette idée. Misaki lui fit ensuite observer qu’elle ne parlait que de sexe, sans même oser le dire explicitement. Les yeux de Mélinda s’illuminèrent alors, et elle se rapprocha de la jeune femme. Elle la sentait sur ses gardes, et Mélinda enchaîna :

« Oh, je peux être très distinguée, ma belle… Et très courtoise aussi. Mais… Normale ? Qui a envie d’être normale, ma chérie ? Ne me dis pas que tu aspires à une vie banale ! »

Face à elle, Misaki commençait à perdre ses moyens. Mélinda se déplaça donc.

« Quand tu auras mon âge, et acquis ma vision des choses, Misaki-chan, tu comprendras vite que le sexe est bien plus qu’un simple rapport physique. C’est un rapport de domination ancestrale. Le sexe… Tu vois, il y a deux valeurs véritablement universelles, communes à tous les êtres vivants… Ce que Freud appelait la pulsion d’Éros et la pulsion de Thanatos. Vie et mort. Et la pulsion de vie s’exprime à travers le désir sexuel. Tu vois ? Je peux me montrer distinguée… »

La vampire se déplaça encore, souriant de manière coquine et malicieuse. Elle s’amusait beaucoup de cette situation.

« N’est-il pas sain de vouloir honorer la vie, dis-moi ? Si deux individus se désirent mutuellement, pourquoi refuser cela ? Toi, tu me plais… Et je te plais aussi, même si tu refuses de l’admettre. Maintenant, dis-moi… Si tu tiens tant que ça à être normale… »

Mélinda se tapota les lèvres, signe qu’elle réfléchissait.

« …Pourquoi porter perpétuellement des gants blancs en cours ? Pourquoi ce besoin de te dissocier à ce point des autres ? »

Elle allait la pousser dans ses retranchements, dans les limites de ses propres remarques…

Pour la jolie blonde, être normale, c'était une chose évidente ! Certes, elle n'irait pas à dire que tout le monde devait être pareil dans tout les domaines, telle des moutons aussi similaires l'un que l'autre, mais tout le temps parler de sexe ?! Elle était d'accord pour ne pas faire un bond en arrière ou simplement évoquer un baiser en public était obscène, elle était pour la libération de certains mouvements, que les personnes qui s'aimaient, peu importe leur sexe, puisse le montrer, du moment que le tout reste légal, mais en parler, encore et encore ? Certes, on se faisait dans l'idée que les jeunes y pensaient beaucoup, comme le montrait de très nombreuses comédie venue d'ailleurs, mais Misaki n'était pas de cet avis. Elle pouvait y penser, parfois, de là à dire tout le temps ? Oh que non ! Associée sa petite soirée à une orgie, pas une seule seconde, elle n'y avait pas pensé ! Qu'un ou deux élèves s'isolent pour s'embrasser ou parler de choses intimes, elle aurait pu l'accepter, mais pas ça ! Qui aurait envie de ça !

Pour Mélinda, c'était une bonne chose, vu son âge, elle en avait vue des choses et pour elle, le sexe restait le dessus du panier. Elle ne pouvait lui interdire de penser une telle chose, mais très clairement, Misaki pensait que c'était presque malsain de penser cela, surtout venant d'une fille. On ne parle pas d'une fille qui se découvre et idéalise son premier baiser ou rencard avec un garçon, on pense à une fille qui aurait voulu transformer cette fête en orgie. Deux poids, deux mesures. Elle se faisait toujours plus proche d'elle, de plus en plus en soumettant l'idée que Misaki la désirait autant qu'elle la désirait. C'était ridicule ! La vampire venait toutefois pointer du doigt le fait que la belle blondinette portait des gants, et pas qu'en classe, même ici. Un point qui ne pas si normal selon sa vision des choses. Elle n'avait pas honte de parler de ça, alors elle répondait presque aussitôt, toujours en rougissant, prudente en essayant de garder ses distances.

« Ce n'est pas de ma faute, j'ai la phobie de toucher des choses à mains nues ! Même moi-même, j'ai du mal à toucher ma peau, comme si je te demandais de caresser du papier de verre. Je ne supporte pas de toucher des objets ou pire, de la peau... Tu ne vas quand même pas me reprocher ce léger handicap ? »

Certes, ce n'était pas un handicap comme ne pas pouvoir marcher, c'était plus un petit dysfonctionnement dans le cerveau. Comme les gens qui possédaient un TOC, c'était pas méchant, c'était juste maladif pour eux de devoir faire comme ça et non comme tout le monde. Pour Misaki, elle a toujours eu cette phobie donc, elle n'en avait pas honte. En réalité, c'était une barrière de son cerveau qui la protégeait des choses horribles qu'une petite fille n'aurait pas dû faire si jeune. Depuis ces épisodes, elle ne touchait rien directement à main nue. Même pour dormir, elle portait des gants. En-dehors du fait de se laver, elle en avait toujours aux mains, après, le fait que cela remonte jusqu'aux coudes, c'était plus esthétique que nécessaire. Tout cela était secret, bien entendue, ce genre de choses ne figurait pas dans les dossiers, sa mère avait pris rendez-vous avec un spécialiste pour qu'il puisse donner cette version pour les écoles. Les enfants étaient si cruels parfois, il suffisait de voir, dans le privé, entouré d'enfant aisé, Misaki était vue comme une paria, les parents des autres enfants savaient que son père était en prison pour des faits, pas très propre... Dans le public, Misaki était juste une fille plutôt riche. Le choix était tout trouvé pour qu'elle se plaise à l'école !

Si Mélinda pensait que Misaki portait des gants pour, un minimum afficher qu'elle était différentes des autres, c'est raté. C'était juste pour se protéger de quelque chose contre laquelle elle ne pouvait pas se défendre. Pour le coup, Misaki avait paré son attaque, riposter contre ça, ce n'était pas facile ! Même Mélinda ne pouvait pas deviner quelle vérité se cachait derrière cela ? Ou bien elle croyait Misaki qui était peut-être juste née comme ça, ou bien la vérité était plus noire que ça, mais était-ce une bonne chose que de remonter de tels souvenirs à la surface ?

Au sein de la fête, les invitées de Mélinda commencèrent à s’éloigner des invités. Akira portait l’une de ses redoutables robes, et sentit un début d’érection d’un jeune homme contre ses fesses, mais s’écarta en recevant l’ordre télépathique de sa mère. Misaki n’était pas encore prête à franchir le cap, à transformer sa fête en une somptueuse orgie. La vampire ne voulait pas la brusquer, elle tenait à en faire une très proche alliée. Celle-ci lui justifia le port de ses gants par une phobie, un TOC. Mélinda hocha la tête, et tiqua quand la nerveuse Misaki évoqua un « léger handicap ». Mélinda se rapprocha alors, et attrapa l’une des mains de Misaki, la serrant entre les siennes. Elle releva sa main, et secoua la tête.

« Un handicap ? Ai-je dit cela, Misaki-chan ? Ce n’est pas un handicap… Je trouve même ça très excitant. Savopir que tu portes toujours des gants… J’ai hâte de te faire enfiler tout un tas de gants, avec les tenues qui vont avec. »

Elle embrassa alors la paume de la main de Misaki, croisant son regard, un regard inquiet, nerveux, surpris, mais pas aussi dégoûté qu’on aurait dû le penser.

« Ça te va très bien… Ce n’est pas un handicap, Misaki-chan, c’est ta force, quelque chose que tu dois entretenir… Il faut juste t’entraîner encore un peu, et tu seras parfaite ! »

Mélinda préférait ne pas aborder frontalement la question de son TOC, et espérait juste que ce n’était pas quelque chose d’aussi traumatisant que l’hétérophobie de Sya ! Un tel potentiel gâché, ce serait pour elle une véritable injustice. Elle relâcha la main de Misaki, et l’attrapa ensuite, entremêlant ses doigts avec le sien.

« Alors, que fait-on, ma choupette ? Tu sais quoi ? Tu prétends que le sexe t’est indifférent, donc… Pourquoi ne pas mettre ta théorie en application ? Je ne te demande que dix minutes avec moi… On verra bien dans quel état tu seras au bout de dix minutes… »

La vampire lui sourit ensuite, tout en se mordillant les lèvres ensuite.

« Dix petites minutes, et je m’en irai ensuite si tu le souhaites… »

Tout ce que Mélinda voulait, c’était lui faire goûter au fruit défendu, qu’elle morde à l’hameçon… Ensuite, la belle blondinette serait comme un singe gesticulant dans la paume de Bouddha. Elle lui appartiendrait, même en prétendant le contraire !

Misaki sera quand même rassuré quand Mélinda ne traînera plus dans ses pattes. La voir si obsédée par cette idée, ça la dérangeait... Elle pouvait comprendre que ce soit des trucs des gens de son âge, que ça en préoccupe plus d'un, mais si elle devait croire sa camarade, elle était bien plus âgée, une vampire et bien plus alors pourquoi faire autant une fixette ? N'avait-elle personne de son âge ? Même si c'était une relation sans lendemain, s'intéresser à de si jeunes personnes... c'était un peu étrange ? Elle était d'accord que l'amour n'avait pas d'âge, mais peut-être était-ce compliqué de trouvé une partenaire vampire ? Ça, elle l'ignore ? Y avait-il beaucoup de vampire dans le monde ou au contraire, très peu ? Quoi qu'il en soit, sa petite fête touchait à sa fin, les invités partant un à un, sans que cela termine en orgie, Heureusement ! Drôle d'idée en plus. Quand elle répondait à sa remarque concernant le fait de porté des gants, elle aurait pu bien le prendre, mais la façon étrange dont elle étalait le sujet, surtout de parler de tenue qui allait avec ses gants...

Certes, pour le coup, elle a sorti une robe blanche pour que ça colle un peu plus, mais en temps normal, avec son uniforme ou une tenue pour sortir, elle se fichait que ce soit assorti ou non, à force, ses gants devenaient comme une seconde peau après tout. Comme une personne portant des lunettes auraient plus l'habitude de se voir avec que sans, eh bien il en était de même ici. Misaki avait un regard de plus en plus douteux posé sur cette vampire. Des propos ô combien étrange... Mais alors qu'elles étaient de plus en plus seules, elle venait faire une demande étrange, dix minutes avec elle pour voir si elle était vraiment si allergique au sexe ? De là à aller jusque-là, c'était peut-être trop, mais disons qu'elle ne serait pas du genre a coucher avec le premier venue, comme ça, pour s'amuser comme dirais certains. La demoiselle restait perplexe, sa main toujours enlacée dans la sienne.

« Et que comptes-tu faire... ou dire, pendant ses dix minutes ? »

Rien ne garantissait qu'elle n'allait pas tenter de la violer et faire passer ça pour du consentement. C'était exagérer, mais mieux vaut être prudente que trop détendue dans ce genre de proposition plutôt vague. C'est sûr que la récompense, si Mélinda échoue et donc, la laisse tranquille, faisait envie, mais n'était-ce pas un appât pour l'attirer à dire oui ?

Finalement, la fête de Misaki était plus courte que prévue, puisque les convives commençaient déjà à repartir. Mélinda avait à peine pu en profiter ! La délicate vampire réfléchissait. Elle avait, comme toujours, une fenêtre de tir mince au début. Séduire une personne, ce n’était tout de même pas si facile ! Et toutes les proies ne se valaient pas. Face à elle, Tomoko-chan était totalement paniquée, au point même où elle avait vomi quand Mélinda avait commencé à la titiller d’un peu trop près. Avec Misaki, peu de risque qu’elle lui vomisse dessus, mais la difficulté était ailleurs. Elle lui était hostile, Mélinda le sentait… Mais elle percevait aussi autre chose sous cette hostilité. Cette blondinette avait une faille, et Mélinda se devait de la trouver ! La vampire se pinça doucement les lèvres quand Misaki lui demanda ce qu’elle comptait faire pendant ces dix minutes. Elle se rapprocha d’elle, et caressa encore la joue de Misaki.

« Je ne compte pas beaucoup parler, ma belle… Mais il n’y aura aucune pénétration, sache-le. Je veux juste… Te stimuler un peu. Si ça ne marche pas, tant pis… »

Son idée n’était pas de la séduire ce soir, mais de la stimuler, d’éveiller le désir en elle, et que ce soit elle qui revienne ensuite. Elle comptait instiller en elle un lent et insidieux poison, une vague de désir qui allait remuer en elle, qui allait la faire réfléchir. Elle attrapa la main de Misaki, et les deux femmes rejoignirent la chambre de Misaki. Mélinda la laissa alors saluer ses invités, et patienta donc. Elle en profita pour examiner brièvement la chambre de Misaki, mais ne vit rien de bien intéressant. Elle s’assit finalement sur le grand lit de Misaki, et ne vit que peu d’éléments personnels. Aucun poster, aucune photo… Le bureau de Misaki comprenait ses manuels scolaires. La vampire examina brièvement son ordinateur. Elle utilisa ensuite son téléphone portable, et envoya un SMS à sa fille, lui disant de repartir avec Ai. Misaki finit ensuite par revenir, et Mélinda avait enclenché le chronomètre de son téléphone. Elle le montra à Misaki.

« Tu es prête ? Tu m’as l’air un peu nerveuse… Alors, outre les dix minutes, si jamais tu veux qu’on arrête, tu n’auras qu’à utiliser un mot-clef… Un mot qui mettra fin à notre séance. Laisse-moi réfléchir… »

Mélinda réfléchit un peu, et trouva donc le mot de sûreté :

« Gants. »

Elle lui sourit, et tapota le lit, l’invitant à s’asseoir.

« On commence quand tu veux… Mais on peut discuter avant, tu sais. Tu n’as aucun poster dans ta chambre, il n’y a pas des acteurs, des groupes de musiques, ou des mangas que tu apprécies ? Moi, je me suis initiée aux mangas en découvrant le Japon, c’est très intéressant… »

Misaki allait-elle fendre l’armure ? Ou s’empresserait-elle de démarrer ce jeu pour y mettre rapidement un terme ?

Méfiante, c'était le bon mot. Misaki n'avait pour ainsi dire aucune confiance en Mélinda, elle la voyait comme un adversaire, un serpent qui cherchait à l'attaquer par-derrière pour une raison ou une autre. Face à elle, elle redoublait donc de prudence, mais elle ignorait tout ce que la vampire pouvait avoir comme botte secrète. Son histoire de défis, sa proximité, elle était méfiante, oh ça oui ! Mais elle évitait de trop le montrer, face à ses invitées comme à elle, si ça se trouve, elle faisait fausse route et Mélinda lui voulait que du bien, mais elle avait du mal à l’imaginer ainsi. Peut-être à cause, des séries ou autres ou le genre de personnage comme Mélinda était le plus souvent un mauvais personnage pour le héros alors... prudence ! La jolie blonde finissait par être seule avec sa potentielle ennemie, qui s’apprêtait à commencer son fameux défi, laissant un mot de sécurité pour stopper tout cela et c'était le mot « gants ». Elle voyait bien pourquoi elle avait choisi ce mot, mais elle ignorait si elle se moquait ou si c'était juste drôle ?

Mais avant de commencer, elle se montrait curieuse concernant la décoration de sa chambre, ne voyant rien laissant présager ses goûts, peu importe en quoi, cinéma, musique ou autre. La demoiselle préférait rester sobre dans sa chambre, se concentrant sur ses études. Bien sûr, elle aimait certaines musiques ou films, mais sa chambre devait rester autant un endroit où se reposer, mais aussi étudier. Un poster ou autre, c'était une source de distraction. Elle avait certaines choses sur son pc portable, mais voilà, elle était le plus souvent studieuse alors toute source de distraction restait à l'écart.

« Je m’intéresse à certaines choses, mais je ne les affiche pas, tout simplement. Je dois rester concentré sur mes études avant tout. »

Non pas qu'elle souhaitait avoir une grande école en vue pour plus tard, mais elle ne voulait pas se tourner les pouces sous prétexte que sa famille était plutôt aisée. Non, elle devait au moins, cela à sa mère, de bonnes notes, rester sérieuse dans ses études et elle avait droit de faire ce genre de choses à la maison. Après tout, sa mère était une Japonaise pure souche, les études, ça restait sérieux. Sans être la numéro un dans sa classe, elle restait dans le haut du panier. Eh oui, Misaki avait une sacrée carapace mine de rien, difficile donc de la percer facilement, elle risquait de lui donner du fil à retordre ! Mais oui, Misaki lisait bien quelques mangas, elle aimait certains films aussi, pas trop d'acteur ou actrice en vue et sans une fan inconditionnel, elle avait découvert les Strawberry Girls dont elle avait aimé leur chanson et leur clip. Ce n'était pas une grande connaisseuse en Idole, mais elle avait bien aimé. Gardant son sang-froid et son sérieux, elle était presque froide avec Mélinda, mais elle avait peut-être raison d'agir de la sorte avec elle.

« Bon, de quoi est-ce que tu veux... jouer ? Plus précisément... »

Elle était curieuse, méfiante, prudente... un vrai hérisson, Mélinda va devoir user de ses talents en tout genre pour réussir à ne pas se piquer avec elle. Elle le voyait bien dans son regard, elle n'allait pas se laisser amadouer si facilement. Elles partageaient des points communs, mais ça n'allait pas être si simple de l'avoir dans sa poche comme ça. Reste à savoir si Mélinda pourra lui résister, à cette belle et noble demoiselle blonde, dans sa belle robe blanche ? Elle aussi avait de quoi séduire Mélinda, sans le savoir.

Pas de prise d’accroche, et c’était bien dommage. À force d’errer sur Terre, Mélinda avait fini par connaître deux ou trois choses. Si elle avait vu un poster d’un quelconque groupe de musique, elle aurait pu rebondir là-dessus, et amadouer un peu Misaki. Rien de tout ça. Elle se retourna vers Misaki, qui continuait à la dévisager des yeux, les joues rouges sous la colère. Mélinda sourit alors, et déplaça sa main, venant caresser la joue de Misaki.

« Tu sais que tu es mignonne quand tu t’énerves ? »

Elle se déplaça un peu sur le lit, et, poursuivant, invita Misaki à se coucher sur le dos.

« Là, là, tu ne crains rien, ma belle… Rien d’autre que d’apprécier ce qui va suivre. »

Elle sentait la résistance dans le corps de Misaki, et dut poser son autre main sur son épaule pour la coucher sur le lit. Mélinda la rejoignit, s’allongeant contre elle. En toute objectivité, il fallait bien admettre que Misaki était très belle. Mélinda espérait bien pouvoir faire plus qu’un simple baiser avec elle… Mais elle n’avait pas pour habitude de perdre, ou de se faire rembarrer. Elle allait donc s’en assurer, car, plus elle était en compagnie de Misaki, et plus elle avait envie de lui faire l’amour ! Elle rapprocha son visage du sien, la sentant nerveuse, craintive.

« Comme je te l’ai dit, ma belle, je vais t’embrasser… Tu vois ? Rien de plus. Un long baiser pendant plusieurs minutes à l’issue duquel, soit tu décideras de continuer, soit je partirai… »

Les règles semblaient plutôt simples, et en faveur de Misaki. Mélinda lui sourit.

« Si tu me détestes tant, ce ne devrait être qu’une formalité, non ? »

Elle se pencha ensuite vers elle, et l’embrassa doucement. Ses lèvres se plaquèrent aux siennes, et elle l’embrassa. Elle sentit initialement le blocage de Misaki. Ses lèvres restaient figées, immobiles, et Mélinda dut venir avec sa langue pour les forcer à s’ouvrir. Misaki conservait les dents serrées, et sa langue se heurta à sa mâchoire. Elle déplaça ses mains, et rouvrit les yeux. Les yeux de Misaki étaient clos, ce qui ne lui plaisait pas. Elle déplaça donc sa main, et pinça brusquement la peau de Misaki. Ses yeux se rouvrirent sous la surprise… Et croisèrent le regard de Mélinda. Un regard qui n’avait rien de normal, puisque ses pupilles avaient pris une teinte rose. Mélinda la regarda avec amour, et elle ne tarda pas à sentir un blocage fort chez Misaki… Un blocage psychologique. Elle fronça les sourcils. La magie rose était puissante, mais il y avait un blocage chez Misaki, quelque chose qu’elle n’arrivait pas à saisir. Elle se concentra, puis décida de rester sur le baiser. Elle embrassa la femme, encore et encore, sentant les lèvres de Misaki se détendre, sa mâchoire se décrisper…

« Hmmm… »

Les minutes défilaient avec passion, et Mélinda la sentit basculer. Elle l’embrassait donc, tout en caressant ses gants, glissant sur ses mains. Elle attrapa ainsi ses mains, et les releva, les plaquant toutes les deux sur le lit, au-dessus de la tête de Misaki, l’embrassant avec de plus en plus de passion. Leurs langues jouaient ensemble… Quand l’alarme sonna alors.

Surprise, Mélinda rompit finalement le baiser, un mince filet de salive reliant leurs lèvres, qu’elle rompit d’un coup de langue, un sourire onctueux se dessinant sur ses lèvres.

« Alors, tu en as pensé quoi, Misaki-chan ? »

Mélinda avait usé de sa magie rose, mais elle ignorait si Misaki surmonterait son traumatisme pour accepter de passer plus de temps avec la vampire…

Misaki était loin d'être ravie et sa petite remarque vis à vis de son état de colère n'était pas faite pour lui faire plaisir non plus, depuis le début, une amitié avec Mélinda semblait aussi plausible que mélanger de l'eau et de l'huile. Aucune fusion, deux liquides bien séparés. Mais la vampire était loin de baisser les bras si facilement, cela jouera peut-être en sa faveur, mais ça ne se gagnera pas si facilement. La jolie blondinette restait fair-play en ayant accepté ce défi de la part de celle qu'elle considérait comme sa rivale, quand bien même cette dernière semblait prête à lui offrir bien plus que cela, mais Misaki restait méfiante de ce genre de proposition, surtout venant d'elle. Même si ce n'était pas de gaieté de cœur, elle se laissait faire, plus ou moins, se retrouvant allongée sur son lit, la fameuse vampire venant s'allonger sur elle, son visage si près du sien ne lui inspirait pas confiance, mais elle savait à quoi s'attendre... Sauf à une chose, la durée. Plusieurs minutes ?! Pour elle, un baiser durait quoi ? Trente secondes pour un long, une bonne minute entre deux personnes qui s'aiment. Qui s'embrasse plusieurs minutes ? Elle ne se payait pas sa tête par hasard elle ?

Mais nul temps de se plaindre, la vampire attaquait et Misaki avait accepté le défi, mais pas trop de conditions comme ça, atteindre sa bouche ne sera pas simple pour elle donc. Elle avait bien vu ce qu'était capable cette vampire alors, pour éviter la triche, elle fermait ses yeux. Elle pouvait se brosser pour qu'elle la regarde ! Mais Mélinda était fourbe et la pinça, la forçant à ouvrir les yeux, croisant son regard et Misaki se montrait un peu plus coopérative. Encore un de ses coups fouré à cette maudite Warren ! Bien que ses convictions restèrent solides, elle se montrait plus souples et Mélinda en profitait, attrapant ses mains, entre autres, alors que sa langue parvenait à la sienne et le baiser pouvait vraiment commencer, comme annoncé, pendant quelques minutes. L'alarme venait la libérer de ce mauvais tour, forçant la vampire à lâcher prise même si elle voulait s'enquérir de son avis à chaud. Misaki gardait son air renfrogné, les joues rosies par les émotions, mais elle ne répondait pas de suite. Elle boudait, peut-être pour refuser d'annoncer ce qu'elle en avait pensé ou juste pour reprendre ses esprits ? Elle restait muette quelques instants en tout cas.

Oui, elle avait aimé. Mais pas question de le lui dire. Pas directement, pas si facilement. Oh, ça, Misaki ne comptait pas lui faciliter la tâche, elle l'avait sans doute déjà remarqué. Fermant les yeux en tournant son visage sur le côté, elle comptait déjà mettre à jour une évidence.

« Tu as triché. Tu as utilisé de je ne sais quel pouvoir ou hypnose pour me forcer ! »

Au moins, ainsi, Misaki se trouvait une défense, peu importe ce qu'elle pourrait donner comme réponse à Mélinda, sa réponse ne pouvait être cent pour cent fidèles à ce qu'elle aurait pu réellement ressentir.

« Et puis, tu as fait durer ça trop longtemps ! Où as-tu vu qu'un baiser durait aussi longtemps ? C'est n'importe quoi ! »

Misaki n'avait aucune expérience dans ce domaine, sa seule source, c'était le cinéma, les séries ou les rares fois où elle a surpris des gens s'embrasser, mais bon, elle n'a vu que quelques secondes de leur baiser, elle n'était pas du genre à espionner. Elle ne répondait pas à sa question au moins, comme ça. Soulignant ce qui n'allait pas, elle noyait le poisson.

« Je suis quasiment sûre et certaine que tu en as profité plus que prévue, en plus... »

Aucun moyen d'être sûre, mais... dans tout ce qui s'était passé durant ce baiser, jusqu'à l'alarme, elle était sûre que certaines actions n'étaient en réalité pas nécessaires.

La jeune Misaki-chan était une forte tête, et elle le prouva encore. Mélinda sentait son sang s’emballer, et elle savait que Misaki-chan avait apprécié, et qu’elle avait envie de plus. Mais elle se refusait à l’admettre, et se contenta de dire que Mélinda avait dû tricher (ce qui n’était pas faux), et qu’elle avait sûrement fait plus que ce qui était demandé (ce qui était vrai aussi). Mélinda était alors placée face à un choix simple : continuer, ou en rester là. Mais elle avait déjà dit à Misaki-chan ce qu’elle souhaitait faire avec elle. Elle ne voulait pas en faire juste une esclave, mais bien l’une de ses sœurs vampiriques. Et puis, elle lui avait dit qu’elle arrêterait. Sa meilleure alliée, ce serait Misaki-chan elle-même, et le goût de ses lèvres sur les siennes.

« Si j’en ai profité ? Évidemment ! Crois-tu donc que je me serai forcée à t’embrasser ? Tu es magnifique, Misaki-chan, tes lèvres sont un pur régal… »

Mélinda s’était relevée, s’extirpant du lit, et se racla la gorge.

« Je pourrais continuer et te faire l’amour, tu sais… Et nous savons toutes les deux que tu adorerais ça… Mais, puisque tu sembles vouloir en rester là, je vais te laisser respirer un peu. Je te souhaite une bonne nuit, Misaki-chan. Sache que je serai là pour toi si tu en veux davantage… Plus tard. »

Sur ce, Mélinda lui souffla un baiser, ouvrit la porte, sortit, puis fit brusquement demi-tour, et rajouta alors :

« J’espère que tu rêveras de moi cette nuit… Moi, je vais rêver de toi ! »

Puis, elle sortit. Tout simplement. Misaki-chan avait toujours la possibilité de la rattraper, mais Mélinda se doutait qu’elle n’en ferait rien. Il y avait quelque chose à percer en elle, et Mélinda savait qu’il pourrait être dangereux de trop insister. Il y avait un blocage chez Misaki, et elle allait devoir trouver un moyen de contourner cette situation… Elle avait offert à Misaki un avant-goût, et elle allait laisser la frustration de Misaki-chan agir.
Le lendemain, il ne se passa rien au lycée. Misaki-chan put passer une journée tout à fait normale. Mélinda continuait à mener sa vie habituelle, entourée de ses admirateurs et de ses admiratrices. Il fallut de fait attendre une ou deux semaines avant que la route de Misaki-chan ne croise à nouveau celle de Mélinda. Deux classes furent réunies ensemble dans une grande pièce, et Misaki-chan put ainsi voir que Mélinda se trouvait dans l’autre classe. La professeure de mathématiques de la classe de Misaki, Hikari Harigato, se trouvait en compagnie de la professeur d’histoire de la classe de Mélinda, Ember-sama.

« Donc, nous avons eu l’idée de mélanger deux classes, faire des binômes pour réaliser un exposé assez complet sur un thème transversal qui implique à la fois l’Histoire et la science.
-  La présentation de vos exposés aura lieu en Juillet. »

Une année scolaire japonaise ne fonctionnait pas sur le même rythme qu’une année scolaire française ; ainsi, l’année scolaire japonaise commençait au mois d’Avril, avec un mois de vacances estivales en Août, et elle se terminait en Mars. Les élèves avaient donc tout le premier trimestre pour organiser cet exposé ! Les élèves pouvaient tirer au hasard leur binôme. Chacun mit son nom sur un morceau de papier, qui fut mis dans le pot central. Les professeurs lisaient ensuite les noms. Au bout d’un certain temps, Hikari sortit un nom, et le lut à haute voix :

« Mélinda-san ! »

Ce fut ensuite au tour d’Ember, qui sortit un petit papier, et le lut rapidement :

« Misaki-san ! »

Mélinda sourit en rejoignant Misaki-san, et se mit à côté d’elle.

« Hey, salut, Misaki-chan ! C’est à croire que nous sommes destinées à rester ensemble, tu ne crois pas ? »

Difficile de mettre des mots sur tout cela, Misaki avait vraiment du mal avec Mélinda et ses petits secrets. Elle ne pouvait pas nier qu'elle soit une vampire, elle l'avait vu, elle avait subi ses pouvoirs, elle ne pouvait pas fermer les yeux. Mais voilà, franchir cette « étape », c'était beaucoup quand même. Misaki était à moitié Japonaise – ce qui expliquait ses cheveux d'or malgré ses yeux en amande – mais elle a grandit comme telle et embrasser une personne était déjà un acte fort, surtout une femme ! Elle était moins coincée que sa mère où les autres personnes de son âge, elle ne voyait rien de mal à ce que deux femmes ou deux hommes vivent ensemble. Mais bon, chaque pays avait sa vision des choses à ce sujet. Mais même si elle était moins coincée sur ce sujet, il n'empêche que c'était étrange et qu'elle ne pouvait pas coucher comme ça avec la première venue. Même en affirmant ses pensées, la vampire avait au moins l'audace de dire la vérité même si elle en faisait trop aussi, évoquant vouloir lui faire l'amour par exemple. Son âge mystère malgré son apparence ne prouvait pas de la sagesse en tout cas. Parler de la sorte...

Une fois Mélinda partie, elle termina sa soirée en rangeant un peu, rien de bien affolant. Elle avait effectivement rêvée d'elle cette nuit-là mais son rêve était un peu à l'image de ce qui s'était passé, rien n'a dépassé le baiser, son subconscient la protégeait de souvenir refoulé qu'elle avait oublié car pour elle, ses gants, sa phobie de toujours à mains nue, eh bien ce n'était qu'un blocage mentale liée à des microbes ou un truc pas très beau qu'elle a du toujours étant trop jeune comme un animal mort ou du sang par exemple, mais la vérité était à la fois moins horrible et pire que ça. Mais bon, elle n'y pensait pas trop, à ça comme à Mélinda même si à force, elle pensait de plus en plus à elle, la peur de la voir débarquée à nouveau ou de l'aborder au lycée, mais il n'en était rien. Et quand arriva ce fameux mélange de classe, elle se doutait que la vampire n'était pas si innocente dans ce binôme de classe. Elle était prête à le parier, mais elle n'avait aucune preuve. Cela lui semblait logique, surtout quand leurs noms tombaient comme par hasard ensemble. Elle était quasiment sûre que les professeurs étaient dans le coup, que leurs deux noms n'étaient pas sur les papiers en main – un des deux, au mieux. Mais là encore, zéro preuve. Face au ton enjoué de Mélinda, la blondinette, n'était pas aussi enjouée.

« Je ne pense pas. Rien n'est destinée à mes yeux. Mais puisque le Hasard nous a réunies pour ce travail alors soit, nous allons devoir travailler ensemble. »

Toujours la même, blonde et élégante, raffinée avec ses gants blancs qui la démarquait des autres élèves, elle ne pouvait attaquer sans preuve alors elle allait devoir faire ce pour quoi elles ont été sélectionné. Travailler. Elle ne comptait pas l'ignorer, mais juste faire son devoir.

« Tu as une préférence sur le thème, ou bien une idée ? »

Il était évident que Misaki n'allait pas aborder leur soirée ni même les rêves ou pensées de plus en plus récurrentes de Mélinda dans sa vie de tous les jours. Cela plairait trop à cette vampire ! Elle allait devoir redoubler d'idée et de stratagèmes pour la sortir de ce cocon inconscient qu'elle avait érigé qui allait au-delà de la pudeur japonaise. Après tout, elle avait accepté ce stupide défi lors de leur dernière rencontre, reste à savoir à quelle vitesse Mélinda allait approcher sans tomber sur une mine ?

Mélinda avait-elle conspiré pour se retrouver en binôme avec Misaki ? Naturellement ! Mais Misaki ne pouvait rien prouver… Ni contester la décision des professeurs ! Ce rapprochement avait été à l’initiative d’Ember, et Nifuji-sensei n’y avait rien trouvé à redire. Il faisait partie de ces rares professeurs « neutres » au lycée. Mélinda n’aurait pourtant pas été contre, surtout quand Alice lui avait glissé qu’il était en couple avec Harigato-sensei, mais elle avait demandé à Mélinda de ne rien faire… Pour le moment, du moins. Mélinda sourit doucement à Misaki quand elle lui indiqua qu’elle n’avait aucune idée. Mélinda haussa les épaules. Elle avait déjà oublié le thème de l’exposé, qui n’était à ses yeux qu’un prétexte.

« Non, je te laisse décider, et je me plierai à tes ordres. »

La vampire avait profité de son temps disponible pour enquêter sur Misaki. C’était en recherchant avec son nom de naissance, obtenu dans son dossier scolaire, que ses enquêteurs en avaient obtenu davantage sur elle. Une riche héritière n’avait pas beaucoup de secrets, et elle avait appris que son père, Monsieur Johnson, était actuellement en prison. Son autorité parentale lui avait été retirée après une procédure qui avait permis de révéler qu’il avait sexuellement abusé de sa fille. Pas de viol, mais des attouchements, des « jeux sexuels » qui lui avaient valu une condamnation en prison. La famille avait été dédommagée, et avait ensuite choisi de revenir au Japon, la terre natale de la mère de Misaki. Les enquêteurs avaient pu obtenir des notes confidentielles de la psychothérapeute ayant suivi Misaki. Misaki suivait toujours un psychiatre, et elle était haptophobe, une phobie rare qui impliquait une terreur à l’idée de tout contact.

Grâce à ces informations, Mélinda avait pu en apprendre beaucoup sur certaines réactions de Misaki lors de leur séance chez elle. Cela expliquait pourquoi elle avait le droit de porter continuellement des gants. Mélinda devait donc lutter contre un traumatisme d’enfance… Ce qui ne lui faisait pas peur outre mesure ! Au contraire, elle voyait cela comme un défi fascinant, et était curieuse de voir jusqu’à quel point Misaki tiendrait avant de craquer. Elle était déjà heureuse de voir que Misaki n’avait pas peur d’elle, même en ayant appris qu’elle était une vampire, ni qu’elle ait cherché à prévenir les autorités.

« Il faudra qu’on en discute, je pense… Tu es disponible après les cours ? On peut se voir à la bibliothèque, ou au Starbucks. »

La finalité était bien sûr de l’inviter chez elle, mais Mélinda voulait y aller par étapes.

« Bien que je pense à un thème qui pourrait être intéressant, surtout maintenant que tu connais mon petit secret… Le vampirisme. Tu en penses quoi ? Je pourrais être ton sujet d’analyse… Si tu as envie de m’analyser, bien sûr. »

La phobie de Misaki n'était pas si complexe que ça, elle n'avait pas peur de toucher les gens, du moment qu'elle avait ses gants. Après, elle pouvait toucher une personne avec un autre endroit – les bras qui se frôlent par exemple – ça ne lui faisait rien non plus, c'était avec ses mains le souci. Ses souvenirs étaient caché, enfouis en elle, mais sans en connaître l'origine, elle n'arrivait pas à toucher physiquement une personne, à même la peau, avec ses mains. Un vêtement, ça allait même si elle préférait garder ses gants, toucher un animal aussi, ça va. Enfin, un animal poilu. Touchez un serpent, elle ignorait ce que ça pourrait provoquer avec leur peau lisse et froide ? Non pas qu'elle soit tentée par l'expérience non plus... Mais pour en revenir à nos moutons, c'était évident pour elle que Mélinda avait soudoyée d'une façon ou d'une autre les professeurs pour se retrouver avec elle, le hasard pour qu'elles se retrouvent naturellement en groupe restait faible. En terme de nom, Shokuhou et Warren, ça restait assez éloigné, en terme de note, de ce qu'elle savait, la vampire n'était pas une cancre, sans être non plus la première de l'école donc, ça restait plausible mais à ses yeux, elle avait négocié en secret... Enfin bon, elle ne pouvait rien prouver alors elle était bien obligé d'accepté.

Mélinda la laissait choisir, preuve à ses yeux que cette petite fourbe préparait un mauvais coup, Misaki n'était pas dupe, elle a eu la paix après qu'elle ai été chez elle, mais ce n'était qu'une bataille de gagné, du moins, si on pouvait considérer qu'elle avait gagné ? Elle n'y répondait pas, cela ne l'avançait pas à grand-chose de choisir, mais bon, ne sait-on jamais, ce n'est pas comme si elle risquait de choisir un sujet inadapté, c'était un exposé à faire après tout. Se voir pour en discuter, elle était d'accord, si elles devaient en discuter, un lieu public, ça lui allait.

« Les deux me conviennent, même si l'idée d'un café me plaît, je n'aime pas cette ambiance de prétentieux qui y viennent... »

Faut reconnaître que leur café et autre boisson était plutôt bonne, même pour une personne pas trop fan de café, mais dans ce genre d'endroit, il y régnait souvent une ambiance de personne prétentieuse qui savaient tout mieux que tout le monde. Mélinda rebondissait sur l'exposé, se proposant plus ou moins avec comme sujet, le vampirisme... En soi, ça restait un sujet, mais Misaki soupirait doucement.

« Comment tu veux faire croire à tout le monde que tu es une vampire ? Je me doute que je suis pas la seule à être au courant, mais tu ne vas pas me dire que tout le monde ici le sait ? En admettant qu'un ou deux professeurs le sachent et accepte, comment justifier une bonne note si la moitié des élèves pensent que c'est bidon ? »

Même si une bonne partie des gens ici savaient, ce serait étrange pour l'autre partie que ça justifie une bonne note. Si demain leur exposer est sur le fait que la Terre est plate, sachant que – heureusement – la majorité des gens savent que la Terre est ronde, comment donner une bonne note si elles parviennent a justifier ce fait ? À moins que le thème soit la théorie du complot ou les fake news, difficile de justifier un tel exposé de bon avec des arguments facilement contrable.

« Et puis tu oublies que pour la plupart des gens, les vampires issus du monde fantastique ont des point faible qui sont connue de tous et donc, rendrait impossible ta présence. Ne serait-ce que la lumière du soleil ? Les croix chrétiennes, l'eau bénite, l'ail, il y a plein de choses qui ne fonctionnerait pas en ''justifiant''... » dit-elle en mimant les guillemets avec ses doigts. « ta présence ici. C'est un peu comme vouloir dire qu'on ne respire pas grâce à l'oxygène. Ça a beau être invisible à l’œil nue, tout le monde respire le même air. »

Jusqu'à preuve du contraire en tout cas. Après, ça restait un sujet comme un autre, mais Misaki se méfiait d'elle comme de la peste, elle savait que Mélinda n'avait pas abandonnée ses idées étranges, elle va attaquer, tôt ou tard...

À la vérité, Mélinda se fichait totalement de cet exposé idiot. Ce n’était qu’un prétexte pour elle pour se rapprocher de Misaki. Cette petite lui plaisait, même si Mélinda hésitait encore sur la manière de l’approcher. Généralement, elle « forçait » un peu ses nouveaux amants, mais c’était dans la perspective d’en faire ses esclaves, ses « petits protégés ». Avec Misaki, les choses étaient différentes. Elle n’avait pas forcément le profil de Ai ou de Tomoko, et Mélinda ne voulait pas juste en faire l’une de ses amantes et de ses esclaves. Non, elle avait des ambitions un peu plus marquées en ce qui concernait Misaki. Celle-ci ne tarda pas à lui faire part de ses doutes concernant le fait de révéler publiquement qu’elle était une vampire, et Mélinda la laissa parler.

« En fait, je ne pensais pas exactement à faire un exposé sur… Moi. Mais disons qu’on pourrait se servir de mes connaissances en la matière pour traiter du sujet, réfléchir sur certains éléments du mythe. D’où vient certaines croyances liées au vampirisme, comme la peur de la croix, ou de l’ail… Ce serait intéressant de voir l’origine de ces superstitions, car elles répondent à des croyances populaires, religieuses, ou folkloriques. Bref, je pense qu’il y a là un sujet intéressant. »

Mélinda se demandait surtout comment elle allait rebondir à partir de ce sujet. Son objectif était toujours de se rapprocher d’elle, et, pour l’heure, Misaki était d’accord pour se retrouver à un lieu public. La vampire voulait en faire davantage. Pour l’heure, les cours reprirent, mais, à la fin de ceux-ci, Mélinda et Misaki purent se retrouver au Starbucks local. Pour une fois, Mélinda n’était pas en compagnie de son groupe, elle préférait rester seule avec Misaki, même si le café était rempli d’une bonne partie de ses esclaves, que ce soit parmi les clients qui s’y rendaient, ou parmi le personnel.

Commandant un café, Mélinda expliqua ensuite à Misaki que la bibliothèque du lycée comprenait des ouvrages sur le vampirisme.

« Je fais partie du club d’occultisme, on a pu vérifier tout ce que la bibliothèque comprenait. Il y a quelques romans classiques sur le genre vampirique, comme Dracula de Bram Stoker, mais aussi des livres qui traitent du mythe en lui-même, de ses racines, ou de son utilisation par les œuvres culturelles. D’ailleurs, le vampirisme n’est pas un thème très typique du Japon, sauf si on exclue une légende autour d’un chat vampire. »

Pour autant, les œuvres japonaises traitant des vampires existaient elles aussi, que ce soit dans les mangas ou dans le cinéma. Mais ce n’était finalement qu’une adaptation du mythe occidental.

« Grâce au club, j’ai accès à ces livres. Le mieux, ce serait qu’on les étudie ensemble… Soit au sein du club d’occultisme, soit chez moi. »

Misaki préférerait peut-être choisir le club d’occultisme, qui sonnait comme étant plus sûr que la tanière de la vampire… Qui se gardait bien de lui préciser que le club d’occultisme était toutefois un club appartenant totalement à Mélinda, et que tous les membres étaient ses esclaves.

« Tu préfères faire ça où ? » demanda-t-elle alors.

En sa présence, Misaki était toujours méfiante, elle ne voulait pas tomber dans un piège tendu par cette dernière, elle le savait, sans même la connaître sur le bout des doigts, cette fille cherche à l'amener dans la direction qu'elle voulait. Elle devait donc agir en pensant comme ça. Au Starbuck, elle se doutait bien qu'il devait y avoir une ou deux personnes autour d'elles qui bossaient pour Mélinda. Un commentaire à leur lancé pour débouler sur autre chose, ou bien pour la distraire et drogué son café ? Non, elle avait demandé un couvercle exprès pour éviter ça. Elle restait prudente, même le choix de ses mots, vu comment elle avait réussi à la manipuler si facilement avant, elle ne voulait pas retomber dans le même piège. Concernant leur exposée, elle étalait les possibilités d'agir, de tourner les choses, sur ça, elle se méfiait moins, elle voyait mal comment elle pourrait l'embobiner en regardant des bouquins pour écrire des choses dessus. Mais quand elle venait à supposer qu'elles pourraient voir des bouquins chez elle ou au club, elle voyait bien le piège. Le vrai piège !

Chez elle ? Évidemment que ce serait le plus simple, avec ses fidèles et tout ce qu'il faut autour pour la piéger. Et son club d'occultisme ? Elle va s'arranger pour être seules ou lui tendre un piège. Dans les deux cas, elle était piégée.

« Chez toi ? J'ai peine à croire que tu vas rester concentré pour travailler. Et je me méfie aussi de ton club, mais des deux, ça me semble le moins risqué si je puis dire... »

Eh oui, Misaki n'était pas la nunuche envoûtée par Mélinda qui dirait amen à toutes ses demandes, elle devait juste trouver un moyen de bloquer les tentatives de la vampire, mais elle ne savait pas comment puisque les idées reçues ne peuvent fonctionner.

« N'oublie pas que le but premier de tout ça, c'est de faire nos devoirs. »

Son regard n'avait pas peur, elle affrontait la vampire du regard, consciente que ce hasard, d'être ensemble était son fait, mais la note, elle ne sera pas acheter, elles vont la mériter. Pas question d'être avantagé. Puis au moins, elle montre bien savoir que la vampire avait quelque chose en tête et que Misaki avait autre chose en tête. Eh oui, gagner Misaki, ce ne sera pas si simple que pour les autres filles sous ses ordres... Son regard défiait Mélinda en buvant un peu de son café. Sa chevelure blonde, son élégance, le simple fait de porter ses longs gants blancs, elle était d'un tout autre niveau. En terme de richesse, Mélinda l'égalait peut-être, voir plus, mais Misaki l'affichait. Non pas qu'elle crachait sur ceux moins riche qu'elle, mais son handicap, elle n'en avait pas honte. Cela la rendait plus élégante après tout. Son regard était clair. Tu ne m'auras pas ! Reste a savoir laquelle des deux allait gagner, et de quelle façon ?

Ce fut donc le club. Mélinda sourit joyeusement à Misaki quand celle-ci lui fit remarquer qu’elles feraient leurs devoirs.

« Oui, oui, bien sûr, je serai sage comme une image, ma petite Misaki-chan. D’ailleurs, en parlant de ça, tu devrais réfléchir au club que tu comptes choisir. »

Tous les élèves devaient rejoindre l’un des clubs parascolaires du lycée. Si le club social était le choix de prédilection, le club d’occultisme commençait aussi à se développer. Mélinda mit ainsi fin à la conversation, car la prochaine rencontre aurait donc lieu au club d’occultisme, qui se réunissait dans le courant de la semaine. Elle lui indiqua à quelle heure venir et dans quelle classe, puis la vampire lui sourit doucement.

« On se retrouvera là, on aura tous les membres du club pour nous aider, en plus ! »

Misaki allait aussi pouvoir avancer auparavant de son côté sur l’exposé. Mélinda se releva donc, et lui souffla un baiser, avant de sortir.
Plusieurs jours après

Cette fois, Mélinda savait tout ce qu’elle avait besoin de savoir concernant Misaki. Elle apprit ainsi que la jeune fille avait été victime d’attouchements sexuels de la part de son père pendant son enfance. Elle était devenue aptophobe suite à ça, et c’était pour ça que le lycée l’autorisait à porter des gants. Elle avait reçu une éducation privée dans des établissements de renom, pour se retrouver ici, au lycée Jinmu, soit un lycée public. Cela ne manqua pas d’interpeller Mélinda, qui se demanda quelles étaient les raisons ayant amené la belle Misaki à finalement rejoindre un lycée public. Elle vivait depuis avec sa mère, et elles avaient ensemble une fortune considérable entre les mains. Sa mère ne s’était jamais remariée. Tout cela expliquait beaucoup de choses, et donnait à Mélinda un angle d’attaque.

Le club d’occultisme avait comme professeur Ember-sama. C’était aussi l’une des professeurs de Misaki. Mélinda avait pu accéder à des données très personnelles sur la période de Misaki au collège public, et apprit qu’elle avait été la coqueluche du collège, et qu’elle était très appréciée.

*Voilà donc ce qu’elle cherche… La popularité. Forcément, elle me considère comme une rivale…*

Mélinda allait donc assister ce soir à la réunion du club. Évidemment, il était composé exclusivement d’esclaves de la vampire, et ils étaient donc tous au courant de ce qui se passait. Il y avait une dizaine d’élèves, des hommes comme des femmes. Quand Misaki arriva, ils étaient déjà tous là. La réunion avait lieu dans une salle de classe, mais les tables avaient été aménagées pour former un grand quadrilatère central. On avait installé des livres sur le vampirisme. Toutefois, la personne qui ouvrit à Misaki ne fut ni Mélinda ni Ember, ni même un élève du lycée… Mais une neko, Moon, appelée ainsi en raison de sa chevelure brune et de ses beaux yeux bleus évoquant la couleur de la pleine lune.

« Bonjour ! Vous êtes Madame Misaki, c’est ça ? Maîtresse Mélinda m’a dit que vous seriez notre invitée de la soirée ! »

Moon se jeta alors sur Misaki pour lui faire un câlin, tout en ronronnant sur place.

« Madame Misaki a la peau toute douce… »

Ronron…

Misaki craignait que tout cela ne soit qu'un piège de la part de la vampire et elle avait sûrement raison. Mais en absence de preuve, elle ne pouvait que prendre des précautions, juste au cas où. Mélinda acceptait ce lieu de rendez-vous pour faire leur devoir, elle pensait sûrement qu'avoir les autres membres de son club à ses côtés allait être une preuve de sécurité, mais elle avait prouvé que les autres étaient facilement à ses bottes. Donc, pour Misaki, dans le pire des cas, elle était en plein territoire ennemi. Ce ne sera pas si simple, mais elle allait faire avec, elle n'avait pas trop le choix après tout. Les quelques jours ont passé, en élève studieuse, Misaki avait préparé le terrain avec ce qu'elle avait à portée de main, faire un plan au moins, même si cela devrait possiblement changer, elle avait au moins ses bases, à voir après ce que cette partie avec Mélinda allait donner ? Une fois arrivée au rendez-vous, avec son uniforme habituel, ce fut une élève inconnue qui lui ouvrait, et si elle remarquait les oreilles de chats, elle pensait simplement à du cosplay. Il y en avait des élèves excentriques parfois. Elle n'était pas membre du BDE après tout, pourquoi, ce serait à elle de sanctionner ? Elle fut quelque peu surprise de voir cette personne se coller ainsi à elle. Même si elle n'était qu'à moitié Japonaise, elle a grandi ici et avait donc les coutumes locales en application et être si tactile, ce n'était pas son truc. Surtout avec sa phobie...

« A-Attention, ce pourrait être... dangereux ? »

Comment ? Elle ne savait pas trop non plus, mais elle voulait bien souligner que... eh bien il fallait faire attention et ne pas agir comme ça sur un coup de tête. Les bras écartés du long de son corps, même avec ses gants, elle n'osait pas toucher une personne comme ça, sans autorisation. Preuve que s'il y aurait vraiment un danger, elle aurait pensé à ça d'abord plutôt qu'à écarter les bras.

« Je... Je suis là pour le devoir... Avec Warren-san... »

Oui, elle avait besoin d'un peu d'aide mine de rien... Misaki n'était pas du genre à bousculer, même gentiment. Elle venait pour travailler après tout... c'était peut-être vieux jeu, mais... c'était le but, non ? Au moins, ça la rassurait de voir des élèves... surement, et qu'ils aient l'air normaux. Pour l'instant, elle ne comprenait pas que la demoiselle était une neko, mais ça viendra peut-être après. Sur le coup, elle restait fidèle à elle-même.

Le comportement très tactile de Moon ne manqua pas de surprendre Misaki, qui fit preuve de bien moins d’excitation que sa partenaire. Elle se montra d’ailleurs bien plus réservée que la neko, et se contenta de rappeler qu’elle était là pour rencontrer Mélinda. Moon hocha la tête, un grand sourire ravi sur les lèvres, et frotta encore sa délicieuse tête contre le corps de Misaki.

« Oui, oui, rrr… Moon est au courant ! Maîtresse Mélinda a demandé à Moon d’accueillir Madame Misaki ! »

Moon s’écarta alors, puis se mit à quatre pattes. Cela aurait sans doute de quoi surprendre Misaki, surtout quand elle pouvait voir que la queue caudale de Moon se déplaçait de droite a gauche. L’aisance avec laquelle elle se déplaçait à quatre pattes avait de quoi surprendre, mais Misaki n’était pas encore prête à choisir entre la pilule bleue et la pilule rouge. Moon se déplaça donc. La pièce qu’elle avait rejoint ne servait qu’à l’accueil, les cartables ainsi que els uniformes scolaires avaient été déposés au fond, près d’une porte donnant au club d’occultisme. La porte donnait sur une bibliothèque, une salle plus agréable. Les membres du club portaient des tenues plus mystérieuses, de longs manteaux noirs à capuches les faisant ressembler à des sorciers. Les capuches étaient rabattues, ce qui permit à Misaki de voir parmi les cultistes ses partenaires de classe. On traçait à la craie au sol une sorte de grand glyphe d’invocation, en s’inspirant d’un livre posé sur un pupitre.

Ember était aussi occupée sous son manteau à tracer à la craie le glyphe, et se releva en voyant Misaki.

« Ah, Misaki-chan ! Tu es venue, finalement ! »

Faire les devoirs semblait un concept de plus en plus lointain. Mélinda était également là, assise sur une table, et elle était la seule qui ne portait pas de manteau noir. Elle portait sa robe dorée, et sourit en voyant Misaki.

« Viens, ma chérie ! »

Moon se dépêcha de rejoindre sa Maîtresse, et Mélinda lui caressa le visage, la félicitant comme on féliciterait un chien d’avoir ramené la balle.

« Allez, Moon, n’oublie pas que c’est toi qui es au cœur du rituel, va te faire belle !
-  Nyaaaawww… Merci, Maîtresse ! »

Et la neko se dépêcha de filer dans un coin. Mélinda rejoignit Misaki, qui devait être un peu sur la défensive.

« Je tenais à t’inviter, ma chérie, car nous allons pratiquer ce soir une petite expérience… Un rituel d’invocation ! C’est cool, non ? »

Tout ça ressemblait à un joyeux délire pour Misaki… Qui ignorait qu’elle était comme Alice, elle avait sauté dans le terrier du lapin, et, cette fois, elle ne pouvait plus faire marche arrière. On installait des bougies à certains endroits du glyphe. L’ambiance était chargée d’ésotérisme, de mysticisme, mais aussi d’une certaine sensualité, car, sous leurs manteaux, toutes les personnes présentes ici étaient totalement nues.

Pour sûr que Misaki n'était pas à son aise... Elle avait l'impression d'être dans un piège et elle avait sûrement raison, mais quelque part, elle voulait croire que Mélinda n'était pas foncièrement mauvaise mais bon, c'était délicat de sonder clairement ce genre de fille. D'autant plus qu'elle continuait de l'avoir mauvaise de ne pas être aussi populaire que cette dernière. Cette drôle de fille chat la surprenait, mais Misaki restait stoïque et sérieuse, progressant chez sa rivale, gardant un œil sur tout ce qui se passait autour d'elle sans forcément voir encore ce qui clochait. Tout cela avait un air de club des sorcières versions gentillet, l'image classique que l'on se ferait de personne un peu trop curieuse concernant ce genre de choses, mais rien de bien méchant... Pourvu que ce genre d'ouvrage ne soit pas le genre de chose comme dans les films d'horreur qui pourrait amener un monstre venu d'ailleurs pour tous les tuer... Ce serait vraiment horrible, mais à part dans les films, ça n'existe pas ce genre de chose, se rassurait-elle. Mélinda Warren était là, fidèle à elle-même dans une tenue très dorée, tandis qu'elle reprenait cette Moon, évoquant le fait qu'elle serait au centre du rituel. Quel genre, elle le saura sûrement bientôt. Même si elle évoquait une invocation, il y a plusieurs genres d'invocation, allant de chose innofenssive au pire du pire. C'est pour cela que la belle métisse blonde ne semblait pas spécialement sauter de joie tandis qu'elle croisait les bras face à l'engouement de la jeune femme.

« C'est vite dis. Qu'est-ce que tu vas essayer d'invoquer pour commencer ? »

Sans parler du fait qu'il fallait la réussir cette invocation. Pour Misaki, ça semblait plutôt positif que Mélinda allait réussir ça, si ça rate, elle se serait fait beaucoup de films pour rien sur ça, après, il faut voir ce que ça va donner pour elles. De nos jours, les jeunes comme elles voyaient plus souvent le mot « invocation » sur des jeux mobile du type gacha, où il fallait payer pour espérer gagner, une sorte de jeu de hasard, de casino, masqué non pas avec de belles sommes mais des personnages ou des objets soit-disant rare, n'ayant aucune réelle valeur physique en dehors que dans le jeu duquel ils proviennent.

« Et je te préviens de suite que si tu tentes d'invoquer quelque chose de dangereux, même si tu me dis que tu maîtrises tout, je pars de suite ! »

Pas question de risquer sa vie pour juste en avoir pleins les yeux. On connaît ce genre de scénario dans les films ou tout va bien d'habitude et comme par hasard, ça déconne quand il ne faut pas. Non, Misaki n'était pas forcément trouillarde mais elle ne voulait pas jouer avec le feu...

Devant les jolis yeux de Misaki, les cultistes traçaient un pentacle sur le sol. Un rituel d’invocation qui était supervisé par Edessa Warren, la succube-vampire de Mélinda, sa fille adoptive. Elle se déplaçait dans sa robe, qui était un appel au viol. Sa queue caudale remuait dans tous les sens, et Misaki pouvait sans doute encore croire à un trucage. L’esprit humain était tenace, et il s’accrochait de toutes ses forces à la rationalité. Elle fit néanmoins part de ses suspicions à Mélinda, qui sourit doucement, et lui attrapa alors sa main gantée.

« Il ne t’arrivera rien ce soir, Misaki-chan. Je sais que tu m’envies. Tu apprécies ma popularité, même si tu feins de le nier. Mais, comme je te l’ai dit, cette popularité, elle peut être tienne. Pour ça, il faut d’abord que tu acceptes la vérité sur ce qui se passe ici. Tu as vu Matrix ? La scène quand Neo rencontre Morpheus, dans la maison abandonnée… Morpheus lui fait un choix : soit Neo avale la pilule bleue, et il reste dans un environnement fictif, une illusion rassurante où il se sent en sécurité, soit il avale la pilule rouge, et apprend la réalité. Bon, dans ton cas, tu ne vas pas te réveiller dans un cocon futuriste, bien sûr, mais tu vas comprendre que tu ignorais tout de ce lycée sur lequel tu souhaites régner en maîtresse… »

Mélinda sourit encore. Elle se rapprocha du pupitre où Edessa se tenait, et donnait ses instructions. C’était un pentacle sophistiqué, avec des bougies installées à des endroits précis, ainsi que des coupoles. Les membres du club avaient délaissé leurs uniformes pour de longs manteaux de sorcières noirs avec des capuches. Certaines se masturbaient au-dessus des coupoles, afin de les remplir, soit de sperme pour les garçons, soit de cyprine. Finalement, il n’y avait qu’une seule fille qui portait encore son sailor fuku, et elle était à quatre pattes au milieu du pentacle. Edith était une jeune vierge, le « sacrifice » du soir.

La vampire présenta le livre à Misaki. La langue utilisée était la langue énochienne, l’idiome des démons. Edessa salua Misaki, ses énormes seins se trouvant sous le nez de Misaki, avant qu’Edessa ne se penche vers elle, dans une élégante courbette.

« Bienvenue, Madame Misaki ! Je m’appelle Edessa, je suis la fille de Maîtresse Mélinda, et la maîtresse de cérémonie !
-  Parle-lui de la succube avec laquelle nous souhaitons conclure un pacte, Edessa. »

Edessa acquiesça.

« Dame Zaezel est une succube talentueuse qui vit au Lac d’Eden. C’est une sorte de sanctuaire au sein de l’Enfer, un endroit où les Sept Cercles ne se font pas la guerre, essentiellement parce que le Lac d’Eden est sous la dominance d’une puissante Déesse-démone. Maîtresse Mélinda organise chaque mois des rituels d’invocation pour pactiser avec ces succubes. Le prix à payer est d’offrir à Zaezel la virginité d’une femme. Edith est notre heureuse élue ♥ ! »

Edith soupirait doucement, tandis qu’on venait régulièrement caresser ses cheveux.

« Haaaa, j’ai si chaud, Maîtresse… »

En soulevant sa minijupe, les cultistes examinaient son intimité. Elle était bien ruisselante. Il fallait bien ça pour invoquer la démone ! Mélinda pouvait sentir la nervosité pointer chez Misaki, et lui sourit.

« Je souhaite au moins que tu assistes à l’invocation, pour notre exposé… Tu verras en direct comment ça fonctionne. Mais, ensuite, je ne te cache pas que nous allons tous faire joyeusement l’amour. Mais tu pourras partir, si tu veux. »

Mélinda l’embrassa alors sur la joue. Les bougies commençaient à dégager une fumée violette, aphrodisiaque.

« Bon, tout est prêt ! Mettez-vous en place ! »

Les cultistes s’agenouillèrent autour du pentacle. La pièce n’était désormais éclairée que par les bougies. Se tenant dans l’ombre, Mélinda se rapprocha de plusieurs caméras montées sur trépied. Évidemment, elle comptait faire un film privé de cette séance ! Elle s’assit sur une chaise, et invita Misaki à s’asseoir également, tout en se demandant jusqu’à quel point Misaki resterait calme devant ce qui allait se passer. Edessa se mit à parler, employant la langue d’Enoch. C’était une langue forte, mais destinée aux succubes. La fumée s’échappant des bougies s’accentua brusquement tandis que des courants d’air s’échappaient du pentacle, qui se mit à luire. Une épaisse lueur violette, chaude, qui se mit à pulser, tandis que les sorcières psalmodiaient le même récital, invoquant la démone.

« ZAEZEL ! ZAEZEL !! ZAEZEL !! »

Les murs se mirent à trembler, et on entendit alors comme une détonation… Puis, tandis que la fumée se dissipait lentement, une silhouette apparut à travers la fumée. On put voir de longues ailes, et des yeux violets qui percèrent l’obscurité, regardant Mélinda puis Misaki, les deux femmes ayant été placées en face, même si plongées dans la pénombre. Misaki put alors sentir comme une présence dans sa tête.

*Tu es vierge… Mais je ne sens pas un désir normal en toi… Tu as peur…*

Petit à petit, le corps magnifique de Zaezel apparut. Elle déploya ses ailes, et posa sa main griffue sur la tête d’Edith, tandis que sa verge se déploya, et heurta le visage rubicond de la jeune femme. Misaki sentit alors la présence de Zaezel disparaître, se focalisant sur Edith.

« Je connais le rituel que vous avez réalisé, Mesdames… Edith Parker. Tu viens de loin, et tu es perdue dans ce pays. Ton père s’est remariée avec une Japonaise, et t’a arraché à tes amis. Ici, tu as rencontré de nouveaux amants et amantes, une Maîtresse qui veille sur toi…  Et toi, par contre, je sens que tu es en chaleur. Offre-moi ta virginité. Offre-moi une partie de toi. Ta Maîtresse sert une Déesse Infernale, j’en sers une autre. À tes vingt ans, tu devras choisir, mais, si tu me refuses, je te féconderai alors, et, à ta mort, tu deviendras l’une de mes concubines. Moi, Zaezel, jure de ne jamais précipiter ton décès d’une façon ou d’une autre. Une fois par mois, au moins, nous devrons nous revoir, et, à chaque fois, tu pourras choisir entre me suivre ou rester fidèle à ta Maîtresse. Et, comme le veut le rituel, tant que tu resteras fidèle à ta Maîtresse, je la servirai. »

Edith déglutit lentement, et hocha la tête.

« O-Oui, Maîtresse…
-  Suce ma queue, petite catin, c’est ainsi que tu me montreras que tu souhaites ce rituel. »

Edith soupira encore, tremblant d’excitation, mais attrapa ce membre entre ses lèvres, et commença à le pomper. Mélinda se retourna vers Misaki. Si Zaezel était partie de l’esprit de Misaki, sa marque devrait encore se faire sentir.

« Alors, comment trouves-tu le spectacle, Misaki-chan ? »