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Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 18 nov. 2024 16:55
par Rini Koken
Face à ce refus poli d'enfiler les gants, Rini haussa les épaules et laissa couler. Morgane voulait faire sans ? Très bien. La gymnaste allait faire sans, mais pas son adversaire qui hocha la tête sans se départir de sa posture de combat.
Puis il y eut ce changement dans l'air. Cette ambiance nouvelle, lourde et dense, propre à une confrontation imminente. Définitivement pas le genre de situation où une prétendue amatrice était sur le poing d'affronter une habituée. Un sourire au coin des lèvres, Rini Koken se tenait prête, immobile comme une statue en attendant que...

- On commence ?

Pas de réponse. Pas de garde chez la gymnaste aux bras ballants.

- ...

Le regard de la bagarreuse se fit un peu plus dur.
Il n'y a pas que son attitude qui me met laisse perplexe. Ses yeux aussi ont ce petit quelque chose de perturbant.
Rini attendit encore un instant avant d'annoncer sèchement :

- Je me lance !

Non. La vérité était tout autre et Rini, dans sa hâte, l'apprit à ses dépens. Après avoir rencontré le vide en attaquant, elle se vit totalement perdre le contrôle avant de sentir le sol se dérober sous ses pieds. Durant le processus, les mains de Morgane s'étaient refermées autour de son cou pour, d'une part, modifier sa trajectoire et, d'autre part, la faire chuter. Une projection en deux étapes, dont la deuxième s'était conclue non pas par un rebond malencontreux mais sur une roulade de dernière seconde.
Tout juste de quoi éviter à la combattante aux cheveux bruns une soudaine douleur au bas des reins.
Lorsqu'elle se fut rétablie, le regard de Rini s'était sensiblement arrondi là où ses lèvres étaient pincées.
D'accord. Ceci explique cela.
Coïncidence avec ce qui s'était passé la veille ?
Le Skull Raider qui réfléchissait en arrière-plan savait désormais qu'il n'en était rien.
Demeurant parfaitement silencieuse, Rini s'assit en tailleur à même le sol. La tête basse, le visage caché derrière sa chevelure, elle prenait bonne note des applaudissements dont les spectateurs inondaient Morgane.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, elle n'en concevait ni honte ni jalousie.
Lorsqu'elle releva la tête pour croiser le regard de la femme-araignée, elle le fit avec un sourire indulgent.

- Je ne peux pas accepter des excuses qui n'ont pas lieu d'être, répondit Rini. Je nourrissais déjà quelques doutes te concernant. La faute est mienne pour ne pas y avoir accordé autant de crédit que j'aurais du. (Elle se redressa.) C'est à moi de te remercier pour cette leçon. Grâce à toi, on ne me reprendra plus à tomber dans la toile.

Une expression qui, dans ce cas de figure, prenait tout son sens.
Tout en s'inclinant avec un respect équivalent au sien, elle renouvela son sourire de sorte à le rendre plus amical.
Quand elle m'a saisie dans l'élan, j'ai vraiment eu l'impression d'avoir été assaillie par une grande araignée.
Même sans user de magie, cette femme était forte. Femme ou... jeune femme ? Quel âge pouvait-elle bien avoir ? Le sien ? Sincèrement ?
Peut-être qu'un sortilège d'illusion jouait en faveur de cette soi-disant gymnaste ?
Rini n'avait pas fini de se méfier d'elle mais, d'un autre côté, elle se sentait soulagée de la trouver dans son camp.
En les surveillant du coin de l'œil, elle attendit que les oreilles indiscrètes se furent éloignées d'elles pour lui demander en catimini :

- Tu n'es donc pas venue ici par hasard. (Elle n'enchaîna pas tout de suite.) Comment as-tu su où me trouver ? Tu m'as collé un mouchard ?

Une question posée sur le ton de la plaisanterie.

- Pourquoi ne pas avoir attendu la nuit ?

Ici, elle portait un masque. Pas le même que la SpiderWitch quand elle était en mission, non. Un masque de chair qui lui tenait lieu de visage. Celui d'une lycéenne sportive tout ce qu'il y a de plus basique. Naturellement, Rini, ou plutôt le Skull Raider, craignait la raison dissimulée derrière cette rencontre qu'elle jugeait, malgré le vernis de civilisation qui la recouvrait, précipitée.

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 23 nov. 2024 08:32
par SpiderWitch
C’était étrange toutes ses frappes dans les mains. Morgane avait d’abord cru à une liesse martiale. Une sorte de rythme de tambour pour faire atteindre à leur affrontement un climax. Elle s’était trompée. Ici, on encensait et célébrait les performances. Etrange. Mais pas désagréable. Ca la changeait de son monde où le silence et l’efficacité prévalait. Ici, le respect était plus… « assourdissant ».

Elle écouta donc sans rien dire. Une partie d’elle ne croyait pas que c’était fini. Elle était restée droite et relâchée, prête à saisir à nouveau le corps de la lycéenne pour lui renvoyer toute son énergie vers le tapis. Mais rien. D’attaques, il n’y en avait plus. Morgane le comprit bel et bien. La conversation était de nouveau la tâche principale.

Alors elle se « détendit ». Le genre d’attitude qui passe généralement inaperçu, ou qu’on ressent sans réussir à l’expliquer. Mais quelque chose que la combattante face à elle « verrait ». Et comprendrait.

« Si un mouchard est lié à une mouche, alors non. Si un mouchard est un synonyme pour une espionne, alors oui. »

Voilà que revenait ce « ton ». Cette façon détachée de parler. Si elle ne portait pas son masque, c’était davantage la SpiderWitch que Morgane qui s’exprimait. Elle tendit ensuite le bras vers sa partenaire de danse martiale et une petite araignée au corps recouvert de glyphes vint sur le dos de sa main.

« C’est elle qui m’a permis de te suivre dans ces bâtiments d’éducation. Tu es importante pour ma mission, je ne pouvais pas prendre le risque de te perdre. Même si le Destin aurait tricoté pour que, ni tôt ni tard, mais au bon moment, nous nous retrouvions. »

Normalement, ce n’était pas une chose à faire ni à dire. On n’espionnait pas les gens. On ne leur collait pas une araignée, animal très craint sur cette Terre. Et on ne parlait pas de religion/spiritualité ainsi. C’était la science qui prévalait désormais. Mais Morgane n’était pas d’ici. Elle était d’ailleurs. Et devait se faire à ce nouveau monde et son propre corpus de règles.

« Quant au fait de ne pas avoir attendu la nuit, il y a une raison. Rien n’égale la connaissance du terrain. Je suis l’éclaireuse de mon unité. C’est mon travail de prendre le pouls de la situation. De cartographier de nouveaux lieux. D’évaluer les sujets et de voir au-delà leur « fil ». Donc j’ai attendu. Etre en présentiel pour écouter des heures durant des hommes et des femmes vous parler de sujets divers n’avait pas d’intérêt. Je pouvais le faire à distance. Sans compter que le silence semble être un prérequis sur lequel on ne peut transiger. Mais ces activités collectives étaient une bonne excuse. J’ai donc décidé de vous rejoindre, toi en particulier. Mais je crains que mon âge et mon apparence soient en décalage. »

Morgane était un peu trop vieille pour être une lycéenne. Et même si elle avait eu le même âge, il y avait une dureté en elle, l’expression d’une expérience face à de vraies épreuves, qui la tirait hors du lot. Sans compter son apparence gothique qui ne respectait pas les normes très pointilleuses du peuple japonais.

« Combien de temps tout cela va-t-il durer ? Je n’ai pas vu de cage contenant un monstre au-dehors. Pas plus qu’un territoire dangereux. Une fois cet échauffement accompli, où irons-nous véritablement nous mettre à l’épreuve ? »

D’épreuves, il n’y aurait qu’à subir des conversations insipides avec des lycéennes impressionnées par l’aïkido de Morgane. Ou voulant être les premières à obtenir les bons ragots de qualité. A la limite, il y aurait ensuite l’épreuve des vestiaires. Peut-être celle des douches ? Et puis… rentrer chez soi. Etudier. Se préparer à manger. Dormir. Et recommencer. Un mode de vie que devait apprendre la SpiderWitch. S’y confronter.

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 26 nov. 2024 16:36
par Rini Koken
Cette façon de s'exprimer ressemblait bel et bien à celle de cette sorcière costumée de l'autre nuit. En l'écoutant décortiquer le mot "mouchard", Rini éprouvait toujours cette impression bizarre que son interlocutrice n'appartenait pas à cette planète. Qu'elle provenait d'ailleurs. Sentiment déconcertant qui ne l'était pas autant face à une personne au visage découvert.
Les yeux de la lycéenne louchèrent sur cette "araignée-espion" que Morgane avait attiré sur le dos de sa main tendue. Elle s'en était donc servi pour la garder en vue. Elle, le Skull Raider de nuit, qui s'avérait importante pour sa mission.
Elle m'avait demandé de "surveiller le rose". Et c'est ce que j'ai fait en la voyant. Mais pour le coup, on peut considéré que je suis tombée sur une fausse piste.
Est-ce qu'elle lui en voulait pour avoir été ainsi induite en erreur ?
Non. Pas plus qu'elle ne lui en voulait pour avoir été filée par le biais d'un arachnide. Les insectes, ou toutes les bestioles qui s'en rapprochaient physiquement, ne la dégoutaient pas plus que ça.
Rini, le garçon manqué ? Sur quelques points spécifiques, c'était le cas, oui.
Il n'empêche que cette histoire de Destin et de "fil" me laisse toujours un peu sceptique.
Morgane se présentait comme une l'éclaireuse de son unité. Elle avait donc participé aux cours, d'une certaine matière. A distance. Dans l'ombre de sa petite araignée "glyphique" avant de se rendre ici, dans ce gymnase, pour... quoi faire au juste ?
Me retrouver ? Me tester au grand jour ? Pour se familiariser avec moi ?
Le mot paraissait fort. Et ce n'était pas celui que Morgane, de son faux nom, aurait employé en parlant d'elles.
Rini eut un froncement de sourcils en l'entendant critiquer sa propre apparence au caractère gothique.

- Tu ne passes pas inaperçue, il est vrai. Mais qu'importe ce décalage. Aujourd'hui, tu t'appelles Morgane. Et c'est dans cette peau que Morgane se sent bien. Alors quoi qu'il arrive : ne laisse surtout pas les autres rire de ton apparence.

Un mince sourire vint souligner sa remarque.

- Il y a des fois où il faut se battre pour obtenir le respect que l'on mérite. A plus forte raison dans des lieux aussi civilisés que celui-ci.

Mais cela restait bénin en comparaison des attentes de la SpiderWitch. Cette dernière s'imaginait affronter un monstre contenu dans une cage, explorer un territoire hostile ou accomplir une autre épreuve de cet acabit. Son expérience d'une vie autrement plus dure que celle d'une pauvre petite journée écoulée dans un cadre scolaire ressortait si naturellement...
Dans un sens, c'est indubitablement plus trépignant qu'une petite routine de lycéenne.
Rini ne l'enviait pas pour autant. Elle estimait avoir déjà fort à faire la nuit tombée, avec son casque de combattante de la nuit vissé sur la tête.

- Le cours est supposé durer deux bonnes heures. Il n'y aura pas de monstre à affronter. Pas d'exploration périlleuse. Rien qui puisse te mettre en difficulté.

Elle eut un mouvement de tête en direction de leurs camarades. Des sportives en herbe qui échangeaient à voix basse en les regardant avec des yeux pétillant d'admiration.

- Avec tes fans, cet "échauffement" risque néanmoins de te fatiguer plus que tu ne le penses. M'est avis que dès l'instant où je me serai éloignée de toi, elles en profiteront pour accourir et épancher leur curiosité sur ton dos. Le genre de combat que l'on ne remporte pas avec les poings, et dont le bon déroulement dépendra autant de ton endurance que de ta capacité à t'adapter.

Avec un nouveau petit sourire aux lèvres, Rini lui déposa une main empathique sur l'épaule.

- Considère cela comme la rançon du succès ! J'espère que tu m'en diras des nouvelles ?

Deux heures de survie. Deux heures à enchaîner les exercices en croulant sous des questions potentiellement indiscrètes. Parce qu'avec son style décalé, l'impressionnante Morgane n'allait pas y réchapper ! Allait-elle parvenir à supporter son entourage ? Rini était curieuse de découvrir les limites de son flegme... certaines de ses camarades, particulièrement énergiques, n'étaient pas toujours faciles à vivre.

- En cas de pépin, je ne serai pas loin.

Rini n'avait pas pour objectif de monopoliser son attention.
C'était à son tour de l'observer pour mieux l'appréhender.

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 06 déc. 2024 15:31
par SpiderWitch
Morgane n’avait pas compris tout de suite la teneur de l’épreuve auquel elle serait confrontée. Dans cette salle d’entraînement, seule Rini semblait avoir le potentiel de la mettre en difficulté. Toutes les autres n’étaient que de jeunes femmes qui faisaient semblant, rigolaient et discutaient. Aucune n’avait de mission capitale ou des raisons de se battre pour continuer à vivre un jour de plus. Mais Morgane ne dit rien et donna un seul mouvement de tête d’assentiment à Rini. La main de cette dernière quitta son épaule. Puis ce fut tout le corps de la combattante qui s’en alla ailleurs. Elle était maintenant seule. Elle se demanda comment elle devait procéder et…

… cela ne dura pas !

Lycéenne aux mains bandées : « C’était trop stylé ! J’ai eu l’impression que j’étais dans un film. J’aurai jamais cru qu’un corps puisse voler comme ça en vrai. Dans la réalité, je veux dire ! »

La lycéenne essayait de reproduire les mouvements que Morgane avait fait sur Rini. Comme si le mimétisme lui permettrait de comprendre et reproduire.

Lycéenne aux chaussettes hautes : « Et quelle élégance ! C’est la première fois que je me dis que je pourrais m’inscrire dans un club d’arts martiaux. Je veux dire, c’était beau, c’était… comment dire ? Presque comme si c’était inoffensif. Comme des mouvements d’une chorégraphie aussi ! »

Après une première intervention d’une membre du club d’arts martiaux, c’était une autre du club de gymnastique. Grâce à Morgane, les deux clubs se rencontraient. Ce n’était pas ainsi que Cruella avait imaginé la fusion des genres. Elle se fichait éperdument que ses camarades tissent des liens entre elles. Tout ce qui l’intéressait était de procéder à son vrai premier rituel démoniaque ! Mais Morgane avait ruiné ses plans. Et les gens se rapprochaient d’elles. Des compliments. Des éloges d’abord. Puis des questions. Comment avait-elle fait ? De quel club elle venait ? Elle était une étudiante étrangère ? Et ce look gothique, elle n’avait pas peur du règlement ? Et les questions défilaient. Encore et encore. Encore et toujours plus !

Lycéenne aux mains bandées : « Tu es dans quelle classe ? J’aimerai bien te revoir plus tard, c’est pour ça. »

Lycéenne aux chaussettes hautes : « Mais non, elle doit être plus vieille que nous. Peut-être que c’est une prof remplaçante ? Tu en es une ? »

Un sortilège d’hypnose avait ses limites. Morgane avait sous-estimé la culture de cette planète. S’introduire dans le club de gymnastique avait été facile. Mais les conséquences et les ramifications se complexifiaient au fur et à mesure que la limite des deux heures se rapprochait. Elle se tourna pour chercher dans la foule qui, mi s’entraînait mi venait discuter, la présence de Rini. Puis la SpiderWitch en « civil » décida qu’elle avait été assez entraîné. Elle n’allait pas perdre patience. Ni son sang-froid. Peu loquace. Très discrète. Certaines avaient déjà été voir ailleurs. Au bout des deux heures, seules deux lycéennes n’avaient vraiment pas réussi à se lasser de Morgane. A savoir celle aux mains bandées et celle aux chaussettes hautes. La première répétait encore et encore des exercices que lui avait montré Morgane. Des étapes nécessaires pour un jour maîtriser son style martial. Quant à la potentielle future danseuse professionnelle, elle aussi répétait des mouvements. Ses pieds glissant sur le sol. Ses bras ondulant dans l’air et lui donnant une aura de moine bouddhiste zen.

Fin des deux heures.

Il y eut des salutations. Des sourires. Sauf de Cruella qui lui lançait de temps à autre des regards noirs… On remercia Morgane de ses conseils, de sa démonstration et de tout un tas d’autres choses. Les deux lycéennes, les « super » membres de son nouveau fanclub s’inclinèrent bas et lui souhaitèrent « à demain ».

Elle se retrouva seule.

*A demain ? Je n’avais pas escompté revenir jouer mon rôle la prochaine journée. Est-ce que je le dois ? Est-ce que je dois devenir une lycéenne à temps complet pour compléter avec succès la mission qu’on m’a confié ? Je… je ne sais pas. *

D’un coup d’un seul, Morgane marcha d’un pas décidé vers Rini. Son expression du visage restait plutôt fermée. On était loin de la lycéenne exubérante, scintillante ou souriante. Toutefois, Rini ne craignit aucune attaque dans cette démarche décidée.

« Rini. J’aurai besoin de conseils d’une personne vivante de ce monde. Cette expérience extrascolaire me pousse à me demander si je ne devrai pas plus embrasser votre mode de vie. Ce qui signifierait retourner demain dans vos bâtiments où vous restez des heures assises à écouter des adultes. Une perspective qui ne m’enchante pas. Mais je suis prête à tous les sacrifices. Qu’en est-il du temps entre la fin de cette activité extrascolaire et de la prochaine mission d’apprentissage scolaire ? Qu’est-ce qu’il faut faire ? Quelle est la structure qui accueille les dormeuses ? »

La SpiderWitch n’était pas familière de ce qui était la normale de ce monde : à savoir vivre en cellule familiale. Vivre avec ses procréateurs biologiques. La SpiderWitch, sitôt née, avait été retiré à la mère porteuse. Il n’y avait pas d’attachement. Et c’était normal sur la Terre-2024. La mission, la foi et les Araignées Supérieures prédominaient. Alors apprendre que Rini allait rentrer chez elle, interagir avec ses parents et tant d’autres choses seraient des expériences nouvelles.

« Toi qui n’a pas la capacité de t’élever, je me mets à ton service. En dédommagement de la gêne que je vais occasionner. Mais aussi des ressources qui n’était pas prévu à la base pour assurer la survie de ma personne. Je mets également mes pouvoirs à ton service s’il faut aller chasser des créatures pour remplir le garde-manger de la structure où tu te rendras pour prendre du repos. En somme, je te demande de devenir ma guide sur ce monde. Et je te fais la promesse de te rendre au double, si cela sera possible, tout ce que tu me cèderas. »

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 08 déc. 2024 15:16
par Rini Koken
C'était un peu vache de la part de Rini, mais que voulez-vous ? La SpiderWitch avait mérité de subir cette épreuve. Ne lui avait-elle pas caché la vérité en se présentant sous les traits percés de Morgane ? N'avait-elle pas joué les néophytes avant de lui "mettre la pâtée" ?
La lycéenne ne lui en voulait pas spécialement, non. Il n'empêche que la situation de cette fille alien (?) l'amusait.
Elle s'en sortira très bien, de toute façon.
En même temps qu'elle s'entraînait avec d'autres, Rini Koken se fit fort de garder un œil sur celle qui avait eu l'audace de la retrouver en milieu scolaire, en plus de l'avoir démasquée en l'espace d'une seule et pauvre journée. Une sorcière doublée d'une guerrière pleine de ressources, donc ! Un personnage intéressant dont elle ne pourrait pas se séparer si facilement...
A quoi bon m'en tenir éloignée ? Pour le moment, je ne perçois aucun vice chez elle. Même si je la sais investie par un grand sens du devoir qui tient limite de l'illumination, je doute qu'elle s'en prenne à moi en s'attaquant à ma réputation auprès des autres.
En l'observant par intermittence, Rini remarqua autre chose. Les regards indiscrets de cette autre gymnaste aux cheveux noirs et blancs qui ciblaient précisément - pour ne pas dire "criblés" ? - Morgane. De la jalousie envers la coqueluche de jour ? Etait-ce vraiment étonnant ?
Il n'est pas possible de contenter tout le monde, certes, mais...
Je ne sais pas trop. J'ai le sentiment que son expression dissimule quelque chose de plus profond que ça, de plus.... élaboré ? C'est... étrange. Mais je ne saurais me le justifier. Alors laissons ça de côté. Ce ne sont que des regards qu'elle lui lance, et non pas des éclairs. Morgane ne va pas se faire foudroyer devant tout le monde.
Les deux heures s'écoulèrent sans qu'il n'y eut aucun incident. Rini salua ses multiples partenaires d'entrainement, les remerciant au passage pour leurs efforts, avant de se tourner et d'à nouveau tomber sur Morgane qui avait bel et bien survécu à ses deux nouvelles groupies.

- J'ai pu constater que tu es parvenue à te faire deux nouvelles amies. C'est très bien.

Elle la félicitait comme si Morgane avait réussi à passer un test. Et c'était peut-être bel et bien le cas, d'ailleurs !
Quoiqu'il en fût, Rini lui accordait sa pleine attention. Et elle eut besoin d'une bonne partie de sa concentration parce que les questions qu'elle lui posa en cet instant étaient pour le moins nombreuses.
Pour résumé...

- Une petite minute... tu envisages très sérieusement de t'inscrire dans cette école ?

Tout un tas de petits problèmes gravitaient autour d'un tel projet. Le premier ? L'endroit où la SpiderWitch écoulerait ses nuits. Rini Koken soupçonnait qu'elle n'avait aucun toit en tête sous lequel se ranger. Morgane, de son nom choisi, nourrissait pourtant l'idée de se plier à la norme étudiante - un sacrifice, qu'elle disait.
Mais jusqu'où était-elle prête à aller pour remplir sa mission dont l'objectif restait vague ?
Rini haussa un sourcil perturbé en écoutant sa proposition.
Qu'est-ce qu'elle entend précisément par "toi qui n'a pas la capacité à t'élever" ? Dois-je seulement lui poser la question ? Plus important encore : qu'est-ce qui m'oblige à lui rendre ce service ? Pourquoi devrais-je l'aider à se fondre dans la masse au point de partager mon quotidien ? Parce que je suis "importante pour sa mission" ? Mais et moi, alors ? En quoi l'accomplissement de sa mission serait-elle importante à mes yeux ?
La lycéenne leva une main pour se masser le front.

- Désolée de te dire ça mais je trouve que tu vas un peu trop vite en besogne.

Par quoi commencer ?
De la bouche de sa "camarade", Rini avait entendu tellement de choses improbables qu'elle peinait à former, dans son esprit, un schéma de réponse convaincant.
"Aller chasser des créatures pour remplir le garde-manger de la structure" ? J'ai l'impression qu'elle est en train de parler d'une ruche. Est-ce ainsi que les siens fonctionnent ? qu'ils survivent ?
Si Morgane n'était pas humaine ou terrienne, d'où venait-elle donc ? d'une lointaine planète ? La SpiderWitch se déplaçait par portails ou bien par vaisseaux ?
Bon sang ! Rini commençait à voir sa vie se transformer en film de science-fiction.

- Bon ! Admettons que je parvienne à convaincre mon paternel de t'héberger pendant une durée indéterminée...

Ce qui ne serait pas très compliqué. Elle prétexterait que Morgane est une étudiante étrangère en quête d'un hébergement provisoire, non sans préciser que les dortoirs de l'école n'étaient plus en mesure d'accueillir qui que ce soit. Son père accepterait en échange d'un peu d'aide - pas forcément financière - de temps en temps, et l'affaire serait très vite entendue.
En revanche...

- Comme tu as sans doute pu le remarquer en présence des autres, il ne suffit pas de te glisser dans les rangs pour faire officiellement partie d'un groupe. Tu peux le prétendre pendant un temps, mais j'ai bien peur que tôt ou tard la vérité finisse par éclater au grand jour. Bref ! Tout ça pour dire que je n'ai aucun pouvoir sur l'administration de l'école et que, sans la validation de cette dernière, tu ne pourras tout simplement pas "embrasser mon mode de vie".

Premier véritable problème, donc.
Et ensuite ?

- Tu as parlé de me rendre au double ce que je pourrais être amenée à te céder. Une intention louable qui dénote un certain sens de l'honneur. De ce côté-là, je suis prête à te croire sur parole.

Comment aurais-tu pu oublier la disparition du corps décapité ?
La SpiderWitch lui avait ôté une belle épine du pied. La sorcière qu'elle était avait les moyens de la soutenir, elle ou sa famille, grâce à ses curieuses capacités.
Cela dit...

- Cette mission que tu dois remplir me préoccupe. Que se passerait-il si jamais tu venais à échouer ? Et par là, j'entends - excuse-moi de mon montrer si égoïste - : quelles seraient les conséquences pour mon entourage et moi ?

Oui. Rini avait beau se comporter en justicière la nuit tombée, elle partait aussi d'une principe où, de jour, en tant que pseudo humaine, il ne lui était pas indispensable de bouger le petit doigt pour venir en aide à une presque inconnue dans ses mystiques péripéties.

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 17 déc. 2024 23:03
par SpiderWitch
Décidément, Morgane n’avait pas les codes pour sociabiliser avec les êtres humains de ce monde. A cette façon qu’avait son interlocutrice de se masser le front, elle réalisait à quel point elle était une charge. Pour autant, ce n’était pas une raison pour baisser les bras. Morgane resta donc silencieuse et écouta attentivement toutes les informations qu’elle recevait.

« Je ne vais pas échouer. »

Et ce n’était pas une façon de parler. L’intonation. Le sérieux des muscles du visage de la SpiderWitch. Tout orientait dans une totale assurance de son affirmation. Elle ne concevait pas l’échec.

« Mais je crois comprendre ce que tu veux que je te dise. Dans le cas où je meurs en mission, c’est cela ta crainte ? Car ma mort, si elle est corrélée à ma mission, n’est pas l’élément indispensable à sa réussite. »

Du fanatisme pur et dur. Sur ce monde, elle ferait inévitablement partie d’une secte. Morgane serait donc une folle à lier. Le genre d’être qu’il ne faut surtout pas écouter si on ne veut pas finir avec un cerveau lavé, une grande quantité de substances illicites dans le corps. Ou, en parlant de choses dans le corps, évoquons « joyeusement » sans « pousser plus loin » l’existence de jouets sexuels. Pour ne pas évoquer le viol… Ainsi, c’est écrit. Il n’y a plus d’ambiguité.

« Je ne suis pas une Araignée Supérieure. Tout comme je ne suis pas en possession de pouvoir de devineresse. Je ne peux donc pas affirmer ou infirmer que ta vie et celle de tes proches continueront à être tissé sur le Grand Canevas encore longtemps. Je ne fais également pas partie de cette caste d’intellectuelles capables d’analyser, de comprendre et prédire les actions/réactions. Ainsi, perdre ma vie et le fait que nos fils se soient entrecroisés, tout cela m’est impossible à prendre en compte pour te dresser une chronologie de conséquences. »

Les yeux de Morgane se déplacèrent. Ils n’observèrent pas les environs (bien que si, mécaniquement, par la force d’une formation d’éclaireuse et de l’habitude) mais balayaient pour revenir dans le passé. Pour se souvenir et revenir sur tout ce que Rini lui avait fait part.

« Tu parles parfois avec ce qui ressemble à un objectif ou une question en commencement. Et puis plus rien à l’achèvement. Ainsi, je ne connais pas ta position concernant le fait que je te rends au double. Le fait que je m’intègre dans ta structure d’apprentissage. Ou encore le fait que je puisse reposer mon corps et mon esprit chez ton paternel. Point que je ne comprends pas. Pourquoi vivre avec celui qui a fourni la moitié de ton patrimoine à celle qui a sacrifié son corps pour nourrir une vie à venir ? A moins que ta destinée soit reliée à la caste de ton paternel ? D’où votre cohabitation ? Combien d’autres personnes vivent sous ce toits ? Quelle est la teneur exacte de l’enseignement de ton paternel ? Il se pourrait, maintenant que tu l’évoques, que les Araignées Supérieures m’aient dirigé vers cette personne pour parfaire mon rôle au sein de mon Unité. »

En somme, la conversation voyait ses mots se multiplier. Mais pouvait-on affirmer qu’elle progressait ? Ce qui était certain, c’était que les deux filles se trouvaient toujours au même endroit, encore au sein du lycée. Et discuter de tels sujets face à une femme qui portait un body rose pastel ?...

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 21 déc. 2024 14:01
par Rini Koken
"Détermination" ; si Rini Koken retirait un mot de cet entretien avec la SpiderWitch, c'était bien celui-ci. La jeune gothique (Minute ! Quel âge pouvait-elle bien avoir, au juste ? Difficile de l'appréhender avec précision) était sûre d'elle. "Incapable" d'échouer et persuadée que le chemin qu'elle suivait était le bon.
Tandis que le mien, en plus d'être plongé dans la nuit la plus noire, est saturé de brume.
Plus Morgane s'exprimait, plus la lycéenne en apprenait sur son univers mystique. Sa ruche, en quelque sorte. Un environnement bien ficelé, avec sa hiérarchie - Araignée Supérieure ? - et ses membres dotés de pouvoirs spéciaux - devineresse ?
J'ai définitivement à faire à une alien.
Et non pas à une aliénée. Pas plus tard que la nuit dernière, le Skull Raider avait vu sa magie à l'œuvre, après tout ! Elle ne pouvait pas la qualifier de folle à lier sans renier ses propres capacités spéciales. Car s'il n'était pas donné à tout le monde de croire à la magie ou de l'utiliser, matérialiser et manipuler son aura de combat relevait tout autant du domaine de l'impossible aux yeux du quidam.
Bref ! La discussion se poursuivait, et Rini Koken dut se rendre à l'évidence : il pleuvait des questions mais les réponses satisfaisantes, elles, avaient tendance à se faire plus rares.

- Tu es insatiable, Morgane. Ta mission te tient à cœur, c'est le moins qu'on puisse dire ! Mais l'endroit est mal choisi. Allons discuter de tout ça ailleurs, tu veux bien ?

Elle l'emmena dans les vestiaires où leurs camardes avaient déjà presque fini de se changer. Certaines semblaient pressées de rentrer chez eux. C'était normal : le temps file à une de ses vitesses quand on s'amuse ! Mais Rini, elle, ne ressentait pas le besoin de se hâter. En silence, elle s'installa sur un banc et attendit que tout le monde eut débarrassé le plancher.
Tout le monde sauf sa nouvelle... amie ?
Pouvaient-elles se considérer de la sorte ?
Si elles étaient bel et bien amenées à cohabiter et à partager une bonne part de leur quotidien, il valait mieux, non ?

- Morgane, reprit-elle après une pause bienfaitrice. Entends-moi bien : je n'attends pas d'être récompensée pour le moindre des services que je puisse te rendre. Je ne te demanderai donc pas le double de ce que je pourrais bien être amenée à te donner. Je crois que ça... m'embarrasserait plus qu'autre chose. (Alors qu'elle se frottait l'arrière du crâne d'une main distraite, son regard se promena quelques secondes sur les casiers avant de revenir à la SpiderWitch.) Par contre, si en échange tu souhaites vraiment te rendre utile, j'en toucherai deux mots à mon père. Ce ne sera sans doute pas très amusant pour toi mais je t'apprendrais quelques trucs de mécanicien susceptibles d'alléger sa charge de travail sur le long terme.

Rini elle-même était passée par là. Pas parce qu'on l'avait obligée, non ; elle était bonne bricoleuse par nature, et ne répugnait pas à mettre les mains dans le cambouis. Sous la coupe de son paternel, la lycéenne avait beaucoup appris. Elle espérait qu'il en soit de même pour Morgane, même si cette dernière n'appartenait pas à proprement parler à ce monde et que sa technologie lui était totalement étrangère.

- Il faut également que tu saches qu'ici les adultes travaillent pour vivre. Les moins aisés doivent payer un loyer. Sinon, ils sont contraints et forcés de quitter leur "nid". Une règle à laquelle les gens normaux ne réchappent pas. (Elle se plaqua un poing sur le cœur.) En tant que lycéenne, je n'ai pas les moyens d'avoir mon propre chez moi. Et, de toute manière, je ne ressens ni le besoin ni l'envie de quitter le cocon familial de sitôt. (Elle eut un sourire nostalgique.) Ma mère jongle entre deux continents séparés par un grand océan. Elle est très sollicitée et voyage en conséquence. Nous ne nous voyons pas si souvent que ça. Mais je ne me fais pas de mouron pour elle ! C'est une dure à cuire. Un peu comme moi. (Clin d'œil complice ?) Tout ça pour dire que je vis seule avec mon père et qu'il pourrait bien y avoir de la place pour une... Araignée désireuse de se fondre dans la masse ?

Un moment d'hésitation. Une contraction du front sous-entendant l'interrogation.
Il n'y avait plus personne dans les vestiaires : Rini pouvait donc se lâcher, non ?

- Tu as dit être une éclaireuse au sein d'une unité, tout à l'heure. Qu'est-ce que ça signifie, au juste ? Que tu figures au bas de l'échelle ? Attention : je ne cherche pas à t'offenser ! Je me demande simplement ce qui te différencie des Araignées Supérieures. A t'entendre, celles-là m'ont l'air de savoir beaucoup de choses à l'avance. D'où ma prochaine question : n'as-tu pas peur qu'elles finissent un jour par abuser de tes services ? Les connaissances fournissent un certain pouvoir à ses détenteurs...

Et une inquiétante longueur d'avance auprès des lacunaires.
Rini Koken, qui ne connaissait pas Morgane si bien que ça, craignait que sa foi provoque sa cécité.
Comment pourrait-elle l'inviter à crécher chez les siens sans être sûre qu'elle ne représentait pas un danger inconscient ?

- Depuis combien de temps travailles-tu pour elles ?

De quoi l'aiguiller un peu sur son âge. Ce serait déjà ça de pris.

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 26 déc. 2024 18:45
par SpiderWitch
Morgane écoutait studieusement Rini. Si la lycéenne cherchait à se réconforter auprès d’une alien qui lui ressemblait tant, le contraire était également vrai. Excepté que Morgane ne se sentait pas en position de faiblesse. Pas sur un point combatif. Mais elle était faible sur l’aspect de se fondre dans la masse et pouvoir évoluer auprès de cette race si « spécial ».

« Je travaille pour les Araignées Supérieures depuis que je suis née. Comme les deux membres de mon Unité Moires. Et comme tout le monde là d’où je viens. C’est… comment te dire ça ? C’est la norme. »

Tentative infructueuse pour Rini d’en apprendre davantage sur l’âge de son interlocutrice. Fêter chaque année l’anniversaire de sa naissance n’était pas une coutume répandue sur tous les mondes. Mais ce serait un sujet pour plus tard. Ou pour jamais.

L’observation de la SpiderWitch s’était également portée sur l’environnement et celles qui étaient parties. Un lieu de changement pour les vêtements. Des réserves à ne pas s’afficher nue. Et surtout, une tradition à laquelle Rini n’obéissait pas. Pourquoi ? Etait-ce à cause de la présence de Morgane ? Ne sachant pas, elle resta dans son body rose.

« Je n’ai pas été offensé par ta recherche de connaissances. En apprendre toujours davantage est quelque chose de noble. A mes yeux, et pour la fonction à laquelle je dois répondre dans mon Unité, c’est même vital. Tu souhaites donc connaître ce qu’est mon Unité. Là où elle se situe dans la hiérarchie. Et également si les Araignées Supérieures sont fiables. Entendu.

Concernant mon Unité. Elle s’appelle Moires. Ce n’est pas la seule. Il y en a de nombreuses autres. Toujours par trois. Toujours respectant les mêmes rôles. Eclaireuse, combattante et guérisseuse. Nous sommes mises ensemble dès toutes petites. Nous grandissons ensemble. Nous nous lions ensemble. Chacune ayant ses forces et ses faiblesses. Rien n’est honteux. Car tout le monde est différent. Je suis l’éclaireuse de mon Unité. Lorsque je suis en mission et sous masque, je suis Clotho. Ou la Fileuse. Celle qui tisse le fil de la vie.

Béatrice est la Répartitrice. Aussi nommée Lachésis. Elle est celle qui déroule le fil. C’est la guérisseuse de notre Unité.

Et il y a Wynona. L’Inflexible. Atropos en mission. Celle qui coupe le fil. C’est notre guerrière.

Ensuite. Concernant la hiérarchie. Moi et mes deux sœurs nous situons en bas de la pyramide des pouvoirs. Nous ne sommes pas les tisseuses des futurs et des destinées. Notre rôle est d’être là où la Grande Tapisserie a besoin de nous. Nous n’avons pas besoin de comprendre pourquoi notre personne, ce temps précis, cette localité précise. Ce qui importe est d’être là en temps et en heure. Et de faire ce qui est attendu de nous. Qui plus est, il me semble que c’est une information importante pour ta personne, l’être humain n’est pas la race dominante là d’où je viens. Ce sont les araignées.

Enfin, tu voulais en savoir davantage sur les Araignées Supérieures. Mon court passage sur ce monde m’a permis de comprendre que, pour toi, les Araignées Supérieures seraient appelées Déesses. Je ne comprends pas pourquoi vos Dieux ont apparence humaine et interagissent si peu dans vos vies. Mais par soucis de simplification et ne pas nous lancer dans des longues conversations de dizaines d’heures, c’est une explication concise qui fonctionne très bien. »


Morgane avait parlé presque d’une seule traite. Mais il n’y avait pas eu d’empressement. Il n’y avait pas eu de cri et d’intonation insupportable. Si ce n’était cette façon militaire de s’exprimer. D’être absolument certaine de ce qu’elle disait. Elle y croyait sans l’ombre d’un doute. Et avec cette capacité de ne pas faire durer les pauses après chaque phrase ou respiration pour se faire prendre la parole.

Actuellement, il était possible pour Rini de poser de nouvelles questions. Morgane observa une nouvelle fois son environnement. Elle aussi voulait apprendre. Alors elle posa quelques questions.

« Pourquoi les femmes qui étaient là cachaient leur corps aux autres femmes ?

Pourquoi portaient-elles des vêtements pour faire tenir leurs seins ? Ont-elles peur que la force de la terre les fassent tomber ?

Et pourquoi attendons-nous ? Egalement, que suis-je censé porter ? »

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 29 déc. 2024 20:31
par Rini Koken
L'avantage, c'est que chez elle le chômage n'existe pas.
Morgane travaillait donc pour les Araignées Supérieures depuis le jour de sa naissance. Et, toujours selon la norme de son monde, elle bossait en trio. Au sein d'une unité appelée "Moires". Elle avait pour rôle celui d'éclaireuse. Comme le Skull Raider lors de ses opérations, la SpiderWitch endossait une autre identité. Dans ces moments là, elle se faisait appeler la Fileuse ou Clotho, soit celle qui tisse le fil de vie.
Une organisation qui m'a tout l'air bien ficelée. Ces Araignées ne plaisantent pas. D'ailleurs, je crois comprendre que l'humour n'existe pas chez ces curieuses entités.
Mais pour utiliser sa langue avec autant d'aisance, elles étaient forcément très intelligentes.
Rini se fit fort de retenir les noms des deux proches collègues de son interlocutrice.
Béatrice, la Réparatrice. Soit Lachésis, la guérisseuse du groupe, qui déroule le fil. Et enfin Wyvona la guerrière, dite l'Inflexible, aussi nommée Atropos qui coupe le fil. Je me demande à quoi elles peuvent bien ressembler, toutes les deux ?
Elle avait vu juste : ce trio ne faisait pas partie de l'élite ; elles se situaient tout en bas de la hiérarchie. Un détail pour cette Unité qui, de toute façon, n'existait que pour remplir les missions qui leur étaient confiées.
On ne se pose pas de question, hein ? Ce qui signifie que leur morale n'est peut-être pas aussi pointilleuse que la nôtre, à nous autres, humains.
Dans son cas : méta humaine. Mais cela ne changeait pas grand-chose.
Un monde gouverné par les araignées, donc. Il doit y avoir des toiles partout, non ?
Si ça se trouve, les araignées de son univers se déplaçaient sur des fils pour passer d'un bâtiment à l'autre ? Ou bien utilisaient-elles toutes la magie, à l'instar de Morgane ? Un lieu aérien, avec ses habitations exotiques et ses portails entourés de symboles cabalistiques...
A trop réfléchir à la configuration des lieux, m'est avis que je risque de me choper une belle migraine.
Elle n'en fit rien, préférant plutôt écouter Morgane traiter du sujet des Araignées Supérieures qui, dans un langage humain, faisaient carrément figure de divinités auprès du peuple araignée. La surprise peignit les traits de la lycéenne. Pour elle qui n'était pas croyante, les Dieux ne relevaient que du mythe. Et pourtant, selon l'expérience de la SpiderWitch, c'est le doute quant à leur existence qui n'avait pas lieu d'être.
Le plus fou dans tout ça, c'est que depuis le début de la conversation l'expression de Morgane n'a pas changé d'un iota. J'ai peine à croire qu'elle m'ait menti sur quoi que ce soit. J'ai même l'impression qu'elle n'en est pas capable - au moins dans ce cas de figure.
Bon sang, mais quelle journée ! Plus instructive que n'importe lequel de ses cours depuis le début de l'année.
Morgane et Rini avaient beaucoup à apprendre l'une de l'autre. La première ne se fit pas attendre pour le lui rappeler avec une nouvelle poignée de questions. Avant de reprendre la parole, la lycéenne hocha la tête ; elle acceptait cet échange de bons procédés.

- On appelle ça la pudeur. Rares sont celles qui en manquent au point de se promener toutes nues dans les couloirs. En fait, les règles nous l'interdisent. En journée, par exemple, le port de l'uniforme scolaire est obligatoire.

Cette fois-ci, ce fut la curiosité qui prit le pas sur son étonnement :

- Vous n'avez d'hommes parmi vos araignées ?

Morgane s'interrogeait aussi sur l'utilisé des sous-vêtements. L'image qu'elle lui offrait par rapport aux seins rappelés par la loi de la gravité la fit doucement sourire.

- Non, cela n'a rien avoir avec la peur de les retrouver par terre ! Vois-tu : la poitrine et l'entrejambe sont des partis du corps qui relèvent de l'intimité ; on ne les expose pas aux yeux de n'importe qui. C'est un peu comme un... jardin secret ? On dissimule donc le tout avec des sous-vêtements discrets - le soutien-gorge pour le haut, et la culotte pour le bas.

Avant de faire cette rencontre plus qu'improbable, Rini Koken n'aurait jamais cru devoir expliquer ce genre de détails à une femme - de son âge ? la question restait d'actualité.
Comme quoi la vie nous réserve bien des surprises !
La lycéenne se leva tranquillement.

- Nous attendions parce que je souhaitais en apprendre plus sur toi à l'abri des oreilles des autres. Maintenant, nous allons pouvoir nous changer en paix.

Et donc ? Que devait porter Morgane ?
Elle n'allait tout de même pas se balader dehors avec sa tenue de sport flashy !
Rini eut un sourire conciliant.

- Ne t'en fais pas : je dispose de quelques vêtements de rechange.

A vrai dire, la jeune femme possédait deux ensembles. Le second au cas où un malheur frappait le premier. Lors d'une bagarre inopinée, cela pouvait toujours arriver ; ou, plus couramment encore, avec un jour de fortes pluies. Elle se dirigea donc vers son casier pour récupérer de quoi les couvrir toutes les deux.

- Je préfère te prévenir tout de suite : contrairement à certaines filles de mon âge complètement accro à la mode, je n'ai rien d'une esthète.

C'est ainsi qu'elle lui proposa de choisir entre ceci :

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Et cela :

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Modérément embarrassée, Rini, le regard un peu fuyant, ajouta en se tordant les lèvres de côté :

- En ce qui concerne les sous-vêtements, il serait préférable que l'on aille t'en acheter. Disons que c'est... très personnel.

La lycéenne avait beau ressembler à un garçon manqué, elle la voyait mal emprunter les siens.

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 09 janv. 2025 13:20
par SpiderWitch
Morgane ne comprenait pas l'intérêt de se promener nue dans un établissement de connaissances. S'il n'y avait pas de honte à avoir le corps que le Destin avait pourvu, il y avait des endroits et des situations qui étaient adaptées à la nudité. Par exemple, quand le temps était venu d'opérer un repli stratégique pour procréer.

"Il y a évidemment des hommes sur mon monde. La norme de mon monde est la même que ton monde. Il faut obligatoirement un homme pour décharger son patrimoine génétique dans la matrice d'une femme. Il n'y a que de cette façon qu'une espèce puisse survivre."

Étant donné que Rini n'avait pas posé directement la question, elle ne pourrait rien apprendre sur le fait que Morgane n'avait pas encore atteint l'âge où sa destinée l'emmenerait sur le fil de la maternité. Cela revenant à dire que Morgane était encore vierge. Ce qui n'était pas du tout une charge mentale pour elle. Contrairement à une jeune femme de son âge sur le monde de Rini. Ce qui, une nouvelle fois, ne donnait toujours pas l'âge exacte de la femme-araignee.

Les deux femmes se retrouvent face à deux choix vestimentaires. Pendant un moment, Morgane se demande s'il y a un piège. Ou plutôt un test. Puis elle cherche à différencier les deux ensembles. Ce que cela pourrait signifier, ou transmettre aux autres. Mais elle réalise que Rini lui laisse véritablement le choix.

"Je vais prendre ces vêtements. J'ai une préférence pour les vêtements qui collent et me permettent donc une liberté de mouvement."

Sans rien attendre, le vêtement de danse rose quitte le corps de Morgane. Cette dernière se retrouvant soudainement nue avec le jeans taille haute dans les mains. A ce moment, potentiellement, Rini pourrait l'interrompre. Mais imaginons que la lycéenne se contente d'observations. Morgane se retrouverait alors à enfiler le jeans et découvrir que les deux femmes ont une ressemblance morphologique.

"Je ne pensais pas que ce tissu serait aussi résistant aux mouvements. Par contre, j'aime bien la sensation de ce haut blanc."

Morgane ne portant ni petite culotte ni soutien gorge, son anatomie était donc plutôt exposée. Une nouvelle fois, ça ne la gênait pas.

"Donc nous allons maintenant acheter des sous-vêtements ?"

Toujours aussi franche et directe.

Bien entendu, Morgane ne détourna pas le regard quand Rini se changea. Différence de culture, d'abord. Mais aussi curiosité et exigence professionnelle.

Petit point informatif si Rini avait regardé. Morgane avait des piercings aux tétons et au nombril. Elle avait également un petit buisson au dessus de ses lèvres intimes. Jamais embrassées, si cela était important pour la future narration. Mais Morgane avait autre chose en tête. Trouver "l'épicentre rose". Installer une petite araignée dans le coeur de celle qu'elle recherchait. Puis repartir dans son monde pour obtenir sa prochaine assignation. Sur ce monde, elle aurait été une parfaite petite employée japonaise.

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 19 janv. 2025 13:30
par Rini Koken
Bon ! Dans un certain sens, le monde de Morgane n'était donc pas si différent de celui de Rini. Même si la déclaration de la première était certes un tantinet embarrassante aux oreilles de la seconde, elle n'en demeurait pas moins naturellement acceptable. Inutile donc de chercher à creuser le sujet pour l'un comme pour l'autre parti.

Après un court moment de réflexion, le choix de la SpiderWitch fut ainsi fait. Morgane ayant opté pour le deuxième ensemble - pantalon en jeans et chemise blanche -, elle dut se mettre à nue avant de le porter. Ce qu'elle fit sans prévenir sous les yeux ronds d'une lycéenne que l'on peut aisément qualifier de pudique.

- Euh...

Trop tard. Elle voyait tout. Entre la rondeur de ses seins, ses piercings aux tétons et au nombril ou même sa toison pubienne...
Rini mit un certain temps à détourner le regard. Avec son observation, elle avait toutefois noté que le corps de la SpiderWitch était aussi finement taillé que celui d'une assassine, à savoir : aiguisé à la manière d'une lame fine, tout à fait adaptée aux travaux de précision.
Une éclaireuse, hein ? C'est totalement justifié.
Les muscles des jambes de la SpiderWitch, bien dessinés, rivalisaient facilement avec ceux de la justicière. En revanche, cette dernière disposait d'un atout plus prononcé au niveau de ses membres supérieurs, renforcés et tonifiés par des heures de musculation en salle. Sans compter bien sûr les "extras" nocturnes sous la funèbre combinaison du Skull Raider.
En tout cas, j'ai le sentiment de m'être constituée une alliée de valeur.
Une alien, en l'occurrence, désireuse de se fondre dans la masse pour y accomplir sa mission.
C'est fou comme j'ai tendance à me retrouver mêlée à des histoires particulièrement insolites...
Sa dernière virée nocturne l'y avait plongée. Rini ne la regrettait aucunement, même si elle avait vu un homme qu'elle avait épargné perdre la tête - littéralement.
Cette fille... cette "Morgane" a jugé bon de nous débarrasser du cadavre. Je m'en veux un peu mais, en même temps, je ne peux m'empêcher de lui en être reconnaissante.
De là, à parler d'une dette ?
Oui, c'était peut-être bien le cas...
Je ne vais pas lui tourner le dos maintenant.
Ce n'était pas dans son caractère.
Tout en s'efforçant de faire fi du regard de celle qu'elle considérait effectivement comme une alliée, Rini se déshabilla à son tour. Elle ne chercha point à précipiter les choses, ni même à demander à la SpiderWitch de tourner ses yeux curieux dans une autre direction que la sienne. La lycéenne avait vu ; il était donc normal que l'extra-terrestre puisse, elle aussi, juger de la "qualité de son cuir" à son tour.
Même si c'est un peu embarrassant...
Contrairement à la SpiderWitch, Rini ne s'encombrait pas de poils pubiens et de piercings. Elle se rasait fréquemment - principalement par souci d'hygiène - et comprimait souvent ses renflements mammaires pendant les séances de sport les plus mouvementés. Notamment lors de ses péripéties en tant que Skull Raider.
Une fois habillée, ses vêtements de sports correctement empaquetés, la lycéenne, son sac à dos passé par-dessus l'épaule, décida calmement :

- Tout compte fait, pourquoi faire les choses à moitié ? Nous allons en profiter pour t'acheter des sous-vêtements ainsi que des vêtements adaptés à la vie de tous les jours.

Evidemment, elle connaissait une petite boutique sympa, sur le trajet de sa maison, qui permettrait à Morgane d'y trouver son bonheur. Son style vestimentaire lui appartenait, à elle et à personne d'autre ; Rini, de son côté, ne se sentait pas le cœur à lui imposer quoi que ce soit. Elle pourrait, dans le pire des cas, la conseiller mais...
Je ne me vois pas spécialement comme un modèle.
En poche, la lycéenne devait tout juste avoir de quoi acheter deux ensembles à son accompagnatrice ?
La plupart du temps, elle se comportait en parfait économe.

- Allons-y, Morgane.

Il n'était pas non plus question de trop traîner. Même si le père de Rini avait l'habitude de bosser tard, il lui arrivait de rentre à l'heure et de s'inquiéter pour sa fille. La lycéenne ne devait pas trop souvent déroger à ses petites habitudes scolaires. Pourtant, à aucun moment elle ne chercha à presser son accompagnatrice. Ni sur le chemin de la fameuse boutique de vêtements, ni à l'intérieur de cette dernière. Un commerce des plus sobre, et non pas le genre d'enseigne tape-à-l'œil que l'on a habitude de trouver dans les centres commerciaux.
Rini, d'un geste poli, l'invita à y pénétrer la première.

- A toi l'honneur, dit-elle avant de lui exprimer ses conditions : Sache qu'avec mes moyens, je peux me permettre de t'acheter deux ensembles - en plus, bien sûr, de ce qu'ils ont pour utilité de couvrir.

La généreuse lycéenne était curieuse de voir ce qu'elle choisirait. Notamment en matière de sous-vêtements, oui. Dans son cas, Rini affectionnait les culottes serrées et élastiques - celles dont elle se servait par-dessous ses vêtements sportifs. Oh ! il devait bien y avoir un petit extra, dans le lot, plus ou moins représentatif de son éducation spartiate.
Un petit exemple, peut-être ?

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Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 01 févr. 2025 10:59
par SpiderWitch
Dans une position d’attente sans impatience, Morgane avait observé dans les vestiaires le changement de vêtements de Rini. Parfaitement immobile, elle n’avait pas tapé du pied ni fait les cent pas. Dans le même registre, elle n’avait pas cherché à brise le silence pour parler sans aucun but. Morgane était parfaitement à l’aise dans l’attente et le silence.

Durant le trajet jusqu’à la petite boutique de vêtements, ce fut la continuation de ce qu’elle avait démontré dans le vestiaire. Aucuns mots inutiles ne furent prononcés. En fait, si Rini n’avait rien dit : les deux femmes avaient donc marché en silence. Plus que cela, Morgane avait marché avec une économie de mouvement. Il y avait une économie et une efficacité dans le moindre de ses gestes.

Morgane se pencha en avant pour saluer la tenancière. Geste qu’elle mimiquait suite à l’observation effectuée dans ce monde. Si elle ne dit rien, elle parcourait tout de même les choix proposés avec un poids. Sa nouvelle alliée allait s’appauvrir pour elle. Pour qu’elle puisse se fondre dans la masse. Ça la gênait. Mais refuser sa générosité lui semblait pire encore. C’était également une question d’honneur, selon la SpiderWitch.

« Je pense que cela serait un bon premier choix. »

Une veste et un pantalon de jogging noir. La couleur des ténèbres allié à une liberté de mouvement. Au contraire de ce jean qui restreignait ses mouvements. Ne sachant qu’il fallait également y ajouter un tee-shirt, le choix était terminé pour le premier ensemble selon Morgane. Elle s’en alla donc à la recherche du deuxième.

Elle porta son choix sur un haut en résille accompagné d’une jupe noire. Un choix « parfait » pour une gothique. Même si ce dernier terme lui était inconnu. Il lui fallait maintenant trouver des sous-vêtements. Avec toute l’efficacité qui la caractérisait, elle ne perdit pas de temps. Son choix se porta sur un soutien-gorge… noir. Il y avait malgré tout un travail évident car ce n’était pas un modèle basique. Une seconde « couche » décorative basé sur des motifs floraux embellissait le modèle de base.

« Est-ce un sous-vêtement ? Je ne comprends pas son utilité au vue du peu de matière. Sert-il lors d’une parade nuptiale ? »

Sans aucune pudeur ni sentiment de honte, au bout du doigt se balançait un string noir. Au milieu du petit magasin, elle avait parlé sans penser qu’il fallait baisser le volume sonore. La quête de connaissance ne pouvait s’accompagner d’un sentiment d’idiotie. C’était le contraire qui était incompréhensible pour Morgane. Elle enchaîna avec une autre supposition.

« Je suppose que je ne dois pas me déshabiller ici ? »

Elle réalisa également une autre choix en baissant son regard sur ses emplettes coincées entre son bras et la chemise blanche qui, maintenant plaquée, moulant son petit sein. Mais surtout faisait apparaitre le piercing qui accessoirisait son téton.

« Je ne pense pas que ces vêtements m’iront. Ce serait une action étrange des Araignées Supérieures que de m’avoir conduit à choisir des tailles qui ne soient ni trop grandes ni trop petites. Comment faites-vous pour choisir avec précision ? »

Pour Rini, la phrase aurait plus de sens en remplaçant « des Araignées Supérieures » par « du Destin ». Et voilà qu’elle devait de nouveau faire face à une alien qui ne connaissait pas toutes les traditions qui lui semblaient si normales. Car ces choses l’avaient accompagné toute sa vie. Est-ce que Morgane allait remettre en question chaque aspect de son existence ? Révélation ou épuisement ?

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 14 févr. 2025 17:08
par Rini Koken
Le moins que l'on puisse dire, c'est que Morgane aimait le noir. Le premier de ses choix s'était porté sur un ensemble totalement sombre. Des vêtements souples, sportifs, qui s'accordaient avec la façon qu'elle avait de se mouvoir. La SpiderWitch privilégiait la souplesse, et Rini ne serait certainement pas celle qui la blâmerait à ce sujet.
C'est bien beau, tout ça, mais il lui manque tout de même un t-shirt à mettre.
La lycéenne ne chercha pourtant point à la ralentir. Cela pouvait attendre un peu.
Morgane, donc, trouva un second ensemble fidèle à ses goûts. Ceux d'une gothique ou, dans son cas, d'une sorcière avec qui la nature n'avait pas du tout été vache.
Effectivement, c'est une belle femme. Son style est certes particulier mais il n'empêche que, de corps comme de visage, il m'est impossible de nier sa beauté.
Rini n'était pas particulièrement attirée par cette récente rencontre mais tel était son jugement la concernant : Morgane était tout à fait capable de plaire sans avoir à produire de grands efforts esthétiques. Même si son observatrice se doutait bien que la concernée n'en avait pas grand-chose à faire en dehors du cadre de sa mission.
Dans le genre rapide, la SpiderWitch lui exhiba ses autres trouvailles : un soutien-gorge noir à motifs floraux ainsi qu'un... string ?
Elle a opté pour le plus léger, songea la brune en s'assurant que personne ne les remarque. J'aurais dû m'y attendre.
Intarissable, Morgane multipliait les questions. La plus urgente à laquelle répondre s'avérait être celle de l'endroit où elle allait devoir se changer.

- Tu ne dois surtout pas te changer à la vue de tous ! Il y a des cabines faites pour ça. Je vais te les montrer...

Entre-temps, l'éclaireuse réfléchissait à voix haute. Elle se croyait guidée par la seule volonté de ses supérieures - les Araignées Supérieures - et Rini comprit que ces entités là faisaient carrément figure de déesses à ses yeux.
Essayer de l'en décrocher serait une douloureuse perte de temps.
Cela équivaudrait à tenter d'arracher une grosse araignée de sa précieuse toile. Rini contourna prudemment cet épineux sujet au bénéfice de ce qui lui paraissait être le plus utile sur le moment :

- Tu vas devoir passer par la case "essayages" pour que l'on puisse estimer avec précision ta taille de vêtement. C'est en partie à cela que servent les cabines que tu vois là.

Naturellement, elle les lui indiqua du doigt, allant même jusqu'à s'en approcher pour tirer un rideau.
Sa proximité avec la SpiderWitch lui permit de rebondir à voix basse sur les différentes questions laissées en suspens. Dont, bien sûr, les plus embrassantes du lot.

- En ce qui concerne les sous-vêtements, toutes les femmes en portent. Et ce n'est pas uniquement pour les... parades nuptiales.

Rini roula des yeux au plafond. Non pas par exaspération : simplement qu'elle ne s'était jamais imaginée devoir expliquer pareille chose à une... extra-terrestre ?
Quand la vie va-t-elle arrêter de me surprendre ?
Probablement jamais.

- En fait, ce n'est même pas une question de "mode". Nous devons nous couvrir les parties intimes et la poitrine par souci de pudeur. Si tu ne souhaites pas te faire outrageusement remarquer, il faut que tu te plies à cette règle universelle. (Elle baissa les yeux sur le string noir.) Ce choix est quelque peu osé, mais rien ne t'interdit de le porter sous un pantalon. Par contre, tu ferais mieux de choisir une culotte un peu plus épaisse pour aller avec la jupe...

Dans le cas contraire, les garçons qui passeraient près d'elle feraient sans doute exprès de laisser tomber quelque chose à ses pieds pour jouir de la vue. Il y en aurait même, à Jinmu, qui joueraient la carte des lacets miraculeusement défaits dans une intention similaire...

- Pars en quête d'un sous-vêtement supplémentaire, lui demanda Rini, le plus sérieusement du monde possible. En attendant, je me charge de te dénicher un t-shirt que tu mettras sous la veste.

Oh, elle avait bien une idée en tête ! Produit "cadeau" qu'elle lui remettrait lorsqu'elles seraient toutes les deux de retour devant la cabine.

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 16 févr. 2025 08:00
par SpiderWitch
Plus Morgane passait de temps avec Rini et plus elle voyait la différence d’assurance avec le Skull Raider. N’étant pas à la recherche de faiblesses mais d’informations, elle en vint à la conclusion que le port du masque et/ou l’élément de la nuit étaient favorables à un comportement plus affirmé. En somme, des points communs qu’elles partageaient toutes les deux. Morgane se fit donc conduire dans la cabine d’essayage sur ses pensées.

*Les mœurs de ce monde m’échappent encore. Ce si léger sous-vêtement serait capable de déclencher tant de réactions ? Intéressant. *

Le string se trouvant sur son index tendu, son autre index de libre posé sur son menton pour réfléchir tout en observant. Elle allait garder ce string pour expérience. Probablement une qui mettrait encore à mal l’assurance de sa guide. Mais c’était le genre de situation qui permettait d’apprendre et d’apprendre rapidement. Se trouver juste aux limites du moule social permettait d’en concevoir les règles qui régissaient le Destin de cette autre Terre.

Morgane revint tout aussi rapidement que Rini à la cabine d’essayage. Sa quête s’avérait deux fois plus payante que demandé. Car elle était revenue avec deux nouveaux sous-vêtements. Une première culotte (noire, fallait-il continuer de le préciser ?) qui s’harmonisait parfaitement avec le soutien-gorge aux motifs floraux. Ne perdant pas de temps pour toujours rechercher l’efficience, elle se déshabilla, enfila la culotte et le pantalon de jogging. Son torse était encore nu. Ou seulement « habillée » de ses piercings aux tétons. Sa main tendue pour récupérer le tee-shirt qu’elle devait mettre avant la veste.

« Le motif est source de réflexion. Vos Dieux ne sont pas les miens. Ce symbole ne peut donc pas représenter les Grands Araignées qui administrent la bonne gestion des fils des destinées. A-t-il seulement une signification quelconque ? Parce que j’ai remarqué que certains murs de la ville étaient peints de différents symboles qui échappaient à ma compréhension. S’il y a bien des fresques immenses qui dépeignent des environnements et des célébrités. Il y en a d’autres qui ressemblent à une forme de magie qui m’échappe. »

Il était question de street-art. Et tout particulièrement de cette police d’écriture propre au style urbain.

Une fois complètement habillée, Morgane présenta la deuxième « récompense » de sa dernière quête.

« Antérieurement, tu m’as expliqué que le sous-vêtement devait couvrir nos parties intimes. Qu’il ne servait pas nécessairement à la parade nuptiale. Alors explique-moi ceci. Une culotte qui permet de démontrer que ce n’est pas un artifice de procréation au vu de sa large zone couvrante. Et pourtant, il y a un manque évident et délibéré de matière au niveau de l’intimité. »

Evidemment, il avait fallu que Morgane découvre une variante nommée « crotchless ». « L’agonie » de Rini ne semblait pas prête de prendre fin. Heureusement pour elle, il n’y avait personne d’autres pour la mettre dans l’embarras. Qu’en serait-il lorsque Morgane rencontrerait le géniteur biologique ?...

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 02 mars 2025 13:48
par Rini Koken
Bien entendu : Rini Koken ne commit pas l'impudence de garder son regard tourné vers la cabine au moment de lui remettre le tee-shirt. Morgane avait beau provenir d'un autre monde que le sien, elle ressemblait à une personne comme une autre - autrement dit : à une terrienne. Seule son attitude un peu froide lui donnait des airs d'étrangère. Rien de dérangeant aux yeux de son accompagnatrice, disposée à facilité son insertion parmi les civils et, mieux encore, au sein de son propre lycée.
Une tâche qui n'allait pourtant pas être si facile que ça...
Morgane s'interrogeait sur la signification de ce motif sur le vêtement que Rini venait tout juste de lui passer.

- C'est une araignée, lui fit remarquer la lycéenne. Je me suis dit qu'elle serait à ton goût ? Mais je me suis peut-être trompée...

La SpiderWitch ne jurait que par ses "Grandes Araignées". Après tout, c'est pour ses supérieures qu'elle remplissait sa mission. Une mission qui n'était sans doute pas la première à son actif. Mais bon ! Morgane, sans son costume, n'en demeurait pas moins curieuse de ce qu'elle était amenée à découvrir. Comme le street art, par exemple. Une forme d'art qu'elle s'imaginait être de la "magie".

- Tu n'y es pas, répondit posément son habilleuse d'infortune. Il n'y a aucune magie là-dedans. Juste de la patience, du travail et une certaine habileté. Vois plutôt cela comme une expression artistique - une forme d'art parmi tant d'autres. On peut aussi parler de "langage pictural" dans la mesure où ces "motifs", comme tu les appelles, ont parfois pour vocation de transmettre un message auprès de ceux qui s'y attardent et parviennent à les comprendre.

Toujours dos à la cabine d'essayage, Rini, les bras croisés sur sa poitrine, eut un sourire indulgent.

- A force d'expérience, poussée par ton insatiable curiosité, je suis sûre que tu ne mettras pas longtemps à les déchiffrer. Je ne peux que te suggérer de prendre ton mal en patience et... peut-être observer le monde sous un autre angle, avec un peu plus de recul ? J'entends pas là : hors du prisme des Grandes Araignées auxquelles tu sembles accorder énormément d'importance.

Elle ne le lui reprochait point. Seulement, Morgane musellerait sa compréhension à force d'insérer ce sujet récurrent dans la moindre de leur conversation. En la dépaysant un peu, Rini espérait bien que son alliée du moment en sortirait beaucoup plus instruite.
Morgane tira le rideau, quittant la cabine toute habillée d'un de ses fructueux essais.
La pugiliste en conçut un certain soulagement avant qu'elle ne lui expose sa... trouvaille un peu particulière. Cette culotte à ouverture ostensible qui... Eh ?!
Le visage de Rini vira instamment au rouge. Elle s'assura que personne ne les regardait avant refermer précipitamment ses mains sur le sous-vêtement obscène !

- Comment as-tu trouvé ça ?!

Ils vendaient ce genre d'article dans cette boutique ? Quelle bourde ! Rini n'avait absolument rien vu venir...
Tout en se passant le dos d'un poing sur le front, elle évacua un gros soupir.
Heureusement que Morgane ne s'était pas montrée avec seulement ça sur elle...

- Morgane, reprit Rini le plus sérieusement du monde. Il faut que tu saches qu'il existe des exceptions à tout. Et ce que tu tiens là, justement, en est une.

Elle secoua la tête. De toute évidence, Rini allait elle aussi devoir s'habituer à des situations aussi improbables que celle-ci.

- Ça, c'est un artifice de séduction. On ne le porte pas sans avoir une certaine idée derrière la tête... Tu vois ce que je veux dire, pas vrai ?

Probablement pas. La lycéenne évacua un deuxième soupir.

- Celles qui portent ceci ne cherchent pas du tout à se dissimuler aux yeux de leur partenaire. Elles n'ont qu'une seule pensée en tête : celle de les inviter dans leur couche pour... pour la "parade nuptiale", oui.

Rini se détourna de la redoutable SpiderWitch.

- Peux-tu... remettre ce sous-vêtement où tu l'as trouvé, s'il te plait ? Je regrette mais je ne peux pas t'acheter ce genre d'article. Il n'est pas du tout conforme à ta mission.

Voilà ! Ça, c'était bien dit.
Restait encore une étape à franchir.

- Ensuite, je te demanderai d'enfiler à nouveau les vêtements que je t'ai prêtés. Nous ne pouvons pas nous présenter à la caisse avec les articles que je dois te payer si tu les portes encore sur toi. L'employé doit les scanner et... il serait préférable qu'il s'en charge sur le tapis roulant prévu à cet effet plutôt que d'avoir à te tourner autour, tu comprends ? C'est ainsi, alors je compte sur toi pour ne pas rendre l'opération plus complexe qu'elle en a l'air, d'accord ?

Non : Rini préférait ne pas songer à ce qui l'attendait une fois de retour chez elle, au moment de convaincre son paternel d'accepter de loger cette drôle de jeune femme.
L'aventure s'annonçait suffisamment folklorique comme ça !

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 16 mars 2025 15:57
par SpiderWitch
Morgane écoutait tout ce que Rini lui disait. Elle le faisait en silence. Et c’était un silence étrange car cela provenait d’elle. Habituellement, lorsqu’on parlait avec les gens, ces derniers hochaient de la tête ou exprimaient des petits mots monosyllabiques pour faire comprendre à l’interlocuteur qu’il comprenait et écoutait toujours. Mais Morgane fixait Rini sans bouger et sans rien dire. D’où ce qui pouvait s’apparenter à une situation malaisante.

Si elle ne dit rien, elle n’en pensa pas moins un certain lot de choses. Dont les suivantes. Concernant les Grandes Araignées, elle était en désaccord avec Rini. Parce que cette dernière n’avait pas la compréhension de ces « Déesses » faute d’un terme qui n’existait pas sur cette Terre. Ça revenait à ne pas croire en l’existence de l’air qu’il fallait inspirer pour vivre. Il y avait une trop grande différence de culture entre les deux femmes. Et Morgane ne comptait pas convertir Rini. Donc elle ne débuta pas ce débat. Peut-être à l’avenir si cette mission s’éternisait.

Concernant les sous-vêtements, elle ne fit pas de commentaire non plus. Elle était bien au courant des « parades nuptiales » et tout ce qui flottait autour de cette idée. Ses deux Sœurs lui avaient déjà narrés quelques ébats. Mais Morgane n’était toujours pas intéressée par la chose. On la traitait de romantique. Ou de trop sérieuse. Peut-être. Mais la SpiderWitch prendrait un compagnon lorsque le Destin le placerait sur son chemin. En attendant, elle ne comptait pas prendre de plaisir superflu. Même en se protégeant, il y avait une possibilité de fertiliser sa matrice et laisser une nouvelle vie croitre. Elle ne pouvait se le permettre.

« Je comprends beaucoup de choses, Rini. Je ne veux pas être une source d’inquiétudes. »

Et donc Morgane se rhabilla des affaires prêtées. Comme une ombre, elle suivit Rini jusqu’à la caisse où elle observa la façon dont les transactions se faisaient sur cette Terre. En bonne éclaireuse de son Unité de Moires, elle observa en silence. Elle apprit. Elle apprenait toujours. C’était une de ses premières qualités.

Inévitablement, les deux femmes ressortirent et prirent la direction de leur destination.

« Je peux porter le sac. C’est une piètre rétribution mais c’est un début. »

La marche avait cette potentialité de frustration. Pour la SpiderWitch qui était capable d’acrobaties dans un univers à trois dimensions : se retrouver limitée les pieds au sol sans objectif pour donner une juste accélération vers l’objectif lui donnait envie d’hâter la cadence. Mais la patience était une autre de ses qualités. Elle conserva donc en elle ses interrogations et ses états d’âmes.

« Quand serons-nous arrivées ? Que dois-je savoir avant de pénétrer dans le bâtiment et de rencontrer ta figure paternelle ? Quels sont mes impératifs à respecter ? Des mots ? Des gestes ? Devons-nous me créer un rôle de composition et procéder à l’élaboration de mensonges en liste ? »

Re: La nuit, synonyme d'ennuis. [PV SpiderWitch]

Posté : 20 avr. 2025 13:37
par Rini Koken
Morgane souhait se rendre utile. Rini ne vit donc aucun inconvénient à la laisser porter ses affaires. Ce qui n'était pas plus mal dans la mesure où cela les mettaient sur un pied d'égalité. La première année avait un sac, elle aussi. Elles marchèrent donc côte à côte en direction du domicile de la famille Koken. Une maison pas si différente des autres, à laquelle était collé un modeste atelier en bordure de route que la SpiderWitch n'allait pas tarder à découvrir. Mais en attendant, il fallait préparer le terrain. Morgane se voulait prévoyante de ce côté-là, si bien que Rini n'eut pas besoin d'orienter la conversation. Et même si la lycéenne n'était pas très à l'aise avec l'idée de devoir encore mentir à son paternel, il lui paraissait logique de ne pas dévoiler l'identité de la SpiderWitch.
Je doute fort qu'il soit heureux d'apprendre qu'elle m'a permis de dissimuler un crime aux yeux du monde.
Par ailleurs, son père ignorait tout de ses virées nocturnes. Il ne savait pas qu'elle était "le" Skull Raider. Et il ne devait surtout pas le savoir. Sa monture mécanique, Rini prenait soin de la maquiller avant chacune de ses sorties. Au fil du temps, elle avait gagné en vitesse et développé ses compétences en la matière.

- Nous arriverons dans très peu de temps. Tout juste assez pour que je puisse répondre à toutes tes questions.

Par quoi commencer ? Les règles de politesse ? Les us et les manières ? Par la conception de sa couverture ?
Rini reprit calmement :

- Ma mère est plus américaine que japonaise. Je pense que mon père serait ravi d'apprendre que j'ai su développer des liens avec une étudiante étrangère qui partage un point commun avec sa moitié. Tu te conformeras donc à ce rôle. Nous le peaufinerons ensemble à tête reposée. En attendant, tu peux compter sur mon intervention pour le rendre plus crédible si jamais mon paternel en vient à vouloir creuser la conversation quant à tes origines.

Parce qu'il y avait plus urgent, n'est-ce pas ?

- Maintenant, tâche d'être très attentive. Je vais tout de suite t'apprendre à saluer correctement tes ainés et à te présenter comme le veut la coutume.

Rini lui mentionna les bases, notamment le fait de se déchausser à l'entrée, de se fendre d'une courbette respectueuse ou de prononcer les paroles appropriées au moment voulu. Rien de trop lourd ou de pompeux. Seulement le nécessaire pour qu'un adulte accepte de la recevoir et de l'écouter sans avoir à se sentir offensé par ses lacunes.

- Tu ne devrais pas rencontrer trop de problème avec mon père. Il n'est pas très à cheval sur les principes. Ce n'est définitivement pas le genre de personne à juger quelqu'un sur les apparences.

Et pour cause : Nagazo Koken avait... une vraie tête de voyou.

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D'aucuns le prenaient pour un Yakuza. Il faut dire que tout un tas de "petits" détails jouaient en sa défaveur. Sa musculature, pour commencer ; celle d'un homme qui avait appris à se battre un peu trop tôt dans sa vie - sans la discipline adaptée. Son regard, que l'on pourrait qualifier d'intimidant, voire de "mauvais". Mais surtout, ce qui choquait le plus, c'était de loin ses cicatrices au visage. Les fragments d'un passé douteux avant une sérieuse remise en question ponctuée par la rencontre avec la future mère de Rini. Grâce à son influence, Nagazo Koken avait fini par retrouver le droit chemin, s'éloignant des rixes stériles d'adolescents pétris d'orgueil pour mieux se concentrer sur ses compétences de mécanicien.
Rini et Morgane traversèrent encore deux rues avant de parvenir à destination.

- C'est ici que j'habite.

La première année s'arrêta en conséquence. Plantée dans l'angle d'une allée plutôt bien fréquentée, la maison en question ne se démarquait pas beaucoup de ses voisines. Mais ça c'était sans compter l'espace dédié à la réparation des différents deux roues que l'atelier, surmonté par une enseigne des plus sobre, était en mesure d'accueillir.

- A cette heure-ci, il devrait avoir bientôt terminé.

Rini l'entendait faire. Il y avait d'ailleurs de la lumière dans l'atelier.

- Nous ferions mieux de ne pas le déranger et d'attendre à l'intérieur.

Elle invita Morgane à entrer par la porte coulissante. De l'autre côté, Morgane allait pouvoir passer son premier test d'acclimatation. Une tâche qui n'avait rien de compliqué pour une sorcière de son calibre, souple comme une voltigeuse : poser ses fesses et renoncer provisoirement à ses souliers.