Page 3 sur 5

Re: Quand l'art des poisons se mélange à celui des chansons [avec Korë Grémorya]

Posté : 19 sept. 2024 11:04
par Camille Marquise
Elle était perturbante. Était-elle une séductrice polie ? Ou une personne froide et insensible ? Elle n'avait pas cherché à le retenir quand il n'avait plus pu supporter la situation de l'essuyage avec la serviette. Ni en gestes ni en mots. Camille ne savait plus quoi en penser. Sa main revenant sans cesse à une de ses poches invisibles dans laquelle il avait plié soigneusement la petite culotte blanche. Sortie de la chambre éclairée, il avait automatiquement remis le tissu noir sur l'arête de son nez. C'était ridicule mais il se sentait plus légitime ainsi. Dissimuler ses émotions lui permettrait de mettre de la distance entre lui et elle.

Elle le rejoignit. Habillée s'il y avait besoin de le préciser. Il n'empêchait que Camille savait qu'elle ne portait pas de sous vêtement. Mais il devait se concentrer !

"Oui. Allons-y."

Sa voix un peu étouffée par le tissu avait repris en assurance. Le fait que l'étage soit plongé dans les ténèbres, seulement éclairé par une torche aidait également.

"Nous avons eu de la chance. Nous aurions pu finir enseveli."

Sa main pointa la Vierge de Fer qui était éventrée. On pouvait voir son intérieur. Prison qui avait peut être absorbé l'agonie de plusieurs victimes... Dans le noir, on ne voyait pas si les pointes avaient changé de couleurs à cause du sang des victimes. Probablement aucune réellement coupables...

"Allons voir si nous pouvons remonter à la surface."

Sans réfléchir, la main gantée de Camille prit celle de la femme qu'il avait libéré. Pour ne pas la perdre. Pour progresser. Son cerveau inventait excuse sur excuse pour légitimer sa prise d'initiative. Il s'arrêta rapidement pour plaquer son index brandi sur ses lèvres cachées derrière le tissu noir. "Silence" demanda-t-il sans un mot.

Ils montèrent. Ils avaient de la chance. Aucuns gravats importants ne leur bloquerent la route. Ils arrivèrent au rez-de-chaussée et découvrirent quune partie du bâtiment s'était effondré. Ça paraissait irréelle de pousser une porte quand, dans le dos, il n'y avait plus rien : une vue directe sur une ville qui avait autrefois été magnifique.

??? : "Monsieur Marquise ?"

Face à la porte se tenait un homme qui s'était exprimé avec une voix grave. Ça aurait pu être celle d'un roi, pensa Camille.

??? : "Est-ce la pondeuse que vous avez libéré de cet enfoiré d'Elfrydd ?"

Camille était un homme. Et il aimait les femmes. A la limite, les femelles étant donné que la sienne était en partie monstrueuse. Mais l'homme en face de lui était beau. C'était indéniable. Cette peau basanée. Cette moustache élégante. Cette intensité dans le regard. Ce charisme séducteur. Il avait envie de suivre cet homme. Et il réalisa que cela allait même jusqu'à offrir ses fesses... Quel esprit tordu possedait-t-il...

??? : "Je comprends votre silence. Mais je suis votre contact. Je me nomme Vittorio. A partir de maintenant, je prends le relai. Je m'occupe d'elle."

Mais Camille ne disait toujours rien. En partie subjugué par la beauté de cet homme. Plus grand. Plus musclé. Plus assuré. Plus... tout. Melodia serait entre de bonnes mains. Encore fallait-il qu'il la lui lâche, de main.

Et certains à l'esprit affûté se rappelleront qu'il avait été écrit que le contact avait péri durant le drame opposant le Roi Doré au terrain de jeu d'Elfrydd...

Image

Re: Quand l'art des poisons se mélange à celui des chansons [avec Korë Grémorya]

Posté : 19 sept. 2024 22:26
par Korë Grémorya
C'était reparti. En compagnie du sauveur masqué. D'un jeune homme sous contrat. D'un garçon qui l'avait sauvée, l'avait aidée à pondre, puis qui l'avait embrigadée dans un étrange jeu sexuel. Ils avaient déjà fait tant de choses ensemble... Korë doutait de pouvoir un jour oublier tout ça. D'ailleurs, elle refusait d'oublier. Ces souvenirs devaient mourir avec elle. Le plus tard possible, de préférence.
La bardesse sourit aimablement. Une expression que Camille ne pouvait pas voir vu qu'elle se trouvait dans son dos.
Ses yeux rouges dardèrent la vierge de fer qu'il avait pointé du doigt.
Une prison beaucoup moins "agréable" que cette grande cage à oiseau dans laquelle on l'avait enfermée...

- Oui, souffla-t-elle. Beaucoup de chance.

Son sourire s'était effacé. Il était temps de quitter cette "grotte". De rejoindre la lumière. Ou du moins ce qu'il en restait...
Comme pour l'encourager à ne pas battre en retraite, son sauveur l'avait prise par la main. Un contact qu'elle appréciait à sa juste valeur. Korë ne pouvait plus se dérober. Mais en avait-il jamais été question ? Sa liberté, elle la lui devait. Sans son intervention, rien de tout ceci n'aurait eu lieu. Elle n'aurait pas pu quitter cet institut maléfique. On l'aurait peut-être même disséquée après usage ? Histoire d'en apprendre plus sur le fonctionnement de sa matrice. La matrice d'une Wyvérienne Crépusculaire. D'une génératrice de monstres !
De LA Génytrix.
Korë déglutit discrètement. Camille s'était tourné vers elle pour lui faire signe de se taire.
Il s'apprêtait à ouvrir cette porte qui donnait sur le rez-de-chaussée...
Qu'allons-nous trouver là-haut ?
La Wyvérienne ferma les yeux et retint sa respiration. Tout ce qu'elle était capable de faire pour retarder l'inévitable. Pour "fuir" la réalité.
Ils retrouvèrent le jour. En rouvrant les yeux, Korë découvrit les ruines de cette maison dans laquelle ils avaient trouvé refuge. Autour ? C'était pire encore ! La ville avait drastiquement perdu de son charme. Il n'y avait plus de place pour la poésie. Le chaos s'était abattu sur Sudo et avait emporté une bonne partie de son identité.
La bardesse porta un poing à son cœur qui s'était serré face à cette vision bouleversante.
Elle s'y était attendue et pourtant...

- Toute cette destruction, c'est son œuvre...

Le Roi Doré, enfant wyverne d'Elfrydd et de la Génytrix !
Ses doigts gracieux que Camille tenait toujours, ce dernier les sentait trembler.
Un homme apparut sans crier gare. En guise de salutations, il prononça une sorte de pseudonyme. Ou un nom de code ? Deux mots adressés à Camille, percuta la bardesse.
La phrase spécifique ?
Les oreilles de Korë réagirent au mot "pondeuse". Elle ne l'aimait pas, ce fichu mot ; il n'était que trop vrai et bien trop cru ! Deux problèmes en un seul. Le fait que le contact de Camille ait traité Elfrydd d'enfoiré ne parut pas émouvoir la Wyvérienne. Par contre, il était difficile de nier la beauté de cet homme qui avait pris la parole. Entre cette moustache élégante qui lui allait si bien, cette expression du visage qui lui conférait un petit air ténébreux et ce regard perçant... le tout appartenait indéniablement à un homme charismatique.
Pourtant, il y avait quelque chose chez cet individu qui perturbait la bardesse. Comme une désagréable impression de déjà vu...
Le bel homme s'était finalement présenté sous le nom de Vittorio, le contact de Camille.
Ugh...
Etait-ce déjà l'heure des séparations ?
Korë avait déjà du mal à le supporter.
Elle regarda Camille. Son sauveur ne lui avait pas lâché la main.
Que devait-elle en conclure ? Que devait-elle croire ? En qui ou en quoi pouvait-elle se permettre de placer sa confiance ?
Derrière son propre poing, la bardesse sentait son cœur battre à tout rompre. Il pulsait à l'en faire souffrir.
Korë secoua la tête.
Non ! Il fallait qu'elle se reprenne. Ses émotions étaient de trop, encore une fois. Mieux valait les étouffer...
Au moins en apparence.

- Camille, fit-elle à son oreille dans le but de s'accaparer son attention.

Elle le contourna pour se positionner devant lui. Puis elle posa son autre main sur la sienne - celle qui refusait de la quitter.
Le sourire qu'elle lui renvoyait été doux et désarmant. Elle pressa son front contre le sien et soupira.

- Je ne souhaite pas trahir votre parole. Pour cela, je suis prête à suivre cet homme si jamais vous me l'imposez.

Ça lui faisait mal de se placer dans une position aussi vulnérable. Poursuivre lui était difficile mais Korë ne voyait pas d'autre possibilité. Elle en avait assez fait, aussi bien en temps que femme que monstre.

- Même si je n'ai pas envie de vous quitter, je vous écouterai. Il n'y aura... pas de caprice venant de moi.

Pourquoi avait-elle envie de pleurer ? Pourquoi diable était-ce si compliqué ?
Elle se pinça les lèvres, faisant tout pour entretenir ce sourire d'ange qui menaçait de s'écailler.

- Vous serez toujours mon sauveur, Camille. Le seul et l'unique, avec qui j'aurai partagé un excellent moment.

A regret, elle décolla son front du sien pour le regarder droit dans les yeux.

- Vous êtes bien plus important que vous ne l'imaginez.

C'est ainsi qu'elle remettait son destin entre ses mains.
Son contrat. Son choix. Sa décision.

Re: Quand l'art des poisons se mélange à celui des chansons [avec Korë Grémorya]

Posté : 21 sept. 2024 14:10
par Camille Marquise
Elle s’en fichait… Où était cette Muse de cire que son lui insensible avait réchauffé des flammes des bougie ? N’était-ce que le reflet des flammes qui avaient donné un semblant d’émotion à ce visage (parfait, pensa son esprit trop rapidement avant de jeter très loin ce mot dans le gouffre de son âme)…

*Un faux sourire. L’impossibilité de voir ces émotions en se collant front contre front. Ainsi, pas besoin de se forcer à être aimable. Voilà, elle me sort des phrases toutes belles toutes faites. Et maintenant elle fait machine arrière en me donnant l’impression que je suis davantage. J’aurai envie de l’insulter de traînée ! Mais je suis trop gentil. Et je la respecte déjà trop… *

Vittorio : « Cette scène est touchante. Mais le dragon qui a ravagé cette ville pourrait revenir d’un instant à un autre. Je prends la responsabilité de la pondeuse, monsieur Marquise. »

Il s’approcha d’eux dans sa tenue moulée au corps. Tous ses muscles bougeaient au rythme de ses pas. Ses yeux orange. Ses cheveux aux mèches blondes. Il avait l’aura d’un soleil. Le potentiel d’un roi-guerrier. Camille se sentait si ridicule avec sa taille de femme et ce vêtement moulant qui mettait en évidence ses traits androgynes, et donc féminins.

??? : « Chef, chef ! Il faudrait se presser. Vous avez besoin de votre hache ? »

De derrière la ruine de ce qui avait accueilli le foyer d’une famille chaleureuse, un homme plutôt lambda était apparu. En fait, en y prêtant l’oreille, on pouvait même entendre des bruits de fonds. Des hommes qui bavardaient. Mais pas trop fort. Ils ne voulaient pas déranger leur chef.

Vittorio : « Non, je n’en aurais pas besoin. Tu n’as qu’à la poser contre le mur. Retournes avec les autres. »

Plus la situation se prolongeait, et plus Camille perdait pieds sur terre. Il avait l’impression de ne plus rien peser. Qu’il allait s’envoler. Oui, tout simplement. La gravité le rejetterait. Il s’envolerait très rapidement et disparaitrait juste comme ça. Très vite oublié. Vittorio et Mélodia pourraient alors poursuivre leurs vies. Et, la nuit venue, leur cerveau effacerait toutes traces de cet homme-femme.

Mais elle tenait encore sa main. Il se devait de tenter quelque chose. Ca lui revenait maintenant. Elle lui avait dit qu’elle la suivrait s’il le voulait. Mais sous le choc du magnétisme de Vittorio, son esprit était resté sur la formulation « si jamais vous me l’imposez ». Il ne voulait rien imposer. Il n’était pas ce genre d’homme. Mais, OUI !, il se devait de tenter quelque chose.

« Je-… »

Sa main se porta à sa gorge. Qu’était cette douleur !

« J-je… » (tousse tousse)

Quelque chose lui enserrait la gorge. Ca lui broyait la trachée. Respirer était possible mais douloureux. Sa main se porta sur sa peau nue et… non. Elle n’était plus nue. Elle se recouvrait de métal froid. Aussi terrible et impitoyable que la Vierge de Fer. Camille commençait à sérieusement paniquer. Ses yeux dardèrent son contact. Pourquoi lui infligeait-il pareil sévices ?

Bien entendu, ce n’était pas Vittorio. C’était le pouvoir du Roi Doré qui se manifestait chez Camille. L’androgyne était brisé à l’intérieur de lui. Certes, il avait une femme et des enfants. Mais il avait souffert dans son enfance de son apparence. Sa femelle le prenait par le cul si cela lui plaisait. Elle le droguait même. (oui, il n’y était pas réfractaire mais…) Camille n’était pas un modèle de pureté. Et donc, au lieu de transformer inconsciemment le contrôle du métal en arme offensive. Cela devenait une sorte de « bijou » pour lui faire fermer sa gueule… et le faire souffrir…

Re: Quand l'art des poisons se mélange à celui des chansons [avec Korë Grémorya]

Posté : 24 sept. 2024 14:01
par Korë Grémorya
Le commentaire de Vitorrio déstabilisa la bardesse. Un frémissement d'horreur l'avait traversée d'un coup, brisant cette proximité qu'elle avait créée avec son sauveur. Le contact avait raison. Korë devait bien se faire une raison vu qu'elle était l'épicentre de tout ce chaos.
Elfrydd... qu'avons-nous fait ?
Ils avaient répondu la destruction et la mort en mettant au monde une wyverne diablement agressive.
Un scénario que la Wyvérienne avait appris à connaître, à force de copuler à droite et à gauche...
Quelqu'un d'autre s'était mis à parler. Un sous-fifre de Vittorio, à l'écouter l'appeler "chef".
Sa hache ? Quel usage pourrait-il en faire ?
En sentant la main chaude de Camille dans la sienne, Korë craignait que ce presque inconnu aie dans l'idée de forcer leur séparation. Mais Vittorio renonça à son instrument, demandant plutôt à son homme de main de le laisser là en équilibre contre un mur et qu'il s'en aille rejoindre les autres.
Les autres ? Comment ça, "les autres" ? Pourquoi y en a-t-il d'autres ? Combien sont-ils ? Combien de gens sont au courant pour moi ?
Tout ceci lui plaisait de moins en moins...
Et la discrétion, dans tout ça ? Cette opération n'était pas censée rester secrète ?
Elfrydd et ses sbires n'allaient pas tarder à savoir, eux aussi. Korë n'avait aucune envie de retourner dans cette cage. Elle ne voulait pas pondre à nouveau. Pas aussi tôt ! Et surtout pas pour nourrir les ambitions d'un dégénéré comme ce diable d'aristocrate.
La Wyvérienne était sur le point de se rebiffer lorsqu'elle entendit la petite voix hésitante de Camille.

- Ah ?

Que lui arrivait-il ? Pourquoi toussait-il ? Et son visage... pourquoi était-il devenu rouge, comme ça, tout à coup ?

- Camille ? Qu'est-ce qui se passe ?

Elle ne se souciait plus de Vittorio. Elle ne se souciait même plus d'elle-même. Son regard inquiet détaillait son sauveur, qui peinait à respirer.
Il lui serrait la main aussi fort que possible.
Qu'est-ce que je dois faire ?!
Enfin, elle le vit : ce collier de fer qui lui enserrait la gorge. Un matériau brut en apparence mais dans lequel courrait un flux de magie familière.
Une magie que la Génytrix partageait avec l'homme qui était entré en contact avec son dernier œuf de pouvoir.
Le pouvoir... le pouvoir, oui !

- Vous ne le maîtrisez pas, comprit-elle. (Son regard s'était raffermi.) Gardez votre calme. Concentrez-vous sur nos mains. Je vais vous aider à le contrôler !

De sa main libre, elle l'agrippa fermement par la nuque, pressant à nouveau son front contre le sien. La Génytrix ferma les yeux, transmettant sa propre volonté dans la ferreuse création de Camille. Elle ne renonça à aucun de leurs contacts avant d'avoir créé une ouverture dans ce collier-prison. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, ce fut pour agir, lui retirant cette entrave suicidaire d'un coup sec ! Korë jeta l'objet au loin. Celui-ci dégringola dans les airs avant de se transformer en poussière scintillante, qui disparut comme par magie.
Eloignant son visage de celui de son sauveur, elle l'avait pris pas les joues.

- Là, c'est mieux...

Elle lui souriait ? Un sourire maternel, si réconfortant...

- Faites attention à ne pas vous laisser submerger par vos émotions, d'accord ? Nous les avons rendues dangereuses.

Comprenait-il ce que ce conseil impliquait ?
En tant que Wyvérienne, Korë avait vécu la même chose bien des années plus tôt !
D'où son calme apparent et le peu d'émotions qu'elle laissait transparaître.
Elle lâcha la bouille de son sauveur pour se poster à côté de lui.
Finalement, c'était à elle de choisir.

- Camille vient avec nous, exigea-t-elle, ses yeux plissés sous le coup d'une grande détermination. Il est devenu un danger pour lui-même, et je suis désormais la seule à pouvoir veiller à sa sûreté. Nous ne nous séparerons pas, lui et moi. Sous aucun prétexte.

Il n'y avait rien à ajouter.
Sa responsabilité. Son choix. Sa décision.

Re: Quand l'art des poisons se mélange à celui des chansons [avec Korë Grémorya]

Posté : 28 sept. 2024 12:59
par Camille Marquise
Vittorio plissa les yeux et observa l’étrange petit couple. Que venait-il de se passer exactement ? Voilà que la « pondeuse » s’enhardissait et s’imposait. Il ne put faire autrement que d’étirer un sourire. Il était indéniablement bel homme. Tout comme il avait un charme fou. Pourtant, cette expression semblait cacher quelque chose de bien moins élogieux.

Vittorio : « Si tel est le désir de la demoiselle… »

Un temps, Vittorio observa l’endroit où le collier avait disparu comme s’il n’avait jamais existé. Puis il s’en alla prendre à une main la hache qu’on lui avait apporté. Il la souleva comme si elle ne pesait rien. Et, pour ceux qui avaient quelques connaissances en armement, l’acte devenait exploit. C’était une arme à deux mains. Et cet acte devenait aussi une manière de démontrer sans mots son ascendance sur la situation. Ce que Korë venait de faire n’était qu’un caprice. Aucunement un ordre qui surpassait son autorité.

Et Camille dans tout ça ? Il se faisait éclipser par les personnalités de Vittorio et de Korë. Enfin, Mélodia. Elle ne lui avait toujours pas révélé son vrai prénom. Il se sentait tout petit. Faible. Et maintenant, QUOI ?! Même ses propres émotions devenaient un ennemi ? Il avait envie de pleurer. De rapetisser. De se cacher dans un coin. Il voulait appeler sa femelle à l’aide. Mais il ne le pouvait pas. Elle était loin. Elle était indisponible. Et cela relevait de son travail. Sa mission. Son contact à protéger.

*Ah non. Plus maintenant… J’ai terminé mon travail. Elle est à lui et… je n’aime pas cette phrase. Il n’y a pas de possession. Il… je suis si faible qu’elle cherche à me protéger. J’ai été empoisonné et seule elle sait comment m’aider. J’ai… *

Sa main glissa pour effleurer une bosse de quelque chose de dissimulé dans une poche invisible.

*Je devrais me refaire une injection. Supprimer mes émotions. Mais… est-ce pour toute la vie ? *

Son regard était désespéré. Il se posa sur celui de celle qu’il avait veillé toute une nuit durant. Toute cette cire et ces bougies mourant à petit feu. Ça lui semblait un rêve. Quelque chose qu’il n’avait pas vécu et… d’une certaine façon, c’était vrai. Il avait toujours été comme derrière une protection. Il avait été anesthésié. Dépossédé de ses émotions. Il ne voulait pas recommencer. Alors sa main s’éloigna de sa poche invisible. Et cette main caressa son cou endolori.

??? : « Chef ! J’ai trouvé le jackpot ! »

Un homme en tenue semblable à Vittorio se pointa. Il portait une tenue proche du corps dans un ton rouge rouille. Sur sa poitrine se trouvait l’emblème d’un soleil dont la moitié explosait. Le même symbole dans le dos de Vittorio.
.
Image
.
Vittorio : « Pas maintenant. »

??? : « Mais chef. Cette destruction est à notre avantage. Ca va nous aider à-… »

Vittorio : « PAS. Maintenant… »

Il était énervé. Il parvenait à conserver un certain contrôle de la situation. Mais ces laquais n’avaient pas agi comme il l’aurait voulu. C’était flagrant.

Vittorio : « Allons-y. »

Camille se rapprocha de l’oreille de Mélodia.

« Ca ne peut pas être le contact. Il est trop… à l’opposé de la discrétion. Et maintenant que j’y pense, nous n’avons pas échangé de code lui et moi. J’ai… un gros doute. »

Excepté que Vittorio avait commencé à marcher avec sa hache aux couleurs du soleil posé allégrement sur son épaule. Juste derrière la ruine se trouvait un groupe de vingt personnes portant toutes la même combinaison que leur chef. Ce vêtement plutôt près du corps, couleur rouille avec ce logo à l’effigie d’un demi soleil explosant. Ca faisait beaucoup de monde.

« J’ai entendu parler d’un groupe de voleurs. Spécialisé dans le vol urbain. Je crains qu’on ne soit tombé dans un piège… Je suis désolé. Vraiment… »

Camille luttait pour ne pas pleurer.

« J’ai failli à ma tâche. En plus, maintenant, je dois compter sur toi. A cause de ce collier de fer… Je suis vraiment désolé… »

Re: Quand l'art des poisons se mélange à celui des chansons [avec Korë Grémorya]

Posté : 01 oct. 2024 09:31
par Korë Grémorya
Oui, tel était son irrévocable désir ! Vittorio avait beau être agréable à regarder, il n'en demeurait pas moins un presque inconnu à ses yeux. Elle ne pouvait pas lui accorder sa pleine confiance. Cet homme ne l'avait pas sauvé contrairement à Camille qui, lui, travaillait seul comme un grand !
Qu'il le veuille ou non, nous sommes liés.
Pas par les liens du sang ou de la chair, non. La magie, insidieuse, était à l'ouvrage...
Vittorio, qui avait pourtant dit qu'il n'aurait pas besoin de sa hache, s'en alla tout de même la récupérer. Korë le vit lever d'un seul bras musculeux un véritable monument d'acier !
Le regard de la Wyvérienne dissimulait une pointe de tension.
Cet homme n'est pas à prendre à la légère.
En comparaison avec lui, en terme de puissance brute Camille ressemblait à un enfant.
Ses qualités sont tout autre.
Alors que son sauveur méditait sur son propre cas, un homme de Vittorio vint à sa rencontre avec ce qui ressemblait fort à une bonne nouvelle.
Pour qui, exactement ?
Korë, dans son silence, compara les symboles que portaient fièrement les deux hommes sur leurs tenues. Un soleil au visage endormi, avec la moitié d'un hémisphère réduit en éclats. La bardesse, malgré sa culture, n'en connaissait point la signification.
S'agit-il d'un clan ? d'une confrérie ? Mais dans ce cas...
Il y eut un bref échange entre le sous-fifre et son supérieur. Le laquais insistait au risque de trop en révéler ; le décisionnaire lui imposait de se taire en haussant le ton et en appuyant bien chacun de ses mots.
Cette tension n'est pas normale. Je n'aime pas ça.
A l'oreille, Camille lui confirma ses craintes. En effet : Vittorio n'était pas un exemple de discrétion ; il irradiait, avec son arme lourde. En outre, aucun code n'avait été échangé entre les deux "agents de l'ombre".
Korë hocha discrètement la tête.
Plus on creuse, moins s'installe la confiance.
En avançant dans le sillage du grand moustachu, ils découvrirent non pas une poignée d'hommes mais toute une tripotée de types affublés du même motif ! Vingt têtes, au bas mots. Cela faisait beaucoup de monde pour une opération de sauvetage...
Camille s'excusait pour avoir été ainsi berné par ce présumé groupe de voleurs.
Tant de gens savent ce que je suis ? C'est... inattendu.
Se voulant rassurante, elle accentua légèrement la pression sur la main de son escorte qui n'en avait pas fini de se lamenter.
Le préférait-elle dans cet état ? aussi émotif ?
Son doux sourire, elle ne lui dissimula point.

- Ne vous tourmentez pas, Camille. Vous avez fait ce que vous avez pu. Vous avez su prendre soin de moi une nuit durant. Alors rien n'est perdu tant que nous restons ensemble. (Elle se pencha de côté pour lui glisser à l'oreille.) Simulez l'ignorance et détendez-vous au maximum. Nous ne savons pas encore ce qu'ils me veulent, et je n'ai pas l'impression qu'ils comptent se débarrasser de vous. Pour le moment, j'estime que nous ne sommes pas si malchanceux que ça.

Un peu de positivité ne pourrait pas leur faire de mal, au sein de cette ville en ruine.

Re: Quand l'art des poisons se mélange à celui des chansons [avec Korë Grémorya]

Posté : 06 oct. 2024 08:49
par Camille Marquise
Laquais balafré : « C’est vraiment cette lopette qui a réussi à s’infiltrer chez le Elfrydd ? Sans déconner, on dirait un gamin. Et c’est qu’il va chouiner, en plus ! Rah ah ah ! »

Un laquais, hilare, poussa de la paume de la main Camille au niveau de la poitrine. Ce dernier se laissa faire. Surpris, il manqua même de tomber cul par terre. Il ne devait la conservation de sa faible estime qu’au fait que sa main était dans celle de Mélodia.

« Je suis désolé. J’aimerai récupérer ma main… »

Laquais balafré : « Sauvé par une gonzesse. T’as pas honte, toi ! »

Ce n’était plus du rire. Ca se remplaçait rapidement par de l’énervement. Le laquais balafré revenait déjà vers Camille qui lui tournait le dos, comme… s’il l’ignorait ?! L’énervement monta d’un cran. Il attrapa l’attention de quelques uns de ses potes. Ce faisant, en tournant la tête, il ne vit pas Camille plonger dans une de ses poches invisibles et couvrir son épaule d’un peu de poudre.

Laquais balafré : « OH ! Tu vas me regarder quand j’te parle, toi ! Franchement, va falloir que tu nous dises comment t’as fait pour t’infiltrer dans cet énorme manoir. Il doit y avoir de ces trésors au-dedans. On les veut ! OK ? »

Camille ne s’était pas retourné. Et donc le laquais balafré posa sa main sur l’épaule de « la fillette » et le força à se retourner. Ce ne fut qu’une micro-expression. Mais Mélodia vit le sourire avant qu’elle ne voit plus que son dos.

Laquais balafré : « T’es vraiment minuscule. Et tu m’énerves à ressembler à une fille. Ca me donne envie de te faire… » (tousse tousse) « Saloperie de toux ! Tu serais une fille, je t’aurai déjà… » (tousse tousse) (TOUSSE TOUSSE TOUSSE !!)

La grosse paluche du laquais balafré se plaqua contre sa gorge. Il n’arrivait plus à parler. Il toussait de plus en plus. Et d’un seul coup, ce fut lui qui se retrouva agenouillé face à Camille. Revirement de situation « pacifique ».

Vittorio : « Qu’est-ce qu’il se passe par ici ? »

Il n’avait pas haussé la voix. Mais il était clairement la figure d’autorité au vue du changement immédiat d’atmosphère. Tout le monde s’était tu, à l’exception du laquais balafré qui avait de plus en plus de difficulté à respirer.

Vittorio : « Je suppose que tu es responsable de l’état d’Armando ? Pas besoin de faire un pas en arrière. N’ayez pas peur, monsieur Marquise. Je ne vous ferai rien. Mes hommes ont parfois des difficultés à apprendre des leçons élémentaires. Vivra-t-il ? Oui ? Parfait. Alors la situation est close. C’est entendu pour tout le monde ? Parfait. Alors reprenons la route. »

Le groupe se remit en marche. Ils remontèrent deux rues et entrèrent dans un bâtiment à trois étages qui avait été épargné par la destruction du Roi Doré. Nul ordre ne fut donné mais les vingt hommes de Vittorio se dispersèrent à l’intérieur. Seul Armando et sa toux insupportable était resté à l’arrière. Dans ses yeux, un brasier de haine pure se nourrissait envers Camille. Mais Vittorio l’avait déjà recadré une fois silencieusement de son seul regard royal.

Vittorio : « Après vous. »

Difficile d’y voir un voleur tant l’homme avait des manières et savait en faire usage. Dans le couloir, un homme portant le blason d’un demi soleil éclaté indiqua qu’il y avait là une cuisine. Vittorio tendit à nouveau le bras pour indiquer la direction à ses deux otages. Camille et Mélodia furent invités à s’asseoir. Il y avait de l’eau qui bouillait et de quoi prendre un thé. La situation avait ce quelque chose d’irréel.

Re: Quand l'art des poisons se mélange à celui des chansons [avec Korë Grémorya]

Posté : 06 oct. 2024 11:49
par Korë Grémorya
Les hommes de Vittorio ne partageaient décidément pas une once de son charisme. Ils étaient pour la plupart bruyants, ne sentaient pas vraiment la rose et s'amusaient parfois aux dépens des autres. Camille, en l'occurrence, se trouvait dans le collimateur de l'une de ces fripouilles.
Un harceleur...
Plus intelligent que lui, son sauveur n'avait pas répliqué. En fait, ce n'était pas pour tout de suite. Korë le comprit plus ou moins lorsqu'il manifesta son intention de lui lâcher la main. Elle accepta silencieusement tout en fronçant les sourcils à l'attention du rustre qui avait commencé à s'énerver tout seul.
Cet imbécile mérite une bonne leçon.
Sauf qu'elle ne pouvait pas la lui administrer. Pas au risque d'enterrer un peu plus son mutique compagnon.
Profitant d'un moment d'inattention de son tourmenteur, celui-ci avait agi en douce, administrant un produit irritant sur sa propre épaule. Cette même épaule sur laquelle le droitier, vexé par l'absence de réaction de l'androgyne, posa sa main. Tout en suivant le mouvement initié par cette poigne irrespectueuse, Camille s'était fendu d'un malin rictus. Korë elle-même eut à peine le temps d'en distinguer la courbe.
L'autre crapule, qui s'était "inexplicablement" mis à tousser, ni avait vu que du feu...
L'abruti, les yeux révulsés, tomba à genoux face à sa pseudo victime.
Korë fit mine d'étudier son cas tandis que Vittorio s'interrogeait sur la situation.

- C'est une réaction assez courante chez les aérophages, dit-elle en coulant un regard d'avertissement à ses semblables. Ils brassent tellement d'air à proférer des bêtises que ces dernières se retrouvent parfois coincer en travers de leur gorge.

Mais le chef n'était pas dupe. Il nourrissait des soupçons à l'égard de l'empoisonneur...
Est-ce le moment de sortir les griffes ?
Grâce à ses pouvoirs, Korë en avait les moyens. Cela dit, les hommes de Vittorio étaient beaucoup trop nombreux. Les chances qu'ils s'en sortissent étaient effroyablement minces. Camille n'ignorait rien de ces pronostics.
Heureusement qu'il n'écopa d'aucune sanction pour avoir donné une leçon à cet idiot d'Armando.
Difficile à cerner, ce leader...
Il possédait un certain sens de l'honneur. Korë avait franchement du mal à le détester.

La marche se poursuivit sur deux rues et s'interrompit au pied d'un bâtiment de trois étages. Le QG des "enfants du soleil brisé", s'imagina la Wyvérienne, en voyant les hommes s'éparpiller naturellement à l'intérieur. Mélodia s'était arrêtée pour les regarder s'éloigner. Vittorio les incita, elle et Camille, à s'avancer. La bardesse y alla de sa démarche gracieuse, s'interrompit face à deux tabourets, regarda Camille, hocha la tête puis s'y installa posément. Alors que des grouillots préparaient le thé, elle posa ses prunelles carmines sur le visage moustachu de Vittorio et demanda :

- Maintenant que vous m'avez trouvée et rempli une partie de vos objectifs, peut-être pourriez-vous nous faire part de la suite des évènements ?

C'était là le nœud du problème. On les avait déposé en "lieu sûr", et après ? La Wyvérienne ne voyait pas comment leur être utile. Ou alors préférait-elle ne pas se perdre avec des hypothèses salaces ?
Moins les gens en savaient sur elle, plus elle se sentait en sécurité. Ici, c'était tout l'inverse.
Les choses étaient tellement plus simples, au sein des tavernes, lorsque je me contentais de jouer et de chanter...
La bardesse se souvint alors qu'elle avait conservé son étui à l'intérieur duquel reposaient violon et archet. A sa ceinture pendait également son ocarina, bien à l'abri dans une petite sacoche. Après avoir baissé les yeux sur son attirail musical, elle interrogea Vittorio du regard.

- A moins que vous ne préféreriez que je vous joue gratuitement un morceau ? (Elle haussa les épaules.) Un seul, parce que les suivants seront naturellement payants.

Une façon de faire comprendre au chef qu'il ne l'était qu'auprès de ses hommes.

Re: Quand l'art des poisons se mélange à celui des chansons [avec Korë Grémorya]

Posté : 10 oct. 2024 21:13
par Camille Marquise
Camille était tellement estomaqué par la puissance de Mélodia. Lui avait agi sur un coup de tête qu’il avait presque automatiquement regretté. Empoisonner non-mortellement un laquais était une telle prise de risque ! Et s’il était mis à mort ?! Comment sa femelle survivrait à ce drame ? Et ses enfants ! Il avait fait une grosse bêtise et… pourtant, Mélodia l’avait soutenu. Elle avait même osé aller jusqu’à la provocation en inventant une excuse basée sur des « aérophages ». Pour être honnête, Camille ne savait pas précisément ce que ce terme signifiait. Ce qui lui conférait une honte pour lui-même et une admiration pour elle.

Et elle avait recommencé quand ils s’étaient retrouvés enfermés dans leur nouvelle prison. Non, il n’y avait pas de chaîne. Non encore, la situation n’avait pas été précisé en ce sens. Ce thé était tellement contradictoire !... Mais Camille se sentait enfermé dans cette maison. Oppressé par l’aura de Vittorio. Et… Mélodia semblait immunisée à tout ça ! Camille se sentait tellement faible. Un second rôle qui écoutait la conversation des « grands ».

*Je dois me reprendre ! Je ne suis plus le faible petit androgyne qui s’est fait attaché à un arbre lors d’une sortie scolaire… Merde, quoi ! J’ai une famille et j’ai appris l’art des poisons et des remèdes ! Pourquoi je porte toujours ce complexe d’infériorité… *

Vittorio : « Cela va être plutôt vulgaire ce que je vais dire mais, tu as une sacrée paire de couilles pour une femme. Et c’est tout à ton honneur. Bien que je reconnaisse qu’attribut la notion de force au sexe masculin soit probablement une erreur d’éducation depuis jadis. »

Son regard s’était posé sur Camille. Comme si sa faiblesse était la preuve de ce qu’il venait de répondre.

Vittorio : « Mes activités « professionnelles » et mon style martial pourrait indiquer un certain profil, disons, bourrin et sans éducation. Mais je sais apprécier l’art de la chanson. Je ne serai donc pas contre un air. Par contre, mon égo préférerait imposer la création d’une chanson vantant mes mérites. »

Il esquissa un sourire charmeur. Mais également lucide sur le sous-texte de la bardesse, spécialiste du jonglage des mots et des figures de style.

Vittorio : « Disons que je conserve cette chanson pour plus tard. Disons… »

Vittorio s’approcha de Mélodia. Et Camille eut cette désagréable impression qu’il n’était rien. Qu’il n’était pas là. Presque un… meuble. Quant à Vittorio, ses manières « italiennes » allaient dans le sens où il voulait poser sa main délicatement sur la joue de la belle. Geste qu’il retiendrait s’il sentirait que ce ne serait pas possible.

Vittorio : « … que je préfererais l’entendre dans ma propre maison. Ma propre chambre à coucher. Et non ce lieu où je « travaille ». »

Sans aucun remord ni pudeur, il courtisait Mélodia devant Camille. Qu’il ne considérait donc pas comme un adversaire à sa hauteur. Pendant ce temps, au-dessus de leurs têtes, on entendait les pas parcourir toute la maison à plusieurs étages. Les hommes du Soleil Brisé s’agitaient comme une colonie de fourmis. Chacun avait son rôle et interagissait naturellement les uns par rapport aux autres.

Vittorio : « Vous m’avez posé une question, belle dame, et je ne l’ai pas oublié. La suite ? Mes hommes vont pillé et m’enrichir. Vous, vous êtes encore une interrogation. Je devrais vous vendre au plus offrant. Mais vous avez une telle personnalité que, je dois vous l’avouer, vous avez réussi à m’hypnotiser de votre charme. »

Le leader du Soleil Brisé se tourna alors vers Camille qui n’avait toujours pas participé à cette conversation.

Vittorio : « Sans compter cette étrange aptitude. Et cette prise tout à fait inattendu. Si on demandait précisément, et d’une personne de forte influence tel que, et je vais le nommer familièrement de son seul prénom pour ne pas lui donner plus de pouvoir qu’il n’en possède déjà, Elfrydd. Excusez-moi, cette phrase est beaucoup trop longue. Donc, si on me demandait mon plan de suite, je dirais que je vendrais votre compagnon en arguant d’un pouvoir masochiste sur le métal. Et je vous ferais mienne quitte à en perdre une fortune. Je vous enchaînerais physiquement ou par les liens de la séduction, puis nous voyagerons. Mêlant alors plaisir et travail. »

Re: Quand l'art des poisons se mélange à celui des chansons [avec Korë Grémorya]

Posté : 11 oct. 2024 20:21
par Korë Grémorya
Vittorio savait faire usage d'un langage bien fleuri. Cela ne surprenait guère la bardesse, qui lui devinait une part d'ombre malgré ses grands airs. Cet homme était un chef de pilleurs. Le gouverneur d'une petite armée de bandits. Il n'avait tout simplement pas pu asseoir son autorité sur ces rustres sans s'être couvert les mains de sang.
A sa remarque aussi grossière que grivoise, Korë haussa finalement les épaules.
Elle ne réagit verbalement qu'à la révélation suivante de ce cher esthète.

- Je commence tout doucement à mieux vous cerner, soupira-t-elle. Mais comme je n'ai pas encore entendu parler de vos hauts faits, il me sera difficile de chanter vos louanges.

La Wyvérienne espérait que ce thé, justement, leur permettrait de faire plus ample connaissance. Dans ce contexte là, oui ; Korë le trouvait reposant, malgré la présence de toutes ces fripouilles qui s'affairaient tous azimut. La bardesse se tenait bien droite au milieu de ce que l'on aurait pu qualifier de "lie de l'humanité" ou de "mange-merdes". La bardesse qu'elle était avait souvent entendu cette expression circuler dans les tavernes.
Consciente que son charme naturel opérait sur le dandy à la hache, Korë n'empêcha pas sa main de lui toucher la joue. Elle ne se lova cependant point contre ses doigts, comme elle aurait très bien pu le faire ailleurs, dans un... autre contexte, oui.
Je ne sauterai aucune étape. Je n'ai pondu que depuis hier, et je ne me sens pas prête pour le moindre coït.
Pourtant, elle souriait. Un rictus qui se voulait discret mais qui renforçait son indéniable beauté.
Et enfin Vittorio leur fit part de ses projets ! Korë dégustait tranquillement son thé alors que le bel homme parlait de vols, de gains et de possiblement la vendre, elle, à un ou des types pleins aux as. La Wyvérienne jeta un regard en coin à son mutique compagnon. Il n'avait pas moufté depuis son "altercation" avec Armando.
Cela me convient. Nous aurons perdu la partie dès l'instant où l'un d'entre nous aura commis la bêtise de s'emporter. Cette conversation doit mener sur des négociations, et non pas se conclure sur une rivalité stérile entre deux mâles désireux de m'obtenir.
Korë hocha humblement la tête à ce qu'elle avait pris comme un compliment.

- Est-ce réellement surprenant ? Aucun de mes clients ne me prêterait l'oreille si j'étais d'un ennui mortel.

Vittorio mentionna Elfrydd. Cet homme diablement malin qui l'avait charmée, enlevée à l'aide de ses hommes, puis "violée" maintes fois entre deux enfermements dans une grand cage à oiseau. Elle se posa la question de ce qu'aurait bien pu penser son présent interlocuteur de tout ceci...
Ma cote en prendrait sans doute un vilain coup. Il est des aventures que l'on se doit d'éviter d'ébruiter, et plus encore de décortiquer.
Le chef du Soleil Brisé émit alors de nouvelles possibilités. D'abord se débarrasser de Camille en le vendant à sa place, avec pour argument commercial sa maîtrise extrêmement bancale du métal. Puis prendre possession d'elle, qu'elle finisse par tomber amoureuse de lui ou non, avant de l'emmener ailleurs, en voyage, tout en jouissant de leurs unions futurs et de leurs activités malsaines.

- Vous êtes promesse de somptueuses et fantasques péripéties, constata posément la bardesse. Mais permettez moi de vous faire remarquer que vous commettriez plusieurs erreurs en suivant pareil chemin. (Elle regarda Camille.) Mon compagnon, comme vous le dites si bien, souffrirait abusivement de cet éloignement. Pire encore : il succomberait à cause de son pouvoir nouvellement acquis. Son décès vous mettrait à dos l'homme à qui vous l'aurez vendu - pour une coquette somme, j'imagine ? - tandis que nous aurons sans doute déjà quitté les lieux comme de dignes parias. (Elle secoua la tête, ancrant de nouveau son regard carmin dans celui de Vittorio.) Admettons que nous parvenions à laver cet affront dans le sang de cet homme que vous aurez dupé. Ne vous y trompez pas : Elfrydd aura eu vent de cette sombre affaire. Vous et vos hommes seront alors traqués comme des bêtes. Notre ennemi commun vous trouveront, vous tueront puis me captureront. Aucun lien, aucun amour, ne nous protégera jamais de cette fatalité. Vos affaires prendront fin aussi sûrement que votre vie, et la mienne virera encore au supplice.

Nouvelle gorgée de thé. Korë baissa la tête, évacuant un soupir chauffé par la boisson.

- Je ne cherche pas à vous effrayer, Vittorio. J'ai déjà cerné votre puissant concurrent. Je l'ai connu, contrairement à vous. Et je sais maintenant que cet homme a les moyens de ses ambitions. Il se pourrait même qu'il soit devenu, grâce à son intellect et à sa main d'œuvre, un individu plus dangereux encore que les wyvernes que je suis à même d'engendrer. (Elle le regarda fixement.) Vous n'avez donc que deux options. La première : me vendre à Elfrydd au risque qu'il vous trompe à votre tour et s'empare gratuitement de ma personne. La seconde ? Collaborer avec Camille et moi pour le renverser, et faire de ses richesses les vôtres. En échange, nous ne réclamerons que notre liberté. Pas davantage.

Re: Quand l'art des poisons se mélange à celui des chansons [avec Korë Grémorya]

Posté : 13 oct. 2024 12:48
par Camille Marquise
Tandis que le « bas-monde » tentait de survivre chacun à sa manière. Que ce soit les habitants de leur ville dévastée par le Roi Doré ou par un jeune couple constitué d’un empoisonneur et d’une bardesse : plus haut, dans un établissement qui avait « miraculeusement » ( ?) survécu à la destruction de l’enfant de la pondeuse et de son violeur, allait se tenir une réunion.

Elfrydd : « Maître Shinicovid. C’est un plaisir de vous revoir. »

Shinicovid : « Suis-je parti si longtemps que cela ? Il faut dire que la notion du temps perd énormément de sa lourdeur existentielle lorsqu’on n’y est plus soumis. »

Elfrydd : « En apprenant votre retour, j’ai demandé à notre cuisinier en chef de se surpasser et d’aller piocher dans la réserve spéciale. Si vous voulez bien me suivre, maître. Oui, par ici, je vous prie. »

Shinicovid : « J’ai toujours aimé votre façon d’entretenir vos relations, Elfrydd. Je ressens les efforts que vous mettez à être poli alors que vous ne désirez rien de plus que de passer directement à la réalisation du nouveau plan qui doit s’autoalimenter dans votre tête. Une tête que j’aimerai beaucoup inciser et étudier un jour prochain… Pardon, une année ou une autre. Bien entendu, rien ne presse. »

Image

Les deux hommes d’influence et de pouvoir marchèrent dans un long couloir. La moquette sous leurs pieds était lourde et rouge. Ils passèrent une porte et traversèrent une galerie d’art. Le soleil matinal pénétrait à travers les immenses fenêtres. Les rayons solaires miroitant sur les cadres d’or et faisant ainsi ressortir leur beauté à travers leurs reflets.

Shinicovid : « Cette « aile » du musée m’a toujours beaucoup plu. Etrange que ce soit ainsi nommé ainsi : aile. Presque dérangeant cette répétition avec ce qui est exposé. »

Elfrydd : « Si fait. Mais dites-moi, maître : comment s’est passé votre dernier voyage ? »

Les mains croisées dans le dos, Elfrydd s’était arrêté face à plusieurs tableaux qui montaient haut vers le plafond. Tant qu’il fallait se casser le cou. A cette pensée, il sourit en se disant que s’il avait eu la capacité de voler, il n’aurait pas souffert de cette gêne. Le principal amusement de cette pensée tenant au fait que c’était des paires d’ailes immaculées qui avait été exposé.

Image

Shinicovid : « J’ai croisé un général dont le nom m’a rappelé un célèbre nécromancien. Une lecture passionnante que je relis une fois tous les ans. Les aventures d’Elric de Melniboné. Parmi son armée se trouvait une créature à l’attribut angélique. Trois paires d’ailes. Une force de destruction immense. Capable de percer le torse d’un puissant démon d’un seul lancer de projectile éclatant. »

Elfrydd : « Oh ! Et qu’avez-vous fait de cette créature ? Est-ce qu’il me faut contacter un artisan pour trouver la meilleure façon d’exposer six nouvelles ailes ? »

Shinicovid : « Elfrydd. Lorsque nous ne sommes plus enchaînés au temps, il arrive que les notions de passé, présent et futur s’entremêlent. Voilà que je me demande si j’ai déjà vécu cette rencontre ou si c’est pour plus tard. Le temps que mes connaissances réalignent séquencement l’Histoire, je garderais cette réponse en suspens. »

Les deux hommes poursuivirent leur visite de leur « art ». Ils s’arrêtèrent face à une œuvre immense. Un énorme tableau uniformément peint d’un rouge tirant presque vers le marron. Un esprit léger aurait pu targuer que cela avait la couleur du sang. Un esprit plus précautionneux, plus enclin à survivre et ne pas perdre sa raison n’aurait pas cherché à savoir si c’était là de la peinture ou une matière organique…

Shinicovid : « J’ai décidément un intérêt tout particulier pour la couleur blanche. Le blanc est si pur. Comme les ossements. Ou comme les ailes des anges. Cette paire-là magnifiquement enchaînée d’une façon si simple et si puissante. Oui, cette paire-là est magnifiée par ce mur sanglant au-derrière. Cet établissement, le vôtre Elfrydd, est assurément un de mes préférés. Un de ceux auquel j’aime particulièrement revenir. »

Elfrydd : « C’est un honneur pour moi d’être parvenu à créer un tel lieu et à attirer, et faire revenir encore et encore, des esprits aussi brillants que le vôtre, maître. »

Image

Il y eut le passage sous une arche. Les murs blancs devinrent gris. Les fenêtres disparurent dans cette nouvelle aile. C’était comme passé de la lumière aux ténèbres. Du Paradis à l’Enfer. Et quel plaisir de faire face à cette nouvelle œuvre.

Shinicovid : « Cessons cette visite, Elfrydd. Toute cette chair et tout ce sang m’a définitivement ouvert l’appétit. »

Elfrydd : « Voilà qui est pour me plaire. J’ai moi aussi très hâte de commencer ce nouveau projet à propos de mon dernier captif. Savez-vous qu’il a déjà reçu le surnom de Roi Doré ? »

Image

Quand les deux puissants entrèrent dans la salle, le petit personnel disparut sans un bruit dans les ombres et derrière les portes. L’ambiance était tamisée. Un luxueux candélabre au-dessus de la table à manger offrait un spectacle, une mise en lumière d’un repas. La disposition du corps, de ce qu’il y avait à manger tirait également sur l’œuvre d’art. Pour Elfrydd et Shinicovid, la valeur d’un humanoïde et d’une œuvre d’art était similairement la même chose. La différence tenait seulement au matériau utilisé.

Shinicovid : « Splendide. Et… »

L’homme qui avait montré un doigt à la Faucheuse s’approcha de la tête de la jeune femme au teint albâtre.

Shinicovid : « Elle respire encore. Magnifique ! »

Sur la table donc, se trouvait le corps d’une sirène. Une magnifique jeune femme aux longs cheveux couleur nacre artistiquement déployés. Elle avait été maquillé. Ses mains croisées sous sa poitrine de taille modeste. L’artiste était allé jusqu’à dissimuler de moitié ses tétons en déposant une mèche de cheveux sur chacun d’eux.

Puis, sous le nombril, c’était une incision. D’abord le spectacle de la chair et d’une partie de la colonne vertébrale. Quelques gouttes suintaient. Un mélange de sang, de liquides organiques mais aussi d’une sorte de « fixateur » pour que la table à manger ne soit pas soudainement recouverte de viscères et autres.

Venait alors des plats disposés constitués à partir de toute la queue manquant de la sirène. A l’exception de sa dernière paire de nageoire.

Elfrydd : « Je vous en prie, maître. Prenez le ou les plats qui vous intéressent le plus. Et n’hésitez pas à changer la musique du gramophone si elle ne vous satisfait pas. »

Image

Re: Quand l'art des poisons se mélange à celui des chansons [avec Korë Grémorya]

Posté : 13 oct. 2024 13:44
par Camille Marquise
Mélodia avait la maîtrise du verbe. De cela, Camille ne pouvait qu’en attester. Elle ne tremblait pas face à leur ravisseur alors qu’il était à la tête de vingt hommes. Sans compter sa puissance physique eut égard à la façon dont il manipulait sa lourde hache. D’eux trois, c’était bel et bien lui le plus faible. Et plus Mélodia parlait, moins il avait envie de participer à cette conversation. Il n’avait jamais été fort avec les mots. Souvent à provoquer des drames plus ou moins grands. Heureusement qu’il avait sa femelle monstrueuse dans sa vie maintenant. Bien que… ses punitions soient aussi « terrible » à sa propre façon… Mais ce n’était pas le moment de verser dans des fantasmes ! Camille devait se reprendre et écouter attentivement cette conversation dont il faisait parfois l’objet.

*Sans elle, je vais mourir ?... Je devrai être terrifié mais… une partie de moi adore ça. Avoir une excuse pour rester près d’elle. Qu’elle possède une certaine domination sur ma vie. Merde, Camille. Tu as vraiment quelque chose de brisé dans ton cerveau. *

« Et la protection de son corps ! Je ne vous permettrai pas d’exercer une quelconque autorité pour lui ouvrir ses cuisses ! C’est à prendre ou à laisser. Notre coopération contre Elfrydd. Contre notre liberté et la conservation de sa matrice. »

Il s’en voulait déjà. Sous la table, Camille triturait nerveusement ses mains. Ses doigts s’emberlificotaient les uns sur les autres. Il regrettait déjà ses paroles. Mais quand elles avaient jailli, l’assurance avait sonné dans chacun d’entre eux. Ce petit être androgyne qui était victime d’un nouveau pouvoir surréel. Il avait fait montre d’une belle autorité et d’une assurance royale.

Le silence se posa alors sur cette table surréelle où trois presque inconnus partageaient un thé.

Puis Vittorio ne résista pas à une quinte de rire !

Vittorio : « Ah ah ah ! Parfait ! Ah ah ah ! Entendu mes deux loustics. Vous voulez votre liberté ? Toi, tu veux préserver ta copine et la garder pour toi tout seul ? Pourquoi pas ! Même si tu ne me sembles pas être le genre d’homme à pouvoir satisfaire une beauté pareille. Mais bon, elle n’a pas non plus la tête de l’emploi à te dominer et faire de toi sa serpillère personnelle. Vous m’intriguez vous deux. Et dans un nouveau monde en ruines entourés de loyaux mais si prévisibles hommes de main : vous êtes une bouffée d’air bienvenue. »

Homme du Soleil Brisé : « Hum, chef ? Si je peux me permettre de l’ouvrir, j’ai l’impression que c’est pas une si bonne idée que ça de recruter ces deux-là. Ils puent tous les deux la trahison. »

Vittorio : « Bien entendu qu’ils essaieront de nous fausser compagnie dès qu’ils le pourront. Je ne suis pas idiot. Contrairement à toi. Mais eux ne se connaissent pas si bien que ça. Si je ne me trompe pas, ils ont du passer une nuit ensemble. Et soit cet empoté à un chibre qui a hypnotisé la dame. Soit il y e a une sorte de tension sexuelle qui grimpe lentement mais inévitablement. Dans tous les cas, individuellement, ils ne sont rien. Deux faibles qui s’associent pour survivre. Une très bonne stratégie qui a toujours fonctionné pour l’humanité. De plus, l’efféminé ne contrôle pas son pouvoir. Et la fille doit avoir des remords à avoir donné naissance à ce monstre qui a dévasté cette ville. Non, ne t’inquiète pas, larbin ensoleillé : la situation est sous contrôle. Mon contrôle. »

Il se leva et murmura quelques mots à l’oreille de l’homme du Soleil Brisé. Ce dernier s’en alla. Puis Vittorio appuya le côté de son bras sur l’huisserie de la porte. Il les observa encore un instant et déclara :

Vittorio : « Il y a une chambre encore en bon état là-haut. Montez-y. Ca nous permettra autant de vous surveiller pour que vous ne vous échappiez pas. Tout en vous donnant un peu de temps pour roucouler l’un à l’autre. Ah ah ! Cette lopette capable de se glisser entre tes cuisses ? Ah ah ! Que je sois damné s’il réussit à te séduire avant moi. »

D’une façon très élégante et très charmante, il se lissa la moustache en même temps qu’il exposait un sourire solaire. Puis d’un bras, il les enjoignit à sortir de la cuisine et suivre un de ses hommes du Soleil Brisé pour qu’ils soient tout deux conduit à une chambre. Ce qui… semblait devenir une sorte de running gag du Destin ? Allaient-ils passer toute leur « aventure » enfermés de chambre en chambre ?

Re: Quand l'art des poisons se mélange à celui des chansons [avec Korë Grémorya]

Posté : 14 oct. 2024 17:21
par Korë Grémorya
Camille était intervenu avec une certaine énergie. Korë l'avait regardé avec attention, le temps qu'il expose ses propres exigences. C'était bienveillant de sa part mais pas tellement nécessaire. La Wyvérienne ne s'attendait pas vraiment à ce que Vittorio renonce aussi facilement à la prendre. Il n'était de toute manière guère obligé de tenir parole.
Que vaut celle d'un chef d'une bande de pilleurs ?
Tout le monde peut porter un masque. Vittorio, lui, avait choisi d'endosser celui de l'aristocrate. De l'homme bien élevé, mais non moins autoritaire. Son charisme l'y aidait grandement.
Alors, plutôt que de s'emparer d'elle en employant la force, la tête pensante du Soleil Brisé envisageait de lui fait la cour, de la remporter à l'usure, de voler son cœur au-delà de son corps. Mélodia, en tant que bardesse, ne le sentait que trop bien.
Elle ne se formalisa ni de son rire, ni de l'intervention de son homme de main et pas davantage de ses suppositions les concernant, elle et son sauveur.
Une tension sexuelle entre nous deux...
La Wyvérienne pouvait difficilement prétendre le contraire. Ils s'étaient vu nus, dans cette chambre, en dessous d'une ville en proie au chaos. Ils avaient même joué à un jeu diablement excitant, avec ces quelques bougies de cire. Et lui avait pris soin de conserver sa culotte.
Sommes-nous aussi faibles qu'il le prétend ? Nous sommes-nous rapprochés à cause de cette faiblesse ?
Korë ne se prétendait pas "forte". A vrai dire, elle se moquait bien de la puissance, du pouvoir et de toutes ces absurdités qui poussent les gens à la vanité. La Wyvérienne n'aspirait qu'à la liberté et à enrichir son art. Pour le reste, c'était son corps qui lui dictait la "bonne" conduite à adopter.
Vittorio leur imposa une chambre pour deux, tout en mettant au défi Camille de conclure leur affaire avant que lui ne parvienne à la séduire.
La bardesse termina son thé, déposa la tassa vide puis se leva.

- Pour l'heure, c'est vous qui commandez, reconnut-elle. Vous avez fait de cet endroit votre chez vous de fortune, après tout. Nous ne commettrions pas la bêtise de vous trahir entre ces murs.

Elle échangea un bref regard avec Camille avant de lui prendre la main. Un contact pour le moins rassurant dans ce monde de brutes libidineuses ! La Wyvérienne ne laissait rien transparaître sur son visage mais elle tenait à cette proximité.

- Je vais me permettre un dernier petit conseil, Vittorio. Histoire de vous remercier, vous mais aussi vos hommes, pour votre "hospitalité". (Son regard passa du chef à son laquais désigné pour les accompagner.) Vous auriez grand tort de sous-estimer monsieur Marquise en raison de son physique soi-disant désavantageux. Vous avez là un agent compétent, en plus d'être un homme aimant ainsi qu'un amant attentionné. S'il le voulait, il pourrait nous fausser compagnie et m'abandonner entre vos mains. Mais rassurez-vous : je sais qu'il ne le fera pas. Et c'est justement cette attitude qui le rend si fascinant à mes yeux.

Elle sourit au concerné. Sourire qu'elle ne reproduit pas lorsque ses prunelles carmines rencontrèrent à nouveau le visage pourtant si beau de Vittorio.

- Votre plus grosse faiblesse commence là où votre champ de vision se termine. Vos yeux de faucon sont vifs, mais ils ne sont point aussi perçants que vous semblez le croire.

Ensuite ? Elle dépassa le chef du Soleil Brisé, en compagnie de Camille, son futur codétenu, et de leur escorte patibulaire.

Re: Quand l'art des poisons se mélange à celui des chansons [avec Korë Grémorya]

Posté : 18 oct. 2024 11:21
par Camille Marquise
Vittorio remarqua sans peine le changement d’expression chez Camille suite à la tirade de Mélodia. Il n’avait pas sa main dans celle de l’androgyne mais il put deviner autant le resserrement que le relâchement. Et ce visage avec des yeux ronds de surprise. Cette rougeur autant d’excitation, d’embarras et de remerciement à lui donner un tel éloge. Vittorio sourit en réalisant à quel point son « rival » avait une si faible armure autour de son cœur. Cette femme allait le dévorer tout cru. Elle en ferait ce qu’il voudrait. Quitte à le dresser contre lui ? Oh que ce jeu promettait d’être intéressant ! En se lissant sa moustache, il se décala pour laisser passer le jeune couple lié par la main. Quel divertissement inattendu !

Ils montèrent donc à l’étage accompagné du laquais du Soleil Brisé. Ce dernier ne leur ouvrit pas la porte. Par contre, il ne perdit pas de temps à la refermer dès qu’ils furent entrés et à fermer à double tour.

Camille eut alors une étrange sensation de déjà-vu. Cette chambre avec un lit à baldaquin. La présence de Mélodia. Est-ce qu’il avait déjà vécu cette scène ? Non, impossible. Il ne connaissait Mélodia que depuis la journée d’hier. Sa main libre tâta son corps. Quelle idée ridicule de croire qu’il portait une robe transparente… Non, il portait toujours ses vêtements noirs et moulants. Avec ses poches invisibles et…

« M-Mélodia ? »

Il se racla la gorge pour récupérer un tant soit peu de fierté. Et de clarté.

« C’était très beau ce que vous avez dit sur moi en bas. Je… je suis flatté. Même si c’était de l’invention, ou de l’exagération. Merci de m’avoir peint un tel portrait. »

Enfermé dans cette chambre, passé le trouble de la sensation de déjà-vu, les réflexes commencèrent à reprendre le dessus. Il y avait une grande fenêtre. Tous deux se trouvaient au premier étage. Il y avait peut-être là moyen de s’échapper. Mais Vittorio devait avoir placé un de ses laquais juste en bas dehors. Il faudrait tout de même vérifier.

« Euh… »

Sa main glissa dans une de ses poches secrètes. Il réalisa qu’on ne les avait pas fouillés. Toutes ses poudres et autres étaient toujours en sa possession. Une erreur ? Ou Vittorio avait une telle confiance en lui qu’il se croyait invincible face aux « coups bas » de ce « rival » ? Une pensée qui énerva un peu le jeune homme…

« Voici. C’est à vous. »

Il avait du se retenir de porter la petite culotte blanche à ses narines. Il aurait tant voulu que cette fragrance investisse son corps, et fasse rejaillir des souvenirs en passant par son cerveau. Mais il s’était maîtrisé et l’avait tendu directement à Mélodia. Si proche de lui. Toujours lié par sa main.

« Je… je ne voudrais pas qu’ils vous découvrent dans, euh, et bien votre condition actuelle. Je sais très bien qu’une petite culotte n’est pas une forteresse mais… je ne voudrais pas qu’ils vous découvrent sans et que cela leur donne des idées. Après tout, je… »

*Je ne vais pas lui dire que ça m’en donne ! *

« Je suis désolé de ne pas avoir eu le temps de la laver. Non qu’elle soit « sale » mais… »

Il fallait qu’il cesse de parler. Ses yeux se détournèrent pour regarder ailleurs. Il avait beau être un adulte. Qui plus est un avec de l’expérience avec une femelle et des enfants : il restait toujours autant mal à l’aise dans ses affaires-là.

Re: Quand l'art des poisons se mélange à celui des chansons [avec Korë Grémorya]

Posté : 19 oct. 2024 11:36
par Korë Grémorya
Les mots n'avaient certes pas encore franchi le palier des lèvres de Camille mais Mélodia, qui le tenait par la main, sentait rien qu'à la pression de ses doigts sur les siens qu'elle l'avait ému. Ce n'était pas une mauvaise chose : que son sauveur lutte ou non contre eux, leur alliance dépendait principalement de leurs sentiments. Si la bardesse dissimulait - souvent - soigneusement les siens et que son frêle compagnon les muselait avec ses drogues, ils étaient le principal moteur de leur progression.
Je n'ai pas été très sincère lors de notre rencontre dans l'institut...
Avec tout ce qu'ils avaient vécu, la Wyvérienne s'en voulait un peu. Ceci dit, elle disposait toujours du temps et des moyens adéquats pour leur permettre de se tenir sur un pied d'égalité.

Leur escorte n'était en rien un exemple de galanterie. Il ne parlait pas, ne souriait pas non plus et surtout ne prenait même pas la peine de leur ouvrir les portes. Il ne s'agissait que d'un rustre qui aurait mieux fait de prendre quelques cours auprès de son boss, au lieu de se contenter d'obéir à des ordres réducteurs.
Bref ! Le trio grimpa à l'étage, puis se transforma en duo lorsque le guide passa geôlier en refermant la porte à clef derrière eux.
La bardesse, qui avait entendu le bruit de la serrure, ne s'en souciait pas outre mesure. Ses prunelles carmines détaillaient la pièce. Elle en conçut une drôle d'impression. Comme si... comme si leur tandem avait déjà eu l'occasion de se poser sur ce grand lit à baldaquin.
Dans une autre vie, peut-être ?
Forte d'une grande imagination, Korë croyait en ces choses là. Sauf que les croyances et les certitudes ne faisaient pas tout le temps bon ménage. Elle écarta cette idée de son esprit fertile, tournant son visage redevenu impassible vers celui de Camille. Ce dernier ayant prononcé son nom de scène d'une voix chevrotante.

- Oui... ?

A ce sujet, elle aurait bien voulu lui révéler quelque chose. Information qu'elle ravala, soucieuse de ne pas le couper dans son élan compliqué.
Il déballa son sac. La bardesse secoua doucement la tête.

- Ce n'était ni de l'invention ni de l'exagération, lui assura-t-elle. Juste de la sincérité. Mon ressenti le plus pur, sans aucun voile ni illusion.

Tout comme lui, elle étendit son regard jusqu'à la fenêtre. Une issue simple, avec un petit étage de hauteur entre l'encadrement et les pavés de la rue. Rien qui ne saurait les empêcher de s'enfuir.
Sans compter la plus que probable surveillance du rez-de-chaussée et ma parole de bardesse.
Elle avait dit à Vittorio qu'ils ne chercheraient pas à lui fausser compagnie. Pas maintenant, depuis cette maison squattée par une bonne vingtaine de ses plus fidèles grouillots.
Qu'il fusse bon ou mauvais, le mensonge entache la langue.
La sienne n'était pas tout à fait propre. Un peu comme sa petite culotte, que Camille avait sorti de ses poches pour la lui présenter comme un trésor inestimable.

- Vous avez raison.

Avec délicatesse, elle la lui prit.

- Merci d'en avoir pris soin. (Une attention touchante, à ses yeux doux.) Ne vous faite pas de mouron pour elle. La ponte, au moins, ne l'a pas souillée plus que nécessaire. Je vais donc pouvoir la porter en l'état.

Elle se garda de parler de son odeur. Parce qu'elle comprenait aussi celle de son sauveur, qui l'avait enfilée comme un gentil petit pervers la nuit dernière. Mélodia ne lui en voulait pas. C'était même tout le contraire : cet épisode ayant eu pour effet bénéfique de resserrer leurs liens.
Afin de s'équiper du léger symbole de leur affection mutuelle, la Wyvérienne dut lui lâcher la main.
Absolument rien d'érotique dans cette opération qui ne dura pas plus d'une dizaine de secondes.
Lorsque le délicat sous-vêtement eut retrouvé sa place, les doigts de la bardesse retrouvèrent la main de Camille. Cette fois-ci, elle était prise en étau entre dix doigts attentionnés, et non pas cinq tout simplement noués.
Les yeux rouges de la jeune femme aux cheveux neigeux fixaient le visage de son libérateur.

- Je n'ai pas été tout à fait honnête avec vous, lui avoua-t-elle d'une voix vibrante d'émotion. (Quel changement par rapport à d'habitude !) Mélodia n'est rien de plus que mon nom de scène. Celui que j'utilise en tant que bardesse. (Elle hocha la tête.) Vous m'avez prouvé que vous méritez mieux que ça.

Ce n'était pas tous les jours qu'elle en rencontrait un. Quand bien même lui arrivait-il de copuler avec des brutes insipides dans le simple but de se sentir vivante, d'en tirer un quelconque plaisir au risque de pondre un monstre fou à lier après plusieurs nuits passées à le regretter.

- Ce que je vais vous révéler, je vous demanderai que de le garder pour vous. (Elle jugea inutile d'attendre son approbation, voire une promesse de sa part.) En tant que Wyvérienne - que je préfère de loin au mot si vulgaire de "pondeuse" -, je porte le nom de Yllanova Iarraleï Ravawynn Eilsys. Semblable à une incantation magique, c'est long et difficile à retenir, je le conçois parfaitement. Voilà pourquoi, dans le cadre majoritairement humain où nous évoluions, bien loin de mon île natale, je me suis rebaptisée Korë Grémorya. (Elle inclina la tête.) Je tiens à m'excuser pour ne pas vous avoir fait confiance dès l'instant vous m'avez fait sortir de la cage d'Elfrydd. La faute me revient de droit. La vérité étant que je... ne me supportais plus. Parce que j'ai été faible au point de ne pas avoir été capable de rejeter le comportement abject de mon geôlier alors qu'il abusait quotidiennement de moi. Au cœur de ce noir séjour, j'en ai même tiré une sorte de plaisir impie alors que je suis quasiment certaine qu'aucune de mes semblables, à ma place, n'aurait pu encaisser pareil traitement. (Cette pensée lui donnait la nausée.) Mais cela fait déjà un bon bout de temps que j'ai pris conscience de mes... particularités. Là où mes sœurs de l'Aube, les "Porteuses de Lumière", brillent par leur aimante descendance moi, l'unique Wyvérienne du Crépuscule, autrement dit la "Porteuse de Chaos", n'engendre que des créatures avides de mort et de destruction. (En relevant la tête, elle eut un sourire de dépit.) Si le monde entier venait à l'apprendre, je deviendrai la cible privilégiée de tous les diables qui le peuplent. L'équilibre s'en retrouverait alors complètement brisé, avec pour épicentre de cette apocalypse obscène la misérable créature qui se tient aujourd'hui à vos côtés.

Voilà ! Il savait tout, à présent.
Elle n'aurait pas plus être honnête avec lui qu'en cet instant déconcertant.

Re: Quand l'art des poisons se mélange à celui des chansons [avec Korë Grémorya]

Posté : 24 oct. 2024 14:21
par Camille Marquise
Son rythme cardiaque avait commencé à s’accélérer dès le moment où il avait ressorti la petite culotte blanche de sa poche invisible. Tout ce qui avait suivi n’avait été que carburant pour son moteur sanguin.

(baboum baboum…)

Même si remettre un sous-vêtement avait été réalisé sans intention séductrice. Il n’empêchait que le contexte et la proximité n’aidaient pas. Puis elle lui prit sa main entre ses deux siennes. Ces mains qui avaient rhabillé son sexe ! Oui, il n’y avait rien de particulièrement érotique. Mais Camille n’était pas une brute. Et comme à retardement, les actions nocturnes revenaient toquer à la porte de sa conscience.

(BAboum BAboum…)

Cette intonation dans sa voix. Cette intensité dans ses yeux. Elle était si belle avec ses yeux rouges ! Camille dut faire un effort pour ne pas se perdre dans ses deux petits lacs de sang ou de passion. Faire un autre effort pour ne pas simplement observer ces deux lèvres qui bougeaient. Il y avait des mots qui les traversaient. Il se devait de saisir le sens de toutes les phrases !

« Si j’osais ! je vous ferais l’amour tout de suite pour vous prouver que vous êtes capable de… »

*pondre. Non ! Elle n’aime pas ce terme. *

« …wyvérienner une noble créature de paix et d’ordre ! »

(BA-BOUM !! BA-BOUM !!)

*Mais qu’est-ce que je viens de lui sortir tout d’un coup ?! Il faut absolument que je dise autre chose. Je ne peux pas rester là-dessus. *

« Euh, je veux dire. Euh… Que vous n’êtes pas du tout une « misérable » créature, Yllanova Ya… ya, euh… pardon, j’ai oublié votre nom. Mais ! Vous êtes quelqu’un de bien ! Moi aussi j’ai des problèmes. Moi aussi je fais des choses que ma mère n’accepterait pas. Moi aussi je suis bizarre. Et moi aussi je fais des choses sexuelles avec ma femelle qui, euh… J-je suis désolé. Je ne sais plus ce que je raconte. Je… »

Il ne pouvait même pas la fuir. Elle tenait sa main. Et ça lui paraissait un étau tel qu’un prisonnier aux mains d’un bourreau ne pourrait s’extraire. Mais c’était un contact si chaud et chaleureux que cette « torture » lui convenait à merveille. Même simplement détourner le regard de ces yeux grenats ne lui paraissait pas réalisable. Il avait initié la démarche qu’elle se rhabille et il pensait déjà à la déshabiller. Il voulait lui faire « des choses »… Puis lui revint les images de son corps mise en lumière et en beauté par les bougies qu’il avait collé à sa peau claire et magnifique. NON ! Il ne pouvait pas lui faire l’amour. Il… il y avait Shaïra. Il… il y avait son honneur. C’était à mourir de rire ? Lui, le petit androgyne qui, la première fois qu’il avait découvert le manoir de Mélinda Warren, avait très rapidement fini par lécher et avaler toute la semence de sa femelle sur le corps de sa première amie maid ? Il était ridicule. Pitoyable. Indigne de confiance. Un dégénéré…

L’image d’un pinceau couvrant le corps vierge de peinture… Au clair de lune…

« Faites-moi taire. Je vous en supplie. Mettez fin à mon agonie. A mes idioties… »
.
Image

Re: Quand l'art des poisons se mélange à celui des chansons [avec Korë Grémorya]

Posté : 25 oct. 2024 19:26
par Korë Grémorya
Sa déclaration était touchante. Surtout à l'égard d'une Wyvérienne Crépusculaire comme elle, qui ne croyait plus vraiment en une ponte "saine". Korë appréciait l'effort autant que la force et l'espoir qui donnaient tant de vigueur à ces mots. La bardesse n'eut guère besoin de se forcer pour lui sourire en retour.
Un sourire d'une tout autre saveur que les précédents, à n'en point douter.
Ses émotions sont si fortes qu'elles le font peiner à trouver les bons mots.
Contrairement à la probable majorité de ses rencontres, elle l'appréciait beaucoup pour celui qu'il était.
Je l'envie. Il m'attire. Deux faits indiscutables. Je pourrais accepter son soutien et me laisser bercer entre ses bras...
Mais ce serait courir le risque dément d'une seconde destruction par-dessus la première, encore toute fraiche et fumante.
Korë ne pouvait pas infliger de nouveaux tourments et de nouvelles violences aux pauvres rescapés de cette ville. Avec Elfrydd, elle avait généré le Chaos. Désormais, elle devait contribuer à faire revenir l'Ordre par souci d'équilibre. C'était ainsi qu'on l'avait éduquée sur son île, bien à l'écart du monde et de ses futurs liaisons avec les mortels.
Raison pour laquelle elle se cramponnait à la main de son sauveur en émoi.
Camille, emporté par son hyper-émotivité, lui avoua avec maladresse des choses qu'il n'aurait sans doute jamais eu dans l'idée de prononcer à voix haute de toute son existence. Mais il n'avait pas pu se défaire du regard de la Wyvérienne. Ni de ses yeux, ni de ses mains.
Cette image qu'il lui renvoyait de lui l'affectait bien plus qu'il ne pouvait l'imaginer.
Un petit rire cristallin succéda aux suppliques de l'honorable sauveur.
D'une certaine manière, Korë avait fait la rencontre d'un être aussi bizarroïde qu'elle.
C'était cette ironie qui la mettait en joie.

- Vous feriez une piètre barde, mon pauvre héros.

Les clients mécontents se seraient rués sur lui pour le faire taire. Il n'aurait pas eu besoin de les supplier pour ça. Le goût de leurs semelles crottées lui serait sans doute resté en travers de sa langue profane. Pour la plupart, les gens hélas fonctionnaient de cette façon triste, cruelle et égoïste.
Mais la bardesse ne faisait pas partie du lot. Tout comme lui, elle était à part.

- Vos "idioties" ont leur bon côté, souffla-t-elle, elles suffisent à me remonter le moral.

Tout doucement, Korë approcha son visage du sien. Ses mains parfaites lâchèrent celle qu'elle retenait prisonnière pour venir glisser sur ses joues. Pour s'être ainsi ouvert à elle, la bardesse le récompensa d'un chaleureux baiser. Le genre que Vittorio, ou même Elfrydd, n'aurait jamais pu lui voler. Un contact bref mais cent fois plus riche que tout ce que la Wyvérienne avait vécu dans la couche du diable à crinière blonde.
Sans toutefois se départir de son plaisant sourire, Korë retrouva sa position initiale, éloignant lentement ses doigts graciles du visage trouble de son sauveur.

- Pour vous, ce sera Korë, lui susurra-t-elle en guise de confirmation. Et je serai quelqu'un de bien tant que vous vous tiendrez à mes côtés, Camille Marquise. Vous avez fait de mes problèmes les vôtres ; je vais faire des vôtres les miens. Il n'existe pas trente-six voies pour que l'on puisse s'en sortir. La plus sûre d'entre-elles dépend de notre complicité, de notre... affinité.

Elle coula un regard vers la porte.
Son sourire se dissipa aussi vite qu'il était apparu.

- Ensemble, nous vaincrons l'adversité. Ils peuvent bien nous séquestrer dans une pièce comme celle-ci, grand bien leur fasse ! Tant qu'ils commettront l'erreur de nous garder l'un à côté de l'autre, ils ne pourront jamais l'emporter.

Dans ses yeux rouges brillaient une farouche détermination.
Allait-elle parvenir à la lui transmettre ?

Re: Quand l'art des poisons se mélange à celui des chansons [avec Korë Grémorya]

Posté : 29 oct. 2024 16:29
par Camille Marquise
"Korë" était une belle personne. Korë. Korë : il fallait qu'il s'y fasse. Elle avait toujours été Melodia. Il avait l'impression d'être avec elle depuis si longtemps. Seulement depuis hier. La notion du temps pouvait être si étrange.

Il ne comprit pas pourquoi elle le compara à un barde. Mais cela importait peu. Si peu parce que ses "idioties" la faisaient sourire. Il acceptait d'être idiot autant de fois qu'il le faudrait si cela lui permettait de partager ses vrais sourires. Il y avait une tristesse au-dedans mais ils étaient authentiques. Ce n'était plus des sourires de façade, des sourires de "commerciaux". Melodia avait baissé le masque. Elle sautorisait à partager ce qu'elle était à fleur de peau.

Puis l'ambiance changea. Trêve de plaisanteries et de compliments. Il était temps de mettre à profusion leur matière grise.

"Je ne sais pas si nous sommes forts toutes les deux mais nous nous devons d'essayer."

La détermination avait été transmise. Et, cela lui arrivait parfois : Camille feminisait les mots au lieu de donner le rôle principal au masculin. Car il aurait dû dire "tous les deux" au lieu de "toutes les deux". Linfluence de vivre avec sa femelle et de côtoyer un monde où les femmes étaient fortes.

"J'ai toujours mes poisons dans mes poches invisibles. Je sais que je pourrais en avoir plusieurs. Par exemple, en version un produit sur la poignet de la porte. Au contact de la peau, il y aurait transmission et il finirait par terre inconscient. Mais ils sont beaucoup trop nombreux. Dans ces conditions, je ne vois pas comment nous pourrions réussir à tous les avoir. Sans compter... "

Son visage "parfait" agrémenté d'une élégante moustache lui apparut clairement en visualisation alors qu'il parlait.

"...Vittorio. Cet homme est d'une toute autre trempe. Et..."

Sa main se porta à son cou. Parler à quelqu'un, même si elle ne répondait pas encore, lui permettait de réfléchir et d'amener de nouvelles idées.

"Est-ce que... Est-ce que ce pouvoir qui a manqué de m'étrangler pourrait être la clé de notre évasion ?"

Re: Quand l'art des poisons se mélange à celui des chansons [avec Korë Grémorya]

Posté : 31 oct. 2024 20:41
par Korë Grémorya
Ils devaient essayer comme ils l'avaient fait depuis le début. Ils allaient s'en tirer. Encore. Une journée de plus. En unissant leurs forces. La Wyvérienne n'avait pas peur de braver le danger. Les obstacles faisaient partie intégrante de son existence et de l'univers dans son ensemble. Sans éléments perturbateurs, il n'y aurait pas d'histoire. Sans histoire, pas de bardesse pour les conter avec grâce. Camille Marquise, en tanque qud protagoniste de valeur, figurait sur ce tableau coloré. Elle lui en était reconnaissant. Son implication lui réchauffait le cœur. Un cœur qui s'était glacé en compagnie d'Elfrydd. Avec ce monstre, seul l'organe reproducteur de la Génytrix avait travaillé. Korë Grémorya préférait oublier le plaisir impie qu'elle avait ressenti en se faisant prendre comme une bête par son ex kidnappeur.

- Et nous réussirons, confirma-t-elle sans prendre en compte le féminin qu'avait employé l'empoisonneur pour les mettre dans le même panier. Nous n'avons pas le choix, Camille. Nous devrons peut-être même abréger des vies qui se dresseront en travers de notre chemin. La paix n'a jamais été gratuite. Sans tribut, elle ne se manifeste pas.

Elle l'écouta faire l'inventaire de ses produits, lui parler de ses pièges sournois, buter sur le nombre important de leurs ennemis. Mentionner le charismatique Vittorio, qui semblait l'avoir bien intimidé.
Le regard de la Wyvérienne se durcit un peu.

- Cet homme nous aidera. Ou bien nous l'abandonnerons à ses activités illicites aussi facilement qu'il nous a trouvés.

Ce n'était peut-être pas tout à fait vrai. Mais les mots de la bardesse étaient fait pour encourager, et non pas pour les démotiver. Sans le bon état d'esprit, la bataille était perdue d'avance. Douter était permis, mais seulement dans une certaine mesure.
Camille s'était mis à songer à l'utilité de son nouveau pouvoir.
Korë inclina interrogativement la tête.

- Votre contrôle du métal ?

Et le sien, par conséquent.
Un pouvoir qui s'était jumelé lors de la prise en main de cet œuf de pouvoir.
La Wyvérienne n'avait pas été mise au courant de cette possibilité. Sa mémoire, qui n'avait rien à envier à aucune autre, ne lui mentait pas.
Etait-ce ce que l'on pouvait appeler un "heureux accident" ?
Cela avait eu le mérite de les pousser à se rapprocher davantage.

- Pour le moment, votre maitrise de ce pouvoir est très laborieuse, lui rappela-t-elle. Mais je devrais pouvoir vous aider à l'affiner - ou au moins à la rendre moins dangereuse à votre égard.

Elle l'invita à s'asseoir sur le lit. Elle l'imiterait dans le plus grand des calmes, non sans refermer ses mains douces sur les siennes. Un toucher vecteur de bons sentiments là où ses mots transmettaient des pensées positives.

- Comment visualisez-vous son utilité ? Sauf erreur de ma part, vous ne devriez pas être capable de recourir à ce don pour tous les étrangler en même temps.

Optimiste, mais pas trop. Il fallait conserver les pieds sur terre. Sans cela, ce serait leurs têtes qui finiraient pas choir entre leurs orteils.
Soupirant délicatement, Korë éloigna prudemment cette image de son esprit diablement fertile.

- Observons le problème sous un angle plus favorable, voulez-vous ? (Elle baissa les yeux sur leurs mains liées.) Nous sommes deux à partager le même pouvoir. Ce qui signifie que nous devrions pouvoir l'exploiter différemment, avec une intensité décuplée.

Jusqu'à quel point ?
Korë elle-même n'en savait rien.
L'heure était-elle venue d'initier Camille Marquise à l'utilisation des arts mystiques ?
On leur avait laissé du temps ensemble. Cela ne dépendait plus que de lui, de sa décision.
Car de son côté, la Wyvérienne souriait d'espoir.

- Êtes-vous prêt à partager ce moment privilégié avec une Porteuse de Chaos ?

Ou, selon la froide légende, celle que l'on appelait autrement la Génytrix ?

Re: Quand l'art des poisons se mélange à celui des chansons [avec Korë Grémorya]

Posté : 03 nov. 2024 10:37
par Camille Marquise
Elle était impressionnante. De loin, elle paraissait n’être qu’un petit bout de femme. En la découvrant la première fois dans sa grande cage d’oiseau, Camille l’avait vu comme une victime. Bien sûr, entre sa libération et cet emprisonnement dans cette chambre : il y avait moyen de lui coller d’autres étiquettes. Ce qui en faisait donc une personne complexe et riche. Mais à cet instant, la bardesse démontrait tout son pouvoir. Ses mots étaient davantage. Tout son être avait cette capacité à motiver. De la même façon qu’un batteur donnait le rythme sur une galère. Les mots de la bardesse avaient un rythme qui se conjuguaient à ses attouchements. Etait-cela grande théorie des cordes ? Cette capacité à voir la vie sous le prisme de la musique. La bardesse avait-elle ce pouvoir de contrôler les autres, de les modifier grâce à sa musique entrant en vibration et résonance avec les autres ? Camille était assurément sensible à tout cela.

« Bien entendu que je suis prêt à partager ce moment ! Celui-là et tous les autres que vous me proposerez ! »

S’il avait eu liberté de ses mains, l’une des deux serait venu se coller contre sa bouche. Est-ce qu’il réalisait les tenants et aboutissements de ce qu’il venait de déclarer avec tant de véhémence ?

« Excusez-moi. Je… je n’ai aucune idée de quoi faire ce pouvoir. Je ne suis pas « spécial ». Je ne l’ai jamais été. »

Ses compétences actuelles, il les avait développées de la façon la plus studieuse qui soit. Dans les livres. En multipliant les expérimentations. Mais surtout les échecs. Combien de fois un mauvais dosage l’avait conduit devant les portes de la mort ? Il s’était fait engueuler si violement qu’il avait une fois manqué perdre la vie face à la violence du monstre qui l’avait choisi lui pour bâtir un foyer et une famille. Le pire étant peut-être quand il avait eu l’impression d’avoir entendu son âme à elle se briser. Puis assister à un déluge de larmes. Le genre bruyant et laid comme on ne le représentait pas dans les films sur Terre.

*Deux à partager le même pouvoir… Hum… La maîtrise de l’acier ? Hum… *

Son esprit, conditionné par tant d’heures à se concentrer sur d’obscures grimoires de poisons et de médicamentions, avait soudainement été happé. On pouvait presque parler d’état altéré de l’esprit. Camille Marquise réfléchissait. Et il se basa sur ce qu’il connaissait pour avoir un point de départ. A savoir ce collier qui avait manqué l’étouffer. Puis il sentit le contact avec les mains de Korë. Une première pensée additionnée à cette dernière donnait naissance à des menottes. Bien sur, il savait que ce n’était pas une arme. Mais l’esprit fonctionnait ainsi : par association d’idée, comme un jeu de saute-moutons pour aller toujours plus loin.

« Un collier… Des menottes… Objets sexuels… Joaillerie… La Vierge de Fer… Objets de torture… »

Il réfléchissait à voix haute sans réellement le réaliser. Puis il pensa que Korë, sa nouvelle Maîtresse en arts mystiques, détenait des connaissances. Ses yeux perdirent cette impression qu’ils étaient troublés. Ils fixaient intensément ceux de sa professeure.

« Comment faites-vous d’habitude ? »

Ce n’était pas la pensée que c’était une énième fois dans sa vie où elle détenait un pouvoir. Il fut passablement troublé par la cause : à savoir qu’autres hommes avaient joui de son corps. Il savait qu’il n’avait aucun droit à ce sujet. Mais c’était plus fort que lui. Sa psyché lui disait qu’elle aurait du être « immaculé », « faite juste pour lui » et ce genre de choses. Ca lui avait déjà valu des problèmes avec la mère de ses enfants. Un défaut qu’il ne pouvait expugner de lui.

« Plus j’aurai des informations, mieux je parviendrais à atteindre un résultat. Expériences et échecs, c’est ainsi que je travaille. »