The Multiversity

[Marishka Auschwitz]

Oui oui oui, manger est une expérience différente à plusieurs. Bla bla bla, elle parle énormément à chaque fois, non ? Pourquoi est-ce que Marischka-Alma commence à s’énerver ? Après tout, elle est nourrie et soignée. Après tout, elle est couvée et choyée. Alors pourquoi commencer à s’énerver ?

*Et voilà maintenant qu’elle me fait un câlin. Ca commencer à faire beaucoup, là, non ? C’est long comme mise en scène pour me piéger, non ? *

Le fait de rester immobilisé sur ce lit commence à être long. Parler est OK. Mais parler autant et ne pas pouvoir agir commence à la faire mal réfléchir. Non, elle ne veut pas contrarier Shayne. Mais ça commence à sérieusement l’irriter de parler de futurs potentiels et de rester toujours collé à ce lit.

*Si je commence à collectionner des escarres, je vais franchement m’énerver ! Heureusement qu’on fait un câlin parce que je suis sure qu’elle m’aurait déjà grillé à l’expression de mon visage. Bon, trouvez un moyen de détourner la conversation. Vite ! *

Encore et encore, Marischka-Alma est attiré par le jardin au-dehors. Ses lianes vertes ont arrêté de grandir et se sont immobilisées, enlacées autour des appareils médicaux. Elle aimerait tant être dehors. Ecouter les fleurs s’ouvrir. Entendre le vent glisser sur les pointes des herbes. Ressentir la sagesse des arbres noueux.

« Je veux aller dehors. »

C’est lâché. C’est sec. Elle ne pensait pas y mettre autant de brusquerie au-dedans de ces quelques mots.

« M’allonger dans l’herbe. Peut-être même m’immerger dedans. La Nature me soignerait bien plus efficacement que tous ces produits qui font plic-ploc et qui coulent dans ces tuyaux de plastique. »

Oui, s’enterrer vivante. Ca parait réconfortant. Ca parait chaleureux. Et surtout, elle ferait quelque chose. Agir. Même rien que pour aller dehors. Mais AGIR. Elle est fatiguée de parler. Elle n’est pas une de ces filles qui aiment blablater toute la journée. De toute façon, elle n’a jamais eu d’amie pour avoir le loisir –le luxe- de parler toute la journée de tout, de rien, du beau temps, des potins et de toutes ces conneries inutiles.

« On peut aller dehors, donc ? »

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Cette insolence… Elle oublie vite sa place dans la chaine alimentaire, on dirait. Elle pose des questions, passe des commentaires pour ensuite exiger, demander quand la conversation commence à la déranger. Ce n’est pas parce que c’est une sauvageonne sans manières que je vais accepter une telle attitude. Une leçon de discipline est requise pour lui rappeler qui est au sommet et qui ne l’est pas. Elle a encore beaucoup à faire et à apprendre si elle veut prétendre être celle qui sera à ma droite et non pas un autre élu. Et comme parfois le hasard fait bien les choses… Un de mes subordonnés entre dans la chambre sans frapper, essoufflé, et me dit quelque chose à l’oreille. Un sourire cruel se dessine sur mon visage et on dirait que la température vient de chuter de plusieurs degrés. « Je vois », que je lui dis avant de dire… Non… D’ordonner à Alma de me suivre.

Elle veut mal se comporter, je ne vois pas de raison d’encourager ce comportement. Nous nous rendons dans une pièce au bout d’un couloir et une jeune femme nous y attend. Elle met un genou à terre devant moi avant d’ouvrir un portail vers un autre endroit, portail qu’Alma et moi empruntons. Nous nous retrouvons à des centaines de kilomètres de notre point de départ et je lui dis « quelle merveilleuse coïncidence. Voilà une superbe occasion de te rappeler qui est la déesse et qui ne l’est pas. » Oh elle sait très bien que je fais référence à son attitude insolente quand elle a dit vouloir aller dans le jardin.  Elle peut entendre des bruits d’armes à feu et les cris de gens paniqués. Des imbéciles ont décidé d’attaquer une des propriétés où mon culte opère. Pour vous situer, nous sommes quelque part en Amérique du sud où des trafiquants de drogues veulent toutes ces belles terres agricoles.

Oui, les paroles servent à convaincre et à manipuler mais quand vous avez les actes pour aller avec, c’est encore mieux. Et si vous imaginez que des cultistes font juste se rassembler pour prier une déesse, vous avez tout faux. Pour recruter, convertir, rallier à ma cause, mon culte fait énormément dans le communautaire. Là, de vastes champs agricoles servent à nourrir les pauvres et les affamés. Hors de question d’en faire des champs pour quelque cultures liées à la drogue. Mais ce n’est pas cette pathétique force d’attaque qui m’intéresse. J’ordonne que l’on fasse venir certains de mes élus pour régler le travail. Moi? Je vais m’occuper de la tête du serpent derrière tout ceci. Un nouveau voyage en portail plus tard et nous sommes au milieu d’une énorme propriété fortifiée. Une grande villa et les garages, au lieu d’être remplis de voitures de luxe, sont remplis de véhicules militaires…

Une armée privée, si vous préférez. « Comptes toi chanceuse Alma. Ils vont subir mon mécontentement au lieu de toi. L’insolence ne sera pas tolérée. » Alma est du genre à avoir besoin de voir pour croire j’ai bien l’impression. Et comme j’aime faire les choses en grand… Je vais faire plus que dévaster trois étages d’un bâtiment. Nous sommes vite encerclées par les sbires du baron de la drogue qui a eu l’outrecuidance de s’en prendre à ce qui m’appartient. Je lève la main et toutes les goupilles de leurs grenades se détachent avant de venir se déposer dans ma main. La panique se répand chez les mercenaires et avant qu’ils aient pu se débarrasser des grenades, ces dernières explosent. Les goupilles se transforment en une quantité appréciable de billes en métal qui commencent à fuser comme des balles de mitrailleuse, fauchant les renforts avant qu’ils aient pu nous viser.

Je me concentre ensuite sur les véhicules qui se font soulever du sol et lancer comme de vulgaires cailloux. Et chaque fois qu’un véhicule percute quelque chose, c’est comme si on avait mis Michael Bay aux effets spéciaux. Carnage est un mot trop faible pour décrire ce qui se passe. Vous avez déjà vue le film Transformers? Le premier, celui de 2007, l’attaque sur la base militaire? C’est à cela que ça ressemble. Une personne de destruction massive au lieu d’un gros robot. Ils ont beau tirer, leurs balles ne se rendent pas à moi, interceptées en vol pour faire une sorte de bouclier métallique autour d’Alma et moi. Traquer chaque projectile individuel n’est pas quelque chose que la plupart des supers sont en mesure de faire. Moi oui. Je suis matériakinésiste. La matière obéit à ma volonté. Les humains sont ainsi. Au lieu de se rendre et d’espérer ma miséricorde, mon pardon…

Ils continuent de se battre alors que c’est une cause perdue. Contrairement à Alma, je n’ai pas besoin de rester statique. Je commence à marcher au milieu de ce chaos, infligeant autant de dommage que si une armée conventionnelle avait lancé un assaut en règle. Une roquette fuse dans notre direction et sans même la regarder, sans même la toucher, l’explosif se fige dans l’air avant que je ne le force à changer de trajectoire et de le retourner à l’envoyeur. Il n’y a aucun effort dans ce que je fais. Quand le baron de la drogue fait décoller un trio d’hélicoptères de combat, j’en fais des météorites annonçant ma divine colère. Me concentrant sur la villa, j’excites les molécules de tout ce qui est en verre et il finit par exploser en éclats acérés. C’est plus pour le style que pour des raisons pratique. La démonstration continue, la dévastation aussi et Alma voit de quoi je suis capable.

Pourquoi on me considère comme une déesse. Pourquoi est-ce que c’est une mauvaise idée de vouloir me défier. Qu’elle a intérêt à changer d’attitude si elle veut rester dans mes bonnes grâces. Que ce n’est pas pour rien que quand j’ai rasé entièrement la villa fortifiée, ruines fumantes voire même un cratère, les rares survivants se jettent à mes pieds, suppliant de des épargner. Leur chef, livide, ne cesse de répéter en boucle : c’est impossible, c’est impossible. Mais la déesse n’est pas d’humeur à pardonner. Et je le leur fais clairement savoir. Vous avez attaqué mes cultistes sans raison. Vous avez tenté de prendre ce qui m’appartient. Subissez la sentence appropriée. Ils commencent tous à se tordre de douleur avant d’exploser en jolis feux d’artifice. Pas de sang. Pas de gore. Car je déteste. Mais ils n’ont pas connu une fin heureuse. Satisfaite, un portail nous ramène à mes cultistes.

Une fois qu’ils sont rassurés, nouveau portail et nous sommes de retour à l’hôpital. Je crois que la démonstration a été plus que suffisante. J’ai affronté un baron de la drogue et son armée personnelle sans une égratignure. Sans avoir, en apparence, fait le moindre effort. Je ne suis pas essoufflée ou en sueur. Je n’ai pas le visage rouge ou complètement livide. Non. Rien de cela. Alma a dévasté trois étages et c’était au-dessus de ses forces. J’ai dévasté une vaste propriété de plusieurs centaines de mètres carrés et je n’ai pas l’air d’avoir d’effets secondaires. Je me tourne vers Alma et la regarde avec sévérité. Elle a vu ce qui arrive à ceux qui me défient et qui dépasse une certaine limite. Elle sait qu’elle s’est mal comportée. Et qu’il peut y avoir deux possibilités : 1. Ce carnage m’a suffisamment calmé pour ne pas ou plus lui en vouloir. 2. Ce carnage fait en sorte que cela n’a que diminué mon mécontentement face à elle.

« Tu as une chance pour t’excuser de ton comportement. Ne la rate pas. »

[Marishka Auschwitz]

Son instinct de survie s’affole dès les premiers mots suite à ce que l’inconnu a murmuré à l’oreille de Shayne. Mais où fuir dans ce lieu inconnu ? Pourquoi fuirait-elle cette femme qui lui a déjà tant donné ? Alors Shayne fait ce que beaucoup d’êtres humains font : ils ne s’écoutent pas.

Marischka-Alma suit Shayne dans cette pièce au bout du couloir. Son air exprime de la supériorité face à cette personne qui ploie l’échine devant elle. Enfin, devant Shayne. Mais elle se trouve forcément à un échelon supérieur. Jamais elle ne s’abaisserait à ployer le genou avec aussi peu de respect pour elle-même…

La téléportation la perturbe. Déjà qu’elle ne savait pas où elle se trouvait précisément dans cette hôpital. Alors, si en plus elle doit gérer les commentaires de Shayne et la cacophonie liée à une guerre si proche d’elles deux… Ouais, ta gueule Instinct de Survie ! Marischka-Alma tente d’écouter Shayne et de comprendre dans quel merdier elle est fourrée.

Les mains tendues vers le sol, paume ouverte, Marischka-Alma communique rapidement avec les plantes. Elle se trouve quelque part en Amérique du Sud. La chaleur et le taux d’humidité ont fait évoluer les plantes d’une façon précise. Mais à quoi lui sert cette information. Absolument à rien.

Et voilà qu’elle est téléportée de nouveau. Son contact coupé trop brutalement avec les plantes. Elle s’enfonce encore un peu plus dans l’incompréhension. Mais vraiment, TA GUEULE, Instinct de Survie !

*Moi chanceuse ? Mécontentement ? Ça veut dire qu’elle va s’énerver ? Et puis, d’où est-ce que je suis insolente, moi ? *

Des ennemis les encerclent. Déjà les plantes et l’acier viennent renforcer le faible corps de chairs de Marischka-Alma. Les lianes vertes ondulent dans les airs et… ça ne sert strictement à rien. Shayne écrabouille la résistance d’une façon… déifique ? Horrifique ? Absolument brutale et sans concessions ?

Comme un gentil petit mouton, Alma suit Shayne. Comme dans un rêve, elle erre dans le sillage de la déesse, contemplant la toute-puissance de sa matériakinésie.

Puis le pire survient. Ce qu’elle trouvait alors drôle à imaginer la pousse en équilibre devant cet abysse… Il ne faudrait pas grand-chose pour qu’elle tombe indéfiniment dans les limbes de la folie. Mais elle se sait déjà être allée trop loin. Elle se trouve dans une sorte de no man’s land dans sa tête. Une terre grise et morne dans laquelle des choses susurrent d’une façon incompréhensible. Elle ne peut pas se retourner de peur de tomber dans les abysses. Mais elle les voit dans sa vision périphérique. Tellement irritant !

Et Bim ! Troisième portail. Alma ne sait pas comment elle fait pour être toujours debout. Face à… ses yeux s’agrandissent de peur. Cette femme à la plastique parfaite… dissimule un tel monstre. C’est comme être une fourmi et vouloir lutter contre un être humain. La différence de proportion est impossible.

*Arrête de trembler foutu genou ! *

« M’ex-m’excuser ? »

Sa voix lui parait lointaine. La Marischka fière à l’intérieure se fout de la gueule de cette Alma mouton à la voix tremblante. Une faible. Seule une faible se comporterait ainsi. Non, il faut se rebeller ! Faire comprendre à cette bimbo pas du tout essoufflée qu’on ne craint rien ni personne !

Son genou tremble…

Il y a un poids derrière son crâne. Comme si les muscles de son cerveau étaient faibles à soutenir sa tête…

Alors elle ploie devant la Déesse. Elle qui avait dit avant les trois téléportaions qu’elle ne s’abaisserait jamais à une pareille chose. Elle s’agenouille face à sa Déesse.

Pourtant, elle est incapable de prononcer un seul mot. Son corps. Son inconscient a accepté la terrible et implacable réalité. Mais le conditionnement de tant d’années la force à continuer à vivre selon des schémas. Et se soumettre l’emmerde à un point ! Sa bouche est entrouverte, comme un animal montrant les crocs. Son front est ridé de sourcils froncés.

Et pourtant, pourtant elle s’est agenouillée. Et attend dans cette terrible attente, dans cet éternel supplice : elle attend de connaître le résultat de son jugement. Se trouve-t-elle dans le couloir de la mort ? Ou celui de la seconde chance ?

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Elle comprend sa place, c’est bien. Évidemment, par contre, il reste du travail à faire. Alma est fondamentalement une bête sauvage. Forcée de survivre par elle-même, en marge de la société, c’était à prévoir, même, je dirais. Là, j’ai commencé le dressage, la remettre dans le bain de la civilisation mais tout ne va pas se faire comme par magie. Je le sais parfaitement et son acte d’irrespect a été suffisamment puni. Elle est plus forte qu’on pourrait le croire. Trois téléportations et avoir eu une démonstration de mes pouvoirs et non seulement elle est encore consciente mais elle ne s’est pas fait dessus, n’a pas vomit et ne s’est pas évanouit non plus. Bien. Très bien, même. Il y aura d’autres occasions pour apprendre. Même une bête sauvage comprend l’importance d’une hiérarchie. Et j’ai établi sans conteste ma position d’alpha. De cheffe de meute.

Si elle avait encore des doutes sur qui commande et ce qu’elle peut se permettre, j’ai envie de dire que ce problème est réglé. Il n’y a plus d’ambiguïté possible. Et pour lui montrer que je n’ai pas peur d’elle (c’est qu’elle pourrait me mordre si l’envie lui prenait), je lui soulève le menton, le regarde droit dans les yeux et elle voit clairement dans ce regard que je n’ai jamais eu, ne serait-ce qu’une fraction de seconde, peur d’elle. Ce n’est pas fait pour l’intimider à proprement parler. C’est pour cimenter le rapport hiérarchique. Souriante, je lui dis deux mots, dans un anglais sans accent : « Good girl. » Vous allez me dire : c’est ce qu’on dirait à un animal, non? Vous oui. Moi non. Car ces deux mots veulent dire plus à eux seuls qu’un discours. Je commence à mieux comprendre Alma. Moins de paroles. Plus d’actes. Pour le moment, en tout cas. Éventuellement, nous verrons bien… Nous verrons.

Alors pourquoi ce choix de mots bien spécifique, demanderez-vous? Pour une raison simple. Alma n’a jamais dû recevoir de compliments ou d’encouragements. Certainement pas de ses parents, cela est on ne peut plus clair. Et je sais que si j’utilise quelque chose de trop… « Fleurie » ou raffiné comme terminologie, elle risque de ne pas le voir comme sincère. Donc, j’y ai été avec la formulation la plus simple et la plus basique qui soit. Oui, je le répète, c’est ce qu’on pourrait aussi dire à un animal. Mais un animal, comme un être humain, est d’abord et avant tout un être d’instinct. La raison est venue APRÈS chez l’humain. Le fait que bien qu’elle ait mis le genou à terre, elle montre les dents prouve qu’Alma n’est pas tout à fait en synchronisation avec les normes humaines standards. J’adapte donc mon approche en conséquence. Et le message est aussi très clair, en fait.

Sa transgression est pardonnée. Je n’ai pas besoin de lui dire pourquoi je lui pardonne. Elle le sait, en deux mots. Je l’invite ensuite à me suivre. Elle voulait aller dans le jardin, non? Comme son mauvais comportement a été corrigé, elle a donc le droit d’y aller. Si elle n’a jamais eu de cadre familial, je vais lui en donner un. Avec les principes de bases qui pourraient lui manquer. Je suis bien des choses pour mes cultistes. Je peux bien être une maman si nécessaire. Où est le problème? Alma a besoin qu’on lui donne une grande longueur de laisse. Il ne faut pas oublier que je peux aussi tirer sur cette dernière pour punir ses mauvais comportements. Elle a appris sa leçon : je doute qu’elle recommence. La prochaine démonstration risque davantage de la voir comme étant la cible d’une punition. Ah et autre truc. La laisser aller dans le jardin, c’est aussi lui indiquer que même où elle sera « à son plus fort »…

Je ne me sens absolument pas menacée…

[Marishka Auschwitz]

C’est vexant. « Good girl. » Marischka-Alma a la sensation d’êtra traitée comme une gamine. Presque comme une chienne. C’est presque vexant et en même temps… pourquoi sourire ? Parce qu’elle a cessé de montrer les crocs pour afficher un sourire. Oui, elle a été remise à sa place. Et pourtant, agenouillée face à cette Déesse, elle a cette étrange sensation : celle d’être à sa place. Ou un truc dans le genre se dit-elle.

(au fond de son âme : des aboiements)

*CHUT ! *

Voilà. Elle a eu raison de faire taire cette bête tapie au fond d’elle. Parce que Shayne l’autorise à aller dans le jardin. C’est une excellente nouvelle. Elle va pouvoir aller se ressourcer. Se retrouver entourée « d’amies ». Respirer. Loin de la cacophonie des tirs de mitrailleuses et… des explosions type feux d’artifice ? Elle sourit, de nouveau. Elle se souvient de la façon dont Shayne a exercé ces pouvoirs. Comme si cette femme –cette Déesse- avait la capacité d’injecter du rêve dans la réalité. Pas de violence inutile mais des punitions intraitables. Pas de viscères éparpillées dans tous les coins mais une profusion de confettis. Oui, c’était une réalité qui lui plaisait. Et si elle pouvait devenir un outil de cette création : elle était heureuse de trouver un sens à sa vie.

*Parce qu’il en faut un, hein ! Un sens. Sans ça, qu’est-ce que je suis ? Pourquoi je vis si je n’ai pas d’objectif à accomplir ? *

Et voilà qu’elle se retrouve dans le jardin. Elle sourit comme une enfant. Les pieds nus dans la pelouse. Les mains qui glissent sur les fleurs et les feuilles. Son oreille qui se colle contre l’écorce de l’arbre, lui communiquant son rythme cardiaque sylvestre. Voilà, voilà où Alma doit se trouver dans l’univers.

« Merci. »

Alma remercie sa Déesse. Ca lui parait naturel. Ca lui parait même essentiel. Donner aux autres des bonnes choses et pas seulement passer son temps à critiquer et détruire.

*Du coup, j’ai envie de… construire des choses maintenant ? *

Elle repense aux trois étages de Green Peace. C’est en soit une construction, non ? Une sorte d’œuvre d’art peut-être ? Alma n’en sait trop rien. Qu’est-ce que de l’art ? Faut-il nécessaire que ce soit avec un crayon et du papier ? De la peinture ? Peu importe le matériau ? Maintenant qu’elle est loin de tout ça, maintenant qu’elle sait où se trouve plus ou moins sa place, tous les événements lui reviennent. Et elle se trouve soudainement avec des questions. Une curiosité nouvelle.

« Dis, à propos de Green Peace, les gens en parlent ? Ils en disent quoi ? »

*Faites que ça ne soit pas passé inaperçu… Je veux exister aux yeux du monde ! *

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Endoctriner, convertir, rallier à sa cause, ce sont des choses plus complexes que juste arriver et dire : joins toi à moi et ensemble nous règnerons sur la galaxie en tant que mère et fille. Déjà pour commencer, faire avaler à Alma que je suis sa mère serait grotesque mais le point important à considérer est que chaque personne veut garder une mesure d’indépendance. C’est pour cela que la cage dorée doit avoir des barreaux invisibles. Que la laisse doit être très longue sans étouffer celle qui la porter ou sans que cela ne la dérange activement. Ultimement, ce que vous voulez, c’est que l’autre choisisse de lui-même la servitude. Quand vous voulez imposer, il y aura nécessairement une réaction. Mais si vous jouez bien vos cartes, vous aurez la dévotion du monde sans avoir à faire d’efforts. Enfin. Trop d’efforts. À une certaine époque, soyons honnêtes.

Alma serait probablement éparpillée en confettis en ce moment. Parce que ma nature instable aurait fait en sorte de me faire réagir avec violence. Mais depuis que j’ai rencontré un certain quelqu’un dont la puissance permet de garder mon esprit clair, sans cette folie pour le ravager? Je peux faire des choses qui avant auraient été impossibles pour moi. Pourquoi ai-je un culte? Avant, c’était plus un immense coffre à jouets dont les poupées sont des êtres humains avec lesquels je joue. Maintenant, c’est quelque chose de bien plus développé, raffiné, peaufiné. Oh ce sont toujours mes jouets et il m’arrive d’en briser un ou deux, oui. Mais je n’ai jamais été aussi loin dans mes plans qu’en ce moment. Si tant est que j’ai vraiment un plan en dehors de continuer de faire des expériences sur cette révoltante espèce qu’est l’humain. Un jour, j’amènerai cette pathétique race à l’extinction.

Une poignée de personnes exceptionnelles, comme Alma, seront épargnées et je compte choisir ensuite une nouvelle planète et répéter ce schéma, collectionnant les gens de talent. Et éventuellement, quel est mon but final? Envahir le monde de Jeannie, pas sa stupide bulle dimensionnelle mais bien la planète dont elle est la déesse et en faire la mienne… Avant, évidemment, de procéder à son exécution publique. Un déicide, si vous préférez. Mais chaque chose en son temps. Pour le moment, Alma, dans le jardin, me demande si ce qu’elle a fait aux bureaux de Greenpeace a été remarqué. La réponse est oui. Faisant signe à un des infirmiers de m’apporter une tablette, je lui montre les différents reportages qui en parle et les témoignages allant avec. Oh elle n’est définitivement pas passée inaperçue. Tous les experts sont stupéfaits par contre. Aucun mort. Aucun blessé. Ça les étonne.

Cela prouve encore une fois l’incompétence de l’humain à voir la vue d’ensemble. Tuer fait en sorte que les super héros ont une raison valable de vous courir après. Une telle démonstration les laissera, nécessairement, perplexes. Ils se retrouvent face à une métahumaine dont ils ignoraient l’existence, aux motifs nébuleux et qui, apparemment, aurait été aperçue en ma compagnie. Cela va les inquiéter, oui… Mais ma façon de procéder implique plus souvent qu’autrement beaucoup plus de destruction. Alors si nous travaillons ensemble, pourquoi cette absence d’un chaos plus grand dont je suis si friande? La confusion est une arme très utile. Alma va voir ce que les médias disent d’elle sans nécessairement penser aux ramifications derrière. C’est une jeune femme qui a besoin de recevoir l’approbation des autres pour justifier son existence, on dirait. Elle aura tous les encouragements dont elle a besoin de ma part.

Après tout… Traitez suffisamment bien une bête sauvage et elle ne vous attaquera pas même libérée de ses chaines, visibles ou non…

[Marishka Auschwitz]

« Opération marketing pour Green Peace ? » « Destruction pacifique sur trois étages » « La communauté des Super en questionnement » Marischka-Alma lisait de gros titres défilant sur la tablette. Les gens parlaient effectivement de son exploit. Et, elle était surprise, mais il y avait une part de positif parmi les extrémistes négatifs et tous ces autres qui en parlaient pour alimenter leurs chaînes. Elle releva alors la tête vers Shayne :

« Je suis surprise de lire tout ça. Je suis contente aussi, mais je reste surprise par les réactions des gens. »

Est-ce qu’elle voulait faire le bien ? Avoir une image médiatique comme ses détestables parce qu’absents parents ? Marischka-Alma était confuse. Elle était partagée entre différentes pensées. Une colère anticipée à l’idée qu’on brûlerait son « œuvre d’art ». Une compassion pour ses plantes qui auraient besoin d’elle, le temps qu’elles trouvent comment vivre seules loin de la terre nourricière. De la curiosité. De la peur. De l’excitation. Toute une foule d’émotions. Et tout ça grâce à cette Déesse qui paraissait si humaine face à elle.

« En fait, je crois que ça me fait peur. Et si… je devenais comme mes parents ? Et si tout ça, ça me montait à la tête. La célébrité. La destruction pour une plus belle reconstruction. J’avoue que je ne sais plus trop quoi en penser. »

Différentes personnalités passent sur la tablette lors d’interviews. Une geek qui est impressionné de retrouver des traces de composants électroniques dans les plantes. Un homme aux moustaches recourbés qui dit être très inspirés par cette œuvre d’art. Une vieille dame qui ne comprend pas pourquoi les jeunes gens doivent tout détruire. Un Super exprimant son incompréhension devant cet acte face à une organisation mondiale luttant pour la nature. De tout et de rien. Bref, du journalisme sensationnel.

« Parce que j’ai envie de retourner là-bas. Je ne suis sure de savoir pourquoi. Pour savoir si mes plantes sont en bonne santé. Pour les protéger de potentiels connards. Pour leur donner plus d’étages où vivre. Leur donner une connexion avec la Terre nourricière si loin en bas pour eux. »

Elle imaginait une structure de câbles, possiblement quelque chose comme une toile d’araignée reliant les étages tout en haut avec la terre sous les trottoirs et le goudron. Elle visualisait déjà une nouvelle structure de société où le Vert et le Gris se mariait et prospérait.

« Je crois aussi que je voudrais y retourner pour me replonger sur ce… « trône ». Retrouver ces sensations dont je me souviens si peu. Je crois que c’était agréable d’être plongée dans cette chrysalide. Tout comme je n’ai pas du tout envie de reperdre le contrôle à ce point, hein ! Oui, c’est ça, replonger dans cette sorte de coma mais garder le contrôle. La conscience. L’éveil. »

Perdue. Très bavarde également. Mais ce devait être l’effet de se retrouver face au silence. Shayne ne disant rien, il fallait qu’elle parle. Après tout, une des lois essentielles n’est-elle pas que la nature abhorre le vide ?

« Je ne sais pas. Je ne sais plus… »

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« Détruire pour reconstruire n’est pas quelque chose de négatif. La nature le fait constamment. Tsunamis. Éruptions volcaniques. Tornades. Tremblements de terre. Ces catastrophes naturelles dévastent tout sur leur passage et ensuite la nature reprend ses droits. Ou alors l’humain reconstruit à neuf. Et rassures toi. Si cela te monte à la tête, je serrai là pour te ramener brutalement sur terre et ce sans la moindre pitié.

Pour le reste, c’est une des pires idées que tu aies eues depuis qu’on se connait. Retourner là-bas? Parce que tu penses que le tout ne sera pas surveillé au moins de façon passive, des fois que la coupable reviendrait sur le lieu de son crime? Je vais t’aider si tu fais quelque chose d’intelligent. Je ne vais pas t’aider si tu fais quelque chose de stupide. Si tu veux te refaire un trône, utilise le vaste hangar qui te servira de lieu de vie, c’est tout. »

Il y a de l’irritation et de la désapprobation dans ma voix et je veux qu’elle le sache, qu’elle l’entende. Qu’elle partage ses pensées avec moi n’est pas le problème. Le fait qu’elle veuille faire quelque chose de stupide et dangereux alors qu’il y a des meilleures options, juste parce que madame veut prendre soin de ses plantes? Ridicule. Si je l’envoie attaquer une base militaire, elle voudra faire le même cirque? Retourner pour s’occuper de ce qu’elle a créé? Se mettre en danger pour une connerie purement égoïste? Elle dit vouloir avoir une place spéciale à mes côtés, être une super élue? Alors qu’elle commence à agir comme tel au lieu de dire de telles insanités et d’avoir des désirs nés de son ego qu’elle a quand même gros. Ça va les chevilles, ça passe encore dans le cadre de porte? Elle dévaste trois étages et soudainement, c’est l’acte de l’année voire de la décennie? Absurde.

Elle dit ne pas vouloir être comme ses parents et elle se comporte exactement comme Poison Ivy. Je dois m’occuper de mes plantes, mes pauvres bébés, et bla, bla, bla. Oh j’ai vu différentes versions de Poison Ivy. C’est ça être la création involontaire d’une déesse. Là où elle va, en général, je vais. Il y a même des réalités alternatives dans lesquelles c’est une super héroïne, imaginez-vous, où elle n’a jamais commis de crime. Mon point est, Alma ne cesse de dire qu’elle veut être sa propre personne et ne pas être comme ses parents et elle réagit comme le ferait sa mère dans bien des univers. Est-ce que c’est ce qu’elle ferait dans son univers à elle, aucune idée. Mais peut-être qu’un traitement choc va lui remettre les idées en place. Je lui prends la tablette des mains, commence à pianoter et tout d’un coup, c’est la voix de sa mère qu’elle entend. Enfin. D’une Poison Ivy.

« Je dois retourner là-bas. Pour savoir si mes plantes sont en bonne santé. Pour les protéger de ces connards de pollueurs. Pour leur permettre un glorieux retour à la terre! » C’est ce que Poison Ivy dit. Et je regarde l’impact psychologique que cela aura sur Alma. Les enfants disent souvent ne pas vouloir ressembler à leurs parents, qu’ils n’ont pas hâte de « sonner comme eux » quand ils parlent… Elle n’a pas encore la trentaine et elle a presque cité mot pour mot sa propre mère. Alors je me pose la question, et mon regard en dit bien plus qu’un discours : est-ce là l’attitude d’une super élue ou d’une gamine bouffie d’orgueil qui se donne des airs? Mon regard est dur. Elle est jugée. Elle est devant la déesse et la déesse la juge. Ce qu’elle va dire ensuite sera déterminant. Est-ce qu’elle va réussir à se sortir de ce trou qu’elle a creusé ou est-ce qu’elle va se retrouver ensevelie?

« Je me demande, Alma, si ta promesse d’être ma… Super élue… Était sincère ou de la pure vantardise… »

[Marishka Auschwitz]

Jamais elle n’a vécu autant d’ascenseurs émotionnels. Etre comparé à une force de destruction naturelle. Bien ! Se faire remettre à sa place devant une puissance bien plus grande… Se faire traiter de stupide… Mais avoir tout de même le soutien si elle trouve une bonne idée ! Marischka-Alma ne sait plus sur quel pied danser depuis qu’elle est en relation sur Shayne. Toujours à essayer de faire des efforts. Et pourtant, il lui semble qu’elle s’agite pour rien. Très, très frustrant…

« Je dois retourner là-bas. Pour savoir si mes plantes sont en bonne santé. Pour les protéger de ces connards de pollueurs. Pour leur permettre un glorieux retour à la terre! »

Le choc.

Quasiment ses mots. A Marischka. A Poison Ivy.

« Mais ?... »

*Je ne peux pas ressembler à ce point à ma mère, si ?... En plus ce n’est même pas ma mère ! C’est une Poison Ivy d’un autre monde ! Et, et… PUTAIN DE MERDE !! *

Elle plonge son visage dans ses deux mains.

*Est-ce que j’étais sincère ? Est-ce que je suis un monstre d’égo comme ma mère ?!... *

Réfléchir. Respirer. Ne pas se laisser pourrir. Poison Ivy n’est pas Marischka. Marischka est en partie Poison Ivy. Mais aussi en partie Colossus. Les pouvoirs mutants de deux êtres en un. Elle a en elle un potentiel que sa mère ne possédera jamais. Réfléchir. Respirer. Pourquoi vouloir rester en communication avec les plantes de Green Peace ? Parce que les plantes ne l’ont jamais abandonné contrairement aux humains. Mais elle n’est pas avec une humaine : Shayne est une déeese. Oui, mais… Les plantes ne la jugent jamais. Shayne le fait. Appuyant encore et encore sur toutes les faiblesses de son âme. Et son âme ressemble beaucoup à de l’emmental…

*Il y a un esprit de ruche dans la Nature. Et, quand j’ai absorbé les minéraux chez Green Peace pour créer l’acier liquide, j’ai absorbé les composants des ordinateurs. Ils communiquent via un réseau eux aussi. Sans forcément passer par un lien physique. Mais… *

Marischka est toujours restée en contact avec ses pouvoirs. Peu importait à quel point elle lançait loin ses lances végétales, jamais elle n’a brisé le contact. Parce qu’elle ne peut compter que sur ses pouvoirs. Il faut qu’elle les sente. Qu’elle puisse les toucher. Rester en contact. Savoir à tout moment ce qui se passe. La rupture est inenvisageable. Marischka ne saurait pas le gérer. Mais… Peut-elle au moins conserver les structures des ordinateurs au lieu de les digérer pour inévitablement les transformer en acier liquide ?

*Sauf que je ne m’immerge pas dans le réseau informatique. Je m’immerge dans la Nature quand je suis dans une sorte de transe. D’un autre côté, je ne plonge jamais profondément en temps normal. Donc qu’est-ce que j’en sais de la portée de communication ? *

Perdue dans ses pensées, Marischka-Alma n’a toujours pas répondu à Shayne…

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Suis-je cruelle? Peut-être. Mais Alma a besoin de cette cruauté de ma part. Elle a besoin que je détruise son ego et ses pensées nombrilistes. Si elle veut vraiment progresser, si elle veut s’élever au-dessus de la masse, il faut qu’elle arrête de penser comme elle le faisait avant notre rencontre. Je lui ai offert un futur. Un vrai futur. Le soutien d’une déesse. Une place dans ce monde. Non. Dans cet univers. Elle ne le réalise pas encore. Elle n’est probablement pas encore prête. Mais en ce moment, son pire ennemi, c’est elle-même. Son plus grave danger, c’est ce cœur meurtri et cet esprit qui saigne des blessures du passé. Elle dit vouloir être une super élue mais elle ne se donne pas les moyens de jouer ce rôle. Chaque fois qu’elle semble faire un pas dans la bonne direction, elle trébuche. Et c’est normal. On ne se libère pas si facilement des chaines de son passé.

Je le sais mieux que quiconque car moi-même je suis aux prises avec ces chaines. Hum. Chaine. Shayne. Ça s’écrit presque pareil. Mais je m’égare. Alma a besoin de grandir. Elle a besoin de soutien. Mais je ne peux pas l’aider si elle ne veut pas s’aider. Clairement, ce sera une balade dans des montagnes russes émotionnelles. À moins de demander à ma télépathe de mettre Alma en transe et de purger de force les mauvais souvenirs, grandir est douloureux. Comme un bébé dont les dents poussent. Ou comme la jeune fille qui a ses premières menstruations. Flippant et douloureux. Mais ultimement, c’est ça grandir. Et Alma se retrouvera bientôt devant un choix que peu de personnes réalisent qu’elles ont. Voyez-vous, il y a deux grands courants de pensée : les gens sont forgés par les événements ou les gens forgent les événements. En ce moment, Alma est forgée par les événements.

Elle réagit, de façon positive ou négative, à ce qu’elle a vécu, à ce qu’elle vit. Mais je compte l’amener au-delà de ces considérations éphémères. Si elle veut devenir mon élue, si elle veut être une super élue, c’est elle qui commande aux événements et non l’inverse. Ce que je veux, c’est qu’elle agisse au lieu de réagir. Je veux mettre entre ses mains toutes les cartes. Mais en ce moment, elle n’est pas en état, n’a pas le cheminement émotionnel pour réaliser cela. Au lieu de cela, je m’approche d’elle et je la serre dans mes bras, dans un geste délibérément maternel. Je serai la mère qu’elle a choisit d’avoir, celle qu’elle veut rendre fière, celle qui va lui donner les vrais outils pour non pas survivre dans le monde mais vivre dans le monde. Car c’est ce qu’elle veut. Une figure plus grande qu’elle à rendre fière. Pourquoi accepter une forme de servitude auprès d’une déesse, sinon?

« Pauvre petite chose brisée… Des années de thérapies avec un psy pourraient t’amener à réaliser ce que j’ai fait en un extrait sonore. Tu as de la misère à te définir comme qui tu es car tu continues de vivre avec ce ressentiment pour tes parents. Tu es bien plus que ce qu’ils ne seront jamais, Alma. Tu as accepté ma main mais tu continues d’agir comme dans le passé. De penser comme qui tu étais avant. Comme… Marishka…

Oui. Je sais comment tu t’appelles réellement. Tu pensais peut-être que j’ignorerais un tel détail sur ta personne? Le fait est… Je vais le redire. Tu as énormément de potentiel. Et une grande gueule. Mais en ce moment, tu es enchainée par ton passé. Tu es incapable de vraiment avancer. Alors je te le demande, toi qui a les deux pieds dans cette nature que tu aimes tant : qui es-tu et que veux-tu être? Vas-tu enfin accepter ma main tendue ou tu vas continuer de faire semblant et en revenir à tes mauvaises habitudes? »

[Marishka Auschwitz]

Ça parait si simple maintenant qu’elle vient de le dire. Elle est Marischka. Alors que Shayne lui propose d’être totalement et complètement Alma. Oui, c’est ça. Si elle veut vraiment se détacher de son passé, il lui faut supprimer tout ce qui y a trait. Alors, par quoi commencer ?

Ses pieds sont bien dans la nature qu’elle chérie tant. Et tandis que la nature commence à la recouvrir, elle fournit une première réponse :

« Je veux être nue. »

Les lianes vertes s’enroulent autour de ses jambes, de son bassin et continuent à glisser presque sans bruits.

« Dépouillée de tout. »

Plus les lianes grimpent, plus elles se multiplient et plus la forme de la chrysalide se fait évidence.

« M’offrir une seconde naissance. »

La robe créée par matériakinésie n’est plus. Marischka et Alma se retrouvent seule à seule dans cet espace confiné. Les blessures du passé VS les promesses du futur.

*L’une de nous deux doit disparaître… *

Ce serait la pire lutte à diffuser dans une série télé. Aucune action. Aucun dialogue aux punchlines percutantes. Tout se passe en silence et sans mouvements. Pourtant, la femme derrière la chrysalide est à un moment charnière de son existence. Parviendra-t-elle à se libérer de ses chaînes pour se lier à Shayne ?

[…]

Puis la nature se retire du corps de la femme d’un autre monde. C’est exactement la même à la différence près qu’elle est entièrement nue. Puis, quand elle ouvre les yeux, il y a quelque chose de changé. Un regard neuf. En quelque sorte vide. En somme, une page blanche demandant à être remplie. Il y a également une soumission. Quelque chose en rapprochement avec la discipline militaire. Peut-être est-ce dû au maintien plus droit, peut-être trop sec de cette femme.

« J’ai besoin de nouveaux vêtements. J’aimerai quelque chose de noir. De style gothique. Qui colle au corps. Qui soit aussi efficace qu’un uniforme militaire. Comme des poches et des grosses boots par exemple. »

Elle demande, oui. Mais il n’y a pas d’arrogance. C’est une femme avec les idées claires et un plan en tête qui s’exprime.

« Je m’appelle Alma. Je viens de naître une seconde fois. Disons plutôt que je viens de naître officiellement sur ce monde. Faisons-en donc ma nouvelle date de naissance. Je m’appelle Alma et je suis absolument prête à serrer cette main tendue. Plus de caprices. Je me mets en attente. Si je dois me reposer, je me repose. S’il est venu le temps d’apprendre, j’apprends. Ou si je dois partir en mission, je pars sur le champ. »

Elle ne sourit pas. Elle ne fronce pas les sourcils. En un sens, elle parait froide. Une carapace vide ? Ce n’est pas totalement faux. Alma a décidé de repartir à zéro. Comme un bleu chez les militaires, elle doit faire des concessions avec soi-même pour se discipliner, apprendre et devenir efficiente. Elle n’a pas renié qui elle était. Seulement, elle cherche à se ré-inventer. Et personne, pas même elle ne peut savoir si (ou quand) Marischka reprendra le contrôle.

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Intéressant est le mot qui me vient en tête. Je ne sais pas jusqu’où elle est sérieuse dans son… Initiative. D’autant que je sache, et je peux me tromper, les humains ne peuvent pas juste réécrire qui ils sont. Décider, tout d’un coup, qu’ils sont libérés de leur passé, quelqu’un d’entièrement différent. En même temps, on ne peut pas dire qu’Alma est quelqu’un de normal, ne serait-ce que d’une part par ses pouvoirs et d’autre part, surtout, d’où elle vient. Pourtant, et c’est ce qui est encore plus intéressant, quand je regarde la femme devant moi, il n’y a aucun doute possible à avoir. Quoi qu’elle ait fait, cela a fonctionné. Ma télépathe me le confirme. Les énergies psychiques de la femme en face de moi ont été altérée. Quelqu’un avec de multiples personnalités, n’aura pas la même signature psychique tout dépendant de qui est aux commandes.

Donc… C’est une occasion en or pour moi, en fait. D’intensifier mon contrôle sur elle. De m’assurer de garder Alma pour moi seule. De la modeler comme je veux la modeler. C’est une chose de s’offrir à sa déesse. C’en est une autre de s’offrir à ce point… Et je ne vais pas laisser passer une telle occasion. « Créons les ensemble », que je lui dis, en parlant de ses vêtements. Comme si sa nudité allait me déranger. Oui… Avec une meilleure alimentation, elle aura de belles formes. Avec plus d’entrainement, une belle musculature athlétique. Et avec plus de soleil, une peau moins pâle.  Il est temps de la faire sortir de l’ombre. De nettoyer puis de tailler ce diamant brut. Je pose mon front contre le sien et je lui dis d’imaginer ces vêtements qu’elle désire. De les visualiser. De faire de cette pensée abstraite quelque chose de concret. Je peux lire les pensées de surface, après tout.

Et en me basant sur ce qu’elle désire, elle se fait habiller, des sous-vêtements aux accessoires. Je ne vais pas perdre mon temps à imaginer quelque chose quand j’ai une solution infiniment plus simple sous la main. Soyons logique. Quand vous avez une ressource à votre disposition, quelque chose de concret, tangible et utile, pourquoi la snober en faveur de quelque chose de plus artistique? Alma sait ce qu’elle veut. Et donc, Alma obtiendra ce qu’elle désire. Je suis une déesse qui peut être d’une infinie générosité. C’est pour cette raison que j’inspire tant de fanatisme chez les troupes. Et j’ai décidé d’aller plus loin que juste des vêtements. Je lui demande de me suivre et nous passons à nouveau dans un portail. Cela nous amène dans un vaste hangar. Bienvenue chez toi, que je lui dis. Si elle repart de zéro, autant lui donner des vêtements, un toit et de quoi remplir son estomac.

Je lui explique que ce hangar se situe près de la ville mais pas trop près. Et elle n’a pas vraiment à s’inquiéter des voisins, c’est principalement un secteur dédié à l’entreposage. Elle a un bon ensoleillement, pas de voisins chiants et au vu de l’espace disponible, de quoi se faire son propre jardin. Un gros jardin. C’est le genre de hangar dans lequel on aurait sans mal pu faire entrer un jet privé. Autant dire qu’elle ne manquera pas d’espace. Elle a l’électricité, l’eau courante, le chauffage, la climatisation et même l’Internet. En bonus, si elle le désire, je peux convertir une partie du toit pour du verre. Blindé. Encore plus de luminosité pour ses plantes, au fond. Et la présence d’une bonne connexion internet n’est pas anodine. Elle a un côté métallique qui peut s’intégrer, de ce que j’ai vu, aux composantes électroniques. Sait-on jamais, cela pourrait être utile…

« Bienvenue dans ton nouveau chez toi, Alma. Si tu commences de zéro, autant te donner les outils pour réussir. Si tu as besoin de quoi que ce soit, même si tu juges que c’est ridicule, je veux le savoir. Un nouveau départ doit se faire dans les meilleures conditions. Tu es à mon service désormais. En voie de devenir d’abord une de mes élues et ensuite potentiellement plus. Je ne laisse jamais rien au hasard… »

[Marishka Auschwitz]

Les yeux se ferment quand la Déesse touche le front d’Alma. Cette dernière imagine ses nouveaux vêtements. Parce que l’habit fait le moine. Cette tenue qui recouvre toute sa peau (certes, à quelques endroits près où c’est de la dentelle noire) et qui lui donne un air plus actif. Contrairement à sa tenue précédente qui était plus dans la provocation (même si le procédé n’était pas conscient). Ces nouveaux vêtements lui permettent de mieux s’immerger dans cette personnalité qu’elle crée grâce à sa Déeese : elle se sent plus Alma que Marischka. Ça fonctionne.

« Entendu, je vous suis. »

Sa main récupère un chouchou noir qui s’était matérialisé grâce à la matériakinésie de Shayne. Elle noue ses cheveux bouclés en bataille en une que de cheval derrière sa tête. Elle le fait tout en passant à travers e portail pour découvrir son nouveau chez elle.

« Merci, Shayne. J’ai besoin de voir les lieux et de réfléchir avant de dire quoi que ce soit. »

Les mains croisées dans le dos, elle commence alors à visiter son hangar. Il y a de la place. C’est perturbant. Les murs et les sorties sont si loin mais… elle n’est plus Marischka la survivante. Elle est désormais Alma, l’élue de Shayne. Elle doit apprendre à vivre.

Pour le moment, c’est très vide. Un lieu abandonné qui ne respire pas l’âme de sa nouvelle propriétaire. Il faut qu’elle fasse sienne ses lieux, ses murs, ses plafonds et tout le reste.

« J’aimerais planter beaucoup de fleurs, d’arbres fruitiers et de plantes carnivores. Ce que je recherche, c’est la diversité. Ce que je recherche aussi, c’est l’autonomie. Que ce soit pour manger ou se défendre. »

Alma confirme également la proposition de Shayne. Transformer une partie du toit en verre blindé rejoint exactement ce qu’elle désiré. Elle doit fuir les ténèbres. Etre au centre du projecteur naturel solaire est un bon entraînement. Sans compter que ses plantes se régaleront de toute cette lumière.

« J’aimerai également avoir une pièce remplie de machines. Comme des ordinateurs. Mais aussi des machines à mécanismes. Je veux pouvoir faire des tests. Explorer mon pouvoir côté acier. Je me demande si je peux élaborer un réseau de communication comme je l’ai déjà avec la nature. Je veux être la passerelle entre ces deux univers. »

Qu’est-ce qui lui fallait d’autre ? Elle s’arrête au beau milieu du hangar. Est-ce qu’elle veut réellement avoir un trône chez elle ? Est-ce que c’est de l’égo mal placé ? Ou est-ce la pleine réalisation de soi-même qui cherche à exhiber aux autres sa supériorité sur l’espèce ? Elle ne sait pas. Elle trouve que la question est mal placée et décide de se retourner vers Shayne.

« Par contre, je ne connais rien à Internet. Je sais ce que c’est. Enfin, dans les grandes lignes. Mais je n’ai jamais passé mon temps là-dessus. Alors j’aurai besoin d’avoir des cours. »

Des plantes. Des machines. Internet. Alma pouvait se projeter dans une routine d’auto-amélioration de soi. Elle réalise que si son esprit est bien nourri, son corps est en retard.

« Une salle de sports. Des machines et des outils pour que je puisse m’entraîner. J’aurai également besoin d’un professeur pour m’indiquer ce que je dois faire et comment je dois le faire. »

Ah. Et qui disait soin de l’esprit et du corps, disait également soin de l’estomac et de la bonne circulation de l’énergie.

« J’aurai également besoin de nourriture. Varié. Riche. Mais aussi d’un professeur pour savoir comment cuisiner. Et quoi manger selon mes objectifs. Tout est possible ou j’en demande trop ? »

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Avitus, que je dis à voix haute. Une ombre semble se détacher des autres et prend une forme vaguement humanoïde devant moi. Lady Shaye, dit une voix dans nos têtes respectives. « « « Tu as entendu ce qu’Alma veut? Que sa volonté soit faite. Je veux des spécialistes pour tout ce qu’elle a demandé. Pour demain, première heure. » C’est ce que j’ordonne et la créature faite d’ombre s’incline avant de disparaitre. J’aime que les choses se fassent avec efficacité et si Alma utilise les plantes et le métal, Avitus peut se déplacer n’importe où on trouve de l’ombre. Y compris celle projetée par une personne. C’est ce que j’explique à Alma, en tout cas. Et ce n’est pas anodin. Je vous rappelle qu’elle a eu l’orgueil de dire qu’elle serait une super élue. Avitus est un de mes meilleurs éléments donc nécessairement, un de mes élus. La compétition, donc.

« Si ça se trouve, je dirais que tu n’en demandes pas assez. Ce que tu demandes est simple. Trivial. Oui, pour le commun des mortels, ce n’est pas le cas. Mais c’est là une faille à corriger dans ton raisonnement. Tu n’es plus une simple mortelle. Tu es supérieure à ces êtres pathétiques. Quand tu vois quelqu’un qui n’est pas un de mes cultistes, il te faut la bonne attitude. Un mélange de pitié et de dégoût. Pourquoi?

Du dégoût car tu pourrais les écraser comme des insectes. Ton pouvoir peut être une force de création et de destruction. De la pitié car ils ne pourront jamais s’élever au-dessus de ce qu’ils sont sans aide divine. L’aide de quelqu’un comme moi. C’est pour cela que mon culte ne tue pas tout ce qui bouge par fanatisme. Car ces êtres inférieurs sont en vérité tellement limités et avec de fausses croyances que c’est à plaindre, vraiment. »

Suis-je vraiment en train de modeler son esprit pour qu’elle voit tout non cultiste comme inférieur? Oui. Et je le dis avec tellement de conviction que je n’ai pas besoin de ma télépathe pour amplifier le tout. Je verse même une larme en pensant à ces êtres pathétiques avec des idées de grandeur. Et voir sa déesse triste devrait enflammer l’esprit d’Alma, lui donner envie d’exterminer ces inférieurs qui ont fait de la peine à sa déesse. Mais, et c’est la que la télépathe va intervenir, elle sentira dans cœur la même chose que sa déesse. Pauvres mortels insignifiants qui ignorent tout de la vraie puissance… Si vous propagez un message de haine, alors les fanatiques, les vrais, vont juste tout détruire et attirer l’attention. Si au contraire vous définissez l’autre comme inférieur mais en ayant de la « compassion » pour cette infériorité et cette absence automatique de grandeur…

Également, je teste Alma. Elle a dit qu’elle est née une deuxième fois, non? Alors voyons si cela a changé quelque chose. Je prends son bras et me colle contre elle en lui disant quelque chose de trivial et encourageant et « accidentellement », elle se retrouve à toucher ma généreuse poitrine. Est-ce que maintenant, comme chez plusieurs de mes cultistes, elle a la pensée impure et secrète de désirer sa déesse autrement que spirituellement? Nous avons eu une discussion sur sa libido et ses pulsions sexuelles mais comme elle a connu une renaissance… Attention. Le but n’est pas de coucher avec elle, non. C’est une option mais pas le but. J’ai remarqué que les cultistes qui ont ce genre de pensée pour moi vont être encore plus travaillants dans l’espoir de recevoir un contact physique de leur déesse. J’ai un de mes élus qui a refusé de se laver la joue pendant longtemps après avoir reçu un baiser de sa déesse à cet endroit.

Un exemple extrême, certes, mais qui montre ô combien j’ai des outils dans mon arsenal pour manipuler et contrôler… Oh et bien sûr, indépendamment de si elle passe le test, il va falloir discuter pièces. Il n'y a ni cuisine, ni salle de bain ni chambre...

[Marishka Auschwitz]

Ses sourcils se froncent en découvrant Avitus. Alma pensait qu’elle était seule avec Shayne. Elle n’aime pas ça qu’il y ait des gens cachés dans sa maison. Pour le moment, elle ne dit rien. Elle ne veut pas couper la parole à Shayne. Elle ne veut pas manquer des informations ou parler trop vite pour le regretter. Ainsi, Avitus est une sorte de serviteur. Mais plutôt comme une secrétaire ou un espion ? Ne sachant pas dans quel camp il se trouve, Alma pourrait réitérer l’erreur de jugement sur autrui. Elle attend donc avant de parler.

*Je n’en ai pas demandé assez ? D’accord. J’ai dû oublier des choses. Il va falloir que je recommence à penser à tout depuis le début. Je vais me projeter. Imaginer que je rentre d’un voyage, ou d’une mission, et me repasser le film dans ma tête selon les besoins et désirs que j’éprouverai. *

Sauf que la projection doit cesser. Shayne lui apprend qu’elle est supérieure. Elle le savait déjà. Mais elle lui explique à quel point elle est supérieure en lui expliquant à quel point les autres sont inférieurs. Intéressant. Alma opine de la tête. Elle est d’accord avec tout ça.

*Quoi ? Elle pleure ?! Mais… *

Comment réagir à ça ? Alors qu’Alma avait mis Shayne sur un piédestal. Une Déesse capable de tout modeler et de faire exploser les gens proprement en confettis, la Déesse avait donc une partie humaine ? Empathique ? Capable d’éprouver de la compassion pour des êtres inférieurs qui n’évolueraient pourtant jamais ? Alma est perturbée. Elle reste coite.

Et ce n’est pas fini. Voilà que sa Déesse lui offre un câlin. Le geste aurait pu passer comme une manifestation de recherche de réconfort. Mais en ressentant la poitrine s’écraser contre la sienne, Alma tique. Elle ne croit pas aux coïncidences. Oui, elle a des choses à dire. Beaucoup. Mais elle attend patiemment que Shayne ait terminée sa démonstration.

« J’ai énormément de pensées à communiquer. Tout d’abord, concernant ce câlin. J’imagine que c’est un test ? Je ne suis pas attirée par vous. Erreur. Je corrige. Je suis extrêmement attirée par vous mais parce que vous représentez une puissance et une figure maternelle qui s’occupe de moi. En aucun cas, ma libido vous désire. Vous êtes belle. Mais ce n’est pas votre rôle de satisfaire ces pulsions entre mes cuisses. Ah, et cela rejoint le commentaire d’avant. Concernant le fait que je n’en ai pas demandé assez. Je désire dompter ma libido et finir d’être ignare. Donc je désire multiplier les partenaires et les expériences. Homme. Femme. A deux. A trois. Je veux explorer ma sexualité et connaître parfaitement mes désirs et mes perversions. »

Un sujet supplémentaire à ajouter dans son emploi du temps qui ne lui laisserait plus une minute à elle.

Sa tête revint en arrière pour traiter les sujets un à un.

« Concernant cette ombre Avitus, j’ai déjà des problèmes avec lui. Je croyais que ce hangar était ma maison ? Je n’aime pas qu’il y ait quelqu’un que je n’ai pas invité. Je n’aime pas que les ombres m’observent et m’espionnent. Si c’est un être inférieur qui est là pour gérer mon emploi du temps et toutes ces choses administratives : OK. Sinon, ça va devenir un problème. »

Concernant le remplissage de son hangar. Elle avait demandé des plantes. Des machines pour expérimenter son pouvoir d’acier. Un ordinateur. Une salle de sports. De la nourriture. Que lui manquait-il ?

« Ce que j’ai demandé est peut-être simple et trivial, mais j’ai besoin de repartir sur des bases solides. Je ne pense pas que je puisse me permettre d’avoir des demandes exubérantes pour le moment. Je pense que j’ai déjà fort à faire avec tout ce que j’ai demandé, non ? »

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« Oh définitivement. C’était un test. Comme tu as connu une… Seconde naissance… Que tu te forges donc de la manière dont tu aurais dû être forgée, je me suis dis que certaines choses ont dû changer également. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse et tu m’en as dit bien plus que nécessaire. Si tu veux explorer ta sexualité, sans moi, comme tu l’as indiqué, aucun problème. J’ai des… Personnes ressources…

Pour te procurer ce que tu pourrais vouloir comme partenaire. Non. Ce n’est pas de l’esclavage sexuel. Pour des raisons personnelles, l’esclavage sexuel est un des pires crimes qui puisse être commis à mes yeux. Cependant, il s’avère que plusieurs hommes et femmes avec de beaux corps et un appétit sexuel fort sain décident de pratiquer volontairement le plus vieux métier du monde. La prostitution, si jamais c’est trop abstrait pour toi.

Et évidemment, ils bénéficient de ma faveur donc pas de risques de maladie. Tu auras ce que tu désires parce que ce sera un plus dans ton développement. Pour ce qui est d’Avitus, il est à mon service et il ne t’espionnait pas. Il est venu parce que je l’ai appelé. C’est ton chez toi ici. La seule personne qui peut aller et venir à sa guise en dehors de toi, c’est moi. Je suis la déesse, après tout. Et je vais tâcher de ne pas abuser, par contre. »

Je lui souris avec amusement. Non, ce n’est pas de la provocation. Et oui, sa déesse a une partie humaine, cela ne devrait pas la surprendre. Pourquoi prendrais-je du temps avec elle si je n’avais pas cette partie en moi? Car bien qu’elle soit techniquement une future élue, elle reste inférieure à ma personne. Donc… Si je n’avais pas cette… Fibre… Je la traiterais comme un simple outil. Et dans ce scénario, nous serions loin, très loin du résultat actuel. En fait, probablement que ce serait encore Marishka et que la situation serait beaucoup plus hostile que cette conversation plutôt cordiale se basant sur les besoins d’Alma. Et je suis impressionnée, je ne le cacherai pas. Enfin. Façon de parler. Nombreux sont ceux qui ont l’arrogance de se dire qu’ils pourraient avoir leur déesse dans leur lit si leur dévotion est suffisante. Le divin, se mêler au mortel ainsi? La bonne blague.

Mais Alma sait quelle ligne franchir ou ne pas franchir. Et quand je caresse sa joue, avec une infinie douceur, elle peut sentir tout le côté chaud et « humain » de sa déesse. Je me demande quel effet cela va lui faire. J’ai vu toutes sortes de réactions de la part de mes élus. Certains se sont mis à pleurer de joie. D’autres ont eu un orgasme spontané. D’autres se sont effondrés car leurs jambes ont décidé de prendre des vacances. Certains ont juste un air de grande béatitude sur le visage… Mais tous ont une réaction positive et secrètement cherchent à avoir la faveur de leur déesse pour ravoir ce contact, pour profiter de cette expérience qui ne se décrit pas, en fait. Elle se vit. C’est un geste si simple mais qui veut dire tant de choses… Et pour quelqu’un comme Alma qui n’a jamais vraiment eu l’amour de ses parents ou de contacts positifs… Un tel geste pourrait être… Intoxicant…

Comment un corps privé de toute forme d’affection va réagir face à quelque chose de si… Concentré?

« Alma, ce qui est exubérant ou non, c’est à moi de le déterminer. Si je t’ai demandé de me dire ce que tu voudrais avoir, c’est que je veux te donner un nouveau départ dans les meilleures conditions. Ta moto est dans le garage, au fait, que tu peux rejoindre par cette porte, là-bas. Tu ne pensais quand même pas que j’avais oublié notre discussion? Si tu n’aimes pas le modèle, dis le moi et je te trouverai autre chose. »

[Marishka Auschwitz]

Cette caresse sur sa joue. Ce doit être parce qu’elle n’a pas dit oui à tout ce qu’elle lui propose. Elle n’est pas tombée dans le piège. Elle a exprimé ce qu’elle ressentait en prenant le risque de courroucer sa Déesse. Et les résultats sont positifs. Elle en retire donc cette caresse chaleureuse. Ce geste d’affection qui a tant manqué dans sa précédente vie. Le problème ? Elle sent déjà qu’elle en devient dépendante… Une junkie en devenir, demandant déjà une autre dose d’affection.

Mais Alma se reprend. Elle saute sur ce nouveau sujet pour se distraire l’esprit et ne pas sur-réfléchir à ce problème d’addiction d’affection.

« Je ne prendrais pas le risque de mettre en doute votre mémoire. Ce serait plutôt à moi de travailler sur la mienne. J’avoue qu’il se passe tant et tant de choses que j’en perds un peu le fil. Peut-être que c’est un nouveau domaine dans lequel je dois me renforcer. La mémoire et les capacités de réflexion de mon cerveau. Oui, peut-être. Mais là, j’ai surtout très envie d’aller voir ma nouvelle moto. »

Les talons de ces nouvelles boots type militaire claquent sur le sol et résonnent dans son hangar pour le moment vide. Elle est pressée de voir son nouveau jouet mais se sait suffisamment adulte pour ne pas courir comme une enfant.

« Elle a de belles lignes. J’aime la couleur. Et elle parait puissante. A priori, elle me convient. Pas besoin de chercher un autre modèle. »

Alma récupère le casque dont les lignes et la couleur répondent au style de la moto. Non, de SA moto.

« Je peux aller l’essayer ? »

La question n’était pas assez précise. Surtout du côté des ramifications associées. Alma n’était plus seule à gérer sa vie. Tout ce qui se passait dans sa tête, les autres n’étaient pas au courant (enfin… il y a bien la télépathe de Shayne, oui. Mais Alma n’est pas encore au courant de cette information)

« Ce que je veux dire c’est : est-ce que vous serez là à mon retour ? Parce que je vais peut-être rouler toute la nuit ? Je n’en sais rien. Et si j’ai bien compris, si ce Avitus est vraiment compétent, mon emploi du temps sera bien chargé demain avec les différents cours que je vais devoir suivre et assimilé. Comment se déroulera alors nos… interactions ? »

Inconsciemment, sa main glissa sur sa joue. Cette joue que Shayne a caressé quelques instants auparavant.

« Est-ce que vous passerez régulièrement ? J’imagine que non. »

On sent une faible pointe de tristesse que la nouvelle Alma dissimule derrière une discipline qu’elle veut forte et efficace.

« Vous devez avoir beaucoup à faire. Beaucoup à gérer. »

La clé réveille le moteur qui barbote gentiment. Rien que ce bruit indique une puissance pour le moment endormi. Alma ne peut pas résister : elle tourne la poignée et fait sortir les gaz. Le moteur s’exprime bruyamment ! Comme une bête sauvage qui ne demande qu’à être lâcher et accélérer. Encore et encore. Toujours plus vite ! Un sourire s’épanouit sur le visage d’Alma. Elle a hâte de chevaucher la bête, ressentir les vibrations, faire un avec la machine.

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« Avitus est extrêmement compétent, oui. Dès demain, ton emploi du temps sera des plus chargés et les livreurs devraient passer en matinée avec le matériel. Pour ce qui est du toit, pour plus de luminosité, je m’en occuperai pendant ta balade en moto. C’est on ne peut plus trivial pour moi. Et à moins d’une urgence, je pourrai être là, oui. C’est l’avantage d’être une déesse avec un culte bien organisé, après tout.

Quant à passer te voir, c’est plus quand tu auras du temps libre. Après tout, si tu veux devenir ma super élue, il faudra bien que je vienne évaluer tes progrès. Sur ce point je ne suis pas inquiète : nous allons nous revoir. Pas forcément tous les jours mais je me dis… Au moins une fois par semaine, le temps de s’assurer que tu progresses bien. J’ai tendance à vouloir récompenser de mon temps ceux qui en valent la peine, après tout… »

Le message est plutôt clair : si elle performe bien, si elle progresse bien, je prendrai plus de temps pour venir la voir. Si elle échoue à atteindre mes attentes, elle aura moins de mon attention. C’est un système plus ou moins méritocrate que j’ai instauré pour empêcher mes élus de se reposer sur leurs lauriers. Si votre place n’est pas quelque chose de garanti… Vous avez tendance à continuer de faire des efforts. Des élus qui ont connu la chute, il y en a eu plus qu’un et c’est quelque chose qui est de notoriété publique, un avertissement pour les autres. Après tout, si personne n’apprend de ses erreurs… Je vois difficilement comment vous allez réussir à accomplir quoi que ce soit. Et si en plus cela permet de mettre les uns en compétition avec les autres, j’ai encore moins de problème. Cela veut dire que ceux qui se croient forts doivent le prouver, pas juste le penser.

Également, cela indique clairement que j’ai des attentes et que je m’attends à ce qu’elles soient comblées. Trop souvent, les gens ont tendance à penser que s’ils ont la foi et qu’ils prient, leur divinité va leur venir en aide. La foi est une chose mais je vais vous dire un petit secret : dans mon cas, elle n’a aucune valeur. Zéro. Niet. Nada. Ce qui va faire que je vais venir vous voir, c’est votre potentiel. Si vous en avez, vous aurez mon attention. Si vous n’en avez pas ou plus, vous êtes de la chair à canon et rien de plus. Donc, si Alma veut avoir plus de temps avec sa déesse, si elle ne sait pas instinctivement quoi faire, elle est assez intelligente pour le deviner par elle-même. Peut-être que la balade en moto va lui faire du bien, après tout, la laisser seule avec ses pensées et lui permettre de mieux définir son approche par rapport aux choses. Elle est au bas de la chaine alimentaire en ce moment.

Et la compétition ne lui fera pas de cadeau. Souvent, les élus s’espionnent entre eux, tentent de s’intimider les uns les autres. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’Alma se retrouve défiée par une présence indésirable dans son propre domaine. C’est un peu l’initiation classique, j’ai envie de dire. Il y a toujours un petit malin qui sent le besoin maladif d’aller dire à l’autre que c’est lui qui a la plus grosse. L’intimidation fonctionne si et seulement si votre cible y est vulnérable. Et après avoir vu de quoi je suis capable, je doute qu’il existe bien des choses capables d’inquiéter Alma. Mais c’est ça vivre en société, faire partie de la chaine alimentaire. Quand vous êtes seul, il n’y a pas vraiment d’ordre. Mais maintenant qu’elle a un but dans la vie et une déesse derrière elle? La donne change. Et c’est à elle de s’assurer d’avoir les bonnes cartes en main pour gagner…

[Marishka Auschwitz]

*Une fois par semaine ?! Mais… *

Ce n’est clairement pas assez pour Alma. Elle se contrôle. Elle maintient une attitude attentive et sérieuse. Mais elle aurait bien envie de crier et de se plaindre. Hors de question ! Ce serait une preuve de faiblesse. Ce serait rétrogradé à ce qu’elle était avant. Ses yeux glissent sur la moto noire. Voilà la solution. Voilà la façon dont elle va exorciser ce qui la remue à l’intérieur. Car Alma le sait, d’après l’expérience de Marischka, intérioriser n’est pas la solution.

« Très bien. Vous verrez que vous ne viendrez pas pour rien. Je suis destinée à atteindre ce rang de super élue. Il ne fait aucun doute que je battrais de vitesse tous ces autres soi-disant élus. »

Du mépris dans sa bouche. Les autres ne sont rien si ce n’est que des obstacles. Mieux, des indicateurs de progrès. Plus vite elle rattrapera son niveau, plus vite elle pourra les abandonner dans son sillage de progrès. Et s’ils ne sont pas contents, qu’ils viennent donc se plaindre ! Elle se fera un plaisir de jouer les entremetteuses avec ses plantes. Quel excellent terreau ils feront !

Alma sourit à cette pensée. Et elle ne tente pas d’expliquer à Shayne ce qui vient de passer dans sa tête. Après tout, ça pourrait être le signe de la satisfaction de battre tous les élus. L’émotion aux dents blanches d’une absolue confiance en ses capacités latentes.

Elle lève donc la jambe et se retrouve les fesses contre le siège de la moto noire. Elle enfile le casque et fait à nouveau vrombir la mécanique. Quelle délicieuse sensation entre ces jambes. De la puissance, de la vitesse : la promesse d’un excellent side-kick.

« Je vais donc aller tester cette beauté et repérer les lieux aux alentours. J’ai besoin de savoir où je me trouve au cas où ils se passeraient des choses. Mais ce n’est pas qu’une mesure défensive. J’ai d’autres idées en tête. Changer la nature et la faire fructifier. Découvrir les entreprises proches et ce qu’elles fabriquent. Apprendre ce monde. Ce qui le rapproche de celui de Marischka et ce qui l’en différencie. Je veux tout savoir. Plus j’en saurais, plus je visualiserais comment transformer tout ça. Green Peace n’était qu’un test. Une première expérience. »

La poignée libére de nouveaux grondements de la moto. Alma remercie une nouvelle fois Shayne pour tous ces présents, son temps et sa confiance. Sa main fait glisser la visière et elle part en trombe en laissant des marques de pneus sur le sol de son hangar.

Alma fonce à toute vitesse. Les limitations de vitesse ? Elle s’en fiche ! Elle continue d’accélérer. Elle veut connaître les limites de sa moto. Tout comme elle est excitée de savoir ses propres limitations. Jamais elle n’a eu les ressources pour repousser ses limites. Oui, elle l’a fait avec Green Peace… mais elle avait eu un seul bon repas. Qu’en sera-t-il dans quelques temps avec un apport régulier en énergie ? Sans la peur de devoir dormir d’un seul œil ? Alma est très excitée par tout ça !

Alors elle fonce à toute vitesse. Elle prend de plus en plus de risques en ralentissant de moins en moins avec les virages. Puis, elle réalise qu’elle entre en ville. Elle slalome entre les voitures. Elle remarque la masse grouillante de moutons enchaînés à une routine métro/boulot/dodo. Et ça l’énerve. Ce comportement l’insupporte ! Ils ne valent rien. Tss !

Qui sont les autres élus d’ailleurs ? Elle connaît Avitus et son détestable pouvoir de se dissimuler dans les ombres. Mais les autres ? Et si elle leur rendait des visites ? Si elle prenait les devant et se mesurait à eux ? Non, pas se mesurer : les vaincre ! Mais comment les trouver ? En demandant à Shayne ? Non, ça ne semble pas une bonne option. La moto ralentir. Un kiosque à journaux sur le trottoir. Faire ses propres recherches ? Non, une dépense d’énergie chiante. Quelqu’un doit le faire pour elle. Ou plusieurs personnes ? Un réseau d’informateurs ? Mais comment monter ça ?

Alma coupe le moteur. Garé le long du trottoir, elle fixe le vendeur de journaux sans rien dire. Elle observe sans agir. Parce que : comment faire ?...

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Elle n’aime pas l’idée d’une visite par semaine, m’informe ma télépathe. Elle en veut davantage. Oh? Intéressant. Elle est si possessive… C’est flatteur, en un sens. Mais présomptueux de sa part. Si elle veut que je vienne plus souvent, elle doit le mériter, c’est tout. Et c’est vrai que je suis une déesse et que je peux être très occupée. Je peux lui réserver du temps, oui, mais lui réserver plus de temps demande plus que juste « c’est ce qu’Alma désire ». Et j’ajoute que c’est bien plus que ce que ses parents lui ont jamais donné. Gourmandise, quand tu nous tiens, j’ai envie de dire. Mais bon. L’essentiel c’est que pour le moment, tout se passe plus ou moins comme je l’avais initialement anticipé. Je suis en train de modeler une personne de talent à ma guise, à ma volonté. Et je crée cette dépendance entre elle et moi. Elle ne me désire pas sexuellement, non…

Mais elle me désire. Elle veut ma présence, mes mots réconfortants, ces caresses chastes qui expriment de la fierté et de la chaleur humaine. Un amour presque… Maternel… Alma en a besoin car elle en a été privée toute sa vie. Et elle sait autant que je sais qu’elle en est dépendante. Ou si elle ne le sait pas, elle doit au moins s’en douter. Et qui plus est, certaines addictions sont moins problématiques que d’autres. Est-ce vraiment si mal de désirer l’approbation d’une figure qui vous est infiniment supérieur? Depuis l’aube de l’humanité, cette espèce a toujours cherché à attirer l’attention du divin. Elle a toujours eu cette notion d’élus, de gens capables d’avoir un lien bien plus proche avec ces êtres dont la volonté implacable peut causer des cataclysmes. Et Alma reste humaine, à la base. Métahumaine, diront certains mais fondamentalement, on part de la même base. Un être humain.

Naturellement, je garderai un œil plus attentif sur ma plus récente acquisition de talent. Et si je le juge nécessaire, je lui ferai une visite surprise ou deux. Elle veut devenir une super élue. Mignon. Comme si j’allais lui révéler toutes les cartes dans mon jeu. La télépathe, par exemple. Jamais elle n’en connaitra l’existence car il s’agit d’un as d’atout. Personne n’en connait l’existence à part moi et potentiellement… Mais ce n’est pas important. Alma n’a pas à savoir car j’en ai ainsi décidé. Elle pourra se mesurer aux élus que je juge soit proche de tomber en défaveur ou pouvant lui offrir un défi digne de ce nom. Avitus, par exemple, n’est pas du tout un combattant. Techniquement je pourrais l’envoyer pour assassiner quelqu’un… Mais fondamentalement, ce n’est pas ce dans quoi il excelle. C’est un espion, un planificateur, un stratège, un administrateur. Donc pas touche, Alma.

Bref. Pour ma part, je fais ce que j’ai dit que je ferais : je modifie une partie du toit pour du verre blindé afin de lui donner plus de luminosité. Et je peux suivre à la trace Alma car franchement, vous pensez vraiment que je vais lui offrir une moto si dispendieuse sans activer le positionnement GPS? Une acquisition des plus intéressantes dans ma collection de gens de talent. Elle a le potentiel de faire de grandes choses. Et si Marishka ose repointer le bout de son nez et de gâcher ce que je suis en train de faire? Oh mais c’est très simple. Je vais l’exorciser comme on le ferait avec un mauvais esprit. Alma m’appartient et je compte en faire ce que je veux. Pour le moment, je la laisse profiter de sa moto, de son temps. Mais dès demain, par contre, elle va suer sang et eau. J’exagère un peu mais bon. Pour le moment, j’attends son retour, comme promis. Une nouvelle pièce sur l’échiquier.

Mais Alma sera-t-elle la reine… Ou le fou? Seul le temps me le dira…