Re: Disparition d'une SDF. Apparition d'une cyborg (avec Jeannie)
Posté : 27 sept. 2024 11:05
Elle aimerait bien dire qu’elle ne veut pas de cette victoire. Que cette situation ne devrait pas évoquer la victoire et la défaite. Ce serait dire qu’il y a deux camps. Alors qu’elles sont sensés former une famille unie. Mais Alma est énervée, oui. Donc elle la prend cette victoire. Une partie d’elle voudrait pérorer, crâner, afficher un rictus : réclamer cette victoire ! Et elle le pense. Et elle n’aime pas aussi penser à ça. Mais elle décide de continuer à fermer sa gueule. Penser déjà à une telle division au sein d’elle-même ajoute encore un peu plus à l’agacement. Et puis, ouvrir sa gueule serait poursuivre l’ascension du conflit. Et ça, c’est vraiment une chose qu’elle ne veut pas.
Alors elle marche.
Elle accélère. Elle prend de l’avance. Si elle doit à nouveau regarder Shayne, elle va inévitablement finir par craquer. Elle ne veut pas. Elle ne veut pas céder à la colère. Elle ne veut utiliser sa mère adoptive comme punching-ball. Si sa mère est faible, alors elle doit être forte pour elle. C’est débile ? Probablement. Mais c’est peut-être aussi un petit rien que seule elle peut faire pour elles deux. Alors elle marche rapidement. Elle se fiche du terrain. Elle se fiche du paysage. Elle se fiche même de la performance sportive à avaler des kilomètres. Elle veut mettre de la distance entre elle et sa mère adoptive. Entre elle et cette conversation qui ne doit pas reprendre. Entre elle… et ses sentiments.
Mais inévitablement, il y aura une pause. Même si cette conversation s’était déroulée avant le repas du midi et qu’Alma avait décidé de sauter ce repas : inévitablement il faudra s’arrêter le soir pour camper. Le pire étant de subir toujours cette colère. Et de savoir qu’un sentiment a une espérance de vie très courte. Donc elle a entretenu cette colère. Elle l’a nourri. Et marcher à un rythme élevé n’aura pas été la solution.
Alma s’asseoit. Et finit par fixer Shayne.
« Tu m’emmerdes. »
Elle plonge sa tête dans ses deux mains. Elle secoue sa tête. Elle grogne. Puis elle la relève pour reprendre.
« Pourquoi tu cherches à me lier à ma colère ? Je ne sais même pas si tu es sincère quand tu as dit que j’avais bien évolué et que toi tu restais figée. Parce que c’est faux. Donc est-ce que c’est encore un plan ? Je n’en sais rien. J’ai ressassé ça toute la journée. Pourquoi tu m’as blessé ? En quoi ça fait partie d’un plan ? Je ne sais pas. Je n’ai pas trouvé de réponse satisfaisante. Parce que, soit ça fait partie d’un plan ce mensonge. Soit tu as autant de merde que moi dans les yeux et tu ne réalises pas tes changements.
Ce n’est pas toi qui m’a dit qu’un mystérieux mécène t’avait débarrassé de quelque chose qui te pesait ? Et bordel, je n’aime pas cette expression. Je n’aime pas ne pas savoir. Et je n’aime pas ce mot, mécène, qui semble vouloir dire qu’il t’a donné de l’argent. Ca me donne l’impression qu’un homme t’a pris pour une pute. Ca aussi ça me fout la rage. Mais bref. Il y a ça. Et il y a moi. La différence de comment on gère notre relation entre cette période de clodo sauvage et moi aujourd’hui. Il y a cette randonnée et la quasi absence de dispute. Et tu trouves que tu n’as pas changé ? Je ne comprends pas.
Et puis, tu as dit que malgré tout le temps qui avait passé, tu vivais une amère défaite de ne pas avoir été matricide. Est-ce que ça ne voudrait pas dire qu’au fond de toi, tu n’as pas envie de le faire ? Ou alors, le fait d’avoir tout le temps du monde à ta disposition, ça fait que tu rapportes facilement à demain une tâche que tu aurais pu faire aujourd’hui. Est-ce qu’être immortelle ne vient pas avec une forme de procrastination ? Je ne sais pas. Je fais des hypothèses. Mais j’ai surtout l’impression de brasser du vent. Mais il fallait que ça sorte. »
Alors elle marche.
Elle accélère. Elle prend de l’avance. Si elle doit à nouveau regarder Shayne, elle va inévitablement finir par craquer. Elle ne veut pas. Elle ne veut pas céder à la colère. Elle ne veut utiliser sa mère adoptive comme punching-ball. Si sa mère est faible, alors elle doit être forte pour elle. C’est débile ? Probablement. Mais c’est peut-être aussi un petit rien que seule elle peut faire pour elles deux. Alors elle marche rapidement. Elle se fiche du terrain. Elle se fiche du paysage. Elle se fiche même de la performance sportive à avaler des kilomètres. Elle veut mettre de la distance entre elle et sa mère adoptive. Entre elle et cette conversation qui ne doit pas reprendre. Entre elle… et ses sentiments.
Mais inévitablement, il y aura une pause. Même si cette conversation s’était déroulée avant le repas du midi et qu’Alma avait décidé de sauter ce repas : inévitablement il faudra s’arrêter le soir pour camper. Le pire étant de subir toujours cette colère. Et de savoir qu’un sentiment a une espérance de vie très courte. Donc elle a entretenu cette colère. Elle l’a nourri. Et marcher à un rythme élevé n’aura pas été la solution.
Alma s’asseoit. Et finit par fixer Shayne.
« Tu m’emmerdes. »
Elle plonge sa tête dans ses deux mains. Elle secoue sa tête. Elle grogne. Puis elle la relève pour reprendre.
« Pourquoi tu cherches à me lier à ma colère ? Je ne sais même pas si tu es sincère quand tu as dit que j’avais bien évolué et que toi tu restais figée. Parce que c’est faux. Donc est-ce que c’est encore un plan ? Je n’en sais rien. J’ai ressassé ça toute la journée. Pourquoi tu m’as blessé ? En quoi ça fait partie d’un plan ? Je ne sais pas. Je n’ai pas trouvé de réponse satisfaisante. Parce que, soit ça fait partie d’un plan ce mensonge. Soit tu as autant de merde que moi dans les yeux et tu ne réalises pas tes changements.
Ce n’est pas toi qui m’a dit qu’un mystérieux mécène t’avait débarrassé de quelque chose qui te pesait ? Et bordel, je n’aime pas cette expression. Je n’aime pas ne pas savoir. Et je n’aime pas ce mot, mécène, qui semble vouloir dire qu’il t’a donné de l’argent. Ca me donne l’impression qu’un homme t’a pris pour une pute. Ca aussi ça me fout la rage. Mais bref. Il y a ça. Et il y a moi. La différence de comment on gère notre relation entre cette période de clodo sauvage et moi aujourd’hui. Il y a cette randonnée et la quasi absence de dispute. Et tu trouves que tu n’as pas changé ? Je ne comprends pas.
Et puis, tu as dit que malgré tout le temps qui avait passé, tu vivais une amère défaite de ne pas avoir été matricide. Est-ce que ça ne voudrait pas dire qu’au fond de toi, tu n’as pas envie de le faire ? Ou alors, le fait d’avoir tout le temps du monde à ta disposition, ça fait que tu rapportes facilement à demain une tâche que tu aurais pu faire aujourd’hui. Est-ce qu’être immortelle ne vient pas avec une forme de procrastination ? Je ne sais pas. Je fais des hypothèses. Mais j’ai surtout l’impression de brasser du vent. Mais il fallait que ça sorte. »