The Multiversity

Une nouvelle photographie se téléchargeait derrière les rétines biotechnologiques du Projet CA.lcium. La vision ne lui plut pas du tout. Un ENORME insecte au premier plan. Bien entendu, le cerveau futuriste calcula rapidement en prenant en compte la taille des autres opposants entomologiques à l’arrière-plan couplée aux dimensions des arbres. L’énorme insecte ne l’était pas tant que ça. C’était la perspective qui avait conduit à cette première (et dernière) mauvaise lecture de l’information.

« Je n’aime pas cela. Un essaim de minuscules ennemis causent toujours plus de dommages qu’un unique grand. Unité-M, va en soutien à l’Unité-C. »

Il y eut une réponse silencieuse sous forme d’onde alors que l’Unité-M s’était déjà mise en route.

Une nouvelle photographie téléchargée s’afficha sur les rétines de l’Unité en chef. Au vu de la mauvaise résolution de l’image, l’Unité-C était débordée et subissait des dommages malgré son renforcement en acier combiné à des matériaux composites tels que des fibres. Réparer les dommages coûteraient des ressources. Et cela ne plut pas au Projet CA.lcium qui finissait d’effectuer des scans et des nettoyages internes pour se débarrasser de cette étrange virus « Vert » qui avait pris contrôle de son système.

Mais c’était des données anciennes. Le Projet était déjà tourné vers le futur et les calculs de probabilités statistiques.

Du côté de l’Unité-C, son membre longiligne terminé par de longues griffes détruisaient plusieurs insectes à chaque tranchage dans l’air. Son au singulier car l’essaim était parvenu, à multiplication de sacrifice, à détruire la liaison entre le torse et le bras. Ce dernier reposait sur la terre qui nourrissait toujours le cadavre de l’arbre alors tranché en deux.

« La Nature a cette résilience qui ne fait pas mes affaires. Pourquoi gâcher tant de ressources et d’énergie à faire survivre un élément agonisant ? Mes calculs ne me permettent pas d’appréhender la réponse. C’est tout à fait en dehors des sphères de la logique. Ce qui signifie que cela a une incidence avec l’affect et les émotions inutiles aux progrès et aux succès. »

L’avantage d’une machine sans émotions, c’est qu’elle poursuit sa tâche sans être contrainte par la peur ou la fatigue. Elle tranche. Tranche. Et tranche encore. Sans ressentir quoi que ce soit et sans nécessité d’ajouter un point d’exclamation. Elle tranche, tranche, tranche et tranchera jusqu’à ce que le dernier membre de l’essaim soit tombé à terre et qu’il ne se relève plus.

Pendant ce temps, l’Unité-M arrive à toute vitesse en slalomant entre les arbres avec un minimum de changements de trajectoires. Car ne pus aller en ligne droite est perdre du temps pour atteindre la destination. En addition de cela, chaque changement de direction demande une perte d’énergie et une perte de vitesse. Tout doit être économisé. Tout doit être optimisé. Et dès que le Projet-M sera arrivé au niveau de sa collègue, elle commencera à disperser un gaz qui visera uniquement les insectes volants. Sa seconde manœuvre sera de planter une aiguille dans le sol pour injecter un produit liquide au réseau racinaire en vue de faire mourir l’arbre impossible.

Mise à jour de l’arrivée de l’essaim de drones. Nouveau calcul en cours. Calcul terminé. Largage des bombes incendiaires estimé maintenant à [22,491minutes…]

Les Néopterons avaient certes infligé quelques dommages non négligeables à l'Unité-C, cette dernière n'en demeurait pas moins efficace face à eux. Et avec le soutien de l'Unité-M fraichement arrivée, l'extermination des nuisibles fut inévitable. Les insectes moururent juste avant que le géant de bois accomplisse son baroud d'honneur, une moitié de son corps brisé s'attachant fermement à l'Unité-C.
Tu récolteras plus tard une nouvelle vie.
Malheureusement, avec l'injection mortifère de l'Unité-M, il y avait peu de chance que cet arbre puisse ressusciter...
La tour abandonne sa place au fou furieux.
Dans un rugissement de colère, l'ours parasité surgit de la broussaille ! L'Unité-C parvint sans doute à se déloger de la poigne du défunt Cheval de Troie, mais certainement pas sans en subir les conséquences : son nouvel assaillant la heurta de plein fouet, la renversant avant de l'écraser sous ses énormes pattes mutées. L'animal dopé, devenu plus impressionnant et dangereux encore qu'un grizzly, referma ses puissantes mâchoires autour du cou de sa proie. Il secoua la tête en vue de la décapiter, rudoyant son articulation et ses câbles.
L'Unité-M tenterait probablement de défendre sa cousine, mais les nombreuses racines qui agrémentaient le dos de leur ennemi commun lui causeraient quelques difficultés ; souples comme des fouets, elles n'en étaient pas moins sacrément robustes ! En essayant de forcer ce barrage tortueux, la machine pseudo médicale allait en faire les frais.
Une nouvelle dépense en ressources à venir pour le Projet ?


Kerberath secoua Cirth par l'épaule.

- Réveille-toi, Cirth. Apparemment, nos amies ont réussi à sauver le fermier.

La kitsune décolla sa tête de l'écorce et s'étira les bras bien haut.

- Ah bon ? Bwaaaaah...

Elle bailla à s'en décrocher la mâchoire.

- Attention : ça ne veut pas pour autant dire que nous sommes tirées d'affaire.

Marisa, Actaïa et la vieille Gisèle avaient installé Yvann dans la charrette. La première avait d'ailleurs informé le groupe que les lieux n'étaient pas sûrs. Qu'un danger plus important que les villageois les guettait, et qu'il se trouvait déjà dans les bois. Sans toutefois avoir mentionné la présence de la dryade, la Fleur des Champs agissait comme son intermédiaire.

- C'est déjà l'heure de repartir ? s'enquit la Scriptomancienne pour qui les brumes du sommeil peinaient un peu à se dissiper.

- Je peux toujours te remplacer à l'avant, si tu ne te sens pas d'attaque, lui proposa la Louve.

Cirth secoua vigoureusement la tête avant de se relever d'un bond.

- Non, merci ! Ça ira.

- Hmmm...

Sa Sœur Liée la surprit, le nez levé dans une direction qui semblait beaucoup la préoccuper.

- Les villageois nous en veulent toujours ?

- Non. Je ne flaire aucun autre humain que ceux qui nous accompagnent.

- Alors c'est quoi, le souci ?

- Je hume l'odeur d'un ours très agité par-dessus celle du métal. (Elle jeta un regard en coin à Cirth.) Et en te concentrant un peu, tu devrais toi aussi pouvoir les entendre...

Les oreilles dressés sur sa tignasse blonde, la kitsune perçut effectivement les différents sons caractéristiques.

- L'ours est en train de se battre ! Et il n'est pas content du tout.

- Kazue nous a suivies, en conclut Kerberath. Je ne reconnais pas son odeur, mais je suis prête à parier qu'elle a envoyé quelque chose d'aussi mauvais qu'elle pour nous mettre la griffe dessus...

- Je n'ai aucune envie de la revoir sous son côté sombre.

- Tu n'es pas la seule.

Son affrontement dans la taverne lui avait permis d'évaluer les compétences du Projet. L'okami avait beau être forte, elle craignait de ne pas être en mesure de neutraliser la machine sans y laisser sa peau... ou quelques gros lambeaux.
De nouveau parfaitement lucide, la Scriptomancienne effectua sa transformation. Spectacle fantastique qui, pour la seconde fois, récolta les applaudissements enthousiastes de la Fleur des Champs.

- Génial ! Je retourne tout de suite à mon poste~

Soit sur le dos de celle qu'elle prenait pour sa super monture !

- Tu pourrais au moins lui demander son autorisation avec de t'installer en égoïste, la réprimanda Actaïa.

- On est jalouse, Aqua ? sourit la fermière.

- Pas le moins du monde ! Je suis très bien à l'arrière.

- Soyez sages, intervint Gisèle. C'est tout ce que je vous demande pendant le trajet.

Kerberath avait comme un mauvais pressentiment.

Mise à jour de l’arrivée de l’essaim de drones. Nouveau calcul en cours. Calcul terminé. Largage des bombes incendiaires estimé maintenant à [18,299minutes…]

« C’est impensable. La Nature a été dominé par l’Homme. Qui plus est, l’Homme assisté par la Machine. Alors pourquoi je n’ai plus de retour pictural de mes deux Unités ? Incompréhension. Re-calcul. Illogisme. Lancement d’un nouveau calcul. »

Le Projet CA.lcium se perdait dans des calculs en cascade. Tant et tant que le temps passait entre ses doigts froids. Mais aller de l’avant paraissait maintenant compromis. Il y avait tant d’inconnus. Sa toute puissance issue de dizaines et de dizaines d’années d’avancement technologiques…le tout annihilé en quelques minutes par un arbre, quelques insectes et un ours ? La réponse ne convenait pas à la question. Perdre était acceptable tant que gagner était l’ultime étape finale. Mais présentement, le Projet CA.lcium ne comprenait pas. Comment quelques éléments de la forêt et quelques spécimens vivants avaient pu venir à bout de ses deux extensions ?

Incompréhension. Re-calcul. Illogisme. Lancement d’un nouveau calcul.

« Un paramètre m’échappe. Il manque une variable pour faire coïncider les calculs. Laquelle ? Recherche. Recherche en cours. Recherche. »

Mise à jour de l’arrivée de l’essaim de drones. Nouveau calcul en cours. Calcul terminé. Largage des bombes incendiaires estimé maintenant à [15,112minutes…]

Pendant que les processeurs du Projet calculaient, pendant que les drones réduisaient le chemin avant l’attaque incendiaire : les « simples » se remettaient en mouvement. Le Projet CA.lcium ne possédait pas encore cette information. Une future source de contrariété. Il fallait qu’elle comprenne « l’obstacle-variable ». Il fallait qu’elle redéfinisse sa position par rapport aux deux « animaux à domestiquer ». La question d’abandonner cette mission se posait. Les efforts valaient-ils le résultat ? Le doute était permis. Mais il y avait toujours cette inconnue. Ce non-retour de photographies. Car à nouveau, le délai de réponse entre deux timings avait produit zéro résultat. Une fois pouvait être une erreur. Deux fois pouvaient être une coïncidence. Trois fois devenaient une certitude.

« Heure de perte des Unité-C et Unité-M [XX :XX] au fuseau X. Toujours en recherche de la variable manquante. Détermination de l’initiation d’une course-poursuite. Calcul en cours. Détermination d’un second appel de renforts. Calcul en cours. Détermination de l’importation des deux bêtes. Calcul en cours. Calcul incorrect. Calcul incorrect. Relance de calculs. Consultation des fichiers liées à…la forêt… liées à…la faune…liées à…la flore… liées aux croyances… liées aux mythes et mystères… liées aux superstitions…liées aux phénomènes…organiques…chimiques…technologiques…psychologiques… Calcul en cours. Calcul en cours. Calcul en cours. »

Incompréhension. Re-calcul. Illogisme. Lancement d’un nouveau calcul.

Mise à jour de l’arrivée de l’essaim de drones. Nouveau calcul en cours. Calcul terminé. Largage des bombes incendiaires estimé maintenant à [12,001minutes…]

Alors que la groupe battait prudemment en retraite, le champion velu d'Yggdrasia épuisait sa rage sur les restes des Unités démembrées. Ses puissantes pattes faisaient ployer le métal. Ses crocs jaunâtres déchiraient les câbles avec hargne. La dryade n'avait pas quitté sa caverne. Elle assistait à tout à travers les yeux de l'animal parasité. Son espérance de vie était déjà bien entamée, les racines et la mousse récupérant peu à peu l'énergie qu'elles lui avaient fournie pour se surpasser face aux suppôts d'une technologie abjecte.
Tout danger est-il écarté ? En apparence, oui. Mais il est encore trop tôt pour le confirmer...
L'ennemi avait été déconnecté. La Fleur des Champs et ses compagnons s'éloignaient à travers bois. Pour le moment, tout semblait bien se passer.

Mais tout comme Kerberath, la Nymphe de Bois avait comme un mauvais pressentiment. Quelque chose de terrible allait se produire. Elle ignorait exactement quoi. Elle ne savait pas trop à quoi s'attendre en dehors de l'irruption d'une énième aberration métallique. Alors elle se mit à la place du cerveau dérangé qui commandait ces choses...
Le goût amer de la défaite. Des proies qui lui filent sous le nez. Une reconsidération des évènements. L'obtention d'une vision plus large sur la situation. Le besoin d'agir plus rapidement. La mise en œuvre de moyens encore plus importants.
Cette logique ne lui inspirait absolument rien de bon.
Yggdrasia donna donc de nouvelles directives à son diable d'ours. La bête cessa aussitôt de s'en prendre aux Unités mises en miettes pour se remettre à courir à travers la forêt. Si le Projet avait le malheur d'apparaître au moment de sa ronde, elle le trouverait et lui infligerait le même traitement qu'à ses envoyés.

En attendant, la dryade avait une défense à consolider. Plutôt que de se focaliser sur l'intérieur de son domaine d'emprunt, elle étendit sa surveillance bien au-delà, en se servant des arbres comme vecteurs de sa pensée. Leurs branches feuillues se dressèrent à son signal. Elles remuaient alors qu'aucun vent ne soufflait au-dessus de la cime.
Et moi ? De quoi ai-je encore besoin ?
Si danger il y avait, elle ne le voyait toujours pas arriver...
Une vision plus large.
Un éclaireur supplémentaire ? Elle se souvint de l'efficacité de ses insectes et, ni une ni deux, recourut à ses pouvoirs sur la végétation pour modéliser un serviteur à cheval entre puissance et mobilité.

En moins de cinq minutes, une ombre massive émergea de la terre humide, déployant ses ailes membraneuses. Elle se décolla du sol éventré, se propulsant bien au-delà de la limite des branchages.
Merveilleux.



Son contrôle sur le coléoptère artificiel s'avérait autrement plus affirmé que sur l'ours contaminé.
Mais ce bourrin aérien allait-il suffire à détruire le dernier espoir du Projet ?
Coûteux en ressources et en bioénergie, il lui restait encore à faire ses preuves.
Etait-il en mesure de faire face à cette pluie ardente susceptible de s'abattre sur la forêt entière, et dont la dryade ignorait encore la nature exacte ?
La guerre entre nature pervertie et technologie corrompue se jouerait sur ce dernier acte.

« Décision prise. Mise en mouvement déclenché. Déclenchement de l’hyper-sensibilité de tous mes capteurs. Capteur thermique ? OK. Capteur sonore ? OK. Capteur sensorielle ? OK. Capteur de mouvement ? OK. Capteur de […] »

Le Projet CA.lcium se mit en mouvement comme elle l’avait annoncé de vive voix. Une manière de procéder avec laquelle elle n’était toujours pas en synchronisation. Pourquoi était-ce plus efficace de parler à voix haute que de réfléchir en pensées ? Ça dépassait les limites de la logique procédurale de la science. Et elle détestait quand quelque chose lui échappait. Tout comme ces deux bêtes dissimulées quelque part dans la forêt. Tout comme ce facteur inconnu qui avait détruit les deux Unités mises à sa disposition. Un rapport devrait être écrit. Des conséquences seraient entreprises. Le Projet CA.lcium détestait déjà devoir passé devant un jury pour délibération. Elle était la fille du Docteur Rossa ! Elle était le meilleur élément de la Déesse de la GWC après le tant honni Projet Manhunt !

« Calcul de la trajectoire en cours couplé aux dernières positions de l’Unité-C et de l’Unité-M. Calcul en cours… 12,564%... 66,600%... 100,000%. Calcul terminé. Relance d’une optimisation de la trajectoire à suivre. Déploiement des enzymes dans le bras gauche. Adaptation et amélioration de la formule chimique en vue de détruire la flore locale. Calcul en cours. 23,991%... 29,852%... »

Sur son chemin, le Projet CA.lcium laissa ses doigts gauches toucher les buissons, fougères et troncs des arbres. Un toucher qui n’avait rien de poétique car il visait exclusivement à empoisonner la forêt. Si cette entité échappant aux lois strictes de la science avait la moindre conscience, elle chercherait à fuir. Du moins à reculer face à l’être supérieure qu’elle était.

L’empoisonnement de la forêt se propagea peu à peu au fur et à mesure qu’elle se rapprochait du lieu où les machines étaient tombées.

Des oiseaux s’envolèrent. Le volume sonore changea sa fréquence. Ralentissant, le Projet CA.lcium lança de nouveaux calculs. Tel un détective faits de chromes et de processeurs, le programme Sherlock Holmes trouva une solution au problème. Quelque chose de massif rôdait. Quelque chose qu’il fallait éliminer. Une stratégie conseilla de grimper à un arbre. Une solution avec une efficience grande qui permit au Projet CA.lcium de découvrir une espèce d’ursidé absente des registres des néo-zoos.

A nouveau ce paramètre qui lui échappait…

Alors que le Projet CA.lcium était sur le point de transformer la stratégie mathématique à une exécution biologique, un capteur informa le système d’une nouvelle donnée. Les feuilles bougeaient sans présence de mouvements aériens. Ce n’était pas normal. C’était donc une preuve de la manifestation de l’ennemi. Comment cet ennemi parvenait à produire pareil manifestation physique ? Le Projet CA.lcium balaya l’armement de la GeoWeapon Corporation. A la recherche d’effets secondaires permettant la création et la manifestation de vents artificiels. Mais rien ne corroborait avec la situation du terrain.

Tuer ou ne pas tuer l’ours transformé ? Telle était la question.

De son bras gauche comme emprunté à une version robotique et mortelle d’une mante religieuse, le crâne de l’ours transformé fut transpercé. Une mort hyper rapide qui n’eut même pas le temps de déclencher chez l’animal son système nerveux pour transporter les informations de douleurs.

L’ours transformé était décidé. Le Projet CA.lcium avait déjà repris sa progression, notant au passage le phénomène toujours actif des feuilles. Elle en déduisit rapidement que les feuilles devaient être comparées à un système de capteurs. Avec une réponse apparaissait de nouvelles questions. Quelle était la nature des informations recueillie ? Qui était le récipiendaire ? Le flux devait-il être sectionné ? Pouvait-il l’être étant donné l’apparente quantité pouvant être transporté dans l’étiquette de la « légion » ? Autant de questions qui n’eurent pas de réponses immédiates.

Inévitablement, le Projet CA.lcium fit face à l’Hyper-loptère.

Ce coléoptère transformé avait la même signature que l’ours transformé. Quel était l’inventeur derrière ces créations à la frontière entre l’animal et la flore ? Par quel genre de pierre philosophale ces « miracles » étaient-(ils rendus possible ? Soudainement, ce créateur inconnu gagnait en importance par rapport aux deux chiennes à domestiquer. Un tel génie au sein de la GWC serait un ajout de taille.

Faisant face à l’Hyper-loptère, et suite un bref calcul, le Projet CA.lcium abandonna (temporairement) la solution de destruction pour une solution de diplomatie.

« A la créatrice derrière cet insecte transformé ! Je souhaite ouvrir un dialogue. La prise de décision est courte étant donné qu’un ordre de décimation de la forêt par le feu a déjà été déclenché. Selon mes calculs internes, le temps estimé avant largage des bombes incendiaires se situe à…calcul en cours…[5,456minutes…]. J’ai autorité sur l’essaim de drones et suis dans la capacité de retarder voire de reprogrammer leur ordre. Pour cela, je requiers un dialogue. Dès à présent, j’offre une prise d’emploi immédiate chez la GeoWeapon Corporation. »

Yggdrasia n'aimait pas cela. Cette sensation qu'une chose malsaine cherchait à faire de l'ombre à la forêt tout entière. L'esprit de la sylve perçut la douleur et la détresse de son environnement. Au contact du poison tactile du Projet, la flore se mourrait. D'aigreur, le visage de la nymphe se contracta. Le produit mortel était trop expéditif pour qu'elle puisse générer de quoi réfréner, d'aussi loin, sa destruction. Quant à l'éventualité d'en endiguer les effets ? Elle paraissait affreusement nulle.
Mais j'ai localisé l'ennemi.
Ce n'était pas rassurant pour autant, car cette machine n'éprouvait pas la peur. Pire encore : elle agissait en inconditionnelle destructrice!
En considérant cela, la colère de la dryade ne fit qu'enfler davantage.
Ce terrain me parait de moins en moins défendable...
Cette forêt n'était pas la sienne. Pourtant Yggdrasia répugnait rien qu'à l'idée de l'abandonner à son triste sort.
Est-ce une priorité ? La vie de Marisa et de ses compagnons vaut-elle ce sacrifice ?
Elle n'en était pas sûre. Malgré ses fabuleux pouvoirs, Yggdrasia n'était sûre de rien... et cela l'énervait encore plus !
La végétation s'agita conséquemment ; les émotions de la dryade la contaminait aussi sûrement que le poison du Projet.
L'ours n'en démordait pas. Sauf que sa rage mobile ne lui servit pas à grand chose lorsque le Projet, après avoir grimpé à un arbre, s'abattit sur sa nuque tel un éclair !
Mon fou s'est définitivement étranglé.
Pas prête d'abdiquer, la Nymphe des Bois envoya son Hyper-loptère survoler le secteur. Il produisait un bruit monstre avec ses ailes ! Un être artificiel qui n'était visiblement pas adapté à l'infiltration...
Yggdrasia observait la scène avec grand sérieux.
Garde tes distances avec l'envahisseur. Ne le laisse surtout pas t'atteindre.
Telles furent ses consignes.
Le monstre de bois et de mousse obtint très vite un visuel sur ce diable de Projet. La machine, loin d'être idiote, voyait en cette incomparable rencontre une opportunité. Derrière cette opportunité, il y avait un avertissement. Et au-delà de celui-ci, une... offre d'emploi ?
Toujours dans sa grotte, Yggdrasia eut un mouvement nerveux. Toute intriguée qu'elle était, la Dryade ne sut réprimer sa curiosité.
Ce n'est pas très prudent de ma part. Mais ai-je seulement le bénéfice du choix ?
Elle ferma les yeux. Sa riche silhouette s'enfonça sous terre, se mêlant au réseau de racines qui lui servait autant à se déplacer qu'à se lier intimement à la verte contrée.

Il ne lui fallut pas longtemps pour émerger d'un arbre. Dressé de profil, son corps gracile se décolla de l'écorce comme si ce matériau n'avait rien d'un solide. Une fois détachée complètement de ce vecteur sylvestre, la spectaculaire Dryade tourna son verdoyant visage vers le Projet, qu'elle étudia de ses grands yeux jaunes. A l'extérieur, la nymphe avait l'air placide. Sauf qu'à l'intérieur, elle bouillonnait. Sa vitalité était telle qu'elle n'eut aucun mal à générer de nouvelles fleurs colorées au sein de sa dense chevelure.

- Mes rares amis mortels m'appellent Sylvia, répondit-elle en levant un menton qui, de façon stupéfiante, paraissait vraiment fait de chair. A l'instar de tes actes, ta dernière annonce ne me donne pas l'impression que je puisse, toi, la conquérante machine, te ranger dans cette catégorie. Je préférerais donc que tu me nommes pour ce que je suis : la dryade.

Potentiellement l'une des dernières n'ayant pas daigné faire profil bas en ce monde ? A moins que les autres n'étaient déjà plus ?
Yggdrasia elle-même l'ignorait, aussi se garda-t-elle de lui transmettre la moindre information à ce sujet.
D'autant qu'il y avait plus important à traiter. A commencer bien sûr par cet imminent bombardement qui menaçait la forêt.

- Que signifie cette "offre" ? En quoi puis-je être d'une quelconque utilité à un groupe qui, manifestement, a le toupet de laisser son engeance métallique agir comme bon lui semble ?

Toujours ce visage impassible. Face au Projet, la Dryade se montrait aussi émotive qu'un bout de bois. En revanche, les éléments de la sylve, eux, tremblaient de nervosité à proximité de leur dominante ; les arbres - y compris les plus vieux et robustes - se tortillaient sur place là où les buissons s'ébrouaient comme des bestiaux incommodés.

- Tu m'as fait mander, lui fit remarquer Yggdrasia. Peut-être n'est-ce là qu'une stratégie visant à me faire sortir de mon trou pour mieux me détruire ? Après tout, tu n'es pas sûre que la destruction par le ciel puisse m'éliminer en même temps que mon domaine de prédilection. Et tu fais bien d'en douter, car même détruire cette enveloppe que tu vois là ne m'empêchera pas de me reconstruire ailleurs.

Vraiment ? Cela faisait-il d'elle une immortelle ? Non : il n'était pas à exclure que la Nymphe des Bois tente un coup de bluff.

- Ne te méprends pas, machine. J'ai tout à fait conscience de mes limites. Je sais ce dont je suis capable et, au contraire, ce qu'il m'est impossible d'accomplir seule. (Elle toisa son bras mortifère.) Ton poison, par exemple : il est très efficace dans ces noires conditions. Et il le serait sans doute aussi sur ma personne. Autant que ton châtiment ardent à venir sur la sylve qui nous entoure.

Yggdrasia secoua la tête. Elle détestait ce qu'elle allait devoir lui dire.

- Cette forêt est vouée à disparaître. Que ce soit par tes flammes dévorantes, ta main squelettique ou celle d'un autre monstre. Tout fini un jour par péricliter. Par devenir ruines. Par se transformer en poussière.

Elle regarda le Projet droit dans les yeux. Le jaune fantastique plongeant dans le rouge chaotique.
Sa voix claire prit un timbre plus sombre.

- Sache néanmoins que la nature est résiliente et impartiale. Elle finit immanquablement par reprendre ses droits sur ce qui lui a causé du tort. Cette renaissance est dans l'ordre des choses. Un schéma absolu dans lequel toi aussi, créature artificielle, tu occupes une place... précaire.

La Dryade aurait pu clôturer cet entretien sur une offensive tous azimut. Elle avait les moyens de faire crouler le Projet sous des tonnes de bois. D'une certaine manière, elle était bien plus puissante que Kerberath !
Mais comme le dit si bien le dicton : la retenue du sage fait la chance de l'effronté.

Les deux êtres supposément froids couvaient tous deux des sentiments qu’elles essayaient de museler. Que l’on soit divin, machine ou esprit : la partie humaine gangrénait toujours tout de ses sentiments. Bonne ou mauvaise chose ? Là n’était pas lieu d’un tel débat philosophique. Mais peut-être pourraient-elles toutes les deux le tenir si l’offre d’emploi était acceptée. En attendant, il fallait converser.

« Via la GeoWeapon Corporation, le Projet que je suis accèdera à l’immortalité. »

Le ton restait froid. Pourtant, si Yggdrasia était un soit peu psychologue, des enseignements pourraient être tirés. Déjà, le fait que le premier sujet abordé soit celui de la mortalité de la machine. Et mieux ne valait-il pas mieux pousser le vice à évoquer à voix audible d’obsolescence programmée… Ensuite, il y avait la petitesse de la réplique. Même si le Projet CA.lcium n’était pas bavard, c’était moins que bavard. Ce qui signifiait que la part humaine bataillait face à un sujet qui ne lui plaisait pas. Mais à nouveau, telle l’obsolescence programmée, était-il sage et sain d’évoquer pareil sujet alors qu’une pluie de feu était programmée ?

Pour prévention, les doigts empoisonneurs effleurèrent cette Nature bien trop « émotive », trop « empathique » à celle qui devait être nommée « la dryade ».

« La dryade, je suis le Projet CA.lcium. Ainsi, nous connaissons toutes deux le nom de l’autre. Coupons court à ces politesses sociales et entrons dans le vif de notre sujet. Tu as demandé quelles étaient les modalités de mon offre d’emploi. Sache que contrairement à ta formulation, mon indépendance est une force et la marque d’une grande confiance d’un puissant groupe industriel. J’ai le pouvoir de prendre pareille décision. Mon autorité ne sera pas contestée. Et j’insisterais pour que ton N+1 soit ma personne. Ceci étant clarifié, les modalités. En t’embauchant, je veux connaître tes méthodes pour parvenir à créer des machines organiques. L’arbre. L’ours. L’insecte pareil à un tank volant. Tous ses secrets m’intéressent. Des expériences ont déjà été mené. Les ADN du règnal animal et floral ont déjà été observé à un niveau microscopique. Pourtant, la « Vie » dissimule encore ses secrets. Savais-tu que pendant un temps, un clone d’un animal avait une espérance de vie moins longue ? (HRP : fait réel) Toi, « la dryade », possède cette clé. Ce que nous pourrions convenir d’appeler toutes les deux « la pierre philosophale » pour en revenir aux expériences de ceux qui étaient appelés des alchimistes. Je veux cette connaissance. »

[MAJ de l’arrivée des drones contenant leur chargement incendiaire… [3,166minutes…]…]

L’interruption dans le discours du Projet fut de courte durée. Elle reprit aussi froidement qu’auparavant. Ses doigts effleurant toutes feuilles qui osaient s’approcher trop près de sa personne. Cette protection qu’essayait d’offrir la nature à « la dryade » n’était pas accepté par l’être supérieur et technologique qu’elle était.

« Où est ton véritable corps ? Ou peut-être dois-je parler d’un cœur ? D’un noyau ? Survivras-tu loin de ta forêt dans une ville faites de béton, d’acier et de LEDs ? Dos-je capturer les deux animaux pour te tenir compagnie lorsque tu seras enfermée dans un hyper-immeuble lorsque nous travaillons de concert ? Il est à ma connaissance qu’un environnement de vie affecte l’efficacité intellectuelle. S’il faut reprendre ma chasse et capturer les deux femelles animales, il en sera fait ainsi. »

Dans le fond, le Projet CA.lcium se savait vulnérable. Le temps avait une emprise sur lui et ses pièces. Il avait donc besoin d'évoluer à l'instar de n'importe quel produit de l'humanité. Grâce à la science, il espérait se détacher de sa mortalité. En étudiant la dryade, il s'imaginait pouvoir percer les mystères de la vie... à tort ?
Son imperfection la préoccupe dangereusement. Je me demande ce qu'en pense celui ou celle qui a créé ce monstre mécanique ?
En acceptant le deal, Yggdrasia pourrait être amenée à rencontrer cette personne - le leader de GeoWeapon Corporation. Une opportunité pour la dryade de s'attaquer directement à la racine du mal ? Un coup qu'elle n'était pas sûre de pouvoir réaliser, faute de disposer des moyens idoines pour y parvenir.
Sans végétation alentour, je suis moi aussi vouée à disparaître.
Cela aussi, le Projet en avait conscience...
En s'embarquant dans cette aventure avec la machine, la dryade prendrait d'énormes risques. Et très probablement sans garantie qu'aucun mal ne sera fait à sa protégée, qui n'accepterait sans doute pas de rester les bras croisés tandis que l'on emmènerait les deux hybrides dans un laboratoire.
Cette prévision la fit doucement sourire.
Marisa Teritt était une vraie tête de mule quand elle s'y mettait ! Et par-dessus le marché, cette fille était aussi prompte à se faire des amis que des amants. Une grande source de pouvoir pour la dryade, mais aussi la plus fiable et vivace de toutes ses connaissances.
Yggdrasia regarda la flore faner à chaque fois qu'une griffe de la machine en frôlait un bout.
Elle secoua la tête.

- Tu continues de te méprendre sur mon compte. Mes pouvoirs ne sont pas à vendre et ne le seront jamais. Ils ne graisseront jamais les rouages d'une machine aussi monstrueuse que toi ; un robot déguisé en majorette, qui craint son déclin autant que ses stupides concepteurs...

Elle secoua la tête derechef comme si le Projet, plutôt que de la surprendre, n'avait pas fini de l'écœurer.

- Tiens toi prête, aberration de l'Homme, car à partir de cet instant je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour t'arrêter. La nature n'en sortira peut-être pas gagnante, mais toi non plus.

Sans craindre une fulgurante attaque en traître, la dryade replongea dans son arbre. Ce dernier parut se recroqueviller sur lui-même... avant d'expulser quelque chose en direction de l'Hyper-loptère. Là-haut, il n'y eut aucun choc. L'élément catapulté fut simplement absorbé par le bois de l'insecte gigantesque, qui continua à gagner en volume. Le phénomène se reproduisit avec d'autres arbres. Le Projet put constater qu'en "canonnant" le tank volant, les donneurs mourraient sur pied.
Kazue n'était pas la seule à posséder le droit de vie ou de mort sur leur environnement.
La voix d'Yggdrasia résonnait à travers toute la forêt :

- Toute chose à une fin. Tu as simplement choisi de précipiter la tienne.

Le Projet fut lui aussi percuté par quelque chose, mais dans le dos. Une énorme boule verte et visqueuse qui, en plus de sentir très mauvais, fumait comme du ciment frais. Une sorte de limon ? Visuellement, cela y ressemblait ! La boule corrosive s'infiltra dans les articulations du Projet, empêchant ses membres supérieurs de se mouvoir correctement.



- Ta précieuse entreprise saura se passer de son pantin. Comme elle a sans doute déjà su se passer de tes prototypes. Comme tu as toi-même su jeter en pâture à la forêt tes maudits éclaireurs.

Avant même que les griffes mortifères du Projet ne fassent pourrir la substance accrochée à ses vertèbres cybernétiques, cette dernière explosa ! Pas le genre d'attaque susceptible de détruire la terrible Kazue, non ; cette explosion de "vie" n'était pas assez destructrice. En revanche, elle s'avérait diablement prolifique car chacune de ses vaseuses projections donnaient naissance à d'autres limons, qui cavalaient dans la forêt comme des gamins fous.



Sans doute pour mieux s'en prendre au Projet, depuis un angle mort, quand il s'y attendrait le moins ?
La bataille était engagée !

Il y aurait eu tellement à répondre. Ses pouvoirs n’étaient pas à vendre ? TOUT était monnayable. Chaque enfant des mégacités l’apprenait rapidement. SI cette entité « naturelle » n’était pas au courant d’un fait si basique, c’est qu’elle méritait de se faire décrire comme attardée.

Elle craignait pour son déclin ? Elle le meilleur Projet de toute l’Histoire ? Nourrie régulièrement à coups de mises à jour de programme ? Passant régulièrement des contrôles techniques, changeant, affinant les pièces qui la constituaient ?

Mais il n’y avait rien à répondre à voix haute car son adversaire avait statué de la guerre. Et il était toujours effrayant de voir un sourire s’étirer sur un visage qui n’était pas fait pour ressentir. Son ennemi s’engageait dans une guerre dont elle savait presque à coup sur qu’elle n’y survivrait pas.

Si cela aurait pu être un facteur d’enthousiasme pour le Projet, ce ne le fut pas. Il y avait tant de calculs en cascade. Tant de réponses en attente. Cette démonstration de renforcement de l’insecte aux proportions non-logiques doublé d’un suicide des entités-arbres les unes après les autres. Tant d’absurdités et de non-sens à appréhender.

Et il y avait eu cette chose qu l’avait frappé par DERRIERE !

« Comment ? Qu’est-ce ? Analyse en cours. Déploiement des bras. »

Ses longs bras avaient la capacité de modifier les rotations aux jointures. Si par un souci anthropomorphique, le corps avait été bâti en ce sens. Si le Projet CA.lcium agissait avec ses membres de façon humanoïde pour singer sa « mère » et sa « déesse » et se faire accepter de ses êtres mortels et imparfaits : le Projet était tout à fait capable de faire entrer ses liaisons rotules en mode « Hibou ». A la façon dont la tête de cet animal pouvait tourner à un angle de deux-cent-soixante-dix degrés dans chaque direction gauche et droite.

[[[ !!! EXPLOSION !!!]]]

« Explosion subie. Analyse en cours des dégâts reçus. Calcul en cours… Prioritarisation sur le calcul des dégâts reçues. Calcul en cours… Mise en seconde, troisième, quatrième et cinquième priorité de toutes les tâches suivantes pour libérer de la vitesse de […] »

Le Projet CA.lcium parlait encore et encore dans son langage tout à fait informatique. Et plus il parlait, plus cela devenait obscur du point de vue de son ennemi. En raison d’un langage que la Nature ne connaissait pas : le langage de la technologie.

[[[ !!! EXPLOSION !!!]]]

GeoWeapon Corporation avait-il surestimé les capacités du Projet CA.lcium ? La science avait-elle si pleinement confiance en elle, sur sa capacité à avoir repoussé, détruit et maîtrisé la nature que cette dernière n’était plus étiqueté d’une dangerosité ? Il devait y avoir de ça. Et aussi d’une foultitude d’autres paramètres. Mais le résultat tendait vers une seule issue qui, plus le temps passait, déclenchait bug sur bug chez la machine. Son alter ego humain apparaissait parfois. Minait, ralentissait, stoppait des calculs : offrant ainsi une nouvelle opportunité à la matière verte de se coller et d’exploser, provoquant davantage de dégâts, davantage de bug, davantage d’ouvertures : davantage d’…

[[[ !!! EXPLOSION !!!]]]

L’égo du Projet était un frein le conduisant très certainement vers sa destruction. Admettre que des arbres, un insecte et de la matière informe allaient le détruire ? Jamais. Et tel un tyran fou de douleur ne pouvant accepter une autre voie : les drones contenant leur cargaison incendiaire larguèrent tout d’une façon qui ne laissa aucune chance à l’entité de la Nature d’en ressortir. Comment ? En utilisant le corps du Projet CA.lcium lui-même comme catalyseur (canaliseur ?) et accélérateur des flammes voraces.

(car dans un coin de son programme, le Projet savait qu’il reviendrait à la « vie » via une ancienne sauvegarde dans le Cloud et grâce à un des nombreux corps de rechange qui l’attendait dans la tour de la GWC)

!!! SPECIAL !!! 2/14

Candy : « Tu as vu ! Je te l’avais dit qu’on reviendrait. ON VA ETRE TROP CELEBREEEEeeee !!! Ah ah ! »
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« Moui. Effectivement. Je ne peux contester notre présence. Mais de là à dire que c’est pour nous mettre en valeur. Permets-moi d’en doute. Il me semble que c’est davantage une question de style esthétique. D’avoir une ligne commune narrative et-… »

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Candy : « Et aussi par facilité ! Franchement, je ne vois pas pourquoi tu tournes autour du pot si longtemps. »
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« Parce que tu es une peau verte impatiente, c’est une caractéristique greffée dans ton ADN. Quant à moi, je suis un Narrateur. Je magnifie, je romance et je donne aux mots toutes leurs chances de briller et donner leur plein potentiel. »

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Candy : « Et voilà, tu recommences. Blablabla… Bon, passons direct à l’essentiel ! »
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« Si fait. Le duo Yggdrasia/Projet. L’étincelle qui a donné naissance à toute une succession d’hypothèses, de choix de vie ou de mort pour finalement embrayer sur une Grande Tapisserie complexe faites de dizaines de fils entremêlés de toutes les couleurs. »

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Candy : « Hey ! C’est moi ou tu leur parles encore des Araignées Supérieures et des Couleurs. Tu sais, il faut que tu ailles à l’essentiel. Parce que sans moi, ils ne vont pas voir les points communs. »
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« (soupire bruyamment…) »

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Candy : « Si tu ne dis rien, moi je vais tous les spoiler salement. Le Projet se fait poutrer par la morve verte de la copine fermière. Celle que toutes les gobelines voudraient bien rencontrer, je pense. Mais Yggdrasia se fait aussi cramer la tronche façon bûcher de sorcière 2.0 Mais personne ne sera surpris de les revoir revenir ailleurs. Il faut dire que ce sont des personnages principaux. Donc le Projet reviendra avec les événements récents effacés. Enfin pas effacés parce qu’ils n’auront jamais été sauvegardés vu que GW-machin-truc-aussi-long-et-chiant-que-le-LGB-truc, bref ! Trou de mémoire pour l’une. Et résurrection pour l’autre chez l’Ennemi. Avec la Majuscule. »
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« Voilà voilà… Sur ce, je vais tirer ma révérence et aller voir du côté de-… »

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Candy : « Il n’a pas mis de nom parce qu’il ne sait pas encore où on va. A très bientôt, les copains ! »

Le Projet eut droit à son spectaculaire lot d'explosions ! Celles-ci s'enchainèrent à cause des arbres, en premier lieu, mais aussi par le biais des slimes visqueux qui cavalaient en tout sens. A ces derniers, il ne fallait qu'un peu de temps pour devenir explosif téléguidé. Yggdrasia n'avait pas besoin de les diriger sur la machine meurtrière ; elle les avait programmés pour s'auto-détruire... au détriment de la nature elle-même.

- Tu dois disparaître. Pour le bien de terres plus verdoyantes.

L'existence de cette forêt en échange de toutes les autres ? La dryade voyait large, sur le long terme. Elle ne pensait pas qu'à sa protégée aux cheveux de feu. Elle agissait pour le bien commun.

- Tu ne m'as pas laissé le choix. Il n'est plus utile de parler. Seulement d'agir à ton encontre.

Mais le Projet avait... d'autres projets !
Ses drones se mirent en branle, noyant sous les flammes dévorantes la sylve sauvage. Ce qui ne fut qu'un début, parce que l'odieuse machine se fit fort d'accélérer le processus en devenant lui même une impitoyable bombe incendiaire !

- Inacceptable !

L'Hyperloptère était lui-même rongé par la fournaise. L'enfer s'était abattu sur la forêt sans chercher à l'épargner. Yggdrasia n'avait, de toute manière, guère envisagé sa survie. Le mastodonte volant percuta donc le Projet ardent, le renversant grâce à sa masse.
Quelque chose émergea alors de son écorce. Une silhouette féminine aux contours abstraits, vaporeux. Cette forme plus ou moins humanoïde, d'un vert profond, était veiné d'un feu irréel. Un brasier lui aussi vert, clair comme l'étaient ses yeux saisissants.



- Mon existence entière pour te tenir en échec !

Un noyau brillait entre ses griffes saines. Ce dernier dégageait une intense bioénergie, destinée à contenir les flammes folles dans un périmètre calculé. Ainsi, le Projet disparut sans avoir eu le temps de consumer l'intégralité des bois. De nombreux hectares y passèrent, mais le sacrifice magique d'Yggdrasia finit par avoir raison de ce carnage écologique.

- Désolée, Pyra. Je m'éteins...


Bien loin du champ de bataille, Marisa fut la seule à percevoir ce chuchotement. Un son léger emprunt d'une grande tristesse. Sentiment qui s'empara inexplicablement de la fermière, elle qui était pourtant si rayonnante à dos de grande renarde.

- ...Bah ?

La Fleur des Champs pleurait. Les larmes s'étaient mises à couler toutes seules ! Elles étaient fines mais n'en finissaient plus...
Mue par son intuition, Marisa coula un regard interloqué à son bracelet. Le présent d'Yggdrasia fanait à vue d'œil.

- Mais... Non !!!

En l'entendant pousser ce cri déchirant, Actaïa, à bord de la charrette, avait fait un bond.

- Hein ? Quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ?

Cirth avait cessé de courir.

- Je ne sais pas trop pourquoi, mais elle a l'air vraiment affolée...

Mais la fermière ne les écoutait pas.

- Yggdrasia ! Qu'est-ce qui se passe ?... Réponds-moi, Pot de Sève !

- Elle nous fait une crise d'hystérie ? s'interrogea Kerberath en arquant un sourcil fatigué.

- Non, répondit Gisèle d'une voix grave en se tournant vers l'immense colonne de fumée, au loin. L'heure est plus grave que vous ne le pensez...

Kerberath avait suivi son regard. Elle renifla de manière désagréable.

- Ça sent le brûlé, oui.

- Et surtout le sacrifice, précisa la vieille femme, plus sensible à la magie qu'elle en avait l'air. C'est un jour de deuil. Notre amie vient de perdre quelqu'un d'une grande importance.

- Attendez, quoi... vous êtes sérieuse, là ?

Gisèle lui décocha un regard sévère.

- Ai-je l'air d'autre chose ?

- Mais alors ça voudrait dire que...

- Oh, Sylvia, gémit la fermière, inconsolable.

Le visage de Kerberath parut se décomposer. Quelqu'un s'était battu à sa place et avait succombé pour les protéger du dangereux Projet. Cette sinistre révélation lui mit en grand coup au moral.

- Je n'ai pas tout saisi, fit la kitsune de sa voix spirituelle. Quelqu'un est... mort ?

- On dirait bien que oui, souffla la Louve. Hélas...

Le ton dans sa voix laissait supposer qu'elle s'en voulait de ne pas avoir combattu jusqu'au bout.

[Fin du RP ?]