The Multiversity

Lissandre découvrait les subtilités du palais de Lucinda, et le fait que la méchante Reine noire était finalement une femme pleine de passion. La jeune femme était encore loin d’avoir tout découvert du Palais, loin s’en faut ! Lucinda ne lui avait pour le moment présenté que ses Slimes, mais Lucinda avait bien d’autres personnes ou créations à lui montrer. Sa Lissandre était une invitée d’honneur ici, car la Reine Noire n’oubliait pas qu’elle était proche de Mélona… Et, à vrai dire, même Lucinda commençait à la trouver très appétissante. Espiègle, joueuse, coquine, Lissandre ne manquait pas de qualités ! Difficile de dire si elle serait une « bonne » mère pour Mélona, car Lucinda ne la voyait pas vraiment être trop sévère… Mais, après tout, Mélona n’était qu’amour et sucreries, alors il n’y avait aucune raison de la gronder. Oui, Lucinda commençait à se dire que Mélona avait enfin trouvé une Maman qui voudrait vraiment d’elle, et non une qui finirait par paniquer. Car adopter Mélona, ce n’était clairement pas de tout repos. Envahissante, gourmande, Mélona était sexuellement insatiable, et, avec elle, il fallait jouer carte sur table. Elle avait une méthode de fonctionnement très enfantine, avec ce que cela impliquait de bien, comme de mal.

Pour l’heure, Lucinda appréciait beaucoup Lissandre, et remuait ses cuisses sur sa tête, tandis qu’elle gémissait, soupirant en sentant les Erubetie la prendre. La Slime savait que, avec sa Maîtresse, il fallait y aller fort. Si elle ne la baisait pas proprement, Lucinda serait capable de la punir ensuite ! Elle la baisait donc sans ménagement, défonçant son beau cul et sa bouche. Lucinda avait modifié son propre corps en devenant une Déesse pour apprécier davantage le sexe. Un caprice purement personnel, mais, quand on acquérait des pouvoirs frôlant l’omnipotence dans son propre univers, il fallait bien en profiter, non ? Elle soupirait donc, sentant Erubetie lui baiser la bouche, sa verge aqueuse durcie s’enfonçant jusqu’à la gorge. Erubetie multipliait les gorges profondes, et Lissandre déplaça ses mains, voulant sentir des verges autour.

« Lissandre est très coquine…
-  Elle aime les queues, hihihi ! »

Erubetie s’amusait de cette situation, et Lissandre ne tarda pas à avoir entre les mains ce qu’elle réclamait. Deux clones se rapprochèrent, membrées, et posèrent leurs verges dans le creux des mains de Lissandre, afin que celle-ci les masturbe. Les clones d’Erubetie pouvaient jouir rapidement, mais, comme il y en avait plusieurs dizaines, les autres venaient rapidement remplacer les clones repus. Erubetie était une orgie à elle entière, qui avait de quoi coucher avec toute une petite ville !

Branler à l’aveugle était une expérience intéressante. Sans les yeux, les choses paraissaient différentes. Souvent plus grandes, par exemple. Ce qui était une bonne chose quand il s’agissait de verge bien dure. Branler à l’aveugle permettait aussi de mettre en sourdine un sens pour intensifier un autre. La vue pour le toucher. Ainsi, Lissandre ressentait d’autant plus la texture slimesque des queues d’Eubetie. Bien que similaire à celles humaines, le toucher était plus lisse. Plus propre. Plus parfaite en un certain sens.

*J’ai l’impression que plus on baise, plus il y a d’Erubetie à baiser. C’est proprement ahurissant : hi hi ! Un cauchemar sans fin ? Non, plutôt une éternité de plaisir : hi hi ! *

Combien d’Erubetie avait éjaculer dans les mains de Lissandre ? Elle ne pouvait plus compter. A peine pensait-elle la tâche terminée que deux autres queues venaient chercher leur dose de plaisir à offrir. Lissandre, très excitée, redoublait alors d’ardeur pour satisfaire la slime bleue qui était légion. Elle masturbait encore et encore. Mais il fallait avouer que ses bras commençaient à peser lourd. Des tremblements apparaissaient. Mais il était impossible d’arrêter.

*Je ne peux pas décevoir belle-maman. Elle continue à m’offrir son nectar. Même si ma mâchoire commence à me faire souffrir, je ne peux pas résister. C’est comme une drogue, je dois continuer à boire. Pareil pour Erubetie. Même si je commence à avoir mal aux bras, je ne peux pas arrêter. Je ne veux pas décevoir Erubetie. Et je ne veux pas qu’Erubetie dise que je n’ai pas réussi à la satisfaire à ma Mélona. Je ne veux pas décevoir ma Mélone. *

Alors, malgré la fatigue grandissante, Lissandre continuait à boire aux lèvres intimes de la Reine et continuait à masturber l’armée infini d’Erubetie.

Lucinda jouait avec Lissandre et les multiples Erubetie tournoyant gaiement autour d’elle. La Reine Noire appréciait cette jeune femme. La Reine était pourtant très sélective. Elle disposait d’amantes chez elle, de concubines triées sur le volet, généralement des guerrières belles et fortes qu’elle s’efforçait de soumettre à son autorité. Lissandre avait un profil très atypique, mais Lucinda commençait à beaucoup l’aimer. Ferait-elle d’elle l’une de ses concubines ? Mais, même à ce titre, Lissandre resterait très particulière, car elle voudrait sûrement retourner chez elle. C’était aussi le mieux pour Mélona, qui était une jeune femme très curieuse, une Slime soucieuse de voyager partout. Il lui fallait donc un pied-à-terre sur Terre, et le foyer de Lissandre pouvait être un très bon moyen pour cela. Lucinda continuait donc à remuer sur son visage, lui offrant sa mouille, la bouche remplie par la verge d’une Erubetie, qui finit par jouir en elle.

« Hmmm… »

La Reine Noire se redressa alors, et Lissandre se retrouva rapidement à genoux. Elle eut à peine le temps de reprendre ses esprits que deux mains aqueuses se posèrent sur sa tête, et qu’une verge s’enfonça dans sa bouche, tenue par une autre Erubetie. Les Slimes gloussaient de plaisir, et la bouche de Lissandre se remplit d’une belle verge qui alla taper contre sa gorge. Lucinda restait debout à côté, tandis qu’une autre Erubetie se matérialisa sous le corps de Lissandre, enfonçant sa verge dans sa chatte. Pour parfaire le tableau, un troisième clone se lova dans le dos de la Française, et la sodomisa.

Et, bien évidemment, ses mains se retrouvèrent prises par deux verges, les masturbant à nouveau. Elle était ainsi au cœur de l’attention des Erubetie, ne pouvant même plus voir sa belle-mère.

« Haann, tu es si douée, Lissandre !
-  Elle n’est pas la mère adoptive de Mélona pour rien !
-  On devrait arrêter de jouir en elle, son Slime absorbe tout ! »

À chacun de leurs orgasmes, telle une éponge, Mélissandre se gorgeait du sperme des Erubetie, devenant plus brillant, plus vivace. Bébé prenait son bon lait ! Lucinda était curieuse de voir jusqu’où Mélissandre pourrait aller comme ça, et ce qui pourrait advenir de toute cette énergie supplémentaire que le « bébé-slime » était en train d’emmagasiner en lui !

Lissandre n’était pas une femme. Elle était un objet. Une verge dans la bouche. Une deuxième dans le vagin. Une troisième dans le cul. Et deux autres dans les mains. On l’instrumentalisait et elle s’en fichait complètement ! Elle adorait être un réceptacle de vices et de délices. Ce n’était plus une question d’éprouver du plaisir. Elle se sentait plaisir. Le reste n’existait plus.

A une exception près. Cette chaleur qui la recouvrait quasi intégralement. Pas seulement une combinaison moulante qui lui donnait une peau parfaite (selon elle) et produisait des sons qui rendait folle sa femme. Mais une combinaison symbiote abritant son bébé à elle et à sa Mélona. Lissandre, à travers le prisme des orgasmes, ressentait tout le plaisir pur de la slime.

Oui, Mélissandre absorbait tout le sperme de la slime bleue. Une partie devenait de la nourriture et la rendait folle. Une slime était un estomac insatiable. Une sorte de trou noir sexuel. Mais Mélissandre n’était pas une slime à proprement parler comme Mélona ou Erubetie. Elle était liée à la combinaison rose de latex et à Lissandre. Et une partie du sperme était stockée. Entre le latex moulant et le ventre plat de l’humaine.

Un petit ventre qui s’arrondissait.

Erubetie voulait arrêter de jouir en Lissandre ? Hors de question. Les dents se resserrèrent sur la fellation. Si elle faisait mine de partir, elle allait mordre. Les mains exercèrent une pression sur chacune des deux verges qu’elles branlaient. Deuxième avertissement adressé à la conscience mère d’Erubetie qui s’était divisée en une légion de clones. Impossible de croiser ses jambes autour du corps d’une énième Erubetie. Lissandre serra les muscles intimes. Ce qui ne constituait pas une prison sauf à vivre dans un manga hentai avec des supers pouvoirs pornographiques. Donc Mélissandre étira ses tentacules et s’enroulèrent autour des verges de la slime bleue.

Lissandre avait à peine conscience de toute cette manœuvre. Ses pensées allaient simplement dans le sens que cette orgie ne pouvait connaître de fin. Tandis que Mélissandre semblait s’éveiller à quelque chose de nouveau. Prisonnière d’une combinaison de latex et alimentée dans des proportions énormes de sperme : elle semblait faire mûrir un plan de sa propre conception.

Retenir les clones aqueux était inutile. Ils étaient faits de liquide, et Erubetie ne comptait pas s’arrêter si facilement. À chaque fois qu’un clone jouissait, un autre le remplaçait rapidement, n’offrant à Lissandre que quelques secondes de repos, à tout casser. Tandis qu’elle se faisait prendre, Lucinda contemplait la scène avec amusement. La Reine avait repris sa stature normale, consciente qu’il ne fallait pas gêner ce moment.

« Tu sais, dit-elle alors, Erubetie est souvent déployée pour coucher avec toute une population. Je l’utilise pour enfanter toute une population. Son sperme est très particulier, je l’ai longuement travaillé pour qu’il ressemble le plus possible à un sperme normal. Les spermatozoïdes qui affluent en toi peuvent donc te féconder. »

L’influence de la Reine Noire ne se limitait pas qu’à cette planète. Elle disposait aussi de mondes qui la vénéraient comme une Déesse, et où elle s’amusait à jouer à la Déesse. C’était toujours gratifiant, et il lui était arrivé d’utiliser Erubetie dans un petit royaume féodal pour veiller à sa reproduction. Erubetie était redoutable. Autrement dit, Lissandre était en train de coucher avec une Slime qui avait la capacité de coucher simultanément avec la population d’un petit pays. C’était dire la quantité de sperme que son corps était en train de recevoir !

Chaque Erubetie qui partait était remplacée par une autre, et Lissandre n’était plus qu’une poupée de chair. Ayant compris ce que Lissandre voulait, Erubetie ne s’arrêtait pas. Prise en étant assise, Lissandre fut ensuite manipulée. Les tentacules aqueux s’enroulaient autour de ses chevilles et de ses jambes, et elle se retrouva ensuite à quatre pattes, sentant plusieurs tentacules phalliques s’enfoncer dans sa chatte et dans son fondement, une belle verge venant bourrer son visage, s’enfonçant avec force entre ses lèvres.

Le ventre de Lissandre continuait à grossir. Plusieurs heures passaient dans ce bassin, sans que rien ne semble devoir stopper l’ardeur de Lissandre ou d’Erubetie.

Lissandre se retrouva finalement couchée, prise par le devant avec une Erubetie debout devant elle. Elle était plus exactement couchée sur un clone qui avait sa verge nichée dans son fondement, tandis que, allongées à droite et à gauche d’elle, deux Erubetie l’embrassaient avec appétit, caressant son ventre. Chacune l’embrassait longuement à tour de rôle.

« Le sperme d’Erubetie se mélange avec les flux intimes de Mélissandre…
-  Mélissandre est en train de prendre forme… »

La Reine Noire le sentait aussi. Lissandre était en train de concevoir un bébé très particulier. Mélissandre, qui était le fruit de l’union entre elle et Mélona, était en train de se servir du matériel génétique d’Erubetie et des ovules de Lissandre pour concevoir son propre corps. Qui sait ce que tout cela allait donner ? À ce stade, même Lucinda l’ignorait !

(Maman maman maman. Pourquoi tu ne me réponds plus ?!)

Mélissandre ne comprenait plus. Il semblait que plus elle prenait conscience d’elle-même, moins sa Maman Lissandre était présente. Pourtant, elle avait très envie de parler de tous les changements qu’elle sentait évoluer en elle. Après tout, elles partageaient encore un corps en commun aux dernières nouvelles !

(Maman ! Réponds-moi, Maman. Tu me fais peur ! Maman !)

Lissandre ne répondait plus. Mélona n’était pas là. Et les Erubetie continuait à profiter du corps sans défense et totalement dévoué aux plaisirs du sexe. Mélissandre en avait marre. Et elle comptait bien le faire comprendre aux autres !

Du ventre en latex rose de Lissandre, une sorte de matière slimesque rose commença à s’extraire. Erubetie étant connue pour sa capacité à donner naissance à toute une ville moyenâgeuse, Mélissandre avait largement de quoi faire avec le matériel que la slime bleue avait éjaculé encore et encore.

La matière rose commença à grandir et à prendre forme humanoïde. Le rose flashy de la combinaison de latex prit une couleur rosée comme la peau de Lissandre. Il y avait aussi une couleur bleue qui apparaissait. Le même bleue qu’Erubetie portait. Petit à petit, ce fut la copie conforme de Lissandre qui prit forme. Une Lissandre totalement nue mais avec des cheveux bleus copie conforme à Erubetie. Dernier détail important : une sorte de cordon ombilical de latex rose reliait cette slime nouvelle à l’humaine qui se faisait saillir encore et encore.

« On va dire que je m’appelle Erubessandre. Lissetie ? Je ne sais pas encore. Mais je suis issue de Melissandre. Je suis Melissandre aussi. Tout comme je suis la combinaison de Maman Lissandre et Erubetie. Il faut arrêter de faire ça à Maman Lissandre, Erubetie. Elle ne me répond plus et j’étais inquiète. Je suis toujours inquiète, d’ailleurs ! »

Le côté inquiet de Melissandre s’était matérialisé. Mais ce n’était que le début. Car Erubetie avait donné beaucoup de sperme ainsi que la capacité de se reproduire en masse. Pour Melissandre qui était déjà le résultat de la combinaison d’une humaine et d’une slime, qui avait connu l’expérience d’une Pierre exceptionnelle : ce qui se déroulait actuellement n’était qu’un début.

En effet, Maman Lissandre avait beaucoup bu à la source de plaisir de la Reine. Tant et tant que Melissandre avait récupéré le matériel génétique de la maman de Mélona. A nouveau, une matière rose latex s’échappait du ventre gonflé de Maman Lissandre. Petit à petit, ce fut la venue au monde d’une nouvelle Melissandre. Cette deuxième était également reliée par une sorte de cordon ombilical à Lissandre. Cette fois, c’était la copie conforme de la Reine (son corps, sa stature et son regard dur) mais associé aux cheveux blonds et à l’espiéglerie malicieuse de Lissandre.

« Moi c’est Reine Verrières. Ou peut-être Lucindandre. Je suis la combinaison de Lissandre et de la Reine. Personnellement, je me fiche que Lissandre continue d’être baisé par la slime bleue. Par contre, j’ai très envie d’explorer le reste de ce château. Pour commencer bien entendu. Car je vise au moins le contrôle d’un monde. »

Un rictus royal s’affichait sur cette dernière progéniture Melissandre. Rictus qui ne plaisait pas à Erubessandre/Lissetie qui s’inquiétait réellement pour Maman Lissandre et qui commençait à faire barrage de son corps pour éloigner les Erubetie beaucoup trop nombreuses.

Les Slimes étaient par définition des créatures expérimentales fascinantes. Lucinda avait beaucoup expérimenté sur elles, et chaque Slime avait ses particularités. Sa théorie était que ces créatures descendaient des redoutables shoggoth, créatures invertébrés et gélatineuses qui obéissaient aux Grands Anciens. Des monstres tentaculaires si puissants qu’ils pouvaient bâtir des cités, et qui travaillaient jadis pour une autre race, les Anciens, avant de se révolter contre les Anciens sous l’influence des Grands Anciens. Lucinda s’était inspiré des shoggoth et des travaux des Anciens pour concevoir ses Slimes. Elle avait exploré les ruines antiques de la cité des Anciens dans les profondeurs du Mont Erebus, et avait retrouvé des échantillons de shoggoth pour ses expériences.

Elle ne s’attendait toutefois pas à voir le bébé de Lissandre réagir ainsi… C’est-à-dire en produisant deux Slimes qui émergèrent du ventre de Lissandre, grossissant et enflant avant de prendre forme. Surprises, les Erubetie regardèrent ces deux créatures qui émergèrent : une Lissandre bleuâtre, et une autre Lissandre qui avait la forme et le port altier de leur Maîtresse, mais avec des cheveux blonds. Lissetie et Reine Verrières. Deux Slimes reliés à Lissandre, deux émanations de Mélissandre.

Les Erubetie clignèrent des yeux, tandis que d’autres clones continuaient à bourrer Lissandre. Lissetie s’inquiétait pour sa mère, et Erubetie haussa les épaules.

« Ta mère n’a rien, elle flotte au paradis ! Nous prenons soin d’elle !
-  Il faut nous faire confiance ! Tu la sentirais souffrir, non ? »

Lissandre se retrouva couchée à nouveau sur le sol, et une Erubetie vint la prendre en missionnaire, s’enfonçant dans son con avec appétit, faisant crisser son latex. Lucinda se manifesta alors, apparaissant devant les deux Slimes.

« Je dois bien admettre… Que je suis surprise. Je n’avais encore jamais vu une telle chose. »

Elle caressa le visage des deux Slimes.

« Ne t’en fais pas pour Lissandre, Lissetie, Erubetie cherche à l’endormir… Comme ça, elle se réveillera en compagnie de Mélona. »

Cette idée sembla réchauffer le cœur de Lissetie, puis Lucinda regarda alors la Reine Verrières, et réfléchit un peu.

« Toi… Toi, je suis curieuse de voir si tu peux te mélanger à moi, et si tu peux revenir ensuite t’unir à Mélissandre. Ainsi, Mélissandre partagera tes connaissances. »

Lucinda restait comme toujours curieuse.

« Quant à toi, Lissetie… Je me demande si tu pourrais fusionner avec l’une des Erubetie. Ainsi, tu pourrais voir ce que ces dernières ressentent. »

Elle constaterait aussi qu’Erubetie ne mettait pas en danger la vie de Lissandre, puisqu’elle restait très attentive à la manière dont Lissandre fonctionnait.  Lucinda était curieuse de voir ce que ces deux clones pouvaient faire, et comment Lissandre allait réagir à tout ça, maintenant qu’elle avait en elle beaucoup du liquide séminal d’Erubetie…

Lissetie semblait avoir de grands yeux inquiets. De grands yeux noirs, les mêmes que ceux d’un chat qui essayait de prendre le visage de l’innocence. Excepté que dans ce cas, la slime bleue issue de Melissandre était véritablement inquiète pour sa Maman.

« Oui. C’est vrai que je sens les émotions de Maman. Et je ne peux pas dire qu’elle souffre. Je dirais même qu’elle est submergée par le désir. »

Erubetie était parvenue à calmer un peu Lissetie qui s’intéressait avec une nouvelle curiosité à ce qui se passait. Tout était en quelque sorte nouveau pour elle, malgré le fait qu’elle avait une sorte de base de connaissances/souvenirs lié à l’orgie actuelle.

La caresse de la Reine Lucinda arracha Lissetie à l’observation de sa Maman se faire prendre encore et encore.

« Ça me va si Maman s’endort pour retrouver Mélona. Et… fusionner avec Erubetie ? »

Une Erubetie désœuvrée sourit à Lissetie et l’invita à s’approcher. Ce qu’elle fit. La main paume ouverte se posa dans celle d’Erubetie. Naturellement, les deux slimes commencèrent à s’immerger l’une dans l’autre. Du point de vue de Lissandre, le mélange des sensations et des points de vue se complexifia encore. Reliée par une sorte de cordon ombilical, elle restait reliée en quelque sorte à Lissetie.

« C’est bizarre. J’ai l’impression de faire corps avec un océan. Je me sens tellement infinie. Et… je ressens aussi d’autres choses. De la chaleur bienveillante. Le plaisir qu’on donne à Maman. Parce que j’ai moi aussi l’impression de faire l’amour avec Maman. C’est formidable. Je ne sais pas pourquoi, mais ça me donne envie de pleurer. Des larmes de rire. Je dois être bizarre : ah ah ! »

Et il y avait Reine Verrières. Qui elle n’apprécia pas le geste tendre de Reine Lucinda sur son visage. Mais elle ne chercha pas à se rebeller. Droite, elle encaissa cet affront en exhibant une moue de mécontentement. Comme une bourgeoise qui doit garder son statut.

« Qui vous dit que je voudrais revenir à Mélissandre une fois que je me serai propagé dans votre organisme ? Organisme qui n’est pas celle d’une slime qui plus est. »

On retrouvait cette rébellion caractéristique de Lissandre mais mélangée à cette volonté de vouloir tout contrôler comme Lucinda. Cette proposition de fusion n’était pas une expérimentation pour Reine Verrières, c’était l’opportunité d’une vie à voler les connaissances, la magie d’une femme qui était parvenue au pouvoir grâce à eux mais aussi le vol d’un ou plusieurs mondes. Même si la Reine Lucinda était capable de percer à jour ses intentions mal dissimulés, -car Reine Verrières était née il y a quelques minutes à peine- elle ne savait pas encore le jeu de la diplomatie et du mensonge.

« Vous vous êtes offerte, alors je vais prendre. »

Sans plus attendre, Reine Verrières chercha à s’immerger par tous les orifices que Reine Lucinda mettait à sa disposition. Il était hors de question de continuer à parler. Hors de question de perdre du temps devant ce trésor qui était renfermé derrière ce coffre de chairs. Si Reine Verrières pouvait s’infiltrer à travers les pores de la peau, elle allait s’y engouffrer. Si Reine Verrières découvrait les secrets de la magie, des slimes ou encore des Grands Anciens : elle allait tout récupérer sans se priver. C’était une boulimique de pouvoir.

Lissandre était bien incapable de réaliser ce qui se passait autour d’elle. Elle flottait dans sa bulle de rêve, de désir et de sexe. Les Erubetie se multipliaient autour d’elle, en elle, sur elle. On l’embrassait, on la caressait, on la pénétrait, on la pinçait, on la faisait jouir comme jamais. C’était une magnifique symphonie, un délicieux cocon de stupre.

Ses deux enfants slimesques, « Lissetie » et « Reine Verrières », allaient vite évoluer.

Lissetie fusionna avec Erubetie, et accéda à la pensée d’Erubetie, à ses souvenirs, à ce sentiment de multitude unique. Elle devint comme un clone d’Erubetie, l’un de ces multiples clones aqueux, à la fois capables de pensées propres, mais aussi d’une pensée collective. Reliée à Erubetie, elle était comme une cellule flottante, pouvant se déplacer où elle voulait, mais reliée à Erubetie. Le cordon ombilical qui la reliait à Mélissandre changea, évolua, pour la relier à Erubetie. Elle vit les souvenirs joyeux d’Erubetie, quand la marée bleue envahissait des villes, ou mettait fin à des conflits armés en couchant avec chaque soldat.

C’est ainsi qu’elle put voir cette scène, où Erubetie se trouvait au milieu d’un champ de batailles.

« Ma Reine m’avait demandé de séduire deux armées, de lui offrir ses propres soldats… J’ai obtempéré. »

La bataille avait eu lieu près d’un barrage. Elle avait fait céder le barrage, et s’était mélangé à l’eau, renversant les soldats. Chaque soldat avait pu coucher avec une Erubetie. Elle les avait déshabillés, les attachant, et avait couché avec chacun d’entre eux. Du simple soldat aux commandants, elle avait couché avec des milliers d’hommes dans une lente et longue orgie, qui avait duré plusieurs jours. Lissetie pouvait ressentir le plaisir exquis d’Erubetie, inexplicable, indescriptible. Comment décrire autrement la sensation de milliers d’orgasmes résonnant simultanément en même temps ?

« Nous répandons l’amour et la paix… Nous avons mis fin à une guerre, et les soldats que nous avons séduits ont ensuite décidé de former une seule et unique armée, servant notre Reine… »

De son côté, Reine Verrières vivait une autre aventure. Quand elle fusionna avec le corps de Lucinda, elle s’immisça en elle… Mais la Reine Noire n’était pas n’importe qui. Dans l’esprit de Lucinda, elle put voir un château, qui n’était pas celui de la Reine Noire. Elle se tenait devant les grilles du château, dans une ville, et voyait devant elle une jeune fille en haillons, aux longs cheveux noirs, qui tenait une poupée dans sa main. Elle fixait le château en se promettant de ne plus jamais être faible, tandis que des soldats hargneux défonçaient les portes des maisons.

La jeune fille se tourna alors vers Reine Verrières, et le temps se figea alors. La Reine Noire apparut alors, devant Reine Verrières.

« Tu t’aventures un peu trop loin dans mes souvenirs, ma chérie… Penses-tu vraiment pouvoir me voler mes souvenirs, mes pensées ? Si tu accédais au quart de mes connaissances, ton cerveau imploserait, tu sais. »

Lucinda dominait la zone, et observa encore l’arrogante et assoiffée Reine Verrières…

« Waouh ! »

Lissetie était charmée, hypnotisée par ce qu’Erubetie lui révélait. Ce grand tsunami de sexe et de paix, ça la touchait profondément. Ça entrait en résonance même avec son âme.

« Lissetie, Slime-Déesse du sexe et de la paix. C’est ce que je suis censée devenir il me semble. J’ai… j’ai l’impression d’être ébloui par une illumination à l’intérieur de mon être. C’est étrange. Effrayant et excitant à la fois. Je ne peux pas décrire exactement mais c’est génial ! »

Si Lissetie se voyait devenir une Déesse, qu’est-ce que ça signifiait pour Mélissandre qui l’avait enfanté ? Et quand était-il de Lissandre et de sa combinaison moulante magique ? Enormément de questions commençaient à se peser. Quant aux réponses ? Elles ne pointaient pas encore le bout de leur museau ? Ce qui devenait tangible était le fait que Mélissandre semblait donner naissance à un panthéon de Dieux et de Déesses. Et pour qu’une telle chose puisse exister : il allait falloir un monde à coloniser.

***

Cette vision était importante pour la Reine Lucinda. Reine Verrières le comprit et répondit d’abord d’un rictus à la menace énoncée. Reine Verrières n’avait pas peur. Elle avait cette soif de pouvoir issue de son interlocutrice. Mais elle avait aussi cette curiosité et ce mental solide de Lissandre, celui-là même qui lui avait permis de plonger dans le monde pornographique alors qu’elle venait de la bourgeoisie. Un cocktail puissant.

« Je ne me serais pas aventuré si loin si les lieux n’avaient pas été mieux gardé, n’est-ce pas ? »

Elle observa le comportement hargneux des soldats. Qui étaient-ils ? D’où venaient-ils ? De quelle planète ou dimension ? Plus les détails s’amasseraient, plus Reine Verrières comprendrait l’importance de ces souvenirs et le pouvoir dont elle pouvait s’emparer.

« Je vais voler un maximum de vos souvenirs. »

Aucune hésitation. Une voix claire et dure comme l’acier froid. Pas un battement de cil alors qu’elle plongeait son regard dans celui de Reine Lucinda.

« Vous ne connaissez pas mon cerveau. Vous ne connaissez rien de ce corps dont j’ai hérité. Vous dites qu’il va imploser alors que vous cherchez justement à discerner les limites de ce que je suis, n’est-ce pas ? Vous avez pris le risque de m’inviter dans votre âme car vous avez soif de connaissances. Si vous récupérez des connaissances sur moi et ma famille, vous pourrez améliorer votre propre famille. Alors arrêtons de nous menacer l’une l’autre. Montrez-moi tout ce que je veux voir. Ne prétendez pas que vous vous souciez de ma santé. Au pire, je mourrais. Au mieux, je pourrais vous tuer un jour prochain. Eventuellement. »

Nouveau rictus de suffisance.

Le spectacle de Lissandre avait quelque chose de fascinant. Lissetie pouvait le sentir, au loin, tandis qu’elle se rattachait à la conscience d’Erubetie, et qu’elle découvrait quelque chose… D’assez exceptionnel. D’indescriptible. Erubetie était à la fois multiple, et en même temps unique. Plus Lissetie passait de temps en compagnie d’Erubetie, et plus elle le réalisait. Elle n’avait qu’à se concentrer pour voir l’épaisse toile d’araignée que formait les clones aqueux de la Slime. Lissetie pouvait naviguer à travers chaque clone, ressentant ainsi les pensées des clones, des pensées qui ricochaient avec les autres. Il n’y avait ici aucun esprit supérieur, mais une multitude d’esprits reliés. Le tout ressemblait à une sorte de vaste esprit de ruche, ou de forum de discussion où des centaines de personnes parlaient régulièrement, alternant les séances avec Lissandre.

Celle-ci était en train de pomper des queues. Assise sur une Erubetie, elle avait une verge aqueuse nichée dans la chatte, et suçait deux Erubetie se trouvant à droite et à gauche d’elle. Elle les pompait avec appétit, des mains caressant ses cheveux, se crispant fermement à ceux-ci. Lissetie indiqua combien cette connexion la ravissait, et sentit une Erubetie s’enrouler autour d’elle, la câlinant dans son dos.

« Déesse du sexe et de la paix, cela sonne bien, hihi !
-  Enfin, nous sommes plutôt des Anges… La Milice sexuelle de Maîtresse ! »

Une armée d’invasion qui ne conquérait pas par la violence, mais par le sexe et la luxure.

« Toutefois, tu es reliée à Mélissandre et à Lissandre, Lissetie… Tu es une excroissance de Mélissandre… Un clone d’elle, si tu préfères.
-  Si tu veux nous accompagner lors d’une de nos croisades sexuelles, il faudra l’autorisation de notre Maîtresse. »

Une perspective sans aucun doute excitante pour Lissetie…

…Tandis que Reine Verrières, elle, répliqua à la Reine Noire qu’elle était tout à fait apte de connaître ses souvenirs, et termina son laïus en indiquant qu’elle pourrait un jour « éventuellement » la tuer. La Reine Noire gloussa doucement.

« J’ignorais qu’il y avait une telle arrogance chez cette humaine… Mais, après tout, elle est Française. Et, pour vouloir me voir directement, elle doit avoir sacrément confiance en elle. »

La Reine Noire se déplaça lentement, tandis que le décor évoluait, montrant désormais d’autres souvenirs de la Reine.

« Bien, bien… Je vais t’en dire un peu plus, alors. »

Une maison médiévale se forma alors… C’était la nuit, et Reine Verrières put entendre les vitres claquer.

« Voici, ma chère… La première manifestation de mes pouvoirs en tant que Source. La nuit où j’ai tué mes parents et le reste de ma famille. »

Lucinda avait suspendu le temps, et les amena dans la chambre des enfants. Lucinda dormait dans le lit, dans les bras de son grand-frère. C’était lui qu’elle aimait fortement. La maison se trouvait à l’extérieur de la ville que Reine Verrières avait vu tantôt, dans la forêt. C’était une ferme familiale. Lucinda y vivait en compagnie de Thomas, son frère, ses parents, et leurs grands-parents, ainsi que son oncle. Et, cette nuit, la jeune fille innocente eut sa première crise.

« Une Source est un individu doté d’un potentiel magique particulièrement exceptionnel, qui lui permet d’élever son esprit au-delà de ses propres limites physiques. La magie, vois-tu, est comme une série de lignes architecturales qui jalonnent toutes les réalités. Les lignes magiques traversent les frontières des réalités. Une Source a un accès direct à ces lignes. Et, quand une Source accède à ces lignes, la magie l’envahit, elle devient un portail incontrôlable. Regarde plutôt… Et tâche de survivre. »

La Reine Noire mit alors fin à la suspension du temps, et le souvenir arriva. La jeune Lucinda aux cheveux bouclés s’agitait nerveusement dans son sommeil, jusqu’à commencer à se tortiller dans le lit de paille. Surpris, Thomas se réveilla, et commença à essayer de la réveiller. Puis Lucinda se mit à hurler, à gesticuler sur place.

« Luce ? Luce ! Réveille-toi ! Luce ! »

Couchée sur le dos, Lucinda hurla alors… Un hurlement magique qui détruisit instantanément les vitrages de la maison. Toutes les fenêtres explosèrent, et la porte de la chambre d’enfants fut arrachée de ses gonds. Tom fut soulevé comme un fétu de blé, et s’écrasa lourdement contre le mur en face de la chambre. Ses yeux étaient injectés de sang, et il était déjà mort avant de tomber sur le sol.

Lucinda tomba au sol, et hurla encore. Dans le couloir, le père de Lucinda se dirigeait rapidement vers la chambre, et Lucinda hurla encore. La nouvelle onde de choc le frappa sur place, et il s’effondra sur le sol, se tortillant sur place tandis que son cerveau se liquéfiait en lui.

Un éclair déchira alors le ciel, frappant le toit, l’enflammant. Lucinda hurlait encore.

« Tu veux entendre ce que j’ai entendu, Reine Verrières ? Il m’a fallu du temps pour le comprendre… Quelqu’un était en train d’envahir mon esprit, d’en prendre le contrôle… Écoute donc. »

Lucinda se concentra encore, et laissa Reine Verrières entendre quelques mots, des mots d’outre-tombe, des mots maudits que personne ne devrait jamais entendre :

« Iä ! Iä ! Cthulhu fhtagn ! Ph'nglui mglw'nfah Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn ! »

Lissetie ne répondit pas tout de suite à Erubetie. Qu’il était bon de voir et de ressentir le plaisir que donnait et recevait Lissandre. C’était doux et intense. C’était hardcore et délicieux. Que pouvait-il y avoir de mieux à faire dans la vie ? Que pouvait-il y avoir d’autres à faire qui mérite d’y mettre autant de passion ? Rien. Du point de vue d’une future Déesse du sexe et de la paix : rien ne pouvait transcender l’orgie que vivait Lissandre.

« Je suis un clone ? »

Quelque chose la chagrinait. Ce mot, « clone », lui faisait froncer les sourcils. Pourquoi ça la dérangeait autant ? Lissetie préféra parler à voix haute avec la slime bleue. Peut-être qu’elle obtiendrait la réponse juste parce que quelqu’un l’écoutait ? Peut-être que c’est Erubetie qui pourrait venir à son secours.

« Je ne suis pas un clone. Je ne suis pas la copie de Mélissandre. Tout comme Mélissandre n’est pas la copie de Lissandre. Je ne suis pas dans le déni, je sais qu’une partie de moi est issue de Mélissandre qui est elle-même issue de Lissandre. Je… »

Les images repassaient derrière ses yeux. Elle avait déjà vu tant de choses en partageant l’expérience combinée de Mélissandre et Erubetie. Mais c’était comme un être humain derrière la télévision : il y avait une différence entre voir et agir.

« Oui ! Je suis plus comme un enfant. Je suis issu de parents. J’ai reçu un bagage de caractéristiques physiques et psychologiques. Mais j’ai déjà ma propre expérience personnelle. Je suis déjà différente de Mélissandre. Je suis sûr de moi : je ne peux pas être un clone. »

***

Pathétique. Des mises en garde et toujours d’autres mises en garde. La Reine Lucinda sous-estimait terriblement Reine Verrières. Elle n’était pas cette petite fille pauvre vivant dans la misère durant une ère sombre. Elle était une future Déesse en puissance issue de la magie d’une slime et de la puissance d’une reine. Dès sa naissance, exceptionnel était déjà sa compagne éternelle.

La maison était secouée dans ses fondations par la magie naissante ? Ce n’était que des pierres et des morceaux d’arbres débités.

Son grand-frère était mort par sa faute ? Et alors ?

Ses parents avaient suivi ? A part lui avoir donné naissance, qu’avaient-ils faits pour mériter survivre ?

Reine Verrières n’éprouvait aucune sympathie. Là où Lissandre aurait versé des larmes… Seuls les hurlements de la petite Lucinda provoquait une émotion : quelque chose de désagréable. A peine née, et Reine Verrières ne supportait pas les enfants. Mais qu’elle se taise A LA FIN !!

« Envahir votre esprit ? Vous êtes donc si faible ? »

Un rictus en coin. Puis… elle écoute, et…

Ses yeux se révulsent.

Les mots s’infiltrent dans son être.

Quelque chose la consquiert de l’intérieur.

Détruit sa suffisance.

Reine Verrières essaie de combattre cette entité, cette puissance incompréhensible dans son esprit. Elle tombe à terre. Ses mains compressent son visage de chaque côté. Mais les mots demeurent en elle.

Elle crie. Mais ne s’entend pas hurler.

L’arrogante n’est plus qu’une petite chose en position de fœtus et souffrante… Son esprit à la dérive…

La vision disparut aussi vite qu’elle était venue. Les doigts de Lucinda se refermèrent sur la vision, et Reine Verrières retrouva ses esprits. Elle était tombée au sol, et la Reine Noire lui faisait face.

« Les Sources, ma chère amie… Des êtres dotés d’un pouvoir exceptionnel, celui de s’élever au-dessus de leur propre conscience, de leur propre mortalité. Une Source est comme un Portail ouvert vers les autres dimensions. Nous pouvons sentir les autres versions de nous-mêmes, les autres moi répandus dans le Multivers… Lorsqu’on les ressent, il se déclenche des crises magiques comme celles que tu as pu voir, celle où j’ai tué mes propres parents. Mais on peut aussi Les sentir. Ils nous appellent à travers les voiles du Multivers… Les Grands Anciens. »

Reine Verrières était sous le choc, et cela pouvait se comprendre.

« Des êtres plus vieux que le Multivers lui-même. Bannis hors du Multivers, hors de l’espace et du temps. Endormis à jamais… Car n’est pas mort ce qui à jamais dort, Reine Verrières. J’ai senti Leur appel. Toute ma vie a été façonnée par eux, par mon refus de devenir l’esclave de ceux qui voulaient m’asservir, que ce soit les Grands Anciens ou mes doubles dimensionnels, mes… Mes Convergents. Si j’étudie les Slimes, c’est parce qu’ils sont les héritiers des serviteurs des Grands Anciens… Les shoggoth. »

Lucinda se déplaça, et la vision disparut. Reine Verrières et elle semblèrent se retrouver à nouveau dans l’enceinte du château de la Reine. Elles étaient dans un laboratoire où des formes aqueuses de couleur différentes flottaient dans des sphères en verre.

« Voici mon laboratoire d’étude des Slimes… C’est là que j’y conçois mes bébés, des Slimes comme Mélona, qui est indirectement ta mère… Ou ta grand-mère. »

Elle se déplaça lentement, laissant le temps à Reine Verrières de reprendre ses esprits.

De son côté, Lissetie contesta le fait d’être un clone, car elle avait ses propres pensées. Les Erubetie l’observèrent, un peu intriguées.

« Je ne sais pas… Ce cas ne s’est jamais produit, à vrai dire.
-  Les Slimes ne tombent pas enceinte, j’ignore comment Mélona a pu produire un slime qui s’est séparé d’elle.
-  C’est pour ça que notre Maîtresse a souhaité l’étudier, elle ainsi que Lissandre, pour comprendre tout cela…
-  Moi, je me contente de faire l’amour ! »

Et l’amour, effectivement, elles le faisaient encore. La belle Lissandre continuait à se faire prendre avec passion, et c’était un spectacle magnifique. Elle flottait au Paradis, mais Erubetie se demandait quand même si les manifestations de Lissetie et de Reine Verrières n’étaient pas liées à l’état second dans lequel Lissandre et Mélissandre se trouvaient en ce moment…

Les Sources. Le Multivers. Les Grands Anciens. Les Convergents. Les slimes et les shoggoth. Oui, ça faisait beaucoup d’informations pour Reine Verrières. Beaucoup à encaisser. Beaucoup à comprendre. Alors oui, elle était silencieuse. Elle savait qu’elle se trouvait maintenant dans le laboratoire, un endroit important et qui faisait sonner une certaine cloche en elle : mais… elle ne savait pas si elle devait se concentrer sur cette impression ou une autre.

« J’imagine que je ne peux pas devenir une Source ? »

Sa voix était froid. Non, plutôt lointaine. Comme si elle posait la question alors que son intellect était encore éloigné de ses lèvres. Elle devait reprendre le plein contrôle de son esprit.

« J’imagine qu’il faut être née Source pour être Source. Mais qu’en est-il si je dévore l’âme d’une Source ? Si je me fonds en elle comme je me suis fondu en vous, Reine Lucinda ? Est-il possible que je sois déjà une hybridée avec la Source ? »

Reine Verrières l’avait appelée Reine Lucinda. Une marque de respect. Deux mots qui faisaient reculer son arrogance au profit d’un sacrifice pour avoir des connaissances. Car, au-delà de sa soif de pouvoir, quelque chose de nouveau s’était éveillé.

« Je vais être honnête. Ce n’est pas dans mon caractère de tourner autour du pot. Je suis une erreur ou un miracle. Peu importe car je suis. Et je sais que je dois protéger Grand-mère Lissandre. Elle est importante. Probablement bien plus que ce qu’elle, moi ou vous puissions imaginer. Ça me révolte de dire ça mais je dois la protéger. Je suis liée à elle d’une façon qui va au-delà de ma compréhension. Je me dois d’être son Chevalier. Ou le mauvais Sorcier qui travaille en réalité dans les ombres pour sa lumière. »

Reine Verrières détestait ce conflit moral. Elle sentait la rage tourner en un cercle vicieux dans son âme. Une créature telle un Léviathan serpentin tourner dans un huit de l’infini dans les fanges ténébreuses de son âme.

« Si vous avez besoin de m’autopsier, faites-le. Si je dois passer un contrat avec le Diable que vous êtes, je signerais de mon sang. Mais je désire informations et puissance. Je crois, oui, je crois que je veux rencontrer les Convergents de Grand-mère Lissandre. Je dois savoir si ce sont des alliés ou des ennemis à tuer. Je dois savoir si j’ai des doubles de moi-même qui existe ailleurs ou si je suis Unique. »

***

« Parce que Mélona est formidable ! »

Lissetie observa quelques instants Lissandre se faire prendre. Oui, la slime bleue rentrait et ressortait. Encore et encore. C’était beau.

« Mélona est formidable et vous le savez très bien. Elle fait aussi partie de vous toutes. Elle est en vous et elle vous a profondément changé, n’est-ce pas ? »

Est-ce qu’elle avait capté cette pensée ? Est-ce que Lissetie était douée d’une intuition surdéveloppée ? En tout cas, elle avait « entendue ».

« Moi et Reine Verrières sommes belles et bien réelles. Nous ne sommes pas des créations éphémères issues de l’état second dans lequel nagent Lissandre et Mélissandre. Il faut arrêtez de douter de mon existence ! »

Lissetie avait connu le tsunami qu’était la slime bleue. Elle avait fusionné avec sa mémoire. Et donc, elle avait changé dans son être. Elle était donc en partie océan à son tour. Et cette puissance naturelle. Cette force bleue commençait à s’éveiller en elle ! Elle en avait marre qu’on la traite de clone et de « manifestation liée à un état second ».

Elle était Lissetie. Puissante petite-fille de la merveilleuse Lissandre et Mélona !

« Pour être honnête… Je n’ai pas de réponses à te fournir à beaucoup de tes interrogations. En fait… Je ne sais même pas trop ce que tu es. »

Fille de Mélona et de Lissandre, Mélissandre était quelque chose que Lucinda avait réussi à concevoir. Les Slimes étaient les descendants des shoggoth, et ils défiaient la logique. Asexués, ils ne pouvaient se reproduire comme les individus normaux. Mélissandre était, techniquement parlant, un clone de Mélona… Un clone qui s’ignorait clone, qui avait réussi à se dissocier de Mélona. Un clone de slime pouvait toujours être récupéré par son hôte. Les observations de Lucinda allaient dans ce sens, mais Mélissandre ne semblait pas pouvoir le faire. Lucinda allait devoir essayer. C’était aussi pour ça qu’elle avait purgé l’organisme de Mélona et l’avait revigoré, pour voir… Voir si elle pouvait absorber Mélissandre ou non. L’impossibilité de le refaire ouvrirait des recherches et des possibilités infinies.

À ce stade, Lucinda se demandait aussi si tous les Slimes n’étaient pas, en réalité, un seul et même Slime, une entité originaire qui se serait subdivisée en plusieurs morceaux d’elle-même. Au-delà de ça, la question était aussi de voir si les Slimes n’avaient pas en eux le code génétique des shoggoth… Voire des Grands Anciens.

« Je sais assez peu de choses sur les Slimes. Des créatures magiques qui défient la logique, voilà ce que vous êtes. Ma théorie initiale est que Mélissandre est un clone de Mélona. Il ne peut en être autrement. C’est un clone qui s’ignore clone, un clone que Mélona a conçu avec la personnalité de Lissandre. Mais l’a-t-elle conçu à partir de ce qu’elle imagine être Lissandre, ou en utilisant les fluides sexuels de Lissandre ? Dans ce cas, Mélissandre serait aussi, techniquement, leur fille… Normalement, un Slime peut toujours récupérer son clone, mais, dans le cas de Mélissandre, je pense que Mélona n’y arrivera pas, précisément parce qu’il y a un peu de Lissandre en elle. »

La Reine réfléchissait à voix haute.

« Toi, tu es un clone de Mélissandre, donc un clone de Mélona, mais tu conserves cette portion de Lissandre en toi. Cela signifie que tu pourrais aussi te dupliquer, et que tu as ta propre existence. Mais il faudra que j’expérimente. Tu as toutefois raison sur un point. Une telle création ne peut être que le fait de Mélona. »

Elle généra une vision devant elle. Sur un orbe magique, l’image de Lissandre apparut, en train de se faire prendre par les Erubetie. Il y avait quelque chose de particulier chez elle… Mais quoi ?

« Et non, tu ne peux pas devenir une Source. Tu devrais en être soulagée. Généralement, les Sources meurent tôt. Moi, je suis une figure d’exception. Ce pouvoir ne s’enseigne pas, il ne s’hérite même pas. J’ignore ce qui fait que telle personne naît Source.  Enfin, je dis ça, mais je ne pensais pas non plus qu’une créature comme toi pouvait exister… Mais ce n’est pas comme si les Sources étaient nombreuses. Pour tout te dire, j’ai beau exploré le Multivers depuis des années, je n’en ai encore jamais trouvé. »

De son côté, Lissetie exprimait son incrédulité face à Erubetie, qui réfléchit un peu.

« Soit… Je pense que nous serons fixées. Quand ta mère reviendra à elle, si tu es toujours là, nous verrons si elle peut te reprendre.
-  Mais tu ne raisonnes pas comme nous, c’est curieux…
-  Nous avons conscience que nous ne sommes qu’une, nous…
-  Est-ce que tu le sens ? Ce que nous faisons à Lissandre ? Est-ce que tu le sens en toi ? »

Tout en disant cela, les Erubetie remuèrent encore le corps de Lissandre. Poupée de latex et de désir, elle fut soulevée du sol, et une Erubetie la prit par le devant, et une autre par l’arrière, palpant ses fesses. Prise en sandwich, elle se tortillait sur place, incapable de lutter ou de repousser une telle vague…

Reine Verrières avait écouté avec toute la patience dont elle pouvait faire preuve. Le problème ? Elle était autant heureuse qu’ennuyée. Heureuse car satisfaite de découvrir que la Reine Lucinda n’était pas aussi sage et emplie de connaissances comme elle avait pu le croire. Mais elle restait ennuyée car cela signifiait que beaucoup de mystères demeuraient. Et, sans ses réponses, c’étaient donc des sources d’angoisse pour sa famille à protéger.

Les mains croisées dans le dos, elle ne répondit pas tout de suite. Son regard plongé dans l’orbe magique réveillé par la magie de la Reine Lucinda. Elle observait sa « mère » se faire prendre encore et encore par les Erubetie infini.

« J’ai découvert assez pour être satisfaite. J’en sais plus sur ta personne, ta magie et tes connaissances. Je respecte la puissance que tu incarnes. Pour être honnête, je la jalouse. Mais ce petit jeu de politique entre nous deux doit prendre fin. Annonce-moi la suite du programme et je te seconderais du maximum que je le peux. »

Elle observa une nouvelle fois Lissandre complètement perdue dans une transe sexuelle. Du mépris naquit chez Reine Verrières. Comment cette femme pouvait-elle l’avoir engendré ? Comment pouvait-elle se satisfaire de si peu, de sensations si banales et occulter complètement les menaces et l’extraordinaire puissance qui l’entourait ?

« Si besoin est de le dire à haute voix, je suis prête à partir dans le multivers et quitter Lissandre, Mélona et Mélissandre. Je suis prête à prendre des risques et multiplier les aventures pour découvrir les shoggoths, les Sources et tout ce qui pourrait nous intéresser toutes les deux. »

***

« Je ne comprends pas pourquoi maman me « reprendrait ». Je ne veux pas qu’elle me mange. Même si je pense que ce n’est pas ça le sens de reprendre comme tu dis. »

Est-ce que c’était de l’intuition ? Une partie de ses pouvoirs magiques en latence liée à sa condition de slime insolite ? Peu importait. Mais Lissetie aurait juré qu’elle était observée…

« Bien sûr que je ressens que vous faites toutes à Lissandre. Ou ce que tu fais toute seule avec tant de corps différent. Bref, c’est compliqué de faire les bonnes phrases avec Erubetie. Mais je ressens. Je suis liée à la slime bleue pour le moment. Ou pour toujours, je ne sais pas. Comme tu l’as dit, nous y verrons surement plus clair quand toute cette orgie sera terminée et qu’elle se réveillera harassée et en paix. »

En attendant, Lissetie avait aussi envie de jouer avec le corps de Lissandre. Et elle ajouta ses membres bleus parmi les corps bleus de toutes les Erubetie qui caressaient, pénétraient, touchaient et embrassaient Lissandre.

La Reine Noire resta assez silencieuse face aux propos de Reine Verrières, et à son souhait d’explorer le Multivers, d’en découvrir davantage sur les shoggoths… Lucinda sourit doucement.

« Tu ne manques pas d’ambition, ma chérie… Ni d’orgueil. Ceci dit, je ne sais pas s’il sera possible de te séparer trop longtemps de Lissandre. J’ai déjà essayé avec les clones de mes Slimes, les clones finissent toujours par s’autodétruire, par tomber en dégénérescence. Et, même si c’est rare, il est déjà arrivé que certains clones ne se considèrent pas comme des clones. Mais la dégénérescence finit toujours par les atteindre, car ils utilisent l’énergie vitale du Slime d’origine. »

Quid de Reine Verrières ou de Lissetie ? Lucinda n’était pas convaincue qu’elles arriveraient à survivre trop longtemps sans Mélona. Bien sûr, elle élaborait des théories en ce sens.

« Il faudra voir… Si tu arrives à survivre, et que ton corps ne se détériore pas, alors peut-être pourras-tu m’aider, oui… »

Lucinda n’était pas particulièrement émue par les crises égocentriques de Reine Verrières.

De son côté, Lissetie était en plein doute, elle aussi. Elle confirma qu’elle ressentait les émotions de sa mère. Erubetie réfléchissait rapidement. Réfléchir n’avait à vrai dire jamais été le fort de certaines Slimes, notamment Mélona. Erubetie faisait partie de ces Slimes assez mineurs, celles qui réfléchissaient peu, contrairement à Naven. Il y avait les « petites Slimes » et les « grandes Slimes ».

Lissetie proposa de jouer avec sa mère. Erubetie sourit, et lui caressa doucement le corps, glissant sur les belles fesses de Lissetie. Une Lissandre bleue qui se lova dans le dos de la vraie Lissandre, laquelle tourna la tête vers elle. Lissetie et Lissandre s’embrassèrent avec appétit, tandis qu’une verge perla entre les cuisses de Lissetie, et que les Erubetie s’écartèrent, la laissant la pénétrer. Son corps parfait ondulait au milieu de l’océan d’Erubetie, un océan de sexe, de désir charnel fort…

« Laisse le plaisir t’envahir, Lissetie…
-  Unis-toi à ta mère, unis-toi à nous… »

Par le désir, par le sexe, elle allait s’unifier !

Reine Verrières tiqua. Elle n’aimait pas que la Reine Lucinda la condamne à la dégénérescence. Elle n’était pas ordinaire ! Elle était spéciale ! Elle…

*Et si elle disait vraie ? Et si m’éloigner de Mélona était une condamnation ? Hmm… *

La slime à l’ADN de Reine observa l’environnement autour d’elle. Elle ne se trouvait pas n’importe où. Ce n’était pas une bâtisse de paysans pleine de vides et de saletés. Ce n’était pas non un grand centre commercial rempli de choses inutiles. Pourtant, il y avait ici du potentiel. Peut-être que…

« Je n’aime pas ça. Je ne désire pas attendre pour savoir à quel point ce corps est limité. Je veux agir. Passer à l’action sans tarder. »

Reine Verrières fit un pas vers la Reine Lucinda. Son visage était de nouveau déterminé. Ses sourcils légèrement froncés.

« Il doit y avoir un artefact magique ici qui pourrait me permettre de me renforcer, non ? Une expérience magique qui me permettrait de transférer mon esprit supérieur dans un corps de meilleur facture ? Je ne peux pas croire que les possibilités d’agir soient nulles. Pas après la visite que j’ai effectuée dans ton esprit. »

***

« Hi hi ! C’est rigolo d’avoir un pénis entre les cuisses. Et que c’est agréable de donner et de voir le plaisir que je lui donne en direct. J’adore cette sensation ! Vraiment ! »

Nul doute que Lissetie avait absorbé la libido de la Slime Bleue. Ses mains glissaient sur la combinaison de latex rose. Ses hanches s’y donnaient à cœur joie pour rentrer et ressortir de l’intimité de Lissandre. C’était si bon ! Si excitant.

« Si addictif ! Le sexe est très addictif. J’ai l’impression de le réaliser seulement maintenant. Probablement parce que je ne faisais que regarder, ressentir ce que vous faisiez toutes. Et dire que vous avez fait ça à toute une population ?! Waouh ! J’ai vraiment trop trop envie de participer à une orgie pacificatrice un jour. Hi hi ! »

Lissetie se retira du con de Lissandre. L’envie lui avait pris de prendre à pleine main sa verge et de se masturber toute seule avec l’énergie d’une ado qui découvre le sexe. Elle se laissa tellement aller à ses allers-retours frénétiques qu’elle éjacula sur le bas-ventre de Lissandre.

« Hi hi ! Je suis une super-héroïne ! La justice est dans le sexe. Stop à la violence. Oui et encore oui au sexe ! Je vais libérer le monde de l’emprise des maux. Je baiserais tout le monde jusqu’à ce que je manque d’énergie ou jusqu’à ce que ma tâche soit complétée ! Hi hi ! »

Reine Verrières refusait ce funeste destin. Elle se rapprocha encore de Lucinda, souhaitant que celle-ci trouve une solution. L’intéressée sourit doucement, et le décor évolua encore. Elle emmena Reine Verrières dans une bibliothèque.

« Connais-tu l’origine des Slimes ? Tu as le droit de ne pas savoir, car je l’ignore, moi aussi. Vois-tu, le Multivers recèle encore bien des mystères. Et, plus j’en découvre, plus je constate aussi ma propre inculture à ce sujet. La théorie la plus en vogue est que les Slimes sont les descendants des shoggoths. »

Lucinda fit léviter plusieurs livres, qui s’illuminèrent, générant des images sur une table de lecture. Ce n’était pas une bibliothèque ordinaire, et Lucinda matérialisa des images de grandes masses visqueuses, gélatineuses… Les shoggoths.

« Je t’ai parlé de ces créatures, ma belle… Ils auraient été créés par une très ancienne race, les Anciens… La Grand-Race de Yith. La Grande Race aurait atteint un tel niveau de technologie et de connaissances qu’elle aurait été capable de projeter ses esprits dans le temps, à travers des hôtes. Certains se demandent si les Sources ne sont pas les manifestations d’âmes possédées par les Anciens. Les Anciens auraient créé les shoggoths pour être leurs ouvriers, pour façonner leurs bâtiments, des esclaves serviles, dénués d’âmes. Mais, ce qui devrait t’intéresser, c’est une théorie selon laquelle il n’y aurait à l’origine qu’un seul shoggoth, un shoggoth qui aurait été subdivisé en d’infimes parties selon un procédé qui m’échappe encore. »

Reine Verrières devait sans doute voir où Lucinda voulait en venir.

« L’un de mes objectifs à long terme, et qui explique mes conquêtes et mes voyages au sein du Multivers, est de retrouver l’un des Anciens. J’ignore à ce jour si la Grand-Race existe encore. Mon… Mon mentor soutenait que la Grand-Race avait disparu, qu’elle avait atteint un tel niveau de conscience, un tel éveil, qu’elle avait mis fin à sa propre matérialité. La théorie la plus usitée est que les shoggoths ont fini par se retourner contre leurs maîtres, et les ont dévorés. »

Lucinda ne parlait jamais sur un ton agréable de son mentor… Randall Flagg, le Magicien. Il avait été son amant, mais aussi sa plus grande menace. Si elle s’était enfuie dans cet univers de poche dont elle ne sortait que très rarement, c’était à cause de lui… De lui et de son maître, le Roi Cramoisi.

« Le secret de ta puissance, Reine Verrières, réside dans ton passé, dans la manière dont tu es conçue. Je pense que tu ne peux pas mourir, mais qu’il peut être risqué de trop t’éloigner de ta mère. Peut-être devras-tu retourner voir ta mère pour te resynchroniser avec elle. C’est ce qui arrive fréquemment à mes Slimes. Quand Mélona ne mange pas assez de sucre ou n’absorbe pas assez de fluides sexuels, elle se délite, elle n’arrive plus à maintenir son corps physique, et devient plus monstrueuse. »

La Reine Noire observa encore Reine Verrières.

« Vous formez une race fascinante, mais je dois bien t’avouer que je peine encore à comprendre votre fonctionnement. Mais je te garantis que je ferai tout pour que tu atteignes ton indépendance. Si les shoggoths ont fini par le faire, alors tu y arriveras aussi sans doute. »

De l’autre côté, Lissetie ne se posait pas les mêmes questions existentielles que Reine Verrières. Elle jouit assez vite sur le bas-ventre de Lissandre, mais cela ne stoppait nullement son endurance. Erubetie l’observait, amusée. Les femmes étaient toujours dans cette grande piscine transformée en un unique baisodrome. Et Lissandre était toujours là, consciente, présente, mais avec cette impression irréelle de flotter dans un rêve. Elle entrouvrit les lèvres, et Lissetie put l’embrasser. Lissetie, qui était un clone bleuâtre de Lissandre, sentit sa verge retrouver très rapidement sa dureté.

« Oui, Maîtresse a beau vivre ici, elle est très impliquée dans les conflits multiversels…
-  Une guerre de ce type ne se résout pas qu’à combattre avec un sabre. Quand nous allons sur des planètes, et que nous faisons massivement l’amour, nous ramenons les gens dans le droit chemin.
-  C’est une œuvre de paix, c’est vrai, hihi… ! »

Inévitablement, Reine Verrières entendit l’hésitation dans la voix de Lucinda. Concernant son mentor. Mais, au lieu de plonger dans la faille de faiblesse, elle laissa passer. Car elle avait tellement plus à apprendre qu’à guerroyer avec elle. Et la conversation le lui confirmait très rapidement. La Reine Noire allait mettre en œuvre ses efforts pour obtenir une indépendance certaine à Reine Verrières. Elle ne pouvait pas rêver mieux !

« J’entends tes doutes et tes mises en gardes. Je ne laisserai pas mon égo les ignorer. Tout du moins, j’essaierai d’être sage et raisonnable que mon caractère me le permet. »

Reine Verrières prit un instant pour observer ce nouveau lieu. Elle se sentait femme d’action dans l’âme, mais elle ne pouvait pas fermer les yeux sur cette masse énorme d’informations. L’idée de devoir rester le cul sur une chaise à lire des milliers, des millions de pages ne lui plaisait pas des masses. Mais elle était prête à énormément de sacrifices pour gagner en indépendance et en puissance pour protéger sa famille.

Puis son attention revint à l’image des shoggoths.

« Il faut qu’on retrouve cet Ancêtre Premier des shoggoths. Il le faut car c’est une action pour le monde. Non, pour le Multivers. Cet être est beaucoup trop affreux. »

Une plaisanterie. Ce n’était plus tout à fait un rictus sur le visage de Reine Verrières. Mais un sourire. C’était également une avancée positive dans la relation entre ces deux femmes. Puis le sourire s’évanouit. L’image furtive de Mélona perdant de sa stabilité physique pour s’enlaidir dans une forme monstrueuse… Oui, elle devait lutter pour sa famille.

***

« Oui ! Nous sommes des travailleuses de la paix ! Nous y mettons tellement d’efforts : hi hi ! »

Lissetie ne se détachait plus de Lissandre. Elle l’enfermait dans un gros câlin comme une enfant enserrant sa maman. Mais son bassin continuait de faire des va-et-vient. Les slimes avaient cette combinaison incroyable en eux d’innocence et de stupre. Une race magnifique. Les hérauts d’une guerre contre la laideur et les horreurs.

« Moi aussi je veux voyager. Moi aussi je veux aller faire l’amour à des gens sur d’autres planètes. J’imagine qu’ils sont différents. J’imagine que certains sont des humanoïdes recouverts comme d’une grosse moquette rose duveteuse. Ou mieux ! Comme un corps de barbe à papa géant : hi hi ! »