The Multiversity

Sentant l’opinion de Cyclope changer et se relaxer, Emmeline fit même un pas de côté pour le laisser voir par lui-même qu’il était libre de partir : Exactement comme elle l’avait dit, elle ne comptait pas l’en empêcher, s’il ne s’allierait pas avec elle, alors elle n’avait aucun intérêt à le garder prisonnier. Heureusement, au lieu de profiter de cette chance, il se retourna vers elle, et même s’il n’était pas certain de sa réponse, l’offre l’intéressait.

Faisant un pas vers lui, la Reine ne put répondre qu’avec un brutale honnêteté, mais qu’elle espérait malgré tout résonner en Summers.

« Je ne peux malheureusement rien vous promettre, et j’avoue ne pas avoir de plan à proprement parler – rien de plus que de continuer à se battre. Frost était certes la solution de repli de Xavier, mais elle non plus n’avait pas été gardée au courant des petits secrets du professeur, et même si elle savait qu’il était de son devoir de mutante, si ce n’est de monarque, de servir de télépathe à ses X-Men, elle ne savait pas en quoi cela consisterait exactement. La situation de Dracula est bien dominante, mais il n’est pas invulnérable, et surtout, que faire d’autre si ce n’est abandonner ? Je ne pense pas que ça soit ce que Charles vous a inculqué, et pour être franche, j’ai du mal à imaginer, après tout ce que ce vampire vous a fait, vous ayez l’intention de le laisser gagner sans tenter votre chance. Se rendant compte que cela n’était encourageant qu’à un niveau très superficiel, Emmeline, même si elle n’avait toujours pas de plan, proposa des options. Dracula m’a délégué le « problème X-Men », et jusqu’ici, je lui ai dit que vous n’en étiez pas un gros, et que vous aviez quitté Westchester – il a beaucoup trop dont il doit se soucier sur le continent, et même ailleurs, pour vérifier, et puis, il n’a aucune idée que je ne suis pas l’esclave docile que je devrais être. En somme, tant que vous ne faites pas d’énormes vagues, je peux garder votre existence un secret...Tout en vous donnant les informations qui vous permettront de frapper là où il faut. »

C’était vague, mais ça avait du sens, et ça ferait un peu plus pencher la balance du côté des mutants, même s’il leur restait à se battre. Et sur cet axe, même si la Reine Blanche voulait aider, elle devait admettre que sa position était précaire, et le deviendrait encore plus si jamais un vampire pouvoir risquer de la dévoiler, mais il y avait peut-être quelques solutions. Quoi qu’il en soit, c’était de l’honnêteté qu’elle voulait donner à Cyclope, alors elle continua à lui expliquer à la fois ses possibilités, et ses restrictions.

« Bien entendu, à moins que vous n’ayiez grand besoin, et par ça j’entends vital, de moi, ou un moyen de m’offrir l’absolue garantie que je ne serai pas reconnue, je ne peux pas vous aider sur le terrain ; Ma position est peut-être tout ce qui se tient entre les X-Men... Sans télépathe dans leurs rangs, ils ne pourraient facilement échapper aux scans de Jean Grey si Dracula décidait de la lâcher à leurs trousses ; Évidemment, cela voulait dire qu’avec Emmeline avec eux, ils recouvreraient une mesure de discrétion, mais ça ne valait pas l’abandon de sa position très avantageuse, alors la possibilité fut simplement écartée par son discours comme un plan B ...et leur annihilation, alors, pour l’instant, il serait sans doute plus logique de garder cette relation à...Disons, des visites régulières – les châteaux ont souvent des entrées, en fait, sorties, secrètes...L’assurance que les vampires à mes ordres sont métaphoriquement muselés, et des informations de l’intérieur...Serait-ce assez pour vous redonner l’envie de vous battre, Scott ? D’ici que Dracula se rende compte qu’il a été trahi, nous pourrions avoir quasiment gagné en Angleterre, peut-être même rallié encore plus de mutants – et humains – à notre cause. »

Se rapprochant à nouveau de Cyclope, la Reine posa ses yeux aux teintes contradictoires sur les deux marques de croc à la base de son cou avant de rapidement ramener son regard dans le sien, évitant de trop lanciner sur cette marque de sa nature corrompue. Après un soupir, elle décida malgré tout qu'il était de bon ton de s'en excuser.

« Et, bien entendu, quelle que soit votre décision, veuillez m'excuser pour...cela. Il m'est un peu difficile de me sustenter - pas physiquement, mais...philosophiquement - et la faim vient parfois à éroder ma raison : J'avais pensé qu'une fois que nous serions bel et bien alliés, vous m'auriez...comprise, j'imagine, mais de toute évidence, tout ne s'est pas passé comme je l'espérais. »

Il y avait aussi que le sang du mutant, peut-être parce qu'il était un mutant, mais elle n'en était pas certaine, avait un attrait tout particulier, mais si la Reine comptait être honnête, elle ne comptait pas suicider toute son argumentation sur ce point de détail.

La Reine d’Angleterre, une vampire… Scott devait encore se faire à l’idée. Cette superbe femme (car on ne pouvait pas nier sa beauté renversante) servait Dracula, mais voulait cependant se rebeller contre lui. Scott n’avait jamais vu ça… Une vampire de Dracula souhaitant renverser son créateur. Si c’était un piège, Scott ne savait pas à quelle fin cela rimait. Comme Emmeline le fit observer, les X-Men ne représentaient plus une menace pour Dracula. Qu’il ait choisi de ne pas les achever était une forme d’humiliation ultime, ou peut-être une crainte de voir Jean se retourner contre lui. Scott savait désormais que, tôt ou tard, Jean reviendrait. Quand elle aurait été complètement pervertie par Dracula, elle fondrait sur eux, et ce serait la preuve ultime de son allégeance à Dracula. En attendant, que faire ? S’allier avec cette femme ? Elle lui parla encore, lui indiquant qu’elle n’avait en soi aucun plan contre Dracula, et qu’ils devraient espacer leur rencontre, et éviter de se faire voir ensemble. Cela, Scott ne pouvait qu’être d’accord. Emmeline indiqua que c’était elle qui couvrait les X-Men, elle qui rassurait Dracula en leur assurant qu’ils n’étaient plus une menace.

« Vous avez raison… »

Scott resta encore silencieux, tandis qu’une nouvelle idée était en train de germer dans son esprit.

*Est-ce qu’elle échappe à son contrôle parce qu’elle est télépathe ? Si c’est le cas, alors peut-être que Jean…*

Scott commençait à sentir l’espoir revenir en lui. Mais cela semblait si absurde !

« Attendez, Majesté… S’il-vous-plaît, je… »

Il réfléchit un peu, avant de reprendre :

« Tous ceux qui ont été mordus par Dracula, jusqu’à présent, lui obéissaient. Croyez-moi, nous avons essayé de saisir ce lien, de le rompre… Mais ce n’est pas qu’un simple lien télépathique, c’est… Un lien unique en son genre. Comment faites-vous pour y résister ? Est-ce grâce à votre télépathie ? »

D’où trouvait-elle cette force, cette autonomie ? Cela intriguait bel et bien Scott !

« J’ai bien peur que ça n’ait aucun rapport avec ma télépathie. Quand Dracula m’a...transformée, j’ai été sous son joug pendant plusieurs mois, jusqu’à ce que j’ai par pur hasard besoin de ma forme de diamant – celle-là même qui me protège contre vos rayons – qui m’a libérée de son emprise. Sentant tout l’intérêt de Cyclope pour ce moyen, même si sa réponse n’était pas celle escomptée, la Reine continua son explication. Il n’y a encore rien eu qui puisse ne serait-ce que m’arracher un cheveux, sous cette forme, et cela vaut aussi pour les influences plus...mentales ; Même moi, je ne peux pas passer au travers pour utiliser ma télépathie, je suis comme coupée de tout, même de mes propres émotions. »

Sur cette réponse décevante, Emmeline et Scott – dont les coéquipiers s’inquiétaient sans doute déjà – se séparèrent. Quelques jours plus tard, une proclamation très discrète, pour que la nouvelle n’atteigne pas Dracula ou ses servants, du nouveau Comte de Westchester, suivit, pour lui permettre d’agir avec plus d’efficacité, et deux semaines après, une nouvelle lettre portant le sceau royale.

« Cher Scott,

Votre « collaborateur » le Wolverine a été capturé par la garde de Londres – croyez bien que j’ai essayé de faire bâcler l’enquête sur ses agissements, mais il a été remarquablement actif et donc difficile à couvrir – et j’ai peur qu’il ne soit trop tard pour que je puisse le libérer et faire oublier sa capture.

Je peux cependant vous révéler l’endroit où il est retenu – il change souvent, je pense qu’il serait donc mieux de ne pas faire cela par lettre – pour que vous puissiez le libérer vous-mêmes.

Sa Majesté Emmeline Frost »

« Nous allons voter, Scott, on ne peut plus y échapper.
-  Nous ne pouvons pas partir, Ororo !
-  Tu ne vas quand même pas encore me parler du plan de Charles, non ?
-  La Reine d’Angleterre est une mutante, Ororo ! Charles avait un plan de secours. On ne peut pas partir. Fuir, ce n’est pas une solution, Dracula nous retrouvera, il envahira les États-Unis… »

Ororo soupira encore. Elle savait combien les États-Unis formaient un pays raciste, bien plus que les vieux pays européens… Ce qui n’était pas peu dire. Ororo était régulièrement mal vue des Anglais, mais elle savait que ce serait encore pire de l’autre côté de l’Atlantique. Pourtant, elle insistait pour que les X-Men partent, qu’ils s’exilent là-bas, se reconstruisent, et trouvent peut-être de nouveaux mutants. Charles avait souvent envisagé cette piste, car beaucoup d’Anglais s’étaient installés aux Amériques. Il était donc logique de supposer que de nouveaux mutants s’y trouvaient… Peut-être même Erik. Ororo faisait partie de ceux qui pensaient qu’Erik avait rejoint le Nouveau Monde pour y former une nouvelle confrérie. Scott, toutefois, s’accrochait à un nouvel espoir depuis qu’il était revenu ici… La Reine Frost. Il s’était surpris à rêver d’elle, et, dans ses rêves, elle le mordait, buvant son sang, et faisant de lui son amant… Il s’était surpris à plusieurs reprises à se réveiller avec une solide érection, une excitation lancinante qui l’élançait furieusement.

Pour résoudre cette situation, Ororo avait proposé un vote, que chaque mutant choisisse… Scott n’y était pas spécialement favorable, car il savait que ce vote serait influencé par la peur et par ce sentiment de désespoir qui traversait la communauté. Mais la ligne de Scott semblait de plus en plus suicidaire et isolée, surtout depuis que Jean était devenue la Reine Noire de Dracula. Les nouvelles qui venaient de l’Europe centrale étaient très préoccupantes, et on disait qu’elle agissait en Russie, visant à renverser le Tsar.

Scott sortit de sa conversation avec Ororo quand on lui remit une missive des plus inquiétantes. Il la lut, et déglutit. C’était la fine et délicate écriture de la Reine, lui annonçant que Logan avait été capturé.

« C’est pas possible… »

Il remit la lettre à Ororo, qui étudia silencieusement la lettre.

« Cela pourrait être un piège…
-  Pourquoi ça ? Si la Reine souhaitait nous annihiler, l’armée royale serait déjà en train d’encercler le château. »

Ororo soupira doucement.

« Et qu’est-ce qu’on devrait faire ?
-  Logan a encore agi seul, mais on ne peut pas laisser Dracula mettre la main sur lui… Son facteur autoguérisseur ferait de lui un vampire inarrêtable. S’il a été capturé par l’armée, Dracula le saura tôt ou tard. Nous devrions voir la Reine… »

Ils en discutèrent avec d’autres X-Men, et décidèrent de former une petite équipe pour y aller… Scott, en compagnie de Colossus, de Diablo, et d’Ororo. Une petite équipe était souvent l’idéal pour passer inaperçu, mais, en attendant, Scott devait aussi trouver un moyen d’entrer en contact avec la Reine. Bénéficiant de leur statut de Lords en tant que légataires du comté de Westchester, ils s’installèrent dans un hôtel particulier au bord de St James’s Park, près de Big Ben. Scott comptait se rendre à nouveau au Palais Royal, mais il se disait que la Reine aurait sûrement un moyen de le contacter… Une rencontre qu’il attendait autant qu’il redoutait, car ses rêves à son encontre étaient de plus en plus marquants…

Alors que les X-Men passaient le temps, en fin de soirée, dans une de leurs chambres, Piotr, assis près de la fenêtre, tourna rapidement la tête vers l’extérieur alors que le bruit d’un fiacre sur la rue pavée se faisait entendre, puis s’arrêta juste devant l’hôtel. Le géant Russe se pencha vers le verre pour pouvoir surprendre la personne descendant de la voiture, et appela Scott d’un signe de la main après une simple seconde d’observation : La femme, blonde et élancée, portait une robe à la coupe simple mais d’un blanc immaculé et aux ornements riches, surmonté d’un élégant châle, et il ne pouvait raisonnablement s’agir que de la Reine.

« Pas très discret, da ? Piotr tourna la tête vers Summers pour confirmation.

- C’est une télépathe – elle n’a pas besoin d’être discrète. »

Arrivé lui aussi à la fenêtre dont il était resté jusque là éloigné, pour ne pas être vu, Kurt avait été pris de curiosité – et comme il supposait, Emmeline pouvait de toute façon régler tout problème de témoin. Ororo, pour sa part, attendait déjà son arrivée par la porte, ne prenant pas la peine de guetter son arrivée.

Et comme elle prédit, après quelques minutes, la Reine frappa respectueusement à la porte, juste assez pour se faire entendre, et Kurt alla lui ouvrir ; Après une légère surprise à son apparence, elle le salua de la tête, geste auquel il retourna une révérence, avant d’entrer.

« Bonjour, et merci d’être venus – vous avez de la chance d’avoir choisi aujourd’hui, le Wolverine sera transporté cette nuit, ce qui rendra la tâche plus facile, même s’il sera bien escorté.

- Comment vous avez nous trouvés si vite ? Storm demanda aussitôt Emmeline eut finit sa phrase d’un ton sec, prête à poser cette question depuis son arrivée.

- J’ai senti la présence de Scott dès qu’il est arrivé à Londres.

- Et vous ne pourrez pas nous aider, évidemment ?

- J’ai peur que ça ne serait trop risqué – il suffirait que quelqu’un prenne une photographie ou que je perdre ma concentration un instant pour être exposée et ne puisse plus vous aider en tant que Reine. »

Évidemment, il y avait une certaine injustice à ce que les X-Men aient eux à prendre ces risques, mais il était vrai que dans le cas de la télépathe, sa simple identité était à protéger, et malgré toutes ses critiques, Storm était prête à admettre cette justification. Alors, elle passa au plan d’action, demandant à la monarque les détails du transport de leur ex-collègue.

Pendant ce temps, Emmeline initia une conversation télépathique avec Scott, plongeant, chaque fois qu’on ne requérait pas son attention ailleurs, son regard dans le sien, comme transperçant sa visière.

« Quand j’ai dit que j’avais senti votre présence, ça n’était pas juste un tour de télépathie – vous le vivez aussi, ce lien entre nous, n'est-ce pas ?

Je m’attendais à un tel effet, parce que j’ai bu votre sang, mais il n’a jamais été aussi fort auparavant, ni...ainsi.

C’est comme si vous m’appeliez – en vérité, je n’ai même pas eu à chercher votre présence, ce soir, c’est vous qui vous êtes révélé à moi.

Je ne sais pas si c’est parce que vous êtes un mutant, ou votre...prédisposition à la télépathie... »

La Reine entra donc, et Scott frémit doucement. Il laissa Ororo entamer les négociations, et, sans le regarder, Emmeline ouvrit avec lui une discussion parallèle. Cela rappelait Jean, qui était capable de mener plusieurs conversations télépathiques en même temps. C’était un exercice qu’elle avait appris avec Charles, et, si Emmeline avait été formée par lui, elle avait dû l’apprendre également. Il resta silencieux. Fort heureusement, on pouvait compter sur le stoïcisme naturel de Scott, mais il était troublé… Confus par ce lien unique avec elle.

*[MT] Je l’ai senti aussi… J’ai évité de leur parler de votre condition, nous n’aurions jamais pu nous rencontrer sinon. [/MT]*

Il suffisait de voir Ororo pour comprendre sa méfiance naturelle. Une méfiance fondée par son passé d’esclave, une méfiance naturelle à l’encontre des personnes blanches de pouvoir.

« Admettons que vous souhaitiez vraiment nous aider, Majesté… Où se trouve Wolverine ? »

Comme à son habitude, Wolverine avait agi en tête brûlée. Il s’était mis en tête de traquer les vampires de Londres, et était parti sur la piste de ce sinistre tueur, Jack l’Éventreur, le suspectant d’être en réalité un vampire. Il avait fini par se faire arrêter par la garde. Il était incarcéré à la Tour de Londres, et représentait une véritable menace… La Reine leur expliqua que Jack l’Éventreur était en réalité Dracula, et que les prostituées qu’il avait tués étaient devenues pour la plupart des vampires, infectant ensuite leurs clients pour répandre son clan. C’était de cette manière que Dracula avait pu s’infiltrer à Londres, mais il allait sans aucun doute revenir.

« C’est le facteur autoguérisseur de Logan… Si Dracula le vampirise…
-  Nous ignorons si cela est possible, nuança Kurt. Hank a toujours pensé que son facteur autoguérisseur le protégeait du vampirisme.
-  On ne peut pas prendre le risque que Dracula parvienne à percer le secret du sang de Wolverine, et à le transformer. »

Leur bataille était déjà désespérée, mais, si Dracula mettait la main sur Wolverine, ce serait un échec patenté. Wolverine était accusé d’être Jack l’Éventreur, car il avait tué des prostituées qui étaient des vampires.

« La Reine est une puissante télépathe. Avec son aide, nous avons une chance de défaire Dracula.
-  Cela, nous en discuterons plus tard… Mais, dans tous les cas, si nous perdons Logan, Dracula gagnera à coup sûr. »

Scott acquiesça, et laissa ses pensées filer vers la Reine.

*[MT] J’ai rêvé de vous… Est-ce que vous l’avez senti ? Je croyais que je ne pouvais avoir ce lien qu’avec Jean, mais ce que je ressens pour vous… J’ai envie de vous faire confiance, et de croire que vous pouvez vraiment tenir tête à Dracula. [/MT]*

Croire… C’était tout ce que Scott avait toujours fait. Croire en des idéaux. Charles le leur avait souvent répétés : les croyants étaient sur Terre pour souffrir. La vie du Christ n’avait pas été un long fleuve tranquille, et les humains avaient failli en le crucifiant. Le Christ s’était sacrifié pour racheter les péchés des humains, et, pendant toute leur vie matérielle, les croyants seraient soumis à la Tentation. Y résister était le fardeau de tout croyant.

« Alors, Fraülein, quelle est donc votre stratégie pour que nous libérions notre ami ? Depuis l’évasion de Scott, je suppose que les lieux sont plus sécurisés… »

« J’ai fait oublier le court séjour de Cyclope aux soldats de la tour, mais même sans cela, il a été ordonné que la garde soit renforcée pour le cas tout spécial de votre « ami ». L’âpreté du terme avait été très palpable durant toute la discussion, même si cela ne changeait rien à la nécessité de le libérer. Et si j’envoyais un contre-ordre, cela m’exposerait lorsque l’enquête sur sa libération sera lancée. Cependant, je peux vous offrir la connaissance d’un passage secret – il ne vous permettra pas de libérer le Wolverine sans être surpris, il donne sur une toute autre salle de la Tour, mais il devrait vous simplifier la tâche.

- Et vous ne serez pas soupçonnée, s’ils comprennent qu’on a utilisé ce passage secret ?

- C’est un château de plus de 800 ans, Kurt, le mutant n’avait pas révélé son nom à la télépathe, ce qui surprit donc et, dans le cas d’Ororo, agaça l’assemblée, mais la Reine continua son explication comme si de rien n’était, une moue dédaigneuse envers le danger que tout cela représentait pour elle aux lèvres, alors, même si l’on ne crie pas son existence sur tous les toits, ce n’est pas exactement un secret d’état que moi seule connaîs. »

Emmeline partagea ensuite la connaissance de ce passage avec les X-Men par télépathie, leur inculquant en passant une parfaite connaissance des lieux en implantant ses propres souvenirs de la Tour dans leurs esprits. Même si Storm avait des réservations, et qu’une voix intérieure lui disait que cet étroit et long couloir souterrain serait parfait pour une ambuscade, elle commença à croire à la bonne volonté de la Reine qui avait déjà eu deux occasions d’envoyer ses troupes à leurs trousses.

Pendant que l’équipe de choc mutante discutait donc les détails de leur opération, demandant par moment une précision à Frost qui leur répondait du mieux qu’elle pouvait, n’ayant après tout pas mainmise sur tout ce qui touchait à l’armée, elle continua sa conversation avec Scott, lui lançant de brefs regards de ses yeux bleus ou rouges selon les reflets.

« Je vous prouverai en temps et en heure que vous pouvez – lorsque vous libérerez le Wolverine, j’espère que ça sera déjà gage de ma bonne volonté.

Quant à vos rêves, oui, je les ai sentis – clairement, en fait : Étant donné ma « condition »... Elle reprit les mots de Summers, trouvant cela une formulation très polie quand elle savait à quel point il avait été élevé dans la haine du vampire ...j’étais évidemment réveillée pour les recevoir. »

Emmeline arrêta sa réponse ici, mais un peu plus tard durant la plannification de l’opération des X-Men, elle reprit, mordillant discrètement sa lèvre inférieure entre deux de ses canines.

« En fait, il est possible que j’en sois à l’origine. Votre sang était...il n’y a pas vraiment de manière élégante de le dire, délicieux – prenez le comme un compliment, vous êtes un jeune homme plein de vigueur et de vivacité – et vous êtes le premier humain qui sache que je suis une vampire sans être à la solde de Dracula.

Je sais que c’est une contradiction en soi, mais je rêvais moi-même – pas littéralement, mais nous sommes maintenant liés, ce que ma télépathie amplifie – de pouvoir me sustenter de manière...éthique. Sans voler le sang d’un innocent, ou plus me lier aux jeux et sbires de Dracula. Je me doute que l’idée est révoltante, sans parler que vous avez bien besoin de votre sang au sein des X-Men, mais...je ne contrôle pas plus mes espoirs que vous, Mr. Summers. »

Emmeline expliqua aux X-Men que son plan consistait à utiliser un passage secret pour rejoindre la Tour de Londres. Cette forteresse datait du 11<sup>ème(/sup] siècle, et elle leur présenta des plans. Le passage secret passait par les égouts, avec un point de départ le long de la Tamise, accessible depuis des entrepôts royaux. Cet ancien passage secret avait historiquement servi de poterne, et, malgré les reconstructions et rénovations multiples de la forteresse, ce passage ancestral était resté. Il avait été emmuré, mais les X-Men pouvaient aisément abattre ces palissades. Tandis qu’Ororo et les X-Men étudiaient cette carte, Emmeline se rapprocha de Scott. Le duo s’isola dans une chambre, et Scott soupira doucement, se sentant étrangement… Excité. Oui, c’était le meilleur mot qui convienne. La présence de cette femme, pour une raison inconnue, l’électrisait. Elle enflammait ses sens, exaltait ses passions. Belle et élégante, elle lui expliqua avoir vu ses rêves, et supposa qu’ils étaient liés à sa morsure. Scott hocha la tête.

« Vous devez vous sustenter, maintenant que vous êtes une vampire… »

C’était un fait simple, indiscutable. Un vampire avait besoin de se nourrir, et cela valait pour la Reine. Même avec ses pouvoirs télépathiques, elle ne pouvait pas oblitérer l’absence de sang. Scott se rapprocha lentement d’elle. Un feu de cheminée crépitait encore dans l’âtre, donnant à la pièce une ambiance sombre et chatoyante. Il croisa le regard de la Reine.

« Les vampires que nous avons interrogés… Ils ont dit qu’il n’était pas obligatoire de tuer, mais que tuer leur proie rend le sang meilleur, et les renforce… Alors que, s’ils se contentent de prélever un peu de sang, ils ne subissent aucune amélioration. Vous n’avez jamais tué d’innocents, donc ? Comment faites-vous ? Vous prenez le sang des prisonniers ? »

Curieusement, cette idée, celle qu’Emmeline puisse se nourrir sur d’autres personnes, lui était assez désagréable. Il repensait encore à sa morsure, et l’idée qu’elle en morde d’autres… Cela suscitait chez lui un curieux sentiment de jalousie !</sup>

Isolée des autres X-Men avec Summers et son sens télépathique sur ses gardes, la Reine gardait malgré tout la voix basse ; Même si Cyclops l’avait crue – après une mésaventure – elle ne parierait pas sur ses chances avec les autres, notamment cette « Storm » qui ne l’aimait de toute évidence guère.

« Des prisonniers, des servants, parfois des quidams...J’essaie de lutter contre la soif, mais elle me rattrape toujours – vous l’avez vu la nuit où nous nous sommes rencontrés ; J’aimerais dire que cela me transforme en monstre incapable de réfléchir, une simple bête qui n’est pas moi, mais non, c’est simplement une envie irrésistible malgré tous mes efforts qui finit par les vaincre et me faire céder... Emmeline jurait vouloir lutter contre sa nature vampirique et les divers fardeaux qu’elle amenait, mais elle restait sa nature ; Sa soif la forçait à un équilibre précaire entre ce qu’il lui fallait pour survivre et sa conscience chrétienne. Pour rassurer celle de Scott, elle leva un doigt ganté pour plus directement répondre à sa question ...J’ai toujours su les garder en vie, et même si Dracula trouve cela une « habitude déplorable », j’arrive à le justifier par un besoin de discrétion, et de praticité... »

Les pensées de Summers n’échappaient pas à la monarque, même si elle essayait de ne pas faire dans le voyeurisme en s’attardant sur les détails, tentant même de faire outre le peu qu’elle ne pouvait que percevoir, mais une idée en particulier attira son attention, en fait, la réclama : Celle qu’elle boive son sang à nouveau, vue non pas avec dégoût mais désir, même si l’étendue exact du dit désir restait nébuleuse.

Se retournant vers Scott, ayant jusque là marché dans la chambre, elle plaça son regard dans le sien – en tout cas, là où elle l’imaginait être – et décida d’aborder le sujet plutôt que laisser cette occasion passer.

« Si vous... Emmeline ramena sa main à elle et la mit dans son autre, comme si elle avait touché du doigt quelque chose de brûlant, pendant que des visions filèrent dans l’esprit du X-Man. Dans ces bribes d’une scène, qui semblaient en vérité une multitude de facettes d’une unique et même idée, elle l’enserrait dans ses bras parfois comme une bête le ferait, parfois plus humainement, et dans certaines, le chevauchait comme un amant ; Même ses tenues changeaient, et ils semblaient tantôt sur un lit, tantôt dans les geôles de la Tour de Londres, tantôt sur le trône d’Angleterre, mais la constante était toujours qu’au lieu d’un baiser sulfureux, c’était une profonde morsure, tout aussi passionnée, qu’elle lui infligeait ...Non, c’est–inutile d’en parler, vous avez besoin de votre sang pour votre - notre ? - lutte, surtout ce soir... »

Cette image le hantait étrangement. Emmeline lui expliqua qu’elle préservait ses victimes, qu’elle les laissait en vie, quoique épuisés. Cela déplaisait à Dracula. Une personne exsangue pouvait ensuite devenir un vampire si le vampire lui faisait boire son sang… Ou à défaut une goule, un esclave entièrement soumis à la volonté de son Maître. Les vampires disposaient de pouvoirs terrifiants, et pouvaient envoûter les humains. Scott n’ayant pas de yeux accessibles, il avait toujours considéré que le pouvoir d’envoûtement des vampires ne marchait pas sur lui. Mais, dans ce cas, comment expliquer cette attirance qu’il ressentait envers la Reine ? Tandis qu’Ororo se préparait dans la grande pièce attenante, Scott et Emmeline continuaient à se rapprocher, et il sentit un léger frisson en lui. Des images se développèrent, des séquences qui amenèrent une érection entre ses cuisses… Ou, plutôt, un début d’érection. Ses doigts se crispèrent sur ceux d’Emmeline, et il déplaça son autre main, caressant soudainement sa joue.

« J’ai été avec une télépathe, Majesté… Inutile de vouloir instaurer de telles visions en moi. »

Il n’était pas totalement dupe, Scott avait appris, à force, et il savait quand une télépathe s’immisçait dans son esprit. Il ne pouvait certes pas la repousser, mais il pouvait percevoir sa présence, et réagissait en fonction. Scott frémit doucement, si proche d’elle, et caressa sa douce et tendre peau.

« Je… Je ne comprends pas ce que je ressens… Vous ne m’avez pas envoûté, et pourtant, votre visage m’obsède, votre corps me fascine… »

Scott déglutit encore. Il savait pourtant qu’elle était une vampire, mais il était incapable de lutter contre cette soudaine attraction, contre cette vague qui remontait en lui.

« M’auriez-vous envoûté sans me prévenir, Majesté ? »

Malgré son droit royal de refuser que Scott ne pose ses mains ainsi sur elle, la Reine le laissa cependant faire, se redressant même fièrement sous ses doigts, comme pour mieux se présenter à eux. À travers ses gants, la froideur de son corps se devinait, mais sans rien entre sa joue et la peau de Cyclope, elle était évidente. Pour lui, c’était comme toucher un objet qui venait de la nuit extérieure – à ceci près qu’Emmeline n’était pas un objet, c’était bien le cas – alors que pour elle, c’était au contraire presque brûlant, mais seulement presque ; C’était une chaleur qu’elle ne pouvait ignorer, comme celle d’un bain chaud qui menaçait de le devenir trop, mais auquel on s’habituait finalement.

« Je ne vous ai pas envoûté, Scott – et ne vous envoûterai jamais...en tout cas, pas de cette façon. La Reine amena la main que Summers avait pris dans la sienne à son visage à lui, caressant du dos de ses doigts gantés le début de barbe qui l’adornait. En même temps, elle pencha le sien, faisant naturellement glisser les doigts du X-Man plus bas, vers sa mâchoire. Et ne vous méprenez pas, ce lien n’est pas à sens unique...votre esprit rêve de moi, m’appelle : me réclame ; Certes, je lui donne ce qu’il demande, mais...il le demande bel et bien. »

Faisant un court pas vers Scott tout en apportant son autre main à son visage, elle tira doucement sur celui-ci pour qu’il suive le mouvement et continue à lui faire face. Cyclope ne pouvait pas lire son esprit, mais comme il l’avait lui-même dit, il n’était pas complètement dupe non plus, et avait aisément deviné qu’elle lui faisait quelque chose, peut-être même les raisons pour lesquelles elle le faisait, même si elles n’étaient pas très compliquées, seulement surnaturelles.

« Est-ce ça que vous attendez pour le reconnaître, que votre Reine quémande..? Depuis qu’elle avait bu le sang de Summers, la Reine s’était trouvée à se remémorer sa saveur, les sensations qu’elle lui avait causé, avec envie, comme une addicte qui depuis chassait ce à quoi elle avait goûté. Sa poigne se resserra doucement autour de la mâchoire de Scott ; Pas assez pour que ce soit vraiment désagréable, malgré la force décuplée des vampires, mais assez pour trahir qu’Emmeline était loin d’être indifférente à ce qui se jouait. Je veux votre sang – je ne vous ordonnerai pas de me le donner, en tant que Reine, télépathe, ou vampire, mais je le veux. Je comprends que c’est un grand sacrifice, d’autant plus vu votre rôle guerrier, Scott, mais étant donné les pensées qui agitent votre esprit et votre corps, je suis certaine que nous pourrions arriver à un compromis. »

Pas d’envoûtement, donc, mais une attraction réelle, alchimique… Quelque chose que Scott ressentait au plus profond de lui, dans ses tripes. Il déglutit doucement en la regardant. La Reine se rapprocha de lui, et, même s’il avait conscience de son comportement outrancier en agissant ainsi, il ne pouvait que toucher son visage. Emmeline avait un délicat visage de porcelaine, fin et doux… Froid, mais qui pouvait se réchauffer. Il caressa sa mâchoire, glissant contre cette peau, sentant la mâchoire remuer tandis qu’elle se remettait à parler. Elle lui avoua avoir envie de son sang. Le sang de Scott était-il si agréable que ça ? Du peu qu’il savait des vampires, il savait que tous les sangs ne se valaient pas. Le sien avait-il donc un goût particulier pour Emmeline ? Il déglutit lentement, ayant du mal à dissimuler sa nervosité, ou la confusion dans laquelle le contact de la jeune Reine le plongeait.

« Et bien, je… »

Il se racla la gorge, peinant à détacher son regard de la Reine. Elle était proche de lui, si proche… Si proche qu’il l’embrassa subitement. Le geste dut sans doute la surprendre, autant qu’il en était surpris, mais il ne rompit pas le baiser pour autant. Scott l’embrassa avec une envie sincère et réelle. Au fond de lui, il savait très bien que la Reine ne l’avait pas manipulé. Scott avait passé suffisamment de temps avec une télépathe pour reconnaître ce genre de choses. Il l’embrassa donc, sans violence, laissant volontiers à la femme l’occasion de le repousser. Elle n’en fit toutefois rien, et il l’embrassa donc, pendant de longues secondes.

« Westchester n’est plus sûre pour nous, Majesté… Mais, si vous êtes là pour nous protéger, Londres serait sans doute meilleure. Nous pourrions ainsi nous voir… Il faut de 24h à 48h pour que le corps humain reconstitue 450 millitres de sang. Alors, si cela vous va, mon compromis est assez simple… »

Scott l’observa encore.

« Je veux être votre donneur exclusif. Nous nous rencontrerons chez vous le soir, et vous vous sustenterez, Majesté… Pendant toute la nuit. »

Difficile de croire, toutefois, que Scott se contentera juste de lui offrir son sang… Surtout quand on constatait l’érection qu’il avait en ce moment !

Suspendue aux lèvres de Scott en attente de sa réponse, la Reine ne pouvait que s’avouer surprise lorsqu’au lieu de formuler quelques mots de plus, celles-ci vinrent à l’assaut des siennes. Cependant, la surprise était loin d’être désagréable, et un fait qu’elle ne pouvait reprocher au X-Man – c’était sans nul doute l’une des raisons pour laquelle son sang était si délicieux. Doucement, ses mains remontèrent les joues de Summers tout en attirant son visage à elle, pendant qu’elle pressait son bassin contre lui, confirmant sans le moindre mot et pourtant avec brûlante, palpable assurance que ce baiser n’était pas volé.

La nouvelle que les X-Men devraient quitter Westchester vint gâcher cet élan, mais Emmeline l’accepta sans sourciller, gardant le visage de Scott dans ses mains pendant qu’il lui dictait les contraintes de leur accord.

« Très bien...Termes acceptés – tant pour votre nouveau repaire que... Les doigts gantés de la monarque caressaient doucement la peau de son sujet, excepté pour ses pouces qui effleuraient délicatement le dessous de sa visière ...notre arrangement. Les yeux violacés d’Emmeline filèrent soudainement d’un côté, seulement de brèves secondes avant que quelques bruits étouffés vinrent du reste de la suite. Vos amis sont prêts et vont bientôt venir vous chercher pour votre mission – nous nous reverrons bien vite, ne vous en faites pas. »

Sur ces mots, la vampire embrassa Cyclope à son tour un unique instant avant de s’extirper de son enlace pour être à une distance plus respectable lorsque Storm et Kurt arrivèrent dans la chambre. Ensemble, les X-Men partirent alors en mission, abandonnant la Reine à ses devoirs royaux.

Lorsque Summers revint dans sa chambre, plusieurs heures plus tard, il y trouva une lettre, ou plutôt, une adresse, unique information figurant sur le papier, dans l’écriture raffinée de la Reine, ainsi qu’une clef, sous-entendant de manière plus qu’évidente que là se situait leur nouvelle base d’opération.

Lorsqu’ils s’y rendirent, les X-Men trouvèrent une petite cour de quelques arbres, entourée de bâtiments que l’unique passe-partout semblait commander; Peu en comparaison à Westchester, mais assez pour vivre en paix et toute discrétion, et certainement rare dans Londres. Storm n’avait pas pris la décision soudaine – et qu’elle attribuait évidemment à la Reine – de quitter le manoir de Xavier aisément, mais avait su être convaincue par Scott, et après une inspection et investigation sommaire des lieux, avec les autres ainsi que lui-même, elle emménagea dans les bâtiments. Plus tard, lorsque Cyclope entra dans sa chambre après un emménagement plus que spécial, il pu trouver une nouvelle lettre qui l’invita à nouveau à Buckingham Palace, mais cette fois, les mots mielleux de la Reine l’assuraient, ce serait seul, et sans aucun piège.

Lorsqu’il arriva au palais, après qu’un garde l’ait guidé vers les appartements royaux encore sombres et que le servant n’osa illuminer, comme si inhabités, il fut surpris par une odeur douce et subtile, même s’il n’arrivait pas à deviner ce qu’elle indiquait exactement, mais surtout une voix – celle de la Reine, à laquelle il commençait à s’habituer, l’entendant jusque dans ses rêves.

« Bienvenue, Scott – j’espère que vous êtes prêt à honorer notre accord. » Le temps que ses yeux ne s’habituent à la noirceur de la pièce, Scott put remarquer la silhouette fine d’Emmeline, même si elle semblait encore plus effilée qu’auparavant, ce qui était pourtant difficile. Vous pouvez allumer la lumière – c’est juste que je n’en ai pas besoin. »

Ce luxe, récemment installé à Londres et surtout au palais royal, révéla rapidement la raison de la silhouette soudainement plus fine de la Reine ; Celle-ci portait une « robe » qui dévoilait en vérité sa poitrine, allant jusqu’à en épouser la base de quelques dentelles qui courbaient avec sa peau, et la souligner très littéralement d’un rebord de soie épaisse qui faisait le tour de son buste, enserrant même ses bras, comme le col d’une véritable robe de soirée le ferait, mais évidemment plus bas.

Plus bas, justement, un corset formait la base et le centre de la tenue, empoignant fermement la taille et les hanches d’Emmeline, et en descendait une jupe fendue à l’avant, dévoilant une culotte satinée par comparaison tout à fait classique. C’était le plus osé qu’avait été la Reine, et de loin, mais elle s’expliqua bien vite, quoique par ses mouvements, elle n’en faisait rien, invitant simplement d’une main gantée et tendue Scott à se mettre à table, où l’attendait, sous une soucoupe d’argent, un plat.

« Je sais que tout ceci est très soudain, et je dois avouer que j’ai, pour ma part, été très impatiente... La monarque souleva la soucoupe qui recouvrait le repas de Scott pour dévoiler un steak tartare – une relative nouveauté – ainsi que tous ses accompagnants. Reposant immédiatement l’argenterie, Emmeline vint se placer derrière Summers, ses mains gantées sur ses épaules, pour le garder pour l’instant assis à table où il prendrait des forces. Vos désirs, je n’y suis ni aveugle, ni indifférente, et si j’ai bien essayé d’y résister quelques temps...il est tout naturel que si je doive goûter à votre chair, vous goûtiez à la mienne, n’est-ce pas..? »

Assurée que son invité s'était bien installé et n'avait pas peur de manger ce qui lui était offert, la vampire repassa devant lui pour continuer à lui parler d'une manière un peu plus humaine, ce qui ne faisait que mieux exposer Scott à la surréalité de sa situation - il était sur le point de passer une nuit à s'offrir à une vampire qui, en retour, s'offrait à lui de toute sa splendeur. La peau blanche, sans exagération aucune comme celle d'un cadavre, elle ressemblait à une statue sculptée à la perfection, si ce n'est qu'elle se mouvait dans des vêtements lubriques dont l'origine était incertaine - en vérité, le Hellfire Club - et ne cachait aucunement que sous peau, son corps et celui de Cyclope se consommeraient l'un-l'autre. Allant s'asseoir face à Scott, Emmeline cacha quelques peu son anatomie, même si elle gardait sa poitrine fièrement en avant, ses tétons pointant autant que ses canines qu'elle se léchait par moments; Il était évidemment que la Reine était en proie à certaines pulsions, et que celles-ci s'entremêlaient dans son corps et son esprit.

« Je ne me suis pas méprise sur ce que vous désiriez de ces nuits, rassurez-moi..? »

La question était on-ne-peut-plus rhétorique, surtout pour une télépathe, et la vampire ne tentait pas de le cacher, mais à son sourire amusé, on pouvait deviner qu'elle éprouvait un rare mais certain amusement à faire dire à son messie ce qu'il avait crié sans mot jusqu'ici, tant dans ses propres pulsions corporelles que ses rêves.

La libération de Wolverine se déroula finalement plutôt bien… Non sans heurts, mais les mutants parvinrent à le libérer. Avec soulagement, Scott constata que les informations d’Emmeline étaient exactes. Le passage secret qu’ils empruntèrent depuis les égouts les amena directement au cœur de la Tour de Londres. Il ne fut ensuite pas difficile de retrouver Wolverine. Celui-ci avait été battu, torturé, mais, avec son facteur autoguérisseur, il se régénéra vite. Ensuite, les mutants furent repérés, et les cloches de la ville se mirent à retentir. Storm déclencha une vigoureuse tempête au-dessus de Londres pour couvrir leur fuite, et le groupe emprunta de nouveau le passage secret, avant de sortir par là où ils étaient venus. Ils rejoignirent l’auberge, mais la ville était en pleine effervescence. Ils ne pouvaient pas rester ici, et Wolverine refusait de partir à Westchester.

« Les vampires sont ici, à Londres, grommela Logan. Ce Jack l’Éventreur… Je suis convaincu que c’est un vampire de haut rang. Si nous le rattrapons, Dracula viendra. »

Logan avait traqué Jack l’Éventreur, mais était tombé dans un piège. En pensant le retrouver, il était arrivé dans une chambre où il avait vu sa dernière victime. Des gardes royaux l’avaient alors attrapé. Le mutant avait tenté de s’enfuir, mais avait été neutralisé. Scott avait entendu parler de ce tueur en série. Jack l’Éventreur défrayait la chronique par les meurtres atroces qu’il commettait, et par sa volonté de provoquer les autorités. La situation était telle qu’une association de défense avait été créée à Whitechapel, le Whitechapel Vigilance Committee. Ce comité avait reçu en 1988 une lettre supposément envoyée par l’Éventreur, abritant un rein ayant appartenu à l’une de ses victimes.

Scott expliqua à Logan que la Reine d’Angleterre était une X-Man.

« Ce fichu Xavier… Il avait toujours une carte en poche. »

Il allait être difficile de revenir à Westchester, et le groupe arriva rapidement à la conclusion qu’ils avaient à nouveau besoin des services de la Reine… Non seulement pour retrouver l’Éventreur, mais aussi pour trouver un repaire stable à Londres. La Reine ne tarda pas à leur offrir un refuge, consistant en une demeure londonienne abandonnée. La demeure était construite autour d’un patio avec plusieurs arbres, et disposait d’une cave avec un accès aux égouts. Ils représentaient le meilleur moyen de se déplacer à travers tout Londres. Le manoir disposait également d’un bureau de recherches où Scott put constater que la Reine leur avait remis des éléments classifiés sur l’enquête consacrée à Jack l’Éventreur. Une telle enquête avait pris un tournant politique, et on soupçonnait même des Lords. Les examens anatomiques des victimes tendaient en revanche à démontrer que, s’il y avait bien un tueur principal, d’autres meurtres pouvaient être rattachés à d’autres tueurs… Des imitateurs, ou des disciples.

Enfin, Scott ne tarda pas à recevoir une lettre de la Reine l’invitant pour une nuit au Palais. Ororo l’encouragea à se méfier, tandis que Logan lui glissa d’en profiter pour obtenir des renseignements, convaincu que l’Éventreru était un proche de Dracula, et qu’il formait des disciples dans les rues de Londres.

« Je suis convaincu que le Hellfire Club existe toujours… Et qu’ils sont derrière ces meurtres. Il faut trouver qui est le nouveau Lord Impérial de ce foutu club… »

Scott y songeait, bien sûr, mais il avait aussi d’autres raisons de rejoindre la Reine… Plus personnelles. Depuis leur dernière rencontre, il avait du mal à se la sortir de l’esprit, et il ne se passait pas une nuit sans qu’il se réveille en sueur, en songeant à elle, et avec une érection lancinante qui illustrait aisément le genre de rêves la concernant. Il ne pensait pas qu’elle l’avait manipulé, car il l’aurait perçu. Scott rejoignit donc Buckingham Palace, et s’aventura dans les couloirs du Palais, jusqu’à rejoindre les appartements de la Reine. Dans la pénombre, renforcée par sa visière en ruby-quartz, il ne voyait rien, mais entendit alors la douce et sensuelle voix de la Reine.

« Bonsoir… Emmeline. »

Il avait hésité à l’appeler « Majesté », mais, comme elle l’avait appelé « Scott »… Elle l’invita à aller la lumière. Scott déplaça sa main, et trouva une table avec une lampe. Il avait entendu parler de ça, aussi… L’ampoule électrique, une invention récente, de l’Américain Thomas Edison. Il appuya sur un interrupteur, et une lampe sur la table s’alluma, éclairant une partie de la pièce… Et Scott soupira en voyant le corps élancé et fascinant de la Reine. D’une pâleur spectrale, d’un blanc qui la faisait plus que jamais ressembler à un diamant, elle portait une tenue sophistiquée et sensuelle, composée d’un corset qui semblait un peu trop serré, d’une robe fine et dentelée épousant ses formes, libérant l’accès à ses généreux seins, et enfin une jupe en satin largement fendue à l’avant, tant et si bien que, quand Emmeline se mit à marcher, la jupe s’ouvrit, révélant un bout de sa culotte.

Scott déglutit doucement.

Comme figé, statufié par cette beauté enivrante, il vit à peine le plat, et renifla surtout l’odeur du steak tartare. Elle se glissa ensuite dans son dos, s’appuyant contre lui, et il entrouvrit les lèvres en sentant la forme de ses seins moelleux heurter son dos. Quand il s’assit, en se raclant la gorge, Scott remua les jambes, constatant que son érection était revenue, et qu’elle devait sûrement le savoir. S’exhortant à se reprendre, il la regarda. Elle s’assit face à lui, bombant ainsi ses seins vers lui.

« Je… »

Scott l’observa encore, et hocha alors la tête.

« J’ai attendu cette soirée, vous savez… Chaque nuit, je crois que je la visualisais… En songe. Vous en train de me mordre, de boire mon sang, puis… Je pensais que mes fantasmes étaient uniquement sexuels, mais… Plus j’y pense, plus je m’interroge… Je pensais tous les vampires monstrueux, mais vous m’avez démontré l’inverse, alors… »

Il réfléchit encore un peu, négligeant quelque peu le steak, et poursuivit donc :

« Je veux t’offrir mon sang et mon corps. »

L’idée de devenir un vampire le caressait, mais pas encore assez pour que Scott le dise ouvertement…

…Pour le moment, du moins.

Emmeline fut surprise d’être appelée par son nom, une chose que n’osaient guère plus que Dracula et quelques uns de ses plus proches lieutenants. Cependant, c’était certainement justifié de la part de Scott dont la rencontre était certes récente mais avec qui la Reine entretenait un lien sans doute plus fort qu’avec quiconque : Il lui promettait sciemment son sang, un acte pas tout à fait inédit, mais certainement tout aussi rare que d’appeler la monarque par son prénom. Cependant, Summers semblait se faire des idées quant au vampirisme.

« Je suis flattée, mais sans fausse modestie, j’ai peur que je ne sois qu’une des très rares exceptions...Ne perdez pas de vue que Dracula et tous ceux qui lui obéissent sont les ennemis de l’Humanité... »

La Reine marqua alors une pause, pas tout à fait certaine de vouloir aborder ce sujet, ni que Scott apprécie savoir que ses pensées étaient surveillées, mais il devait déjà bien s’en douter. Pour rendre ses mots plus lourds, elle se leva et alla à nouveau derrière son invité, posant une main sur chacune de ses épaules.

« Quant à en devenir un vous même, par pitié non – je sais que ça pourrait sembler une arme fantastique à retourner contre Dracula, mais le prix n’en vaut pas la chandelle, et je suis certaine que nos dons mutants suffiront...Mais si par malheur vous veniez à risquer la mort, je vous transformerai moi-même, je vous le promets. »

La Reine n’en était pas tout à fait certaine, mais elle supposait que si elle était celle qui aspirait la dernière goutte de sang d’un humain, ce serait à elle et non pas Dracula qu’il serait lié, ce qui en ferait un « vampire libre », comme elle. Mais évidemment, cela n’annulait pas le prix spirituel à payer, et endoctriné par Xavier, Cyclope ne prenait certainement pas la damnation de son âme à la légère, même s’il était vrai qu’il avait vu trop de choses pour être totalement insensible à la nuance. Pour changer de sujet, Emmeline se rapprocha un peu de lui, pressant sa poitrine contre son dos, et se pencha par dessus une de ses épaules pour saisir sa fourchette et la lui mettre dans la main, avant de se remettre en position et doucement glisser ses mains un peu plus haut, jusqu’aux flancs de son cou.

« Mangez, Scott – un demi-litre de sang n’est pas rien, et je vous rappelle que ça ne sera que le début de votre nuit. Évidemment, il y aurait eu la possibilité de boire son sang à l’issue de la nuit, mais Emmeline avait délaissé ses sources plus condamnables de subsistance depuis la promesse de Cyclope, et en conséquence, se trouvait elle-même affaiblie jusqu’à ce qu’elle se nourrisse sur lui. Et nous aurons beaucoup de temps pour parler de tous vos désirs – ceux que vous osez me dire, et ceux que vous essayez de garder pour vous. D’ailleurs, je vous encourage...non, demande, elle évita de justesse le verbe « ordonner », même si elle en aurait eu le droit de par son titre, et comme pour souligner la proximité que cela impliquait, elle replia ses mains en de faibles poings, caressant maintenant la peau fine du cou de Scott du dos de ses doigts, tout en les faisant un peu remonter à nouveau, de n’utiliser que vos pensées pour me parler jusqu’à ce que vous en ayez fini de votre repas. C’est plus efficace, et puis, il est important que communiquer avec moi par télépathie soit facile, vous pourriez y être amené par la force des choses, alors entrainez vous. Ensuite... elle se pencha légèrement vers son hôte, forçant un peu plus ses seins contre lui, avant d’au lieu de murmurer à son oreille comme sa position s’y prêtait, lui parler télépathiquement ...je vous dévore, Scott. »

S’exprimer par la pensée n’était en réalité pas très difficile pour Scott. Il avait appris à le faire, et à ordonner ses pensées avec Charles, puis surtout avec Jean. Et, comme apprendre à faire du cheval, cela ne s’oubliait pas. La Reine rejeta l’idée de faire de lui un vampire. Une idée saugrenue, sans aucun doute motivée par l’émotion qu’il ressentait, par cette excitation palpable, mais aussi par cette froide analyse cartésienne, cette analyse qui l’amenait à considérer d’un point de vue objectif les indéniables avantages des vampires sur les humains. Quant à la damnation de l’âme… Certes, Scott restait Chrétien, mais il n’envisageait pas de se détourner de la voie de Dieu. S’il devenait vampire, ce ne serait que pour combattre ces vampires. Néanmoins, le risque était réel de tomber entre les mains de Dracula. Il était à ce stade impossible de savoir si la liberté d’Emmeline, et sa capacité à comploter contre Dracula, venait d’une mutation dans le gène vampirique, ou de ses capacités télépathiques accrues. Le meilleur moyen serait sans doute de retrouver Jean, et de voir jusqu’à quel point elle était inféodée à Dracula.

Elle l’encouragea à manger, tout en se lovant dans son dos, et il hoqueta en mordant dans la fourchette en argent, avalant un morceau de viande quand elle promit de le « dévorer ». Il se concentra alors, et émit un message télépathique (MT) à destination d’Emmeline.

*[MT] Il y a bien des parties de votre corps que j’aimerai moi aussi dévorer, Majesté. [/MT]*

Il se rappelait encore ses leçons avec Jean. Assis en tailleur face à elle, yeux clos, il méditait, devant apprendre à trier ses pensées. Elle lui expliquait souvent comment cela fonctionnait, et il se rappelait encore de ses enseignements :

« Je suis comme une pêcheuse qui flotte sur toi, Scott. Tes pensées sont comme une mer, un océan diffus. Si je tends la main, je peux saisir tes pensées instantanées, ce à quoi tu penses dans l’immédiateté. Si je veux en savoir davantage, je dois m’infiltrer dans ton crâne, je dois plonger sous la surface de l’eau. Mais tes pensées plus profondes me sont fermées, inaccessibles. Y accéder est donc douloureux. Tu dois apprendre à filtrer tes pensées pour t’exprimer avec moi… »

Filtrer ses pensées… Simple à dire, mais pas à penser. Surtout quand ses pensées étaient de plus en plus obnubilées par le corps de la reine, par lui en train de mordiller ses seins, de se coucher avec elle dans son lit, et de commettre ce qui, peu ou prou, s’apparenterait à un crime de lèse-majesté ! Scott se laissait bercer tout en avalant le repas, buvant un peu d’eau. La Reine se déplaça, visiblement bien décidée à le stimuler.

*[MT] Je suis curieux de savoir si tu ressens mes palpitations sanguines… Tu as dû constater que tu ne me laissais pas de marbre. Si tu te concentrais, pourrais-tu me faire jouir, par exemple ? J’ai toujours cru que c’était une légende… [/MT]*

On disait en effet que les vampires maîtrisant la magie rouge pouvaient amplifier le désir des mortels en accroissant le rythme sanguin à hauteur de leurs parties intimes, ce qui leur permettait de déclencher des orgasmes. Mais il avait toujours cru à une légende… Jusqu’à ce soir, peut-être.

« Assoiffée comme je suis, je ressens chaque battement... Emmeline déplaça ses doigts sur la jugulaire de son invité, très exposée pour l’athlète qu’il était. Utilisant d’abord sa télépathie, elle développa pleinement son érection, et lorsqu’elle atteint ce qui était normalement son paroxysme, elle usa de magie rouge pour continuer à y envoyer du sang, pas assez pour être dangereux – encore moins maintenant – ou même douloureux, mais assez pour que Cyclope puisse sentir une pression à la limite de l’inconfortable le saisir ...et, oui, je pourrais, mais je dois avouer que gâcher un de vos orgasmes ici et maintenant me semblerait... Elle poussa jusqu’à une maigre et très brève mais détectable douleur avant de relâcher le sang de Summers qui sentit même le reflux soudain, contrairement à la lente montée de son érection ...si dommage. J’ai noté que vous me tutoyez, tout en m’appelant « Majesté » ? C’est bien étrange, mais il faut avouer que notre histoire l’est tout autant. Pour ma part, j’avoue que j’aime vous vouvoyer...Oh, n’y voyez pas là un refus de proximité, juste une marque de respect... »

Laissant redescendre ses mains jusqu’aux épaules de Scott, elle quitta son dos pour le laisser finir son repas en relative paix, même si elle n’alla pas se rasseoir devant lui pour autant, préférant tourner autour de lui et la table dans une ronde qui trahissait sa propre tension à être affamée et en présence de son repas, rythmée par les claquements de ses talons hauts sur le sol du palais.

Lorsqu’enfin il eut fini son repas, à l’instant même, le laissant à peine reposer ses couverts, la Reine prit son hôte par la main et l’emmena plus profondément dans ses appartements, plus précisément jusqu’à sa chambre. Le chemin était, comme la première salle avant son arrivée, plongé dans le noir, de même que leur destination, mais le peu de lumière, lunaire ou de Londres, qui transpirait à travers la fenêtre, lui permettait aisément de voir la silhouette blanchâtre de sa monarque.

La dite chambre était, bien évidemment, horriblement spacieuse, ornée d’argent et de bois précieux contrastant, et au milieu trônait un immense lit à baldaquin, ces derniers étant refermés. Emmeline se retourna pour guider son invité pour les derniers pas, prenant ses deux mains dans les siennes avant de se laisser tomber à travers les draps pendus et sur la douceur infinie du matelas, abandonnant d’un vif mouvement de pieds ses talons ; Par la force des choses, et malgré que la Reine ne s’abaissa pas plus que demi-assise, Cyclope dut pour la suivre se placer entre ses cuisses, même si elle lui laissa assez de place pour véritablement reposer sur le lit, naturellement penché sur elle après qu’elle l’attira un peu plus.

« Il y a mille-et-une questions que notre arrangement a soulevé et auxquelles nous n’avons pas vraiment répondu – j’avoue ne plus avoir la patience d’attendre... Rappelant ses jambes sous elles, Emmeline s’assit devant Summers pour se mettre à sa hauteur et doucement commencer à défaire sa chemise des beaux jours, une tâche qui n’avait du sens, vu sa complexité et dans cette obscurité, que grâce à ses sens vampiriques. En même temps, les lèvres de la Reine vinrent l’embrasser, et ses seins se presser contre lui. Elle continua à lui parler, mais télépathiquement, pendant qu’elle finit de déboutonner les divers couches de son accoutrement, puis, ceci fait, commença à écarter les pans de la veste. Vous ne ressentirez aucune douleur, je m’en assurerai... Plaquant ses paumes contre ses abdominaux, tout en continuant à l’embrasser, Emmeline fit doucement remonter ses doigts jusqu’à ses pectoraux, ne cachant absolument pas son appréciation du corps de son invité, puis ses épaules, desquelles ils descendirent à l’intérieur des manches, les ôtant des bras de Scott au fur et à mesure qu’elles en redescendaient, et forçant par la même leurs deux corps l'un contre l'autre ...Et enfin, vous aurez toute la nuit pour vous venger de moi – me déshabiller à mon tour, me dévorer comme vous l’avez si bien promis, et comme bien sûr, je sais, vous l’avez imaginé, prendre votre Reine comme seul un Roi devrait en avoir le droit...Prêt, Scott ? »

Il avalait donc, avec une certaine nervosité. Scott ne se sentait pas en danger. La Reine avait mille fois eu l’occasion de le tuer, sans jamais le faire. Tout cela pouvait s’agir d’un piège de Dracula, mais qui semblait bien trop élaboré, et peu probable. Maintenant que Dracula avait récupéré Jean, il ne considérait même pas les mutants comme une menace sérieuse, ou justifiant qu’il aille les achever. Scott savait sa place, et pourtant, face à elle, face à la Reine, il se sentait… Confus, perturbé. Elle était magnifique, somptueuse, et lui montra ce qu’elle pouvait faire avec sa magie. Le corps de Scott se crispa en sentant son sang s’emballer en lui. Elle confirma qu’elle aurait pu le faire jouir, mais s’y refusa, et s’éloigna un peu de lui. L’esprit énivré par elle, par sa présence, par ses formes, par son odeur,  il avait du mal à réfléchir. Pourtant, il le fallait ! Scott réussit à finir tant bien que mal sa nourriture, puis se redressa lentement… Jusqu’à ce que la Reine l’attrape par la main.

« Ma-Majesté ! »

Scott la suivit, surpris par ce changement de rythme. La Reine filait avec aisance dans l’obscurité, écrin de lumière blanchâtre le guidant, lui, pauvre hère. Ce palais était immense, et, avec sa vision en ruby-quartz, il avait encore moins de mal à discerner quoi que ce soit. En réalité, tout ce qu’il voyait était la courbure d’Emmeline, la silhouette grâcieuse et parfaite de la Reine. Ils rejoignirent sa grande chambre,  et Scott ne put voir que le lit, un grand lit à baldaquin que la Reine ouvrit en se laissant glisser dessus. Elle s’affala en plein milieu, entraînant le mutant dans sa chute. Scott s’allongea sur elle, au milieu de ce grand lit blanc. Le changement de totalité entre les couloirs sombres et ce lit immaculé était des plus détonants, mais pas désagréable. Un lit confortable et moelleux, qui l’amena doucement à sourire, tandis que les mains d’Emmeline le caressaient, l’explorant.

Le sang de Scott ne fit plus qu’un tour à la proposition de la Reine, et il se redressa, retirant son haut, et commença à déboutonner la ceinture de son pantalon.

« Emmeline, je dois bien admettre que je suis confus… Et diablement excité ! »

Il se rua sur elle à nouveau, et l’embrassa avec appétit, sa main allant se perdre dans vos longs cheveux.

« Malgré tout le respect que j’ai pour vous et votre grade, Ma Reine, ce soir… Je compte bien vous prendre, oui ! »

Comme un Roi ? Il ne s’était jamais imaginé porter la couronne, mais… Le Roi Scott et la Reine Emmeline, cela sonnait bien. Un nom écossais, tandis qu’Emmeline sonnait british. Une union qui semblait innée, jusque dans leurs prénoms… Et que Scott comptait bien concrétiser textuellement et physiquement ce soir ! Il avait goûté à ses lèvres, et comptait bien compter à la suite…

« Alors, dis-moi… Comment est-ce que Sa Majesté souhaite que son humble serviteur la prenne ? »

Loin d’être mécontente de l’entrain de Scott, le saluant même en se prêtant bien volontiers à ses caresses, plaçant lascivement une main dans ses cheveux et l’autre dans son dos mais ne résistant d’aucune façon à son poids ou ses mouvements, Emmeline le laissa faire d’elle ce qu’il voulait malgré son rang et sa force vampirique. Enivrée par sa chaleur qui l’enlaçait et l’avant-goût de son sang qui s’agitait dans ses veines, la Reine ferma les yeux pour se concentrer sur ces douces sensations, mais cela ne faisait qu’amplifier une impression qu’elle ne pouvait que tenter d’oublier, jamais réussir...

« J’ai peur que vous n’oubliez une étape, Scott... Reprenant un peu contrôle de son corps et la situation, la vampire se releva doucement pour faire face à Cyclope et le regarder dans les yeux – ou plutôt sa visière ...Je dois encore boire votre sang »

Un demi-litre, même si, évidemment, la mesure serait inexacte ; Pas assez pour le tuer ni même le rendre inconscient, mais perdue aussi rapidement que le causerait la morsure d’une vampire, sa tête tournerait pendant un moment, le temps que son corps s’adapte – nul doute le soldat qu’était Summers savait cela, que son cœur battrait plus vite et plus fort pour maintenir sa pression sanguine. Emmeline aussi, évidemment, et si elle pouvait amenuiser la douleur, cette réaction était nécessaire au bien-être de Cyclope, et elle ne pouvait rien y changer – en tout cas, pas supernaturellement. Ramenant ses jambes sous elle, la monarque se redressa pour prendre le mutant dans ses bras, inversant, bien évidemment temporairement, leurs rôles.

« Réfléchissez à tout ce que vous voulez me faire, Scott...Imaginez le...et bientôt, ce sera réalité... »

Enlaçant sa proie avec assez de force pour qu’elle n’ait pas besoin de l’aider, ses bras sous les siens, une main finissant dans ses cheveux et l’autre à travers le haut de son dos, Emmeline se pencha doucement sur lui pour le mordre en même temps que son esprit s’immisçait dans le sien pour supprimer toute sensation de douleur.

Ses crocs encrés dans sa chair, il sentit soudain son sang le quitter avec chaque battement de son cœur, en même temps que sa force, et, quelques pulsations plus tard, son esprit, qui se troubla avec sa vision et ses sensations. À peine capable de réaliser ce qui lui arrive, il put sentir la Reine lentement le déposer sur son lit si moelleux, toujours à son cou, flanc-à-flanc pour ne pas reposer son poids sur lui ; Après quelques battements de plus, Emmeline arrêta de sucer son sang, mais garda ses lèvres contre sa plaie pour qu’il ne tache pas ses draps immaculés.

L’aidant à cicatriser de sa magie rouge, elle se redressa légèrement au dessus d’un Cyclope encore grogui pour venir l’embrasser, le goût de son propre sang encore très largement palpable à travers ce baiser, avant de se relever, sortant du champ de vision de Summers. Il put entendre un tiroir s’ouvrir et se fermer, puis remarquer une soudaine lumière douce et chaude, celle d’une puis plusieurs bougies, avant qu’Emmeline ne reviennent à ses côtés pour bander sommairement sa blessure puis s’allonger sur lui, une jambe entre ses cuisses et la joue sur son torse, soudainement plus calme et raisonnée qu’avant qu’elle ait pu se nourrir.

Le dos d’un de ses doigts commença à délicatement caresser sa blessure, l’aidant d’un sort silencieux à guérir, pendant que l’autre main se perdit dans ses cheveux, et que dans son esprit, la voix mentale désormais familière de la Reine résonnait, avec l’espoir qu’elle serait plus claire ainsi, vu l’état de son propriétaire.

« À quoi pensez-vous, doux messie des mutants..? Toujours à être mon roi..? À pouvoir me prendre où vous voulez, quand vous voulez ? Faire de moi votre chose au lieu d’avoir à marchander votre propre sang..? Emmeline se hissa – en poussant sur le lit, pas sur le corps encore engourdi de son amant – jusqu’à pouvoir venir embrasser le cou de Scott, le couvrant de petites taches écarlates, mélange de sang et de son rouge à lèvres. Il était délicieux, d’ailleurs – mais je vous l’ai déjà dit. Ne vous en faites pas pour notre accord, je suis tout aussi obnubilée par ce que vous m’offrez que vous par ce que je vous offrirai...Bientôt, n’est-ce pas ? Réveillez-vous, Scott, la nuit n’attend pas, et j’ai hâte d’à nouveau sentir votre chaleur m’arpenter, me harceler...me remplir, je me doute...Quant au choix de comment, bien entendu, je vous le laisse, mais si une Reine a bien le droit à une requête...plaquez moi contre mon lit, recouvrez moi de votre corps et embrassez moi pendant que votre chaleur m'envahie - je ne peux en avoir assez de vous, vos muscles, votre cœur d'athlète... »

Tout à sa précipitation, Scott fut rappelé à l’ordre par la Reine, qui avait elle aussi envie de se sustenter. Cela l’amena à se dire que, la prochaine fois, il mangerait sans doute après… Car, quand Emmeline en eut fini, Scott sentit un vertige le saisir. Le corps humain comprenait environ 5 à 6 litres de sang. Quand on commençait à perdre plus de 2 litres, il fallait une intervention médicale d’urgence. Lors d’un don du sang, on prélevait environ un demi-litre de sang. Ces détails techniques, Scott les connaissait plutôt bien, car il affrontait après tout des suceurs de sang. Il avait donc appris ce genre de choses. Il savait qu’une simple morsure ne vous transformait pas en vampire, ni même le fait d’absorber quelques gouttes de sang. La mutation s’opérait à partir du moment où il y avait assez de sang perdu dans l’hôte pour que le sang du vampire se mélange avec le sang humain restant. Tout cela, il le ressassa dans son esprit comme pour se rassurer, car confier ainsi son cou à une vampire allait à l’encontre de tous les préceptes des X-Men. C’était une prise de risque inconsidérée.

Elle mordit donc ensuite. Scott frémit, ferma brièvement les yeux, et sentit ensuite l’ivresse le saisir. Il bascula en arrière. Une pointe de douleur exquise le frappa pendant quelques secondes, puis il se sentit ensuite partir. Son sang, il l’avait déjà donné au sein des X-Men, mais la sensation était ici très différente. Il se mit à planer, le corps d’Emmeline remuant contre le sien, se pressant à lui. Scott cligna lentement des yeux, et choisit de les conserver fermés. Le mutant se sentit partir, divaguant, et s’envola dans des pensées assez intimes. Les vampires appelaient cela « l’Étreinte ». Un terme surprenant pour désigner un romantisme inattendu, mais que Scott pouvait désormais palper et ressentir, au fur et à mesure qu’elle avalait son sang.

« Hmmm… »

Difficile de dire ce qu’il ressentait. La peur initiale s’était estompée, et il ne ressentait plus qu’une sorte de sentiment euphorique et relaxant. L’homme soupirait encore, et, après une dizaine de minutes, la Reine finit par se retirer. Scott soupira lentement, et ce n’est qu’à ce stade, quand elle se mit à parler, qu’il entendit sa voix chaude et suave, qu’il comprit qu’il avait toujours une érection. C’était cette érection qui contrebalança le sentiment de tournis. Perdre un demi-litre de sang, cela avait le don de vous épuiser. Normalement, suite à une telle épreuve, il fallait manger, pour permettre la reconstitution du sang… Mais ils l’avaient fait avant. Cela avait sans doute permis d’enrichir un peu le sang qu’Emmeline avait bu. Elle parla longuement, et il lui fallait émerger, reprendre son souffle…

« Ma-Majesté… » soupira-t-il.

Scott soupira encore… Et inversa de nouveau les rôles. Ses mains se crispèrent sur le corps d’Emmeline, l’une sur sa nuque, l’autre sur le bas de son dos. Prenant appui sur elle, il la retourna, et elle se retrouva sous lui, soupirant doucement. Scott l’embrassa alors. Il était toujours dans cet état second, et parler était difficile. Il libéra l’accès à son membre, et, dans la foulée, s’unit à elle, la prenant en missionnaire. Son membre rencontra le sien, glissant entre les cuisses d’Emmeline.

« HM… ! »

Un long soupir qui traduisait son plaisir, tandis qu’il était finalement en elle, unissant son corps au sien, dans un ballet qui s’annonçait intense et sulfureux…