*Qu’est-ce que je veux à la fin ? Quelqu’un qui me rabaisse sans ménagements pour exploiter l’entièreté de ce que je suis ? Ou quelqu’un qui se satisfait de mes progrès pas après pas ? Dans les deux cas, j’évolue, on est d’accord ? *
Elle finit par soupirer. Cette nouvelle femme dans sa vie va soulever un nombre probablement important de questions et de faits qu’elle croyait acquis. Ses yeux se ferment. Elle a pris suffisamment de cours de yoga, méditation et dérivés pour avoir retenu deux-trois techniques d’apaisement et de self-control.
Donc Alma n’ajoute rien. Elle n’a rien à ajouter en éléments constructifs. Alors elle laisse Gianna finir son repas tandis qu’elle réfléchit à ce qu’elle aurait pu dire. Mais elle a beau retourner le problème dans plusieurs sens : elle ne parvient pas à une solution. Elle n’est pas douée avec les mots : elle le sait. Pour autant, elle ne s’avoue pas vaincue. Quand on ne voit pas une solution, il faut alors prendre le problème à contre-sens. Si elle ne suffit pas, il faut faire appel à quelqu’un d’extérieur. Passer un appel à Shayne pour qu’elle mette son réseau en mouvement et acquérir des informations secrètes et potentiellement grandement destructrices ? Oui, ça pourrait fonctionner.
*Par contre, qu’est-ce qu’elle dirait concernant Gianna ? *
Ah, De Winter reprend la parole. Alma écoute attentivement.
« Je ne devrais pas le faire. C’est stupide de donner les avantages et les inconvénients de ses pouvoirs. C’est une sorte de suicide. Et pourtant, pourtant quelque chose en toi me dit que je peux le faire. Je ne sais pas ce que c’est. Tu pourrais très bien me trahir un jour prochain. Pour de l’argent. Pour des informations. Ou je ne sais quoi d’autre qui alimente ta vie. Allez ! Tentons l’expérience. »
*Si je dois appeler Shayne plus tard, c’est sûr que je passerais sous silence cette partie de la conversation. Pas envie de me faire engueuler ou de me faire menacer de confettis. *
« Je maîtrise le Vert et le Gris. En d’autres termes, j’ai un contrôle sur les plantes et le métal. J’ai gagné à la loterie génétique de récupérer chacun des pouvoirs de mes deux parents. J’appelle ça le Vert parce qu’il parait que c’est le nom qu’on donne à l’esprit de ruche de ce que certains appellent Nature ou encore Gaïa. Par extension, et même si je ne communique pas de cette façon avec le métal, j’ai surnommé mon autre pouvoir le Gris. »
Parce qu’Alma est franche et directe, qu’elle ne maîtrise pas les mots, elle préfère se taire et passer à une petite démonstration. Elle vérifie que personne ne les observe, passe son bras sous la table puis déploie ses pouvoirs. Un tentacule vert qui vient glisser sur la jambe de Gianna pour attirer son attention. Puis qui se place dans l’angle mort. Enfin, qui se recouvre à l’extrémité d’un méta liquide qui durcit alors pour devenir une lame acérée.