Prenant peu à peu la confiance, Alma lâche de plus en plus prise à force d’essayer des vêtements. Au début, elle choisir toujours les vêtements les plus amples. Puis les pantalons flottants laissent place aux matières moulantes. Il faut dire que les quelques commentaires que fait Liliane sur son corps font mouche. Dans un miroir, Alma avait l’habitude de voir les manques et les dégâts causés par toutes les années de survie. Dans ce miroir-ci, avec Liliane, elle découvre que son corps est affûté. Sans être masculine, les lignes des muscles sont dessinées et agréables à l’œil. Donc Alma tend vers des vêtements colorés et moulants.
« Je… Hum, je crois que je vais essayer cette robe. »
Jusqu’à maintenant, Alma a refusé d’essayer quoi que ce soit d’autres que des pantalons plus ou moins longs, plus ou moins larges, plus ou moins déchirés, plus ou moins… Bref. Des pantalons. Là, elle a pris la confiance et ses yeux s’attardent sur ce modèle qui sera plutôt moulant au niveau du torse pour s’ouvrir ensuite comme une fleur au soleil. D’ailleurs, il y a des motifs de fleurs sur cette robe.
*C’est bizarre. J’ai l’impression de… *
« C’est bizarre. J’ai l’impression d’être… vulnérable. Presque… nue. »
Oui, Alma a tu ses pensées pour finalement les exprimer à voix haute. Elle n’est pas toute seule. Et son amie est de bons conseils depuis le début.
Devant le miroir, elle pivote ses hanches sur la droite, sur la gauche, encore sur la droite.
« Ce n’est pas si désagréable. C’est plutôt… libérateur. Comme si je n’avais pas une tâche à accomplir. Comme si ça me disait de prendre mon temps. De prendre du bon temps, tu comprends ? »
Prise d’une pulsion, elle se met alors à faire un tour sur elle-même. Les bords de sa robe enflent et voltige. Après son tour, c’est un éclat de rire libérateur qui s’échappe des lèvres surprises d’Alma. Ses mains plaquent la robe au niveau de son entrejambe telle une Marilyn Monroe.
« Oui, je l’aime bien. Je vais la prendre. »
Se déshabiller, se retrouver en sous-vêtements (noirs et basiques, voire carrément brassière de sport) devant Liliane est maintenant naturel. Plus aucune gêne. Plus aucune honte. Plus aucune question ne vient toquer à la porte de son cerveau.
« Je ne suis pas très chaude à l’idée de me faire peinturlurer les ongles ou le visage… »
Mais ?... Parce qu’il y a une suite, Alma. Ton intonation à la fin de la phrase, et cette phrase qui s’allonge annonçant une suite qui met du temps à arriver.
« J’ai… déjà vu des vidéos dans lesquels des femmes se retrouvaient sur une planche de bois. Elles avaient la tête dans un trou. Les yeux fermés. Et… elles se faisaient masser. Je… crois que j’aimerai bien essayer ça. »
Elle se force parce qu’elle pense déjà aux problèmes qui vont advenir. Problème numéro un : dans ses vidéos, les femmes se retrouvent en serviette blanche puis nue pour se faire masser. Elle pourrait accepter de le faire si elle était seule avec Liliane. Mais avec ces inconnus qu’elle n’a même pas encore rencontrée ?... Deuxième problème : ses lianes avec qui elle vit en symbiose. Elles peuvent être petites, la grande partie dissimulée dans son corps. Mais il n’empêche qu’une partie serait tout de même visible. Et elle ne veut pas se faire traiter de monstre. Ou sentir le poids de regard. Ou, ou, ou…