The Multiversity

« Toi... Misérable louve ! Comment as-tu pu OSER faire ça à MA MÈRE ?! »

Délaissant soudain Knaël, William Hamleigh se rua vers la jeune Louve, pendant, que tout autour d’eux, les araignées, après une courte pause... Se mirent à s’affronter entre elles. Les araignées restées fidèles à White Elise affrontèrent les autres, dans un enchevêtrement incompréhensible de mandibules. L’épée de William Hamleigh, rouge de sang, s’enflamma alors brusquement, et il tendit sa main vers Shad, concentrant une boule de feu dans cette dernière, confirmant ainsi qu’il avait hérité de quelques tours de sa mère. Toutefois, lorsqu’il lança la boule, une araignée s’interposa, et s’enflamma à la place de Shad, et, le temps que William la repousse, Knaël jaillit encore, sa lame se heurtant à celle de William.

La Mijakienne était fidèle à sa réputation. Du sang coulait de son visage après le coup de poing tonitruant du seigneur démentiel, mais elle ne comptait pas arrêter si facilement.

« Dégage, sale pute ! vociféra William.
-  Toi... Toi d’abord, sale taré !
-  Haaaaa, vous allez tous payer !! »

Le corps de William s’auréola alors d’un halo de feu, et des flammes mortelles jaillirent tout autour de lui, tels de redoutables geysers incandescents. Il repoussa Knaël, et deux de ses hommes, des fanatiques qui avaient traqué et battu des sorcières, s’élancèrent sur elle, tandis que lui s’élança à la poursuite de Shad.

« Reviens, sale Okami ! Je vais te décapiter, sale pute !! »
Pendant ce temps, Élise rebondit sur le toit d’une maison, en contrebas du beffroi, et eut à peine le temps de se redresser que White Elise bondissait sur elle. Son genou frappa la Reine arachnéenne au visage, la déstabilisant, et, alors que White Elise comptait en profiter pour la frapper une seconde fois, un jet de toiles jaillit de la main d’Élise, l’atteignant en plein visage. Élise bondit alors sur elle, et bondit dans les airs, envoyant White Elise passer à travers le toit d’une maison. Elles atterrirent dans le grenier et le traversèrent pour rejoindre l’étage du dessous, au milieu des flammes.

Là, White Elise la repoussa contre le mur, et se redressa alors, furieuse.

« Tu meurs ce soir, salope, je ne souffrirai plus jamais à cause de toi !
-  Je ne te connais même pas !
-  Qu’est-ce que j’en ai à foutre ?! »

Les mains de White Elise s’illuminèrent encore d’une lueur bleuâtre, et elle sauta vers sa cible, raclant le mur de ses griffes, en défonçant même une partie, et sentit des filaments de toile l’empoigner encore, la déstabilisant tandis qu’Élise la tirait vers elle. Cependant, White Elise, plutôt que de se laisser tirer par les toiles, bondit avec eux, et frappa à nouveau Élise au ventre, l’envoyant valser à travers une fenêtre. La femme tomba sur le sol, et vit son adversaire sauter à sa suite. Elle eut à peine le temps de rouler sur le côté, évitant un coup de genou qui défonça le bitume, puis la frappa avec le pied sur le côté, la déstabilisant.

Élise se releva à son tour.

« Tu as massacré mon peuple ! Mes araignées s’entretuent à cause de toi ! »

White Elise se mit à glousser, et essuya le sang qui pendait de ses lèvres d’un revers de sa manche.

« Tu n’avais qu’à ne pas désobéir à Père...
-  Mais qu’est-ce que tu racontes ?!
-  Qu’il est temps pour toi de tirer ta révérence... Définitivement ! »

Et White Elise bondit à nouveau sur elle !
« SHAD !! Tu penses pouvoir m’échapper ? Tu paieras pour la mort de ma mère, sale pute ! »

William enflamma une nouvelle araignée, et son épée en faucha une, lui sectionnant plusieurs pattes dans la foulée, faisant couler des gerbes de sang, cherchant la trace de la Okami, bien décidé à se battre avec elle, et à lui faire venger la mort de sa chère et tendre mère...

Elle s’était écartée par prudence, avançant prudemment afin d’éviter tout contact avec ce dégénéré. En temps normal, l’Okami n’aurait pas craint les flammes mais cette fois  il lui semblait qu’elles auraient pu la brûler. Mieux valait rester prudent dans ce cas. Et plus que tout, un homme aveuglé par la vengeance et la haine pouvait se révéler dangereux et surtout imprévisible.  Mais la Louve n’était pas sotte, le combat était inéluctable et tôt ou tard elle devrait faire face à William Hamleight. Sauf qu’en cet instant, lui faire face pouvait relever du suicide. Il était peu probable pour Shad qu’il n’ait que dans sa manche que quelques sort de pyrotechniques. Qui sait quel genre de pouvoir il pouvait encore avoir gardé en atout ?

« Ta mère serait morte même sans notre intervention ! A vouloir trop de pouvoir, elle en a payé le prix ! »

Cela…IL n’allait guère apprécier. Lui dire que sa mère était la seule responsable de sa propre mort n’était sans doute pas le choix le plus judicieux et un cri de rage et d’autres insultes vinrent confirmer les doutes de la Okami. Que faire ? Elle ne pouvait décemment pas fuir sans arrêt ! Marchant dans une toile, son pied se retrouva subitement englué, ne possédant que peu de choix, la Lycane brûla la toile pour se libérer et la lumière engendrée par les flammes releva sa position. Elle n’eut à peine le temps de bondir en arrière pour éviter un assaut frontal que déjà  William Hamleight se trouvait face à elle, arme au poing et flammes l’entourant.

Cette fois, la fuite n’était plus permit, déviant une de ses attaques enflammées avec l’une de ses propre boule de feu, la Okami para par la suite un coup d’estoc, la lame de sa propre épée grinçant contre celle de son adversaire.  Donnant un coup de pied au niveau de son ventre, elle s’éloigna de nouveau de quelques mètres et décida donc de rentrer dans la danse. Tout comme son adversaire, elle invoqua également des flammes, servant aussi bien pour l’attaque que la défense. Bien évidemment s’il venait à avoir des sorts liés à la glace, le combat serait déjà cousu de fil blanc mais même à cet instant, la Okami restait des plus méfiantes. Qui sait ce qu’il avait encore sous le coude ? Elle avait pu voir la puissance de Regan avant que la magie ne la consume, son fils pouvait peut être au contraire, mieux contrôlé cette magie impie.

Et en parlant de contrôle, c’était à peine s’il arrivait à contenir sa rage ! Devant miser plus sur la défense que l’esquive en ce début d’affrontement, la Lycane cherchait des failles dans les postures de son adversaire, mais elle devait bien admettre qu’il ne lui laissait aucune ouverture ! Ou si une était disponible, la fenêtre était bien trop étroite pour pouvoir espérer faire mouche. Autant dire qu’elle était en mauvaise posture ! Grognant, la Okami lâcha un juron et changea subitement de formes  pour en prendre une plus combative, déjà maintes fois utilisées dans ces précédents combats à Koldoue : La Lycanthrope.

Bondissant en avant, ses griffes attrapèrent  l’épée de William et sa gueule garnie de crocs claqua à quelques centimètres de son visage. Mais les flammes ardentes qu’il fit jaillir l’obligèrent à reculer. Elle riposta, envoaytn de sjets de flammes à son encontre avant de s’élancer de nouveau griffes en avant.  Prenant garde à tout mouvement de son adversaire, la Louve ne se demandait qu’une chose : Qu’est ce qu’il pouvait bien cacher sous sa manche ?  Mais d’un autre côté, elle espérait ne pas le savoir et pour cela, il n’y avait pas trente-six mille solutions : Le combat devait se clore au plus vite. Frappant de la patte au sol, elle leva une vague de flammes qui déferla sur son adversaire mais..encore une fois, il n’avait rien.

Si la magie était inutile, le mieux était encore d’attaquer au corps à corps malgré les risques encourus. Et dans sa forme primal, la Okami reparti à la charge, comptant bien planter ses crocs et ses griffes dans la chair de William Hamleight.

………….

Les deux hommes entourèrent Knaël, se déplaçant  prudemment tout autour d’elle. L’un tenait un filet dans sa main dont l’utilité ne faisait aucun doute quant à l’autre, il était armé  d’une épée longue. L’homme au filet n’était pas désarmé pour autant car un cimeterre était accroché à sa ceinture, prêt à être dégainé.  Le premier homme  chargea, cherchant à capter toute l’attention de Knaël afin que son partenaire puisse lancer l’entrave sur elle.

Mais encore fallait-il que cet entrave puisse lui résister. A cela, les deux hommes n’étaient pas des chasseurs de sorcières pour rien, car leur filet était garni de symboles anti-magie qui empêchaient toute utilisation à cette dernière si une personne venait à être attrapée…

« Tu ignores vraiment tout, hein ? La Reine des Toiles... Pfff, quelle blague ! Tu n’es qu’une erreur de la nature, Élise, une erreur qui aurait dû être corrigée il y a bien longtemps ! »

Dans les rues dévastées de la ville, les deux femmes continuaient de se battre avec le même acharnement, avec une hargne vengeresse témoignant de leur haine mutuelle. Élise se releva après une nouvelle charge de White Élise, et évita une attaque de l’adversaire, déployant des filaments de toile pour repousser White Élise, l’envoyant défoncer un mur. Elle atterrit dans une petite cour privée avec quelques chariots et des corps en train d’être dévorés par les goules. Ces dernières se retournèrent alors vers White Élise, tandis qu’Élise bondissait sur le toit de l’une des maisons cerclant la cour. Elle vit ainsi White Élise repousser les goules en hurlant rageusement, les décapitant, les éventrant, ses griffes mortelles tranchant dans le vif avec violence et sauvagerie.

Élise cherchait un moyen pratique de les attaquer quand des bruits dans son dos la surprirent. Des malandrins approchaient, dont des archers, qui l’attaquèrent à distance. Surprise, Élise se reçut une flèche dans le torse, et, déstabilisée, tomba en arrière. Elle roula sur le toit, puis atterrit dans la cour, tandis que White Élise finissait de démembrer une dernière goule. Les yeux démentiels, le clone s’avança ensuite, et, tandis qu’Élise se redressait, elle sentit la main griffue de White Élise la saisir à la gorge, venant la plaquer sur le dos, la couchant au sol.

« Aargh... !
-  Tu ne comprends pas ? L’araignée qui t’a mordu, qui a fait de toi celle que tu es... Elle n’était pas supposée te mordre ! Ta vie entière est une erreur, tu aurais dû crever la gueule ouverte dans cette forêt.
-  Haaaa...
-  Père a longtemps cherché qui tu étais, car il a senti qu’il avait une bâtarde... Il a finalement réussi à te retrouver, et a joint l’utile à l’agréable. Ce pays pourri n’est rien pour nous, juste un vulgaire caillou, mais sa destruction déstabilisera encore davantage les terres centrales de Terra. »

Sa poigne était en acier, solide, semblant inébranlable. Elle étouffait Élise, et leva son autre main, comme pour chercher à lui écraser la figure sur le sol avec sa main.

« Je... Je suis LIBRE ! » hurla alors Élise.

Elle se transforma alors, et prit l’apparence d’une énorme araignée velue, repoussant White Élise, et en profita pour cracher depuis sa gueule un filament de toile massif qui englua son adversaire. Élise chargea alors, telle une espèce de taureau, et sa tête heurta violemment celle de son adversaire, l’envoyant de nouveau valdinguer. Celle-ci passa à travers le portail de la cour, mais, avant qu’Élise ne puisse la poursuivre, les maraudeurs qui l’avaient attaqué dans la rue apparurent alors.

« La vache !
-  Encore une de ces saloperies d’araignées ! »

Des flèches frappèrent le corps d’Élise, qui grogna rageusement, et se retourna vers eux. Les toiles jaillirent de nouveau, recouvrant le visage d’un archer, et elle s’en prit à un spadassin qui cherchait à l’attaquer avec une épée, venant lui arracher le bras en bondissant sur lui. Les autres, comprenant leur erreur, entreprirent alors de s’enfuir. Élise, furieuse de ce temps perdu, sortit ensuite dans la rue, sans voir le corps de White Élise.

La femme reprit alors son apparence normale, et regarda autour d’elle, cherchant nerveusement une trace de cette dernière...

...

De son côté, William Hamleigh se retrouva face à une louve furieuse, grosse et épaisse, qui lui bondit dessus. Le museau de la louve le frappa au ventre, le renversant sur le sol, lui arrachant son épée. Furieux, William n’avait qu’une envie, celle de les tuer, de les massacrer, de les exterminer, eux qui avaient osé attenter à la vie de sa sainte mère ! Elle était la seule personne en ce bas monde que William ait jamais vraiment pu apprécier. Que de tels individus, méprisables et sans importance, aient pu la tuer et détruire son château lui était inacceptable.

Ses mains gantées se positionnèrent pour empêcher la louve de le mordre. Les dents énormes de la Okami monstrueuse claquaient devant son visage, et les griffes de la femme se heurtèrent à son armure, s’enfonçant légèrement. Le sang afflua, et William hurla alors, faisant fi de la douleur, et frappa finalement Shad au visage, faisant reculer la louve. Il se releva alors, et, plutôt que de tenter de récupérer son épée, envoya avec sa main une autre langue de feu. La femme en face de lui esquiva sans peine, et du feu jaillit en retour de la gueule de la louve, ciblant William. Ce dernier hurla de surprise et de douleur, les flammes venant lécher son armure magique.

« À moi ! À moi, mes braves !! »

Comprenant que la magie ne le sauverait pas, William aperçut sa lame, mais, surtout... Il y avait du feu sur lui ! Du feu ! Les yeux désormais écarquillés par la terreur, William sentait revenir en lui ses vieilles phobies et peur de l’enfance, quand, pour le sermonner, sa mère lui passait sa tête dans la cheminée, le soignant régulièrement, mais l’ayant traumatisé à jamais du contact du feu sur son corps.

Des soldats s’élancèrent entre lui et Shad, tandis que William se mettait à courir, fuyant vers le beffroi, et, tout en courant, il vit alors sur le sol la fameuse orbe magique. White Élise l’avait sûrement perdu après l’intervention d’Élise, et il s’empressa de la récupérer, avant d’aller se réfugier à l’intérieur du beffroi...

Le lâche ! William Hamleight venait de s’enfuir, mettant entre lui et Shad, ces hommes. Au moins, la Okami avait pu découvrir un point important : même si cet homme utilisait la magie du feu, il en était fortement vulnérable, une piste à suivre donc…Analysant rapidement la situation dans laquelle elle se trouvait, la Louve ne tarda pas à bondir sur un des soldats tandis que deux orbes enflammées filaient vers un second et un troisième homme. Ne restant jamais statique bien longtemps, elle les empêcha d’ajuster leur tir. Ne faisant pas dans la dentelle, la Louve n’avait qu’un objectif en tête, se débarrasser au plus vite de ces gêneurs et de repartir à la poursuite du seigneur Hamleight par la suite. 
Mais à devoir se confronter à plusieurs adversaires à la fois, venait un instant où se retrouvait à être blessée et la Lycane n’échappa pas à la règle. Un coup d’estoc frappa son flanc et sous le coup de la colère, Shad bondit sur son assaillant, lui donnant de nombreux coups de griffes dans une rage non contenue jusqu’à ce que mort s’en suive. Les flammes furent de bonnes alliées également pour mettre fin à la vue de ces soldats. Plusieurs minutes passèrent  et quand tout furent tués, la Okami souffla, brûlant sa blessure pour éviter tout risque d’infection. Des soins plus élaborés devront attendre.

Humant l’air, elle chercha l’odeur de William et parti à sa recherche à une cadence cependant plus…réduite. Sa blessure l’empêchait de se mouvoir correctement  et lui offrait donc un certain handicap dans le combat à venir. Et tandis qu’elle s’approchait du beffroi, le son d’une flèche sifflante la fit reculer d’un bond. Bien évidemment, il aurait été fort étonnant qu’il n’ait pas avec lui des hommes capables de tenir quiconque à distance. Se tenant hors de portée des archers, la Okami chercha rapidement du regard une ouverture mais..rien. Et impossible de bien se déplacer dans son état, une autre approche était donc de mise. Regardant autour d’elle, la Louve vit au loin un groupe se battre dont au centre une femme dont la combattivité n’était plus à mettre en doute.

Profitant du chaos ambiant et de l’effet de surprise, elle attrapa l’un des hommes qui combattait contre Knaël, lui arracha le casque et planta ses crocs dans ses jugulaires avant de le jeter au sol, le reste des hommes ne firent pas long feu face à cette redoutable femme. Une petite trêve bienvenue mais l’heure n’était pas au repos.  D’un mouvement de museau, la Lycane désigna le beffroi.

« William s’y est réfugié, des archers postés à différents endroits de la tour empêche quiconque de l’approcher…. »

Bien sûr il devait y avoir un moyen, mais plus cette affrontement avait lieu et plus des soldats liés aux Hamleight tombés, plus la Louve avait l’impression qu’il en venait.  Et tandis qu’elle réfléchissait à un moyen d’approcher le beffroi sans être vue, une araignée vint à sauter vers Knaël, mandibules en avant prête à la mordre.

« Knaël !! »

Mais une autre araignée  s’interposa et un combat entre ces deux bêtes, toutes deux contrôlées par une des Elise pris lieu et place.

« Au moins…aucune des deux Elises ne semblent prendre l’avantage… »

Ce qui était à la fois une bonne ET une mauvaise nouvelle.

Knaël était une redoutable guerrière, qui exterminait les adversaires. C’était comme si la femme avait des yeux dans le dos. On disait après tout d’elle qu’elle était capable d’affronter des sorceleurs, et, à voir ses mouvements, son mélange entre attaques physiques et magiques, elle en semblait bien capable. Tournoyant sur place, Knaël trancha la min d’un spadassin, et pivota encore sur place, son pied frappant un autre au ventre. Elle déploya ensuite sa main, et lança une onde de choc qui repoussa deux autres tueurs. La visant de loin, un arbalétrier décocha un carreau sur elle... Que Knaël intercepta avec son épée, pivotant encore sur place. Toutefois, une araignée bondit à côté d’elle, et Knaël l’évita en bondissant en arrière. Les mandibules de l’araignée claquèrent dans le vide, et la Centurion d’Argent frappa avec son épée, tranchant trois des pattes de l’araignée, la renversant sur le sol, et le planta ensuite.

D’autres ennemis l’attaquèrent encore, et Shad intervint alors, sous une forme de louve. Pour autant, elle arrivait encore à parler, et expliqua à Knaël que William Hamleigh s’était réfugié dans le beffroi, avec l’orbe. Knaël se pinça les lèvres. Le beffroi était défendu par des archers et des arbalétriers situés en hauteur, qui décochaient de multiples flèches, tandis que des gardes à l’entrée en armure lourde repoussaient les ennemis qui s’approchaient.

« Il faut en finir avec lui. Les Hamleigh ont pactisé avec le Roi Cramoisi, leur famille fait partie de la Monarchie. »

Knaël se concentra, et généra entre ses doigts une sphère dorée, qui se mit à grossir, jusqu’à les englober toutes les deux. La paladine s’approcha rapidement, à l’aide de son Bouclier, et généra des cônes de glace, qui agirent tels des javelots. Plusieurs archers furent ainsi transpercés, et tombèrent dans le vide, ou s’écroulèrent au sol. Quelques flèches heurtaient le bouclier, faisant briller ce dernier, tandis que les hommes en armure lourde s’approchèrent, tenant d’épaisses claymores. Knaël courut vers eux, consciente que de simples ondes de choc ne suffiraient pas à renverser les hommes, au vu de leurs solides armures de plates.

Les épées s’entrechoquèrent contre la sienne, et elle les défia donc, pivotant sur place, et frappa avec sa lame dans une ouverture à hauteur du cou d’un garde. Le sang fusa ensuite lentement de son armure, et le garde s’écroula mollement au sol. Un autre l’attaqua dans le dos, avec un solide fléau qu’il faisait tournoyer en l’air, les pointes acérées du fléau étant enflammées. Knaël évita de justesse le boulet monstrueux, et l’homme attaqua encore, déplaçant régulièrement ce dernier.

« Meurs ! »

Le chaos continuait à dégénérer autour des deux femmes, tandis que Knaël cherchait un moyen de rentrer dans le beffroi.

« Allez... Misérables, disparaissez ! »
« Libre, hein ? Et qu’est-ce que ta liberté t’a apporté, Élise ? Tu vis cloîtrée dans ta forêt, à tisser tes toiles, terrorisée par le monde extérieur... Tu te drapes dans ton arrogance pour masquer tes terreurs... »

Les rues étaient étroites, sombres, sinueuses. Élise s’avançait lentement, faisant fi de la fumée qui montait, des flammes qui croissaient ici et là. Le chaos régnait partout, et elle se déplaçait lentement, recherchant White Elise, sans encore la voir. Elle rôdait dans le coin, se déplaçant dans les ombres.

« ...Tu ne mérites pas ce don, Élise, je suis venue pour corriger l’erreur de ta présence. »

Il était inutile de répondre à ses provocations. Élise rejoignit une impasse sombre, menant à une petite cour d’intérieur où plusieurs goules s’enfuirent à son approche, laissant les cadavres démantibulés de plusieurs chiens. La Reine déchue se retourna alors brusquement, cherchant son adversaire. Contre les murs, et même sur certains pavés du sol, elle apercevait des traces de toiles, des filaments argentés.

Élise continua à marcher, toujours sur ses gardes, s’attendant à la voir débarquer. Cette femme était extrêmement nocive et dangereuse, ce qu’elle avait prouvé à maintes reprises. Face à elle, Élise se devait de rester la plus vigilante possible. Quelque part, près d’elle, White Elise rôdait, silencieuse, mortelle, terrible...

« SALOPE ! »

Elle bondit brusquement depuis un toit. Élise bondit en arrière, évitant la charge du clone, qui défonça le sol, faisant voler plusieurs pavés. Son adversaire la chargea alors, évita un filament de toiles en bondissant en hauteur, puis s’abattit sur White Elise. Les deux femmes se heurtèrent, se livrant à un combat très intense au corps-à-corps. Cependant, la colère ne régentait plus les actions d’Élise, qui profita d’un moment d’inattention pour entoiler la cheville de White Elise, la collant au sol, déstabilisant cette dernière, offrant ainsi l’occasion à Élise de le frapper violemment avec ses pattes en tournoyant sur place.

Le coup renversa son adversaire, l’envoyant s’étaler sur le sol.

« Tu n’es qu’une pâle copie, White Elise... Une erreur qui a cru pouvoir me surpasser. Par ta faute, ceux que j’avais juré de protéger sont morts... Et ça, tu vas me le payer ! »

Ce n’était pas là une parole en vain, mais une promesse.

L’avantage quand on combat avec une guerrier aguerris à ses côtés c’est que, des fois, il arrivait que la majeure partie de l’attention de l’adversaire soit tourné vers ce dernier. Et c’est ce qui arriva précisément en cet instant. Les troupes de Hamleight se concentrait principalement sur Knaël et n’offrait qu’à la Okami que quelques adversaires mais également un avantage non négligeable : Elle pouvait avancer progressivement vers la porte du Beffroi  sous couvert de la bataille qui régnait à ses côtés. Un homme en armure en plate nota sa présence et vint à la charger, elle esquiva le coup, donnant un coup de griffe sur l’arme pour briser sa hampe, puis visant une zone plus fine de l’armure, elle lança son attaque, ses griffes acérées perçant l’armure et donc la chair de l’homme qui tomba lourdement sur le sol.

Ne s’arrêtant pas pour autant, la Lycane continua sa progression, devant cette fois faire face aux quelques archers restant sur les hauteurs. Des flammes naquirent dans les paumes de ses pattes et d’un mouvement rapide, elle les envoya  sur ces hommes qui ne tardèrent pas à courir dans tous les sens tandis que les flammes les dévoraient. Certains même passèrent au-dessus du petit muret qui les protégeait et tombèrent simplement, venant s’écraser contre le sol, rajoutant de nouveau cadavre dans cette ville en flamme. Mais petit à petit, la Louve parvint à  leur objectif en commun, atteindre la porte et sans attendre une seule seconde, elle se mis à donner des coups de griffes afin de la  mettre en miette. Des flammes vinrent même se rajouter, brûlant peu  à peu les planches qui constituaient la dernière barrière avant d’être face à William.

Se retournant, la Okami n’eut point de mal à noter que Knaël s’était occupée de ses adversaires qui gisaient à présent sur le sol. Jetant un coup d’œil  à l’intérieur du beffroi, elle vit un escalier en colimaçon. Nul doute, William se trouvait au bout de ce dernier et devait les attendre de pieds fermes.

« Finissons-en »

Elle s’engouffra à l’intérieur du bâtiment  et se mis à monter le colimaçon arrivant rapidement à son sommet mais…rien…personne. Laissant échapper un grondement, la lycane se mis à humer l’air à la recherche de l’humain. Il ne pouvait être bien loin et pourtant, elle n’arrivait pas à le sentir. Aurait-il pu partir par une autre voie sans que cela ne soit remarqué ?  Prudemment, la Louve se mis à chercher une pièce secrète…jusqu’à ce qu’elle évite de justesse une lame qui manqua de la décapiter sur place et qui semblait sortir de…nulle part. Un sort d’invisibilité…Ce salaud en utilisait un, le doute n’était pas permis et un des plus efficaces en plus ! Car la Louve n’arrivait pas à le détecter ni au son, ni à l’odeur…

« Montres toi lâches ! »

Heureusement, le sifflement de l’acier pouvait être entendu, car cette fois, William visait Knaël, cherchant à la prendre par surprise…

Knaël et Shad réussirent finalement à pénétrer dans le beffroi, et grimpèrent à l’étage, affrontant rapidement les quelques gardes restés en retrait. Les deux femmes agissaient vite, et rejoignirent ainsi le dernier étage, là où, quelques instants auparavant, Élise avait trouvé l’orbe magique permettant d’ouvrir le portail. William ne tarda pas à les attaquer, disposant d’un sortilège d’invisibilité... Ou plus vraisemblablement d’un élixir en ce sens. Knaël s’interposa entre Shad et l’emplacement présupposé de William.

« C’est terminé, William Hamleigh ! Dites-moi tout ce que vous savez sur la Monarchie de la Rose, sur leurs plans, et nous pourrons faire preuve de clémence !
-  HAHAHA ! »

Une boule de feu jaillit soudain sur la gauche de la vision de Knaël, qui déplaça rapidement son épée, et trancha la boule en deux. William attaqua alors en hurlant, et les lames s’entrechoquèrent, le corps de l’homme apparaissant. Furieux, en sueur, William frappait fort, témoignant de ses capacités de bretteur. Knaël bondit en arrière, se ménageant quelques instants de répit, et évita une attaque de William, puis contre-attaqua en lançant une onde d’Air, frappant l’homme au ventre. Il recula, déstabilisé, et devint de nouveau invisible, la lame de Knaël frappant dans le vide.

« Sale lâche !
-  Vous allez payer pour la mort de ma mère ! »

Des langues de feu jaillirent encore, et Knaël se protégea avec sa cape ignifuge, générant également un bouclier de protection magique avec sa main. Le bouclier dévia la plupart des boules de feu, qui frappèrent les poutres en bois, enflammant le beffroi autour des deux femmes. William jaillit alors au milieu des flammes, les yeux écarquillés, et sa lame heurta violemment celle de Knaël. Il hurlait comme un dément, lui postillonnant à la figure, mais la guerrière tenait bon, continuant à se battre, les deux duellistes se rapprochant ainsi d’un balcon.

Le fait est que l’homme se battait avec frénésie et démence, ce qui le rendait dangereux, et le sol même devenait instable.

« Hmmm... ! »

Les lames se heurtèrent encore, s’entrechoquant violemment. William tournoya sur place, cherchant à prendre la femme sur le côté... Et Shad en profita pour bondir, le mordant férocement au poignet.

« Haaa !! »

Knaël en profita alors, et frappa l’homme au torse, puis lui lança une nouvelle onde de choc, qui l’envoya valser à travers le balcon. En hurlant, l’homme tomba dans le vide, disparaissant dans les flammes. Knaël soupira longuement, jetant un œil vers l’orbe violette.

« Ça y est... C’est là ! »

Mais encore fallait-il réussir à sortir du beffroi en feu...
La toile de White Elise frappa Élise en plein ventre, l’envoyant s’étaler contre le mur.

« Fichue salope, grogna la clone. J’en ai plus qu’assez de toi, tu sais...
-  Je... Je te retourne le compliment.
-  Nous allons en finir avec tout ça. Toi, Lumen, Mijak... Koldoue n’est qu’une étape dans l’Œil de notre père !
-  Tu... Tu es folle à lier ! »

Élise se concentra alors, et déchira les toiles, avant de bondir encore vers son adversaire. Les deux femmes s’entrechoquèrent à nouveau, et Élise planta son genou dans le ventre de White Elise, l’envoyant valser sur une place, près d’une fontaine remplie de cadavres, où des corbeaux croassaient dangereusement. Le temps que White Elise reprenne ses esprits, Élise l’attaqua encore, et la frappa à nouveau, toujours au ventre, par un nouveau coup de genou, puis enchaîna par un coup de pied retourné, qui envoya White Elise heurter le rebord de la fontaine. Celle-ci tenta alors de se défendre en jetant des filaments de toile, mais Élise esquiva cette attaque en bondissant dans les airs, et déploya des filaments supplémentaires, atteignant son clone au visage, puis s’abattit violemment sur elle, dans un craquement terrible.

White Elise poussa un hurlement étouffé dans les toiles recouvrant son visage, tandis que son corps s’écroula mollement sur le sol. Élise avait enfin réussi à briser son armure, à percer sa carapace, et se redressa lentement, dominant la femme de toute sa hauteur.

« C’est fini, copie ratée. Je t’ai brisé les os, des éclats ont dû perforer tes poumons, maintenant...
-  Uurk... » grogna la femme.

Élise l’observa silencieusement.

« Tout ce que tu auras gagné, c’est de mourir ici, seule, sans personne pour te pleurer... »

Il ne faisait aucun doute qu’elle allait succomber d’une hémorragie interne. Élise lui arracha les toiles recouvrant son visage, et vit que la femme était en train de cracher du sang. Élise la regarda encore, laissant passer les secondes... Puis s’écarta ensuite, la laissant se vider de son sang contre la fontaine.

Une fin pathétique digne de cette créature sournoise et mauvaise...

Etait-ce enfin terminé ? La Louve s’approcha du rebord du balcon et regarda un instant en contrebas. Rien, pas la moindre silhouette. Etait-il réellement mort lors de sa chute ? Mieux vaudrait aller vérifier avant de lancer des conclusions hâtives…Mais avant cela, encore fallait-il sortir de ce beffroi en flammes. Usant de ses capacités, la Lycane repoussa les quelques flammes qui entouraient l’orbe violette et s’en saisit avant de se tourner vers Knaël :

« Sortons d’ici et ramenons ceci aux sorcières…-elle se tut quelques instant avant de reprendre – Tu penses qu’il a péri pour de bon ? »

Certaines personnes avaient la fâcheuse tendance d’être tenace et de s’accrocher à la vie du mieux qu’il le pouvait.  Mais trêves de questionnement ! L’objectif principal en cet instant était de sortir d’ici avant que tout ne s’effrondre…ou du moins que ce qui restait en place ne s’effondre pas, car des pans du plafond et du sol se dérobaient déjà sous la chaleur. Passer par l’escalier risquait donc d’être potentiellement dangereux et mortel. A moins de pouvoir un peu contenir les flammes, juste assez pour pouvoir passer. La Okami  passa l’orbe, changea de forme, pris sa forme animale, tout en laissant couler vers le sol quelques gouttes de sang et s’approcha de Knaël :

« Montes ! »

Le ton était certes autoritaire mais le temps était compté.  A l’instant même où la Louve sentit que la guerrière était installée sur son dos, elle s’élança à travers les flammes, écartant juste celle devant elle pour se créer un passage. L’escalier fut descendu à l’aide de saut et les quelques poutres qui pouvaient gêner le chemin  tout simplement brûlées afin de laisser la voie libre. Il ne fallut guère longtemps pour sortir du beffroi mais par précaution, la Okami s’en éloigna au maximum…avant que ce dernier ne s’effondre, les gravats venant même tomber là où devrait se trouver le corps de William Hamleight.

Mais  ce n’était pas le moment de rester là à ne rien faire et la Louve pris la direction de la cathédrale afin d’amener l’orbe aux sorcières du sabbat. Bien que William Hamleight semblait vaincu pour de bon,  Koldoue était toujours en proie aux flammes et y demeuraient relevait du suicide. Mieux valait partir de cet endroit maudit au plus vite…Mais la Louve s’arrêta subitement devant une fontaine où gisait White Elise, morte. Du sang s’était écoulé de sa bouche et mélangé avec l’eau de la fontaine.

« On…dirait bien qu’Elise a gagné… »

Deux victoires….cela semblait trop beau pour être vrai. Reprenant  rapidement sa route, la Louve atteignit rapidement la cathédrale , laissa Knaël descendre de son dos avant de prendre son apparence de Okami.

« Je te laisse ramener l’orbe..Moi..Je vais chercher des soins. »

Une petite trainée de sang était visible sur le sillage de la Okami mais ce n’était pas cela qui allait la tuer !  Elle poussa également un long soupir. Tout semblait enfin se terminer…

La mort de White Elise ne mit pas fin à la guerre, ou, en tout cas, à la frénésie des araignées. Les araignées géantes n’avaient juste plus de leader, et Élise était trop fatiguée pour contrôler une telle armée. De plus, bien de ces araignées n’étaient pas ses araignées. Tout au plus pouvait-elle encore en contrôler quelques-unes, mais la plupart des araignées de White Elise n’étaient conçues que pour le meurtre, la tuerie, le massacre. Avec la mort de leur Reine, les araignées se dispersèrent, mais continuèrent à attaquer les humains. Quand Shad et Knaël retournèrent à la cathédrale, des cadavres supplémentaires d’araignées s’étaient empilés sur le sol. Fort heureusement, les araignées se concentraient sur les proies les plus proches, à savoir les hommes de William Hamleigh, ce qui laissait aux survivants un peu de répit.

Scybilla ne perdit pas de temps en conjectures inutiles, et plaça l’orbe violette dans un autel. Avec l’aide des autres sorcières, elle parvint ainsi à stabiliser le Portail. Un vortex se forma au fond de la cathédrale, dans la nef, tandis que, dehors, les araignées commençaient à approcher massivement. Koldoue était définitivement perdue. Il faudrait des semaines, si ce n’est des mois, pour chasser les araignées, mais le royaume en lui-même avait, semble-t-il, définitivement sombré. Le gouvernement avait été décapité à Koldoue, avec la plupart des grands nobles. Impossible pour l’heure de savoir si William Hamleigh était bel et bien mort, faute d’un corps à pouvoir examiner.

Fort heureusement, Shad, en entrant dans la cathédrale, ne tarda pas à voir Élise. Blessée, celle-ci était adossée contre un pilier. À côté d’elle, Médonée tentait de la soigner, lui prodiguant des soins.

« On dirait que tu as réussi, Shad...
-  Ce n’est pas comme si nous doutions de toi », observa Médonée.

Dehors, les derniers affres de la bataille avaient lieu. Knaël, infatigable, continuait à tenir la ligne, tandis que Scybilla terminait de consolider le vortex. Finalement, Knaël se replia à l’intérieur de la cathédrale avec ses hommes. Dehors, il y avait une marée noire d’araignées, provoquant un grondement terrible, des milliers de pattes arachnééennes martelant régulièrement le sol en se rapprochant.

« Repliez-vous au fond de la nef ! Vite !! » intima Knaël.

Élise était déjà en bonne position. Knaël et quelques archers gardèrent ainsi l’entrée, abattant les araignées qui s’approchaient. Faute de pouvoir passer par la porte d’entrée, que Knaël avait condamné, ils défonçaient des vitraux, cherchant ainsi à contourner l’entrée. Des jets magiques et des flèches jaillissaient ainsi pour tuer les quelques araignées, tandis que les gens s’enfuyaient. Élise parvint finalement à se relever, s’appuyant brièvement contre un banc.

« Allez... Sortons de cet enfer ! »

La Reine déchue s’avança près du vortex, tandis que Knaël fermait la marche, reculant en tuant autant d’araignées que possible. La porte d’entrée de la cathédrale explosa brusquement sous les assauts d’une immense araignée, et la horde arachnéenne jaillit. Pour Knaël, c’était le signe du repli. Elle se retourna, et se mit à courir à vive allure, tandis qu’Élise empruntait le vortex.

En quelques secondes, elle se retrouva à une autre partie du monde, dans l’immense hall lumineux d’un grand château... Ou, plutôt, d’un palais.

Celui de Sha.

De Koldoue il ne restait à présent plus que ruines, toiles et flammes. William Hamleight et White Elise avaient été vaincus mais la folie meurtrière des araignées ne s’étaient pas cessée avec leurs disparitions. La ville était maintenant en proie à une armée arachnéenne qui comptait bien dévorer tout êtres humains qui oseraient s’approcher d’un peu trop près.  Dans l’enceinte de la cathédrale, le portail avait été stabilisé et serait bientôt prêt à l’emploi.
Aux remarques d’Elise et de Médonée, la Louve souria simplement, affichant sur son faciès un air las et fatigué. Oui elles s’en étaient sorties mais à quel prix ? Beaucoup de gens avaient péris lors de cette ultime attaque.  Face aux assauts brutaux que subissait la cathédrale, il serait utopique qu’elle tiendrait encore longtemps, le temps du repli était donc arrivé.  Sous l’injection de Knaël, tous se dirigèrent vers le portail et quand une gargantuesque araignée fit sortir de ses gonds la porte principale, le doute n’était plus permis.  La retraite était primordiale. La Lycane traversa ainsi le portail passant d’une cathédrale au bord de la ruine à une salle lumineuse et chaleureuse.

Mais le temps du repos n’était pas encore arrivé. Certes, il n’y avait plus de risques d’attaques mais les blessés étaient bels et bien présents. La Lycane  pu quémander l’aide d’une sorcière précédemment, sa blessure étant rapide à soigner, à présent, elle comptait bien donner un coup de main. Il était vrai qu’elle ne possédait aucun pouvoir de guérison, mais rien ne l’empêchait d’apporter son aide d’une quelconque manière !  Elle faillit hésiter cependant pendant quelques instants. Tous ces blessés…Ce n’était rien de moins que des humains, auraient-ils fait la même chose pour les siens ? Cela, elle en doutait fortement mais elle pouvait aussi superposer ce point de vue avec les sorcières du sabbat. Elles furent chassés et tuées pour la plupart par ces mêmes survivants et pourtant…elles les soignées. Peut-être que cela servira à changer les mœurs ?

Le nombre de blessé était important et le temps que tous furent stabilisés et soignés demanda quelques heures. Mais à présent, tout risque était écarté ! S’essuyant les mains pleines de sang avec l’aide d’un chiffon humide, la Okami s’approcha d’Elise et de Médonée, observant d’un air rassuré que les blessures de la Reine des Toiles avaient été également soignées.

« Je… »

Elle se stoppa. Que pouvait-elle donc dire ? Elise avait perdu son royaume, ses habitants furent transformés en morts-vivants décérébrés. Certes, Regan et White Elise n’étaient plus, mais il restait encore William…Et si ce dernier avait survécu à sa chute, il serait étonnant qu’il ne tente pas de se venger. Une vengeance qui pourrait aussi bien arriver sous peu que dans plusieurs années le temps qu’il récupère des troupes à sa solde. La Okami souffla, ce n’était pas la peine de parler de tout cela,  pas dans l’immédiat.

« Je suis désolée. »

Bien sûr tout cela n’était pas de sa faute, mais elle ne pouvait s’empêcher de se sentir peinée pour Elise. 

« Mais…qu’allez-vous faire à présent ? »

Tant de possibilités ! Il y’avait déjà Lumen, où Elise pourrait rencontrer la Reine comme il lui fut suggéré. Mais encore fallait-il qu’elle accepte de s’y rendre. Ou l’avait-elle accepté ? Avec  tous ces évènements, la Okami avait bien du mal à s’en rappeler. Et elle ne jugea pas le moment opportun pour faire une piqûre de rappel.  Vint alors qu’une sorcière du sabbat vint à la rencontre de cette dernière, l’invitant à la suivre….

Dans la tumulte du moment, Élise et Médonée finirent par se retrouver seules. La Déesse Sha et ses sorcières étaient là, et s’occupaient des blessés, les emmenant dans le dispensaire médical du château. Toutefois, il y avait fort à parier que des halls seraient mobilisés, au vu du nombre de réfugiés. Élise resta un peu isolée de tout ça. White Elise était morte, mais sa vengeance ne lui apportait aucune satisfaction. Elle avait honoré la mémoire de son peuple, de la Forêt des Toiles, mais… Tout cela ne ramenait pas à la vie les gens qu’elle avait jurés de défendre, sans compter que, aux yeux du monde, Élise resterait la seule personne à l’origine de la destruction de Koldoue et du royaume.

Tandis que les pages et les serviteurs se déplaçaient, Shad finit par rejoindre le duo. Elle présenta à Élise ses excuses. La mine fermée, celle-ci était assise contre le mur, Médonée à côté d’elle. La femme aux cheveux blancs dégageait toujours une puissante aura magique, et se retourna vers Shad quand celle-ci lui demanda ce qu’elles allaient faire.

« Je n’en sais rien, Shad. J’ai perdu tout ce que j’avais. Que suis-je supposée faire ?
-  La Reine de Lumen souhaitait te voir… rappela Médonée.
-  Lumen est loin d’ici… Et les Lumeniens me considèrent maintenant comme la responsable de la destruction d’un royaume. Je ne suis pas convaincue que rejoindre la Reine Ivory soit la meilleure chose à faire, même avec la bénédiction de Shad. »

Au moins, la souffrance n’étranglait pas Élise. Elle n’avait jamais été du genre à s’apitoyer sur elle-même après tout, et, dans ces circonstances, elle préférait aller de l’avant, et donc envisager la suite.

« Je ne sais pas quoi faire, et…
-  Ces gens non plus ne savent pas quoi faire. »

Dans le dos de Shad, une silhouette venait d’émerger. Elle dégageait une très impressionnante aura magique. La Déesse Sha se tenait là, peu impressionnante dans un simple manteau de fourrure, mais dégageant malgré tout une terrible aura.

« Les réfugiés de Koldoue… Ils ont tout perdu, eux aussi. Ils n’ont plus de dirigeants, plus de famille, plus de maison. Un peuple sans royaume… Une Reine sans peuple… Je pense qu’il y a là quelque chose à en tirer, non ?
-  Un peuple ne remplace pas un autre…
-  Ces gens savent qui tu es, Élise. Ils t’ont vu les défendre, te battre pour eux. Moi, je suis une étrangère pour eux, mais toi… Il ne s’agit pas de remplacer quoi que ce soit, mais de se reconstruire, de t’offrir une nouvelle vie. »

Élise resta silencieuse pendant de longues secondes. Dans le fond, il était indéniable que Sha avait raison. D’aucuns auraient pu lui reprocher son manque de tact, mais la Déesse savait qu’Élise ne voulait pas qu’on s’apitoie sur son sort. Elle voulait qu’on reste efficace, qu’on agisse vite et bien, et c’était là tout ce qu’Élise lui proposait.

« Par ailleurs, l’une de mes plus puissantes sorcières et une Drider. Je gage que tu devras la rencontrer tôt ou tard, Élise… Et toi aussi, Médonée. »

La jeune femme acquiesça doucement, sans rien dire, restant proche de sa Reine.

Sha tourna ensuite son regard vers Shad.

« Quant à toi.. Shad Hoshisora, n’est-ce pas ? Tu portes un intéressant médaillon…
-  Il est déchargé.
-  Plus maintenant. »

La main de Sha venait de se saisir du médaillon, et ses yeux s’illuminèrent pendant quelques secondes… Puis le médaillon s’illumina alors, les runes situées dessus se mettant à briller, se rechargeant en magie.

« Intéressant… Tu n’es pas une Okami ordinaire, Shad. Clairement pas… Je suis heureuse que nous ayons enfin l’occasion de nous rencontrer. »

Elle lui sourit alors tendrement.

A peine fut il rechargé que l’araignée au centre du médaillon se mis à claquer des mandibules avant de s’immobiliser de nouveau en son centre. C’était qu’elle lui avait manqué un peu cette petite ! La Lycane hocha simplement la tête en guise de remerciement envers Sha, souriant d’un air légèrement gênée.

« Je ne suis pas plus exceptionnelle que cela. Je n’ai pas pu aider à protéger ni les habitants du village des toiles, ni ceux de Koldoue. Un royaume est en ruine et le sang versé à sans doute dû alimenter la Machine…Et si par hors du commun vous parlez du fait que j’ai vu non pas un mais des Grands Anciens…je me demande s’il n’aurait pas été mieux que je ne sois pas liée à toute cette histoire. »

Car depuis  cette histoire avec les hommes-porcs, Mandus, l’abattoir et la Machine située sous Lumen, la Louve avait été prise dans un engrenage qui dépassait toute sa compréhension. Elle avait certes reçu plusieurs explications, venant aussi bien d’alliés que d’ennemis mais toute cette histoire semblait simplement…surnaturelle. Tous ce qui se passaient avaient toujours plusieurs dénominateurs  communs : La Monarchie de la Rose, les Grands Anciens et Flagg. En ce jour, l’un de leur « soldat » avait connu une cuisante défaite. Tout comme ses opposants. Bien que White Elise et les Hamleigh fussent vaincus, la victoire restait amère. Une victoire amère qui touchait bien plus Elise que la Okami  en cet instant mais au moins, la possibilité de se relever était bien présente.

« Scybillia m’a fait comprendre que vous souhaitiez me voir et me posez quelques questions. J’avoue ne pas savoir lesquelles vu que je vous ai déjà dit ce que je savais mais peut-être qu’une information ait pu m’échapper.  Je ne peux réellement pas me rappeler exactement de chaque détail mais je peux essayer de faire au mieux. »

En toute sincérité, la Louve se passerait bien de se rappeler des horreurs incommensurables  qu’elle ait pu voir mais si cela pouvait aider à faire avancer les choses...alors ce sera chose faite. L’Okami observa quelques instants la déesse des sorcières. Comparée à leur première rencontre sous sa forme d’ombre, cette dernière semblait plus…fragile ? Mais seul un idiot serait assez fou pour croire cela, l’aura que cette femme dégageait imposait le respect. Ce n’était pas tous les jours qu’on se retrouvait face à une déesse !

« Si je puis me permettre, je suppose que vous avez un sort quelconque pour voir dans les souvenirs ? Ne serait-il pas plus avisé d’utiliser cela au besoin ? Au moins…on serait sûr que la vérité ne serait pas déformée par quelques lacunes de mémoires. »

Et tout éléments pouvaient s’avérer importants, autant que ces derniers ne soient pas falsifiés inconsciemment. Et si on prenait en compte les gravures rencontres dans la cité de Ry'leth qui seraient compliqués à décrire...Oui c'était une solution tout à fait envisageable aux yeux de la Okami.

Élise observa la fameuse Sha, songeant à sa proposition. Se reconstruire ici... Elle n’en savait rien ! Élise venait de tout perdre, et, surtout, de réaliser qu’en essayant de fuir contre le monde, elle n’avait fait que se condamner elle-même. White Elise avait certes été vaincue, mais la Forêt des Toiles n’existait plus. Et cette Sha lui offrait, non pas un refuge ou de la pitié, mais un nouveau but, de nouveaux objectifs... Pourquoi refuser ? La Reine pesait le pour et le contre, tout en sachant très bien ce qu’elle allait finir par choisir. Et, pendant ce temps, la Déesse s’entretenait avec Shad, qui proposa de fouiller directement dans sa mémoire. Une proposition qui amena un léger sourire sur les lèvres de la Déesse.

« La mémoire n’est pas un livre ouvert qu’on peut lire aussi facilement. Il ne me suffit pas de claquer des doigts pour obtenir de toi ce que je veux... Mais nous y penserons. Je dispose d’instruments permettant d’extraire les souvenirs, mais il faudra tout de même que tu t’en souviennes un minimum. »

Sha disposait d’une sorte de Pensine, et il existait effectivement des sortilèges d’hypnose permettant de faciliter l’accès aux souvenirs, que Sha enregistrait et reconstituait ensuite à l’aide d’un sceau magique et d’une orbe de stockage. Il s’agissait là d’un ensemble de sortilèges assez relevés, mais elle n’allait pas passer à côté de cette opportunité.

« Pour le reste... Le simple fait que tu connaisses la Machine est suffisant à mes yeux pour que je t’interroge. Tu étais là quand la Machine de Mandus s’est déclenchée à Lumen, non ? L’onde magique qui a jailli... Je l’ai senti, et elle m’a rappelé de lointains souvenirs. »

La Déesse se mit à déambuler lentement, tandis qu’une activité bourdonnante continuait à s’affairer autour des femmes.

« Je suis amnésique, expliqua-t-elle. Alors, crois bien que je suis bien placée pour savoir comment manipuler la mémoire. Mes souvenirs me reviennent par bribes, et la Machine de Mandus... Elle est très particulière. Mais, comme tu l’as compris, cette machine n’était qu’un prototype, et je soupçonne la Monarchie de la Rose d’en construire une autre, bien plus grande, et destinée à briser les murs entre les dimensions. »

Sha secoua doucement la tête.

« Peu importe... J’aurai besoin, en temps voulu, que tu me dises tout ce que tu as vu à l’intérieur de la Machine. Il faut que je comprenne le fonctionnement de cette mécanique infernale, et ce à quoi tu as assisté pourra m’aider. Mais rien ne presse, jeune Louve. Tu as besoin de repos, pour le moment... Et j’attends bientôt un invité qui sera ravi de te revoir. »

La Déesse ne comptait pas en dire plus, laissant à Shad la surprise.

« Bref, je t’offre une chambre pour te reposer le temps qu’il te faudra... Et je crois que ce ne sera pas de trop, après tout ce que tu as vécu. »

La main de Sha se posa soudain sur la tête de Shad, venant caresser affectueusement ses cheveux. La Déesse des Sorcières avait beau être austère, elle n’en restait pas moins une femme hospitalière. Et elle avait en tout cas rapidement compris que Shad n’était pas une simple Okami comme les autres.

Et tout cela méritait bien qu’elle se renseigne sur elle...

Sha était amnésique ? Cette révélation surpris la Okami. Elle comprit également rapidement que la mémoire n’était pas aussi simple à raviver qu’elle aurait  pu le croire. Après tout, comment aurait-elle pu deviner que la déesse des sorcières souffrait de lacunes de réminiscences ? Cette nouvelle la laissa un instant sans voix, suivant simplement Sha dans les couloirs de son palais. La Machine de Mandus fut remise sur le tapis, et la Lycane ne put s’empêcher d’avoir un léger frisson lui parcourant l’échine quand elle se remémora les horreurs qu’elle avait pu y voir. Oh oui elle avait été là lors de son activation et de sa destruction, elle en avait vu les immondices qui régnaient dans ses entrailles…Un lieu fantasmagorique, irréel, où personne ne censé ne voudrait pas y mettre les pieds. Et pourtant, ce n’était qu’un prototype. Quelles horreurs incommensurables pouvaient abriter une Machine plus sophistiquée ?

« Dans ce cas, je  ferais au mieux pour me rappeler des éléments les plus importants mais je ne suis pas la seule à l’avoir vue, Adamante, la suivante de la Reine de Lumen a aussi été témoin de son macabre fonctionnement…. »

Elle aussi avait vu les tuyaux remplis de sang  se diriger vers le cœur de la Machine, elle aussi avait vu les hommes-porcs provenant de cette Machine et elle aussi avait vu les cuves où les Espers étaient drainés…..Un simple esprit humain ne pouvait concevoir tout cela, non, cela relevait de l’impossible aux yeux de la Okami. Et pourtant, des esprits corrompus et aliénés pouvaient-ils y arriver ? Cette Monarchie de la Rose,  même si elle était composée d’humains, ne semblait ne pas avoir de limites quant aux atrocités qu’elle pouvait commettre. Repensant à la  fin de la phrase de la déesse, la Louve haussa un sourcil.


« Un invité ? N’aurait-il par pur hasard la peau d’une couleur rouge ?  Et hum..merci ? »

Ses oreilles se redressèrent quand elle sentit la main de Sha se poser contre sa tête et..la caresser tout simplement. Le geste eut un effet de surprise sur la Okami mais elle n’en offusqua pas. Et puis, elle devait bien l’avouer, ce geste lui permettait de se détendre après tout ce qu’elle avait enduré et une pause était des bienvenues.  Elle quitta peu de temps après Sha, se dirigeant vers la chambre indiquée afin de s’y reposer de bien différentes manières…


…Et fin !...