The Multiversity

« Hey ! Attends un instant. J’ai un truc à demander au patron. »

Ca allait surement énerver Rextra, mais la curiosité de Benjamin était touché. Les capacités de Brimstone étaient stupéfiantes.

« Imaginons que vous… consommiez un gars qui n’est pas un simple gars. Mais un gars contenant plusieurs ADN en lui. Ca vous ferait quoi ? Vous seriez plus puissants ? Ca agirait comme un virus ? »

Imaginer le Cavalier de la Famine dévorer son bras avec l’Omnitrix attaché dessus était… effrayant. Aux yeux de monsieur-tout-le-monde, Benjamin clamait que son artefact contenait au total dix ADN d’aliens. Que c’était la limite de son équipement. La réalité était tout autre. Il fallait au moins imaginer un nombre à trois chiffres pour imaginer le nombre d’ADN copiés et donc, le nombre de transformations possibles à l’actif de Benjamin.

*Est-ce qu’il veut qu’on récupère le cadavre pour lui ? Pour qu’il le dévore comme la tête ? Peut-être que ça lui permet d’accéder à d’autres capacités quand il a la totalité de la personne ? *

Connaître ses ennemis est une notion importante et très répandu. On prête souvent moins attention à ces alliés. On se dit qu’on peut leur faire confiance. La camaraderie a une espèce d’effet tranquilisant. Alors que c’est généralement les « amis » qui enfoncent une dague de traîtrise dans votre dos.

Oui, bon, Benjamin ne croit pas que Brimstone lui fera le coup du traître. Rextra non plus. Si elle a envie de le combattre, elle le fera telle une barbare qui rue en gueulant. Ou quelque chose dans le genre. Et puis… Benjamin manque déjà de vigilance avec cette femme. Cette « sorcière » a déjà commencé à lui jeter un sort.

Peut-être que Brimstone et Benjamin avaient plus de points en commun qu’il n’y paraissait. Le Fusion partit après avoir répondu à la question de Benjamin. Regarder ce dos énorme disparaître petit à petit donnait maintenant une sensation de tristesse. Mais il n’y avait pas le temps pour davantage d’observation et de questionnement : Rextra rappelait qu’ils avaient une mission à accomplir !

« Pourquoi le cadavre aurait disparu ? »

Les mines de forage étaient entourées par des centaines de kilomètres de désert. Rien à la ronde, c’était pourtant ce qu’on lui avait dit, non ? Fronçant les sourcils, marchant dans les pas de Rextra, Benjamin observait à la recherche d’un signe dans ce paysage surchauffé.

« Tu veux dire qu’il pourrait y avoir des vers de sable géant ? Je ne sais pas si ça existe ici. Mais ça fait partie de l’imaginaire collectif là d’où je viens. Parce que, si ce ne sont pas des créatures dangereuses, il n’y a plus que deux solutions. Soit le désert a des sortes de mécanismes de défense. Genre sable mouvants qui va aspirer le cadavre. Soit c’est une sorte de bande rival ? Des humains, mutants ou simili-robots qui errent dans le désert ? »

Peu importait la nature du danger, Benjamin réalisait qu’il était déjà prêt à se battre. Autant au côté de Rextra que pour Brimstone. Tout devenait confus dans la tête de Benjamin. A moins que ce soit les chaleurs plus fortes sur ce monde que sur Terre. Est-ce que ça l’affaiblissait mentalement ? Il se posait vraiment la question. Parce que, d’habitude, ses craintes et ses suspicions ne fondaient pas aussi vite.

Comment est-ce qu’il pouvait être déçu de rencontre des espèces d’alternatives à des chiens et des vautours ? Au lieu de géants vers de sable ? Benjamin s’en voulait parfois d’avoir des restes d’héroïsme. Parce que, combien de fois avait-il échappé au souffle froid de la Mort ? Il n’y avait pas échappé parce qu’il était bon. Non, il y avait échappé par chance. Par un fortuit hasard. Par l’intervention d’un proche. Par la mort de son entourage…

*Alors fuck les vers de sable géants ! *

« Bon, on ne va pas faire dans la dentelle. »

Les doigts de sa main droite tournèrent le cadran de sa montre à son poignet gauche. Une fois le bon alien affiché à l’écran, il pressa de la paume de sa main. La transformation débutait. C’était toujours une petite torture pendant la première seconde. Son corps être tiré dans tous les sens. Sentir ses os craquer. Ses muscles claquer.

Benjamin gagna en taille. Sa peau se recouvrit de cristaux de glace.

« Retour d’Incassable ! »
Ça avait été plus fort que lui. Il avait dû gueuler le nom de l’alien qu’il avait choisi. Sitôt gueulé, il passa à l’action. Son bras pointa vers les Rachnards et des pics de glace les transpercèrent de part en part. Les Busards pourraient revenir. Seulement, ce ne serait plus le cadavre du sniper mais ceux des espèces de chiens.

Incassable se rapprocha du cadavre et le souleva comme s’il ne pesait rien. Sous cette forme, il bénéficiait d’une plus grande force physique. Les cristaux qui composaient son corps absorbèrent le corps du cadavre. Il n’avait même plus besoin de le supporter. Le cadavre était devenu comme une extension de son corps. Ou comme un sac à dos.

« On peut y aller. Dans cet état, les effets de la décomposition seront fortement ralentis. Ah, et pendant que j’y pense, tu es bien plus fréquentable que le portrait qu’on m’avait fait de toi. »

Benjamin était prêt à lancer une pique quand… Rextra le… défendit ? Il ne s’attendait pas du tout à ça de sa part. Il la trouvait déjà sympathique par rapport à ce qu’il avait entendu lors du barbecue. Mais de là à passer carrément à potentiel amant ?

« Euh… »

Non, décidément, ce n’était pas avec cette monosyllabe qu’il allait se mettre à couvert de l’ire des femelles. Pourtant, il y avait de quoi se sentir serré dans le pantalon avec cette sorte de vision de harem. Mais non, Benjamin ne pensait pas à ça. De toute façon, à l’instant actuel, il n’était pas Benjamin mais Incassable. L’alien à l’allure de cristaux de glace.

« Bon, on va se calmer. Si j’avais su qu’il y avait des femmes par ici, je n’aurai pas cherché à venir accompagné. Après tout, quel est la logique là-dedans ? Je veux dire, si j’ai déjà trouvé une amante, pourquoi en vouloir cinq de plus ? »

Réalisant que la plupart d’entre elles étaient quasiment nues, il décida de jouer la carte du gentleman. Il se retourna pour que le groupe de copines de Rextra ne puisse voir que son dos. Un dos musclé à la façon alien glacé. Mais des « muscles » bien dessinées. Quoique bizarrement aux arêtes trop carrés. Ce corps manquait de rondeurs, au contraire de la Dohanoïde Minotaure.

« Bref, si je gêne, je peux repartir. De toute façon, Brimstone m’attend. J’ai une mission à achever pour lui. »

C’était un sacré retournement de situation. Incassable ne savait plus où donner de la tête. Alors, obéir à l’ordre de Rextra était une échappatoire qui lui convenait à merveille !

« Au plaisir de se revoir, les filles. Je veux dire, dans de meilleures conditions, hein ! »

Incassable récupéra le cadavre sans tête et le jeta sur son épaule. Aux aguets, son bras droit avait perdu sa forme humanoïde pour se transformer en une espèce de gros pic de cristal. Ainsi, il pouvait selon la situation, soit projeter des éclats pour attaquer à distance, soit se battre au corps à corps. Fort heureusement, aucun nouvel ennemi se fit sur son passage.

*Mais qu’est-ce qu’elle veut cette fille, à la fin ?! *

Son cerveau, son cœur et son sexe émettaient tous les trois un discours différent. Ce sont les mots de Brimstone qui le tirèrent véritablement de ses réflexions. Bien que… il était toujours question de Rextra. Il déposa le cadavre là où on lui avait demandé puis se rapprocha du Fusion pour lui répondre. Il était toujours sous sa forme d’Incassable. Il n’était pas redevenu Benjamin l’humain.

« En récupérant le corps, on est tombés sur ses copines. Je n’avais aucune idée qu’il y avait une zone spéciale fille. Bref, on a échappé de peu à un gros quiproquo. Surtout que l’une d’elle était furax et ressemblait à un Minotaure. Ah, je ne sais pas si c’est un terme connu ici. Sous une forme Dohanoïde avec beaucoup de muscles et de grosses cornes. Sinon, Rextra a préféré aller se laver avant de… je n’en sais rien, en fait. Je n’ai aucune idée si elle va revenir ou non. »

« C’est vrai, on ne va pas se mentir, j’ai d’énormes difficultés à donner ma confiance. Donc impossible pour moi de vous donner la clé USB juste comme ça en croyant à vos beaux yeux et votre discours bien ficelé. »

Incassable perdit sa forme de géant des glaces pour faire revenir le corps bien humain de Benjamin. Mais ça ne dura pas longtemps. La main droite tourna le cadran de l’Omnitrix et très vite la paume de la main frappa l’artefact pour provoquer une nouvelle transformation alien.

Si le Fusion mesure plus de trois mètres, le nouvel alien de Benjamin est six à sept fois plus petits. Avec ses quinze ridicules centimètres et son apparence de fils illégitime entre une grenouille et un nain, le Têtard Gris n’est pas à sous-estimer. Quelques bonds agiles lui permettent de sauter sur une table puis sur une étagère pour que ses grands yeux jaunes se retrouvent plus ou moins en face de ceux de Brimstone.
« Sous cette forme, mon cerveau est inversement proportionnel à ma taille. Bref, voici la clé USB. Et je reste en observateur pour lire les données avec vous. Il faudrait vraiment que vous soyez un génie pour me cacher quelque chose d’informatique. Alors, allez-y. »

Si Benjamin est effronté, le Têtard Gris est beaucoup plus réfléchi. Enchaîner les transformations en si peu de temps n’est pas gratuit. Ça puise dans les ressources de l’être humain mais aussi de l’artefact. Comme le Têtard Gris est intelligent et serait capable de jouer au poker sans qu’on devine sa main, Brimstone ne s’apercevra de rien…. pour le moment. Car le bonhomme semble vraiment être un adversaire redoutable tant sur le plan intellectuel que physique.

Benjamin ne connaissait pas cette Mélinda Warren. Mais au vu du changement de ton chez Brimstone, il se douta que l’affaire était sérieuse. Sans ça, le cerveau du Têtard Gris faisait des connexions entre les noms, les chiffres, les coordonnées et tout un paquet de chiffres et de lettres qui auraient donné des migraines en rafale à l’être humain.

« Je pourrais vous donner deux explications pour cette unique question. Il y a tout le raisonnement scientifique que le cerveau de cet alien est capable de fournir. En faisant un travail de réflexion sur les souvenirs, en les croisant avec les noms des planètes, et tant d’autres données : je pourrais dessiner une carte précise de tous nos voyages.

Mais Benjamin aurait une toute autre réponse. Bien que Benjamin se soit aussi moi, le Têtard Gris. C’est… parfois, cette situation est compliquée. Donc, Benjamin dirait qu’il n’en a rien à faire. Il a depuis longtemps perdu son foyer et sa famille. Ça lui importe peu là où le temps le conduit. »

Le Têtard Gris décréta que la transformation devait stopper. L’organisme de l’être humain devait se ressourcer. Tout comme l’artefact qu’est l’Omnitrix à son poignet. Et donc ce fut l’être humain qui réapparut devant le Fusion.

« Et donc, vous voulez entrer en contact avec cette Mélinda Warren ? Elle a quand l’air même spéciale votre femme. Elle apparait sur la liste de la clé USB, fait travailler des prostituées et se trouve pourtant du côté des « gentils ». Oui, vous avez dû entendre les guillemets dans ma phrase. C’est parce que j’ai depuis longtemps arrêté de croire qu’il y a des gentils d’un côté et des méchants d’un autre. »

Les bras croisés, Benjamin se retourna en direction de la chambre froide. Après tout, le cadavre était lié aux données. Et, jusqu’à présent, il ne connaissait pas encore le plan de Brimstone. Il n’allait pas se plaindre de devoir suivre. Il ne voulait pas de responsabilités. Du moment qu’il conservait une certaine liberté, il n’allait pas se rebeller ou gueuler pour un rien.

La différence entre un monstre et un prédateur ? Benjamin ne connaît pas cette plaisanterie. Ce qu’il sait, par contre, c’est qu’il doit préciser quelque chose à Brimstone.

« Ce ne sont pas mes amis. Ca ne l’a jamais été. S’ils doivent mourir dans un malencontreux accident, je n’en ai rien à faire. Bref, ceci étant rectifié, je vais réfléchir à cette devinette pendant que vous travaillez. »

Benjamin s’éloigna un peu du Fusion et trouva une chaise disponible. S’en fichant, il n’hésita pas à allonger ses jambes en posant les semelles de ses chaussures sur la table. S’il respectait Brimstone, ça ne signifiait pas non plus qu’il était asservi et soumis parce qu’il était son employeur.

Rextra revint. Benjamin fut obligé de la suivre du regard. Il ne savait plus quoi penser de cette fille. Mais il préféra ne rien dire en attendant la fin du travail sur les données. Mouais, il aurait préféré avoir plus de temps. Tendant la main pour récupérer l’original, Benjamin était revenu à une position debout pour la recevoir.

« Je ne manque jamais de courage ! »

Même s’il avait renié son ancien statut de héros, Benjamin avait conservé sa fierté. Il n’aimait pas trop être provoqué de cette façon. Seulement, il savait faire la différence quand il fallait se battre ou fuir. Le problème ? Avec Rextra, il ne savait pas quoi faire. Son aura était celle d’une bête sauvage à fuir. Les gars du barbecue l’avaient alerté de rester à l’écart. Mais les mots de Rextra ? La façon dont elle interagissait avec lui ? Tout ça lui disait le contraire.

« Je n’ai pas envie d’aller dormir dans ma chambre. J’ai assez mangé tout à l’heure. Et… Rextra n’est pas un jouet. A elle de décider ce qu’elle veut faire ou non. »

Benjamin avait quand même une idée plutôt claire de ce qu’il voulait faire avec elle. Mais, au lieu de le demander de façon correcte, il se sentit obligé d’aller dans une provocation gratuite.

« Et si elle ne veut rien faire, et bien, je connais maintenant le chemin pour retrouver les autres filles. »

S’il avait su que sa provocation aurait déclenché un tel résultat chez la sauvage, il aurait… et bien, en fait, il n’aurait rien changé du tout. Certes, se faire plaquer contre le mur et ne plus toucher la pointe des pieds par terre est tout sauf à l’avantage du mâle.

« Aie ! Fais gaffe ! »

Ce n’était pas un baiser. Benjamin avait la sensation que Rextra allait le dévorer. Le pire ? C’est que cette violence déclenchait des vagues d’adrénaline et de dopamine. Elle avait aussi déclenché son érection qui tirait le tissu de son pantalon alors qu’il avait le goût du sang en bouche.

« Donc tu es plutôt du genre pas partageuse. Compris ! »

C’était débile de lui dire des trucs pareils. Mais il n’avait rien à perdre. Et il aimait bien ça, le fait que Rextra prenne les choses en main. Pas qu’au sens métaphorique, d’ailleurs. Rextra avait déjà son zgeg en main. Un sexe dur qui savait ce qu’il voulait.

A aucun moment Benjamin n’avait cherché à se soustraire à l’emprise de Rextra. Il avait même son petit sourire en coin. Même le fait d’être dominé par une femme et le sexe à l’air dans un endroit public ne faisait en fait que renforcer sa libido.

« Tu n’as pas une tanière ? Parce que je suis quand même moyen chaud de faire du porno à la vue de tous dans un couloir. »

Putain de bordel de merde ! Elle est aussi puissante que ça la sauvage ?! Laisser son empreinte de main dans du béton ?! Benjamin devrait se pisser dessus. Bon, pas dans cette situation précise étant donné qu’il bande dur. Mais quelque chose d’approchant. Au lieu de ça, l’excitation est à son comble.

*Bordel, je dois devenir déviant. Une sorte de masochiste. Je m’éclate à faire valser la possibilité de mourir et lui servir de sextoy ! Ah ah ah !*

C’était tellement intense. Benjamin était conquis. Lui qui avait vécu des mois de merde ces derniers temps. Peu de femmes, pas beaucoup de plaisirs et beaucoup d’emmerdes. Et là, cette femme. Rextra. Il était hypnotisé par ses gorges profondes. C’était trop bon ! Et, étant beaucoup trop bon, il éjacula avec l’endurance d’un débutant.

*Waouh ! Comment elle a fait ça ? Je n’ai plus de jus dans les jambes. *

A cet instant, découvrant les piercings juste devant ses yeux, Benjamin sut qu’il aurait dit oui à n’importe quelle connerie. Rextra aurait pu lui proposer le mariage ou de lui imposer un collier avec une laisse qu’il aurait crié OUI.

« Tes piercings sont magnifiques. Oumpf ! »

La sauvage n’avait pas le temps pour les compliments. Elle s’empala sur lui et enchaîna les allers-retours comme si la fin du monde était programmée pour les prochaines minutes. C’était… c’était trop intense, bordel ! Trop bon. Trop jouissif ! Il allait encore exploser en elle. Est-ce qu’elle le voulait ? Est-ce que ça ne l’énerverait pas ?! Et si elle tombait enceinte de son enfant ? QUOI ?! Quel bordel ! Coincé sur cette planète post-apo avec un mioche ? Ou fuir tel un père indigne à la recherche d’une planète avec un meilleur climat ? Bordel de bordel de merde, Benjamin n’arrivait plus à réfléchir tant tout son sang devait aller irriguer son sexe pour suivre le rythme de la Sauvage !