The Multiversity

L’image d’une petite souris acculé dans un coin de mur face à deux chats serait une métaphore honorable. A ce moment de son histoire, Alma n’est plus grand-chose. D’un côté, Akane clame être l’Impératrice. Nulle n’est tenue de s’élever plus haut qu’elle. Pas même son Alma. Oui, elle est destinée à de plus grandes choses qu’elle. Elle possède la capacité de maîtriser au minimum trois Ordres. Qui sait si le futur ne serait pas capable de lui tendre une main pour également pénétrer sur le territoire du Chaos. Après tout, ne serait-ce pas là le but caché de l’emmerdeur à écailles ?

Alma est donc remise à sa place par Akane. Rien de ce qu’elle pourra dire ne permettra d’influencer la vie de Valka. Celle-ci est punie comme un vulgaire enfant qu’on prive de sortie. La bête légendaire. Le monstre ultime de toutes les histoires de chevalerie. Réduite à cette image d’enfant colérique qu’on renvoie dans sa chambre. Donc Alma a l’intelligence de ne rien dire. Même si imposer Ed à Valka n’aurait surement pas été une mince affaire. Ou alors, la femelle de Geyser cache bien davantage son jeu à Alma !

Et que dire de Maman Shayne ? Non. De la demi déesse. A priori, rien ne pouvait l’empêcher de couper court à cette expérience familiale. Tout le temps d’une immortelle à sa disposition. Et un vaste réseau constitué de super-êtres et autres. Pourtant, rien de tout ça ne suffit et elle doit personnellement se déplacer. Alma aurait envie de poser des questions. Sa curiosité est naturellement éveillée ! Qui est assez puissant pour contraindre Shayne la Confettiseuse à se déplacer personnellement ? Serait-ce sa petite sœur ? Pourtant, son intuition lui dit que non.

*Mais elle ne me donne pas de détails. Parce que je n’ai pas assez gagné sa confiance ? Parce qu’elle veut me « protéger » en m’éloignant de ce… drame ? Combat ? Gros bordel à tendance divine ? Je ne sais pas. Mais je n’ose pas poser de questions. Entre elle et Akane… *

« Euh… ça veut dire que je vais passer quelques jours dans cet hôtel ? Tu as déjà réservé pour d’autres nuits supplémentaires ? »

*Vraiment, Alma ? Tu en es réduite à poser des questions d’ordre administrative à ta mère ? *

Puis elle se retourne vers Akane. Son cerveau est déjà passé à la conclusion suivante. Quelques jours dans ce village sans marcher. C’est passer quelques jours avec Akane. Et à la fois elle se dit que ce ne sera surement pas aussi reposant que ça devrait l’être. A savoir faire une pause. A la fois, elle se dit que c’est injuste pour Liliane. Elle aussi aurait pu profiter de cette pause de quelques journées. Mais après avoir subi la pleine-autorité de son Alpha, Alma n’ose pas penser plus loin dans cette direction. Son Soleil devra prendre son mal en patience.

*Quoique. Si ça se trouve, elle ne voie pas le temps passer. Plongée dans un projet ou un autre. Peut-être qu’elle a les pieds dans une eau tropicale à boire des cocktails en compagnie d’Abigail ? Je… comment je peux être autant perdue ? Tout ça parce que je « panique » à l’idée d’avoir quelques jours sans programme ? C’est l’inconnu et l’inaction qui me pèsent autant ? Hum… *

Jeannie incarne:

Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« Non, je n’ai rien réservé à part une nuit. En fait, je me serais attendue à ce que tu explores un peu avec Akane. Sortir des sentiers battus. Marcher quelques kilomètres dans une direction sans rien avoir planifié. Improviser. Visiter une plus petite agglomération en parallèle de notre trajet, voire revenir un peu sur tes pas… Tu es capable de te débrouiller sans moi, j’en suis certaine. Explore. Découvre, c’est la clé.

Et avant que tu ne poses la question, je m’en vais botter le cul d’un autre demi-dieu. Donc naturellement, hors de question que tu m’accompagnes. Si jamais il y a quelque chose de vraiment grave, Jimmy pourra me contacter via le Chaos. Alors garde le avec toi. Et toi tu as intérêt à ne pas faire le chien ou quand je reviens, ce sera la muselière en plus de la camisole de force. Compris? Je ne plaisante pas, c’est un ultimatum, Jimmy! »

Le petit lézard pousse un cri étranglé et manque de perdre connaissance. Il sait que je ne plaisante pas et que s’il échoue à me prévenir qu’alma est en danger, ce sera lourd, très lourd, de conséquences. Je n’aurai ni pardon ni pitié, ça c’est sûr et certain. Je tiens à ma fille adoptive, quand même. Je serais une très mauvaise mère adoptive autrement. Maintenant que les choses ont été clarifiées, un portal apparait devant moi et je l’emprunte immédiatement. J’ai un demi-dieu à aller exterminer, Je vais ramasser mes affaires et je m’en vais, quoi. Pour tout vous dire, le plus tôt je m’en charge et le mieux ce sera. Cela fait plusieurs siècles qu’il est une épine dans mon flanc, là, les conneries prennent fin aujourd’hui! Enfin. Dans les jours à venir mais vous avez compris le principe… Il n’y a pas que les mortels qui ont des rivaux, loin très loin de là… Malheureusement.

Et donc, Alma se retrouve « seule » avec Akane et Jimmy. Jimmy, qui évidemment, cavale vers l’oreiller le plus proche pour le revendiquer comme son lit. C’est qu’il serait capable d’y planter ses griffes et Alma devrait payer pour les dommages! Akane, pour sa part, semble trouver que c’est une bonne idée. Explorer. Voilà quelque chose qu’elle n’ont pas vraiment fait ensemble, non? Découvrir de nouveaux endroits. Attention, elle ne critique pas le réseau de maisons magiques, bien au contraire, elle a découvert énormément d’endroits grâce à ce dernier. Mais elle aimerait aussi découvrir quelque chose par elle-même. C’est bien certain que ce ne sera pas aussi impressionnant. Mais ce n’est pas ce qui est important. Ce qui importe, c’est le plaisir de la découverte, à deux. Ni plus ni moins. Il n'y a pas de grande révélation ou leçon de vie. Juste prendre plaisir aux choses.

Évidemment, Alma a son mot à dire sur la question. C’est évident. Elle ne compte rien lui imposer. Si Alma veut rester à l’hôtel et attendre le retour de Maman Shayne, elles peuvent aussi. Assurément, Akane va tourner en rond comme un animal en cage mais c’est parfaitement envisageable. La Bête est peut-être l’alpha dans le couple mais elle ne prend pas toutes les décisions non plus. Ce ne serait pas une relation très saine, sinon. Et Akan elle sait très bien. On pourrait croire que cela la dérange mais aucunement, en fait. Maintenant qu’elle ne fait plus que survivre, elle consent à certains compromis, nécessaires pour une saine relation avec sa femelle. Oui, pour plusieurs, le fait qu’elle conceptualise femelle et pas femme pourrait sembler réducteur ou profondément insultant. Mais Akane est Akane, une créature du Rouge d’abord et avant tout...

Explorer sans Maman Shayne ? Bien entendu qu’elle en est capable ! Alma le prend d’abord pour de la provocation gratuite. Comme si elle était devenue dépendante à sa proximité. Comme si elle n’avait jamais grandi loin du foyer familial. C’est une ancienne survivaliste d’un monde de merde, bordel ! Sauf qu’Alma intériorise tout. Avant, elle l’aurait gueulé à voix haute : elle le reconnaît. Aujourd’hui, elle s’efforce de réfléchir avant de ruer. Au final, elle décide d’attribuer ce commentaire à leur relation mère/fille. (à quoi bon s’encombrer de la mention adoptive à chaque fois ? ça ne changera pas qui elles sont l’une pour l’autre). Peut-être même que cette remarque est de l’inquiétude transférée. Mais, une nouvelle fois, Alma gardera ça pour elle.

Le portail apparait. Shayne la demi déesse disparait.

*Ce serait si facile de dire à Akane « fais ce que tu veux de moi ». Ou de bêtement obéir à l’ordre de maman et d’aller explorer. Mais… j’ai l’impression qu’on m’en demande davantage. A moins que ce ne soit moi qui me complique déjà la tâche à vouloir faire plus que ce qu’on attend de moi ? Tout simplement pour leur prouver… quoi ? C’est mon égo qui s’exprime. *

« On va se promener en ville ? »

*C’est nul comme programme. C’est léger. Ce n’est même pas un programme. C’est une errance. *

Se balader avec Liliane est facile. Son Soleil lui prend la main et dirige. Le lèche-vitrine. Décider de s’arrêter pour boire une boisson dont elle n’avait jamais entendu le nom avant. Un truc moderne pour dépenser une petite fortune… Tout ça pour dire que, sorti de l’hôtel, Alma ne sait même pas si elle veut enlacer ses doigts dans ceux d’Akane. Et… où aller ? C’est facile de se dire qu’on va errer au hasard. Mais le petit cerveau humain aime se compliquer. Et il a besoin d’un schéma. Il n’y a pas de vrai hasard. Et il y a toujours une répétition qui intervient plus ou moins vite.

*Je suis nulle. Explorer. Même ici je ne sais pas comment faire. *

« Allons par là. »

*Je ne sais pas pourquoi. J’ai juste décidé tout droit. Pour ne pas avoir l’air faible. Pour lui donner l’impression que je sais ce que je fais. Que je peux explorer « comme ça ». *

Elle avance, mains dans les poches. Un problème de réglé. Ses bouts de chairs qui traînent quand elles n’ont pas de fonction. Oui, c’est parfait de les immobiliser dans ses poches. Elle avance, en marchant tout droit. Et sa tête est ailleurs. Au-delà du portail de téléportation. Elle se demande qui peut bien être ce demi dieu qui emmerde tant Maman Shayne. Son apparence. Ses pouvoirs. Et la raison qui explique que ce ne sera pas résolu en un claquement de doigt. Pourquoi la bataille s’étalera sur plusieurs jours ? Ça perturbe Alma. Ça va à l’encontre de la toute-puissance de confettisation. Quel genre de déité est capable de résister à ça ? Capable de contre-attaquer ! Même cette engeance à écailles qui ne tolère aucune domination s’écrase face à Shayne. Même Jimmy déglutit difficilement.

*Qu’est-ce qui est plus puissant que le Chaos ? Hum… *

Et Akane ? Alma est complètement prisonnière de ses réflexions. Délaissant la Bête qui pourrait très bien s’arrêter de marcher qu’elle ne le remarquerait pas…

Jeannie incarne:

Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Akane n’a aucun problème à juste suivre Alma. Après tout, cela fait partie des dynamiques humaines, non? Être capable de juste être avec quelqu’un d’autre. Toujours avoir un plan finirait par être pénible. Après tout, même les animaux sont curieux et finissent par vouloir explorer un peu. La Bête n’est pas différente des autres créatures du Rouge. Elle suit donc Alma qui semble perdue dans ses pensées. Pas que cela dérange particulièrement Akane. Elle est très indépendante, elle. Elle ne dépend pas de sa relation avec Alma autant qu’Alma dépend de sa relation avec Akane. Oh elle aime sa femelle, attention, elle en est très protectrice. Mais si elle ne la voit pas pendant plusieurs semaines, oui Alma va lui manquer. Mais elle va rester fonctionnelle et ne pas penser à elle constamment. Alors qu’Alma psychotait que Liliane ne puisse pas profiter de cette…

Pause. En fait, au même moment, à des kilomètres de là, Liliane est en train de dessiner. Quoi? Le paysage devant elle. Elle profite du réseau de maisons magiques pour découvrir des endroits enchanteurs. Elle prend des photos. Parfois elle peint ce qu’elle voit. Ou elle le dessine. Liliane l’artiste reste occupée. Bien sûr qu’Alma lui manque. Mais Liliane est très sociable et elle continue de voir du monde hors des maisons magiques. Elle retourne souvent à Franklin. Sa vie sociale et le fait qu’elle s’occupe d’Abigail fait qu’elle angoisse moins sur l’absence d’Alma. Personne n’a dit qu’Alma était dépendante affective. Tout ce qui est dit c’est que ses petites amies réussissent à occuper leur esprit pour rendre l’absence de l’autre plus supportable, il n’y a rien de mal à cela. Mais revenons-en au présent car quelque chose est sur le point de se produire. L’inattention d’Alma va s’avérer…

Problématique. Akane s’arrête d’un coup sec, humant l’air. Il y a une odeur qu’elle n’aime pas. Et on ne parle pas d’une odeur comme un être humain le percevrait. C’est l’odeur du danger. Ce n’est pas quelque chose qui peut être décrit, c’est quelque chose qui est. Akane dit à Alma de s’arrêter mais ses paroles ne semblent pas se rendre aux oreilles de sa femelle. Et quand elle rugit pour attirer son attention, il est déjà trop tard. Alma a fait un pas de trop et vient de passer au travers d’un portail invisible. Ce qui risque de la tirer de ses pensées est le changement brutal de décor. Elle n’est plus dans une rue d’une ville moderne. Elle a l’impression d’être dans un donjon médiéval comme on en voit dans tellement de médias se passant dans un univers de fantasy. Plus inquiétant encore, Akane et Jimmy ne sont plus avec elle. Et si elle sort son téléphone, elle va se rendre compte qu’elle n’a plus de signal.

Est-elle la cible d’un kidnapping ou est-elle une victime choisit au hasard et qi est tombé dans un piège car elle était au mauvais endroit au mauvais moment? Une excellente question. Pour le moment, elle ne voit pas qui est responsable de son arrivée ici. L’endroit semble désert. Impeccablement propre. Mais désert. Ou peut-être que ce sont simplement les apparences qui veulent cela. Ironiquement, c’est un excellent moment pour voir si l’instinct d’Alma s’est émoussé ou non. Comment elle va réagir à cette situation qui, disons-le, sort de l’ordinaire. Et tout d’un coup, les paroles de Maman Shayne lui reviennent en tête. Est-elle-même encore sur Terre? Perdue dans le temps? Dans une autre dimension? Réalité? Planète? Ce qui l’entoure ressemble à une architecture médiévale classique mais rien n’indique quelque chose d’aussi austère n’est pas commun ailleurs dans… L’existence? Où a-t-elle atterrit et surtout, pourquoi…

Pourquoi sa lionne d’alpha vient de pousser son cri ? Alma est donc tirée de ses pensées et se retourne pour poser la question à Akane. Qui n’est pas présente. En fait, il y davantage qui n’est pas présent. La petite ville sur le sentir du trail. Et… même Jimmy ? Où était-il juste avant ? Elle n’arrive plus à se souvenir exactement. Ce qui est certain, c’est qu’il n’y a aucun poids sur sa tête. Pas plus que la sensation de ses écailles au milieu de ses deux petits seins.

*ALMA ! *

Des murs de pierre. Partout. Elle n’est même plus dans un environnement ouvert. Quelque part dans une bâtisse. Déjà sa posture change. Son centre de gravité descendant pour se préparer à bondir sur ses jambes, se défendre, contre-attaquer, voire même attaquer. Mais… il n’y a rien. Ou il semble qu’il n’y ait rien ? Alors qu’Alma sent ses instincts étirer leurs muscles et prendre plaisir à reprendre du plaisir : son esprit brisé se demande si elle peut utiliser ses pouvoirs.

*Bien sur que oui. L’avertissement d’Akane. Cet endroit impossible. Je ne suis plus sur le Pacific Crest Trail avec maman. *

Pour autant, elle ne va pas sortir l’armure de Vert ou les lianes aux extrémités de Gris. Elle ne va pas délivrer à son ennemi de précieuses informations. La question importante est ce qu’elle doit faire présentement. Agir ou rester immobile. Dans le premier cas, pour aller où ? Tout droit et s’éloigner théoriquement du point « d’entrée » dans ce « ici » ? Et donc s’éloigner potentiellement d’Akane ? Ou partir dans l’autre sens ? Mais elle pourrait aussi rester ici. Qui sait combien de pièges cet endroit comporte ? Sans compter le fait que laisser l’ennemi fondre sur elle lui permettra d’exploiter une opportunité de contre-attaque.

*Mais la patience n’a jamais été mon fort. J’en ai davantage qu’avant, oui. Et j’étais déjà capable de rester plusieurs heures à ne pas bouger si ma survie en dépendait. Mais, contrairement à avant, je savais où je me trouvais. Pas là… Fait chier. *

Son corps s’emballe. Alma retrouve ses sensations qui… elle ne devrait pas penser à ça. Mais le mystère du danger mortel ? Son corps excité comme le chien à qui on promet de lancer un bâton. Déjà l’idée de se battre, faire couler le sang et laisser libre cours à la violence lui plaît.

*J’ai un souci… Personne de sain d’esprit souhaiterait pareille situation. A part peut-être les combattants qui entrent sur un ring sur mon monde d’adoption. Eux aussi doivent être accroc à-… Alma ! Pas maintenant ce genre de pensées ! Concentration. Respiration. Et écoute. *

Alma a décidé. Elle ne bougera pas. D’abord pour observer les lieux avec un regard cherchant des détails après avoir cartographié l’absence de sorties immédiates. Elle ne bougera pas pour laisser une chance à Akane de la secourir. (même si elle pense toute seule et en réaction immédiate qu’elle n’est PAS une petite princesse à sauver) Et elle sourit à l’idée d’affronter soudain un dragon… Elle ne bougera pas pour voir si son ennemi est plus impatient qu’elle. Et dans le même temps, dans ce maelstrom de pensées, elle se fait la remarque que la coïncidence est suspecte : « déplacée » au moment où Shayne s’en va combattre un demi dieu ? Hum…

Jeannie incarne:

Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Oh ce n’est pas une coincidence. Il faudrait être vraiment naïf pour le croire. J’ai des ennemis, moi aussi. Des ennemis qui m’étudient comme je les étudie. Qui sont au courant de l’existence d’Alma. Qui savent que tant que je suis à proximité, ils ne peuvent pas y toucher. Mais là, je suis dans une autre dimension en pleines… Négociations agressives… Avec un rival. Ce qui fait qu’Alma est plus ou moins sans surveillance, si on peut dire ça comme ça. Alors évidemment que, autant moi j’ai des élus, des cultistes, des subordonnés, mes rivaux en auront aussi. Alma ne le sait pas encore mais elle n’est plus aux États-Unis. Le réseau de maisons magiques ne va pas permettre à Akane de la retracer. Pour cela, il faudrait qu’elle puisse sentir l’odeur d’Alma. Et ici, clairement, elle n’est pas dans un lieu où son odeur va flotter vers le « dehors ». Et même…

Où est la sortie? Alma a décidé de ne pas bouger… Mais cela veut dire voir uniquement son environnement immédiat. Et une cible fixe est une cible facile. Elle n’a aucune idée de l’ennemi qui l’a attiré dans ce piège mais il y a fort à parier que cet ennemi, lui, sait de quoi elle est capable ou a une idée de quoi elle est capable. À moins d’être prodigieusement con, on n’attire pas dans un piège quelqu’un dont on ne peut pas triompher avec une certaine facilité. Quant à savoir si c’est de l’arrogance ou non… C’est encore matière à débat. Alma aura la désagréable impression d’être observée… Elle a l’impression d’être le rat de laboratoire qu’on met dans un labyrinthe pour étudier ses réactions. Peut-être qu’elle EST dans un labyrinthe, en fait. Bien que la sensation soit terriblement claustrophobique, qu’est-ce qui lui dit qu’elle n’est pas dans un ensemble de corridors se ressemblant tous?

¤Bienvenue dans mon terrain de jeu, Alma…¤ Une voix dans sa tête. Directement dans sa tête. Il y a quelque chose d’enrageant. Cette intrusion, cette arrogance de penser qu’elle va se laisser impressionner… ¤Petit pion de Shayne, petit pantin manipulé…¤ Comment cette… Personne? Entité? Chose? Ose-t-elle lui parler avec autant de familiarité? Ose prétendre en savoir plus qu’elle sur sa mère adoptive et… Non. Ce pourrait être un piège. Mais ce pourrait aussi être vrai. En partant du principe que quiconque responsable de son arrivée en ces lieux est un ennemi de la demi-déesse… Mentir est très facile mais mentir de façon convaincante l’est considérablement moins. Tandis que dire la vérité est sûr de blesser. C’est une tentative de manipulation. Mais dans quel but? Elle le sait pour avoir fréquenté Verena : manipuler est quelque chose de subtil. Un art. Une science.

Si l’ennemi, car elle n’a aucune raison de croire que c’est un allié, utilise une telle approche dès le début, soit il est extrêmement arrogant, soit il a vraiment des informations « privilégiées » sur Shayne. Ceci dit, vous ne mettez pas une prédatrice et une survivante dans un environnement potentiellement hostile en vous attendant à une possibilité pour de la diplomatie. Ça et aussi, loin de Shayne ou de l’influence de Verena, fort probablement que l’ancienne Alma risque de remontrer le bout de son nez. Pas que la nouvelle Alma soit incapable de faire face au danger. Mais parfois, juste utiliser la force brute et faire souffrir l’adversaire peut avoir un effet très thérapeutique. Et puis du reste, pourquoi devrait-elle être polie avec quelqu’un qui l’a enlevé et qui la prive d’un moment de complicité avec son alpha? Un tel affront doit être lavé dans le sang, non? Ce serait un châtiment approprié…

« GICLE DE MA TÊTE, TOI ! »

Ca parait tellement évident quand la personne est confrontée à la situation. Pourquoi n’a-t-elle rien fait pour se prémunir de ce genre d’attaques mentales ? Elle se retrouve maintenant comme une conne dans une sorte de donjon SM à la merci d’un pervers télépathique. Pourquoi l’aspect sexuel ? D’un certain côté, ça la rassure. Comme si classée cette affaire dans la catégorie sexe affaiblissait le drame. Bien entendu, personne ne sautera à la conclusion qu’un assaut sexuel, et donc un viol, est une affaire mineure. Mais ce serait plus « rassurant » pour Alma que ce soit, par exemple ce randonneur du premier jour, qui la harcèle pour de si « triviales » raisons. Plutôt ça que de se retrouver jouet sans puissance dans un conflit divin…

« Je ne suis pas un putain de pantin ! Pas plus qu’une petite chose brisée !! »

*Bordel ! Pourquoi j’étais obligée de dire ça, moi ! RE-BORDEL ! Et si l’autre enfoiré est vraiment dans mes pensées, il peut aussi lire ça !! DEGAGE LE PERVERS ! *

Définitivement, Alma lève la condition sans pouvoir du défi avec maman. C’est devenu une situation de vie ou de mort. Rester immobile semble devenir, seconde après seconde, un mauvais choix qui la laisse bien en évidence pour… qui ? BORDEL ! Elle détester se sentir manipulée à ce niveau ! Réfléchir. Faire appel à son sang-froid. Elle n’a pas survécu jusqu’à son âge malgré son caractère « bourrin ». Elle sait survivre. Elle sait prendre sur elle. Et plus que ça : elle sait analyser une situation. Et SURTOUT : faire confiance à son instinct.

Alors elle abandonne sa posture de combat. Si l’autre enfoiré peut parasiter ses pensées, c’est qu’il doit faire partie de ses connards de mages se battant à distance. Et, putain oui ! Alma est si sérieuse de pouvoir recommencer à jurer à un rythme effréné. Désolé Liliane. Mais cette éducation « moderne » peut aller se faire foutre. C’est l’animal qui est au contrôle. Et non ! Il est hors de question de commencer à penser à se faire punir. Enfin, ce genre de « punition »…

Donc ? Donc Alma posa à plat sa paume de main sur les pierres de ce couloir médiéval. Si tout ça n’est pas le fruit de son imagination, et même si elle se trouve (ah ah ! Quelle pensée ridicule !) sur une autre planète : le Gris est le Gris. Et la Couleur devra lui répondre. Si cet enfoiré l’a sous-estimée et piégé dans une sorte de donjon ou de labyrinthe ? Il va avoir une très mauvaise surprise en découvrant que son ennemie est capable de parler aux pierres. Et que cela lui permettrait-il ? De dérouler le « fil d’Ariane » et trouver la sortie. Ou cet enfoiré qui ne mérite que de mourir rapidement. Enfin, juste après lui avoir donné son ticket de retour.

« Je te jure que tu vas vite crever, toi. »

*Je te jure que tu vas vite crever, toi. BORDEL ! Ose me faire répéter en pensée parce que tu as violé les miennes. ENFOIRE ! *

Se concentrer. Etre à l’écoute du Gris. S’immerger au-dedans sans quitter la conscience de son corps. Ce serait une terrible erreur que de laisser son corps physique, -une coquille vide- à la merci de son ennemi. Ennemie ? Quelle est la valeur de cette voie pensée, d’ailleurs ? Masculine ou féminine ? Se concentrer, donc. Dialoguer avec le Gris. Apprendre la « géographie » d’où elle se trouve. Accumuler les informations. Et ensuite ? Passer à la putain d’action, OUI !

Jeannie incarne:

Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

¤C’est bien Alma, parle avec le gris. Parce que ce sont de vraies pierres et pas des illusions. Parce que quelqu’un serait assez stupide pour t’enlever et te donner des armes pour se battre…¤ Ce rire moqueur… Alma a mûri. Grandit. Elle a perfectionné sa maitrise de ses pouvoirs. Elle a même soigné son attitude. Mais il y a une sphère où elle est vulnérable. Où tout son entourage, en fait, est vulnérable. Le mental. Pas la magie. La magie fonctionne plus souvent qu’autrement avec ses propres principes, une autre forme de science, si on peut dire ça comme ça. Mais tout ce qui est pouvoirs mentaux? À part Giana la cyborg? Grosse faiblesse pour l’équipe. Et dans la situation actuelle, grosse faiblesse pour Alma. Car en effet… Le sol ne répond pas. Le gris ne lui parle pas. La texture des murs change et maintenant elle regarde des grosses guimauves. Comme celles…

Celles qu’elle a mangé avec Maman Shayne lors de leur randonnée. Donc. Les murs sont réels… Théoriquement… Mais ils ne sont pas en pierre. En fait, le vert et le gris ne répondent pas. Même le Rouge reste muet. Pourtant la personne… Entité… Chose… Qui l’a enlevé doit être de chair et de sang, non? Il faut qu’elle appartienne à un des trois ordres, sinon c’est quoi ce bordel? ¤Mais si tu veux, Alma, je peux faire le gris à la place du gris. Tu es dans un labyrinthe, Alma, une petite souris qui se fait observer par un vilain prédateur. Cours petite souris, amuse moi!¤ Ce ton moqueur. Supérieur. Il vient réveiller tous les mauvais instincts d’Alma. Et elle le sait que c’est de la provocation pure et simple pour la forcer à faire des erreurs parce qu’elle sera trop en colère pour réfléchir. Elle peut bien dire ne pas être un pantin mais… Pour le moment, elle n’a aucun avantage dans son arsenal.

Cela ne veut pas dire qu’elle est foutue. Loin de là. Elle a eu des entrainements au corps à corps, après tout et si elle est capable de s’improviser une arme, elle saura y faire également. La texture des murs change encore et elle a l’impression de regarder de multiples écrans de télé et… Elle voit un tas de ses souvenirs, sa vie privée exposée devant elle, cette entité s’amusant à fouiller dans sa tête et à montrer ce qu’elle trouve intéressant. Si Verena était là, il lui dirait : « un adversaire qui cherche à te provoquer a plusieurs cartes dans ta manche. C’est de ceux-là dont tu dois te méfier le plus. ». Mais Verena n’est pas là. Il n’y a qu’Alma, cette entité et ce désir de plus en plus intense de faire la peau à cette salope ou à ce salopard. Cela devrait la calmer. Et puis bon, tuer de temps en temps, cela permet de garder les réflexes aiguisés, non? Et puis bon, c’est l’autre qui l’a cherché…

¤Petite chose brisée, petite chose brisée, sais-tu dans quoi ta mère adoptive t’a embarqué?¤ Demande la voix dans sa tête. C’est terriblement frustrant car maintenant, elle imite la voix de gens qu’Alma connait. Là, c’était la voix de Liliane. Comment ose-t-elle prendre la voix de son soleil? Mais une part d’Alma sait pourquoi. Au-delà de la provocation, c’est tenter de démoraliser l’ennemi. Si Alma se sent impuissante, elle sera moins combattive. Plus docile. Plus vulnérable. Elle ne veut aucune de ces choses, évidemment. Mais ce n’est pas forcément elle qui a le contrôle non plus, après tout… Et donc, pour le moment, elle doit… Penser à un plan sans penser à un plan. Comment faire pour agir sans que l’autre ne le voit directement dans sa tête? C’est la première fois qu’elle est confrontée à une telle situation et c’est loin d’être agréable, ce serait faux de prétendre autrement…

« Mais tu vas arrêter de te foutre de ma gueule ?! »

Elle avait envie de péter un câble. C’était déjà plus qu’énervant d’entendre cette voix non genrée lui expliquer par A plus B qu’elle n’était pas idiote au point de lui fournir la hache qui lui permettrait de faire son travail de bourreau. Non. Bien sur que non ! Cette voix se foutait de sa gueule et attirait bien son attention sur le fait que le Gris était indisponible. Et pas que. Le Gris, le Vert et le Rouge. Tous répondent absent. Sauf cette PUTAIN de voix qui se travestit pour jouer le Gris. La rage bouillonne chez Alma. Et ce n’est jamais bon signe.

*Ca m’énerve… Ca m’énerve ! Mais ce n’est pas une situation nouvelle. Dans la réalité des étoiles aussi j’étais dépossédée de mes pouvoirs. Et Cassandre est apparue. Elle… *

Une lueur d’espoir. Elle se déteste d’y penser. C’est tellement tordu. Espérer que Cassandre, celle qui a eu la vie parfaite, celle qui lui a causé de nouveaux traumatismes : que cette Cassandre puisse acquérir une sorte de « nouvelle dimension » et venir à sa rescousse. Stupide idée !

« VA TE FAIRE FOUTRE ! »

A la voix ou à Cassandre ? Aux deux, très probablement. Mais le point est que ce n’est pas la première fois qu’elle se retrouve coupée de ses pouvoirs. Ses poings se serrent. Et si ça ressemble à une personne qui essaie de maintenir sa colère (et c’en est une !), c’est aussi une façon de réaliser qu’elle possède son corps. Ce même corps aux réflexes aiguisés par son monde de naissance. Ce corps entraîné par la Bête et ces dernières semaines à randonner encore et encore. Alma n’est pas acculée. Loin de là. Et cette prise de conscience lui redonne de l’assurance tout en faisant redescendre son impulsivité. Bien entendu, il est hors de question de parler de sang-froid.

Surtout en entendant cette voix chantée. Cette façon d’enchaîner les mots comme si tout était art. Cette petite poésie manipulatrice avec la voix de son Soleil. Mais elle doit tenir bon. Garder le contrôle. Et surtout, passer à l’action. Pas pour jouer la petite souris blanche de laboratoire. Tout comme il est hors de question de se prendre la tête à élaborer un plan en essayant que l’autre squatteur n’en soit pas au courant. C’est trop compliqué. Une tâche pour Giana, pas pour elle. Alors quoi ?

La main gauche posée sur le mur. De pierre, de marshmallow ou d’écrans ; peu importe ! Elle va d’abord utiliser la technique la plus vieille au monde. Une main posée sur le mur, ne jamais la retirer et avancer continuellement. Une méthode 100% efficace pour sortir de n’importe quel labyrinthe. Et surtout ? SURTOUT BIEN FERMER SA GUEULE. A elle, elle se le dit. Et dans le même temps, par ricochets, c’est aussi exprimé pour la voix dans sa tête. Mais surtout pour elle. Parler l’emmène presque toujours à faire des conneries. Se réfugier dans son monde. Observer le moindre changement. Avancer sans craindre de poser le pied au mauvais endroit. Oui, de l’action. Et un paquet de motivations pour se donner de la force. Des motivations sous forme d’un sourire de son Soleil, d’un speech de motivation gueulée par sa Bête. Mais aussi Maman Shayne, Verena et même le câlin koala d’Ed. Tout y passe. En somme, ce pourrait être un mur qu’elle dresse : une protection psychique.

Jeannie incarne:

Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

¤Mais je ne me fous pas de ta gueule, Alma. Je t’observe. Tu es la petite souris de laboratoire dans mon labyrinthe, au risque de me répéter…¤ Cette fois, c’est la voix d’Akane qu’elle entend dans sa tête. Donc Alma est vraiment juste une sorte de rat de laboratoire dans une expérience dont elle ne sait rien. Pourquoi la personne qui l’a enlevé ne l’attaque pas, ne tente pas de la tuer ou de la blesser? Jusqu’à présent, il y a eu énormément de provocation mais elle n’est pas en danger. Alma n’a jamais vraiment affronté un ennemi ne cherchant pas à la tuer et c’est presque… Mal? Un ennemi, c’est fait pour tenter de vous tuer. En tout cas c’est bien ce qu’elle compte faire, tuer la personne qui se paie sa tête, non? Où est l’hostilité? La violence? Le piège mortel qu’elle devra éviter? Là, tout ce qu’elle voit en avançant, ce sont des souvenirs de sa vie. Ses vies…

Marishka. Alma. Cassandre? Évidemment que si elle a pensé à Cassandre, son adversaire invisible va aller fouiller dans ses souvenirs. Est-ce que c’est là ce jeu sadique? Forcer Alma à trop en dire, à trop penser, exposer ses secrets à cause de son impulsivité et s’en servir pour son plaisir sadique? ¤Peut-être que je devrais effacer certains souvenirs, non? Effacer ton passé douloureux, toutes ces années misérables avec des parents qui ne t’aimaient pas…¤ Quelque chose chez Alma lui dit que oui, définitivement, son ennemi invisible pourrait le faire. Effacer des souvenirs. En réécrire. En créer? Est-ce que c’est ça le plan? Laisser Alma se compromettre en se fâchant, en paniquant et en la réécrivant pour servir l’ennemi de Shayne? L’instinct dit à Alma que cette mystérieuse entité ne bluffe pas. Si elle le voulait, elle pourrait vraiment jouer avec tout ce qui se trouve dans sa tête.

Et admettons qu’elle arrive au centre du labyrinthe, pour confronter son ennemi. Ou à la sortie du labyrinthe, pour s’en aller. Il se passe quoi ensuite? Admettons qu’il y ait confrontation. Alma ne sait même pas ce qui l’attend. Serait-elle-même capable d’affronter un tel ennemi? Il y a tellement de variables inconnues dans cette histoire… Mais apparemment, ce n’est pas ce qui va arrêter Alma. Clairement pas. Elle continue d’avancer. Probablement parce que l’entité a dû ouvrir une « connexion » avec son esprit, elle peut sentir parfois quelque chose de diffus. De la curiosité, par exemple. De la curiosité? Pourquoi? Pour elle? Pour ses souvenirs? Pour ses relations? Elle ne peut pas savoir exactement ce que « l’autre » cherche mais elle a la distincte impression qu’elle cherche dans ses souvenirs avec des gens. Liliane. Akane. Les deux dragons. Ed. Verena. Giana.

Même Shayne… Et soudainement, quelque chose semble… Suinter? Au travers du lien mental. De la… solitude? Soudainement, une phrase dans un cartoon que Liliane lui a montré lui revient en tête. Wander Over Yonder, le nom du cartoon. « an enemy is just a friend you haven't made yet. » Traduit en français: un ennemi est simplement un ami que l’on ne s’est pas encore fait. Est-ce qu’elle aurait eu la mauvaise approche depuis le début? Oui, d’accord, se faire enlever, servir de cobaye, se faire jouer dans ses souvenirs, ce n’est clairement pas quelque chose de très « gentil » ou sociable… Mais si elle devait faire un parallèle avec les gens qu’elle connait… On dirait une sorte de mélange terrifiant entre Ed et Giana. L’attitude très… « Je ne pense pas aux conséquences » de Ed et cette maitrise de pouvoirs qui dépassent l’entendement d’Alma que la cyborg possède. Si c’est un ou une sous-fifre d’un ennemi de Shayne… Cela ne veut pas forcément dire loyauté non plus. Est-ce qu’Alma veut risquer un changement d’approche? Alma Style ou Verena Style?

Elle aura manqué trébucher. Cette certitude que cette voix dans sa tête pourrait effacer des souvenirs. C’est une chose terrible de vouloir lutter pour garder ces mauvais souvenirs liés à son monde de naissance. Mais sans toutes ces tragédies… en retirant toutes ses souffrances : est-ce qu’Alma aurait pu devenir la femme qu’elle est aujourd’hui et commencer à sauver Liliane et Akane par exemple ? Probablement pas. Elles ne se seraient jamais croisés. Ou pire ? Akane, en tant que Seigneur de Guerre, l’aurait tué sans la remarquer. Dans la plus complète des indifférences.

Mais non. Ce n’est pas ça le pire. L’esprit entraîné d’Alma à psychoter l’emmène toujours plus loin sur les sentiers cauchemardesques. Une « entité » capable de supprimer ses souvenirs pourrait complètement oblitérer Alma et faire revenir Marischka. Ainsi, cette « chose » dans sa tête pourrait la récupérer et rejouer sa vie en remplaçant Shayne. Devenir une arme pour cette inconnu(e ?) au pouvoir mental. Et… NON ! Mais c’est trop tard. L’image est déjà dans sa tête. La sauvageonne violente étranglant à main nue Liliane. Ou encore sa liane à l’extrémité de métal traversant en plusieurs endroits le corps d’Akane : au niveau du cerveau, de la gorge, du cœur et même de certains organes derrière la colonne vertébrale.

*Avancer… Il faut que j’avance. *

Elle n’est même plus certaine d’avancer. Sa main… sa main touche encore le mur ? Tout est surréel. Découvrir sa vie à travers des écrans géants. Rien que l’idée de se demander à travers les yeux de qui-… Non. Elle doit s’arrêter. Tout se mélange. Même ses symptômes. Est-ce qu’elle est victime de vertige ? Est-ce qu’elle a envie de vomir ? Elle n’est même plus certaine de savoir si elle va se mettre à chialer ou se noyer dans sa rage. Cet enfoiré est du niveau supérieur à Jimmy pour foutre le bordel. Et c’est une sorte d’exploit.

Alors Alma se pince régulièrement la peau du bras gauche. Une sensation de douleur. Un signal nerveux pour « réveiller » son cerveau. Pour se donner des électrochocs. Quand elle pense au fait que c’est le geste que font les rêveurs pour savoir s’ils rêvent… Mais elle a besoin de cette douleur. Son bras rougit rapidement. La douleur est déjà supportable. Elle doit augmenter l’intensité.

« Ah ah ah ! Voilà maintenant que je regarde des cartoons. Merde… je ne suis vraiment pas la badass que je me plais à imaginer. Qu’est-ce qu’ils peuvent en dessiner des conneries, j’te jure… Comme si on allait devenir potes, toi et moi le squatteur ! Jamais de la vie. Si tu te sens seul, VA TE FAIRE FOUTRE ! Tu crois quoi ? Que c’est en harcelant une personne que tu vas créer du lien ? GICLE DE MA TETE, je t’ai déjà dit !! »

*Dégage, Verena ! *

Son bras balaie l’air devant elle.

*Ne me regarde pas avec ces yeux-là, Liliane ! *

« Je veux être en colère ! C’est une émotion si familière. Elle m’avait… manqué. »

*Je ne suis qu’une putain d’addict qui replonge. En proie avec toutes ces femmes que l’Histoire oubliera. Tout le monde me dit de t’aider. Moi je veux juste faire exploser ton crâne ! Est-ce que je pense avec moi ? Est-ce que je m’adresse à toi ? Je ne sais même plus-… *

« …si je parle ou si je pense ? »

Accélérer. Trop de pensées. Ces conneries intellectuelles la ralentissent. Oui, c’est ça. Elle se redresse. Elle serre le poing gauche et tape le mur. A quoi il ressemble importe si peu. Elle marche. Elle hâte le pas. Elle se met à courir ! PUIS SPRINT ! Ne plus penser. Laisser l’animal chasser. Elle est une alpha, elle aussi. Sans Akane, oui, elle est l’Alpha ! Un futur pourcentage de déesse ! Ce n’est pas une voix et une sorte de labyrinthe qui vont la mettre au tapis !

Jeannie incarne:

Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Alma tourney un coin de mur et… C’est la fin. Game Over. Il n’y a plus de sol, juste un immense trou noir et béant. Oh elle s’arrête sec mais emportée vers l’avant, elle tombe et… Heurte le plancher. Le plancher est encore là, bien réel, sous ses pieds. Ce sont ses sens qu’on a cherché à tromper. Ah parce que maintenant, l’entité la trolle en plus? Mais c’est de mieux en mieux dites donc! Ou alors, est-ce une mise en garde? Que si elle court comme une débile dans un endroit qu’elle ne connait pas, il pourrait lui arriver un accident? C’est également très possible. Et en quelque part, ce serait… Logique? Si son but est de jouer avec Alma, le fait qu’elle ne se blesse pas est donc important. Autrement ce n’est plus drôle du tout. Est-ce de cela dont il est question? Difficile à dire mais certainement pas impossible par contre, c’est sûr et certain…

Est-ce que cela sera suffisant pour encourager Alma à ne pas sprinter comme une enragée? Difficile à dire. Avec Alma en colère, la rationalité a potentiellement pris la porte de sortie avec faible possibilité de retour. En même temps, elle n’a pas survécu sur son monde d’origine en étant stupide et il y a fort à parier qu’elle saura prendre en considération l’avertissement. Encore une fois, en partant du principe que c’est un avertissement. Toute cette situation continue d’être… Bizarre. Plus Alma s’objecte à ce que l’entité semble attendre, plus elle se retrouve confrontée à quelque chose de non hostile. Déroutant, oui. Déstabilisant, oui. Énervant au possible, oui. Jimmy ne réussit pas un tel niveau d’enquiquinement et on s’entendra facilement pour dire qu’il est un maitre en la matière. L’autre défaut dans le plan d’Alma c’est que de courir dans un labyrinthe…

Sans marquer son chemin, sans un moyen de se repérer… Ce n’est pas très malin. Elle est complètement perdue, là. Même si elle revenait sur ses pas… Les « écrans » ont tous changé! ¤Pourtant tu as lu sur Thésée et le minotaure, sur le labyrinthe. Je ne te dis pas d’avoir le proverbial fil d’Ariane, mais…¤ Encore cette voix. Qui continue de fouiller dans ses souvenirs. Et elle voit, côte à côte Alma et Cassandre en train de lire ce mythe. ¤Jouons à un petit jeu. Qu’est-ce que tu préfèrerais trouver? La sortie du labyrinthe et un potentiel moyen de retourner avec Akane ou le centre du labyrinthe, espérer que j’y suis et me faire la peau, pour reprendre une de tes expressions?¤ Une très intéressante question. Dans un cas, en partant du principe que trouver la sortie lui permet de quitter, elle retourne auprès d’Akane sans blessure, sans séquelle grave, juste avec beaucoup de frustration…

Nommément sur le fait qu’elle n’aura pas arraché la tête de ce mystérieux adversaire. Mais si elle choisit le centre du labyrinthe… Rien ne lui garanti qu’elle trouvera ce qu’elle cherche. En fait, est-ce qu’un adversaire qui utilise la psychologie, la manipulation et les illusions ferait une apparition en personne? La logique dit que non. Mais rien que pour faire agoniser Alma sur une décision… Oh oui… Cette entité pourrait le faire. Et même si Alma se rendait au centre et trouvait son ennemi… Qu’est-ce qui lui dit qu’elle pourra lui faire quelque mal que ce soit? Un autre point à prendre en considération. Donc, que va répondre Alma? Les deux possibilités sont ouvertes devant elle et il n’y a pas de mauvais choix, à première vue. Mais il faudra vivre avec les conséquences de ce choix. Et avec le fait que si elle n’est pas sous la protection de Shayne… Cette situation pourrait se reproduire…

« Parce que tu crois que je vais choisir une de tes deux options ? »

Elle est perdue ? Peut-être. De toute façon, plus elle progresse dans ce labyrinthe et plus elle se demande si elle ne fait pas du sur place. Ou que plus elle explore, plus l’univers s’agrandit. Dans les deux cas, ça schlingue le piège. Alors, non, définitivement non : elle ne va pas jouer au jeu de son ennemi.

*Qui n’en est peut-être pas un… *

Car plus elle passe de temps avec cette entité dans sa tête, et plus elle rassemble des informations. L’ennemi blablate mais ne l’attaque jamais. Quand Alma tombe dans un piège, ce n’est jamais pour la tuer. Même pas pour le blesser. Quel genre d’ennemi agirait ainsi ?

« Si tu veux exaucer mon vœu, tu n’as qu’à me laisser voler. Je pourrais ainsi embrasser d’un point de vue aérien ton labyrinthe et décider par moi-même où je veux me rendre. »

Elle est quasiment certaine qu’à part lever la tête, il n’y aura pas de suite à ce jeu à deux options. Sortir de la boîte des possibilités doit être interdit. Alors quoi ? S’enfoncer vers le cœur ou trouver les limites de cette construction absurde ? Rien. Alma a dit qu’elle ne jouerait pas selon ses règles. Ce qui signifie qu’elle va prendre à nouveau une troisième option : malgré sa colère qui bouillonne, elle s’assoie en tailleur par terre.

*J’ai toujours en moi une part de Vert. Depuis quasiment toujours, j’ai eu une graine dans chacun de mes deux avant-bras. Parce que je ne pouvais pas faire confiance à un pouvoir distant. A une technique qui s’en allait de mon contact permanent pour être retourné contre moi, par exemple. Donc je dois toujours avoir du Vert en moi. Si je ne ressens absolument rien, c’est que je ne suis pas dans mon corps. *

Cette première expérience étant établie et lancée, Alma compte aller plus loin. Se rebeller face à cette autorité énigmatique semble ramener davantage de sang-froid. Elle est toujours en colère. Mais faire un pied-de-nez, se rebelle est très satisfaisant. Alors elle ferme les yeux et se concentre sur ses pensées. A nouveau, en pariant qu’elle peut utiliser le Vert à son avantage. Elle compte s’auto-tentaculer les pensées. Elle a réussi à le faire une fois pour accéder à la pluie dans la tête de Giana. Elle doit pouvoir le faire dans sa propre tête. Explorer sa psyché. Découvrir où loge cet emmerdeur qui blablate. S’assurer que rien n’a été retiré ou modifié.

*Sans compter qu’il est toujours pénible pour un bavard de se confronter au silence. Une réponse très pacifique et efficace. Même si une partie de moi a toujours envie de lui enfoncer mon poing dans sa tronche. Et… continuons les approches radicalement différentes. *

« Hey ! Tu veux être mon ami ? »

Jeannie incarne:

Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Alma a désormais la certitude que où qu’elle soit, elle n’est pas dans le monde qu’elle connait car soudainement, deux grandes ailes noires apparaissent dans son dos, lui donnant la capacité de voler. Le labyrinthe, une succession de couloirs fermés par un plafond de pierre, est maintenant à ciel ouvert. Elle peut voir tout le labyrinthe… Mais quand elle tente de sortir du « corridor »… Elle se cogne le nez contre un mur invisible. Alors oui. Elle voit tout. Sait comment se repérer. Mais elle devra quand même parcourir le labyrinthe. Également, Alma vole très mal. Elle a demandé des ailes, pas la capacité de les utiliser. Donc techniquement, ce qu’elle voulait, elle l’a eu à la lettre. Et c’est épuisant de se maintenir de la sorte dans les airs, lutter contre la gravité… Les oiseaux le font, pourtant, avec tellement de facilité en apparence… Frustrée, la Alma?

Encore une fois, oui, clairement, c’est enrageant. Mais il n’y avait rien de malicieux. C’est plus… Une blague. Et une bonne pointe de provocation. Mais surtout une blague. Elle n’a pas percuté le mur invisible avec suffisamment de vitesse ou de force pour se faire mal. Son égo, en revanche, lui, l’a bien senti. Et ensuite, le silence. Alma qui décide de ne plus parler à l’entité qui semble s’amuser de ses efforts, sans jamais se montrer, sans jamais non plus lui faire du mal. Elle aura l’impression d’être observée de loin, comme si un petit animal curieux l’espionnait. Rien n’empêche Alma, de toute façon, d’expérimenter avec diverses tactiques et stratégies et voir ce qui fonctionne ou non. Ce qui est certain, cependant, c’est que le « traitement de silence » est sans effet. Si elle pensait énerver la personne qui l’a enlevé, cela n’a pas fonctionné. Son autre idée, en revanche…

Quand elle demande à cette présence invisible si elle veut être son ami, pendant un instant, le labyrinthe au complet semble frémir, comme si elle avait jeté un caillou dans une mare. Alama est assailli par des émotions étrangères qui ne sont clairement pas les siennes. De la joie. Beaucoup de joie. De la gêne. Un peu de peur. De l’espoir… Ce ne sont pas là les pensées d’un terrible manipulateur, froid et calculateur, capable de rivaliser avec Verena elle-même! Certes, l’intellect de l’entité est loin de faire défaut mais disons que c’est quand même une jolie gaffe. Sans avoir révélé toutes ses cartes, loin de là, l’entité a quand même révélé son désir de se faire des amis. Alma n’est pas une experte en manipulation et comme elle est en beau pétard, même plus calme, cela reste loin d’être son champ d’expertise. Alors que va-t-elle faire? Tenter de mentir à quelqu’un qui lit ses pensées?

Si elle ment, cela risque de se retourner contre elle et de façon plutôt dramatique. Si elle dit la vérité, si elle décide d’aller de l’avant avec sa tentative… Qu’est-ce qui pourrait se produire? Admettons qu’elle convainque l’entité d’être son ami… Et qu’elle décide qu’elle veut garder Alma avec elle, ici. Il se passe quoi, ensuite? Elle insiste qu’elle veut retourner avec sa mère adoptive et les deux femmes de sa vie? Ou qu’est-ce qui va se passer si elle ne tient pas sa promesse et l’entité décide de commencer à modifier ses souvenirs pour s’assurer d’avoir une amie? Et comme pour rendre la situation encore plus surréaliste… Elle peut entendre le début d’une chanson qu’elle a entendu dans un film que Liliane l’a forcé à regarder (fait intéressant, Abigail s’est endormie contre Alma pendant le film) : T'as trouvé un ami, Oui, t'as trouvé un ami. Et quand la vie te malmène, Que t'es loin et très loin et que t'as de la peine. Tu peux toujours compter sur ce que je te dis, oui. T'as trouvé un ami. T'as trouvé un ami…

Des ailes et aucune connexion avec le Vert. Alma n'est définitivement pas dans son corps et sur une planète physique. Plus elle reste dans cette réalité et plus la sensation d'être revenu dans le Rêve ou une réalité virtuelle devient puissante. Et cette façon qu'à l'entité de reagir. Ça lui évoque Ed. Une jeune personne. Un caractère enfantin. Ou un adulte à la psyché brisé. Quelque chose de ce genre. Et...

Wow... La déclaration d'amitié a touché en plein centre. La colère devient reliquat. La Marischka en elle voudrait continuer à avancer les armes à la main. Mais Alma a grandi. Si elle ne se débarrassera jamais de sa colère, elle sait de mieux en mieux prendre sur elle. En ajoutant le fait qu'elle s'est auto déclarée la Sainte aux Secondes Chances : elle doit être plus "sage" que son "ennemi".

"J'ai donc eu raison. Tout... "Ça ", c'est une façon de faire un pas dans ma direction. Je devrais te dire que c'est exagéré. Qu'il y a d'autres façons de se lier aux gens. Mais la vérité, c'est que je serai une hypocrite à te dire. Le social est mon talon d'Achille. Pour rester dans le même univers que le fil d'Ariane. De plus, si tu voulais me montrer de quoi tu es capable : c'est réussi. Si c'était un test, il serait réussi."

La curiosité a remplacé la colère. Que ce soit une machination de Shayne, une manipulation de Verena ou même une Force Supérieure tel le destin qui décide de gonfler ses rangs : Alma n'est pas stupide au point de ne pas saisir cette opportunité.

"Montre-toi s'il te plaît. A quoi bon rester dissimuler ? J'ai bien compris que tu avais tout pouvoir sur ce monde. Tu ne crois pas que tu m'en as déjà assez voir ? Tu ne veux pas venir m'expliquer ce que je n'ai pas encore compris en me faisant face ? A moins que tu souffres d'une difformité physique ? D'une sorte de phobie sociale ? Ne t'inquiètes pas, je ne te jugerai pas. Je ne te condamnerais pas. Je t'aiderai si je le peux. Et tu sais que je dis la vérité. Tu es dans ma tête."

Alma regarde le ciel comme si "son futur ami" allait descendre. Mais il pourrait très bien sortir du sol. Ou même être le labyrinthe. Il ne semble y avoir aucune règle. Aucune limite. Aucune contrainte pour cette sorte de... télépathe ? Manipulateur d'une réalité virtuelle ? Elle ne saurait dire avec précision. Et c'est bien pour cette raison qu'elle voudrait discuter en face à face avec lui. Ou elle. Ou ça. Parce que ça pourrait être un robot, un monstre, un alien ou un "truc".

Jeannie incarne:

Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Long moment de silence… Alma peut voir le labyrinthe pulser autour d’elle, comme si c’était le pouls de cette mystérieuse entité. Et au vu des « pulsations », il y a énormément de nervosité chez cette variable inconnue qui a réussi à piquer la curiosité d’Alma. Peut-être que cela ne faisait pas vraiment partie du plan, se montrer. Que finalement, la curiosité l’a emporté sur la raison. Et que cela a mené à la présente situation. Ce n’est pas impossible, quand on y pense. Si le but était d’extraire des informations de la tête d’Alma ou pire d’en faire un pantin, aucune « confrontation directe » n’était alors nécessaire. Mais à force de regarder dans les souvenirs d’Alma, cette notion d’amitié qu’elle a trouvée… Cela a complètement changé la donne. Alma n’a pas nécessairement envie de se faire un nouvel ami mais ce sera toujours mieux que…

Bien un ennemi. Rester coincée ici. Être torturée ou dépouillée de ses souvenirs, qui peut savoir. Mais Alma n’aura pas le temps de philosopher longtemps. Peut-être est-ce le monde réel qui se rappelle à ses souvenirs ou qu’elle entend ce que l’entité entend mais… Ce sont très clairement des coups de feu. Quelque chose qui explose et… La voix de Ed? Qu’est-ce que Ed ferait ici? Et Ed ne sait pas se servir d’une arme à feu… Le cerveau D’Alma est assailli par les pensées de l’entité. Une insoutenable douleur. De l’incompréhension. La peur de mourir. Quand Alma reprend contact dans le monde réel, elle est dans une cellule dans un hôpital psychiatrique à l’abandon. Comment est-elle arrivée là… Impossible à dire. Elle était avec Akane, elle n’était plus avec Akane… Et clairement qu’avec la température ambiante et le fait qu’il fasse nuit, elle n’est plus du tout où elle était initialement.

Que s’est-il donc passé quand elle a traversé le portail invisible? La porte de sa cellule est ouverte. L’a-t-elle toujours été, l’esprit étant une prison bien plus redoutable? Elle ne sait pas. Mais elle peut facilement suivre l’odeur caractéristique d’une arme à feu qui vient de tirer. Les gémissements et les sanglots. Le bruit d’une alarme d’incendie. Se tenant devant une forme gravement brûlée se trouve… Giana? Ce n’est pas trop difficile de deviner pourquoi elle est ici. Akane l’aura contacté et elle aura dit quelque chose pour faire réagir la cyborg. Cyborg qui a dû mettre sur ou pire dans Alma quelque chose pour la traquer par GPS. Combinez ensuite ses talents pour le piratage informatique et le pouvoir de Ed… Cela règle énormément de problèmes de logistique. Quant à la forme gravement brûlée… Voilà ce qui gardait Alma prisonnière de sa propre tête. Apparemment, cette…

Chose? Entité? Personne? Était dans un tube rempli de liquide et la machinerie n’a pas aimé que Giana tire dessus, et une réaction en chaine menant à une autre… Alma peut voir Ed tituber et se tenir la tête. Elle-même se fait assaillir par la détresse du télépathe. Giana en tant que cyborg y est complètement immunisé. Sans une once d’émotion, celle qui a assassiné son humanité pointe le canon de l’arme sur la tête du télépathe. À cette distance elle ne ratera pas sa cible et ce sera game over. Mais est-ce qu’Alma veut vraiment laisser la cyborg exécuter le ou la télépathe? Clairement, au vu des installations, on est loin d’être un génie criminel. Une énième victime séquestrée et forcée d’utiliser ses pouvoirs contre son gré. Si Giana tue le télépathe, la sainte aux secondes chances aura lamentablement échoué dans sa quête. Mais la vraie question est est-ce qu’Alma saura empêcher Giana de tirer sans en faire son ennemie?

La première chose à laquelle pense Alma en s'éveillant dans une cellule psychiatrique est : ça y est, tout est limpide maintenant. Je suis folle. Folle... Mais depuis combien de temps ? A-t-elle jamais vécu quoi que ce soit ? Depuis sa première rencontre avec Shayne. Tout n'était quinvention de son esprit ? Oui. Évidemment. Comment aurait-elle pu avoir droit à tant d'instants de bonheur ? Et ce malgré toutes les crasses et son mauvais caractère qu'elle a infligé à son entourage.

Puis tout s'enchaîne en flash hyper rapide. Alors qu'il ne se passe quasiment rien en temps. Peu importe sur la relativité de cette force cosmogonique. Ce qui est important est ce qui suit : Alma est dans le réel, Ed souffre dans sa tête, Giana est prête à tirer sur la chose noircie qui a voulu être son ami. Des mots sortent alors instantanément de sa bouche :

"Giana, NON !"

Autant Alma peut avoir des crises de colère. Autant elle peut aussi faire preuve d'autorité. Probablement que l'influence de Shayne découle sur elle. Ce qui serait logique et naturel.

"Si tu tires sur cette chose noire, peux-tu m'assurer qu'Ed s'en sortira sans séquelles ? Et si tu considères sa vie comme manquant de valeurs, peux-tu la remplacer à valeur égale ?"

Bien entendu qu'Alma n'aime pas parler d'Ed comme d'une sorte d'objet répondant à un besoin et pesant une certaine somme de richesse. Mais l'urgence de la situation ne lui autorise pas à caresser la cyborg dans le sens du poil. Même trouver une bonne expression adaptée à sa personne froide est un luxe qu'elle ne possède pas.

"ED ? Tu m'entends ?"

Puis Alma s'approche de la chose noircie. Et plusieurs choses se passent dans sa tête et dans son corps. D'abord, retrouver les réflexes de posséder des pouvoirs. La randonnée et cette immersion mentale l'ont coupé de certains réflexes. Elle doit aussi observer. Découvrir où elle est. L'heure. L'identité de la chose par terre. Trouver des explications à des questions qui n'ont pas encore été formalisé. Elle doit aussi s'interposer entre la chose noircie et la cyborg. Et aussi trouver le moyen de convertir sa photosynthèse pour une utilisation pour autrui. Oh ! Pourrait-elle être une "guérisseuse" ? Elle l'ultra violente ? Quelle étrange Epiphanie d'avoir une révélation à un tel moment.

Alma pose un genou à terre. Elle se fiche de la cyborg ? Non. Elle a confiance en Giana. La différence est importante entre la cyborg et Giana.

"Toi ? Tu m'entends ? Sors de la tête de mon amie. Si tu souffres et si tu veux communiquer, viens envahir la mienne. Je pourrais l'encaisser."

Jeannie incarne:

Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Giana ne rengaine pas son arme. Elle n’exécute pas la forme gravement brûlée à ses pieds, bien qu’elle indique sans la moindre once de compassion qu’il serait étonnant qu’elle survive malgré ses blessures et la vague de panique et de douleur psychique semble s’amplifier, si on en juge par le long cri d’agonie de Ed. Giana est-elle à ce point détachée de toute humanité qu’elle ne se rend même plus compte du mal que ses paroles pourraient causer? Elle fait savoir à Alma que si elle veut perdre son temps avec un futur cadavre, c’est son choix. Mais qu’au moindre geste hostile, elle tire. Est-ce que la cyborg s’inquièterait pour Alma? Elle A accepté de venir ici à la demande d’Akane, après tout. Ou est-ce qu’il y avait un prix à payer et que cette transaction a eu lieu à l’insu d’Alma? Excellente question… Et pour le moment, il n’y a pas d’excellente réponse.

La « chose brûlée » est capable d’entendre Alma et bien qu’elle soit habituée à la douleur, la douleur physique, elle n’était clairement pas préparée à de la douleur mentale. Ce n’est pas la sensation d’avoir son corps brûlé qu’elle ressent. C’est la pure panique animale à l’idée de mourir, la détresse psychologique d’un corps à l’agonie, ce sont des sensations qu’elle ne connait tout simplement pas. D’autant que je sache, Alma n’a jamais subi de torture psychique. Et oui, elle a un esprit solide. Mais un esprit solide mal préparé reste vulnérable et comment elle reste saine d’esprit à encaisser la pleine force de cet « assaut psychique » est un mystère presque doublé d’un miracle. Peut-être qu’à force de fréquenter une demi-déesse… Ou peut-être que Cassandre existe vraiment quelque part dans sa tête, lui donnant la puissance de deux esprits pour lutter? Allez savoir, ce pourrait être possible.

Évidemment, avec de telles blessures, impossible de déterminer à quoi ressemble l’entité. Ce qui est certain c’est qu’elle vivait dans cette cuve, prisonnière de cet endroit. Combien de personnes ont été amenées dans cet asile de fou abandonné pour voir tous leurs secrets extraits, leur personnalité reprogrammée, tout cela au service d’un ennemi de Shayne dont Alma n’a toujours aucune idée? Sauf que ma fille adoptive a un bon instinct. C’est obligatoire pour survivre. Et elle a suffisamment mangé de claques sur la gueule par la vie pour savoir qui est une victime et qui est un agresseur. Et cette forme pathétique et mourante et clairement une victime. Elle ne sait pas pourquoi mais elle peut imaginer Giana dans cette cuve détruite. Utilisée par Shayne, forcée de calculer des probabilités, forcée de mettre tout son talent au service de quelqu’un qui la garde prisonnière, oui…

Mais heureusement, ce n’est pas le cas. Giana, d’autant qu’elle sache, est libre. Enfin. Son reste d’humanité est prisonnier dans sa tête mais… Bref. La fibre « sainte aux secondes chances » d’Alma est fortement titillée. Si l’entité venait à mourir ici, ce serait un dur coup pour elle… Il y a… Quelque chose… À faire. Et pour Marishka, l’idée de priver un ennemi d’une arme ou d’une ressource importante… Et Alma a la bonne idée : la solution est dans le vert. Les plantes peuvent soigner. Certaines d’entre elles sont utilisées pour traiter les brûlures. Alma a considérablement progressé dans sa maitrise du vert. Grâce aux tests de Giana, grâce à ses propres lectures et expériences, grâce à Verena qui a aiguisé son esprit… Mais serait-elle capable d’utiliser le vert en elle pour se donner les propriétés dont elle a besoin pour sauver une vie? Est-ce qu’elle maitrise à ce point le vert au point de réaliser quelque chose de pratiquement contre-nature?

Alma en a absolument rien à carrer des « états d’âme » de la cyborg ! En fait, elle ne réalise qu’au fur et à mesure que Giana est là. Présente. Pour elle. Pour l’aider. Mais les ramifications et les conséquences de tout ça sont jetés par-dessus son épaule. Comment pourrait-elle faire autrement alors qu’un corps cherche à brûler ce qui lui reste de sa bougie et que sa petite alien de koala souffre le martyr ? Deux personnes qui lui paraissent bien plus humaine que… STOP. Alma doit arrêter de cogiter. Même si ça se déroule vitesse grand v dans sa tête.

« ED ! Pense aux bonbons ! Pense à Verena ! ED !! »

Ca lui déchirerait l’âme en deux de « jeter » Ed ainsi. Mais elle n’a pas le temps de s’occuper d’elle. Elle doit s’occuper de cette chose noircie. Si elle y parvient, son cerveau sait que ça fera boule de neige pour Ed. Mais son cœur refuse d’écouter les arguments de la raison. Un câlin. Des mots doux. C’est ça qu’Alma devrait faire. Mais non. Elle doit se concentrer sur la chose noircie tout en sachant qu’elle ne peut pas compter sur la cyborg. Même pas pour assister Ed. Quel cas désespéré…

Alma se saisit de l’être qui avait été enfermé dans un cylindre plein à ras bord d’un liquide permettant de vivre et respirer. Elle s’en saisit et semble la câliner. Elle doit passer outre la détestable texture de la peau brûlée. De l’intensité de la chaleur qui mange les chairs. Elle doit également ne pas penser au fait que son toucher doit ajouter un niveau de souffrance. Non. Elle doit se concentrer. Elle ne voit que cette solution. Couvrir son corps de lianes microscopiques. Faire pousser le Vert sur son corps comme si elle était la Terre-Mère. Et…

« Giana ! J’ai besoin de lumière ! »

Il fait nuit. La photosynthèse est efficace durant la journée. Quelle terrible situation ! BORDEL… Mais Alma ne lâche rien. Que la cyborg lui vienne en aide ou non, qu’elle le puisse ou non : elle n’abandonne pas. Elle doit pousser sur sa maîtrise. Essayer quelque chose qu’elle n’a jamais réalisé. Elle sait que ses micro tentacules peuvent entrer dans les souvenirs d’une autre. Et elle le fait. Pour apaiser. Pour oblitérer certaines pensées. Pour faire barrage au réseau d’informations en alerte rouge qui use du système nerveux jusqu’au cerveau. Alma fait ce qu’elle peut tout en réalisant que trop réfléchir serait éteindre son pouvoir. Le Vert est présent. Sa notion du futur est cyclique. La faiblesse de l’hiver est temporaire. Les forces reviennent toujours au printemps pour briller en été.

*Puise en moi ce dont tu as besoin. Lie-toi à moi. Fais-moi confiance. *

Faire pousser le Vert dans le corps d’un autre. Une opération invasive. Une formulation qui ne lui plaît pas. C’est bien trop guerrier. Trop destructeur. Mais Alma doit pousser. S’infiltrer dans cet inconnu. Au risque de lui causer des douleurs. Au risque d’être responsable de sa mort.

*Donnes-moi ton nom. Moi je m’appelle Alma. Parles-moi de toi. S’il te plaît ! *

Pas que son identité soit terriblement importante. Ce qu’Alma veut faire, c’est amorcer un contact. Engendrer une conversation. Dans le but de détourner son attention. Lui faire penser à autre chose. Et pendant ce temps, elle s’emprisonne dans un cocon de vert. Elle l’a déjà fait mais… elle ne sait plus à quelle occasion. Peu importe ! Sans soleil (ni Soleil), elle est prête à puiser dans ses forces. Que l’autre vampirise la moitié de son énergie vitale pour survivre. Alma n’aura qu’à garder le lit plusieurs semaines pour s’en remettre. Ce n’est pas très grave. Elle sourira même quand on l’engueulera d’avoir risqué sa vie. Car elle verra à nouveau en cette occasion qui sont ses proches. Celles qui l’aiment.

Jeannie incarne:

Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Giana active le générateur qui fournit de l’électricité à ce bâtiment abandonné et ouvre toutes les lumières environnantes. Leur intensité lumineuse est poussée au maximum de ce qui peut être fourni. Évidemment, la cyborg ne dit rien, ne montre ni émotion ni intérêt. C’est s’il y avait un changement de ce côté qu’il faudrait se poser des questions, en fait… Au moins, Alma a ce qu’elle a demandé, c’est déjà positif, non? Giana aurait juste pu refuser de coopérer en disant que c’est une perte de temps ou assimilable… Ce qui est fortement discutable mais pas forcément faux. Pour Giana, perdre du temps à tenter de sauver un ennemi est futile. Mieux vaut l’éliminer et passer à autre chose. La cyborg est un être de froide logique et absolument implacable. Le positif c’est qu’elle a eu la présence d’esprit d’injecter un sédatif à Ed. Cela devrait aider, au moins à court terme.

Mais concentrons-nous sur le plus important. Sur cette tentative d’Alma de sauver une autre vie. Au moins là, le vert a de quoi se nourrir un minimum avec la lumière fournie par Giana. Est-ce qu’Alma a la plus petite chance de réussir? Peut-être. Ce n’est pas quelque chose qu’elle a déjà tenté, après tout. Le Rouge aurait peut-être été plus approprié car le sang est un attribut du Rouge. Mais bon. Alma y va avec ce avec quoi elle est le plus confortable et c’est normal. À première vue, cela semble fonctionner. Probablement en invoquant les propriétés de quelque chose comme l’aloès, elle parvient à atténuer la douleur de l’entité. Ou peut-être utilise-t-elle les propriétés anesthésiantes de certaines plantes? Ce qui est certain c’est que même si elle est probablement en train d’improviser sur toute la ligne, elle réussit quand même à accomplir au moins partiellement son objectif.

Et si elle s’attendait à ce que la sensation de quelqu’un qui prend son essence vitale pour survivre serait comme se faire mordre et sucer le sang, c’est étonnamment très différent. Est-ce une métaphore, juste une sorte d’approximation ou vraiment la façon dont la chose se fait à un niveau spirituel, aucune idée. Mais Alma a plus l’impression d’être une mère donnant le sein à son enfant. Même si l’entité est mourante, elle ne se « jette » pas sur Alma pour s’emparer de son essence vitale. Ce qui est d’autant plus déstabilisant pour ma fille adoptive. Elle n’aurait pas hésité à foncer et à en prendre autant qu’elle veut. Mais pas ici. Pas dans cette situation. Même à l’article de la mort, il n’y a pas d’hostilité. Pas d’abus. Juste une petite chose vulnérable et qui a beaucoup souffert. Ah oui. Alma a enfin un nom. Ou un nom de code. Une appellation, si vous préférez, au bout du compte…. Donc.

Aisling. Un seul mot, prononcé mentalement. Faiblement. Mais au moins, Alma a eu ce qu’elle désirait, non? « J’ai froid… » Dit la voix dans sa tête. « Et j’ai sommeil… » Pas la peine d’être un génie pour savoir que si Aisling s’endort, il ou elle ne se réveillera plus jamais. Et encore, ce qu’entend Alma est probablement une approximation de concepts tangibles pour elle au travers de ce qui doit se passer dans la tête de l’entité. Ses chances de survie sont minces. Alma le sent par le vert et le Rouge que Aisling faiblit. Mais abandonner serait donner raison à Giana. Et donner raison à Giana serait probablement convaincre la cyborg de finir d’assassiner son humanité… Ce qui apparemment n’a pas encore été entièrement fait. Pourquoi, comment, c’est une question pour une autre fois. Ce qui importe dans l’instant c’est que si Alma veut qu’Aisling survive, elle doit lui donner une raison de s’accrocher…

The Multiversity

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