Re: La vengeance est un plat qui se mange brûlant [Suki Tetsuhiko]
Posté : 01 sept. 2024 21:02
CASSANDRA TATES
Suivre deux Celkhanes têtes brûlées, ce n’était pas de tout repos, a fortiori pour une voleuse. Solitaire, Cassandra n’était pas vraiment du style à foncer dans le tas, mais plutôt à savamment éviter le contact, à opter pour l’infiltration et la discrétion. Pourquoi diable se retrouvait-elle là ? Elle n’avait toujours pas la réponse à cette question, ne comprenait toujours pas ce que Miranda voulait, et pourquoi cette dernière avait tenu à ce qu’elle fasse partie de la sécurité. Elle ne servait pourtant à rien, et cette question la taraudait, lui donnant l’impression de négliger quelque chose, d’être passée à côté d’une information importante, essentielle. C’était encore plus difficile à admettre quand on était, comme elle, une voleuse. Il y avait bien quelque chose qui justifiait sa présence en un endroit aussi dangereux !*Plus j’y réfléchis, moins j’y comprends quelque chose...*
Entre-temps, le trio avait rejoint un groupe de réfugiés, une autre Celkhane, et faisait route vers la cathédrale, Cassandra servant de guide. Les Celkhanes repoussaient avec un certain talent les nombreux Nécromorphes qui leur tombaient dessus. Ce groupe de réfugiés comprenait, pêle-mêle, des gardes, des esclaves, et quelques esclavagistes paniqués. Il y avait surtout des esclaves. Ils formaient une petite dizaine d’individus, et Cassandra en était presque à espérer un miracle pour sortir de ce cauchemar en un seul morceau. Suki et Panther firent le ménage à leur manière, utilisant des flammes pour repousser les Nécros, et le groupe parvint ainsi à rejoindre la cathédrale, longeant le seul couloir qui y conduisait. A gauche comme à droite, de grandes vitres permettaient de voir la tempête de neige. Un huis-clos terrifiant, rempli de monstres, où tout pouvait arriver, surtout le pire. Pourquoi était-elle là ?
Alors que le groupe approchait de la grande porte, plusieurs sentinelles apparurent devant cette dernière. Des gardes.
« Des réfugiés ! Ouvrez la porte !! »
L’un des gardes frappa contre la lourde porte en bois, qui s’ouvrit dans un lent grincement, révélant un brouhaha de voix à l’intérieur, une cacophonie. C’est dans l’adversité que les gens se rapprochent, et que les inégalités sociales disparaissent. De nombreux gardes se trouvaient dans les arcades, en hauteur, et d’autres surveillaient l’entrée. Une défense qui ne tiendrait pas longtemps contre les Nécromorphes, mais qui semblait procurer aux gens un semblant de sécurité. Cassandra au milieu des rangs, voyant que beaucoup de gens étaient en train de prier devant l’autel. La foi... Une autre chose qui retrouvait de l’importance dans une situation de crise. Cassandra continua à s’avancer, regardant autour d’elle. Cassandra se retourna vers les Celkhanes.
« Je vais rester là. »
Elle n’avait nullement envie de retourner dans le château. Ici, au moins, il y avait du monde, et elle pourrait réfléchir à une manière de s’enfuir... Quand elle ne serait plus autant paniquée.
CONRAD
La logique celkhane était quelque chose qui avait toujours amusé les Mijakiens. Elles prétendaient libérer tous les esclaves, à la condition qu’ils soient de sexe féminin. Les hommes étaient envoyés à Uatis, où ils auraient une vie encore plus misérable que celle qu’ils quittaient. Néanmoins, ce n’était pas ça qui choquait Conrad, mais le refus de Crow de l’embrasser. Il était beau, pourtant ! Il ne s’en offusqua pas, et secoua la tête :« Penser avec ma queue ? C’est une manière peu élégante de considérer que je pense avec mes émotions... Comme vous, non ? Pourquoi libérez-vous des esclaves ? Et puis, me dire de garder les pieds sur Terre, de la part d’une femme qui vit dans un Archipel volant, c’est un peu contradictoire... »
Il continuait à la coller. Conrad était plutôt du genre pot-de-colle, mais elle était tellement sexy ! Pouvait-il vraiment faire autre chose ? Il ne tenait pas à se fâcher avec elle, et évita donc d’aborder le sujet sensible de la déportation de ses hommes à Uatis. Ceci risquait d’ailleurs de poser problème, dans la mesure où il y avait des familles, et qu’ils ne voudront pas se séparer les uns des autres. Il restait près de la femme, et continua à faire valoir son point de vue :
« Pensez-y. Je peux vous être d’une grande aide. Je suis un piètre marchand d’esclaves, mais personne ne se doutera que je suis un espion. Je pourrais... Je pourrais vous fournir des informations, vous aider à mieux organiser vos coups, à éviter qu’il n’y ait trop de pertes. Tout ce que je demande, en contrepartie, c’est un baiser... C’est une bien faible contrepartie, vous ne trouvez pas ? Voyez ça comme... »
Il secoua la tête, essayant de réfléchir, de présenter au mieux son point de vue :
« Je...
- Vous flirterez plus tard, intervint Espada.
- Vous… Euh… ?! »
Elle les avait entendu ? Mais comment... ?! Elle était tout de même à l’autre bout de la pièce, et se retourna vers eux.
« Je suis une magicienne. Vos projets d’aménagement de votre entreprise ne concernent que vous, Conrad. Mais, si vous croyez que celle-là vous embrassera, vous vous trompez. Les Celkhanes sont toutes des traumatisées. Pourquoi croyez-vous donc qu’elles haïssent tant les hommes ? Caelestis est une gigantesque erreur, une réponse inutile et mal préparée des anges pour tenter de contrer l’expansion mijakienne.
- Hein ? Mais que... ?! »
Qu’est-ce que ça voulait dire ?
« Pour résumer, cette fanatique préférerait embrasser les couilles d’un taureau, plutôt que vos lèvres de séducteur. Les Celkhanes sont ainsi. D’anciennes esclaves dont leur frustration et leur rancœur sont utilisées par leurs supérieures. Des esclaves qui prétendent libérer d’autres esclaves, et n’en font que des esclaves supplémentaires. Si vous étiez un tant soit peu préoccupés par votre marchandise, Conrad, vous ne laisseriez jamais ces femmes tenter de les ‘‘délivrer’’. »
Conrad secoua la tête, tandis qu’Espada s’éloigna.
« Mais... Vous allez où ?!
- Contacter mes consœurs, afin d’organiser le transfert des individus prisonniers ici. »
Elle ne leur accorda pas un regard en s’enfonçant dans le couloir.