It's more than a touch or a word can say
Only in dreams could it be this way
When you love someone, yeah, really love someone
Foreigner chantait l’amour soudain d’un homme pour une femme après de multiples déconvenues, et son espérance de tomber sur une femme qu’il aimerait vraiment. L’amour... L’un de ces paradoxes typiquement humains. Ils cherchaient tous l’amour, et Mélinda ne comptait plus les œuvres artistiques se rattachant, de près ou de loin, à ce sentiment. Un sentiment exceptionnel, anormal, mère de tous les sentiments, sur lequel les poètes dissertaient depuis des éons. Et, pourtant, l’espèce humaine était connue pour la cruauté dont elle était capable, et son incapacité à aimer sur le long terme. Mélinda ne comprenait décidément rien aux humains. Qui pourrait un jour prétendre les comprendre vraiment, tant ils étaient contradictoires ? Et Tomoko, somme toute, était à cette image.
Elle se laissait porter par Mélinda, et la vampire la sentait au bord des larmes, comme si le lent slow rock de Foreigner l’aidait à réfléchir. Pour elle, ça avait dû être une soirée incroyable, et, en proposant d’appeler un taxi, Mélinda l’avait placé dans une situation délicate. Qu’allait-elle faire ? Fuir à nouveau, comme elle l’avait fait auparavant en vomissant son déjeuner ? Mélinda sentait les hésitations dans son regard, tout en dansant lentement, la tenant, collée à elle. Tomoko était comme un insecte se débattant dans une toile d’araignée, au milieu des griffes de la vampire.
Parallèlement, la musique se poursuivait, les derniers vers faisant directement écho au dilemme de Tomoko.
I've been waiting, waiting for you, ooh, I've been waiting
I've been waiting
(I've been waiting for a girl like you, I've been waiting)
Won't you come into my life ?
Accepterait-elle de venir dans la vie de Mélinda ? La musique se termina, et les deux femmes restèrent proches, dans une ambiance tamisée, se touchant presque le front. Ne disant rien, la vampire laissa Tomoko arriver à sa propre conclusion. Tête baissée, la femme releva les yeux. Ses beaux yeux verdâtres étaient en train de se couvrir de larmes, tandis qu’elle se mit à bafouiller, la suppliant presque de rester son amie, et termina en lui demandant de ne pas l’abandonner, finissant par le suffixe «
-sama », un suffixe très respectueux qui exprimait sans aucun doute le profond respect que Tomoko vouait à Mélinda.
Mélinda caressa alors le visage de Tomoko, et son pouce glissa le long de son œil gauche, séchant une larme. Elle lui sourit alors tendrement.
«
Tomoko-chan... Je ne t’abandonnerai jamais, ma belle. »
Et Mélinda l’embrassa alors, de manière plus posée, tout en déplaçant ses mains pour l’enlacer. Elle la serra dans ses bras pendant plusieurs secondes, sentant Tomoko se serrer contre elle. Mélinda resta ainsi pendant de nombreuses secondes, avant de se décoller doucement.
«
Mais, si tu veux rester cette nuit, il faut peut-être le dire à tes parents, non ? Viens, ma chérie... »
Mélinda lui attrapa la main, et elles sortirent du salon. La soirée devant les
sakuras était terminée, et une autre soirée, plus intime, commençait, dans des salons ou dans les chambres. En rejoignant l’un des grands salons au rez-de-chaussée, les deux femmes purent entendre à plusieurs reprises des gloussements, ou voir des couples s’embrasser contre les portes. Mélinda rejoignit la salle à manger, un grand hall à gauche de l’atrium.
Dans la grande pièce, quelques lycéennes s’embrassaient sur la table, mais le regard de Mélinda se porta surtout sur une femme plus âgée. Dans sa combinaison moulante noire,
Yukie était assez occupée, car un homme relié à elle par une laisse fixé à un collier autour de son cou léchait ses bottes. Il était presque nu, à l’exception d’une culotte noire en latex recouvrant son sexe et ses fesses.
«
Yukie fera office de Maman pour rassurer tes parents au téléphone. »
Tomoko avait un avant-goût d’une soirée qui s’annonçait... Très originale ! Mais, pour cela, il fallait encore réussir à obtenir l’autorisation de ses parents...