The Multiversity

Marmelade ne comprenait pas tout. En fait, quelque chose en elle la poussait à ne pas comprendre tout ce qu’il passait. Une sorte d’immunité d’innocence. Oui, elle était capable de se transformer en sorte dé démon. Oui, elle avait une colère qui sourdait en elle qui pouvait s’activer quand elle avait faim. Oui encore, elle avait dévoré sa « maman ». Mais dans le fond, Marmelade était une slime-enfant. Une création pure et innocente. Alors toutes ces choses que faisaient Mélona ? Elle ne pouvait pas les comprendre.

« Si le Policier est Gentil, alors je veux bien entrer chez la vieille dame pour jouer avec lui. Pour jouer avec elle aussi, si elle en a encore la force. Et elle semble en avoir vu comment elle se tortillait dans tous les sens et parlaient fort jusqu’à ce que tu l’arroses. »

Marmelade haussa donc les épaules, s’équipe d’un grand sourire, gambada par petits bonds jusqu’à la vieille dame pour mettre sa main dans la sienne.

« Allez, venez, madame. Je vous accompagne à l’intérieur. »

Elle sautilla encore pour rejoindre l’intérieur. C’était… très sombre. Tout était fermé. Ça sentait bizarre aussi. L’odeur de la vieille femme et d’une maison qui ne respire pas. Quelque chose dans le genre. Marmelade n’était pas un chien policier et, surtout, au final, ça ne l’intéressait pas de jouer la petite détective.

« Dis, mamie, tu m’emmènes dans ta cuisine ? Tu as des pâtisseries dans ton frigo ? Des gâteaux dans tes placards ? Fais-moi voir tout ça, dis ! »

La vieille dame hocha la tête. Elle regarda Mélona en attendant son approbation.

Alors Marmelade regarda Mélona en attendant de savoir ce qu’attendait la vieille dame.

Puis elle fit des allers-retours entre la vieille et la slime jusqu’à ce que l’une d’elle dise ou bouge quelque part.

Le Gentil-Policier était assez désarçonné. Mélona constata toutefois que Marmelade avait décidé de se rapprocher de la personne âgée, ce qui n’était pas sans risque. Mélona entra dans son salon. Une télévision était allumée, montrant  une scène de kabuki, le théâtre traditionnel japonais. Sur un meuble assez ancien, la Slime vit des photos de famille, des portraits montrant des enfants, des petits-enfants, et un mari qui avait visiblement quitté ce monde. Marmelade attira la dame âgée vers la cuisine, demandant si celle-ci avait des sucreries. La personne âgée n’avait toutefois rien que de très classique, et Mélona ne voulait pas déclencher une quelconque crise qui lui ferait perdre le contrôle sur elle. Elle s’écarta donc, et se rapprocha de Marmelade.

« Marmelade, on doit laisser la gentille dame se reposer ! Et puis, on ne va pas lui prendre sa nourriture ! »

Elle attrapa Marmelade par la main, et renvoya la dame à la consultation de sa télévision. Mélona l’avait adouci avec son lait, mais cela ne durait pas éternellement ! Elle décida également de laisser là le Gentil-Policier, et préféra sortir de l’appartement avec Marmelade.

« Ouf ! On a évité le désastre ! »

Rassénérée, Mélona rejoignit avec soulagement la rue, et huma l’air frais. Pas de désastre, elle avait su tout gérer comme une grande ! Elle n’allait même pas en parler à Maman Lissandre ! Mélona, en effet, ne souhaitait pas l’inquiéter outre mesure. Le policier et la vieille dame reprendraient leurs esprits d’ici quelques minutes, mais, d’ici là, Mélona et Marmelade seraient bien éloignées. Mélona se sentait donc soulagée, même si elle ne savait du tout plus trop quoi faire.

« Mon lait ne pouvait pas la retenir longtemps, expliqua-t-elle à Marmelade. Alors, le plus prudent était de partir, et de les laisser ! »

Mélona sourit alors, heureuse.

« Maintenant, nous sommes tranquilles ! »

Donc… pas de pâtisseries chez la vieille dame. C’était triste. Mais bon, sa main était dans celle de Mélona, donc au final ça allait.

« Toi aussi tu cuisines des choses bonnes et sucrées ? »

Son doigt se tendit vers l’opulente poitrine de sa copine. Il fallait qu’elle aille au bout de son explication pour que Mélona comprenne de quoi elle parlait.

« Après, je pensais que le lait ne servait qu’à faire des gâteaux. Ou nourrir les bébés, à la limite. Mais je ne savais pas qu’il pouvait retenir les gens comme le font les menottes du policier. Je ne comprends pas tout. Mais si tu peux faire des gâteaux avec ton lait, ça doit être bon ! »

Marmelade repensa au lieu délicieux où elle avait rencontré Mélona. Là-bas, elle avait fait goûter une partie d’elle à sa nouvelle copine. Ca paraissait donc normal qu’elle puisse goûter à son tour ? Même si ça se voyait pas trop en ce moment, il semblait tout de même à Marmelade qu’un certain équilibre permettait au monde de continuer sa marche constante sur le chemin du temps.

Elle plissa les yeux et se frotta les tempes.

« Aie aie. Je crois que je commençais à trop réfléchir. Ah ah ! »

Ses petits poings se posèrent donc dans le creux de ses reins. Puis elle se pencha un peu en avant pour poser la question finale :

« Donc on fait quoi maintenant ? C’est toi qui nous fait à manger avec tes seins ou alors on va visiter cette foire dont tu me parlais tout à l’heure ? Je suis un peu perdue dans les choix. Moi si tu me demandes mon avis, je dirais que rien ne nous empêche de faire les deux. Par contre je ne sais pas quel choix faire en premier. »

Et à regarder la petite bouille de Marmelade, ça paraissait être une question existentielle.

Mélona, faire à manger avec ses seins ? Ce n’était pas vraiment ça… Elle pouvait cracher du liquide avec ses seins, lequel pouvait être aphrodisiaque ou corrosif. Mélona n’était toutefois pas capable de produire du lait comme le lait maternel classique, et elle ne savait pas non plus cuisiner. Ceci étant dit, elle savait aussi qu’on mangeait de bonnes choses dans les foires ! C’est ce qu’elle indiqua à Marmelade, et les deux turbulentes Slimes partirent donc en courant, Mélona gloussant en attrapant la main de sa camarade. Elle était très excitée, mais on pouvait la comprendre. Après tout, ce n’était pas souvent qu’on se faisait une nouvelle amie slimesque ! Elle savait toutefois assez peu de choses sur Marmelade, ce qui était un peu dommage, et ce d’autant que son amie n’avait guère envie de se confier non plus. Néanmoins, Mélona et Marmelade empruntèrent le tramway, moyen le plus rapide de rejoindre la foire, qui avait lieu le long de la mer.

La foire était aisément reconnaissable à ses hauts manèges. Des montagnes russes, un grand huit, une tour où on s’asseyait à côté, ou même la grande boule qu’on projetait en l’air. La foire annuelle de Yoake était toujours une réussite ! On disait même que c’était l’une des plus grandes foires du Japon. Un parc d’attractions géant qui s’étalait le long de la mer. Le tramway les déposa toutes les deux à l’entrée de la foire. Main dans la main, Mélona et Marmelade entrèrent donc.

« Là ! »

Mélona pointa du doigt une caravane d’où de délicieuses odeurs s’échappaient. C’était la nourriture des foires : crêpes, beignets, chichis, croustillons… Mélona sentit son estomac gargouiller à l’idée de goûter à des croustillons (ce qui n’avaqit pas vraiment de sens en soi, puisque la Slime n’avait pas d’estomac à proprement parler). Elle se rapprocha du stand, et commanda des croustillons au forain.

« Combien en voulez-vous, Mademoiselle ?
-  Autant que possible !
-  Le montant maximum de la formule ? »

Cela représentait une cinquantaine de croustillons. Gourmande, et avec des étoiles dans les yeux, Mélona acquiesça. Pour payer, elle sortit un gros billet, et le posa sur le comptoir. Le forain lui remit en échange des petites pièces que Mélona contempla d’un air boudeuse. Elle avait déjà essayé de manger ces petits disques, mais ça n’était vraiment pas bon !

« Hey ! Je veux pas de ces machins, je veux des croustillons !
-  Mais… C’est votre monnaie, Mademoiselle. Nous préparons les croustillons. »

Mélona fronça les sourcils en contemplant les petits disques. De la monnaie ? Il allait falloir qu’elle en parle à Maman Lissandre, et qu’elle lui explique ce curieux concept qui consistait à échanger du papier contre des disques. Ah, vraiment, ces humains étaient très bizarres !

« Tu en as déjà mangé ? Tu vas voir, c’est super bon ! »

Waouh ! C’était tellement grand, une foire. Tellement lumineux, une foire. Tellement bruyant, une foire. S’il n’y avait pas eu toutes les délicieuses odeurs qui retenaient captives ses narines, Marmelade aura surement chercher à trouver un endroit plus calme avec beaucoup moins d’humains qui la regardaient. Elle ne se sentait pas… en sécurité.

*Maman… *

Mais son estomac la rappela vite à d’insouciantes questions. Et puis il y avait aussi la question de Mélona. Il fallait qu’elle y réponde !

« Les pièces de monnaie, ce n’est pas bon. C’est du métal qui a le goût des humains. Non, ça ne se mange pas ça. Par contre, les petites choses qui sont en train de cuire : ça me donne très très faim ! Je ne connaissais pas le nom. Mais je crois que j’en ai déjà mangé. »

Ses yeux vont partout. Marmelade regarde tout ça et tout le reste. C’est tellement grand. Il doit y avoir pleins de choses à manger partout. Et puis, sa nouvelle copine semble pouvoir tout payer sans qu’elles se fassent du souci avec tous les humains tout partout. C’est cool. Ça la rassure.

«  Tu es déjà montée tout en haut ? De la grande roue qui tourne là-bas ? Je me demande quelle vue on a de tout là-haut ? Peut-être qu’on doit voir tous les endroits où on peut manger ? »

Ohlala ! Ca sent trop trop bon les croustillons qui sont en train de cuire. Elle aime bien le bruit de la friture. Ses yeux sont hypnotisés de la petite neige blanche qui sort du long cylindre. C’est compliqué mais elle se retient de piquer les croustillons des clients avant elles deux.

Alors, avec la langue qui se lèche les lèvres, elle regarde les autres stands. Et elle fait une chose qu’elle ne devrait pas : changer de tenue magiquement (slimesquement serait probablement un terme plus exact). Son corps se pare d’une sorte de robe évanescente. C’est rose. Ou blanc. Ça dépend comment on le regarde. Mais ce qui est certain, c’est qu’inconsciemment, Marmelade vient de se parer d’une robe barbe-à-papa au centre d’une foule de foire.

« Alors, c’est bientôt cuit nos croustillons, monsieur ? Marmelade a très très faim ! »

Mélona aimait plutôt bien l’ambiance enfantine des foires. Elle aimait beaucoup s’y rendre, mais, surtout, elle aimait bien la nourriture sucrée et huileuse qu’on servait aux foires. Elle avait découvert ça avec Maman Lissandre et Maman Fönn. Les deux l’avaient emmené à la foire, et elles lui avaient fait manger une gaufre au sucre avec de la crème chantilly, avant de lui offrir des croustillons. Maman Fönn avait rigolé en voyant les yeux de Mélona briller de plaisir, comme deux énormes lampes ! Depuis, il lui arrivait de revenir pour s’empiffrer. Il semblait donc normal qu’elle y invite Marmelade ! Les bonnes odeurs l’attirèrent aussi, et elle ne tarda pas à marquer son impatience, tandis que le forain haussait les épaules.

« Il faut attendre que ça cuise, Mademoiselle. »

Les croustillons barbotaient dans un bassin d’huile bouillante. Mélona voyait des sucreries tout autour d’elle, et Marmelade l’en, arracha en désignant la grande roue. Mélona avait été dans la grande roue avec ses Mamans, qui s’étaient embrassées longuement en haut de la grande roue, avant d’y inviter Mélona. Cela les avait amenés à précipitamment mettre fin à la foire, et à se réunir chez Maman Lissandre pour faire l’amour à trois. Mélona hocha donc la tête, évitant de parler de ce gros câlin :

« Oui, je suis déjà grimpée dedans. On aura qu’à y aller avec nos croustillons, c’est très reposant, et ça remue moins que les montagnes russes. »

Finalement, le forain déposa les croustillons dans un banc de sucre, et recouvrit les croustillons de sucre, utilisant une énorme fourchette pour les tremper, avant de les regrouper dans un gros sac. Mélona pensa alors à sortir sa carte fidélité, et l’attrapa à deux mains, la tendant vers le forain, qui n’eut qu’à valider en tamponnant. Mélona attrapa ensuite le sac avev ce sa main, et salua l’homme, commençant à repartir.

« Mais, Madame, votre monnaie… ! »

Mélona se retourna, sur la défensive.

« Hein ? Quoi ?
-  Votre monnaie ! »

Il désigna les pièces de monnaie que Mélona avait laissé sur le comptoir. Elle se dit qu’elle allait vraiment devoir en parler à Maman Lissandre. Un tentacule émergea pour s’en emparer, et le forain écarquilla des yeux en voyant le tentacule. Il avait déjà vu l’autre nana changer de robe, et regarda les deux filles partir, avant que Mélona n’attrape un croustillon encore bouillant, et le rapproche des lèvres de Marmelade, pour qu’elle croque dedans.

« Alors, tu trouves ça comment ? » s’enquit Mélona avec un grand sourire sur les lèvres.

« Waouh ! Mais c’est trop bon les croustillons. »

Marmelade regarde le paquet de sucreries. Puis elle regarde la petite roulotte avec le monsieur qui les prépare.

*Elle aurait dû acheter la roulotte avec toutes les pièces de monnaie. Mais bon, au moins on en a quelques-uns. Puis, quand y’en aura plus, on aura qu’à revenir. Ou à aller là. Ou là-bas ! Ou encore tout là-bas ! *

Un exemple de positive attitude cette petite Marmelade. Difficile de croire qu’elle héberge une sorte de démon quand la faim se fait trop alarmante. Peu importe. Son estomac est repu pour le moment. Elle va manger des kilos de sucrerie dans cette foire. Aucun risque qu’elle cause un scandale.

Donc, la grande roue.

VENEZ ! VENEZ ADMIRER MES MONSTES ! VENEZ VOIR LA MENAGERIE DU BARON KOWAI !

Un homme fin et grand en costard sombre. Un masque noir masquant les traits de son visage sous un chapeau haut-de-forme.

VENEZ RENCONTRER LA FEMME-CANDELABRE. SOUFFLEZ SUR LA FRAGILE FLAMME SUR SA TETE ET ELLE EXPIRERA SON DERNIER SOUPIR.

Marmelade est intriguée par cet homme qui parle fort. Elle voit une grande pancarte peinte qui annonce les monstres du Baron Kowai. Il y a aussi le terme de Mimic qui l’intrigue. Mais voilà que le Baron Kowai parle encore et son attention est retenue contre son gré pour les prochains mots.

VENEZ DECOUVRIR LA FEMME MORTE-VIVANTE AU CORPS DE PUDDING. ELLE VOUS FERA CRAINDRE CE QU’IL Y A APRES CETTE VIE.

Pudding. C’est un dessert, ça, non ? Et puis il y a autre chose qui intrigue Marmelade. Sans même consulter sa nouvelle amie Mélona, elle commence à s’approcher. Elle n’a pas payé sa place et devrait être retenue, repoussée mais… le Baron Kowai a l’œil. Il reconnaît les monstres. Et avec un grand sourire, il la laisse entrer dans l’installation qu’il a louée sur la foire.

Mélona se retrouve momentanément seule. Sans Marmelade.

Mélona avait tant de choses à présenter à Marmelade ! Les croustillons, d’accord, mais il n’y avait pas que ça. Il y avait aussi la barbe à papas, les gaufres, les crêpes au sucre, le chocolat… Oh, tellement de choses ! Les beignets, aussi ! Et les chichis, oh, les chichis ! Mélona avait envie de tout manger ! Elle avançait joyeusement, tenant la main de Marmelade, jusqu’à la libérer pour attraper un croustillon, qu’elle avala goulûment. La foire était plutôt grande, et le regard de Mélona se tourna vers un palais du rire. C’était une grande attraction montée sur plusieurs étages, avec différentes épreuves acrobatiques : passer dans une roue qui tournait lentement, sur un plancher mobile, au milieu de cordes serrées… Beaucoup d’enfants s’amusaient en s’égosillant, leurs parents les suivant ou attendant en contrebas. Les oreilles de lapines de Mélona remuaient joyeusement, et un jeune homme, qui avait sa main serrée à celle de sa Maman, écarquilla les yeux en voyant la femme. Il la pointa alors du doigt :

« Maman, y a une bunny girl en rose !
-  Allons, veux-tu ? Ce n’est pas poli de désigner les gens du doigt !
-  Mais elle a des oreilles qui bougent ! »

Mélona pouffa sur place, et allait se retourner vers Marmelade pour lui demander si elle avait vu le petit garçon… Mais elle ne la vit pas à côté d’elle. Intriguée, Mélona regarda autour d’elle.

« Marmelade ? Marmelade ?! »

Nom d’une petite Slime, elle avait disparu ! Mélona regarda autour d’elle, sans comprendre ce qui avait pu se passer, ni comment Marmelade avait ainsi pu lui échapper ! Elle n’y comprenait rien, la pauvre ! Mélona se déplaça alors, rebroussant chemin, appelant encore le nom de son amie. La repérer dans une telle foire n’était pas simple, et elle se rapprocha ainsi de l’attraction où Marmelade avait été, La Ménagerie du Baron Kowai. Il existait des attractions de ce type à approche horrifique, où des gens se contentaient de marcher dans le noir et dans un décor horrifique, tout en devant croiser des figurants qui cherchaient à vous effrayer… C’était terrifiant ! Une voix pré-enregistrée parlait des curiosités qu’on pouvait trouver là-dedans… Comme une « femme mort-vivante au corps de pudding »… Une description curieuse, qui ressemblait beaucoup à celle de Marmelade ! Intriguée, Mélona se demanda si ce lieu n’avait pas pu attirer Marmelade… Elle était si discrète, parfois !

Mélona se rapprocha donc, et entra à l’intérieur…

Marmelade cherche la femme morte-vivante au corps de pudding. Forcément que c’est son objectif. La description a quelque chose de familier. Plus le côté pudding que morte-vivante. Marmelade voit des gens qui la regardent. Elle les entend se demander, quand ils sont derrière elle, si elle fait partie de la « Ménagerie » et qu’elle est une attraction en mouvement. Mais Marmelade s’en fiche. Ce n’est pas la première fois qu’elle est prise pour un monstre. Et ce ne sera pas la dernière, non plus.

*Et puis, c’est vrai que je suis un monstre. En tout cas, je ne suis définitivement pas une être humaine. *

Elle découvre une pièce avec des murs qui semblent faits en pierre. Ce n’est qu’une tapisserie et ça se voit parce qu’il y a un petit côté qui reflète la lumière. Par contre, ils ont vraiment ajouté une structure en bois qui est collée contre les murs et qui se rejoint sur le plafond. Au fond de la salle, sur une petite estrade en pierre, se trouve un coffre. Un gros coffre avec un design 100% heroic-fantasy. Marmelade, après avoir vérifié que la Pudding ne se trouve pas au-dedans, commence à s’en aller.

Voix : « Ohla ! Arrête-toi. »

Marmelade s’arrête. Elle se retourne. Ses sourcils se froncent. Elle ne comprend. Elle ne voit personne.

« Qui es là ? »

Voix : « Viens. Rapproche-toi de moi. »

« Où ? »

Voix : « Le coffre. »

« Je me fiche des trésors humains. Ça ne m’intéresse pas. Au revoir, monsieur. »

Voix : « Attends ! »

Marmelade soupire. Elle veut vraiment partir. Mais c’est difficile aussi d’ignorer complètement quelqu’un. Sa Maman lui a quand même donné une certaine éducation et un minimum de politesse à respecter. Même quand les gens la traitent de monstre, il n’y a pas de raison qu’elle aussi soit aussi ingrate. Donc elle écoute la voix. Elle commence à se rapprocher du coffre… de la boîte métallique ?

« Il est où le coffre ? »

La voix ne répond plus. Marmelade s’approche de la boîte métallique géante. Les couleurs. Les dessins sur les parois. Tout indique que c’est une énorme boîte de chocolats. Le genre avec des biscuits, avec des nappages différents, avec des ajouts de confettis de couleurs ou encore des morceaux de noisette ou des coulis de fruits. Forcément que Marmelade veut en savoir plus maintenant !

…

Puis elle va CRIER !

En ouvrant la boîte, pleines desdits chocolats, des bouches affamées pleines de crocs de mimique va tenter de croquer une partie de Marmelade. En réalité, sa main a bien été dévoré par le mimique…

Marmelade tombe à la renverse sur ses fesses. Elle est traumatisée par son expérience…

Un doigt pensif sur les lèvres, Mélona s’aventura dans cette attraction. La Ménagerie du Baron Kowai… Il y avait une galerie à suivre pour voir différentes attractions, des poupées derrière des vitres, des effets de lumière. D’autres personnes marchaient tandis qu’une voix mécanique jaillissait à chaque attraction :

« …Courageux et intrépide, le baron Kowai a voyagé dans le monde entier, et même au-delà, pour y ramener les mystères et les créatures les plus improbables de notre monde ! Oserez-vous vous aventurer dans sa ménagerie ? Seuls les plus intrépides en sortiront vivants ! »

Mélona cherchait surtout la trace de Marmelade, dont elle sentait la présence, ainsi que d’autres choses curieuses ici. Elle se déplaça encore, et avala un croustillon, happée par une galerie présentant une grande peinture, une fresque montrant une sorte de profond canyon.

« Vous trouverez ci-joint l’une de mes expéditions les plus risquées. À bord de mon dirigeable, je me posai près d’un canyon profond situé dans les profondeurs du Pérou, afin d’y retrouver les traces d’une antique créature qui aurait attaqué les proches villageois. Cette faille était la résultante d’un important tremblement de terre qui me permit de rencontrer la plus abominable des créatures : le Chullachaqui !
-  La galerie change chaque semaine, je me demande comment il fait…
-  Ouais, la dernière fois, c’était sur la Russie ! »

La jeune Slime se déplaça encore. Des jets de fumée l’accueillirent en plein visage alors qu’elle descendait des marches. Des bruitages évoquaient les profondeurs de la jungle péruvienne, tandis que, à droite et à gauche, des effets de lumière montraient des arbres.

« ..Le Chullachaqui est un monstre de légende, capable de prendre la forme de vos plus proches pour vous tromper. On le reconnaît à son grand chapeau de paille et à ses yeux rouges quand il vous regarde, et sonde votre âme. J’avançais dans la jungle hostile, bravant tous les dangers, sous la pluie, en quête de la tanière du Chullachaqui… »

Simulant la pluie, on entendit des grondements. Mélona sursauta. Elle n’aimait pas les éclairs, les coups de tonnerre lui faisaient peur ! Quand il pleuvait, elle se blottissait toujours dans les bras de Maman Lissandre, pour bénéficier de sa protection. Mélona se déplaça encore, le couloir se mettant à onduler. Le groupe devant elle s’avançait de plus en plus, et elle entendit un tonnerre supplémentaire, qui semblait très proche… Trop proche. Simulant la grotte sombre, le couloir devenait très sombre, le sol étant éclairé par des néons rouges. Mélona s’avançait encore, s’appuyant à la rambarde. Des jets de fumée supplémentaire jaillirent, tandis qu’elle sentait la magie tout autour d’elle. Elle s’arrêta alors devant une vitrine, et crut déglutir en voyant la chose…

C’était elle !

« …Une Slime perverse, résidus des shoggoths, une fine addition à ma collection.
-  N-Non !! »

Mélona se recula, mais, alors qu’elle envisageait de faire demi-tour, son dos heurta un mur. Elle se retourna alors, et constata que le couloir avait disparu, au profit d’un mur. Elle se retourna encore, et vit un décor très froid, constitué d’un long couloir sombre avec des murs en brique.

« Marmelade ? Marmelade ?! »

Mélona s’avança encore, et se déplaça. Elle vit des portes, et en arracha une avec ses tentacules. Marmelade était là, face au mur, semblant voir quelque chose qui n’existait pas.

« MARMELADE ! C’est moi ! Ce que tu vois n’est pas réel ! »

Elle se rapprocha d’elle, tandis que tous les murs tremblaient autour d’elles…

Elle tremble. Elle tremble tant la petite Marmelade que des petites particules s’échappent de son corps pour s’écraser par terre. Elle se désolidarise la slime…

Une VOIX qui crie. C’est une voix qu’elle reconnaît. Mais Marmelade est en état de choc. Elle met beaucoup de temps avant de réaliser que c’est son amie Mélona.

« Pas r-réel ? »

Impossible ! Elle a failli se faire dévorer toute crue !

« L-la boîte de ch-ch-chocolats. Elle a, elle a voulu m-me m-manger !... »

Le mimique qui a pris l’apparence d’une boîte de chocolats ne bouge plus. L’apparition de Mélona le perturbe. En quoi doit-il se transformer pour prendre au piège cette deuxième slime ? Impossible d’être deux choses à la fois. Pourtant, c’est sa façon de combattre. De dévorer. De se nourrir. Et, accessoirement, de contenter le Baron Kowai.

Alors le mimique attend. Immobile. Tellement immobile qu’on pourrait penser qu’il est mort.

« Je, je ne vais pa-pas b-bien du tout… »

Elle continue à perdre en forme, Marmelade. Finie la silhouette de petite fille pleine d’énergie. Il ne reste plus qu’une sorte de boue rouge-rose sucrée. Toutes les choses à l’intérieur de son corps, qui forme habituellement une sorte de squelette abstrait, se regroupe et forme une sorte de noyau dur. A ce rythme, Marmelade ne sera plus que ça. Un noyau dur entouré d’une matière slimesque. La déchéance a déjà atteint le point où un de ses deux yeux a… disparu. Il reste un simple trait horizontal, vestige de l’organe de vision.

« J-je veux sorti-ir. J’ai tell-llement peur, Mélona-a ! »

La peur. Un doux fumé pour le Baron Kowai. Qui plus est quand il secrété par une créature rare. Et donc : collectionnable.

Mais il n’y a pas que le mimique dont il faut se méfier.

Il y a aussi le Chullachaqui dont il faut se méfier…

Et l’attraction dont les lois de la physique semble être bafoué avec le sourire…

Sans compter le mystérieux (et probablement effrayant) Baron Kowai !...

Mélona avait retrouvé Marmelade, qui était en train de se décomposer sur place. Mélona connaissait ça. Quand elle ne mangeait pas assez, ou qu’elle était trop en manque de sexe, son corps se décomposait aussi. Sa Maîtresse parlait de « déstructuration moléculaire », mais c’était un peu trop compliqué à comprendra pour Mélona ! Sa Maîtresse lui avait expliqué qu’elle se décomposait sur place, qu’elle se déconstruisait. Contrairement aux humains, elle n’avait pas de sang en elle, alors son énergie venait d’autre chose. Et c’était visiblement le cas aussi pour Marmelade, qui paniquait totalement.

« MARMELADE ! »

La Slime se rapprocha, et le décor évolua encore autour d’elles. Elle se retourna, et vit des ballons rouges qui flottaient derrière elle. Une silhouette blanchâtre se trouvait derrière, tenant le ballon.

« Mélona ? Tu veux jouer avec moi, Mélona ? »

Mélona fronça les sourcils, tous ses instincts en alerte. Elle se retourna vers Marmelade, et, sans réfléchir… Absorba celle-ci. Elle posa ses mains sur la masse informe de Marmelade, et l’absorba intégralement. Elle sentit la pensée de Marmelade en elle, et dut se concentrer pour maintenir son corps.

*Fais-moi confiance, Marmelade, tu es en moi !*

Devant elles, l’apparition cauchemardesque se rapprochait.

« Tu ne veux pas jouer avec moi, Mélona ? Tout le monde veut jouer avec moi ! Viens jouer avec moi… Viens jouer, et tu flotteras, tu flotteras en bas !
-  LAISSE-NOUS TRANQUILLE ! »

Mélona pressa alors ses seins, et un « lait » très particulier jaillit, puisqu’il s’agissait d’un liquide explosif. L’une de ses armes de défense spécialement conçues par sa Maîtresse pour le cas où elle se ferait capturer et où on tenterait de la violer sans qu’elle ne puisse réagir ! Les deux jets fusèrent, et les ballons éclatèrent, ainsi que la créature derrière, dans une violente explosion. Mélona se retourna, et se mit à courir, sentant la présence de Marmelade en elle. Marmelade et elle partageaient désormais la même masse, ce qui faisait que Marmelade pouvait s’emparer de son corps. Mélona courut dans un couloir, rejoignant l’attraction… Mais il n’y avait plus personne dedans, et l’attraction avait pris une apparence beaucoup plus sinistre, ressemblant désormais à un train fantôme. Du sang ornait les murs.

*Aie confiance en moi, Marmelade, je te protège !*

Mélona se déplaçait rapidement, mais elle n’était pas à l’abri que Marmelade s’empare de son corps…

Elle se sent mieux. Presque en sécurité. La sensation de flotter au chaud. Pas la chaleur, mais l’intensité d’un foyer. D’une maison. Marmelade se trouve dans Mélona.

Alors qu’elle pourrait prendre le contrôle de sa nouvelle amie, la possibilité lui échappe car elle est soudainement en prise avec un autre phénomène : la mémoire cellulaire.

Le résultat ? Marmelade fait la connaissance de celle que Mélona appelle Maman Lissandre. Elle découvre également sa famille. Ou son clan. Le terme précis ne semble pas encore figé. Peu importe. Marmelade fait rapidement la connaissance avec Fönn, Lucinda ou encore Erubetie. Toute une grande famille. Une richesse de liens.

Et donc, Marmelade ne prend pas le contrôle du corps de Mélona. Parce qu’elle éprouve de la tristesse. Elle ressent la pauvreté de sa vie. Le vide immense. Le temps qui a passé sans qu’elle lâche l’ancre sur le flux temporel. Marmelade a traversé le temps pour… rien ?

En tout cas, Marmelade ressent à quel point sa maman à elle est morte depuis longtemps, laissant un vide énorme dans son cœur de corps de slime. Et maintenant qu’elle a expérimenté l’amour de la famille Verrières : elle veut la même chose.

Son « sang » se met à bouillir. Une colère prend possession de chacune de ces cellules. C’est similaire à cette colère qui prend possession d’elle lorsqu’elle est en manque de sucreries. Sauf que c’est différent parce qu’elle parasite le corps d’une autre slime.

Le corps de Mélona grossit. Grossit. Grossit encore. Marmelade, quand elle entre en furie, peut devenir un titan de quatre cinq mètres de hauteur. Actuellement, la taille de Mélona/Marmelade est passée aux environs de deux mètres cinquante, trois mètres. Les tentacules que peut produire Mélona se voit agrémenter de différents donuts. Il y en a un au chocolat noir qui se transforme alors en chaîne de tronçonneuse. Il y en a un autre, vert pailleté de rose, qui « pop ! ». Les paillettes de venant de petites macarons/champignons qui, en explosant, libère des spores sucrées. Mais surtout empoisonnées.

*ON SORT D’ICI ! *

Une pensée GUEULÉE dans l’esprit de Mélona.

*DETRUIS TOUT ! BRISE LES MURS ! *

Elles n’avaient pas de raison de respecter les règles du jeu du Baron Kowai.

*JE PEUX ETRE ENCORE PLUS EN COLERE S’IL LE FAUT ! *

C’est-à-dire qu’elle pouvait rendre Mélona/Marmelade encore plus grande. Doter le slime à deux entités de plus de tentacules armées. Transformer un bras en une sorte de bombe à chantilly. Une sorte de canon à éjection de sucre létale.

Mélona sentait que sa Maîtresse irait encore s’arracher les cheveux quand elle lui dirait ce qu’elle avait fait avec Marmelade ! Qu’un Slime puisse absorber quelqu’un d’autre, c’était entendu, mais qu’un Slime puisse fusionneravec un autre Slime, voilà qui était bien plus rare ! Mélona filait rapidement en courant, sans trop savoir où elle courait. Elle avançait dans un couloir tandis qu’elle sentait la présence de Marmelade en elle, qui accédait à ses souvenirs… Comme celui où Mélona mangeait en compagnie de Mamans Lissandre et Fönn, et que Maman Lissandre lui avait préparé un gros gâteau, et qu’elle la faisait avaler avec une cuillère… Ou des séances plus intimes où elles faisaient l’amour à trois, et où Maman Fönn expérimentait ses pouvoirs magiques pour essayer de se transformer en Slime. Marmelade put aussi voir sa Maîtresse, la Reine Noire, qui l’examinait dans son laboratoire. Elle sentit également le chagrin de Marmelade, mais Mélona ne pouvait pas lui répondre, devant surtout se concentrer pour sortir d’ici.

« Petites Slimes, venez flotter, venez danser avec le Baron Kwoï… »

La Slime avait traversé un couloir qui l’amena devant une roulotte. Elle s’arrêta sur place, voyant devant elle des sortes de bancs taillés dans des rondins. Une assemblée d’enfants fixaient la roulotte qui s’ouvrit sur une scène de théâtre, et où un homme avec un haut de forme et une tenue baroque se tenait là.

« Baron Kwoi !
-  C’est le Baron Kwoi !! »

Une musique foraine jaillit de la roulotte, qui avait un visage gravé sur le devant, un visage souriant avec des yeux qui remuaient.

« Allez, les enfants, chantez, chantez la chanson du Mono ! »

Et ils se mirent tous à chanter à tue-tête, tandis que la roulotte s’avérait finalement n’être qu’un wagon appartenant à un train :


« Ne pose pas de questions bêtes
Je ne jouerai pas a tes jeux bêtes
Je ne suis qu'un brave train tchou tchou
Qui est toujours plein d'entrain
Je veux courir le long des rails
Sous le ciel d'un bleu azur
Et rester un brave train tchou tchou jusqu'a l'heure de ma mort ! »


Et, tandis qu’ils chantaient, l’animateur, le baron Kwoi, se mit à danser sur place, et, tandis qu’il dansait, le décor remua aussi. Lorsqu’il faisait un pas de danse à gauche, Mélona avait le sentiment que la pièce toute entière penchait à gauche, et pareil quand il allait à droite.

« Les enfants, nous avons deux nouvelles passagères récalcitrantes qui ne veulent pas monter dans le train ! Tchou-tchou ! Le Train n’attend pas, et elles vont nous mettre en retard !
-  Tchou-tchou !! TCHOU-TCHOU !! » se mirent à scander les enfants.

Ils se retournèrent alors vers une Mélona blême, leurs visages se déformant pour laisser apparaître des grimaces effrayantes. La fumée du Train jaillit alors, dans un sifflement suraigu. Mélona entendit alors Marmelade, qui lui hurlait de grossir, d’enfler. Mélona se recula, et sentit son corps enfler alors. Son ventre s’arrondit, et tout son corps grossit, comme si elle venait de prendre soixante kilos. Elle sentit alors son corps grossir encore, jusqu’à devenir une sorte d’énorme boule, qui enfla encore. Mélona gémit, et laissa Marmelade agir, tandis que les enfants les attaquaient, leurs mains transformées en griffes. Elle grossissait encore, entendant les enfants répéter les mots « {TCHOU-TCHOU » en ricanant cruellement, et continua à grossir, encore et encore, jusqu’à devenir une sorte d’énorme ballon de baudruche rose…

…Qui éclata brusquement.

« Vous allez bien, Mademoiselle ? »

Mélona ouvrit précipitamment les yeux, et entendit les sons de la foire. Elle regarda autour d’elle, et constata qu’elle était revenue à la foire, et qu’elle était couchée sur le sol. Un homme la regardait, ainsi que d’autres, et il lui indiqua que des agents de sécurité se rapprochaient. Mélona se releva alors, mais vit, à la place de l’attraction du baron Kwoi, de simples boîtes vitrées abritant des peluches, avec des enfants qui essayaient d’attraper les peluches avec les pinces.

« Je… Euh…
-  Vous êtes tombée sur le sol, Mademoiselle. »

Mélona sentait toujours en elle la présence de Marmelade, et elle se mit alors à courir, fuyant les agents de sécurité qui se rapprochaient. Elle se faufila dans une petite allée qui longeait une boutique, et s’arrêta alors, s’adossant contre le mur… Puis se mit alors nerveusement en boule, arrivant à une conclusion simple… Elle était en état de choc, car jamais Mélona n’avait eu aussi peur de sa vie.

La peur… Ce n’était pas quelque chose que Mélona avait ressenti souvent. Sa Maîtresse pouvait parfois être sévère, elle pouvait parfois la punir, mais jamais Mélona n’avait eu peur d’elle. Jamais elle n’avait rencontré une chose comme ça. Cette attraction-fantôme et les démons à l’intérieur… Mélona n’avait encore jamais rencontré une telle chose, et, après une telle rencontre, l’état de sidération semblait bien naturel. Elle était assez paniquée, et n’avait qu’une seule envie : retrouver ses Mamans. Elle voulait se serrer dans les bras de Maman Lissandre, et retrouver cette douceur et cette chaleur qui semblaient totalement absentes de l’endroit où elle s’était retrouvée. Une perspective qui la saisit d’autant plus que, en reprenant forme, Marmelade lui fit observer qu’elle avait pu ressentir ça chez elle… Marmelade était désolée de ce qu’elle avait subi, et en même temps jalouse de la famille de Mélona. Mélona releva alors la tête, et commença à se relever. Des deux mains, elle épousseta sa robe, la nettoya, et constata avec soulagement qu’elle ne s’était pas disloquée. Son corps restait encore très solide, ce qui était sans doute lié aux croustillons qu’elle avait mangés.

Marmelade ne savait plus où se mettre, et Mélona finit par se relever. Adossée contre le mur, elle conserva la tête basse, puis la releva lentement.

« J’ai mis longtemps à avoir une famille…Mélona faisait peur aux humains ordinaires, avant de rencontrer Maman Lissandre. Maman Lissandre a accepté Mélona, et Mélona a une famille, maintenant. »

Mélona se rapprocha alors de Marmelade. Elle s’efforçait de reprendre ses esprits, prenant vaguement conscience qu’elle prenait inconsciemment le rôle d’une grande-sœur vis-à-vis de Marmelade. Elle se rapprocha donc d’elle, et posa sa main sur son épaule.

« Marmelade ne peut pas partir… Je dois veiller sur toi. »

La Slime se lova alors dans le dos de Marmelade, et lui fit un câlin. Elle enlaça ses bras autour de son corps, sans aucune arrière-pensée sexuelle, ce qui, pour Mélona, était en réalité une première. Elle pour qui l’affection était toujours synonyme de plaisir sexuelle,  elle commençait aussi à comprendre que, parfois, on pouvait juste faire un câlin pour se réconforter, pour rassurer l’autre sur le fait qu’on était là, et que l’autre pouvait compter sur vous.

« Mélona est la grande-sœur de Marmelade, maintenant… Je veille sur toi. »

Du jus de fraise sucré coule des yeux de Marmelade.

« C’est- c’est vraiment vrai ? »

Elle aime beaucoup le câlin. Elle se sent… protégée ? Quelque chose comme ça, oui. Elle se sent bien, assurément. Ca un goût de… presque maison. De foyer.

« Si Mélona est maintenant la grande sœur de Marmelade, Marmelade va être obligée de suivre Mélona partout. »

Dans la vie, on apprend d’abord en copiant les ainés avant de trouver sa propre voie. Peut-être que Marmelade devait passer du temps dans la vie de Mélona pour… commencer à vivre. Tout simplement. Car, après le trauma de l’attraction du Baron Kowai et la découverte de la trop géniale Mélona : Marmelade réalise qu’elle a passé son temps à survivre. Et non à vivre.

« Si Mélona est la grande sœur de Marmelade, alors Marmelade veut découvrir ses nouvelles mamans. Je les ai vu quand j’étais toi/en toi. Elles ont l’air fantastiques ! Marmelade veut aussi être choyée comme toi. Marmelade veut avoir un foyer. Elle veut la chaleur de l’amour. »

Bien entendu, à aucun moment Marmelade fait une référence à l’amour du sexe. C’est vraiment l’amour des liens familiales qu’elle recherche.

Marmelade essuie ses larmes sucrées et les lèche. Elles sont bonnes. C’est normal, après tout, ce sont des larmes de joie. Le cauchemar est terminé.

Sa petite main est tendue vers celle de sa nouvelle grande sœur.

« Je suis prête à repartir quand Mélona est prête à y aller. »