The Multiversity

Déjà souriante suite à la remarque sur sa poitrine, une partie de son corps qui lui tenait évidemment à cœur du fait de l’attention littéralement chirurgicale qu’elle lui portait, Emma se laissa faire lorsque Scott vint pour ainsi dire prendre possession d’elle, ses mains autour de sa tête et sa langue dans sa bouche. Pour la plupart des hommes, l’acte était impensable, et pour bonne raison, puisque Summers était le seul et unique récipient du privilège, passé ou présent, et il avait la sagesse de l’utiliser à bon escient, et c’était bien ce qu’il faisait, en l’occurrence.

« Hm~... Son regard soutenant et plongé dans celui de son amant, en tout cas là où il devrait être, ayant depuis longtemps appris à considérer le rouge profond de sa visière comme ses yeux. Elle entrouvrit les lèvres pour commencer à répondre mais entendit les pensées de Scott, leurs humeurs rapprochant naturellement leurs esprits – entre autre – et elle préféra alors tourner son visage pour retourner l’embrasser une dernière fois avant de faire sa contre-offre. Si tu veux me faire du bien, amour, garde moi en chair et en sang, c’est comme ça que je te préfère. »

Dépourvue de ses émotions et d’une bonne partie de ses sensations physiques, la forme de diamant de la Reine Blanche avait parfois son utilité dans leurs jeux sexuels, mais ici et maintenant, Frost préférait l’appel de la douceur et de la sensibilité. L’endroit s’y prêtait, paradisiaque comme il était, et elle devait avouer ne pas avoir envie de quoi que ce soit de vraiment endiablé.

Pour ne pas que cela soit mépris pour un refus ou manque d’enthousiasme, cependant – bien que leur lien télépathique rendait ce genre de méprise difficile – elle tourna sa tête vers le côté, toujours tête-contre-tête de manière à implicitement lui demander de suivre son regard, vers une petite rive argileuse et humide, douce quoi que tachante. Sa suggestion silencieusement faite, Emma prit la main de Summers pour lui indiquer de la suivre, et finalement la devancer, s’arrêtant tout en envoyant sa main – et celle de son amant – en avant. Elle continua alors d’avancer vers lui alors que leurs pieds quittaient le lac lui-même pour monter sur la rive, plus consistante que de la boue mais malgré tout riche en eau.

« Allez, sur le dos, que je puisse vraiment profiter de toi. »

Le déplacement les avait aussi rapprochés de la cascade, et en plus de l’air humide, des gouttelettes d’eaux venaient souvent se heurter à leur peau, comme une très fine pluie. Bien entendu, cela n'entachait en rien le sourire joueur d'Emma, contente certes d'un peu mener la danse et avoir ce qu'elle voulait, mais aussi de simplement pouvoir, comme elle le disait, profiter de son amant dans ce lieu idyllique.

Scott était prêt à la prendre, et était soulagé qu’Emma accepte cette idée. Elle était délirante, et manquait clairement de prudence. Même s’il n’y avait aucun risque qu’on les surprenne, au fond, Scott ne connaissait rien de cette île. Qui sait si on ne les surveillait pas ? Pourtant, il était incapable de vouloir faire autre chose. S’arrêter maintenant ? Ce serait définitivement trop cruel ! Le désir avait éclaté en lui sans prévenir, et il avait rebondi sur elle. Toutefois, elle refusa sa position, et préféra le guider vers un angle. La mousse et la terre s’étaient surélevées, leur permettant de s’allonger. Au-dessus des deux amants, on apercevait l’ombre des arbres, le soleil apparaissant au loin… Mais Scott se focalisa surtout le sur le corps d’Emma. Hors de l’eau, il exhibait sans crainte son corps nu, avec le signe de son excitation entre les cuisses. Son membre s’élançait fièrement, assoiffé, désireux de goûter à ce corps. Il loucha encore sur les seins d’Emma, observant ses tétons qui pointaient sous l’envie… Puis elle lui demanda ensuite de se coucher sur le dos.

« Oh… Soit, Majesté ! » plaisanta-t-il.

Il pouvait aussi se laisser faire, mais, généralement, Emma plutôt qu’il prenne les commandes. Ceci étant dit, se laisser guider, cela ne le gênait pas. Scott obtempéra donc, et se coucha sur le sol. L’eau glissa contre son corps, le faisant frissonner. Il l’observa encore, se couchant lentement, et lui sourit ensuite.

« Alors, Madame, par où souhaitez-vous commencer ? Quelle bouche souhaite épancher sa soif ? Celle du dessus, ou celle entre vos cuisses ? Votre chevalier servant est là pour vous, Majesté… »

La vouvoyer était une manière de mettre en décalage ce qu’ils allaient faire avec la mentalité princière d’Emma. Elle était une Reine, fière d’elle, et Scott était la seule personne qui pouvait l’humilier, la rabaisser sexuellement. Cela n’était pas un problème, car l’être humain était après tout paradoxal, souhaitant se développer ça tout en s’enfonçant dans la plus sauvage des bestialités au moment de faire l’amour, renonçant à presque toute éducation pour redevenir un simple être de chair et de désir. Il aimait ça, c’était comme une manière de la titiller, puis de les faire lentement plonger dans le stupre.

Il laissait le choix à Emma d’agir, curieux de voir si celle-ci allait le chevaucher d’emblée, ou faire durer le plaisir… L’un dans l’autre, tout lui irait. Il était sur une île mortelle, remplie d’autochtones psychopathes disposant d’une drogue capable de combattre les pouvoirs des mutants… Mais il était en compagnie d’Emma, et cela valait toutes les îles possibles.

Emma fronça ses sourcils de manière inégale lorsque, en commençant à s’accroupir auprès de Scott, elle reçut sa remarque, même si elle ne pouvait pas non plus cacher un fin sourire d’amusement. Elle devait avouer trouver l’idée drôle, de faire de son amant son sujet, mais aussi le mixe de respect et d’euphémismes si peu cachés qu’ils en étaient presque plus vulgaires confus, résultant en son expression qui l’était toute autant. Finalement, elle s’accroupit à ses côtés, seulement un flanc de son buste en appuie sur le sien, et lui saisit les mains, entrelaçant leurs doigts pour doucement, au fur et à mesure qu’elle se penchait sur lui, amener ses bras au dessus de lui.

« Tu es infernal. Elle fit sa déclaration juste avant que leurs lèvres n’entrent en contact les unes avec les autres, cachant son sourire encore plus amusé. Évidemment, elle avait par cet acte fourni une sorte de réponse, mais non seulement celle-ci n’était évidemment pas définitive, Frost avait envie d’entrer dans le jeu de Summers, et continua donc télépathiquement. En fait, c’en est à se demander si... Elle désentrelaça leurs doigts, mais continua de lier les mains par une douce et simple poigne, à peine assez forte pour réellement en être une, juste de quoi signifier qu’elle ne le libérait pas encore ...tu mérites de poser tes mains plébéiennes – ou pire – sur ta reine... »

Emma passa alors une jambe par dessus Scott pour se mettre à califourchon sur lui, juste à la bonne hauteur pour que son membre, de par sa tension actuelle, vienne effleurer sa vulve. Le mouvement dérangea leur embrassade et elle préféra y mettre fin, se relevant légèrement le temps d’émettre un petit vrombissement d’hésitation, mais aussi un peu de plaisir, avant de presque complètement se relever. Pas totalement, gardant un angle certain qui lui permettait d’encore presque surplomber son amant du visage – ainsi que de sa poitrine –  alors qu’elle avait ramené les mains de celui-ci presque aux côtés de sa tête, pliant ses bras musclés alors que les siens, plus graciles, étaient maintenant tendus.

« Qu’est-ce que tu en penses..? Le temps d’avoir sa réponse, elle aspira puis mordilla faiblement sa lèvre inférieure, un geste qui, entre autre, permettait de cacher son horrible envie de sourire, tandis qu’elle faisait doucement onduler ses hanches, faisant se caresser leurs deux sexes. Tu crois que tu mérites d’apprêter ta reine avant de l’assouvir..? »

Restait même ensuite la question de comment il ferait, à laquelle Emma avait déjà fait allusion en évoquant très brièvement l’idée qu’il y avait « pire » que les mains pour cela, mais une chose à la fois, et puis, une dame se devait de récompenser l’initiative, pas de tout faire elle-même. Et malgré tous ces questionnements et toutes ces remises en cause, sous ces apparence de distance entre monarque et valet, les envies de la Reine Blanche étaient lisibles aussi bien à fleur de peau, ses tétons commençant à fièrement s'exposer, et même au delà, son esprit, toujours en lien avec celui de Scott, redoublant d'émotion, la plupart d'un registre très singulier.

Scott sentit Emma prendre l’ascendant, le couchant sur le sol, se gaussant visiblement de sa métaphore improvisée sur son côté altier. Il avait dit ça en plaisantant, mais elle se décida à le provoquer, le dominant de toute sa hauteur, de toute sa beauté. Quelle femme incroyable ! Il en était définitivement amoureux ! Scott avait du mal à la voir avec sa visière, mais, même malgré ça, malgré les formes rougeâtres qu’il observait, il devinait l’harmonie d’Emma, les courbes parfaites de son corps. Elle se dressa au-dessus de lui, s’amusant à flatter sa verge avec son sexe, caressant son membre avec ses lèvres intimes. Tout homme qu’il fut, Scott ne pouvait lutter contre une telle tentation, et sa verge se mit en conséquence à croître, durcissant joyeusement, frottant contre la douce peau d’Emma. Elle se demanda en effet si ses mains étaient dignes de toucher sa peau, et se pencha vers lui, l’embrassant alors.

« Hmmmm… »

Il répondit avec joie à son baiser, sentant sa langue jouer avec celle d’Emma. Leurs langues se touchèrent, se caressant mutuellement, se frottant. Sa verge l’élançait encore, douloureusement, se comprimant contre le corps parfait d’Emma, et il continua  donc, jusqu’à ce qu’elle se redressa. Emma mordilla alors sa lèvre inférieure, déclenchant une vive pointe de douleur qui remua dans son corps. Elle restait courbée devant lui, lui demandant s’il estimait en être digne.

Scott fit mine de réfléchir, sentant presque les tétons d’Emma sur son torse. Il oubliait alors totalement la menace potentielle des rakyats, se focalisant exclusivement sur elle, sur Emma.

« Si je le mérite ? C’est une bonne question… N’est-ce pas à toi de l’évaluer ? Mais, pour être honnête, je ne suis pas sûr que ce que j’ai envie de te faire soit… Très digne d’une Reine. Après tout, une Reine se doit de rester sereine, majestueuse, implacable, pas se faire… Besogner avec force par un homme assoiffé de sexe. »

Il savait qu’elle pouvait lire dans son esprit, qu’elle le faisait sûrement en ce moment. Scott avait depuis longtemps abandonné l’idée de préserver ses pensées des télépathes, surtout quand il entretenait un lien intime avec elles. Le simple fait de tomber amoureux de télépathes aussi puissantes que Jean ou Emma était déjà, en soi, une forme de masochisme. Emma pouvait ainsi percevoir le désir de Scott, qui décrispait ses mains. Emma n’avait à ce stade plus beaucoup de temps. La verge tendue de Scott trahissait sa soif, et, soit elle s’empalait sur lui, soit il se redresserait pour la renverser, et pour la prendre… Car il savait combien Emma aimait le faire sortir de ses gonds. Lui qui était si calme, si sûr et maître de lui-même, quand on le frustrait comme Emma le faisait en ce moment, il finissait tôt ou tard par se laisser aller, par réveiller cet animal préhistorique qui dormait en lui.

« La vraie question, Emma, c’est plutôt de savoir si tu es capable de supporter ma fougue ! » avança-t-il fièrement.

Et il commença à remuer encore, s’apprêtant à agir…

Il était intéressant pour Emma de voir Scott jouer le rôle qu’il s’était choisi, même s’il n’avait pas escompté le faire si longtemps, mais surtout de sentir – aussi bien physiquement que psychiquement – son excitation croître et croître au fur et à mesure de ce petit jeu. Elle aurait même pu le continuer encore plus longtemps, mais la « fougue » de Cyclope, comme il avait choisi de l’appeler, menaçait de voler à Frost le contrôle de la situation, alors elle préféra rester dans sa position royale. Se relevant doucement, et prenant soin d’utiliser les mains de son amant comme appui, elle le toisa de haut, fière et souriante.

« Il me semblait au contraire que le devoir premier d’une reine était de recevoir la semence d'un homme au plus profond de sa chair. La télépathe marqua ce dernier mot en relevant légèrement son bassin pour venir placer l’entrée de ses dites chairs contre l’extrémité du sexe de Scott. Corrige moi si je me trompe, évidemment... »

Sans attendre cette rectification, sachant qu’elle ne viendrait pas, Emma se pencha à nouveau en avant, et même si ça eut l’effet secondaire de les rapprocher à nouveau, au point de pouvoir aisément faire sentir à Summers la lourde expiration de sa dulcinée, ça n’en était pas le but premier. Toujours en appui et les doigts entrelacés avec les mains de son amant, les faisant doucement glisser au fur et à mesure qu’elle ajustait sa position, elle prit soin d’adopter le meilleur angle pour s’empaler sur son gland, une tâche qui, comme son long souffle l’avait signalé, n’était pas aisée.

Mal ou parfaitement appareillés selon le point de vue, elle étroite et lui large, la première pénétration était toujours la plus difficile – même si la passion qui brûlait en Emma atténuait aisément ce pas à franchir – mais aussi la plus délicieuse. La Reine Blanche aimait particulièrement la sensation d’être conquise, possédée par l’ampleur de Scott, un secret bien mal gardé entre eux mais qui en étonnerait sûrement plus d’un. Alors, quand vint le moment de doucement forcer son sexe à l’intérieur du sien, elle ferma les yeux, prit une inspiration, puis se laissa aller à ce doux plaisir, le faisant doucement fendre ses chairs, jouant délicatement de ses jambes pour s’abaisser sur lui complètement, pleinement, gratifiant ses oreilles de soupirs de plaisir tout le long, et frémissant sous ses yeux et contre lui alors que ses doigts serraient subtilement les siens à intervalles irréguliers.

Finalement, elle en arriva à toucher son bassin du sien, et rouvrit les yeux, son sourire joueur lui revenant bien vite alors qu’elle posa à nouveau ses prunelles bleues sur sa visières, exactement là où devaient être ses yeux. Elle resta cependant ainsi, n’entamant pas de va-et-vient, à peine quelques ondulations, exhortée par ses propres sens qui, après cette mise en bouche déjà délicieuse, en voulaient plus, et parla simplement.

« Allez, Scott. Lassée de devoir prétendre ne pas avoir envie de Summers, la mutante avait abandonné son rôle de reine face à un valet anonyme, lui préférant celui de simple amante. Cependant, et malgré sa requête, elle garda les mains de Cyclope sous le joug des siennes, le provoquant ouvertement à mettre sa menace de s’en défaire lui-même à exécution. Montre moi cette « fougue » dont tu es si fier. »

Tout comme elle avait pu lire ses pensées, il pouvait lire les siennes, la télépathe, surtout dans ces moments, ne filtrant pas ce qui transpirait dans leur rapport psychique, et en l’occurrence, son envie de sentir ses mains se saisir d’elle et prendre contrôle de son corps était palpable, mêlée à une envie presque conflictuelle de rester contre lui, yeux dans les yeux, comme deux simples amoureux et comme ce lieu paradisiaque le réclamait.

Dans ce genre de relations, un homme était naturellement désavantagé, car il ne pouvait pas mentir. Pour voir si ça lui plaisait, il suffisait de regarder la tension naissante entre ses jambes. Et, en ce moment, cette tension était bien là, sa virilité se frottant contre le corps d’Emma, qui continuait à le chevaucher, à marquer son territoire. Mains serrées contre les siennes, elle le domptait aisément, véritable Reine se dressant sur le corps de son preux chevalier. Lui l’observait, avec l’attitude béate d’un dévot face à son idole. Avec l’eau ruisselant sur son corps, dégoulinant de ses longs cheveux, et le soleil se reflétant dans ses cheveux dorés et sa peau mate, elle était somptueuse. Une véritable Ange qui le domptait. Scott ne sut quoi répondre quand elle lui fit observer que sa place était au plus profond de sa Reine, et déglutit lentement, avant de bredouiller quelques mots :

« Je ne pourrai être plus d’accord… »

Elle remuait encore sur lui, jusqu’à se débrouiller en soulevant ses hanches. Sa verge glissa contre le bassin d’Emma, jusqu’à se retrouver dessous. Elle aurait normalement dû s’aider de l’une de ses mains, la poser sur sa verge pour se guider, mais elle n’en fit rien, ne voulant pas rompre le contact de ses mains avec celles de Scott. Scott ne sut pas trop comment elle fit, mais sa femme réussit ce tour de force. Sa verge oscilla d’avant en arrière avant qu’elle ne soit happée par le délicieux gouffre intime et luisant d’Emma, qui s’empala sur lui. Leurs doigts se crispèrent tout naturellement ensemble quand la pression commença, et Scott se pinça les lèvres, grognant sur place.

« Hmmm… ! »

Il cligna des yeux sous sa visière, sentant une vague d’effort remonter en lui. Une douleur vibra autour de sa verge, trop grosse pour s’enfoncer dans ce trou trop petit. Scott serra nerveusement les dents, tandis qu’Emma remua sur place, filant en haut puis en bas, élargissant ainsi son sexe, jouant sur l’élasticité de cette zone pour faciliter la pénétration. Une soudaine pointe de chaleur remonta en lui, et il grogna encore.

« Ce que t’es étroite, Emma… ! » commenta-t-il, bien loin de la verve qu’on lui connaissait habituellement.

La vague nihiliste l’envahissait, une déferlante aliénatrice qui niait sa conscience et sa construction humaines au profit de pensées plus reptiliennes. Il soupira encore, et sentit peu à peu sa verge s’enfoncer en elle, son vit gagnant, centimètre après centimètre, le trésor intime et humide d’Emma. Le mutant soupira encore, et la regarda encore. Même avec sa vision rougeâtre, elle était magnifique. Elle dansait sur lui, le chevauchant avec élégance, s’empalant finalement profondément, jusqu’à la garde. Leurs bassins se heurtèrent, et les doigts de Scott serrèrent alors fortement ceux d’Emma, se crispant à elle.

Scott aurait pu la laisser danser sur lui pendant des heures, mais Emma avait d’autres plans… Et il se devait après tout de lui obéir, en fidèle chevalier qu’elle était. Elle voulait voir sa « fougue », et Scott soupira.

« Oh, Emma… »

Joignant le geste à la parole, Scott poussa brusquement sur le côté, renversant Emma. Ils se séparèrent brièvement, et il n’avait désormais plus qu’à choisir la position. La levrette ? C’était tentant, mais cela séparerait Emma de la vue de son corps, et il savait qu’elle aimait ça. Le missionnaire ? Trop classique ! Il opta donc pour une position alternative, et retourna Emma, la couchant sur le dos, puis souleva ses jambes. Il attrapa ses mollets avec ses mains, écartant ses jambes à gauche et à droite, croisant ainsi le regard d’Emma.

« Il est temps de voir si tu es souple sous ta forme humaine, mon amour… »

Et, sur ce, Scott s’enfonça en elle, serrant ses mains sur ses mollets en se pinçant brièvement les lèvres, genoux repliés sur le sol pour pouvoir mieux la pénétrer.

(Pour une illustration de leur pose finale, voir ce schéma, qui n’est pas à l’échelle !)

Emma s’attendait à être prise en main, sachant très bien que l’ordre qu’elle avait donné n’était pas un à susurrer à la légère, mais elle fut quand même surprise par l’élan de Scott. Se retrouvant rapidement sur son flanc, toisée de haut par son amant qui s’était relevé et son regard caché et pourtant aisément deviné vorace, elle fit de son mieux pour se laisser faire, tiraillée entre sa confiance en Summers et envie de se livrer à lui et le réflexe on-ne-peut-plus humain de résister lorsque soudainement agitée.

Les avant-bras crispés contre le sol pour un peu de support alors que ses fesses en étaient soulevées, quelques mèches de cheveux en travers d’un de ses yeux, la première chose que la Reine Blanche sentit lorsque la manœuvre se finit fut la verge de son amant entre ses jambes, prête à retourner dans son fourreau. Fidèle à sa parole et, par extension, à l’ordre de sa souveraine, le preux chevalier ne perdit aucun temps à partir à une attaque que la télépathe subit avec une mixture douce-amère de plaisir et de contrainte.

Malgré l’échauffement et la passion qui les avait étreints – d’une manière emplie de peu de sagesse – l’entrée de Scott fut, comme toujours, une lutte, peu aidée par l’angle entre leurs deux bassins. Tentant de réduire celui-ci, Emma tenta de pousser sur ses bras et tirer sur ses jambes, tendant ses muscles dans un effort qui ne faisait qu’aiguiser le moment, le rendant à la fois plus pénible et puissant. Le front se remettant doucement à luire de même que le reste de son corps, remplaçant l’eau pure de la cascade par une fine couche de sueur, elle serra la mâchoire et se retrouva naturellement à lâcher prise sur sa télépathie, la déchaînant à la fois sur elle-même, créant une boucle vicieuse de plaisir et de passion, et sur Scott, fusionnant leurs esprits en plus de leurs corps.

« Oh Scot-... La différence était subtile, mais un coup de rein du susnommé écourta le dernier son de son nom, faisant se crisper la langue de son amante avant qu’elle ne puisse le finir. Il allait sans dire, leur petit jeu de rôle ne pouvait survivre à ce qui se passait, trop élaboré pour résister au torrent d’émotion et à l’effort physique qui traversait les deux amoureux. Viens ici... »

La Reine Blanche replia un bras sous son dos pour qu’il soit plus à même de l’aider à soulever son ventre, faisant appel à la souplesse qu’avait compté, et sans se tromper, mettre à l’épreuve Cyclope, et tendit l’autre main approximativement vers lui, les doigts pliés à des angles forcés, pris en étau par tous les spasmes qui traversaient la mutante, leur seul vocation de quémander l’attention et la chaleur de l’homme.

Emma, malgré ses apparences, qu’elle entretenait très sciemment, aimait se sentir aimée par Scott, savoir qu’ils partageaient plus qu’un lit, un rêve, et une équipe super-héroïque, et lorsqu’elle était prise par la passion et déliée de sa façade froide et hautaine, elle n’hésitait pas à le faire savoir – et de toute façon, elle ne pouvait que peu le cacher. En l’occurrence, même si elle se doutait que ça la contraindrait à une position encore plus contorsionneuse, elle voulait qu’il se penche sur elle, qu’elle puisse le toucher du bout des doigts, lui serrer les mains, peut-être même l’embrasser.

Ce souhait et une dizaine d’autre, au milieu d’une centaine d’émotions et d’un millier de pensées, traversaient leurs esprits comme seul la télépathie déchaînée d’une reine conquise par le plaisir le permettait.

Il y avait vraiment quelque chose d’atypique, d’unique au monde, en couchant avec une télépathe. Il l’avait aussi ressenti chez Jean. Quand Emma approchait de l’orgasme, elle perdait son contrôle légendaire, et, comme ils étaient tous les deux proches, leurs pensées ne faisaient plus qu’une. Aucun mot n’était assez précis pour décrire cette situation. Ils étaient liés l’un à l’autre. Le sexe, c’était l’union de deux corps, la brève fusion de deux corps qui n’en faisaient plus qu’un… Avec Emma, l’esprit aussi fusionnait. Pendant quelques instants éphémères, ils partageaient alors tout. Il n’était plus juste Scott, il était à la fois Scott et Emma… Et elle était à la fois Emma et Scott. Leurs deux corps s’unissaient, leurs deux êtres vibraient à l’unisson, dans une osmose que Scott n’aurait jamais pu décrire avec fidélité. C’était une sorte de béatitude, d’exquise et soyeuse félicité. Une union magique, que Scott voulait à nouveau ressentir. Oui, même ici, à Rook Island, au milieu de cette île infernale, il avait envie de s’unir à elle. Elle était comme sa drogue, une femme parfaite. Sa figure maternelle, mais aussi son amante. Sa psychiatre. Une femme terriblement sexy. Elle était tout ça à la fois.

Alors, il grognait. Il gémissait, il soupirait, s’enfonçant en elle, renonçant à toute humanité au profit de ce plaisir reptilien, ancestral, préhistorique. Scott s’y abandonnait totalement, il cessait d’être ce qu’il devait être pour ne devenir plus qu’un mâle en rut besognant avec sa femelle. C’était désormais aussi simple que ça… Aussi simple, et tout aussi transcendant.

« Hmmm… »

Plus de mots futiles, des actes, des gestes ! Scott s’emportait, s’unissant à elle, l’eau ruisselant autour d’eux. La chair claquait contre la chair, et sa verge la prenait avec force, avec passion. Le temps défilait entre eux, et il se relâcha finalement, laissant l’orgasme l’envahir. Lui et Emma… Elle et lui. Il l’embrassa alors, et laissa la vague l’envahir. Scott s’abandonna en elle, succombant aux joies d’un orgasme puissant et savoureux qui le traversa de part en part. Tout son corps sembla s’apaiser, et il s’unit à elle.

Une jouissance bienvenue, qui l’amena ensuite à reprendre ses esprits.

« Et ben… Je ne sais pas vraiment ce qui m’a pris, ma chérie, mais, si c’était à refaire, je… »

Un bruit l’interrompit. Scott se retourna brusquement, et une silhouette bondit alors sur un rocher à côté du duo.

« J’espère que je ne vous dérange pas trop ? »

Scott soupira. Même si la situation était tout de même assez gênante, il était sincèrement ravi de voir Psylocke… Même si cela aurait été mieux de la voir dans une autre situation !

Alors qu’Emma et Scott approchaient de l’orgasme, sous l’influence de la télépathie déchaînée de la Reine Blanche, leurs esprits s’entremêlaient, et leurs corps et leurs esprits se confondaient les uns avec les autres, aboutissant en un tourbillon d’émotions et de pensées aussi chaotique qu’agréable. Au milieu de celui-ci, les deux amants vivaient à la fois l’extase physique, leur amour comme s’il l’était, et les pensées de l’autre comme si elles étaient les leurs ; Il n’était pas difficile de comprendre pourquoi le couple était si « passionnel », ou, sans l’euphémisme, souvent en ébat.

Perdue dans ces sensations pendant quelques secondes lors de son orgasme, le corps crispé ou relâché selon les endroits – notamment, ses yeux étaient fermés et ses lèvres entrouvertes, mais ses mains s’agrippaient aux muscles du torse et ses épaules de Scott – Emma se laissa aller à cet instant de béatitude, n’écoutant Summers que d’une oreille, elle devait avouer, distraite, commençant seulement à lentement se défaire de ses contorsions. Enfin, elle ne le fit que jusqu’à ce qu’elle sente son esprit se contracter et redevenir alerte, puis entende une voix familière même si pas tout à fait appréciée, celle d’Elizabeth Braddock.

La Reine Blanche faillit lui infliger un choc psychique par réflexe, et elle dut confesser, après s’être rendu compte de l’identité de l’inconnue, avoir pensé à quand même le faire et prétexter un accident, pour son interruption. Finalement, Frost décida être magnanime, mais pas au point d’en être cordiale.

« Si, si tu veux tout savoir. Il était plus qu’évident que le couple était en tort, mais ça n’avait que rarement arrêté son membre féminin ; Pas moins que la pudeur, d’ailleurs, et même si Emma se releva très légèrement hagarde pour traverser le petit lac et aller se rhabiller, elle se contrefit du regard de Psylocke. Mais puisque tu es là, tu vas peut-être pouvoir nous éclairer quant à cet absolu bordel parce que je dois avouer qu’être capturée par les Rakyats que je pensais être nos alliés n’a pas été une agréable surprise, Braddock. »

Même s’il y avait une simple vérité aux mots d’Emma, cela aidait aussi à justifier que les deux X-Men n’avaient pas fait que chômer depuis leur arrivée et, quelque part, avaient mérité cette pause. Récupérant sa tenue de cuir noir, l’ironiquement nommée Reine Blanche remit d’abord son pantalon, espérant que son très court séjour dans l’eau lui éviterait d’être déjà taché de la semence de Scott, même si ça n’était de toute façon qu’une question de temps, puis son haut, ne poussant tout de même pas le vice jusqu’à faire exprès de se couvrir en dernier.

« Il s’avère que les informations que le SHIELD vous a donné… N’étaient pas à jour. »

Scott resta silencieux, et relativement calme. Du moins, il s’efforçait de l’être. Deux bombes sexuelles se tenaient près de lui, les deux étaient des télépathes, et, s’il était admis que Scott soit désormais avec Emma, il avait aussi flirté avec Psylocke, jadis. La situation était d’autant plus inconvenante qu’ils avaient été surpris en plein ébat. D’un autre côté, Scott se disait aussi que c’était sans doute grâce à ça qu’Elizabeth avait pu sentir leur présence.

« Les autochtones de cette île, que nous appelons rakyats, même si eux ne se définissent pas ainsi, ont été en conflit contre les mercenaires que vous avez croisé, les Privateers. Sur eux, les données du SHIELD étaient correctes. Les Privateers ont été fondés par Volker sur les cendres de Genosha, avant que Cassandra Nova ne vaporise l’île. »

Ils étaient sortis de la gorge, et avaient rejoint Psylocke dans la jungle. Ici, à part les bruits des oiseaux ou le bruissement des vents, il n’y avait aucun rakyat.

« Le conflit s’est terminé. Les Privateers et les Rakyats travaillent désormais ensemble. Il y a eu une alliance entre Volker et la grande prêtresse des Rakyats, une espèce de sorcière.
-  Les tribus de cette île sont donc matriarcales ?
-  Oui, même si ça ne les rend pas plus pacifiques. Au centre de l’île, il y a un grand temple rakyat, qui fédère les différentes tribus de l’île. Les chefs des tribus obéissent à la Prêtresse, alors, quand la Prêtresse a décrété la fin du conflit contre les Privateers, les tribus ont suivi… Pour la plupart. Il existe une tribu au nord, la plus rigoriste, qui a refusé, en accusant la Prêtresse d’avoir trahi la volonté de la Déesse qui protège leur île. »

Scott acquiesça encore. Comme toujours, Psylocke avait eu l’occasion de se renseigner. Elle avançait la première, et Scott continua prudemment à se manifester :

« Qu’est-ce qui s’est passé, Elizabeth ? Où est le reste de l’équipe ?
-  Nous avons installé un petit campement en s’éloignant le plus possible des tribus, et nous menons chacund es tâches séparées en nous regroupant. Cette île… Elle n’est pas naturelle, Scott. Et je ne parle pas juste des autochtones qui veulent nous tuer, il y a des créatures surnaturelles ici.
-  C’est-à-dire ?
-  Il y a une section de la jungle entièrement recouverte de toiles d’araignées. Des néphiles ont muté ici, et sont devenus des araignées anthropophages commandés par Aranae. Les Rakyats la redoutent fortement. »

Le mutant encaissa la nouvelle. Les néphiles étaient des araignées connues pour leur grande taille, et pour leur dimorphisme sexuel. Là où un néphile masculin était petit, la néphile féminine faisait au moins dix fois sa taille. Mais ces araignées étaient en temps normal inoffensives pour les hommes.

« Et au sujet du rakyat ? Qu’avez-vous découvert sur cette fleur ?
-  Elle ressemble au vibranium du Wakanda… Il n’en existe nulle part ailleurs. Tu sais, on s’est souvent demandés comment les Géningénieurs de Genosha avaient réussi à asservir les mutants. »

Scott savait que la technologie de contrôle génoshéenne avait été fournie par le Confiseur, un super-vilain venu d’une autre dimension qui avait fourni à David Moreau, un Génoshéen nationaliste, une technologie futuriste permettant d’identifier dès la naissance les mutants, et ainsi de pouvoir les mettre au travail forcé.

« D’après ce que le SHIELD a expliqué, Volker s’est attiré les services de Genoshéens…
-  Merci de me rappeler ce que je sais déjà, Scott, railla Psylocke, mais il manquait au SHIELD des données pour faire le lien. C’est David Moreau qui a conçu la technologie permettant de contrôler les mutants, non ? Mais Moreau ne s’est pas appuyé que sur l’aide du Confiseur. Voilà ce que nous avons découvert en menant nos recherches sur cette île.
-  J’ai peur de ne pas te suivre, Elizabeth.
-  Genosha était une colonie britannique avant de gagner son indépendance dans les années 1960’s, ce qui correspond plus ou moins à la période où les Moreau sont arrivés sur l’île, et ont commencé, avec d’autres, à la moderniser. »

Ça aussi, Scott le savait. La famille Moreau était d’origine européenne, et les idéaux fascistes de David Moreau venaient sans aucun doute de sa famille, qui avait collaboré avec le régime nazi.

« Les Privateers ne sont pas les premiers à avoir envahi l’île. Le long de l’île, il y a une ancienne base de recherche japonaise construite pendant la Seconde Guerre Mondiale par les forces d’Hirohito. »

Cette information-là n’avait pas été communiquée par le SHIELD non plus.

« Les parents de Moreau étaient membres de l’Ordre de Thulé, une confrérie nazie qui cherchait à doter le Troisième Reich d’armes mythologiques ou surnaturelles. C’est par ce biais qu’ils ont entendu parler de l’installation nippone située sur cette île. Elle abritait des scientifiques et des militaires déployés par Hirohito pour mener une mission très particulière, le tout étant supervisé par l’Unité 731. »

Cette unité de recherche militaire, créée dans les années 1930’s par le Japon, avait officiellement pour but de prévenir les épidémies et chercher à purifier l’eau, mais était en réalité comparable à ces scientifiques  nazis qui menèrent d’atroces expériences sur les mutants, comme Mengele. Les scientifiques de l’Unité 731 menèrent des expériences sur quantité de cobayes humains, des prisonniers de guerre qui ne manqueraient pour eux à personne, leur infligeant des maladies comme la peste ou le choléra en vue de pouvoir créer des armes bactériologiques de grande ampleur. Un musée des horreurs qui embarrassait profondément le gouvernement japonais, lequel n’avait reconnu qu’en 2002 l’existence même de cette unité.

Le trio avait finalement rejoint le campement de X-Force, installé au plus profond de la jungle, avec une tente dans une caverne, et regroupant leurs données.

« La société Thulé a mis secrètement sur pied un programme de coopération entre les pays de l’Axe. Son idée était de créer des mutants, des übermensch au service de la grande cause aryenne. C’est dans ce contexte que l’ordre de Thulé a envoyé plusieurs de ses membres ici, à Rook Island, dans la base dont je vous parlais. L’Unité 731 a été fondée ici. »

Psylocke n’avait pas chômé, elle avait commencé à explorer la base, et avait obtenu des données saisissantes.

« Pourquoi le SHIELD nous a vraiment envoyé ici ?
-  Je ne suis pas une politicienne, mais… Disons que je commence à avoir ma théorie, et elle ne va pas te plaire.
-  Au point où nous en sommes… »

Elizabeth se pencha vers ses affaires, pliant les genoux. En d’autres circonstances, Scott aurait pu lorgner sur son magnifique postérieur, mais il n’y songea même pas.

« Est-ce que le nom de Shirō Ishii vous est familier ? »

Relativement plus reposée qu’avant sa « séance de relaxation » avec Scott et motivée à ne pas faire montre de la moindre faiblesse devant Braddock, Emma suivit simplement les deux autres X-Men à travers la jungle pendant qu’ils discutaient de ce qu’était vraiment cette île. Elle ne les interrompit d’ailleurs à aucun moment, emmagasinant certes les informations mais n’ayant pas grande interrogation quant à celles-ci, pour deux raisons qu’elle attendit la mention finale de Shirô Ishii, la proverbiale goutte d’eau, pour exposer.

« D’accord, d'accord : il s’est passé et se passe encore des choses vraiment peu savoureuses ici, et le S.H.I.E.L.D., plutôt que de risquer sa propre peau et réputation, nous a très caractéristiquement envoyés ici faire son sale boulot tout en étalant sa propre incompétence – on savait. Frost avait beau avoir une certaine curiosité naturelle, celle-ci s’effaçait rapidement face à sa capacité à faire abstraction de tout ce qui ne servait pas son but actuel, et en l’occurrence, la Reine Blanche ne perdait pas le nord. Est-ce qu’il n’y a que moi que ça dérange que malgré cinq bonnes minutes d’exposition, je n’ai pas encore entendu parler des mutants censés être emprisonnés ici ? Il me semble qu’ils sont bien notre soucis N°1 dans cette affaire. Son pessimisme lui susurrant la pire possibilité, la télépathe ne prit pas la peine de retenir la pensée, n’ayant après tout que peu d’appréciation mais surtout de foi en le S.H.I.E.L.D. Est-ce qu’ils existent bien, déjà ? Et si oui, comment est-ce qu’on les soustrait à ce que j’imagine être des expériences très peu enviables ? Le reste peut attendre. »

Emma avait beau ne pas être une suprématiste mutante, elle considérait cela contre-productif de trop s’emmêler dans les affaire humaines : Pour chaque personne qui serait prête à se battre pour un mutant, un millier se battrait pour un humain, alors elle rationalisait qu’il valait mieux se concentrer sur Homo Superior car personne d’autre ne le ferait, tout en laissant la horde de super-héros « normaux » s’occuper du reste. Et puis, ça ferait les pieds aux Avengers d’avoir à se déplacer jusqu’ici pour avoir affaire aux conséquences de la guerre civile qu’ils avaient commencée.

Sa diatribe faite, Frost s’appuya finalement sur un rocher vaguement à hauteur de postérieur après l’avoir inspecté pour une quelconque bête dégoûtante, ayant été sensibilisée à cela par la mention d’araignées géantes, et croisa les bras.

« On a déjà risqué la défaite alors qu’on avait l’effet de surprise, et je ne vois toujours pas vraiment de remède à l’immunité télépathique des Rakyats à part la force brute, ce qui ne marchera pas bien longtemps vu tout ce à quoi on fait face. La Reine Blanche soupira, consciente que ce qu’elle disait n’était pas très héroïque, mais aussi peu convaincue qu’elle avait tort, même si c’était plus une vérité générale qu’un avis sporadique. On ne va pas arriver à tout faire ici, pas cette fois, en tout cas, alors...parons au plus pressant, et survivons pour nous battre un autre jour. »

Emma semblait s’agacer, et rappela à Scott et à Psylocke qu’ils étaient avant tout ici pour retrouver des mutants… S’il y avait bien des mutants. Elle se déplaça un peu, et s’assit sur un rocher, expliquant qu’elle ne cherchait pas à purger Rook Island, mais simplement à retrouver des mutants. Les affaires des Moldus ne les concernaient pas. Scott aurait bien aimé que la vie soit aussi simple que dans les romans de J.K. Rowling, mais, dans leur situation, l’Académie de Xavier n’était pas séparée du reste du monde par un charme magique comme pouvait l’être Poudlard. Scott, comme à son habitude, resta stoïque, et reporta son attention sur Psylocke.

« Je croyais que vous vouliez entendre mon rapport…
-  Poursuis, Psylocke… Mais, avant tout, est-ce qu’il y a bien des mutants ici ?
-  Oui… Et non. Il y a des prisonniers disposant de pouvoirs, mais je ne pense pas qu’ils aient le gène-X. Ils sont… Un peu comme cette vampire que vous avez trouvé à Yoake. »

Scott tenta de cacher sa déception. La malédiction de Wanda n’était toujours pas rompue. Cerebro s’était-il trompé ? Ils avaient eu le sentiment de détecter un nouveau mutant à Yoake, Emma s’y était elle-même rendue, mais la vampire qu’elle avait ramené, Chiyo, n’avait aucun gène mutant. Psylocke reprit alors ses explications :

« Shirō Ishii était un général japonais, le responsable de l’Unité 731. Un ancien médecin qui convainquit le Japon de développer des armes bactériologiques. Et, le lien avec les mutants, ma chère Emma, c’est que l’Unité 731 a expérimenté sur des mutants.
-  Mais le gène X est apparu massivement après la Seconde Guerre Mondiale, les mutants avant la guerre sont très rares.
-  Oui… Mais pas là où Emma s’est déplacée. Dans la région de Yoake… L’Unité 731 avait établi son premier laboratoire là-bas. Le gène-X était en train de se développer, et c’est la raison pour laquelle Ishii a été épargné, et a été recruté par les Américains. »

Une variante de l’opération Paperclip, cette opération américaine controversée où les Américains gracièrent d’anciens scientifiques et ingénieurs nazis pour utiliser leur savoir-faire afin de développer des armes contre les Soviétiques. Scott repensa vaguement à ce que Coulson leur avait dit, sur le fait que les gouvernements avaient cherché à produire leur propre gène-X.

« Alors, le SHIELD…
-  Le SHIELD se renseigne depuis des années sur le gène-X, sur les moyens de le contrer, mais surtout de l’utiliser. Je n’ai pas encore comblé tous les blancs, mais…
-  Tu ne vas pas me faire croire que tu en sais autant juste en ayant exploré un bunker abandonné, Psylocke… »

Scott était soupçonneux, mais il connaissait bien Psylocke. Elle et lui avaient été amants… Provisoirement. Elle parlait peu, elle avait un passé confus, mais elle était aussi quelqu’un qui enquêtait, qui menait des recherches.

« Hank n’est pas le seul à avoir cherché à briser la malédiction de Wanda, Scott. J’ai suivi ma propre piste en allant au Japon. Quand Cerebro a détecté un signal à Yoake, cela m’a rappelé ce qu’on disait sur cette ville…
-  Yoake ? Quel rapport avec notre présence ici ?
-  Mon père vient d’une autre dimension, mais ma mère, Elizabeth Hartwood, est originaire d’une prestigieuse famille anglaise. Lors de la guerre, les Hartwood ont été en lien avec l’armée. C’est comme ça que ma famille avait eu vent de rapports, à la fin de la guerre, sur le Japon, et sur un curieux phénomène… L’Incident Yoake. Quand Cerebro a détecté un phénomène curieux dans cette ville, j’ai enquêté. J’ai découvert que les informations relatives à l’Incident Yoake étaient classifiées par le SHIELD. Alors, j’ai enquêté de mon côté. C’est comme ça que j’ai entendu parler de Shirō Ishii, et de la Néo-Unité 731. »

Scott n’avait rien à dire, et laissa Psylocke poursuivre :

« La Néo-Unité 731 a été fondée par le SHIELD pour poursuivre les recherches sur le gène-X… Et la Néo-Unité 731 est revenue sur cette île. Les Rakyats l’en ont chassé. J’ignore encore tous les détails, mais je sais que les Moreau ont fait partie de la Néo-Unité… Ce qui signifie que, lorsque David Moreau est venu à Genosha, il a utilisé la technologie et ce qu’il avait appris au sein de la Néo-Unité 731 pour concevoir des outils permettant de brimer le gène-X.
-  Grâce au rakyat ?
-  De toute évidence, confirma Psylocke, le rakyat influe sur le gène-X. Les prisonniers que nous cherchons ont été répartis sur l’île, et font office de cobayes. Volker cherche à terminer les recherches de la Néo-Unité 731, et explore la base de recherches…
-  Je vais quand même rejoindre Emma… Nous ne sommes pas là pour laver le linge sale de Fury, mais pour secourir des prisonniers. »

Psylocke soupira doucement.

« Je le sais parfaitement ! Mais il y a des prisonniers dans cette base. Elle n’est pas vide, Scott. Il y a des choses, là-dedans, des créatures… Les Privateers utilisent leurs prisonniers pour avancer dans la base. »

Scott resta silencieux. Des choses… Psylocke n’avait pu explorer qu’une partie de la base, et ce n’était pas la plus intéressante.

« Bon… Où est le reste de l’équipe ? »

Psylocke se rapprocha d’une tente, et sortit une carte de l’île, avec quelques annotations :

« Domino et Bishop sont partis enquêter du côté des bases ennemies… Charlie et Delta. Quant à Feral, elle a longé la côte de l’île nord pour rejoindre l’un des temples rakyats. Moi, je devais explorer la base japonaise en commençant par Suizei, la section administrative du bunker. Puis vous êtes arrivés, alors j’ai rebroussé chemin. Les prisonniers, comme je vous l’ai dit, sont répartis sur plusieurs campements, mais on ne sait pas encore où, précisément. C’est pour ça que Domino et Bishop enquêtant. Feral, elle, essaie d’en savoir davantage sur les Rakyats, leur culte, et cette étrange fleur qui pousse ici. Maintenant que vous êtes là, vous pouvez décider. Je m’inquiète pour Feral, mais il faut aussi explorer la base japonaise. J’ignore ce qui s’est passé, mais… Tout ce que je peux dire, c’est que j’ai eu du mal à m’y enfoncer. Il… Il y a des espèces d’interférences qui perturbent mes pouvoirs psychiques. Les Privateers qui s’y sont aventurés parlent de fantômes, d’apparitions, de visions… Je pense que ta forme cristalline sera plus qu’indispensable, Emma… Et toi, Scott, tu es probablement l’un des mutants qui résiste le mieux aux attaques télépathiques.
-  Il y a un télépathe dans le bunker ?
-  J’ignore ce qui s’y trouve… Mais, quoi que ce soit, c’est dangereux. »

« C’est déjà ça, mais ça promet d’être compliqué. Emma balança légèrement son torse pour se propulser depuis le rocher où elle était sans avoir à utiliser se mains, et pour pouvoir voir la carte de plus près, ce qui, au final, ne changea pas grand chose à son raisonnement, qui était moins basé sur la géographie que ses propres métriques. Est-ce qu’il y aurait un moyen de négocier une alliance avec cette tribu Rakyat qui fait de la résistance ? On leur promet d’occuper les mercenaires autant qu’on peut, avec quelques dégâts au passage, en échange, ils hébergent les prisonniers qu’on libère jusqu’à...ce qu’on trouve une solution à nos problèmes de transport. Frost tourna la tête vers Psylocke. J’imagine que tu as remarqué, le Blackbird a eu un imprévu. Mais question bonne nouvelle, il me reste du Rakyat – je veux dire, la langue – que j’ai volé à un local en arrivant, et à nous deux, on pourrait espérer transmettre un message à Feral. »

La Reine Blanche s’estimait généreuse de faire comme si ça serait un travail à part égale, s’estimant une télépathe à la fois plus fine et puissante qu’Elizabeth, mais elle avait aussi des bases en diplomatie et savait que ça ne ferait qu’envenimer leur coopération déjà difficile. Finalement, s’asseyant proches l’une de l’autre et fermant leurs quatre yeux pour se concentrer, elles arrivèrent à relayer leur demande à Feral, l’envoyant en émissaire, une des rares fois où son apparence jouerait peut-être en sa faveur, Emma supposait dans toute sa splendeur coloniale.

Ceci fait, Frost proposa de voir ce qu’il en était de ce fameux bunker et ses interférences télépathiques, trouvant à Cyclope et sa reine quelque chose à faire en attendant la réponse des Rakyats, et leur permettant peut-être même de régler ce problème de communication qui les privait d’un de leurs avantages traditionnels. Rapidement, la mutante comprit ce dont parlait Psylocke, trop bien, même ; Malgré qu’elle était une télépathe souvent considérée défensive, plus à même de se couper du monde et se replier dans une forteresse mentale que d’en assaillir, elle devait avouer que s’en approcher s’avéra rapidement trop pénible pour en valoir la peine, son esprit lui-même lui semblant bourdonner et annulant largement tout avantage qu’il lui offrait.

« Je me transforme en diamant, c’est simplement insupportable. Même pour Cyclope, l’étrange sensation que son psyché lui-même était comprimé était forte, mais moins que pour les deux télépathes dont les cerveaux, qui agissaient naturellement comme des antennes psychiques, y étaient bien plus sensibles. Maintenant la gemme la plus précieuse et vivante au monde, Emma agita un peu la tête pour se débarrasser des restes de ce sentiment avant de reprendre sa marche un peu plus vite qu’auparavant. Prépare toi au pire, un tel effet à une telle distance, quoi que ça soit, ça n’est pas quelque chose contre lequel on peut se permettre le laxisme ou l’hésitation. »

Scott était rassuré de voir que son équipe allait bien, et que chaque membre participait. Sur cette île aux multiples surprises, ses agents avaient su s’adapter, et menaient à bien ce qu’on leur avait demandé. Psylocke leur indiqua la route vers le bunker, et les guida au début, avant de les laisser y aller seuls. De son point de vue, elle n’apporterait rien à cette expédition, et leur conseilla d’être prudents. Elle, elle comptait justement se rendre près des Rakyats qui résistaient encore aux Privateers, même si elle ignorait si cette tribu pourrait vraiment les aider ou non. De fait, beaucoup de choses leur échappaient encore sur Rook Island. Scott remercia donc Psylocke, puis s’aventura vers la montagne en compagnie d’Emma.

« Au moins, nous ne devrions pas tomber sur des Rakyats ou des Privateers par ici… »

Psylocke leur avait longuement expliqué que ce bunker était dangereux, et que les Privateers continuaient à l’explorer en utilisant des prisonniers mutants. Scott ignorait totalement ce qu’ils allaient trouver, et, tandis que les deux mutants se rapprochaient, Scott commença à ressentir un léger bourdonnement dans sa tête. Il soupira, et constata qu’Emma avait adopté par mesure de précaution sa forme cristalline. Sentant une légère nervosité l’envahir, Scott attrapa brièvement la main de son amante.

« Oui, je le sens aussi… »

Ils rejoignirent une ancienne route goudronnée, en très mauvais état, qui montait. En la suivant, le duo arriva devant une antique clôture défoncée et déchirée à plusieurs endroits. Le portail avait également été arraché de ses gonds, et Scott vit une antique loge de gardien abandonnée. La vitre sur la façade était détruite, et de la végétation sauvage avait poussé à l’intérieur. En se rapprochant, Scott constata quand même, sur la cabane, un logo délavé… Le soleil rouge aux rayons rouges de l’Empire japonais d’Hirohito, l’ancien drapeau du Japon. Un frisson glaça les os de Scott, qui releva la tête.

Cultivé, il avait entendu parler de l’Unité 731 avant le petit discours de Psylocke. Des expériences humaines, des vivisections sur des humains, les recherches chimiques en vue de développer des bactéries, de créer des épidémies… Les projets délirants de l’Axe avaient notamment consisté à développer un programme pour contaminer les populations civiles étrangères. L’un des projets de l’Unité 731 avait notamment été l’opération avortée « Cerisiers en fleur dans la nuit », un programme qui prévoyait de lâcher dans la baie de San Diego des agents contaminants, des insectes qui seraient atteints de maladies terrifiantes comme la peste, la tuberculose, le choléra…

Ils rejoignirent la cour d’entrée du bunker. Des bâtiments recouverts de lierre se dressaient autour d’une cour avec une fontaine crasseuse au centre. Scott se rapprocha, et soupira alors en entendant sa tête carillonner, saisissant sa tête en sentant une vive migraine le traverser…

…Et, quand il releva la tête, il était de retour à l’académie de Charles Xavier, dans le jardin. Les fanatiques venaient d’attaquer un bus rempli de jeunes élèves mutants, et Scott assistait à leur inhumation, contemplant le jardin de Xavier, ce jardin où il avait joyeusement gambadé, où il avait embrassé Jean derrière les roseaux, se transformer en cimetière géant…

Puis il sentit un souffle d’outre-tombe sur son cou, tandis que des murmures remontaient à son oreille…

Scott se retourna en sentant la main d’Emma sur son épaule, et se retourna, sa vision disparaissant, remplacée par le visage soucieux de la blonde en forme cristalline.

« Navré, je… J’ai eu une absence. »

Plus de cimetière devant lui, rien d’autre que ce bâtiment gris construit dans les années 1940’s. Les portes d’entrée avaient été défoncées depuis longtemps. Scott attrapa encore la main d’Emma, et lui fit signe d’avancer.

« Ça va aller… Il n’y a pas mieux que moi pour des problèmes télépathiques, non ? Enfin, mis à part toi… » plaisanta-t-il.

Scott rejoignit le bâtiment principal, situé à flanc de montagne. Ils grimpèrent un petit perron, et entrèrent dans le hall d’accueil…

Coupée de son rapport psychique avec Scott, et même de sa propre empathie, déjà relativement peu développée en temps normal, Emma appréciait l’invulnérabilité conférée par sa forme de diamant, se sentant éminemment vulnérable sans son sens de la télépathie ; Toute comparaison avec le fait de se retrouver soudainement aveugle ou sourde serait sans doute osée, mais pas non plus sans fondement.

Et pour ajouter à cela, alors qu’elle était « distraite » par une concentration absolue sur les sens qui lui restaient, craignant le pire quant à ce qui les attendait, le contact de la main de Cyclope autour de la sienne lui rappela que pendant tout cela, lui vivait un assaut télépathique constant, et même privée de ses émotions, l’égard de Frost pour l’homme qu’elle aimait était assez engrainé en elle pour que son visage cristallin ne se feigne d’une subtile expression de peine à le voir ainsi lutter.

Même si la considération resta, elle ne pouvait entraver leur marche, et finalement, ils atteignirent la base à laquelle le fameux bunker appartenait. Elle était résolument abandonnée, et, à voir un drapeau très distinctif, depuis la seconde guerre mondiale. À peine le temps de réfléchir à comment cette pièce du puzzle rentrait dans l’histoire de Braddock, que lorsqu’Emma se retourna, elle trouva un Summers immobilisé, les mains sur son crâne. Expérimentée sur le genre de choses qui pouvaient avoir créé cet état, et dans l’impossibilité d’en avoir le cœur net via sa propre télépathie sans risquer d’y succomber elle-même – convaincue que quoi qui puisse ainsi malmener les défenses psychiques de Cyclope, elle n’y résisterait pas longtemps en chair et en os – elle approcha lentement de lui, observant ses tressaillements et sa respiration perturbée, avant de délicatement poser une main sur son épaule.

« Scott..? Elle l’interpella d’une voix douce et basse, ne voulant surtout pas être brusque, avant de mettre un peu plus de poids sur sa main, ce qui sembla ramener Scott à la réalité. Elle considéra lui demander s’ils ne feraient pas mieux de rebrousser chemin, ou de la prévenir à l’instant où il le voulait, mais plutôt que d’elle aussi attaquer son esprit avec doute et défaitisme, elle préféra donner raison à sa confiance en lui, lui qu’elle considérait le plus grand espoir de la Mutanté. J’ai un avantage déloyal – pour être honnête, c’en est presque vexant. »

Bien entendu, la mutante était consciente qu’être télépathe impliquait aussi bien d’émettre que de recevoir, et qu’il y avait donc une certaine vulnérabilité implicite, mais même ainsi, elle avait toujours été impressionnée par les défenses de son amant. Elle les attribuait à sa nature renfermée et ordonnée en plus d’une vie passée auprès de puissants télépathes, dont elle-même, mais même avec toutes ces raisons, elle soupçonnait une part de talent.

Hélas, encore une fois, ses analyses de la psyché de Scott devrait attendre, et ils pénétrèrent enfin dans le bunker lui-même, enfin, pour l’instant, son hall d’entrée. Passées quelques fortifications dans ses murs, il n’était qu’une grande salle, étonnamment haute de plafond, même s’il fallait s’attendre à ce que cela change aussitôt les X-Men descendraient sous terre. Elle n’était, par contre, pas vide, et ne partageait surtout pas l’aspect abandonné de tout ce qu’ils avaient vu jusqu’ici ; Ça et là, quelques caisses d’équipement moderne avaient été amenées, probablement par les Privateers, et laissées en place en vue de leurs expéditions – après tout, ils ne s’attendaient pas à ce que des mutants viennent de l’extérieur et touchent à leurs affaires.

Ce que fit immédiatement Emma, saisissant une lampe torche d’aspect militaire – aux yeux de la fashionista, cela voulait dire kaki et un peu trop grosse pour ses mains délicates – trônant sur une caisse de plusieurs dizaines de ses batteries, ce qui tombait à pique pour elle qui n’en avait pas, même si ça n’était peut-être pas le cas de Cyclope.

« Il t’en faut une, ou tu as déjà dans une de tes nombreuses poches ? Même en diamant et théoriquement dénuée d’humour, Frost ne pouvait s’empêcher d’envoyer des piques. En tout cas, ça n'a pas l'air d'être de la simple curiosité ; Ils semblent motivés à avoir le fin mot de ce bunker. »

Remplaçant la batterie de la lampe pour être certaine d’en avoir une nouvelle, et arrivant péniblement à en faire rentrer une dans chacune de ses poches, Emma testa brièvement son opération avant de la mettre sur son réglage moyen et la pointer vers la seule porte qui s’enfonçait plus dans les profondeurs : Lourdement blindée, rouillée, légèrement endommagée, et seulement entrouverte, elle jurait un peu avec l’idée que tout ceci ne soit qu’une base de recherche, mais si l’idée d’un bunker dont émanait un champ télépathique n’avait pas arrêté les X-Men, ce genre de considération n’allait pas non plus.

Passant en première plus par considération de solidité structurelle que volonté de prendre les devants, Emma découvrit un long couloir bordé des deux côtés de petites salles dont on pouvait vaguement deviner le but originel ; Quelques lits dans une, des bureaux dans une autre. Frost décida de ne pas s’y attarder, ne les inspectant pas plus que pour savoir si elles avaient une autre porte, et aucune n’en avait. Après un moment, le couloir devint un escalier descendant.

« Oui, Monsieur le Ministre, les résultats sur les cobayes les moins âgés sont particulièrement prometteurs, mais c’est surtout sur Alep que les résultats sont exceptionnels… »

La vision disparut quand Emma appela Scott. Il entendait encore le bourdonnement dans sa tête, et vit que celle-ci avait récupéré une lampe-torche près de sacs d’équipements appartenant aux Privateers. Il se rapprocha, revenant à lui, et chercha surtout une lampe frontale. Fort heureusement, les Privateers étaient plutôt bien occupés, et Scott trouva finalement une lampe avec une ceinture à hauteur des épaules. Il l’enfila, et récupéra la lampe-torche.

« Au cas où, je préfère avoir mes mains pleines… J’ai encore des hallucinations, Emma. J’ignore ce qui s’est passé ici, mais cela ne me dit rien qui vaille. »

Scott n’avançait pas en étant rassuré. Emma avait raison, les Privateers avaient amené un sacré équipement ici. Ils commencèrent à explorer les lieux, et rejoignirent rapidement un couloir menant à des salles d’observation médicales avec des bureaux, abritant l’ancien secrétariat des lieux. Quand ils rejoignirent le couloir, Scott eut alors droit à de nouvelles visions, fugitives, où il vit des blouses blanches, des docteurs marchant en compagnie d’infirmiers, examinant les cobayes.

Le mutant resta silencieux. Il avait croisé suffisamment de télépathes pour savoir que ces visions étaient le fruit de souvenirs résiduels, des souvenirs de télépathes qui hantaient encore les lieux. Une maison hantée était souvent hantée par un ancien télépathe dont les souvenirs avaient tellement imprégné les lieux que son esprit torturé continuait à hanter les lieux, s’en prenant aux esprits qui s’approchaient, les seuls à pouvoir les approcher.

Scott et Emma rejoignirent un escalier, et ils descendirent, s’enfonçant dans les entrailles du complexe. La lampe frontale de Scott s’alluma, illuminant la cage d’escaliers. En contrebas, une double porte qui avait été ouverte à l’aide d’une scie métallique.

« Cette porte avait été condamnée… »

Et, à peine dit-il cela qu’il entendit l’alarme de sécurité du bunker.

Une alarme tonitruante, tandis que des scientifiques hurlaient derrière la porte, et que d’autres abaissaient la herse de sécurité.

« Non ! Non ! Ouvrez la porte, ouvrez !! »

Cyclope secoua encore la tête. Ils entrèrent par la porte ouverte, et rejoignirent un long couloir qui menait à une rotonde centrale.

Un spectacle inattendu les accueillit. Les Privateers avaient installé ici des ordinateurs avec des générateurs portables, mais Scott vit sur les murs et sur les équipements de multiples traces d’impacts de balles, ainsi que des traces de sang séché sur les murs. On avait mélangé à l’équipement électronique un équipement plus occulte, avec des appareils de mesure télesthésiques.

« On dirait qu’ils se sont entretués… »

Un écran d’ordinateur s’illumina brusquement. Des grésillements se firent entendre. Scott s’en approcha, et vit une image se stabiliser rapidement, montrant une caméra de sécurité, où l’on voyait des Privateers, dans cette même pièce, utilisant leurs armes de service pour se suicider.

L’image sauta ensuite pour s’éteindre.

« Tu l’as vu aussi, hein ? Je crois qu’on nous souhaite la bienvenue… »

La pièce centrale était au cœur du complexe, avec trois portes menant aux différentes parties du complexe de recherches. Les Privateers s’étaient surtout intéressés à l’aile C.

« Je pense que ces mercenaires ne sont pas venus ici pour le simple plaisir de l’exploration. Ils cherchaient quelque chose… Et je crois que ce quelque chose les a trouvés. »

Scott avait une petite idée de ce que cette chose pouvait être, même s’il ne savait pas encore ce qu’Alep était…

Pour Emma, ce bunker semblait ordinaire. Pas au sens où il était comme les autres, il ne l’était de toute évidence pas, mais coupée de sa télépathie, ne restait que la banalité du monde physique où, au moins en apparence, Cyclope et la Reine Blanche étaient les seules âmes qui vivent arpentant ce bunker. Le seul signe que ça n’était pas vrai qu’elle pouvait percevoir était les agitations régulières de Scott, rendues évidentes par les mouvements de sa lampe lorsqu’il essayait de se défaire de ses hallucinations.

Chacune était accueillie par un regard diamantaire appréhensif, déjà car la pensée qu’il vivait sans doute un calvaire, même sans grande empathie, n’était pas plaisante, mais surtout car, comme Summers l’avait sous-entendu lui-même, il pouvait être un danger pour lui-même. Restant près de lui et dotée de sa force décuplée, Frost avait une certaine confiance en sa capacité à empêcher quoi que ce soit de trop grave d’arriver, mais ça demandait une vigilance constante.

Évidemment, la salle saccagée et peinturlurée de sang n’arrangea rien à ces considérations, et finalement, la première occurrence surnaturelle de son voyage, ces écrans qui s’étaient allumés seuls comme une menace envers les deux mutants, fit même abandonner à la Reine Blanche son idée précédente de ne pas miner la confiance de Scott en posant la question qui, à l’instant, lui semblait la plus importante :

« Oui, je l’ai vu, quelqu’un vient effectivement de nous envoyer un message. Tu es sûr que ça va aller ? Un télépathe pouvait avoir du mal à tuer quelqu’un rapidement et simplement en le contrôlant, raison pour laquelle, jusqu’ici, la descente semblait risquée mais pas mortelle, mais comme la vidéo l’avait démontré, cette assomption ne s’appliquait que s’il n’y avait pas d’arme en jeu ; Et qui pouvait dire s’il y en avait quelque part. On ne sait même pas ce qu’il y a ici, encore moins si ça vaut tous ces risques de continuer. »

Naturellement pessimiste, Emma tolérait malgré tout un certain équilibre risque-récompense, mais ici et à ce moment, celui-ci semblait au mieux incertain, au pire abyssal, et même si elle évita habilement de le vocaliser, Summers était un sacrifice auquel elle n’était pas prête pour quelque cause que ce soit.

« Le S.H.I.E.L.D . pourra envoyer des robots ou je-ne-sais-quoi, Scott, nous avons déjà des mutants à sauver et un accord à honorer. »

Scott commençait à sentir les manifestations psychiques de cet endroit. Il commençait aussi à comprendre ce qui était arrivé aux soldats qui étaient là, ou aux mercenaires qui avaient exploré ces lieux. Rook Island était assurément une île très spéciale, atypique, ce qui amena Emma à suggérer le plan le plus rationnel qui soit… Laisser les fantômes dans ce bunker, et reprendre leur mission initiale. Ils n’étaient pas là pour résoudre tous les torts de la planète, mais pour retrouver les mutants disparus.

« Oui… Oui, Emma, tu as raison. On devrait… On devrait… »

Il se redressa pour la regarder… Mais vit Jean à la place.

« Scott…
-  Jean ? »

Scott recula, nerveux. La vision de Jean disparut, et il vit à nouveau Emma, qui le regardait d’un air préoccupé. Scott secoua la tête en grommelant, essayant de revenir dans le monde réel.

« Je… » commença-t-il.

Il entendit alors des rires d’enfants… Puis le pleur d’un bébé.

« Scott ? Nathan pleure encore… Scott ? »

Le décor disparut alors, et Scott se retrouva dans le ranch familial d’Anchorage, en Alaska, là où il avait fondé une vie de famille avec Madelyne, et où ils avaient éduqué leur enfant, Nathan. Il n’avait également plus sa combinaison moulante de X-Man, mais une tenue de travail plus classique, comprenant un pantalon, une chemise avec une cravate, et une veste. Il tenait dans sa main le cartable qu’il avait porté lorsqu’il avait trouvé du travail à Anchorage, avant de rejoindre X-Factor.

« Maddie ? Maddie, où es-tu ? »

Un hurlement résonna soudain à l’étage. Scott sentit la panique monter en lui et, en rejoignant le vestibule, il entendit le téléphone sonner. Un curieux tag défigurait le mur, un « X » peint en rouge avec une inscription agressive :


Troublé, Scott s’approcha du téléphone, et décrocha le combiné.

« Allô ?
-  Tu ne peux rien faire pour eux, Scott. Ta femme et ton fils vont mourir. Tous ceux à qui tu tiens vont mourir.
-  Qui êtes-vous ? »

Il entendit soudain un hurlement.

« Maddie ? MADDIE ! »

On avait raccroché. Scott se dépêcha de rejoindre le salon. Madelyne avait allumé le feu, et il grimpa à l’étage. Une porte depuis la salle de bains permettait de contourner la chambre de Nathan, et de rejoindre directement la chambre conjugale. Il s’y engouffra rapidement, mais, quand il tenta de l’ouvrir, il constata que la porte était coincée. On avait renversé un meuble derrière.

« Scott ? SCOTT !
-  MADELYNE ! »

Scott fit marche arrière, se précipitant dans le couloir, et traversa à toute allure la chambre conjugale. Il ouvrit d’un coup d’épaule la chambre conjugale, qui était devenue noire… Le temps pour lui de réagir, et des tentacules jaillirent du lit, attrapant ses bras et ses jambes, le plaquant contre le mur. Face à lui, une femme maléfique auréolée de flammes lui faisait face. Ce n’était plus Maddie, mais la Goblin Queen, d’une beauté terrifiante et fatale dans sa robe noire.

« Combien en perdras-tu encore, Scott ? Quelle ironie… Toi qui veux sauver toute une espèce, tu n’es même pas capable de sauver les femmes auxquels tu tiens ! »

Un cône jaillit de l’index de Madelyne, et lui transperça la poitrine.

…

« Boudin ! »

On ricanait dans son dos. Un rire grinçant, de fille, suivie d’une claque sur sa tête. La jeune Emma bascula au milieu du groupe de filles. Emma était revenue au Snow Valley School For Girls, cette école particulière où elle avait suivi ses études, à une époque où elle n’était pas blonde, où elle n’était pas une beauté fatale, et où elle était martyrisée par la coqueluche de l’école, Matilda Brant. La fille parfaite. Blonde à la forte poitrine, et qui avait des A dans toutes les matières.

« Tu ne seras jamais belle !
-  Personne ne t’aimera jamais, Emma-le-Boudin ! »

Elles riaient, gloussaient autour d’elle.

« Emma a mis une belle robe de soirée pour séduire le professeur.
-  Mais qui voudrait sortir avec Emma ? »

On la jeta à terre, en se riant d’elle.

Lorsque la voix de Scott commença à balbutier, Emma approcha lentement de lui, craignant qu’il n’ait succombé à l’influence de ce qui hantait ce bunker et s’apprêtant à utiliser la force de sa forme de diamant pour le maîtriser et l’empêcher d’être retourné contre lui-même. Mais alors qu’elle était sur le point de poser sa main sur son épaule, une sensation à la fois étrange et familière la traversa ; En vérité, pas étrange, plutôt inattendue, et lorsque la mutante regarda sa main, première chose qui lui tomba sous les yeux, son sens devint évident : Sa peau était redevenue rose, tendre, chaude, et par la même, sa protection télépathique s’était envolée.

Elle essaya de retourner à la protection du diamant, mais sans succès, et lorsque finalement son regard tenta de revenir sur Scott, sur lequel elle devait toujours veiller, elle vit Matilda Brant à sa place, vers laquelle elle fut immédiatement poussée d’une claque à l’arrière de sa tête avant, comme le nom et le visage lui évoquaient encore, plus de dix ans plus tard, que la dite Matilda ne l’appelle « Emma-le-Boudin ». Relevant les yeux vers la jeune fille, ceux-ci furent accueillis par quelques autres de ses anciennes « camarades » ainsi que des cheveux bruns, et sa robe, sa fameuse première robe blanche, déchirée.

« Si au moins tu avais le cerveau qui allait avec ta tête boutonneuse !
- Il lui reste encore son petit numéro pour que Kendall en ait quelque chose à faire d’elle !
- Non, ce n’est p-pas... Sa voix était faible et entremêlée de sanglots ...pas un numéro... »

Le regard troublé de larmes et pointé au sol, Emma y vit s’écraser des gouttes de sang, lui faisant réaliser une sensation d’écoulement depuis son nez. Quand elle en releva les yeux, elle eut l’impression d’être catapulée, et les élèves de la Snow Valley School for Girls disparurent pour laisser place à un lit de son infirmerie, et, dans le couloir adjacent, l’infirmière et la directrice discutant à voix assez basse pour ne pas pouvoir être entendue, mais pas pour échapper à sa mutation naissante – qu’elle le veuille ou non.

« Elle ne s’est pas juste évanouie, et n’avait pas qu’un saignement de nez, dit Monsieur Kendall – c’était tout un numéro. Elle parlait de voix, elle se tenait la tête et demandait que ça s’arrête.
- Hm...C’est vrai qu’elle est un peu l’avorton des Frosts, et j’ai entendu dire que son frère était aussi...il a été interné, j’en resterai là. Mais on ne peut pas y faire grand chose, tous les Frosts sont passés par cette école, on va essayer faire comme si et la garder – elle et le soutien de son père. »

Comme cloué au lit sur lequel elle était censée recouvrir de sa « crise », Emma n’arrivait pas à bouger, trop faible, capable seulement d’entendre et faiblement protester d’une voix à peine audible.

« Je ne suis pas...Christian n’est pas...C’est papa qui est... »

Encore une fois, Emma eut l’impression de tomber dans un abysse noir ; Plaçant ses bras devant elle dans un réflexe aussi humain que dérisoire, ils finirent par heurter le bureau de son père, Winston Frost, visiblement dans une colère peu commune même pour lui.

« C’est ça ton ambition ? Le patriarche Frost se releva de son bureau et adopta la même position que sa fille, bras tendus et posés sur son bureau, lui faisant naturellement la dominer de sa hauteur et carrure. Parce que tu crois que gâcher tout ce qu'on t'a offert, tout ce que tu as fait, te rend meilleure que nous ? Tu crois que parce que tu ne veux pas nous ressembler, tu ne nous ressembles pas ? »

Incapable de maintenir sa posture, Emma enleva ses mains du bois ancien de la demeure familiale et recula, n’arrivant qu’à ouvrir la bouche, pas à en produire un son, pour protester, avant qu’une voix ne vienne l’interrompre de derrière elle.

« Tu es la plus Frost de nous tous, Emma, et tu es allée jusqu’au bout du raisonnement pour le prouver : Seule toi compte, même pas ta famille. »

C’était sa sœur Adrienne, splendide et étrangement familière dans toute sa beauté blonde et plantureuse, au final, pas si éloignée de ce à quoi Emma finirait par ressembler elle-même. Mais lentement, elle se transforma en un cadavre, et avança vers sa sœur, main tendue comme pour la saisir et ne plus jamais la lâcher, un but qui semblait évident à Emma qui recula dans un coin de la pièce.

Soudain, les os qui avaient fini par se décharner intégralement se couvrirent à nouveau de muscles, de chair, finalement même de peaux et cheveux, mais d’une toute autre couleur : Le rouge de Jean Grey, et du Phoenix.

« Et tout ça pour finir deuxième ; En pouvoir comme en amour. Pointant la Reine Blanche du doigt, la rousse finit par tirer une flèche enflammée de sa main, transperçant sa cible à sa poitrine gauche avec un bruit assourdissant de gemme  se brisant, laissant Emma à sa douleur alors qu’elle commençait à doucement brûler depuis l’intérieur, aussi bien physiquement que métaphoriquement, finissant par pleurer devant la seule personne qui ait jamais réussi à la menacer, et dont elle avait peur. Pour un cœur de diamant, il est si facile à briser. »

« Scoott ? Scooott… Viens, mon chéri… »

Tout ça n’était pas réel. Il le savait, bien sûr. Et pourtant… Sa tête lui tournait. Il savait ce que c’était, il l’avait expérimenté avec Emma, quand il était venu lui demander de l’aide. À cette époque, Jean était sur la corde raide, devenant de plus en plus détachée, les pouvoirs du Phénix augmentant ses pouvoirs télépathiques, sans même qu’elle ne le réalise. Il avait demandé à Emma de l’aider à se protéger contre les intrusions psychiques. Cette torpeur, cette migraine, il savait que c’était le symptôme d’une attaque mentale.

Il avançait dans un couloir, et s’appuya contre le mur. La voix sensuelle était dans son dos, et il la connaissait très bien. C’était celle de son premier amour, mais aussi de la femme qu’il avait épousé.

Jean Grey.

Sauf que ce n’était pas elle.

« Di-Disparais… »

La femme ricana dans son dos, et il perçut le reflet de flammes.

« Scott, Scott, le grand leader de la race mutante ! Quelle ironie ! Tu es incapable de te rappeler du visage de ta mère, Scott, incapable d’aimer… Est-ce pour ça que tu n’as jamais demander Emma en mariage ? »

Ne pas répondre, ne pas se laisser abuser. Il avança encore, et les lumières de chambres s’allumèrent. Des chambres… Ou plutôt des cellules. À travers la petite fenêtre des portes blindées, il voyait d’autres versions de lui-même. Un Scott furieux, qui hurlait contre le mur.

« Plus fort ! Tu dois devenir plus fort !
-  Non ! Non ! Madelyne… Jean… gémissait un autre Scott.
-  Pourquoi est-ce que je ne ressens rien ? Ma femme est morte en voulant tuer mon fils, et cela ne m’a jamais perturbé.
-  Tout ça, c’est de sa faute ! Leur faute ! Logan m’a trahi ! Xavier m’a trahi ! Jean m’a trahi ! Ils te trahiront tous ! »

Scott secoua encore la tête. Ne pas les écouter, ne pas les entendre. Emma lui avait dit que certains stimuli le réveilleraient, et il se fiait à cela.

*Emma ? Emma ? Entends-moi, Emma !*

Mais comment pouvait-elle l’entendre ? Elle était sous sa forme diamantine… Était-elle à côté de lui ? Non, il ne le sentait pas.

*Elle aurait retiré sa forme de diamant ? Non… Alors, comment est-ce possible ?*

Dans son dos, Jean gloussa encore.

« Je vais la tuer, Scott. Je vais tous vous tuer, et, comme tous les autres, vous flotterez avec moi dans les airs. Viens, Scottie-chéri. Prends-moi dans tes bras, et viens flotter. »

Scott se retourna alors, prêt à décocher une attaque de rafales optiques… Mais Jean attaqua la première. Elle tendit un doigt, et une langue de feu jaillit, emplissant le couloir. La déflagration le souffla, et il passa à travers une porte, rebondissant sur un lit dans une grande salle. C’était un orphelinat…

Un endroit maudit, le « State Home For Foundlings », l’orphelinat de Nathaniel Essex.


Scott n’avait jamais réussi à percer ses souvenirs de son enfance. Ils étaient verrouillés en lui, un blocage inconscient que même les séances thérapeutiques d’Emma n’avaient pas pu briser. Il était sous un lit, et était redevenu un jeune enfant. Un rêve ? Un souvenir ? Il ne contrôlait pas son corps, et voyait des bottes devant lui.

« Oui, ce sont bien eux… Les tests sont incroyables… »

Changement de décor. Le jeune Scott se trouvait désormais dans un conduit de ventilation, surplombant le bureau du Directeur, qui se trouvait en compagnie de l’Invité.

« Il ne doit jamais savoir que je suis là, Essex, nous sommes bien d’accord ?
-  Évidemment ! C’est grâce à vous que j’ai pu mettre la main sur ce prodige. Si jamais votre Maître mettait ses sales pattes dessus…
-  Je préfère le voir comme un associé, Essex. »

Il reconnaissait la voix froide et dure de Nathaniel, alors que celle de l’Invité était plus douce, plus sensuelle… Mais, paradoxalement, et sans qu’il ne puisse se l’expliquer, cette voix le terrifiait encore plus que celle de Nathaniel.

« Vous aviez raison, les pouvoirs de Scott sont uniques en son genre… Les pics énergétiques qui se dégagent de lui… Je n’ai jamais rien vu de tel.
-  Évidemment. Mais je vous encourage à être prudent lors de l’opération, il suffirait d’un simple mauvais geste pour que son pouvoir se scelle.
-  Oui, oui, bien sûr… Mais, si cela devait se produire, nous appliquerions le plan de secours, n’est-ce pas ?
-  La Tortue ne s’ouvre qu’aux enfants, alors, oui, vous devrez attendre qu’il ait un enfant, et réitérer l’expérience. »

Essex se déplaça lentement, un verre d’alcool à la main.

« Le pouvoir illimité… Qui dort chez moi… »

Nathaniel leva soudain la tête vers Scott, et son corps évolua, s’enflamma, laissant apparaître Jean Grey, sous une forme infernale, celle du Phénix Noir. Le conduit commença alors à s’enflammer autour de Scott.

« Tu ne te souviens donc de rien, Scott ? Tu ne te souviens vraiment de rien ?
-  Qui es-tu ?
-  Pauvre Scott… Perdu depuis tant d’années, comme un chien fou qui court après une caravane sans voir de quoi il s’agit. Tu cherches depuis tant d’années les réponses à tes questions… Mais les réponses sont là, Scott… En toi. »

Le conduit se broya alors, et se déchira. Scott glissa alors, et tomba dans un couloir, revenant dans le bunker, en forme adulte. Il se redressa lentement, tremblant nerveusement. Ce rêve, cette vision de lui dans un conduit… Un rêve, assurément. Il essayait de s’en convaincre…

*Celui qui m’avait regardé… Ce n’était pas Essex, c’était lui… L’Invité.*

Et, tout d’un coup, un mot lui revint, s’échappant des limbes de ses souvenirs, des profondeurs de sa mémoire, comme une ancre perçant le voile de ses souvenirs.

Le Magicien.

Il entendit alors des larmes. Quelqu’un pleurait dans sa tête.

*Emma !*

Scott se releva alors, et se mit à courir. Il traversa plusieurs couloirs, ouvrit une porte, et arriva dans une grande pièce, où une onde de choc le repoussa violemment. Emma était agenouillée en plein milieu, en crise psychique. Devant elle, une silhouette encapuchonnée, spectrale, lui faisait face. Heurtant le mur, Scott était privé de l’usage de ses membres, cloué au mur par cette vague psychique, mais put malgré tout poser sa main sur sa visière.

Il cibla Alep, et tira. Ses rafales optiques traversèrent le fantôme, qui s’envola alors, mettant fin à cette vague psychique. Scott se releva péniblement, et se rapprocha d’Emma, tremblant nerveusement. Il s’agenouilla devant elle, et posa ses deux mains sur ses épaules.

« Emma… Écoute-moi, Emma, entends ma voix, reviens à moi ! Il n’y a que moi, Emma ! Que toi et moi ! Reviens ! »