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Re: Until The Last Back (Tekworld Hero Team)

Posté : 14 sept. 2024 15:24
par Tekworld Hero Team
« Qu'est-ce qu'on fait ? »

C’était la question à un million de crédits, ça. Rozalia tenait sa dague dans la main, et regarda Rinako, ne sachant pas quoi lui répondre. Pour poser une telle question, la Celkhane devait être inquiète, comme la plupart des soldats. Les alarmes de sécurité continuaient à rugir, et la brèche dans le secteur 7 ne fut bientôt plus le seul souci des signaux d’avertissement. Les soldats étaient épuisés après le combat dans les hauteurs, mais étaient pour autant prêts à en découdre.

« Évacuation ! Évacuation ! Évacuation ! lâcha soudain la voix mécanique. Annulation de tous les précédents ordres de mission. Évacuation ! Le site est compromis ! Vous devez rejoindre les tunnels de sortie A et B le plus rapidement possible. Autodestruction du complexe dans dix minutes. »

Rozalia regarda Rinako.

« On fout le camp, voilà ce qu’on fait ! »

Les soldats hurlaient entre eux, tandis que les Formiens progressaient. Le système de sécurité se mettait en place, et Rozalia remarqua alors, en sortant du mess dans un couloir, que d’énormes herses de sécurité, de gros murs en acier, s’abattaient dans le couloir, cloisonnant ce dernier, probablement afin de limiter les Formiens. C’était la panique, et Rozalia suivit le mouvement, essayant de rester près de Rinako, tout en se faisant bousculer. Elles arrivèrent à un embranchement, et Rozalia tourna la tête en entendant des hurlements de douleur entrecoupés de coups de feu et d’explosions.

« Fuyez !
- Pit... AAAAAAHHHH !
- Ils sont trop nombreux ! Repliez-vous ! »

Les ampoules d’urgence étaient systématiquement brisées, et Rozalia vit une herse commencer à s’abattre, tandis qe trois Tekhans couraient en tirant derrière eux à l’aveugle. Les Formiens devaient sûrement les poursuivre, mais, étrangement, Rozalia n’entendait pas les cliquètements si caractéristiques des espèce d’insectes arachnides qui les avaient attaqué là-haut. L’un des trois fugitifs s’écroula alors, comme s’il avait trébuché, et poussa un hurlement. Son collègue essaya de l’attraper par la main, mais le malheureux fut alors tracté dans l’obscurité, tandis que le soldat qui avait tenté de le sauver fut transpercé au niveau du torse par une espèce de queue noirâtre et pointue, qui l’envoya s’écraser contre le mur. Le dernier faillit réussir à s’échapper avant qu’une créature que Rozalia n’avait pas vu ne jaillisse du plafond, et ne s’écrase sur lui dans une gerbe de sang. Un peu de sang gicla sur le visage de Rinako.

La créature regarda brièvement les deux femmes. Elle était noire, immense, et avait tout d’un monstre issu d’un mauvais film d’horreur. C’était un abominable Xénomorphe, qui ouvrit sa gueule, et cracha un jet verdâtre. La herse se ferma toutefois au même moment, et quelques rares gouttes passèrent, touchant le sol, le faisant fondre.

« Putain de vacherie de bordel de merde ! » s’exclama Rozalia.

L’expression résumait plutôt bien la situation. Rozalia regarda Rinako. Le sang avait été jusqu’à tacher ses longs cheveux, mais Rozalia n’avait pas le temps de lui faire sa toilette. Elle reprit sa course vers les tunnels d’évacuation. Tout le site était un grand dispositif militaire comprenant de nombreux bunkers, ce que Rozalia réalisa en s’approchant d’une espèce de carte qui clignotait furieusement, et qui représentait le système de défense souterrain, qui ressemblait à ça, leur bunker étant indiqué en rouge clignotant :


Image

Une installation complexe, chaque bunker étant relié par des tramways. Après avoir brièvement regardé ce plan, Rozalia décida de se rendre vers les quais, en compagnie de Rinako et des autres soldats qui fuyaient. La scène était bordélique au possible, et elles empruntèrent une cage d’escaliers remplie. Un soldat glissa sur une marche, trébuchant, et s’affala contre la rambarde. Rozalia tendit la main pour qu’il se relève, quand on entendit des hurlements.

« Là-haut !
- Au secours !
- Nous sommes faits comme des rats !
- Tirez ! »

D’autres Xénos étaient depuis les sommets de la cage d’escaliers, et se mirent à plonger sur leurs proies, dans un enfer de balles, de hurlements, et de membres qui s’envolaient. Rozalia vit le garde qu’elle avait aidé à se redresser se recevoir une queue pointue dans la tête, avant de s’envoler pour s’écraser comme une boule de bowling sur d’autres soldats, les renversant. Elle réalisa alors que les Tekhans faisaient plus de dégâts entre eux que les Formiens. Les Xénomorphes avaient brisé les lampes, plongeant la cage dans la pénombre.

*Un abattoir... Cet endroit est un coupe-gorge !*

Attrapant Rinako par le poignet, afin de la décourager de jouer aux héroïnes, Rozalia tenta de se replier, de retourner vers les couloirs.

« On ne peut rien pour eux, Rinako ! » hurla-t-elle pour que sa voix porte par-dessus les hurlements d’agonie et les rafales.

Rozalia sortit la première, mais un Xénomorphe les avait vu, ou avait senti la signature magique de Rinako. Toujours est-il que sa lourde queue frappa la frêle Rinako sur les flancs, le bout cinglant la jambe de Redemption. Cette dernière tomba par terre tandis que le Xénomorphe ouvrit sa gueule, faisant pointer sa curieuse langue en forme de tube, qu’il pouvait utiliser pour la planter dans le cerveau de Rinako, et ainsi, outre la tuer, absorber sa cervelle ([size=10pt]NdA : les Xénos de base, si je ne m’abuse, n’absorbent pas la cervelle de leurs victimes, mais on a bien le droit d’innover ![/size]). Tout se déroula pour Rozalia presque au ralenti. Basculant en avant, avec une blessure à la jambe, sa main gauche s’écrasa sur le sol, et elle s’en servit pour appuyer dessus, s’élançant dans les airs, décrivant une espèce de roulade. Son arc glissa de son dos, tandis que la salive du Xénomorphe tombait autour de Rinako. La main droite Rozalia attrapa une flèche, tandis que la gauche se relevait, les jambes de Rozalia retournant sur le sol, derrière sa tête. Elle décrivit une espèce de glissade, et lâcha sa flèche, avec une rapidité et une dextérité qui auraient fait pâlir n’importe quel elfe sylvestre.

La flèche se planta dans la langue du Xéno, qui se mit à couiner de douleur en se reculant, laissant ainsi à Rinako l’opportunité de l’achever avec son feu. Rozalia récupéra alors son transmetteur pour appeler Nika :

« Nika ? Nika ?! Tu es où, bordel ?! »

Aucune réponse. Rozalia jura, et, se reprenant, elle se dirigea vers une porte, l’ouvrant pour débarquer dans une espèce de petite armurerie. Elle referma la porte derrière Rinako.

« Je crois qu’il faut prendre un autre chemin. Merde... »

Re: Until The Last Back (Tekworld Hero Team)

Posté : 14 sept. 2024 15:24
par Rinako Tetsuhiko
Des xenomorphes. De toutes les saloperies qui grouillent sous ce maudit astéroïde, il fallait que ce soit des xenomorphes. Je me souviens que quand j'étais petit ma mère m'en avait parlé, et j'en ai fait des cauchemars pendant des années. Des nuit entière figée de terreur dans mon lit, la couverture remontée jusque sur le nez, à fixer les bouches d'aérations de me chambre et guetter le moindre bruit. Ces horreurs sont la chair à canon par excellence, nombreuses et aussi dangereuses vivantes que mortes à cause de son sang acide. Du moment où je vois la créature à celui où la herse de sécurité tombe devant moi, mon cœur s'arrête de battre. Et quand il repart je sens comme un électrochoc, je m'engueule intérieurement. Espèce de gamine incapable ! J'ai même pas été foutue de lever mon arme pour lui planter une balle ou deux !

" Putain de vacherie de bordel de merde ! "

J'aurais été encore moins polie. Mais je profite des quelques secondes qu'il faut à Rozalia pour inspecter le plan de l'installation pour me ressaisir et calmer mon souffle. Je m'essuie le front d'un revers de main, où je découvre vite une trace de sang. Pas le mien, celui du pauvre gars qui s'est fait massacré à moins de trois mètres, derrière la herse. J'enrage encore plus de n'avoir pas réagi. Mais ce n'est pas le moment de se disperser, je file à la suite de la grande brune, avec les soldats en débâcle, pour atteindre une cage d'escalier.

C'est le chaos intégral, pour un peu les soldats se piétineraient les uns les autres pour s'en sortir. Devant moi Rozalia aide un homme à se relever. Soudain ça crie au-dessus, et ça se met à tirer. Je lève mon arme avant de me raviser. À quoi bon stopper les xenos si c'est pour se retrouver sous une pluie d'acide concentré ? D'autres ne s'arrêtent pas à ce genre de considérations. Les corps en charpie et les monstres furieux se mettent à pleuvoir au centre de la cage d'escaliers. La plupart des bêtes se brisent le corps en percutant les rambarde.

J'arrive à un palier, poussée par la foule, quand l'une d'elle tombe juste à côté de moi. Le xenos parvient tout de même à se rattraper à le rambarde. Il n'a pas le temps de se hisser que j'abats une main nimbée de flamme sur chacune de ses pattes, lui faisant lâcher prise. Les Formiens ne connaissent ni la peur ni la douleur... Mon œil ! Le feu : ils connaissent et ils craignent. Si je n'étais coincée dans cette foule c'est moi qui leur donnerait des cauchemars !

Soudain Rozalia m'attrape par le poignet.

" On ne peut rien pour eux, Rinako ! "

Je me retiens de lui répondre. Elle me croit conne ou aveugle ? Même en abandonnant tout le monde on ne pourra sans doute rien pour nous-mêmes. Malgré sa taille elle est plus douée que moi pour se faufiler dans la foule, et j'agrippe son poignet comme si ma vie en dépendait. C'est d'ailleurs le cas. Mais soudain quelque chose de gros me percute sous les côtes, m'envoyant bouler contre un mur. Un Xenos se rue sur moi la gueule grande ouverte. Je relève les jambes in extremis et ses épaules viennent cogner sous mes genoux. Ça fait mal, mais quand sa langue vient claquer ses petites mâchoire à trois centimètres de mon visage je me dis que ce n'est pas cher payé.

Soudain une flèche se plante en travers de la langue qui se rétractait. La créature tressaille et j'en profite pour la repousser d'une bourrade des deux pieds en plein torse. Puis je dégaine et tire jusqu'à ce qu'elle tombe à la renverse par-dessus la rambarde. Je me relève alors que Rozalia appelle Spänje. J'espère qu'elle va bien, où qu'elle soit. Puis on file toutes les deux par la première porte qui vient.

Soudain le vacarme du combat, ou plutôt du carnage, est feutré. Hormis cet affreux bruit de fond seules nos respirations sont audibles dans la pièce. Je me retourne vers la porte close. J'aimerais ne pas oser imaginer la boucherie derrière, mais les sons étouffés que j'entends font naître des images sanglantes dans ma tête. La plupart s'inspirent de ce que je viens de voir de mes yeux.

" Je crois qu’il faut prendre un autre chemin. Merde... "

Un autre chemin. Il y a une porte au fond de la pièce. Je coure l'ouvrir avec l'espoir d'y trouver un couloir, un autre escalier, ou même une cage d'ascenseur. Mais il n'y a qu'un réduit lui aussi rempli d'armes. On est vernis : sans doute assez de balles et de chargeurs pour faire un sort à toutes les bestioles qui infestent cette base. Mais si elles passent cette porte nous serons mortes en moins d'une minute. D'ailleurs je sursaute en entendant le premier que les xenos donnent pour défoncer l'entrée.

Je jette un rapide coup d'œil autour de moi, et tire une grosse mallette rangée en bas d'une étagère. Je l'ouvre : bingo ! Des mines à fragmentation, de quoi nous faire gagner une bonne seconde et demi. C'est toujours ça. Le temps d'en placer trois dans la pièce, je me rend compte que la porte va bientôt céder. Je file à nouveau dans le réduit. C'est pas possible ! On ne peut pas être piégées ! En levant les yeux je découvre qu'on ne l'est pas, et ma mine se déconfit à vue d'œil.

" Non... Pas ça... "

Cette fois je n'ai pas honte d'avoir gémi comme une gamine. Notre seule échappatoire est un conduit de ventilation...

Re: Until The Last Back (Tekworld Hero Team)

Posté : 14 sept. 2024 15:25
par Tekworld Hero Team
La partie, déjà compliquée, se complexifiait encore plus. Les queues de plusieurs Xenos frappaient contre la porte, qui ne résisterait pas longtemps. Rozalia n’avait qu’un arc et sa dague magique, des armes qui paraissaient bien faibles face aux monstres. Les Xénomorphes tapaient rageusement contre la porte, et Rozalia entendit soudain un choc derrière elle. Se retournant, elle vit que Rinako avait sorti des mines à fragmentation, les positionnant sur le sol. La sortie était condamnée par les monstres, et il n’y avait aucune sortie. Redemption leva la tête en même temps que la Celkhane, apercevant une bouche d’aération. La perspective de passer par là n’avait pas l’air de faire plaisir à Rinako, mais ce n’est pas non plus comme si il y avait une autre alternative. Les Xénomorphes continuaient à frapper contre la porte, et la serrure était en train de tomber en miettes.

« Non... Pas ça... »

Elle était inquiète, et Rozalia posa ses mains sur les épaules de la Celkhane, fermement, et croisa son regard. Le temps allait sérieusement leur manquer, mais il était important que Rinako ne panique pas, que sa peur, naturelle, ne se transforme pas en une irrationnelle terreur.

« Tu n’as pas à avoir peur, Rinako. Je suis là, ne t’en fais pas. »

C’était bien mince, mais elle n’avait après tout pas le temps de faire un discours. Rozalia se redressa ensuite, et utilisa un pistolet, tirant sur les vis qui retenaient la grille, les faisant sauter. La grille tomba alors, et Rozalia utilisa son agilité et sa souplesse pour s’accrocher à la paroi, se hissant pour filer dedans, avant de tendre sa main pour que Rinako l’attrape. Rozalia la hissa, et la porte s’écrasa alors, livrant passage à deux Xénomorphes. Le détonateur des mines enclencha alors ces dernières, et Rozalia se mit à ramper rapidement, le long d’un étroit conduit. Le temps que les mines s’actionnent, elle se retourna, laissa passer la Celkhane, et sortit son arc. Comme elle s’y attendait, un Xénomorphe bondit dans le conduit, et se reçut une flèche qui le surprit. Piaillant, le Xéno tomba par terre, manquant s’écraser sur son partenaire.

Le petit conduit grisâtre menait à un autre conduit rouge, plus grand, où on pouvait se redresser. C’était du moins le cas pour Rinako, qui était plus petite que Rozalia. Cette dernière devait baisser la tête. Les mines explosèrent alors, fauchant les deux Xénormorphes, et la déflagration se répandit dans le conduit grisâtre que Rozalia et Rinako avaient emprunté. C’est donc de justesse que Rozalia ne se mit pas à flamber. Il y avait de gros tuyaux dans le conduit, et Rozalia choisit de passer devant.

« Okay... On avance tranquillement... Et on reste prudentes... »

Pendant plusieurs minutes, Rinako marcha le long du conduit, évitant de s’aventurer dans les différentes ouvertures à gauche comme à droite. Elle avait peur, mais elle ne devait surtout pas le montrer, car elle savait que Rinako devait être encore plus effrayée qu’elle, et se raccrochait à elle. Rozalia en avait l’habitude. Attentive au moindre bruit suspect, Rozalia avançait donc, jusqu’à entendre des coups de feu sur la gauche.

« Allons voir ce qui se passe par là... »

Les deux femmes s’engagèrent dans un conduit un peu plus petit, jusqu’à trouver un cadavre... Ou plusieurs, elle ne savait trop. Les corps avaient été traînés dans le conduit, qui était repeint d’un rouge sanguinolent. Une écœurante odeur de puanteur se dégageait de la zone, donnant envie à l’Héroïne de vomir. Elle vit une tête livide, et un corps qui ressemblait à de la bouillie, ses tripes enroulées autour des barreaux d’un ventilateur, remuant lentement. Rozalia s’avança, marchant sur des os brisés, et éclata un cœur. Fermant les yeux, elle continua à avancer, utilisant une lampe pour s’y repérer. Elle finit par voir une grille d’aération arrachée, et pencha lentement la tête. Des toilettes. Vide. Ou presque.

« On descend... J’en peux plus de ces putains de conduits... »

Rozalia sauta au milieu d’un autre massacre, et reçut Rinako entre les bras, avant d’essayer de la relâcher dans un coin des toilettes qui n’était pas couvert de sang ou d’organes. Elle vit des projections de sang filer vers la porte de sortie, arrachée de ses gonds. La pièce était plongée dans l’obscurité. Les miroirs avaient éclaté, et la plupart des cabines avaient été défoncées. Elle vit le corps d’une femme encastrée dans le mur, une autre dont la carcasse avait été « empilée » dans la cuve des toilettes. C’en fut trop pour Rozalia, qui s’approcha d’un lavabo, et vomit. Elle cracha ses tripes, et tourna ensuite le robinet, faisant jaillir de l’eau. Rozalia était blême, livide, et s’en passa sur le visage. Elle récupéra son communicateur, tentant, encore une fois, de contacter Nika :

« Nika... Nika, bordel, tu es où ?! »

Il n’y eut encore aucune réponse, et Rozalia serra les dents. Killer Boom devait sans doute être occupée. Rozalia éteignit à nouveau les communications, et fit signe à Rinako de poursuivre. Elle sortit des toilettes. L’odeur était bien moins insupportable dehors. Une alarme tournait silencieusement dans le coin, et elle vit un cadavre de Xéno sur le sol, ainsi que des tâches dans le sang. Et un indicible grognement venant des toilettes pour hommes... Un grognement sourd et persistant, entrecoupé de bruits de mastication. Rozalia posa un doigt sur ses lèvres à destination de Rinako, et s’avança lentement, sur la pointe des pieds, entrant dans les toilettes pour hommes. Une lampe clignotait faiblement, répandant une triste lueur. Rozalia vit une projection de sang sur le sol, et aperçut un cadavre. Un cadavre qui se faisait dévorer par une espèce d’énorme... D’énorme espèce de chien marron qui leva la tête en grognant, voyant Rozalia.


Ce n’était indéniablement pas un Xénomorphe. Un autre Formien. Un gros chien affamé qui n’avait pas d’oreilles, ni de yeux, ni de queue, ni de poils, mais une belle rangée de dents. Rozalia sortit son arc, et le gros chien démoniaque courut vers elle. Elle lâcha la flèche, qui le frappa en plein visage, mais sans lui faire mal. Le chien était énorme, ressemblant à vrai dire plus à une espèce d’insolite croisement entre un ours et un chien. Pour l’éviter, Rozalia sauta de côté, et le flanc du monstre le heurta au corps, lui faisant lâcher son arc.

« C’est un vrai festival... » soupira l’Héroïne.

Re: Until The Last Back (Tekworld Hero Team)

Posté : 14 sept. 2024 15:25
par Rinako Tetsuhiko
Bordel, c'est vraiment l'horreur complète dans ce bunker. Je sens que je vais péter un câble et ce sera pas beau à voir. Déjà le petit conduit étroit m'a fortement compressé les neurones, alors les odeurs et les viscères dans lesquelles on patauge : c'est le pompon ! Rozalia me couve mais je n'ose pas la rembarrer. Et quelque part ça me fait du bien de sentir que je peux me reposer sur elle. Mais c'est elle qui coure le plus de risques dans l'histoire. Bien sûr j'ai la nausée, et une trouille pas croyable. Une horde de monstres est en train labourer tous ces tunnels, qui ne vont pas tarder à sauter. J'ai envie de m'écraser dans un coin pour pleurer, me replier sur moi-même tellement fort que ça me ferait disparaître. C'est un vrai cauchemar éveillé, le pire de ma vie car celui-là ne se finira pas au chaud dans mon lit.

Rozalia est la seule chose qui m'empêche de craquer, et elle ignore à quel point c'est loin de ce qu'elle imagine. Si je craque je vais perdre le contrôle et déchaîner mes pouvoirs. En un mot : je vais la rôtir. D'ailleurs je sens qu'il fait chaud dans le conduit qu'on vient de prendre en entendant les coups de feu. Cette chaleur vient de moi, et rend la puanteur encore plus insupportable. Chaque grande respiration que je prends me retourne l'estomac un peu plus. Ce que je vois autour de moi manque de me faire perdre la tête à chaque seconde. Du sol au plafond on croirait que ce tunnel est fait de chair, de sang et d'os. Je n'arrête pas de me repenser à l'infirmerie pour me convaincre que je peux encaisser.

" On descend... J’en peux plus de ces putains de conduits... "

Chapeau ! Je ne sais pas comment elle arrive à desserrer les lèvres sans vomir. En tous cas je ne m'en sens pas capable. Je me laisse glisser à sa suite, elle me rattrape. Et ça me fait un bien fou de sentir ses mains qui me soutienne ce court instant. Nous sommes dans des toilettes. L'odeur de viande est toujours présente, mais moins étouffante. Pourtant le spectacle est encore plus abominable. Je n'ose pas imaginer la violence du choc qui a encastré ce corps dans le mur.

Soudain je vois Rozalia porter une main à sa bouche, prise de nausée. Quand je découvre ce qui la met dans cet état je ne peux pas me retenir plus qu'elle. En fait je suis la première à vomir, directement par terre. De toutes façons je tiens à peine sur mes jambes, je ne serais pas arrivée au lavabo. Je crache une dernière fois avant de serrer les dents.

" Bordel ! Qu'est-ce qu'ils ont dans la tête, ces putain de monstres ? "

Je n'ai pas à me forcer pour parler comme une grande. Malgré la terreur c'est bien la colère de la soldate qui domine. Mais ce n'est pas forcément un bon signe. Je profite que Rozalia tente un nouveau contact radio pour rejoindre à mon tour un lavabo. Je me passe rapidement un coup d'eau sur le visage, je me rince la bouche, et malgré la nausée je me force à boire un peu. Ça aussi ça fait du bien, surtout après tout ce qui s'est passé de la surface jusqu'ici.

" Nika, bordel, tu es où ?! "

Je lève les yeux vers elle, et je me dis quelque part au fond d'elle il y a aussi une gamine terrorisée par tout ça. Je la prends par la main et lève un regard décidé vers le sien.

" On va la retrouver. "

Ça vaut ce que ça vaut, et j'espère que ça suffit à au moins alléger un peu son fardeau. J'en doute fortement. Il me manque quelques années pour sortir ce genre de phrases de façon convaincante. Quelques années, quelques dizaines de centimètres, une bonne quarantaine de kilos et un gros flingue.

L'air s'éclaircit encore un peu quand nous sortons dans le couloir. Je suis Rozalia en silence, la main sur la poignée de mon arme. Mais dans la pièce d'en face, les toilettes pour hommes, il y a quelque chose de vivant. Au bruit ce n'est certainement pas de notre côté. Rozalia me fait signe de garder le silence, mais je dégaine mon arme et la tient à deux mains pour la pointer vers le sol. Son arc n'est pas automatique, s'il lui faut plus d'une flèche elle aura besoin d'une couverture.

Je la suis de près et entre dans les toilettes juste derrière elle. Une espèce de grosse saloperie de monstre lève la tête d'un cadavre pour grogner dans sa direction. Elle décoche, elle touche, mais ça ne suffit pas. Le monstre charge et l'envoie bouler. J'ai beau lâcher plusieurs tirs, les billes de métal se plantent dans le cuir épais de la bête, qui me remarque et se tourne vers moi en grognant. Je laisse mon arme m'échapper des mains, prise d'un soudain sursaut de panique.

Mais la panique passe aussi vite qu'elle est arrivée. Je me campe, le pied droit en avant, alors que le monstre arrive face à moi en grognant et bavant.

" Amène-toi ! "

Avec un rugissement, ce gros clébard obéit... Et signe son arrêt de mort. Je tends les bras devant moi pour libérer deux gerbes de flammes. Frappé de plein fouet le monstre s'arrête en pleine course, et tente de fuir autour de la pièce en lâchant des geignement caverneux. Mais je le poursuis sans relâcher la pression. Ses plaintes et ses mouvements de plus en plus faibles et saccadés font monter le long de mon dos un frisson grisant. Je ne peux pas m'empêcher de sourire en grillant cette monstruosité formienne.

" C'est ça ! Crie ! Respire ! Crame-toi les poumons ! "

Après une ultime plainte, le corps de la bête s'affaisse dans un coin de la pièce. Une de ses pattes remue encore faiblement. Son système nerveux dégénéré n'a sans doute pas encore pigé qu'il est mort. Par sécurité je m'approche et fourre une main dans sa gueule d'où jaillit une dernière gerbe de flamme. J'essaie de me convaincre que j'ai fait ça par sécurité, et non pour le plaisir de rendre à une de ces saloperies la monnaie de sa pièce. J'imagine la tête qu'aurait fait Nika en me voyant à l'œuvre, et ça ne fait qu'élargir mon sourire.

Je porte soudain une main à mon front. Merde ! Ça y est, je deviens dingue ! Je prends une grande inspiration pour me calmer. Puis une autre pour calmer l'excitation qu'éveille l'odeur de cette viande formienne calcinée. L'odeur d'une vengeance au moins mille fois méritée, et seulement depuis ce matin. Même folle je n'oublie pas la situation. D'autres ennemis sont peut-être déjà en chemin, attirés par tout ce bordel. Je vais ramasser mon arme avant de rejoindre Rozalia. Elle s'est relevée, et je pense que mon petit tour de force ne l'a pas rassurée. Mais pour être honnête je m'en fous.

" On continue. "

Re: Until The Last Back (Tekworld Hero Team)

Posté : 14 sept. 2024 15:25
par Tekworld Hero Team
Le gros monstre était plutôt résistant, et costaud. Rozalia avait été boulée contre une cabine, et avait porté la main à sa dague, prête à s’en servir, lorsqu’elle entendit des coups de feu. Rinako venait probablement de lui sauver la vie, mais les balles ne purent pas percer le tas de graisse de la bête. La Celkhane utilisa donc sa magie, et Rozalia assista à un spectacle de flammes et de feu. La peau du monstre brûla bien, et la bête poussa des couinements en sentant le feu brûler sur lui. Elle tenta de s’échapper, se roula par terre, mais sans réussir à étouffer les flammes, heurtant les murs, traquée par Rinako. Rinako se chargea ensuite d’achever la bête. Elle était furieuse, et voyait là l’occasion de se défouler sur lui. Furieuse, mais aussi terrorisée. Elle acheva le monstre en mettant sa main en lui, le faisant flamber.

« C'est ça ! Crie ! Respire ! Crame-toi les poumons ! »

Rozalia, qui était restée assise, s’agrippa à un lavabo pour se redresser. Les gémissements du monstre étaient plaintifs, et de plus en plus faibles. Rinako l’acheva donc, le faisant cramer de l’intérieur, et le monstre, dont la carcasse était noircie, s’écrasa sur le sol. Redemption regardait la Celkhane, légèrement méfiante. La magicienne était dangereuse, et elle commençait à comprendre que la jeune femme était relativement instable, mentalement parlant. La magie était intimement liée aux sentiments, ce qu’elle savait, à force de côtoyer Salvation. Rozalia ne savait pas quoi dire, et Rinako décida donc de passer à autre chose :

« On continue. »

Le ton était assez sec, et Rozalia se permit un dernier regard pour la carcasse, avant d’hocher lentement la tête, et de la suivre. Elle préféra ne pas revenir sur ce qui s’était passé, sur la lueur qu’elle avait cru lire dans les yeux de la Celkhane. La magie... Une arme dangereuse, un outil à double tranchant. La magie n’était pas faite pour les humains. Les deux femmes sortirent des toilettes, et Rozalia suivit Rinako le long du couloir, avant de reprendre le déroulement des opérations.

Elle n’avait toujours aucune nouvelle de Nika, et se rassurait en se disant que la femme devait aller bien. Impossible de savoir où elle était, mais Rozalia connaissait suffisamment l’impulsive Tekhane pour savoir qu’elle n’était pas du genre à mourir facilement. Pour l’heure, il fallait rejoindre les tramways, et quitter ce bunker. Si Nika était encore en vie, c’est probablement par là qu’elle se rendait. Elles avancèrent dans un couloir vide. Plusieurs des lourdes herses de sécurité avaient fondu, et des appareils électroniques brisés, comme des lampes, répandaient dans les coins des étincelles. La silencieuse marche des deux femmes les conduisit néanmoins devant un trou. Une grenade avait du faire un trou. Les impacts de balles dans les murs, les quelques cadavres jonchant le sol, confirmaient cette impression.

Rozalia descendit la première, et longea un autre couloir. Une alarme sonnait faiblement dans un coin, et, alors que la jeune femme se dirigeait vers la lueur rouge, son transmetteur se mit à crachoter.

« Roz... ‘Lia ! »

C’était la voix de Nika, qui semblait venir de loin. Il semblait y avoir des interférences, et Redemption s’arrêta, se bouchant l’autre oreille avec sa main pour essayer d’entendre au mieux.

« Nika ! Nika !
- ’Tion... ‘Songe... ‘Pas... ‘Del !!! »

Des coups de feu vinrent résonner dans l’oreille de Rozalia, qui pesta, tandis que la communication se coupait. Elle n’avait rien compris à ce que Nika avait cherché à lui dire, et elle regarda Rinako. Elles étaient dans un couloir plongé dans une relative pénombre, et Redemption mordilla ses lèvres, avant de lui glisser quelques mots :

« Nika nous rejoindra. Je sais que tu ne l’aimes pas beaucoup, mais, dans ce genre de situations, elle est bien plus efficace que moi. »

Rozalia s’avança ensuite, tenant son arc dans sa main, lorsqu’elle entendit du bruit venant d’une pièce à droite. Son arc se tendit immédiatement vers la porte, et elle banda son arc, prête à décocher une flèche mortelle sur le monstre qui en sortirait. Des coups précipités, paniqués. Pas de grognements ni de gémissements. Rozalia s’avança lentement, tendue, vers la porte, qui coulissa à son approche. Des vestiaires. Un corps de Xénomorphe gisait sur le sol, et il y avait contre le mur une projection de sang. Les coups résonnaient dans une allée sur sa gauche. Rozalia rangea son arc. C’était un espace étroit, et l’arc n’était pas le mieux indiqué. Elle sortit donc, à la place, sa dague, et mordilla son pouce avec ses dents. Quelques gouttes de sang perlèrent, et elle les posa sur le tranchant de la lame. Les runes magiques ornant la dague scintillèrent, et une espèce de flamme bleuâtre enveloppa l’arme.

Redemption tourna la tête vers l’origine des coups, et en identifia la provenance. Un casier. Elle perçut alors des sanglots et des gémissements émanant du casier, et vit dedans le cadavre d’un soldat, à qui il manquait les jambes et son bassin. Il baignait dans son propre sang, ses viscères baignant dedans.

« Sortez-moi de là ! Sortez-moi de là ! »

Une voix paniquée. Rozalia se rapprocha. La porte du grand vestiaire était coincée, et elle écarta du talon le cadavre du soldat, avant de l’ouvrir d’un coup. Elle frappa sur la serrure, et la porte s’ouvrit. Un homme hirsute jaillit alors en sortant, poussant un hurlement, et s’écrasa contre la rangée d’en face. Il avait une calvitie prononcée, une chemise blanche avec des tâches de sang et une cravate, et des lunettes... Et le vestiaire était rempli de sang. Blême, celui qui semblait être un scientifique terrorisé se mit à vomir sur le sol.

« Fermez-là ! siffla Rozalia. Tout votre boucan va les attirer !
- Je... Je n’en pouvais plus... Mon Dieu... »

Il portait une étiquette sur le devant de sa chemise. Un nom y apparaissait : « TERRY ». Rozalia le regarda.

« Terry... Terry ! »

Terry alla s’asseoir sur un banc, livide. Ses mains tremblaient.

« Il faut rejoindre les trains d’évacuation. Ça va aller ?!
- Si ça va aller ? répliqua-t-il d’une voix tremblotante. J’ai vu ma collègue se faire arracher la tête devant moi, j’ai eu son sang sur les joues... C’est idiot, je lui avais acheté une bague... On avait une perm’ de prévue... Alors, oui, je dirais que... Que c’est super, hein ! Ça va d’enfer ! »

Un rire nerveux traversa ses lèvres, et Rozalia pesta.

« Reprenez-vous, merde ! »

Le scientifique passa une main dans ses rares cheveux, avant de soupirer, sa tête heurtant le casier derrière lui.

« J’ai du me planquer dans le vestiaire... J’ai du me planquer pour leur échapper. Ce... Ce monstre, là, il m’aurait tué... Mais des soldats l’ont tué... Mais la serrure était coincée, et... J’ai entendu leurs hurlements, Seigneur... »

Rozalia regrettait plus que tout l’absence de Nika. Elle avait une espèce de don naturel pour faire face à ce genre de situations. Ne sachant pas quoi faire, Redemption s’approcha de Terry, et le gifle. La claque résonna dans la pièce, mettant fin aux sanglots de l’homme, qui tomba par terre.

« On pleurera les morts plus tard ! Pour l’heure, il nous faut foutre le camp ! Vous connaissez le chemin ?
- O... Oui, oui... murmura ce dernier en se relevant.
- Alors, guidez-nous ! »

Terry se releva, silencieux, baissant les yeux, avant de regarder les deux femmes. Il remua lentement la tête, ses lèvres tremblants, et s’avança, sortant du vestiaire. Le docteur était sur le point de craquer. Il tenait entre ses mains un pistolet, mais, si jamais des Xénos débarquaient, il serait le premier à foutre le camp. Rozalia sortit du vestiaire, et Terry s’avança sur le couloir, quand sa radio crachota à nouveau :

« Redemption ?! »

Nika ! Rozalia en éprouva un soulagement qu’elle ne dirait jamais à la Tekhane, et s’empressa de rapidement lui répondre :

« Nika ! Bordel ! Tu es où ?
- Navrée pour le silence radio, j’ai... J’ai voyagé un peu.
- On se dirige vers les tramways d’évacuation. Rejoins-nous là...
- Évacuer, c’est une bonne idée, mais il y a plus urgent. La petite poupée est avec toi ?
- La petite poupée ? répéta Rozalia, surprise. Mais de quoi est-ce que tu... ?
- La magicienne susceptible, Rozalia !
- Ah ! Euh, ouais, elle est là, mais...
- Rejoignez-moi au complexe scientifique. Il y a un truc que tu dois voir.
- Mais... »

Impossible d’en placer une ! Nika enchaîna, sans laisser le temps à Rozalia de pouvoir dire quoi que ce soit :

« Je n’ai pas le temps de discuter. Viens. Vite. »

Elle raccrocha alors. Éberluée, Rozalia contempla son transmetteur, avant de croiser le regard de Rinako.

« Et bien... finit par glisser Rozalia. Au moins, elle est toujours en vie... Tu en penses quoi ? »

Re: Until The Last Back (Tekworld Hero Team)

Posté : 14 sept. 2024 15:25
par Rinako Tetsuhiko
"... Tu en penses quoi ?
- Qu'on devrait pas traîner. "

Je ne peux m'empêcher de fixer le scientifique depuis que Rozalia l'a sorti de son placard. ce type me rend nerveuse, justement parce qu'il est nerveux lui-même. En avançant prudemment jusqu'ici j'ai réussi à calmer ma colère, mais elle est toujours là. En quittant les toilettes empestées par l'odeur de graisse brûlée de la bête, j'avais presque envie de voir une marée d'autre monstres surgir dans les couloirs. Juste pour me défouler, quitte à blesser gravement celle qui m'accompagne.

Je préfère lui laisser voir que je suis inquiète que de refouler plus de choses. Il y a au moins une bonne nouvelle : Nika est en vie. Rozalia n'a pas sauté de joie mais ça la rassure, et moi aussi. Même si du peu que j'ai entendu sa situation n'est pas reluisante. La nôtre ne s'arrange pas vraiment avec ce Terry. D'accord c'est bon de voir quelqu'un d'autre en vie, même un homme. Mais il n'a pas l'air de pouvoir prendre sur lui, et ça ne me rassure pas de le voir armé. Il tremble de partout, un coup à tirer par accident. Et après ce qu'il vient de vivre, et de voir, il ne voudra sans doute pas lâcher son pistolet.

" Prend la tête, je couvre le docteur. "

Une devant, une derrière. Ça suffira peut-être à le rassurer un peu. Et je pourrais le garder à l'œil au cas où il fasse quelque chose de stupide. Pourvu qu'il se maîtrise, on a déjà assez de problèmes comme ça. Sur ce nous nous remettons en route, suivant les indications du docteur. Encore des couloirs sombres, des corps mutilés, des armes et des douilles au sol, la plupart des lumières détruites. Et les échos oppressants d'une alarme qui ne doit pas se trouver à plus quelques embranchements.

Même s'il sursaute presque à chaque pas, le scientifique fait au moins l'effort de parler bas.

" À droite. Les quais sont au fond du coul... "

Il s'interrompt de lui-même, une seconde après l'alarme. Soit elle a fini par lâcher, soit quelque chose l'a faite taire. Le pire étant à envisager je me retourne pour sonder la pénombre. Mais ces saletés de Xenomorphes sont aussi noirs que du charbon, et silencieux quand ils veulent. Un bruit ne tarde pas à attirer mon attention. De petits claquements frénétiques juste derrière mon épaule. Je tourne la tête pour découvrir le scientifique pétrifié de terreur, fixant le fond du couloir. Il tient sont arme devant lui, de ses deux mains tremblantes. je me trompe peut-être mais j'ai l'impression que la peur lui fait carrément oublier de respirer.

Je lève la main et l'amène doucement jusqu'à son arme pour serrer fermement, l'empêchant de trembler et cliqueter. Quand Terry se décide à me regarder, avec une grande inspiration paniquée, je lève mon propre pistolet jusque devant ma bouche pour lui faire signe de se taire. Puis je lève la main de son arme pour lui intimer de reprendre la route. Je reste en arrière encore une secondes. Ils sont là, il approchent, je le sens même si je ne peux pas les voir. Je me retourne enfin pour suivre Rozalia et notre boulet... Enfin, le docteur.

Soudain un crissement métallique au-dessus de moi. Je lève la tête, mon regard croise la grille qui tombe du faux plafond. La tête et le torse d'un Xenomorphe en pendent. La bête s'agite et se plaint, ses cri sont repris par d'autres. Je me met à courir, mais c'est bien trois mètres devant que tombe une seconde grille. La créature qui s'en échappe n'a pas l'air coincée, elle. Je canarde à la volée, sans ralentir, faisant éclater la carapace de la bestiole. À droite, au fond du couloir. Rozalia m'attend mais le docteur coure comme un dératé. J'entends encore les cris derrière moi, d'autres xenomorphes remontent les couloirs dans notre direction. Ils ne prennent pas la peine de se faire discrets.

Je rengaine mon arme et lève les mains. Je les embrase à nouveau et laisse s'élever des flammes denses vers le plafond. Les gaz du système anti-incendie sont toxiques, même pour ces créatures... Sauf que le système anti-incendie est hors-service ! Logique, pauvre cruche que je suis ! Sinon il se serait déclenché dans les toilettes. J'éteins ma main droite pour dégainer à nouveau, et lâche des tirs à la volée sur les tuyaux qui longent les murs.

L'un d'eux laisse échapper un jet gazeux sur lequel je dirige mes flammes alors que je le traverse d'un bond. Il ne réagit pas, et bordel qu'est-ce que c'est ! Mais je continue. Un autre. Toujours pas d'embrasement, mais la vapeur brûlante me donne un choc thermique. Je manque de péter la cheville quand mon pied retrouve le sol. Le bout du couloir, la porte, le docteur, Rozalia, les quais. Plus qu'une poignée de mètres et un nouveau jet de gaz qui jaillit d'un tuyau.

" Dernière chance ! "

Je saute au travers, et c'est la bonne. Une gerbe de flamme m'entoure, dont m'échappe pour passer à travers la porte des quais, que Rozalia et le docteur referment derrière moi. À peine au sol je roule sur le dos et me retourne, mais le son vaut bien l'image. Derrière la lourde plaque de métal le grondement et les cris étouffés en disent assez long : les Xenomorphes sont en train de passer au barbecue. Je me redresse pour souffler un bon coup et me laisser aller à sourire, avant tout pour Terry qui me fixe avec la même terreur que pour les créatures. Il doit me croire folle.

" On a eu chaud ! "

Mon cœur bat encore à trois cent à l'heure, je frissonne encore sous l'effet de l'adrénaline. Mais étrangement je n'ai pas tant de mal à faire comme si de rien n'était. Je crois que je commence à me dire que le danger n'est pas si grand. Après tout on a échappé à toutes les bestioles qu'on a croisé jusqu'ici, ou on les a tuées. On est de taille à affronter la situation. Ça peu paraître salaud à l'égard de tous les morts, mais pour les pleurer il faut encore qu'il leur survive. Mon regard passe rapidement à Rozalia, avant de suivre ma tête vers l'arrière. Il reste une rame à quais.

" Ça va marcher, à votre avis.

Re: Until The Last Back (Tekworld Hero Team)

Posté : 14 sept. 2024 15:26
par Tekworld Hero Team
Tant pis pour Nika. Le plan n’était pas de la retrouver, mais de fuir. Rozalia rentra à nouveau en contact avec elle, ouvrant la marche. Devant, elle avança vers les quais, suivant les instructions de Terry. L’homme était livide, et Nika ne se donna pas la peine de répondre. Rozalia pesta, mais elle ne pouvait pas non plus se permettre de se promener dans le complexe. Il y avait un civil à protéger, et Rinako à surveiller. La Celkhane était à bout de nerfs, et, si elle restait une bonne soldate, elle restait malgré tout jeune, guère entraînée pour supporter ce lot d’horreurs. C’était d’autant plus compliqué pour elle que sa magie était puissante, et dévastatrice.

*Ne leur en déplaise, c’est moi qui les dirige... Ce n’est pas spécialement pour me faire plaisir, mais c’est ainsi.*

Ils arrivèrent dans un couloir, quand l’alarme se coupa. Rozalia leva la tête, saisissant sa dague. Ça, c’était pas normal. Se rappelant que les Xénomorphes employaient les conduits d’aération, Rozalia leva la tête, cherchant à les repérer. Terry était paniqué, et, quand le premier Xéno débarque, il se mit à courir en hurlant, allant tout droit, vers les quais. Il fila ainsi droit sous un Xénomorphe, qui envoya sa queue pour le planter. Sortant son arc, Redemption envoya une flèche qui toucha la main d’appui du monstre. Surpris, ce dernier perdit son appui, et tomba par terre. Terry fut ainsi sauvé, et Rozalia se mit également à courir, tandis que Rinako tentait d’utiliser sa magie de feu pour faire enflammer des fuites de gaz.

Une stratégie suicidaire, mais qui était leur seule chance de survie. Rozalia courait en balançant des flèches de temps en temps. Elle avait du mal à viser, et loupa ainsi à plusieurs reprises ses cibles, voulant juste les retarder.

« Rinako ! Dépêche-toi ! »

Redemption atteignit rapidement la porte, et Terry appuya sur un levier. Des pompes s’enclenchèrent, faisant fermer une lourde porte de sécurité. Depuis sa position, Rozalia envoya ses flèches avec une meilleure précision, les Xénos s’acharnant autour de la Celkhane. Le feu se mit soudain à souffler autour de Rinako, et une langue de feu catapulta cette dernière. Rozalia poussa Terry, et s’écarta de l’ouverture dans la porte, dont des langues de feu jaillirent. Rinako déboula à toute allure, et les portes se fermèrent ensuite, enfermant les Xénomorphes dans un enfer de feu.

« On a eu chaud ! lâcha Rinako, en guise de conclusions.
- C’est bien résumé. »

Rozalia se retourna ensuite. Le quai était vide, et il y avait plusieurs cadavres, des escaliers menant à des étages supérieurs, et d’autres portes. Un tramway se trouvait là, tous feux allumés. En avançant, Rozalia vit des douilles sur le sol, et fronça les sourcils. Ce n’était pas normal. Son instinct lui soufflait qu’il y avait quelque chose de curieux par ici.

« Ça va marcher, à votre avis. »

La tirade avait le ton d’une phrase déclarative, mais la forme était celle d’une question. Rozalia ne dit rien, tandis que Terry tremblait, toujours aussi blême. Les propos de Nika revinrent à nouveau à l’esprit de Redemption. Qu’avait-elle découvert ? Rozalia prit son transmetteur, envoyant un énièmmessage :

« Nika, on est au tram’ ! Dépêche-toi !
- Je t’ai dit de ne pas y aller ! lâcha une Nika agacée.
- Je n’ai pas spécialement envie de...
- Le complexe a été piraté ! C’est un piège, merde ! On voulait délibérément conduire les hommes vers les points d’évacuations !
- Mais de quoi est-ce que tu... ?!
- Il y a tout un tas de ces saloperies dans le complexe scientifique ! Ils ont capturé des Formiens pour les étudier ! »

Il y eut des crachotements, et Rozalia regarda Terry. Nika enchaîna sans qu’elle ait le temps de parler :

« Je suppose qu’ils pensaient que le lien entre les Formiens et leur Annexien serait rompu avec leurs drogues, mais ils se sont trompés. Ces Formiens en cage étaient un putain de Cheval de Troie ! Et je crois que l’équipe qui les a infiltré était contaminée.
- Tous les protocoles de sécurité ont été suivis à la lettre ! s’énerva Terry. Ils n’étaient pas contaminés !
- C’est qui, ce connard ?!
- Comment est-ce que vous...
- Il s’appelle Terry. C’est un scientifique. »

Tout en parlant, Rozalia s’avançait vers le tramway, et aperçut alors, au milieu du quai, plusieurs cadavres de soldats sur le sol.

« Qu’il ferme sa grande gueule trancha-t-elle. Il n’y a pas d’autodestruction, ni même de plan d’évacuation.
- Et comment tu sais ça ?
- Parce que je suis dans la putain de salle de contrôle, merde ! Ils ont tous été tués ! Et j’ai trouvé un boîtier de piratage. Les Formiens ne sont normalement pas capables de manipuler les esprits. Nous n’avons pas affaire à une Horde classique, Redemption.
- Ça, je l’avais déjà remarqué...
- Non... Ça ne peut être que lui, Rozalia ! Fous le camp du quai, tu n’es pas en... »

Rozalia poussa alors Rinako. Elle posa sa main sur l’épaule, et la poussa. Une seconde après ce geste, une balle siffla sur sa joue, laissant une entaille. La balle s’écrasa sur le sol. Aucun bruit. Rozalia avait perçu une légère ondulation. Un sniper. Qui se tenait en hauteur sur le balcon, et disposait d’un camouflage optique.

« Planque-toi ! »

Redemption courut s’abriter derrière l’escalier. Elle avait vu les corps des soldats, et avait compris qu’ils n’avaient pas été tués par les griffes des Xénomorphes, mais par des impacts de balles. Elle avait ensuite regardé la coursive supérieure, accessible depuis les escaliers. Un camouflage optique était visible si on avait de bons yeux, car il ne faisait pas disparaître la matière. Des trois, Rinako était la femme la plus dangereuse, car sa manipulation de la magie faisait d’elle une guerrière redoutable. Partant de là, il n’était pas difficile de comprendre qu’elle allait se faire tirer dessus.

A l’abri derrière l’escalier, séparée de Rinako, Rozalia vit Terry se recevoir une balle en pleine tête. La balle frappa au-dessus de ses deux yeux, et le docteur s’écroula sur le sol.

« Nika !
- J’arrive ! »

Impossible de sortir de cet abri précaire sans se recevoir une balle. Qui était ce sniper ? Rozalia se posa la question qu’elle en eut immédiatement la réponse. Recon. La tireuse d’élite qui avait réussi à revenir de la Horde, en apportant de précieuses informations. Si Nika disait vrai, alors elle avait été manipulée. Mais un tel scénario ne tenait pas debout. Si elle travaillait pour les Formiens, pourquoi aurait-elle averti de l’imminence d’une attaque de Formiens ?

*La seule explication, c’est que Nika ait raison... Bon... Je n’ai qu’à attendre qu’elle débarque... Recon est également dans une situation délicate. Si elle s’éloigne trop, je l’abattrais d’une flèche. Il s’agit juste d’attendre.*

Un vieux proverbe affirmait que ce n’est que quand croit avoir touché le fond que le pire arrive vraiment. Des grognements se firent entendre, et Rozalia soupira. Sur le toit du tram, à une quinzaine de mètres des deux femmes, des Xénos avaient débarqué, et remontaient vers elles :


Image

Soupirant, Rozalia se releva. Outre les escaliers, il y avait aussi de grands panneaux publicitaires, des bancs, mais il fallait commencer par se débarrasser de Recon. La situation semblait assez désespérée. Les deux femmes étaient prises entre le marteau et l’enclume. Les Xénos couraient vers elles, furieux. Rozalia décocha une flèche.

Re: Until The Last Back (Tekworld Hero Team)

Posté : 14 sept. 2024 15:26
par Rinako Tetsuhiko
Jusqu'ici je me maîtrisais difficilement, mais soudain c'est un calvaire de retenir mes pouvoir. Peu de Celkhane pratiquent la magie avec mon assiduité, et comme l'a dit Rozalia Caelestis n'est pas vraiment un endroit pour les magiciennes. Pas étonnant que je n'ait pas reçu d'ordre, en fait personne ne doit savoir que je suis ici. Mes supérieures n'auraient pas pris le risque de me mettre dans un tel environnement. Quant à la situation ç'en est tout simplement trop. La plus grande invasion formienne, quelle bande de cons on a tous été. Des expérimentations aussi près de la Fourmilière ne pouvaient pas finir autrement. Et au lieu d'abandonner le complexe dès le départ le commandement a préféré sacrifié des milliers de vies pour sauver ses éprouvettes.

Nika avait raison et ça me démolit de le penser. Plus j'en entends plus j'ai envie de tuer ce gros pétochard de Terry. D'autant qu'il a le culot de se cacher derrière ses procédures. Les Formiens ça s'étudie à des centaines de kilomètres de leurs nids, avec assez d'explosifs fourrés dans chaque trou pour les désintégrer jusqu'à la dernière molécule ! Tout le monde sait ça, bordel ! Pour me retenir je dois m'accrocher de toute la force de ma volonté à la mémoire de ma mère. Mais je ne suis pas certaine qu'elle se serait retenue à ma place. Tous ces sacrifices alors que Tekhos avait déroulé le tapis rouge à l'ennemi.

Je commence à comprendre ce qu'a pu ressentir le Lieutenant Tetsuhiko face Warren. Bien sûr je n'ai pas eu les détails, toute l'affaire a été classée et enterrée à la vitesse de l'éclair. Et les femmes du Lieutenant ne sont pas bavardes sur le sujet. Mais je sais qu'elle a été manipulée, piégée. La connaissant elle a du se débattre comme une folle furieuse entre les mains de l'ennemi, mais rien n'y a fait. Comme pour nous. En croyant nous sauver nous avons foncé droit dans un piège. Pas d'évacuation, pas d'auto-destruction : nous sommes battues d'avance. Autant s'allonger, fermer les yeux et penser à autre chose en attendant que les Xenos viennent nous mettre en pièces.

" Non... Ça ne peut être que lui, Rozalia ! "

Lui ? Qui, Lui ? Qui ou quoi ? Rien à cirer : où Il est ? Je veux savoir dans quel trou Il se planque ! Je veux pas partir sur une défaite totale ! Quitte à apprendre aux Xenos à parler pour qu'ils crachent le morceau ! Toutes ces bestioles sans âme ni volonté, on ne pourra jamais leur rendre tout le mal qu'elles nous ont fait. Mais Lui, si j'arrive à le toucher : j'arriverai à Le tuer.

Mais je n'ai pas le temps de poser la question que Rozalia me pousse. Un souffle puissant me décolle le tympan et me fait trembler le crâne. Je m'écroule derrière des escaliers. J'ai les oreilles qui sifflent, le cerveau qui se met à enfler, une douleur atroce envahit ma tête. Le quais sombre, la rame, le tunnel qui file dans les ténèbres : tout se met à tourner autour de moi. J'ai peur de tomber au plafond et je n'arrive même pas à me remettre à quatre pattes. Impossible de décoller ma joue du béton.

Soudain Terry se lève. Non, il s'allonge devant moi. Il me fixe, la bouche entrouverte, mais il ne bouge pas. Je reste aussi immobile que lui quelques secondes, avant de trouver enfin ce qui cloche : ce petit trou au milieu de son front. Derrière lui je vois Rozalia accroupie. Elle se relève, et je me demande comment elle fait. Ça tourne comme un tambour de machine à laver. Je me sens affreusement fatiguée, ou plutôt feignante. je suis bien là, allongé sur le béton chaud. Mais je fais un effort pour relever les yeux quand je vois ma compagne d'infortune se mettre à tirer des flèches. Des flèches, dans un bunker, contre des Xenomorphes, des arachnides et autres monstruosités génétiques. C'est complètement con, au moins autant que mon petit pistolet.

Je tends quand même le bras pour essayer de tirer sur les monstres, mais je n'ai pas le temps d'en viser un. Quelque chose vient percuter le bout du canon et le choc m'arrache mon arme. Les monstres n'ont même pas l'air de me remarquer, ils avancent vers Rozalia. Je tends le bras en direction de l'espace qui les sépare encore. Une gerbe de flammes jaillit de mes doigts mais s'évapore immédiatement. Puis une seconde. Allez ! Il faut au moins que j'essaie ! Je le dois bien à tous ceux qui sont morts à la surface, ceux qui se sont sacrifier pour me faire gagner un mètre de plus, alors que j'ai laissé crever ceux qui étaient dans la cage d'escaliers tout à l'heure. Dans l'état où je suis je ne me fais plus d'illusion alors autant lui donner une seconde plus, ou au moins une chance de vivre cette seconde.

Et puis je l'aime bien, Rozalia. Elle a fait l'effort de venir me parler, de me dire ce que j'étais pas sensé savoir. Elle m'a traînée comme un boulet dans ces tunnels infestés de cadavres et des monstres qui les avaient démembrés. Elle est gentille, et... Et puis... Et puis je serre les dents. Cette fois les flammes jaillissent pour de bon, je les sans ramper sur mon corps, se glisser entre mes cheveux comme de minuscules doigts apaisant alors que je fibre soudain de rage. Elle est ma seule piste pour Le retrouver ! Lui ! Le mystérieux mec ou truc ! En tout cas l'Enfoiré qui doit se frotter les mains ou les tentacules de tout ce qu'il a fait subir à l'Humanité ! Ce qu'il lui fait encore !

Perdre Rozalia ou me laisser crever ne sont soudain plus des options. Il faut que je me relève ! Il faut que je me batte ! Un Xeno me fonce dessus mais s'arrête soudain : trop chaude pour lui, la gamine ! Je braque mon bras libre dans sa direction pour le noyer dans les flammes. Je donne tout ce que j'ai, mais ça me réveille plus que ça ne me fatigue. Je tire sur mes nerfs. Ma mère ne s'est pas sagement couchée, ça non. Avec une flèche dans la gorge elle a tenu le temps d'abattre deux adversaires. Depuis le temps qu'on me dit que je suis sa digne fille : c'est le moment de le prouver une fois pour toute.

Propulsant toujours un mur de flammes pour couvrir Rozalia j'arrive à me remettre à genoux, puis accroupie. Soudain j'entends un choc près de moi, je tourne les yeux vers la paroi métallique sous la rambarde de l'escalier. Elle est défoncée, crevée d'un petit trou. Il y a quelque derrière qui me veut ? Mais c'est clairement pas le jour me faire chier ! Le brasier qui m'entoure gagne encore en intensité, tout ce qui m'entoure est voilé, embelli, magnifié par un épais rideau de flammes. Voilà pourquoi je me balade en petite culotte ! Et aussi pourquoi je porte une broche grosse comme mon poing alors que deux têtes d'épingles suffiraient à remplir sa fonction. Un matériaux qui tiens une telle chaleur en restant souple et léger : c'est rare, c'est cher et c'est pas fait pour encaisser les balles.

Au travers des flammes je sens l'air froid du tunnel aspiré par la chaleur. Il tourbillonne, faisant de moi l'œil conscient d'un minuscule cyclone. mais tant que mes flammes respire je respire aussi. Je replie les doigts autour de ma paume gauche. Les flammes de ma main sont comme aspirées, étouffée par le CO2. Elles n'aiment pas. Je tend le bras et je les libère un retour de flammes. Un backdraft qui balaie le quai devant moi pour déferler sur la rame de tramway, les Xenos se font fauchés.

Je profite du souffle pour laisser mourir le brasier qui m'entourait. Après sa douce caresse l'air me semble glacial, presque agressif. Le sol est brûlé autour de moi. Le corps de Terry et ses vêtements ne sont plus qu'un monceau charbonneux à la forme vaguement humaine. Mais Rozalia est toujours en vie. Cette fois c'est elle qui a eu chaud, mais pas trop. Une seconde balle vient crever la plaque de l'escalier à deux doigts de ma tête. Un sniper, sous contrôle ennemi si j'ai bien compris ce qui se disait avant que je ne flanche. Les snipers, même à Tekhos, sont des femmes. la rame et quai sont encore la proie des flammes mais ça ne durera pas, il faut agir vite.

" Faut dégommer cette pute ! "

Je concentre de nouvelles flammes dans mes main, et les étouffe à nouveaux. Ça va faire mal au plafond.

" Plante-la ! "

Je me retourne me redresse d'un bon, libérant le souffle de ma main droite. L'explosion arrive à me couvrir mais elle n'est pas dissipée que je libère la deuxième... En espérant que Rozalia, elle, ne ratera pas son coup.

Re: Until The Last Back (Tekworld Hero Team)

Posté : 14 sept. 2024 15:26
par Tekworld Hero Team
Avec ses flèches, Rozalia n’arriverait jamais à repousser la horde xénomorphe. Ils étaient bien trop nombreux, mais Redemption ne se permit pas de se décourager. Ces monstres n’hésiteraient pas à les tuer s’ils en avaient l’occasion, à les mettre en charpie. La fuite n’était pas une option. Rozalia lâcha de nouvelles flèches. Elle ne mourrait pas sans se battre. Elle n’avait même pas le temps de regarder Rinako, qui avait l’air sonnée, et préférait se concentrer sur les Xénos. Les monstres fondaient sur elles, quand Rinako déchaîna sa colère. Elle semblait entourée de flammes mortelles, et les balança sur les ennemis. Le feu fondit sur les Xénos, et Rozalia fut épargnée, tandis qu’une espèce de mur de feu s’avançait dans le quai, carbonisant les Xénomorphes. Un spectacle impressionnant, qui rappela à Rozalia les agissements de Penelo, quand elle-même utilisait ainsi sa magie ainsi. Penelo rentrait alors, pour reprendre ses propres termes, en « transe ». Une espèce de danse élémentaire, où le feu, la foudre, la terre, les éléments, se déchaînaient.

Repoussés, les Xénomorphes survivants s’enfuirent, mais Rozalia savait que ce n’était que partie remise. Ils reviendraient. L’Annexien qui les dirigeait annihilait en eux la sensation de peur, et ils ne se repliaient que pour attaquer à nouveau. Rinako et Rozalia s’attaquèrent alors à Recon.

« Faut dégommer cette pute ! » lança une Rinako survoltée.

Cette assertion amusa Rozalia, qui se dit que Rinako ressemblait bien plus à Nika qu’elle n’aurait osé l’avouer. Néanmoins, elle n’avait pas tort. Recon était cependant difficile à repérer, et s’amusa à envoyer des grenades. Rozalia lança alors des flèches, atteignant les grenades à la volée. C’était comme du tir au pigeon. Les grenades explosèrent en l’air, provoquant des déflagrations hypnotisantes. Le souffle d’une grenade renversa Rozalia, et les Formiens revinrent alors à l’attaque.

Rozalia les entendit, sentit le sol vibrer. Des pattes. Des milliers de pattes. Elle avait en tout cas cette impression, et regarda vers le tramway. Une armée toute entière affluait vers elles. Les araignées insectoïdes qu’elles avaient affronté à la surface. Fuir n’était plus une option, c’était une nécessité absolue.

« Plante-la ! »

L’ordre de Rinako fit sortir Rozalia de ses pensées. Elle balançait des boules de feu en l’air, provoquant de violentes explosions, et Redemption se releva. Des portes s’ouvrirent alors en hauteur, livrant passage à de nouveaux Xénomorphes, qui débarquèrent depuis la cachette de Recon, sautant sur les escaliers, avant de frapper avec leurs queues. Rozalia évita une queue de justesse, le bout rebondissant contre la rambarde de l’escalier, mais la queue revint à l’assaut, et la frappa au ventre. Rozalia tomba sur le sol, et le Xéno bondit sur elle, toutes griffes dehors. Rozalia ne songea même pas à fermer les yeux.

*BANG !*

Quelque chose avait explosé à gauche de Rozalia, qui vit le Xéno s’envoler dans des gerbes de sang acide, avant de s’écraser sur le sol. Tournant la tête, elle vit...

« Nika ! »

Armée d’un fusil à pompe, Killer Boom avait ouvert le feu presque à bout portant, soufflant le Xénomorphe comme un fétu de paille. Rozalia soupira, restant allongée.

« Tu as mis le temps !
- La cavalerie arrive toujours en retard, ma belle. C’est plus héroïque !
- La cavalerie ?! »

Depuis les portes latérales, Rozalia vit alors de nombreux soldats jaillir, ouvrant le feu sur les Xénomorphes.

« Flinguez ces enfoirés ! » hurla alors une voix que Rozalia reconnut entre mille.

Ashley Williams. Le Lieutenant débarquait avec tout un bataillon. Les balles se mirent à pleuvoir, et Nika agit également, ouvrant le feu avec ses chevrotines sur les Xénomorphes. Soupirant, Rozalia se releva, voyant des jets de feu émanant de lance-flammes, des mitrailleuses cracher des salves mortelles sur les monstres. Surpris, les Xénos tentèrent vainement de se battre, et l’un d’eux bondit vers Ashley, qui visa soigneusement, et vida son chargeur sur sa gueule, l’envoyant s’écrouler sur le sol. Assez rapidement, les soldats éliminèrent les Xénomorphes, mais Rozalia constata que Recon avait réussi à s’enfuir.

Les soldats n’eurent toutefois pas le temps de se féliciter, car chacun pouvait désormais entendre le grondement qui enflait depuis les profondeurs du métro.

« Il faut foutre le camp ! Soldats, dans le tram’, vite ! hurlait Ashley. On évacue ! »

Les soldats obtempérèrent, se ruant vers le train.

Dans les profondeurs de la ligne de métro, les pattes se rapprochaient. D’ici quelques minutes, tout le bunker risquait d’être submergé.

Re: Until The Last Back (Tekworld Hero Team)

Posté : 14 sept. 2024 15:27
par Rinako Tetsuhiko
Le peu de répit que je nous ai gagné ne va pas servir à grand-chose : de nouveaux Xenomorphes arrivent, et de la direction du sniper. Ils cavalent le long des passerelles et des rampes pour me foncer dessus. L'un d'eux bondit dans ma direction et je n'ai que le temps de mes jeter en arrière pour l'éviter. Du coin de l'œil je vois Rozalia se faire balayer par un coup de queue. Je ne me suis pas redressée qu'un monstre fond sur elle. Cette fois je ne peux rien pour elle.

" Rozal... "

Le monstre est fauché en vol, coupé en deux par Nika. Cette sale bêcheuse ! Je suis tellement contente de la voir que je voudrais la prendre dans mes bras, mais dans mon état je risquerai de la transformer en torche humaine. Soudain des griffes l'enserrent les bras et me plaquent face au sol de béton. Je me tortille des pieds à la tête et ça me sauve. La langue d'un Xenomorphe vient écraser une mèche de mes cheveux, je l'ai sentie frôler mon oreille. Le sursaut de panique me fait littéralement exploser.

La créature s'échappe en geignant, non sans me laisser quelques entailles aux bras en guise de souvenir. malgré tout ce qui s'est passé depuis ce matin, c'est la première fois que je suis blessée. La première fois qu'une de ces horreurs arrive à atteindre ma chair. L'instinct est sans appel face à ce genre d'agression. Soudain tout s'efface, les notions de mesure ou raison disparaissent purement et simplement. Ma vie est menacée et c'est tout que mon esprit est capable de comprendre. L'espace d'un instant je deviens un animal aux aboies, aussi agressif que les Xenomorphes qui déferlent sur moi.

Mais eux n'ont que crocs, griffes et dards. Moi j'ai l'air et le feu. Je ne réfléchie même pas au point de me dire que le sniper qui me menaçait il y a une minute aurait déjà du m'abattre. Je bondit droit entre les escaliers, déversant mes flammes agitées par le peu de souffle que j'arrive à tirer de l'air du tunnel. Je reprends pied au milieu d'une masse chaotique de monstres paniqués. S'ils se jetaient tous sur moi ils n'auraient aucun mal à m'abattre, mais eux non plus ne pensent pas aussi loin.

Soudain la tempête éclate dans mon dos. Des tirs, des rafales, le rugissement caractéristique du gaz enflammé craché par des lance-flammes. Un gros renfort que je n'hésite pas utiliser en faisant tournoyer les vents. Les Xenos se tournent à peine vers moi que je bondis à nouveau pour les laisser éclater au sol sous l'effet de la chaleur. Portée par l'air brûlant j'attrape la rambarde de la passerelle. Le tireur était là, une porte grande ouverte face à moi doit être sa voie de repli.

L'arrivée des renforts m'a remis les idées en place, mais juste assez pour que j'y repense à deux fois. J'ai bien envie de foncer tête baisser par cette porte et advienne que pourra. Mais c'est sans doute la pire idée à suivre. Je suis encore capable de faire des ravages mais pas de me contrôler, ou de me montrer assez prudente pour traquer une ombre dans des tunnels aussi obscurs. Je dois me reprendre, je dois me calmer. En baissant les yeux je réalise à quel point j'en suis encore loin.

La rambarde métallique est chauffée à blanc, elle commence déjà plier sous mon faible poids. Je baisse les yeux vers le tapis de carcasses éclatées et d'acide enflammées en dessous de moi. Si je n'avais pas le feu pour filtrer tout ça je serais en train de suffoquer dans les vapeurs toxiques. J'ai besoin de calme, et surtout d'air frais. Un dernier regard au couloir sombre et je me jette en arrière. je n'ai aucun mal à rejoindre le quai où les soldats finissent de disperser les Xenos.

C'est plus respirable ici, l'air froid du tunnel m'aide au moins à maîtriser le feu qui m'enserre comme une seconde peau. Et alors que je fais quelques pas nerveux pour finir de reprendre contenance, je panique à nouveau.

" N'approchez pas ! "

Un soldats portant sur le casque la croix rouge des médecins. Il a vu mes entailles et a voulu me porter assistance. Moi je voulais simplement lui faire signe en le prévenant, mais je n'ai pas pu retenir une dernière gerbe de flammes. Au moins il n'est pas touché. Peu de gens comprenne ce que je ressens au quotidien. Les autres soldats n'ont qu'à poser leurs armes, moi j'ai le doigt sur la gâchette à chaque seconde. Quand je tremble aucune sécurité n'empêche le coup de partir. À moins d'un mètre près j'aurais peut-être fait une victime dans nos rangs.

" Désolée... "

Je continue de marcher, m'efforçant de me détendre et de trouver du soutien autour de moi. Rozalia est encore entière, Nika s'en est tirée et a amené des renforts. Même le Lieutenant Williams est là, toujours aussi inébranlable. Je ne risque plus rien, la menace est écartée pour un petit moment.

" Il faut foutre le camp ! Soldats, dans le tram’, vite ! On évacue ! "

Les autres filent se tasser dans le wagon. Je respire profondément. Je ne peux pas les suivre si je ne me calme pas, et ils ne peuvent pas m'attendre sans mettre leur vie en danger. Si je suis encore trop tendu quand le dernier passera la porte : je filerai dans les couloirs sans leur laisser le temps de me poursuivre. Je ne veux pas en arriver là, ça non, mais le quai se vide et je continue de bouillonner. Le cauchemar n'en fini pas.

Soudain je me fige. Quelle conne je fais ! À force de jouer les grandes j'ai encore oublié que je ne le suis pas tant que ça. Je détache ma broche, l'active et la porte à mon oreille, fermant les yeux pour mieux me laisser aller. Quand une petite fille fait un gros cauchemar, qui mieux que maman peut la réconforter en lui chantant une berceuse ? Ça me rend triste, ça me fait mal d'entendre ta voix. Tu me manques tellement ! je regrette presque d'avoir empêché tout ces monstres de m'envoyer te rejoindre.

" Sergent ! "

La voix du Lieutenant Williams m'arrache à ma douloureuse rêverie. Je suis la dernière sur le quai, mais je pense pouvoir les suivre sans transformer le wagon en fourneau. J'éteins le lecteur de ma broche et la remet en place en rejoignant le tramway. Puis on démarre. Le toubib est encore méfiant de la frousse que je lui ai faite, mais il vient bander mes entailles en disant qu'elles sont superficielles. Bonnes nouvelle, mais je suis quand même au bord des larmes.

Je ne peux plus cachée que je suis trop jeune pour tout ça. J'ai besoin de quelqu'un qui me prenne dans ses bras, juste un petit moment. Rozalia serait sans doute d'accord, mais c'est justement pour ça que je ne lui demanderai pas. J'ai honte rien que d'y pensé mais je veux une soldate, quelqu'un qui ressemble à ma mère. Une râleuse, en combinaison avec une arme à feu. Ne pouvant pas imposer ça au Lieutenant Williams ça ne me laisse qu'une option.

Je viens me planter devant Nika, le temps d'hésiter encore un peu. Et je passe les bras autour d'elle pour me coller contre son corps. Mon cœur bat tellement vite et fort. Je voudrais m'excuser, mais j'ai peur de sangloter si j'ouvre la bouche.

Re: Until The Last Back (Tekworld Hero Team)

Posté : 14 sept. 2024 15:31
par Tekworld Hero Team
L’enfer approchait. Avec des milliers de pattes. A l’arrière du train, des soldats activaient de puissants projecteurs, et on pouvait voir une marée noire s’avancer. Le bunker était perdu. Il restait encore des troupes isolées dans le bunker, mais on ne pouvait désormais plus rien faire pour eux. Des renforts viendraient sans doute plus tard pour tenter de reprendre le bunker, mais, pour l’heure, il fallait surtout fuir. A l’avant du long train, plusieurs soldats mettaient en marche les machines, faisaient chauffer les moteurs, tandis que Rinako, perdue, restait sur le quai. Elle avait visiblement du mal à contrôler sa magie, et triturait sa broche.

« Ils approchent ! Il faut foutre le camp ! Vite ! » lâcha un soldat.

Ceux à l’arrière commençaient déjà à ouvrir le feu, fauchant les insectes géants les plus avancés, et le train commençait à démarrer. Les portes se refermèrent, mais Rinako était toujours sur le quai ! Rozalia vit toutefois que le Lieutenant Williams avait coincé la fermeture automatique des portes avec son fusil d’assaut. Rinako sembla alors se réveiller, et courut vers eux. Elle se faufila dans le train, et les portes se refermèrent, tandis que le train se mit à filer dans l’obscurité réconfortante du tunnel.

« Arrivée estimée dans environ vingt minutes, Lieutenant !
- Repos, soldats ! » ordonna Ashley.

Rozalia était assise sur l’un des sièges bleus du train qui filait dans un immense tunnel. Nika, elle, était contre le mur, quand Rinako s’approcha d’elle. Nika décroisa les bras, et eut alors la surprise de sa vie, quand la petite Celkhane alla se coller contre elle, lui faisant... Un câlin. Rozalia avait remarqué que Rinako était psychologiquement à bout. Sans rien dire, Nika posa une main sur la tête de la Celkhane, et caressa ses cheveux. Ashley les regardait silencieusement, et son regard se tourna ensuite vers Rinako :

« Vous ne faites pas partie de l’armée tekhane... » lâcha-t-elle sur un ton réprobateur.

Redemption aurait pu nier, inventer tout un tas d’histoires plus ou moins crédibles, mais il lui suffit de regarder Ashley pour rejeter cette idée. Elle ne le montrait pas, mais elle était aussi épuisée que Rinako, et n’avait nullement envie de se livrer à une joute verbale.

« En effet, répondit-elle simplement.
- L’usurpation d’identité militaire est un délit susceptible d’une peine d’emprisonnement les sermonna Ashley. La procédure standard exige que je fasse un rapport à mes supérieures et que je vous arrête, mais... J’emmerde la procédure. »

Nika eut un léger sourire, et entreprit de s’asseoir. Elle glissa une main sur l’une des jambes de Rinako, et s’en servit pour la soulever, la faisant atterrir sur ses cuisses, enfouissant la tête de la Celkhane contre son cou. Il y avait autour d’elles plusieurs soldats, qui les observaient silencieusement de temps en temps, avant de parler entre eux, ou d’essorer leurs armes.

« Tu as du avoir peur, ma belle lança Nika à voix basse. J’aimerais te dire que ce bunker n’est pas fait pour les fillettes, mais, en réalité, je crois que ce que tu as vécu n’est fait pour personne. »

Nika faisait preuve d’une douceur inattendue. Killer Boom était loin d’être une grande psychologue, mais elle savait quand faire la pitre, et quand se calmer... Elle faisait ainsi preuve d’une agréable tendresse envers Rinako.

« Mais je dois admettre que tu t’en es sortie comme une chef... Tu dois être la fierté de l’armée celkhane... »

Ashley cessa de regarder ce spectacle, reprenant sa conversation avec Rozalia :

« Qui vous envoie ?
- Ni Ashnard, ni Nexus... En fait, nous n’appartenons à aucune puissance étatique. Nous sommes... Une bande de mercenaires indépendants agissant pour notre propre compte.
- Voyez-vous ça... » lança une Ashley sceptique.

Rozalia se releva, et regarda à travers l’une des vitres en croisant les bras.

« Je me fous que vous me croyez ou pas. Nous avons un ennemi commun.
- Les Formiens, je sais...
- Non. »

La voix venait de derrière Ashley. Elle émanait de Nika, qui n’avait pas hésité à la couper. Ashley se retourna vers elle, pour lancer :

« Pardon ?
- Les Formiens sont manipulés reprit Nika. Et je pense que votre armée soupçonnait quelque chose... Ceci explique pourquoi les bunkers souterrains comprennent des complexes scientifiques et des données de recherches où des scientifiques travaillaient sur les carcasses de Formiens capturés.
- De quoi est-ce que vous parlez ?! »

Rozalia répondit alors, enchaînant sur autre chose, tandis que le train continuait à avancer :

« Il y a quelques mois, Tekhos a été victime d’une série d’accidents menés par des robots militaires, entre autres. Les rapports officiels ont attribué ces accidents à...
- ...Des dysfonctionnements liés à l’intelligence artificielle et aux algorithmes de fonctionnement, la coupa Ashley. Je connais ces faits divers. Quel est le rapport avec... ?!
- Il ne s’agissait pas de simples accidents, mais des agissements d’une organisation criminelle souterraine qui visait à affaiblir Tekhos. »

Rozalia parla, sans évoquer tout. Elle leur parla d’un complexe souterrain dissimulé sous Tekhos, qui avait été financé par divers capitaux : un groupement industriel tekhan spécialisé dans le domaine militaire, ExCorp, et l’Empire d’Ashnard. Redemption ne parla pas du S.E.R.F., cette organisation robotique militaire tekhane qui les avait assisté dans cette opération difficile.

« Les Ashnardiens agissaient pour tenter de s’emparer des recherches militaires tekhanes afin de renforcer leurs armées. Quant à ExCorp, il agissait avec le soutien de quelques sénatrices pour obtenir des contrats juteux de la part du gouvernement. Ce qu’ils ignoraient, c’est qu’ils étaient manipulés par quelqu’un d’autre. Un individu obscur et mystérieux qui les utilisait pour provoquer la destruction de Tekhos Metropolis. »

Le train continuait à avancer, et Rozalia avait monopolisé toutes les conversations. Bras croisés, Ashley l’écoutait. Cette histoire était bien trop complexe pour être un simple canular.

« Toute cette histoire a été classée secret-défense et enterrée. Le complexe a été démantelé. Il y avait dedans une usine de clonage, mais aussi d’autres choses. Nous n’avons pas pu tout explorer, mais, avant de partir, et avant que les escouades tekhanes ne débarquent pour s’occuper du complexe, nous avons eu le temps de télécharger tout un tas de données.
- Une minute, une minute... lança Ashley. Admettons que je crois à votre histoire digne d’un mauvais film d’espionnage. Qui est ce type ? Celui qui aurait à la fois réussi à manipuler ExCorp et les Ashnardiens...
- Je ne sais pas... Tout ce que nous avons de cet homme se compose d’images et d’enregistrements vidéos... Même pas un nom. Ce dont nous sommes sûrs, c’est que c’est un télépathe extrêmement puissant, qui a utilisé le complexe de recherche pour utiliser des machines afin d’amplifier ses pouvoirs psychiques.
- Nous l’appelons Mastermind, précisa Nika, à défaut de lui trouver un autre nom... »

Cette fois-ci, Ashley se permit un rire moqueur :

« Mastermind ? Et puis quoi encore ?! Je crois que vous n’êtes que des terroristes qui se sont infiltrées dans notre armée ! »

Rozalia soupira, et Ashley avait sorti son arme. Elle n’avait visiblement pas cru son histoire. A sa place, Rozalia aurait toutefois sûrement réagi de la même manière.

« Vous êtes en état d’arrestation ! »

Re: Until The Last Back (Tekworld Hero Team)

Posté : 14 sept. 2024 15:32
par Rinako Tetsuhiko
Je pensais qu'elle ne saurait pas quoi faire, qu'elle allait soupirer ou râler, voir même me repousser. Mais Nika fait preuve d'une tendresse et d'une douceur qui me surprendrait presque, bien plus grande que quand elle elle m'a soignée en arrivant au bunker. Elle prend même dans ses bras pour m'asseoir sur ses genoux. Ce n'est plus d'une fillette que j'ai l'air mais d'un bébé, il ne manquerait plus que je mette à pleurer pour un biberon. Ça doit faire jaser dans le wagon, mais je m'en cogne. Je suis tellement bien, serrée contre elle. Le trajet jusqu'au prochain bunker va durer une vingtaine de minutes et je m'en mords les doigts : je voudrais rester comme ça pendant des heures.

Nika me dit encre quelques paroles réconfortante alors que je me blottie contre elle, les yeux fermés.

" Merci, Nika. "

À moins d'un mètre c'est visiblement l'heure des comptes. Je préfèrerais faire la sourde oreille, mais pour sortir de ce piège j'ai intérêt à me tenir au courant. Je profite tant que je peux des attentions de Nika en les écoutant, elle et Rozalia, mettre le Lieutenant Williams au parfum. Que les deux invitées-surprises soient des indépendantes n'a rien de bien surprenant. Qu'elles aient été mêlées aux troubles survenus à Tekhos il y a quelque temps, au fond, ne risque pas de me faire tomber des genoux de Nika. Mais très vite ça devient plus intéressant, beaucoup plus, à telle point que je rouvre les yeux.

Complots, manipulations, Ashnard, Excorp, des sénatrices véreuses... Mastermind. Je laisse Nika sentir un frisson de rage, d'autant plus irrépressible que je goûtait un détente largement méritée. D'ailleurs je ne suis pas la seule à m'énerver : la tension monte entre Williams et les deux "étrangères". Je finis par me relever, non sans remercier Nika d'un sourire affectueux. Je préfère ne pas rester dans leurs pattes si ça se met à gueuler. Je vais m'adosser à la paroi juste à temps pour voir Williams se moquer de leur histoire.

Normal, après tout, c'est plutôt tiré par les cheveux dans le genre. Mais après ce que j'ai vu et entendu, je préfère faire confiance à ces deux femmes qu'aux soldats que Tekhos envoie à l'abattoir au pas de l'oie. J'ai le cerveau qui tourne à fond, si Nika et Rozalia doivent choisir entre se rendre ou combattre, je ne sais pas ce qu'elle vont choisir. Et personne ne pourra les soustraire à ce choix... Sauf moi.

" Vous êtes en état d’arrestation ! "

Je réagis au quart de tour en attrapant Nika par son poignet armé, et en la fixant dans les yeux.

" Range ton arme ! "

Je n'ai pas parlé fort, mais c'était bien un ordre. Pourvu qu'elle comprenne et qu'elle rentre dans mon jeu. Rozalia est plus mesurée, je pense qu'elle ne forcera pas à en rajouter. Mais pour la femme aux lunettes de soleil, et malgré toute le réconfort qu'elle m'a apporté, il faut que j'enfonce le clou.

" Oublie pas pourquoi on est là.
- On ? Vous êtes avec elle ? "

Il y en a au moins une qui commence à marcher. Je tourne la tête et lève les yeux vers le Lieutenant Williams. Ça me fait mal au cœur de bluffer une femme pareille, une grande sœur d'arme, mais je n'ai pas vraiment le choix. Moi je crois à ce qu'elles disent et je ne suis pas décidée à laisser le règlement nous mettre en danger.

" Non, mon Lieutenant. Je fais partie de l'armée celkhane. On m'a détachée comme agent de liaison.
- Sans vouloir vous manquer de respect, sergent, vous êtes...
- Trop jeune ? Trop inexpérimentée ? Trop fraîche dans les rangs ? Trop instable ?
- Entre autre. "

Elle a l'air d'hésiter, ou du moins elle ne donne pas l'ordre de m'arrêter aussi. Quitte à bluffer autant miser gros.

" Justement, mon lieutenant. Je débarque, personne ne sait qui je suis ou de quoi je suis capable. Plusieurs sénatrices sont mouillée avec Excorp. cette mission n'est pas officielle. En fait vous n'auriez même pas du savoir qu'on était là, ou plutôt pourquoi. Mais Rozalia peut pas s'empêcher de dire la vérité : c'est compulsif. "

Désolée ma belle, c'est pour sauver vos fesses. Enfin nos fesses, parce que maintenant je suis dans le lot. Je pousse encore au lieu de laisser à Ashley l'occasion de réfléchir.

" Mastermind a trop de ramifications pour qu'on suive les canaux habituels. Le Conseil ne peut se fier à personne pour lui régler son compte, parce que personne ne peut se fier au Conseil. Je suis chargée d'une mission et ces femmes sont sous mes ordres. De fait on ne dépend pas de votre hiérarchie, donc si on ne représente pas une menace directe vous n'avez pas autorité pour...
- Je sais jusqu'où va mon autorité, sergent ! Et si vous voulez de la menace directe n'oubliez qu'on vient de perdre un bunker fortifié en moins de vingt minutes ! Même avec une brèche dans les murs aucune horde n'aurait pu y arriver sans une aide interne ! Et vous êtes les seules inconnues ici ! "

Elle commence à gueuler. Quitte ou double. Tant pis si ça foire et que je me paie un rapport négatif. De toutes façons, maintenant que j'ai commencé à l'ouvrir c'est réglé. Si je ne gagne pas je me fait virer de l'armée. Finalement Nika me devra bien ma première cuite, au moins. J'entrouvre la bouche pour surenchérir, donc tenter de gueuler plus fort qu'elle. Mais soudain un détail me frappe. Une aide interne, le sniper du quai. Je balaie rapidement les visage autour de moi, tout le monde nous regarde dans le wagon, prêt à nous braquer ou nous maîtriser.

" La sorcière qui était avec nous dans le monte-charge, celle avec le fusil de précision.
- Recon ?
- Elle n'est pas là, vous avez des nouvelles ?
- Non, pourquoi ?
- Parce que j'en ai pas depuis qu'on est sorties du monte-charge. Une sniper nous a attaquées sur le quai. Elle a tué un civil, elle failli me tuer et elle a détalé quand vous êtes arrivés... Et les Xenos lui ont foutu une paix royale. "

Ça c'est de l'aide interne. En tous cas j'espère que ça suffira à la convaincre.

Re: Until The Last Back (Tekworld Hero Team)

Posté : 14 sept. 2024 15:33
par Tekworld Hero Team
Lorsqu’Ashley annonça que les deux femmes étaient « en état d’arrestation », la tension grossit encore de quelques crans dans le wagon. Les soldats s’étaient relevés, et Nika avait inconsciemment porté la main à son arme, lorsqu’elle entendit la voix de Rinako, sèche et autoritaire, qui lui attrapait le poignet :

« Range ton arme ! »

Surpris, Nika tourna la tête vers elle. Il fut une époque où c’était elle qui aurait prononcé cet ordre. Nika comprit que Rinako avait un plan, une stratégie quelconque, et elle relâcha la main de la crosse de son arme. Rozalia, elle, n’avait pas bougé. Bras croisés, elle fixait le Lieutenant, comme si elle faisait face à la crise d’une gamine. Rinako parla alors, inventant l’un des plus gros mensonges que Rozalia ait entendue depuis quelques mois. Une histoire comme quoi elles seraient toutes les trois des agents répondant d’une autre hiérarchie, en mission secrète. Dit comme ça, c’était excitant, et Rozalia resta silencieuse, tout comme Nika.

Après l’évocation de Recon, il y eut un instant de flottement. Ashley jaugeait Rinako du regard, et finit par ranger son arme.

« Soldats, sortez de ce wagon glissa-t-elle alors à ses armes.
- Mais, Lieutenant... tenta de protester l’un des hommes.
- C’est un ordre ! »

Surpris, les soldats obtempérèrent, et les laissèrent seules.

*C’est l’heure de la partouze ?* faillit demander Nika.

Cette réflexion ne traversa jamais ses lèvres. Ashley attendit que les hommes s’éloignent, et croisa les bras en regardant la magicienne celkhane.

« Vous êtes talentueuse, Sergent. Votre histoire était convaincante, mais vous avez encore besoin d’expérience pour savoir mentir comme il le faut. Je suis convaincue que, si je disais à votre Conseil que vous vous trouvez au milieu d’une horde formienne, les Celkhanes nous ordonneraient de vous rapatrier sur Caelestis, plutôt que de vous perdre. »

Rozalia se rappelait que Rinako lui avait dit qu’elle n’était pas là en mission officielle, mais avait rejoint le mouvement. Les Celkhanes utilisant la magie à ce niveau étaient bien trop rares pour qu’on les laisse courir dans la liberté. Rinako avait sûrement eu une période de permission, qu’elle avait décidé de tirer à profit en allant massacrer du Formien. Nika se fit également la même réflexion, ce qui l’amena à dire à voix basse :

« Il faut vraiment qu’on se fasse une cuite, un de ces quatre... »

Ashley la regarda en haussant un sourcil interrogateur, et décida manifestement de ne pas tenir compte de cette remarque, puisqu’elle enchaîna en parlant d’autre chose :

« A ma connaissance, les Formiens n’ont pas le pouvoir de conditionner nos esprits. Or, Recon a toujours été un excellent soldat. Je ne peux toutefois pas me fonder sur des allégations et des suppositions. Bien des choses peuvent expliquer pourquoi les Formiens n’ont pas attaqué Recon, et qu’elle soit leur alliée est la dernière de ces hypothèses envisageables. »

Williams semblait aussi têtue qu’une mule, et Rozalia se décolla du mur, commençant à marcher au milieu du wagon.

« J’ignore quelles sont les motivations de ce Mastermind, et, à dire vrai, je ne pensais même pas qu’il était impliqué. C’est Nika qui avait des doutes. »

Les regards convergèrent alors vers l’intéressée, qui remettait ses lunettes en place. Elle avait caressé les branches, envoyant en toute discrétion un signal vers leur base. Ashley se retourna vers Nika, et lui posa donc une question assez logique :

« Et sur quoi vos doutes se fondaient ? »

Nika regarda à tour de rôle les trois femmes, comme si elle réfléchissait à sa réponse, avant de tout simplement avancer :

« Sur les informations que nous avons recueilli, tout simplement. Les données concernant les Formiens ont été analysées, et montraient que Mastermind s’intéressait beaucoup à tout ce qui traite de l’hypnose, du conditionnement mental, de la télékinésie...
- ...Ou, plus simplement, du lien qui unit l’Overmind à la Fourmilière Galactique... »

Une nouvelle voix venait de jaillir du corps de Nika, faisant froncer les sourcils d’Ashley. Soupirant, Nika caressa à nouveau ses branches, afin d’amplifier la portée du signal. La voix était crachotée.

« Je vois... Vos lunettes ne sont pas là pour votre vue... nota Ashley.
- Je suis Brainstorm. Rassurez-vous, je ne suis pas une IA, mais une humaine qui s’adresse à vous depuis des centaines de kilomètres par le biais de ces lunettes spéciales. J’espère que la qualité du son n’est pas trop mauvaise, le signal n’est vraiment pas fameux... »

Ashley grogna, ne pouvant s’empêcher de la railler :

« Brainstorm, Mastermind... Mais quel est celui qui est chargé de vous trouver des surnoms ?
- Moi, lança Nika en levant la main.
- Pourquoi ça ne me surprend pas ?! »

Nika ne répondit pas, et ce fut Ryouka, alias Brainstorm, qui parla, revenant au sujet. Le temps commençait à leur manquer. Le train approchait du bunker, et il valait mieux réussir à convaincre Ashley. Rozalia n’avait nullement envie de finir en prison.

« C’est moi qui ait analysé les données récupérées dans la base souterraine. A vrai dire, je continue encore à les analyser. Elles sont cryptées, complexes, et surtout volumineuses...
- Viens-en aux faits la coupa Nika.
- Les... ? Ah oui, oui, bien sûr ! Les faits ! Et bien, j’ai découvert que Mastermind s’intéressait de très près à la Fourmilière, aux Formiens, et à la manière dont l’Overmind dirigeait une si grande structure. Ce lien psychique fascinait notre homme, et il avait lu tous les livres traitant de la question.
- Et ? » demanda Ashley, impatiente.

Rozalia songeait qu’Ashley et Nika se ressemblaient au moins sur un point : les divagations de Ryouka, son habitude à faire des digressions, leur tapait tous les deux sur le système. Oui, il y avait entre elles un certain nombre de points communs. Plus Rozalia y réfléchissait, et plus cette évidence s’imposait à elle.

« Mastermind désire détruire Uatis. J’aimerais me dire que c’est par pure haine envers la société uatéenne, parce qu’il est un homme et ce genre de choses, mais je crois que ses motivations sont encore plus complexes. Le complot mijako-uatéen était son plan A ; je pense que les Formiens sont une espèce de plan B. Son objectif est de supplanter l’Overmind, de prendre sa place, et d’envoyer l’intégralité de la Fourmilière attaquer Uatis. »

Un silence de marbre s’abattit suite à cette révélation. Ashley fut la première à parler :

« C’est ridicule, aucun humain ne peut...
- J’ai de grands doutes sur la dimension humaine de Mastermind. J’ignore ce qu’il est, mais je suis maintenant plus ou moins convaincue que ses capacités sont trop élevées pour qu’il soit originaire de Terra.
- Alors quoi ? C’est un Formien ?
- Non plus. Mais l’existence de la Fourmilière nous démontre que nous ne sommes pas seules dans la Galaxie. Nous ignorons quasiment tout de la Fourmilière : sa composition exacte, et, surtout, son point d’origine. Il n’est pas impossible de penser que la Fourmilière ne soit qu’un avant-poste d’un Empire galactique avancé qui a été envoyé sur Terra pour la coloniser en quelques mois.
- Vous voulez dire que Mastermind serait une sorte de successeur à l’Overmind ? C’est du grand délire !
- J’ai d’autres théories, mais, ce dont je suis sûre, c’est de ce qu’il veut faire. Ses motivations, en revanche, ne sont écrites nulle part. Mastermind se trouve dans la Fourmilière, et il se fait passer pour un Annexien. Il a attaqué Uatis pour bien des raisons : vérifier la solidité de son lien pour commencer, mais aussi pour impressionner le reste de la Fourmilière. Il est comme un virus, et il est probable qu’il a conditionné Recon pour les mêmes raisons. S’il a réussi à conditionner l’esprit aussi inébranlable de cette femme, alors il est capable de manipuler n’importe qui. Pensez au nombre élevé de Uatéennes qui sont, chaque année, capturées par la Fourmilière. Pensez à ces Formiens neutres qui viennent dans Uatis. Chacun d’eux est potentiellement un traître, probablement sans même le savoir. »

La perspective semblait légèrement paranoïaque. Ashley posa alors une autre question :

« Le conditionnement... Comment s’y prend-il ?
- Les esclavagistes ont des méthodes primitives pour conditionner et dresser leurs esclaves. Ils cherchent à annihiler leur volonté, à en faire des loques humaines. Mastermind s’y prend différemment. Comme vous le savez, la plupart des activités centrales de notre esprit sont inconscientes. Mastermind est sur ce point un génie effrayant. Il plonge ses victimes dans une espèce de coma prolongée, et s’infiltre dans les profondeurs de leur inconscient. Néanmoins, Recon est un prototype. Jamais il n’avait auparavant essayé à ce point de modifier les pensées d’un individu.
- Soit... Alors, tout ça, c’est de la faute de Recon...
- Pas uniquement. L’armée uatéenne n’était pas totalement ignorante, et les Formiens que Killer Boom a trouvé dans le complexe scientifique du bunker signifie que vos supérieurs savent qu’il se passe quelque chose d’anormal dans la Fourmilière. Peut-être devriez-vous leur parler pour obtenir des informations supplémentaires... Dans tous les cas de figures, ces Formiens capturés l’ont été volontairement, et ont permis à Mastermind de voir l’intérieur des bunkers, les défenses, les installations. »

Ashley eut un nouveau soupir. Tout reposait sur elle. Ferait-elle confiance aux explications tortueuses de Ryouka ? Elle secoua la tête, puis haussa les épaules.

« Votre histoire est délirante, mais certains faits sont indiscutables. Que ce soit clair : je ne vous fais nullement confiance. Mais il y a effectivement des trucs louches. Je ne promets rien, mais je vais essayer d’obtenir des informations. En attendant, vous êtes toutes les deux sous l’autorité, et sous la responsabilité du Sergent Yukimitsu. »

Un retournement de situation inattendu. Ashley se retourna vers Rinako.

« Nous jouons gros. Ce que je fais est passible de la cour martiale, mais j’ai besoin d’en savoir plus avant de savoir si je dois appeler vos supérieures pour qu’elles vous rapatrient, ou vous faire confiance. Pour l’heure, vous resterez avec moi. Si vous faites un seul truc suspect, vous finissez en cellule. Compris ?! »

Re: Until The Last Back (Tekworld Hero Team)

Posté : 14 sept. 2024 15:33
par Rinako Tetsuhiko
Quand le Lieutenant Williams fait sortir tout le monde, je sens qu'elle n'est pas convaincue. Mais elle laisse à Nika et Rozalia une chance d'approfondir. Elle prend aussi le temps de me remettre à ma place, très gentiment vu les circonstances. Je baisse les yeux, tout penaude.

" Pardon, mon lieutenant. "

C'est ça l'armée : quand on se fait attraper on assume, on ne se chercher pas d'excuses. La petite invitation de Nika me met encore plus mal à l'aise, même si je suis contente de l'entendre. Depuis l'alerte dans le bunker je ne peux pas m'empêcher de penser que cette mission sera sans doute la dernière. Au moins quelqu'un fait penser qu'on pourrait s'en sortir. On était des milliers à la surface, voir des dizaines de milliers. Dans ce tramway il ne doit pas y avoir cinquante personnes. Peu importe combien on en tue, les Formiens reviennent toujours plus nombreux. Le calcul est vite fait.

En tous cas c'est le moment de fermer ma grande gueule et d'écouter sagement le briefing. J'ai gobé toute cru l'histoire de Mastermind par prudence. Mais ce que j'entends me colle tellement la trouille que je voudrais revenir au point de vue de Rozalia et me dire que c'est farfelu et alarmiste. Mastermind veut décapiter la Fourmilière, prendre la place de l'Overmind et supplanter Tekhos dans un même temps. Et jusqu'ici il s'en sort très bien. Mais que la Fourmilière ne soit qu'une tête de pont et qu'une intelligence supérieure ait envoyé Mastermind pour prendre le commandement des troupes : ça c'est trop.

On s'en sort déjà pas avec un Overmind, alors s'il y a encore quelqu'un au-dessus autant dire qu'on cavale pour rien. J'essaie de laisser ce point de côté. Il y a d'autres explications possibles. Si je continue à me focaliser sur le pire, vu le niveau, toutes cuites et tous les câlins du monde ne suffiront pas à me remonter le moral. Déjà qu'après le quai rien ne peut contredire leurs théories sur les agents dormants...

Je respire et je serre les poings pour m'empêcher de trembler. Après tout ça pourrait pas être pire. Une crevette mutante de la taille d'un soleil pourrait venir manger Terra, ce ne serait ni plus flippant ni plus incroyable... Quoique... Non, vraiment pas. Et finalement il y a un point positif : maintenant que je sais à quoi m'en tenir je pourrais mieux l'encaisser. Reste espérer que le prochain bunker est encore sécurisé, et à trouver un plan pour faire sortir Mastermind de la Fourmilière. Peu importe d'où il débarque et ce dont il est capable, le plan ne change pas : lui éclater la cervelle.

Finalement Williams nous laisse le bénéfice du doute, au moins le temps de se renseigner. Et elle...

" Hein ?! "

Les yeux grands ouverts par la surprise, je n'ai pas été capable de mieux que lâcher ça comme une débile. Elle place les deux mercenaires sous ma responsabilités ? Elle est folle ou quoi ? Elle compte sérieusement sur moi pour cadrer ces deux femmes ? Quoi qu'il se passe je pense que Rozalia m'écoutera un minimum. Mais Nika...

" Si vous faites un seul truc suspect, vous finissez en cellule. Compris ?!
- À vos ordres, mon lieutenant ! "

Je ne sais pas pourq... En fait si, je sais exactement pourquoi je la sens mal. Si le Lieutenant Williams demande confirmation pour ne serait-ce que la moitié de ce qui s'est dit dans ce wagon : on est cuites, et elle avec nous. Rozalia et Nika vont finir au trou, ou à l'asile. Et dans le meilleur des cas je serais rapatriée de force à Caelestis. Qu'est-ce que je peux faire de toutes façons ? Toute cette histoire est largement trop grosse pour moi. Sans compter que Mastermind est un psychique capable de gruger les Annexiens et l'Overmind. On sera fines si je tombe sous son contrôle mental.

Finalement on atteint le prochain bunker sans plus d'encombres, ce qui est déjà un soulagement. Les autres wagons se vident mais le Lieutenant Williams s'attarde quelques secondes, le temps de nous prévenir une dernière fois du regard. Je me retrouve seule avec les deux mercenaires, à qui j'adresse un sourire mal assuré.

" Bon ! Bin on dirait que c'est moi la babysitter, les filles... "

Non, je peux quand même faire mieux que le boulet, qui suit en sortant une blague pourrie de temps en temps.

" On va voir ce qu'ils font avec leurs Formiens ? "

Re: Until The Last Back (Tekworld Hero Team)

Posté : 14 sept. 2024 15:33
par Tekworld Hero Team
Pour Nika, confier à Rinako la responsabilité de les surveiller était un geste d’inconscience. Une folie totale. Rinako manquait de confiance en elle ; il suffisait de la chambrer un peu sur son âge pour qu’elle s’emporte. Et, même si elle n’osait pas se l’avouer, elle semblait considérer Nika comme une sorte de modèle. Difficile de lui dire « Non » sans paraître ridicule. En somme, pour Killer Boom, Ashley avait fait une erreur tactique qui revenait à laisser les deux femmes en roue libre... Ce qui était sûrement ce qu’elle cherchait, puisqu’elle était ainsi gagnante sur les deux coups. Si Nika et Rozalia réussissaient à faire ce qu’elles voulaient, c’est-à-dire mettre fin à Mastermind, Uatis en serait gagnante, et, si elles étaient vraiment des rebelles, la responsabilité retomberait sur Caelestis, si Rinako n’arrivait pas à les contrôler.

Pour Rozalia, confier à Rinako la responsabilité de les surveiller était un habile coup de maître. Ashley savait que ces trois femmes étaient un sujet d’embêtement, tout comme elle savait que, dès trois, Rinako était celle en qui elle pouvait avoir le plus confiance, car elle était bien Celkhane, soit une militaire. Jeune, de surcroît. Soit une femme qui voulait faire ses preuves, et suivrait les ordres à la lettre. En les liant, elle pouvait ainsi plus facilement les surveiller. De plus, c’était donner à Rinako des responsabilités qui éviteraient à cette dernière de faire des bêtises, car elle risquait de faire du zèle... Ou pas. Mais elle prendrait sûrement cette tâche au sérieux.

Le train finit par arriver au nouveau bunker, qui était sur le pied de guerre. Dans le hangar, des soldats lourdement armés se préparaient sûrement à entrer au combat, et, sur une autre rame, on était en train d’armer un train, le remplissant de munitions, l’équipant de tourelles de défense, de solides armatures, de lance-flammes, de rangées de lance-missiles... Des drones volaient également dans le quai. L’armée allait visiblement envoyer la grosse artillerie, et, à travers les vitres, Nika vit également d’énormes armures de combat. Des exosquelettes superbes se positionnaient, ainsi que des armures de combat équipées d’énormes boucliers, et probablement d’une multitude de capteurs. Regardant, fascinée, le spectacle, Nika fut soudain tirée de ses pensées quand Ashley revint vers elles, après s’être entretenue avec ses soldats. Elle tendit à Rinako une espèce de petite radio.

« De cette manière, nous resterons en contact... Cette radio a aussi une puce, pour que je sache où vous êtes. Comme vous le voyez, le haut commandement va vouloir reprendre le bunker de force. Je vous conseille de rester à proximité, je pense qu’on voudra vous interroger. Pas pour vos histoires, rassurez-vous, je conserve ça pour moi, pour le moment... Mais pour obtenir des informations. J’essaierai de vous couvrir, Rinako, mais, si mes supérieurs décident de contacter vos supérieurs, je ne pourrais pas m’y opposer. »

Sur ce, Ashley les laissa, et les trois femmes sortirent. On s’activait dans le quai, chargeant des caisses de munitions, tandis que leur train s’éloignait, laissant ainsi place à d’énormes robots de combat qui se positionnèrent sur les quais, mettant en marche des réacteurs dorsaux leur permettant de se déplacer.

« Ça, c’est ce qui s’appelle prendre les grands moyens... »

Nika n’avait toutefois pas encore tout vu. Alors qu’Ashley suivait plusieurs soldats, d’énormes portes livrèrent passage à des machines tonitruantes. D’énormes engins de guerre qui faisaient un bruit infernal. Killer Boom sentit son cœur manquer plusieurs battements en voyant l’un des plus puissants robots de guerre de Tekhos débarquer dans un grondement infernal : le terrifiant Dreadnought. Le Dreadnought passa à côté des trois femmes, parlant d’une voix mécanique :

« Mourir... Pour l’Empereur... C’est la plus belle façon de vivre ! Les Formiens... Doivent... Mourir ! »

Le Dreadnought était une unité robotique autonome, avec une batterie qui pouvait durer pendant plusieurs jours, et un ordinateur qui lui permettait de traiter les données. Une créature impossible à pirater ou à corrompre, une infernale machine de guerre. Tandis que le tueur mécanique parfait s’éloignait, les trois femmes se rendirent dans un couloir, où Rinako, qui les suivait, se permit une petite plaisanterie, probablement pour détendre l’atmosphère :

« Bon ! Bin on dirait que c'est moi la babysitter, les filles... »

Nika et Rozalia se regardèrent mutuellement, et Rozalia haussa les épaules.

« On dirait, oui... »

Une escouade de soldats passa en trombe dans le couloir. Nika et Rozalia les laissèrent passer sans discuter, et ce fut Rinako qui, en tant que chef d’escouade, proposa quelque chose :

« On va voir ce qu'ils font avec leurs Formiens ? »

Elle n’avait pas l’air très sûre d’elle. Nika la regarda et haussa les épaules.

« Je doute qu’ils laissent entrer n’importe qui dans un complexe de recherche. Et je ne pense pas que ta jolie frimousse sera un argument suffisant pour des instruments de sécurité. »

Rozalia devait bien admettre que Nika avait raison. L’endroit était probablement surveillé, et Ashley devait sans doute garder un œil sur elles. Toute la base était sur le pied de guerre. Nika se mit alors à avancer, cherchant quelque chose, furetant dans les pièces. Silencieuse, Redemption la suivait, jusqu’à ce que Nika finisse par trouver, dans une chambre, ce qu’elle recherchait. Un écran mural de télévision. Avançant, Nika mit les informations.

« Mais tu fous quoi ?! s’exclama Rozalia.
- Notre boulot. »

Sur l’écran, on pouvait voir un débat houleux entre spécialistes sur le sujet des Formiens. Changement de chaînes. On traitait de l’attaque. Même scénario sur une troisième chaîne. Quasiment toutes les chaînes traitaient du sujet, mais aucune ne parlait du bunker.

« Ce n’est pas fini. »

Rozalia fronça les sourcils.

« Comment ça ?
- Mastermind veut que les deux camps s’entre-tuent. Il ne veut pas qu’un camp gagne sur l’autre, mais que la haine et la rage montent dans les deux, qu’une guerre totale éclate. Et les médias ne parlent pas de ce qui s’est passé. Pour les civils, l’armée a repoussé l’invasion. Il y a donc fort à parier qu’il va attaquer encore.
- Et donc ?
- Donc, il faut revenir à notre idée initiale : s’infiltrer dans la Fourmilière, et lui botter les fesses. »

Tout paraissait si simple, avec Nika. Malheureusement, si, en théorie, le plan était simple, en pratique, c’était toute une autre histoire. La priorité, pour l’heure, était de sortir de ce traquenard. Mais, pour ça, il fallait déjà commencer par affronter l’armée uatéenne.

Re: Until The Last Back (Tekworld Hero Team)

Posté : 14 sept. 2024 15:34
par Rinako Tetsuhiko
Le moins qu'on puisse dire c'est ce bunker est mieux fourni que l'autre. Il leur faudra au moins ça pour reprendre du terrain face aux Formiens. D'un côté le nombre, de l'autre la technologie, et au milieu la force brute. Mes pouvoirs n'auront pas leur place dans ce combat, pas plus qu'un arc et un pistolet, si gros soit-il. Je ne compte pas non plus rester sagement dans mon coin en attendant d'être rappelée à la maison. Je me contente donc de suivre les deux mercenaires en regardant d'un peu plus près la radio que le Lieutenant Williams m'a donnée.

Ce n'est pas une paire de menottes mai l'effet est le même. Avec la balise elle nous tient en laisse, ou seulement moi si mes charmante compagnes de mésaventures décident de me semer. Je pourrais aussi les laisser partir et servir de leurre pour gagner un peu de temps. Au moindre doute un coup d'œil aux caméras de sécurité aura raison du stratagème. Quitte à risquer le coup autant partir toutes les trois. Et je n'ai pas l'intention de les laisser filer pour risquer leurs vies toutes seules. J'ai encore de grosses dettes à payer ici.

Le déploiement de forces sur les quais m'a donné quelques petits frissons d'excitation. J'ai déjà vu toutes ces machines en action, pendant mes classes. J'ai même eu droit à quelques stage de pilotage aussi inutiles qu'amusants. Donc je sais que ce genre de matériel est fait pour la boucherie de masse. Si les Xenos et les Arachnides ne connaissent pas le désespoir, ils vont apprendre douloureusement quand le mur offensif commencera à les piétiner. J'ai presque envie de rester pour voir ça.

Mais j'ai une tête de télépathe à couper, et je ne compte pas la laisser faisander encore plus avant de la rôtir. Donc je continue de suivre mes deux "protégées". Nika a vraiment l'air accro à la télé. Pendant qu'elle zappe je me concentre sur la radio. Je dois pouvoir m'en débarrasser en relayant son signal vers ma broche. Je ne devrais pas avoir trop de mal : ma broche a été vue comme un caprice dès le départ, j'ai du apprendre à en tirer tous les avantages possibles. Et tant qu'on sera toutes les trois là pour répondre le Lieutenant Williams ne perdra sans doute pas de temps à vérifier. Elle a une guerre sur les bras après tout... une guerre devenue secrète.

" Et donc ?
- Donc, il faut revenir à notre idée initiale : s’infiltrer dans la Fourmilière, et lui botter les fesses. "

Je garde la radio à la main. Si je me suis trompée dans mes réglage la partie sera finie avant de commencer. Un larsen ou un écho et le Lieutenant comprendra vite que j'essaie de la tromper. J'active ma broche.

" Lieutenant Williams, vous me recevez ?
- Qu'est-ce qui se passe, sergent ? "

Elle a répondu immédiatement, et au son de sa voix elle est occupée.

" Je voulais juste être sûre que la radio passait. Et vous demander si vous aviez du nouveau.
- Je vous contacterai, sergent. Vous êtes avec elles ?
- Je les lâche pas. Elles sont... "

... En train de me fixer.

" ... en train de râler devant les infos.
- Prévenez-moi si elles font quelque chose de louche. Terminé.
- À vos ordres, mon lieutenant. "

Et pardon une fois de plus, parce que c'est moi qui fait des trucs louches. Mais si Mastermind compte remettre le couvert quelqu'un dois improviser. Je ne suis pas sensée être là, et l'investissement que je représente pour Caelestis je risque un peu moins que les autres. Je rejoins Nika et Rozalia pour pianoter sur l'écran tactile.

" Assez de télé pour aujourd'hui, les filles. Vous avez pas envie d'aller jouer dehors ? "

S'il y a un bon côté dans l'armée, c'est qu'il n'y a qu'à demander. Je n'ai pas à naviguer bien longtemps pour voir les plans du bunker... et les sorties de secours. Des tunnels et des puits de maintenances sont plantés autour du complexe. Certains remontent vers la surface, d'autre vers les hangars supérieurs. Contrairement au précédent, ce bunker est énorme et donne directement sur la surface par des tunnels. Logique, tout le matériel lourd ne tiendrait pas dans des monte-charge.

Je me retourne vers les deux femmes, en espérant que pour une fois j'ai eu une bonne idée.

" J'ai relayé le signal de la radio, avec la balise le Lieutenant croira qu'on est encore ici pendant un moment. Vu que les Tekhans vont se focaliser sur le bunker occupé, les Formiens aussi. Ça devrait faire diversion assez longtemps pour nous laisser remonter à la surface. Et les tunnels que les arachnides ont creusés pour attaquer l'usine devraient être déserts. Ça nous donne une chance d'approcher la Fourmilière discrètement. "

Je me retourne le temps de pointer une pièce sur l'écran.

" On peut aussi emprunter des véhicules, mais niveau discrétion ce sera pas génial. "

Re: Until The Last Back (Tekworld Hero Team)

Posté : 14 sept. 2024 15:34
par Tekworld Hero Team
Rozalia soupirait. Regarder la télé n’était pas clairement au sommet de ses priorités, mais elle ne savait pas quoi faire d’autre, de toute manière. Ce fut Rinako qui sembla trouver une idée. La jeune femme était en train de jouer avec sa broche. Elle s’adressa alors à Ashley, et Nika, comme Rozalia, la regardèrent, étonnées. A quoi s’amusait-elle donc ? Ashley n’avait visiblement pas que ça à faire, et fut la première à terminer la conversation. Elle allait probablement retourner sur le terrain, en compagnie des armures de combat, des exosquelettes, des drones, et de tous les autres soldats. Rinako expliqua ensuite aux deux femmes qu’elle avait piraté la balise de la radio, probablement à l’aide de sa broche.

*Elle sait cacher son jeu, elle aussi... songea Rozalia. Les apparences...*

Rinako s’était approchée d’un ordinateur intégré, et utilisait l’écran tactile pour obtenir les plans de sécurité du bunker. Plusieurs sorties étaient disponibles. L’idée de Rinako était visiblement de rejoindre la surface, et, de là, de trouver les galeries creusées par les Formiens pour rejoindre la Fourmilière. Cette stratégie reposait sur l’infiltration, et sur la contre-attaque uatéenne. Mastermind serait sûrement occupé à diriger ses troupes dans ce qui s’annonçait comme un vrai massacre, ce qui, naturellement, faciliterait l’infiltration des trois femmes. Rozalia réfléchissait à ce plan, tandis que Nika, en se relevant, s’approchait de Rinako.

Sans prévenir, elle lui tapota alors la tête avec sa main, et lâcha :

« Aussi futée que mignonne... Tu as toutes les qualités pour plaire, Sergent. Ce plan me semble bon.
- Les tunnels de maintenance sont sûrement surveillés, nuança Rozalia, plus réservée. Il nous faudra passer par les puits. Inutile de s’encombrer d’un véhicule, on nous remarquerait trop vite. »

Nika hocha la tête, avant de s’écarter de Rinako. Elle se devait d’admettre que le plan de la Celkhane était assez intelligent. Bien pensé. Elles savaient maintenant comment sortir du bunker. Il restait maintenant à trouver comment rentrer dans la Fourmilière. Pour cela, Nika décida de contacter à nouveau Ryouka, afin d’obtenir de cette dernière un plan de la région. Ryouka devait pour cela pirater l’un des nombreux satellites uatéens, ce qui n’était pas particulièrement simple. Pirater un satellite militaire était quasiment impossible. On finissait toujours par être détecté, mais elle comptait le pirater pendant un court laps de temps, afin d’obtenir les plans pour entrer dans les galeries. La Fourmilière était entourée de nombreux tunnels, d’avant-postes, de bases formiennes, de ruches, de nids... Un véritable labyrinthe, mais c’était la seule entrée pour y pénétrer sans se faire repérer.

Rozalia inspectait avec Rinako les plans, cherchant le meilleur puits de maintenance. Son doigt finit par toucher l’un des puits. Il se tenait dans une partie assez éloignée du grand bunker.

« Il est sûrement fermé. Mais c’est l’accès le plus solitaire. Près des machines. »

Il fallait se rendre dans la partie industrielle du bunker, avec les générateurs, des couloirs métalliques, de grandes pièces. Les femmes se mirent en place, et partirent. Nika avait téléchargé le plan sur ses lunettes, et s’en servait pour guider le trio. Les soldats étaient pressés, et, peu à peu, Nika réalisa que ce bunker était en fait plus une espèce de petite ville souterraine qu’un véritable bunker. Des camions roulaient sur des couloirs aussi grands que des rues, et de nombreux hommes et femmes se pressaient.

« Ça va chier sévère, nota Nika.
- J’ai toujours admiré ta légendaire sensibilité, ce tact si particulier qui te définit. »

Nika lui tira la langue, et les trois femmes reprirent. Pour avancer plus vite dans le bunker, il y avait un monorail interne, et c’est par là qu’elles passèrent. Mis à part quelques techniciens, il n’y avait pas grand-monde dans le bunker. Des messages d’avertissements étaient retransmis depuis des haut-parleurs, en boucle :

« Délai avant attaque : 20 minutes. Toutes les soldates et tous les soldats valables doivent immédiatement se rendre à leurs affectations. Passé ce délai, le bunker sera verrouillé de l’intérieur. »

Ceci impliquait la fermeture des herses automatiques, condamnant ainsi le bunker. Une manière d’éviter une intrusion secrète, sans doute. Le monorail s’arrêta à la station technique, et le trio descendit, s’écartant des quelques techniciens pour rejoindre une partie relativement isolée du complexe. Elles s’avancèrent dans un petit escalier assez sombre, tandis que le temps continuait à défiler. Elles finirent par atteindre une porte fermée.

« Le puits est derrière...
- Et nous sommes bloquées par une porte...
- Tu es tellement pessimiste, ma belle ! »

Nika sortit de l’une de ses poches une carte magnétique de sécurité, et la passa devant le verrou de la porte, qui s’ouvrit alors. Un courant d’air frais fit alors voltiger les cheveux des trois femmes.

« Comment tu as eu cette carte ?
- Nous étions dans la cabine d’une lieutenante ; j’ai fouillé, tout simplement. »

Nika entra alors dans le puits, et leva la tête, avant de soupirer.

« Un puits de maintenance, hein... »

Elle marchait sur un sol grillagé, et on pouvait voir, en contrebas, un générateur. Une turbine chaude, brûlante. Ce n’était pas qu’un puits de maintenance, mais aussi un puits de refroidissement ! D’énormes pales tournaient au-dessus d’elle afin de rafraîchir la turbine, glaçant Nika jusqu’aux os. Elles n’avaient toutefois pas le choix. Nika calibra ses lunettes, et vit que chacun des énormes ventilateurs était alimenté par une espèce de boîtier. Levant son arme, Nika ouvrit le feu, et pulvérisa l’un des boîtiers, faisant s’arrêter l’un des ventilateurs.

« Ils se remettront rapidement en marche. Nika, tu montes devant sur l’échelle. Je fermerai la marche. »

Il n’y avait qu’une seule échelle, et le puits était immense. Il ne leur restait plus que dix minutes, et on avait du mal à apercevoir le bout. Rinako était au centre, car elle était la plus petite, et serait donc mieux protégée des bourrasques de vents qui s’abattraient le long de cette redoutable ascension.

Re: Until The Last Back (Tekworld Hero Team)

Posté : 14 sept. 2024 15:34
par Rinako Tetsuhiko
Le compliment de Nika me fait tellement plaisir que je n'ai pas trop de mal à me retenir de la rembarrer. Elle me prend pour une mascotte ou quoi ? Mais je passe outre, ce n'est pas le pire qu'elle ait fait jusque là, c'est plutôt du côté du meilleur. Et ça m'a redonné la pêche. Entre ma micro-sieste, même d'un œil, et l'électricité dans l'air, je me sens prête à replonger dans le grand bain ! Malgré toutes mes faiblesses et mes maladresses je ne m'en sors pas trop mal et ça me fouette le sang ! Je suis toute excitée, prête à sauver le monde et tout !

Très vite le plan est bouclé, ou du moins la première phase. Par le un puits de maintenance, et ensuite à pied. Il va sans doute y avoir quelques problèmes en chemin, et je nous fais confiance pour en venir à bout. On va s'en sortir : on a pas le choix. Ma détermination ne fait que croître à mesure que nous avançons au milieu des troupes en effervescence. Tout le monde est gonflé à bloc. Nika a beau ne pas être très fine elle décrit à merveille la situation. Pas très fine, mais prévenante. La carte qu'elle a "emprunté" dans la chambre nous ouvre vite toutes les portes.

Premier problème, et non des moindres, le puits ne sert pas qu'à la maintenance. Il est bien plus large que prévu, et surtout encombré de trois hélices de ventilation superposées. Grimper cette échelle en dix minutes, en jouant à saute-mouton avec des hachoirs à viande...

" Ça c'était pas prévu... "

Pas fine du tout, la Nika. Elle éclate sans procès un boîtier d'alimentation pour arrêter de force une des hélices. Et si c'était notre seul problème. Les hélices aspirent l'air de la surface pour le souffler vers le bas, donc contre nous. Et tout en montant à l'échelle aussi vite que mes bras me le permettent, je m'efforce de hurler pour couvrir le vacarme du vent et des machines.

" La sortie doit être fortifiée ! Sinon les Xenos auraient qu'à se jeter ! "

Ces saletés ne sont pas aussi bêtes qu'elles en ont l'air, et elles n'ont pas peur de se sacrifier. Une poignée d'entre elles n'auraient qu'à sauter pour transformer ce piège mortel en pont d'or. À la surface ça doit être bardé de fossés piégés, de barrières électriques et de tourelles automatiques. Je suis tout de suite moins fière de mon plan.

On passe le premier ventilateur, qui ne tarde pas à se remettre en marche. Soufflées par en haut, aspirées par en bas. Si l'un de nous lâches elle n'aura pas le temps de se rattraper. et malheureusement pour Rozalia elle se fera forcément embraquer avec Nika dégaine pour viser le prochain boîtier, mais avec tout ce vent et écrasant et tourbillonnant un seul tir ne suffit pas. Et je dois aussi risquer un bras tendu pour essayer de calmer un peu la tourmente. même avec des pouvoir magique et de la détermination, allez calmer un ouragan piégé dans une boîte de conserve.

Finalement le deuxième boîtier vole en éclat. L'arrêt de la turbine est tout relatif, le courant d'air la maintient en mouvement. Seul son poids la fait ralentir assez pour qu'on puisse se glisser entre les pâles, et ça rogne d'autant plus le temps imparti à notre passage. Nika se perche sur deux pâles pour m'aider à me hisser, puis je me joins à elle pour aider Rozalia. Je la laisse d'ailleurs passer devant moi à l'échelle. Pas le temps de s'expliquer ou d'hésiter que l'hélice repart.

Je ne sais pas pour mes deux comparses mais moi je ne suis pas certaine de tenir plus longtemps. Malgré mes gants, mes mains me font un mal de chien à force de serrer les barreaux de toute leurs forces. J'ai les oreilles qui siffle et mes yeux et ma bouches sont secs à me piquer. Et la seule force du vent sur mes épaules met le reste de mon corps à aussi rude épreuve. Je maîtrise le vent, mais lui aussi peut me maîtriser. Je suis légère, je peux facilement me laisser emporter. Troisième ventilateur, et encore la croix et la bannière pour l'éteindre.

J'ai ma petite idée pour la suite, une idée suicidaire pour ne pas changer. mais il faut déjà que je passe l'hélice suivante. Et sans Nika et Rozalia je perdrais trop de temps. Je commence à me demander si si ça ne va pas être à moi d'offrir ma propre première cuite à Nika. Ça me fait sourire, et ça me relance un peu. J'arrive encore à penser qu'on va s'en sortir malgré les obstacles de plus en plus insurmontables. Au moins on est passée, ça va être à mon tour de faire mon show.

J'espère que ma tête est encore à l'envers parce que sinon on va souffrir. Le sommet est encore loin, et l'horloge a bien tourné. On ne sortira pas à temps avec cette échelle. Quand le bunker va se verrouiller tout va s'éteindre et les épaisses portes blindées vont se refermer. On sera prise au piège et la chaleur du générateur mettra trop de temps à retomber. Elles vont rapidement se déshydrater et suffoquer, s'évanouir, tomber dans le coma puis mourir, tout ça dans le noir le plus absolu. Et moi, si je ne me fais pas broyer quand les pâles repartiront, j'aurais peut-être une chance.

J'espère que le système de secours a une sécurité, sinon je fais tout ça pour rien. Je crochète un barreau de l'échelle avec mon bras gauche et tend le bras vers le bas. Et pour ne surprendre personne c'est encore du feu que je lance, et j'envoie allègrement la sauce. Ce truc est sensé aspiré de l'air froid pour rafraîchir le générateur. S'il se met à aspirer de l'air chaud il devrait au moins s'arrêter... Ou je suis sur le point de faire exploser le générateur et de raser toute cette partie de la base.

Une série de claquements sourds se fait entendre au travers du tumulte Le vent ne tarde pas à souffler moins fort, et s'arrêter bien avant les hélices en dessous. L'air se réchauffe rapidement. Mais l'air chaud : ça monte. Je lâche l'échelle pour me laisser planer sur le courant ascendant, encore faible. J'arrive rapidement à la hauteur de Rozalia, que j'agrippe pour ne pas partir plus haut.

" Attrape-moi par la taille ! "

Avec de l'air assez chaud je devrais pouvoir les tirer jusqu'en haut avant qu'elles ne cuisent, puis les ramener assez près du sol. Je vais peut-être avoir du mal à monter avec tout ce poids, mais redescendre, ça : ça ira vite. Mais Rozalia est un peu trop lourde pour... Trois nouveau claquement, et un ronronnement qui grossit. Les hélices redémarrent ? Déjà ? Merde, on va se faire... Expulser ! Ça repart en sens inverse, un souffle brûlant se met à enfler et menace de m'emporter comme une plume.

" Nika ! Prend-moi au cou ! "

Je vais avoir besoin de mes bras pour la suite, un besoin vital. J'espère qu'elles vont tenir le vent et la chaleur, parce que le souffle infernal me pousse le long du puits comme une balle dans un canon de fusil. Je sens les deux femmes qui se serrent à moi, Nika a crocheté ses bras autour de mon cou et ses jambes croisent les miennes sous les épaules de Rozalia. Elles pèsent une tonne ! Je n'ai jamais volé avec une surcharge pareille. Déjà que porter une personne à l'air libre par vent clame c'est une galère, deux dans une colonne de chaleur en furie : c'est vraiment l'enfer.

Soudain la pénombre du puits laisse place au soleil éclatant. On monte vite, assez haut pour passer le périmètres défensif de la bouche d'aération, même celui des capteurs des tourelles. Mais on monte encore plus haut, beaucoup trop haut. Loin en dessous de nous le sol est tapissé de corps d'arachnides et de soldats. Mais tout est mort. Les bombardements ont cessé pour ne laisser que des cratères charbonneux, des corps carbonisés et d'épais nuages de poussière et de fumée.

Ils ont aussi laissé un immense tapis de ruines et de gravats vers lequel je me dirige en sortant de la colonne d'air. Je serre les dents en réprimant une plainte. Bordel ! En une fraction de seconde Nika et Rozalia se sont encore alourdies, l'air ne me porte plus aussi bien. Et si je ne garde pas les bras étendus pour me diriger on va tomber toutes les trois. Je descends plus vite que je n'avance, et je ne peux pas ralentir. Un avion qui se crashe c'est pas beau à voir, alors une fille qui en porte deux autre...

" Accrochez-vous ! "

J'ai eu du mal à le grogner entre mes dents. Je libère mes pieds et les lance en arrière, appelant un souffle que je tire en ramenant mes jambes en avant. Ça me ralentit juste à deux mètres du sol.

" Lâchez ! "

Elles lâchent. Il y a une petite chose que je n'ai pas pris la peine de leur dire, et qui survient immédiatement. Libérée de leurs poids je part en l'air en comme un ressort. Et je bats des bras en essayant de compenser cette soudaine accélération. mais je finis par me ramasser lourdement. j'arrive à faire une roulade mais j'ai repris trop de vitesse, et je dévale un vrai colline de gravats pour m'étaler à sa base. Je crois que j'ai rien de cassé, mais qu'est-ce que ça fait mal !

Re: Until The Last Back (Tekworld Hero Team)

Posté : 14 sept. 2024 15:34
par Tekworld Hero Team
Viser était impossible, tout simplement. Il y avait bien trop de secousses, même pour Nika. Tout ce qu’elle arrivait à faire, c’était sortir son arme, et tirer sans vraiment viser. Pour court-circuiter les boîtiers, elle utilisait des balles à IEM spéciales. Son Desert Eagle était une arme très complète, et, avant de grimper sur l’échelle, Nika avait pris soin d’utiliser ses lunettes pour marquer chaque boîtier. Les balles à IEM se dirigeaient ensuite automatiquement vers les boîtiers, larguant des charges électromagnétiques qui surchargeaient provisoirement ces derniers. Toute la difficulté était de tirer de manière suffisamment approximative pour atteindre les boîtiers, ce qui était loin d’être simple. Les bourrasques de vent lacéraient le corps de Nika et celui de Rozalia, confirmant que s’enfuir par ce puits de maintenance était une très mauvaise idée.

*Ces bunkers sont de véritables forteresses souterraines... Il ne fallait pas s’attendre à ce qu’on arrive à en sortir sans difficulté.*

Nika n’avait pas que froid jusqu’aux os. Elle devait s’accrocher solidement aux barreaux, et encore plus quand elle utilisait son pistolet pour tirer. Ce plan était tout simplement suicidaire. Elles n’arriveraient jamais à atteindre la sortie avant la fermeture. Nika le réalisa sur un ton fataliste. Faire demi-tour était malheureusement difficile. Les ventilateurs laissés derrière eux tournaient déjà avec rage, et atteindre les boîtiers était impossible. Tournant la tête, entre plusieurs de ses mèches de cheveux qui volaient dans le vent, Killer Boom ne perçut aucune autre sortie. Aucune trappe, aucun conduit. Mourir ici ne l’encourageait que peu, et elle reprit son ascension, se dirigeant vers un ventilateur. Même malgré ses gants, les barreaux étaient gelés.

*Ça m’apprendra à suivre les idées d’une Celkhane haute de trois pommes, tiens... Bordel !*

La situation se compliquait de plus en plus, et Nika n’arrivait même pas à tendre ses mains pour agripper un autre barreau. Le vent l’épuisait bien trop, et ce fut à peu près à ce moment qu’elle sentit les vents se calmer. Rinako était en train d’utiliser sa magie pour stopper les ventilateurs, et se mit à flotter dans le vide, utilisant l’Air, son élément magique, pour flotter, et ainsi pouvoir s’élever. Rozalia ne se fit pas prier, et s’agrippa à elle, Rinako utilisant visiblement sa magie pour se soutenir. C’était un plan aussi farfelu que celui d’entrer dans ce piège, mais Nika n’avait de toute manière aucune autre solution.

Rozalia s’était enroulée sur la taille de la femme, ses pieds flottant dans le vide, et Nika passa sur son dos, essayant de ne pas l’étrangler en enroulant ses bras autour de son cou. Utilisant le vent, Rinako se mit à décoller, et parvint à sortir du puits de maintenance, les ventilateurs se remettant lentement en marche. Pour les arrêter, Rinako avait vraisemblablement du provoquer une espèce de surcharge avec leurs systèmes. Hors du puits, Rinako s’éloigna. Ce dernier était dans un tas de gravats, entouré de mines et de quelques solitaires tourelles. Les portes se refermèrent peu après leur départ.

Néanmoins, Rinako ne pouvait plus vraiment s’aider du vent qui sifflait dans le puits, et qu’elle avait utilisé pour s’envoler. Partant de là, elle se mit à osciller lentement, se rapprochant du sol, et les deux Héroïnes ne se firent pas prier pour la lâcher. Rozalia se reçut élégamment sur le sol, à l’aide d’une roulade, et Nika s’écrasa sur le sol assez douloureusement, roulant par terre. Rinako perdit le contrôle de son corps, et s’envola dans les airs.

« Rinako ! » hurla Rozalia.

Elle se précipita vers elle, suivie par Nika, qui vérifia l’état de ses lunettes. Elles fonctionnaient encore, probablement par un miracle quelconque. Rinako, quant à elle, avait disparu derrière une colline. Rozalia fut la première à s’en approcher, et glissa le long de la colline. Rinako était couchée sur le ventre, prostrée, avec de multiples hématomes et ecchymoses sur le corps, ainsi qu’un tas de poussière. Arrivant près d’elle, Rozalia la contempla.

« Rinako ? Rinako... Je sais que tu veux faire tes preuves, mais tu n’as pas un corps en acier trempé... »

Nika arriva sur le sommet de la dune, et constata que la Celkhane était encore en vie.

« Beau décollage, beau vol, mais les atterrissages laissent encore un peu à désirer, ma belle.
- Elle n’a rien de cassé... Il y a eu plus de peur que de mal, en somme. Son corps est résistant... »

C’était un champ de désolation. D’énormes cratères jonchaient ici et là une longue plaine, et de la fumée s’échappait encore par endroit. La ville qu’elles avaient aperçu tantôt n’existait plus, se réduisant à quelques murs solitaires et détruits. Utilisant ses lunettes, Nika vit alors qu’elles n’étaient pas toutes seuls. De nombreux groupes de soldats avançaient dans la région, entourant des véhicules blindés, chars d’assauts, ou des half-tracks. Ils avaient des mitrailleuses lourdes, des lance-flammes, et Nika vit également des Dreadnought entourant les soldats.

Volant dans le ciel, des hélicoptères et des vaisseaux de combat déployaient des troupes supplémentaires. D’un côté, on pouvait voir les épaisses falaises d’où des légions de canons avaient balayé la zone. De l’autre, on voyait la Fourmilière, au loin. Une espèce de grosse météorite plantée dans le sol, qui semblait inanimée. Le gouvernement tekhan avait déjà essayé à bien des reprises de bombarder la Fourmilière, mais cette dernière disposait de dispositifs impressionnantes, et sa couche externe était impénétrable. Elle avait après tout traversé l’espace stellaire. La briser était impossible.

« Il va falloir se dépêcher, les filles lança Nika.
- Les Formiens nous pourchassent ?
- L’armée tekhane est dans les environs. De nombreuses patrouilles qui doivent rechercher d’éventuelles spores formiennes pour les détruire.
- Nous voilà pris entre le marteau et l’enclume... constata, amère, Rozalia. Brainstorm t’a contacté ?
- Pas encore. »

Nika tendit sa main vers Rinako, pour l’aider à se relever.

« Tu as fait du bon boulot, Rinako. Ne t’en fais pas pour tes bleus, on en attrape tous un jour ou l’autre. Ta douce et belle peau guérira vite. Et il faut qu’on marche vers la Fourmilière.
- Comment rentrera-t-on dedans ?
- On verra sur place. »

Re: Until The Last Back (Tekworld Hero Team)

Posté : 14 sept. 2024 15:35
par Rinako Tetsuhiko
" Rinako ? Rinako... Je sais que tu veux faire tes preuves, mais tu n’as pas un corps en acier trempé... "

Assise par terre je reprends mon souffle en laissant Rozalia m'ausculter rapidement. Encore plus de bleus et d'égratignures, quelques coupures aussi. Mon pauvre petit corps aura du mal à se remettre de tout ça, si je survis jusqu'à demain matin je vais en baver. Mais c'était le prix à payer, et j'aurais pu m'empaler sur une tige en fer ou atterrir la tête la première sur un bloc de béton.

" Je devais vous sortir de là.
- Beau décollage, beau vol, mais les atterrissages laissent encore un peu à désirer, ma belle.
- Pas de quoi, c'était un plaisir. "

Je pourrais me justifier par la surcharge, qui devait représenter trois fois mon propre poids. Je suis une magicienne, pas un vaisseau de transport. Pourtant je n'ai pas besoin de me trouver d'excuses. Et même avec le soutien d'un fait indiscutable je n'ai pas envie de dire du mal de deux femmes aussi bien proportionnées. J'ai bien envie que Nika me prenne encore dans ses bras pour me chouchouter, mais ce n'est pas non plus le moment. On a encore un long et pénible chemin à parcourir.

Je reste quand même assise pendant qu'elles discutent. Un peu de repos. Je me relèverai avant que mon corps ne refroidisse et que les douleurs n'empirent. Ce sont encore le dos et les bras qui ont trinqué, surtout les épaules. N'en déplaise à celles qui critiquent ma tenue, mes jambe, mes mains et mes petites fesses sont intactes. Je porte la main à ma broche juste pour être certaine qu'elle n'est pas partie pendant la dégringolade.

Le déploiement de force a commencé en surface, loin en dessus ce doit être l'enfer. Et comme nous n'avons rien à faire là, nous sommes des menaces par défaut. D'autant qu'il y a des soldats sous le contrôle de l'ennemi. Des kilomètres de désert nous attendent. Une longue route à découvert, à tenter d'échapper aux forces tekhanes pour aller jouer à cache-cache chez les Formiens. Et en espérant trouver l'enclave du bon Annexien. Ça donne pas envie de se lever.

Je le fais quand même grâce à l'aide de Nika, et je le paie de méchantes courbatures qui m'arrachent un gémissement mal retenu. Félicitations, commentaire rassurant, un petit compliment un peu frivole : le kit standard pour remonter le moral. Ça fait quand même plaisir et ça vaut bien un petit sourire, même fatigué. Pour achever de retaper ma détermination je remémore les mots de ma sergent-intrustrice pendant les marches forcées. Je sens que je n'ai pas fini de me les répéter.

Reste encore la question cruciale que Rozalia ne manque pas de nous rappeler. La réponse de Nika est bien la seule qui vaille.

" On verra sur place.
- Un pied devant l'autre. "

Avancez jusqu'à ce que la fatigue, la douleur et la peur soient intolérables, puis continuez. Je l'ai dit, je l'ai pensé, je le fait. Mais quand mon pied se pose le sol se dérobe. C'est reparti pour une chute, cette fois en compagnie de gravillons et de morceaux de béton. Je percute une pente raide, de gravats et de poussière de béton et de plâtre. une poutre en métal tordue dépasse de ce monticule, et j'arrive à y agripper une main. La poussière me fait tousser. Je fais un tour d'horizon et analyse rapidement.

Ce que je pense comprendre ne me plaît pas du tout. L'usine n'est pas complètement détruite. Un mur entier s'est couché, maintenu à peu près entier par la ferraille qui armait le béton : le sol sur lequel je me tenais il y a une seconde, et sur lequel Rozalia et Nika se tiennent encore. Pour moi il fait maintenant office de plafond. Dans la pénombre je distingue d'impressionnantes lézardes. Le mur est même crevé par endroit, les grilles de métal qui armaient le béton sont déchirées, tordues, et portent encore des blocs qui ne tiendraient pas sous mon poids.

Mes deux équipières sont en terrain miné, leur chance ne sera peut-être pas aussi insolente que la mienne.

" Bougez surtout pas ! Tout risque de s'effondrer ! "

La bute sur laquelle j'ai atterri, qui se poursuit par la pente sur laquelle je suis allongée en ce moment, semble être le seul endroit sûr. Et encore : elle peut très bien être creuse, elle aussi. Avec notre chance ce ne serait pas étonnant. En plus je n'ai pas de prise pour remonter

" Je suis coincée ! Je vais voir comment ça se présente en bas ! "

Je lâche la poutre et me laisse glisser le long de la pente. Je ne fais sans doute pas plus de trois mètres avant d'attendre le sol... Et de me retrouver nez à nez avec les mandibules grandes ouvertes d'un arachnide. Je reste pétrifiée par la surprise, et la terreur d'une telle vision dans la pénombre. Mais la bête ne bouge pas, figée dans la mort par la passerelle métallique qui écrase son abdomen. Le reste de son corps est intact, couvert d'une épaisse couche de poussière et de gravillons. À croire qu'il attend là depuis des siècles et pourrait soudain revenir à la vie. Je n'ose pas le toucher mais j'ai du mal à me convaincre que cette réticence vient du fait que tout l'endroit est instable.

Je dégaine mon pistolet pour allumer sa petite lampe. Une atmosphère confinée et chargée de poussière ne ferait pas bon ménage avec des flammes. Je balaie les ruines souterraines en quête d'un passage. Le vent que je devrais générer pour remonter serait sans doute trop violent, un coup à nous tuer toutes les trois et nous ensevelir sous des tonnes de métal et de béton. Mais je capte un petit courant d'air que j'aspire un peu de ma main libre. Un passage. Peut-être une sortie vers la surface à quelques pas ? Peut-être un tunnel qui coure sur des kilomètres droit vers une enclave formienne ? Ou même la Fourmilière ?

" Il y a un passage ! Descendez me rejoindre ! Vite avant que tout s'effondre ! "

Tout ne fait que ce répéter. Chaque pas ne fait que nous ramener en sous-sol, et à chaque pas la route s'efface dans notre dos. Nous ne pouvons pas faire marche arrière. Nous ne pouvons qu'avancer, jusqu'à ce que la fatigue, la douleur et la peur deviennent intolérable, puis continuer... Et espérer avoir une chance d'en revenir.