The Multiversity

Benjamin s’intéressa de nouveau à son Anneau, en se demandant si celui-ci avait une conscience, et s’il ne pouvait pas traverser les étoiles. Jessica lui sortit donc le parfait petit manuel de la novice Green Lantern en lui récitant ce qu’elle avait appris :

« Cet Anneau a été fabriqué par l’une des plus anciennes races de l’espace connu, les Malthusiens. Ils ont forgé cet anneau à partir d’une fonderie centrale à Oa, la Grande Batterie. L’énergie qu’ils utilisent est une reproduction de l’énergie issue du Big Bang, quand les quatre forces fondamentales de l’univers n’en formaient qu’une. Donc, oui, l’Anneau peut me permettre de voyager au-delà de la lumière, à travers la réalité pour aller d’un endroit à un autre. »

Restait ensuite la question la plus sensible : la « conscience » de l’Anneau.

« Dit simplement, cet Anneau n’est qu’un réceptacle. Je le charge à l’aide d’une batterie miniature. »

Jessica lui fit la démonstration, et généra à partir de son Anneau sa batterie, un artefact verdâtre très lumineux :



La Green Lantern poursuivit :

« Mais l’Anneau n’est pas qu’un simple réceptacle. Je ne sais pas si on peut appeler ça une conscience, mais il a été conçu pour que seules les personnes qui en soient dignes puissent le mettre… Les personnages courageuses et braves. Donc, il dispose d’une certaine forme de volonté et d’intelligence, car il est relié à la base de données d’Oa. Il s’inspire aussi du comportement de son porteur. »

Le plan de Benjamin était d’utiliser ses pouvoirs avec l’énergie de l’Anneau et la Gynoïde pour fabriquer une navette de secours. Cependant, il y avait aussi dehors de très nombreux astéroïdes et de multiples débris. Toutefois, Jessica pouvait aisément charger un bouclier.

« Je peux générer une navette de secours sans avoir besoin de sacrifier cette Gynoïde. Mais il faut qu’on trouve un accès vers la sortie… Une fenêtre, une baie… Est-ce que vous pouvez reprogrammer la Gynoïde pour qu’elle nous suive avec votre Omnitrix ? Mes supérieurs pourront sans doute la remettre en état. »

Heureusement pour elle qu’il était sous sa forme alien de Biotech. S’il avait été Benjamin, il aurait soupiré en entendant Jessica se transformer en parfaite petite élève qui lui évoquait davantage une tête à claques. Il avait également eu envie de la provoquer quand elle s’était mise elle-même sous le feu des projecteurs en se plaçant sur un piédestal. Comme quoi elle, et pas lui, méritait de porter l’Anneau.

*Respire. Ne pas la vexer. C’est la seule alliée. C’est une bleue. Voilà, c’est ça que je dois me répéter. C’est une bleue. Une simple bleue un peu énervante. *

« Soyons concis et efficace. »

*Bref, ne laissons pas Benjamin prendre le pas sur Biotech. *

« Avec de la concentration, je peux accumuler de l’énergie et lancer un rayon de plasma. Donc théoriquement, je vais pouvoir créer un trou peu importe où nous sommes pour accéder au vide des étoiles. »

Biotech observa avec tristesse l’état de la Gynoïde. Elle ne s’en rendait pas compte, mais elle répétait plusieurs fois la même chose. Elle était prisonnière d’une boucle dont elle ne parvenait pas à sortir. Sa vie robotique rythmé par les percussions de son balai tapant inlassablement le sol.

« Je pourrais mettre à jour partiellement la Gynoïde. Je ne sais pas combien de temps cela pourrait tenir mais je devrai pouvoir la remettre sur pied pour qu’elle puisse de nouveau agir avec une certaine indépendance et intelligence. »

Il n’empêchait pas que cette équipe de trois prévoyait de se jeter dans le vide. Plus ou moins littéralement. Est-ce que l’Anneau avait assez d’énergie et de stabilité pour réussir à les emmener sur la planète ? Est-ce que les programmes de la Gynoïde la transformeraient en allié de poids suffisamment longtemps avant que de possibles virus la remette à nouveau dans une sorte d’état de sénilité ? Quant à Benjamin, est-ce que l’Omnitrix tiendrait la forme alien de Biotech suffisament longtemps pour survivre dans le froid des étoiles ? Ca faisait beaucoup de questions. Mais ça restait « simplement » une situation de vie ou de mort.

« Donc je propose cette suite d’actions. Je me synthétise de nouveau avec la Gynoïde. Je passe le minimum de temps en elle pour la remettre à peu près en état de fonctionnement. A son « réveil », elle nous indique la sortie la plus proche. En lui précisant que nous avons à nos dispositions ton Anneau et mon tir plasma comme paramètres. Et enfin, tu nous emmènes sur la planète pour, disons, de nouvelles aventures. »

Un plan hasardeux sembla se dessiner. Jessica hocha la tête quand Benjamin énuméra tout ce qu’ils allaient faire.

« Okay, faites donc. Moi, je monte la garde. »

Benjamin se retourna vers Alix Hansley. La Gynoïde était en pilotage automatique, et Benjamin put sans difficulté se synchroniser à elle. Jessica sortit dans le couloir, et inspira longuement, en fixant ensuite son Anneau.

*On peut dire que tu m’auras embarqué dans une sacrée aventure, toi…*

Le pire, dans tout ça, c’est que cette aventure était encore loin d’être terminée. Le radar bipa encore. Jessica soupira, et ferma les yeux en s’appuyant contre le rebord.

« LANTERN CRUZ, POUR UNE JEUNE NOVICE, JE ME DOIS DE VOUS ADMETTRE QUEZ VOUS VOUS EN SORTEZ TRÈS BIEN !
-  Tu vois que tu peux être gentille, quand tu veux…
-  UNE JEUNE NOVICE… UNE JEUNE NOVICE… UNE PETITE SOURIS QUI PENSAIT POUVOIR M’ÉCHAPPER. TU TE CROIS BRAVE, JESSICA, MAIS NOUS SAVONS TOUS LES DEUX QUE, AU FOND, TU N’ES QU’UNE SALE FROUSSARDE !
-  Hein ? Mais qu’est-ce que tu… »

L’Anneau se mit à briller furieusement, et Jessica sentit son cœur se serrer. Une peur indicible la saisit, et l’Anneau s’échappa alors de son doigt, flottant dans les airs devant elle.

« OH, JESSICA… JE T’AVAIS DIT QUE TU NE M’ÉCHAPPERAIS JAMAIS… »

Jessica glissa à terre, et écarquilla les yeux.

*Volthoom !*

Impossible, c’était impossible ! Elle lui avait échappé, elle lui avait échappé… Jessica se mit à trembler nerveusement tandis que le plafond se mit à vibrer. Elle vit son appartement, celui où elle s’était enfermée, fuyant le monde extérieur.

« IMPOSSIBLE ? PARCE QUE TU CROIS QUE CE QUI T’ARRIVE EST LOGIQUE ? TOI, QUI CHERCHES À FUIR SI LOIN DE LA TERRE… NE VOIS-TU PAS L’ALLÉGORIE DANS TOUT ÇA ? TU NE T’ES JAMAIS ÉCHAPPÉ, JESSICA ! TU M’APPARTIENS DEPUIS TOUJOURS…
-  N-N… NOOON !!… »

Elle se releva brusquement, et son Anneau projeta une puissante onde d’énergie, qui défonça le mur en face. Jessica était revenue dans la coursive du vaisseau. La respiration haletante, elle secoua la tête, enlevant les gouttes de sueur qui filaient de son front… Et perçut alors les multiples signaux sonores émanant de son détecteur.

*BIIIIIIIIIIIIIPP ! BIIIIIIIPP !! B-BIIIIIPPP !! BBBBBIIIIIIIIIPPP--- !!! B-B-B-B-BBBBIIIIIIIPPP !!*

Jessica écarquilla les yeux en voyant que de multiples points blancs affluaient dans tous les sens !

« Oh putain de merde ! »

Jessica se retourna vers la porte de la salle, et l’ouvrit.

« Ben, il… »

Un tentacule la heurta soudain autour du cou, et la jeta au sol, avant de l’étrangler en la traînant vers l’arrière. Jessica généra une hache, et trancha le tentacule, puis se retourna ensuite. Le tentacule filait jusqu’au ventre d’un Nécromorphe ventripotent qui hulula avant de courir vers lui. Jessica généra un lance-roquettes, et tira dessus. Il y eut une violente explosion, projetant des morceaux de chair morte dans tous les sens.

Elle entendit ensuite les vociférations et les claquements des autres Nécromorphes, qui affluaient vers eux à toute allure !

« L’usage d’un lance-roquette est déconseillé lorsque l’environnement contient ou peu contenir des enfants. Je vous prierais donc d’observer vos alentours avant votre prochain tir. Je vous remercie par avance. »

« Jessica ! Ça va ? »

Etant en train de contrôler les mises à jour du système de la Gynoïde, Biotech avait absolument manquer tout ce qui était arrivé à Jessica. Il avait fallu le boucan de la bataille pour le tirer au-dehors du corps de la Gynoïde.

Le détecteur ne cessait de bipper à un rythme effréné. Sous sa forme humaine, Benjamin aurait gueulé contre la machine de les prévenir de ce qu’ils avaient sous les yeux. Et il aurait aussi gueulé contre Jessica pour ne pas l’avoir prévenu plus tôt. Mais il était sous sa forme de Biotech, et cette forme le rendait plus sage et patient.

« Je n’ai pas terminé les mises à jour de la Gynoïde. Mais elle tiendra le coup pour la réussite de notre plan. »

Biotech, maintenant complètement séparé et bien indépendant dans son propre corps, devint fin et malléable. A un point tel que Jessica découvrit toute la forme physique du Nécromorphe qui avait cru pouvoir se débarrasser de cet étrange être facilement. Biotech le laissa aller jusqu’au bout de sa course puis relâcha soudainement toute la force cinétique accumulée pour le renvoyer dans un deuxième Nécromorphe. Les deux chutèrent et furent ralentis. Mais en aucun cas cela la tua. Cela ne les blessa même pas sérieusement.

« Enfuyons-nous par là-bas. Le détecteur est moins affolé de ce côté. La Gynoïde corrigera notre trajectoire très bientôt. Quand je l’ai quitté, sa mise à jour concernant la carte du vaisseau était presque complétée. La mise à jour de sa boussole interne est quand elle terminée. Allons-y ! »

« Messieurs, mes capteurs olfactifs m’informent que vous devriez vous rendre très rapidement prendre une douche. Une basse hygiène de vie est un mauvais exemple à donner aux enfants. Qui plus est, mes capteurs oculaires m’informent de problèmes cutanées et d’éviscérations pendouillantes. C’est également un mauvais exemple à donner aux enfants. Je suis contrainte d’insister et de vous donner l’ordre de partir et de revenir sous une meilleure présentation. Auquel cas, je devrais je devrais je devrais je devrais… »

Face à deux autres Nécromorphes qui se rapprochaient, Jessica s’apprêtait à se battre encore quand Benjamin projeta sur eux une onde de choc. Jessica en eut les oreilles qui sifflent, comme si quelque chose venait d’exploser à côté d’elle. Les Nécromorphes furent repoussés en arrière, mais sans être vaincus, juste sonnés. Jessica avait pu constater qu’ils étaient très rapides. Benjamin l’invita à partir dans l’autre sens, et à se fier à la Gynoïde. Jessica n’avait pas eu le temps d’évoquer sa curieuse vision, et la scène d’action folle qui venait de commencer avait noyé ses doutes dans l’adrénaline. En revanche, si Benjamins ‘était synchronisé avec la Gynoïde, elle ne semblait pas encore être totalement fonctionnelle, baragouinant dans le vide. Jessica n’avait pas le temps pour la finesse, et acquiesca.

« Okay, il faut qu’on sorte d’ici ! Madame Hansley, indiquez-nous le chemin ! »

Jessica généra de son côté un drone de combat, qui tira à distance des rayons lasers sur les Nécromorphes, faisant fondre leurs membres. Le drone les accompagna, consommant la batterie de Jessica, mais elle n’avait pas le choix. Tandis qu’ils couraient, une plaque de ventilation dans le mur fut arrachée de ses gonds, et un Nécromorphe baveux en jaillit, ses énormes pinces osseuses se reflétant. Jessica se retrouva face au Nécromorphe qui se redressa en hurlant. Elle brandit à nouveau son Anneau, et projeta une énorme lance qui transperça le Nécromorphe, et le cloua au mur. Le monstre grogna en agitant les bras, et Jessica trancha l’une de ses pinces, puis s’en servit comme javelot, la projetant sur un Nécromorphe qui venait d’apparaître devant eux. Le tir arracha les membres du Nécromorphe, ne laissant plus qu’une carcasse fumante et sanguinolente.

Alix courait en tête, tout en répétant des lignes de code et de programme. Le détecteur de mouvement de Jessica s’affolait encore, et le drone ne cessait de tirer. Le trio quitta la zone scolaire pour rejoindre un plus grand couloir, et Alix verrouilla la porte derrière eux, abaissant une épaisse herse blindée qui allait leur offrir un peu de répit.

« On doit retourner vers la station de tramway, c’est le meilleur moyen de partir d’ici. »

Les murs se mirent alors à trembler furieusement. Des vibrations très intenses qui n’étaient pas liées aux Nécromorphes.

« Mais c’est quoi encore ce bordel ?!
-  Signal d’alarme ! Le vaisseau est attiré par l’attraction gravitationnelle de Tau Volantis, nous allons nous écraser. »

« Je pense que c’est une bonne nouvelle. »

« Non, ce n’est pas une bonne nouvelle. Selon mes calculs, un crash de l’appareil occasionnerait une perte de 100% des enfants avec une tolérance de plus ou moins pourcent. Je le répète : non, ce n’est pas une bonne nouvelle. »

Pour le moment, ils se trouvaient en sécurité. Biotech s’approcha de la herse verte sans chercher à rentrer en contact avec. Puis ses yeux se levèrent vers le drone vert.

« Dis-moi la vérité, Jessica. Est-ce que tu aurais encore assez d’énergie pour créer un vaisseau qui tiendrait suffisamment longtemps au-dehors. Je ne connais pas les capacités de ton Anneau. Mais j’aurai tendance à hypothéser que ce drone de combat est le genre d’application très énergivore. Sans compter que tu as créé une herse qui subit de violences efforts pour ne pas être brisée. »

Seulement, il fallait sortir de cette pièce pour accéder à l’espace vide des étoiles. Donc il fallait trouver comment détruire une partie du vaisseau tout en laissant le temps à l’Anneau de créer. Le temps. C’était aussi un facteur important. Il allait falloir sortir ni trop vite ni trop tard. Trop vite et Jessica manquerait de s’épuiser. Trop tard et les temps de réaction seraient trop courts pour réagir correctement pour atterrir sans devenir des purées de chair, de métal et de biotechnologique.

« Je pourrais me synthétiser de nouveau avec la Gynoïde. Avec son processeur et mes capacités, je pourrais faire les calculs dont nous avons besoin plus rapidement. Cela dépend de toi, Jessica. Est-ce que tu as la tête suffisamment concentrée pour passer à l’action ? Est-ce que tu as le sang-froid nécessaire pour ne pas te laisser distraire par des pensées parasites ? »

Le pire étant que Biotech posait ses questions sans savoir le drame qui venait de se jouer avec Volthoom.

« Erreur ! Erreur ! Il faut rejoindre le pont de commandement, il faut sauver les enfants ! »

Jessica n’écoutait plus vraiment la Gynoïde. Benjamin lui demanda si elle était suffisamment douée pour réussir à synthétiser un vaisseau dans ces conditions, et si cela n’allait pas consommer sa batterie. Jessica serra les dents, contrariée d’être à nouveau rabaissée au rôle d’une bleue qu’il faudrait materner. Dans sa tête, elle repensa à une réplique de Léodagan dans Kaamelott, quand il était enfermé avec le roi Arthur dans une grange en pleine débandade contre des envahisseurs, et que Léodagan faisait observer que, même dans une situation pareille, Arthur était désagréable. Et désagréable, c’était bien le mot qui convenait pour dire ça à Benjamin.

La jeune femme examina son Anneau, puis Benjamin.

« Je ne sais pas trop comment votre… Synthétisation fonctionne… Mais, même si je génère un vaisseau, il restera soumis aux lois de la gravité et sensible aux astéroïdes qui flottent dans le coin. »

Cela supposait également de rejoindre une extrémité du vaisseau, ce qui n’était pas encore admis. Alix Hansley continuait de plus à paniquer. La herse coupe-feu que Jessica avait abaissé subissait encore des coups, mais ces saloperies étaient comme le Xénomorphe du premier Alien : elles passaient à travers les conduits de ventilation, rampant à l’intérieur.

« On discutera plus tard, il faut s’éloigner d’ici. »

Jessica avait coupé son détecteur, qui ne servait plus à rien, si ce n’est à biper tout le temps. Elle s’éleva dans les airs, et fila le long du grand couloir. Elle n’avait pas encore tout vu du vaisseau, mais elle supposait que celui-ci comprenait un ensemble de grands couloirs, des espèces d’avenues, qui permettaient de séparer les différents secteurs du vaisseau. La horde de Nécromorphes remontait cette avenue, filant vers eux. Fidèle à sa culture geek, Jessica généra des tourelles de défense inspirées du meilleur film de la saga selon elle, Aliens 2. Deux tourelles furent implantées, et ne tardèrent pas à faire feu, abattant sur les Nécromorphes un déluge de plomb. Les balles rugissaient, découpant des membres, trouant des corps. Pas de quoi les retenir éternellement, mais suffisamment pour partir ailleurs.

Plus le temps avançait, et moins Jessica était convaincue par le plan de Benjamin. De plus, il était désagréable.

« Générer un vaisseau et le manœuvrer alors que nous sommes dans l’attraction gravitationnelle de la planète… C’est suicidaire. Même si je parviens à le générer, le temps qu’on le rejoigne et qu’il se mette en place, la gravité de la planète va nous attirer, et va détruire ma coque de noix bien plus rapidement que ce gros vaisseau.
-  On doit protéger les enfants ! C’est la priorité ! Les enfants doivent être protégés ! »

Il était fréquent que des êtres humains se voilent la face et refusent de voir la réalité en face. Mais, venant d’une Gynoïde, c’était tout de même surprenant. Jessica fila par un couloir, se dirigeant vers la station de métro.

« Il faut retourner sur le pont de commandement. Ces saloperies nous ont suivi jusqu’ici, donc le pont doit être libre. Non seulement je pourrais essayer de faire une construction depuis les grandes baies vitrées, mais, le cas échéant, on pourra essayer de piloter ce vaisseau pour atterrir sur la planète. »

Parfois, l’Omnitrix est une sorte de chieur. A provoquer des transformations qui plongent Benjamin dans la merde. Parfois, l’artefact manque d’énergie et force Benjamin à fuir sous sa forme humaine le temps que les batteries soient à nouveau chargés. Mais il arrive aussi que l’Omnitrix soit le meilleur allié du monde. Et provoque ainsi une transformation salvatrice.

L’être biotechnologique laissa sa place pour un alien dont la texture de sa peau était celle d’un camouflage militaire. Jessica continuait de fuir tout en tirant, accompagné d’une Gynoïde qui avait besoin qu’on récupère la vis qui se baladait dans sa tête et provoquait un putain de tintamarre.

Bref, Benjamin se transforme et disparut aussi vite. Jessica était seule. Son corps face aux Nécromorphes. Son esprit face à Volthoom. Elle était seule et Benjamin l’avait seule sans la prévenir. Le fait qu’elle le trouve « désagréable » allait surement changer pour un mot bien moins flatteur…

Seul dans l’espace, la nouvelle forme alien de Benjamin semblait subir un cycle d’Ouroboros. Une façon jolie de dire qu’on avait l’impression qu’il se mangeait lui-même… Ce qui n’était pas le cas. En réalité, il passait à travers son propre cercle de téléportation. Mais l’image évoquait bien une sorte de serpent se mangeant la queue.

Téléportation après téléportation, il se rapprocha de la planète qui attirait déjà la carcasse du vaisseau. C’était obligatoire de faire petit saut après petit saut. L’alien ne connaissait pas les environs et ne pouvait pas « sauter » à l’aveugle. Il fallait qu’il « voie » où aller.

Et donc ? Il fit l’aller-retour carcasse en chute libre/planète cheloue à planète cheloue/carcasse en chute libre.

« Jessica. »

Une créature lévitait face à Jessica. Le genre tentaculaire, avec une espèce de paire de lunettes sur des yeux noirs globuleux. Le genre humanoïde mais sans paires de jambes, remplacé par six tentacules tenant un cercle… vide. Pour le moment.

« Sauvons-nous d’ici. »

Le cercle vide fut soudain agité d’une… « matière » ? D’une… « lumière » ? Peu importait ce que c’était. C’était bleu, jaune et rose. Et ça tournait autour d’un point central.

« Toi, moi et la Gynoïde. Rendons-nous sur la planète en bas. »

En réalité, il ne lui laissa pas le choix et engloutit Jessica et Alix Hansley. Direction Providence.

Benjamin s’absenta brièvement tandis que Jessica et Alix avaient rejoint la station de métro. La route jusqu’au pont de commandement était longue, alors Benjamin choisit de prendre une nouvelle forme, une sorte de grosse tortue tentaculaire qui générait des Portails. Son objectif était de les amener à Providence, mais il semblait difficile de se téléporter à un endroit où l’on n’avait jamais été, d’un corps stellaire à un autre. Jessica avait suffisamment lu Harry Potter et les notions de transplanage pour savoir que se téléporter dans un endroit inconnu, c’était prendre le risque de se téléporter dans un mur, ou dans le sol. Le Portail les amena donc à la salle de commandement. Jessica déploya ensuite son Anneau.

« On va atterrir… Direction Providence ! »

Quoi de plus logique ? C’était le seul astroport de Tau Volantis ! Toute la carcasse du massif vaisseau se mit à trembler, et Alix attrapa le bras de Jessica.

« Non, non, les enfants ne sont pas à Providence, la sortie n’était pas encore arrivée ! »

Agacée, Jessica la repoussa. Le vaisseau abordait sa descente, et commençait à pénétrer dans l’orbite de Tau Volantis. Des alarmes se mirent à fonctionner, avertissant le personnel que le vaisseau manquait d’énergie pour générer un bouclier suffisamment apte à protéger la coque du vaisseau.

« LES ENFANTS ! VOUS ALLEZ LES TUER !!
-  Arrêtez ce cirque, Alix, je…
-  JE NE VOUS LAISSERAI PAS LES TUER !! »

Surprenant Jessica, Alix lui sauta dessus, ce qui la renversa. Jessica tomba sur le dos, et sentit Alix la frapper avec force. Elle se protégea avec ses bras.

« PROTÉGER, JE DOIS LES PROTÉGER D’UNE SALOPE MAL BAISÉE COMME V----VOUUUUUSSS !! »

Bénéficiant d’une accalmie, Jessica généra un rayon qui frappa Alix au torse, la repoussant.

« Les enfants, dans un triangle, une droite parallèle à l'un des côtés du triangle définit un deuxième triangle aux angles proportionnels à l'aide des deux autres côtés. Faites une démonstration sur le t-ta-tableau, les enfants… »

Le tir de Jessica avait arraché la moitié du visage synthétique d’Alix, révélant dessous un visage mécanique, qui lui évoqua celui d’un Terminator.

*Je devrais vraiment arrêter de me faire des références auto-flippantes, moi…*

Le vaisseau trembla alors comme jamais, s’enfonçant dans d’épais nuages blancs. Un terrible craquement se faisait entendre tandis que, à l’arrière, une partie du vaisseau venait de se détacher. Alix bondit encore vers Jessica, et la frappa avec une poutre métallique sur le flanc. Le coup projeta Jessica sur le côté. Elle répliqua en envoyant un tir supplémentaire avec son anneau, mais Alix positionna la poutre pour se protéger.

Un Nécromorphe jaillit alors à l’intérieur du pont de commandement, ainsi que d’autres.

« L’air expiré contient moins de dioxygène que l’air inspiré : l’organisme prélève DONC du dioxygène lors de la respiration. La consommation de dioxygène augmente lors d’un effort. Les enfants, pouvez-vous me dire de quoi est composé l’air ? Le ga-gagnant au-Aura… Sa colonne vertébrale dans ma maaaaiiinn !! »

Jessica s’envola, et canarda les Nécromorphes qui entraient. Le vaisseau grinça à nouveau, et elle tomba contre la baie vitrée. Alix la rejoignit, et avait désormais ses pieds métalliques à nu. Elle profita de la surprise de Jessica pour la frapper au ventre et la tira par les cheveux. Un œil cybernétique rouge assoiffé de sang la fixait, tandis qu’elle se mit à cracher du sang.

« Lâche-moi, espèce de folle ! »

Le vaisseau était désormais à moins de 100 kilomètres de la surface, perçant toujours dans des nuages infinis. La moitié du vaisseau se sépara alors de la partie avant. Jessica évita le poing d’Alix en roulant sur le côté, et le poing fissura la baie vitrée. Elle projeta un nouveau rayon sur le torse d’Alix, qui poussa un hurlement métallique en rebondissant sur les vitres.

« Les… Les enfants, p-pourquoi vous m’attaquez ? J-Je ne vous v-v-v-v-v-eux pas de m-mal… L-Les e-enfants, il ne faut pas manger vos camarades, ne-ne-ne-ne… »

L’œil rouge d’Alix clignota longuement, avant de s’éteindre. Jessica se releva ensuite…

…Puis le vaisseau perça l’épaisse couche de nuages, et heurta une première montagne. Le choc fut terrible, une baie vitrée explosa, et Jessica, qui avait commencé à s’élever, sentit l’air les aspirer. Elle s’appuya au rebord, et vit plusieurs Nécromorphes geindre en passant au-dessus d’elle, disparaissant dans le trou. Un volet de sécurité se mit en place sur cette partie de la baie vitrée, permettant à Jessica de revenir sur le fauteuil de commandement.

« Accrochez-vous, Ben, on approche ! »

Dehors, Tau Volantis s’offrait enfin à eux…

…Et le spectacle était nauséabond. Une succession sans fin de montagnes escarpées avec des pics noirâtres, ressemblant à de monstrueuses griffes entourant de profonds canyons. Jessica entreprit de redresser ce qui restait du vaisseau pour filer dans un canyon menant vers Providence. Une tempête de neige obstruait la vision, et le vaisseau, peu maniable, heurta plusieurs parois, jusqu’à en heurter une ultime qui propulsa Jessica contre la poudreuse, et la plongea dans le coma.
Jessica ouvrit les yeux plus tard.

Elle était sur un sol neigeux, et sentit un halo vert autour d’elle. L’Anneau l’avait protégé. Une tempête de neige forte soufflait ici, et les seuls éléments lumineux émanaient des morceaux du vaisseau qui brûlaient.

*J’ai mal partout, quel enfer…*

Elle avait au moins débarqué à Tau Volantis ! Pour l’heure, elle ne voyait aucune trace de Benjamin. L’Anneau avait sûrement dû lui aussi le protéger, mais, avec cet atterrissage contre le flanc d’une montagne, il pouvait apparaître n’importe où…

Le Transporteur n’avait pas réussi à se téléporter jusqu’à Providence et en revenir. S’il n’avait pas compris le phénomène qui l’en avait empêché, son cerveau et ses capacités avaient vite été mis à rudes épreuves !

De retour dans la salle de commandement, il avait dû livrer bataille contre les Nécromorphes alors que la carcasse du vaisseau chutait dangereusement et rapidement vers le sol de la planète. Il aurait pu les différencier et les classer de façon militaire pour créer des dossiers dans sa tête. Mais dans le chaos de l’action, ils n’étaient tous que des parodies d’êtres humains monstrueux, à moitié pourris et dotés de tentacules.

Il volait donc aux quatre coins de la salle de commandement. Toujours en mouvement pour ne pas faire se faire capturer. Esquiver. Slalomer. Passer de justesse sous une attaque surprise. Remonter vers le plafond pour ne pas se faire enlacer dans ce câlin mortel et dégueulasse ! Est-ce que c’était des vers qui se baladaient sur la poitrine de ce monstre ?!

Le Transporteur agitait son anneau de téléportation à tout va. Il faisait disparaitre, tel un magicien, une créature pour aller la recracher ailleurs, à l’autre bout du vaisseau. Puis il faisait disparaitre une autre et la faisait réapparaitre de l’autre côté de la baie vitrée brisée par la gynoïde vrillant dans sa propre folie. Le Nécromorphe, quant à lui, se faisait emporter au loin.

Et il continuait les manœuvres. Encore et encore. Il se téléportait dans le vide des étoiles, capturait un débris spatial, pour revenir dans la salle de commandant et faire réapparaitre le morceau d’acier en plein dans le torse d’un Nécromophe. Un ennemi en moins, certes. Mais un nouvel obstacle gênant doublé d’une nouvelle faille dans la carcasse qui semblait sur le point de se disloquer en de trop nombreux morceaux pour que ses deux vivants puissent survivre durablement…

La barrière des nuages blancs.

Tout s’accélère !
« Jessica ! »

Il ne la voyait pas. Après les ténèbres et l’environnement froid de la carcasse spatiale, il ne s’était pas du tout attendu à de la neige. S’il y avait un thème récurrent de froid, l’écart entre les ténèbres et l’immaculé poudreuse avait de quoi surprendre.

« Jessica ! »

Le Transporteur avait combattu jusqu’à la toute fin. Jusqu’au dernier moment, les Nécromorphes avaient continué d’attaquer. Ne comprenaient-ils pas qu’ils allaient mourir au moment du crash ? Il semblait que non. Le Transporteur avait donc dû utiliser son anneau de téléportation pour éjecter dans le sillage de la carcasse les Nécromorphes en voulant à la vie de la pilote reconvertie.

Et puis il n’avait pas eu le choix. Sortie au-dehors après avoir lutté avec un énième Nécromorphe, il n’avait pas pu se téléporter à nouveau dans la salle de commandement. Trop tard. Revenir serait mourir. Et l’alien n’était pas suicidaire.

Maintenant ? Il appelait encore et encore Jessica en survolant les débris. Tout en se demandant si la Gynoïde avait elle aussi réussi à survivre…

La tempête était intense. Jessica comprit v ite que parler ne servait à rien, car la tempête noyait les sons. Elle n’y voyait pas à deux mètres, et elle ne devait sa survie qu’au bouclier généra par son Anneau. Elle se repérait aux incendies s’échappant des pans du vaisseau qui avaient volé ici et là. Elle croisa des carcasses de Nécromorphes, et des morceaux d’eux. Aucune chance qu’ils se réveillent… Normalement. Jessica aurait pu s’envoler, mais elle constata vite que son Anneau était quasiment vide.

*Et merde ! Il va falloir que je trouve un endroit où me poser…*

Jessica disposait toujours de sa batterie, nécessaire pour recharger l’Anneau. Elle continua donc à marcher, générant toujours un halo pour la protéger du froid glacial. Elle devait plisser les yeux, la poudreuse flottant autour d’elle. À plusieurs reprises, Jessica trébucha dans la neige, et continua à avancer. Elle entendit à plusieurs reprises des grincements sinistres quand des morceaux de carlingue du vaisseau se détachaient sous la pression du vent. Un autre gros morceau du vaisseau apparut alors. Jessica s’en approcha, et aperçut des traces sur le sol, partiellement effacées par la neige. Dans le doute, elle généra avec son Anneau un fusil à pompe, et s’avança encore. Des gerbes de feu éclairaient une double porte à moitié ouverte, et un Nécromorphe rampait sur le sol. Il avait perdu ses jambes. Jessica soupira, et se rapprocha du monstre. Elle l’observa lentement.

Prenant conscience de sa présence, le Nécromorphe tenta de se retourner.

*Il ne ressent aucune douleur… C’est un organisme mort, qui est encore animé par un signal externe…*

Jessica le visa, et fit feu. La détonation rugit autour d’elle, et le torse du Nécromorphe explosa, lui offrant le repos éternel. Jessica ouvrit ensuite la double porte avec des pinces qu’elle généra, et rejoignit une pièce qui était de biais.

Des circuits électriques pendouillaient ici et là, et le vent se répercutait dans les entrailles de cette carcasse. Jessica s’avança lentement, évitant les débris, et rejoignit une porte latérale, qu’elle ouvrit en tirant dessus avec son Anneau. La porte fut arrachée de ses gonds, et heurta un rocher de l’autre côté. Elle posa ensuite ses pieds dans la poudreuse, et entendit le morceau de vaisseau grincer furieusement, tandis que le sol cristallin se fissurait sous ses pieds.

« Et m… » commença-t-elle à jurer, avant que la glace ne se fracture.

Jessica tomba sur les fesses, et se mit à glisser en contrebas. Elle comprit alors qu’elle était sur une ancienne rivière gelée, et se mit à glisser en même temps que les débris du vaisseau. Jessica se laissa porter, jusqu’à rejoindre une ancienne cascade, et commença à planer. Elle quitta au moins la zone de tempête, et rebondit sur un sol gelé à plusieurs reprises, tandis que le morceau de vaisseau qu’elle avait traversé s’écrasait également au sol, provoquant une violente explosion dans la glace. Jessica, elle, atterrit plus d’une centaine de mètres plus loin, dans une grande plaine complètement verglacée. Elle soupira lentement en finissant couchée au sol. Le soleil l’éclairait enfin, et elle éternua, en voyant ainsi des structures humaines.

D’énormes piliers métalliques soutenaient une antique voie de tramway aérienne. Au loin de cette mer de glace, sur l’ancienne terre ferme, il y avait aussi une petite installation. Jessica soupira en tentant de se relever, et généra un pistolet de détresse. Elle tira en l’air, afin que Benjamin puisse la repérer, puis rejoignit péniblement l’intérieur de ce qui était une ancienne station de maintenance et de surveillance, à en juger par les tuyaux rouillés qui partaient de la station pour s’enfoncer dans la glace.

*Sûrement un ancien lac… Et verglacé depuis longtemps. Malgré la chute d’une partie du vaisseau, la glace a tenu bon…*

Jessica utilisa encore son Anneau pour ouvrir la porte de la station, une solide porte blindée. À l’intérieur, d’antiques ordinateurs s’articulaient sur un poste de surveillance, des vestiaires rouillées comprenaient d’anciennes combinaisons de protection, et il y avait un coin avec des lits pourris. Jessica alluma une cheminée centrale, puis avisa une antique chaise métallique, et s’y assit. Épuisée, elle invoqua sa batterie, mit son Anneau en mode charge… Et finit par s’endormir, éreintée.

Il avait beau multiplier les appels, il ne retrouvait pas Jessica. Il ne retrouvait personne en fait. Il s’était éloigné de la zone de crash et il n’y avait même plus la trace d’un débri. L’idée de faire demi-tour était tentante mais… il y avait de violents coups de vent qui le forçait à se recroqueviller sur lui-même. Même ses espèces de lunettes de protection avaient peu d’utilité. Tout était blanc. Blanc sur blanc. Différentes teintes de blancs. Et que du blanc… Désespérant.

« Jessica ! »

Ce qui ne signifiait pas qu’il arrêtait d’appeler. Il devait poursuivre les recherches. Elle était peut-être dans une situation critique. La moitié du corps sous le poids de l’acier si froid qu’il communiquait une sensation de brûlure. Elle était peut-être entre les griffes d’un Nécromorphe. Ou même piégé dans l’étau de folie qui détraquait la Gynoïde. Parce que même elle, le Transporteur ne l’avait pas retrouvé.

« Jessica ! »

Et enfin un indice. Une vieille voie de tramway aérienne. La moitié des tentacules lâcha l’anneau de téléportation pour s’arrimer à un rail. Fermant les yeux pour se concentrer, le Transporteur écouta le bruit des vibrations. Malheureusement, il n’y avait pas activité mécanique. La voie de transport restait silencieuse. Dommage. Pour autant, ce n’était pas totalement une désillusion. Réfléchissant rapidement, il décida qu’il y avait un choix logique à effectuer. Suivre ce fil d’ariane. La question était désormais de savoir dans quelle direction.

« Jessica ! »

Bien entendu, toujours pas de réponse. Il ne pouvait pas non plus la chercher indéfiniment dans un pareil cataclysme blanc. Sa décision était prise. Ne pouvant savoir si la ville la plus proche était dans une direction ou une autre, il laisse le hasard choisir pour lui. Son premier espoir était de découvrir que Jessica aurait suivi la même piste que lui. La seconde était tout simplement de trouver de la vie. La troisième était de trouver un abri. Malgré les conditions exécrables, le Transporteur survivrait. Son corps était prévu pour de nombreux trajets via la téléportation. Et pour résister à tout un éventail varié d’environnement. L’espace en faisant partie. Mais de façon très limitée.

« Jessica ! »

Suivant le rail, il continua à l’appeler régulièrement. Il ne pouvait pas savoir qu’elle s’était endormie. Et il suivit cette ligne grise dans un paysage immaculé des heures et des heures durant…

« Jessica… Jessica… »

Elle courait dans les méandres de Bloomberry Mine, une lueur verte grossissant et enflant dangereusement derrière elle. Elle entendait cette voix sinistre, faussement séductrice. Jessica sentait l’ombre verte qui se rapprochait d’elle, encore et encore…

Elle ouvrit brusquement les yeux en glissant de sa chaise, et tomba sur le sol en grognant. Surprise, Jessica comprit qu’elle avait été réveillée par le son de son Anneau lui annonçant qu’il était chargé. Jessica étouffa un bâillement en se relevant, et comprit rapidement où elle se trouvait, la mémoire lui revenant à l’esprit. Benjamin ne l’avait pas retrouvé. Elle récupéra son Anneau, et ouvrit la porte. Dehors, la tempête de neige était partie, et elle pouvait voir d’énormes montagnes ressemblant à de sinistres griffes, formant des cols rocailleux et enneigés. L’air était très frais, mais le soleil illuminait la zone. Jessica se déplaça sur la couche de glace, et s’envola ensuite, avisant le tramway aérien. Elle s’en approcha. Les rails étaient usés, vétustes et profondément rouillés. C’était une installation ancienne. Elle rejoignit ensuite le site de crash, et examina les lieux avec son Anneau, recherchant des signes de vie.

Au bout de plusieurs minutes, elle constata que Benjamin n’était pas là. Aucun signe non plus des Nécromorphes, qui avaient dû tous disparaître dans cet atterrissage catastrophe. Elle s’éloigna donc, retournant vers le lac gelé. Jessica s’y posa, et commença à réfléchir. Il était aussi possible que Benjamin soit mort, mais elle l’avait protégé pendant leur atterrissage, donc, si elle avait survécu, lui aussi.

*Il a pu partir dans n’importe quelle direction, et il n’a pas vu ma fusée de sauvetage…*

Que faire, maintenant ? Jessica était à vrai dire tentée de partir. Son Anneau était pleinement rechargé, elle était sortie de ce vaisseau infernal, alors elle pouvait tout à fait s’extirper de là, et appeler les renforts.

« CETTE PLANÈTE EST IMMENSE, LANTERN CRUZ. TU NE POURRAS JAMAIS RETROUVER BENJAMIN. LE PROTOCOLE IMPLIQUE D’APPELER DES RENFORTS, FAIS-LE, ET LES AUTRES LANTERNS POURRONT T’AIDER À LE RETROUVER. »

Un conseil assurément judicieux. Jessica leva la tête, et se prépara à décoller… Quand elle entendit un craquellement autour d’elle. Surprise, elle vit une fissure se former sur la glace… Puis des crochets d’escalade jaillirent. Surprise, Jessica vit un Nécromorphe émerger de la glace. D’autres émergeaient également.

*Et merde…*

Un Nécromorphe courut à toute allure vers elle, et elle l’accueillit en générant une mitrailleuse lourde dans ses mains, et fit feu. L’arme rugit avec fureur, déchiquetant le Nécromorphe. Jessica s’envola ensuite, et remplaça la mitrailleuse lourde par des lance-roquettes au-dessus de ses épaules. Elle balança plusieurs missiles sur le lac gelé, et fit exploser ce dernier, provoquant un bruit très impressionnant. L’eau se mit alors à vrombir, et se déversa en contrebas, emmenant avec elle une flopée de Nécromorphes… Jessica se déplaça ensuite, et se posa sur le tramway aérien… Où elle remarqua alors des traces de pas, à moitié recouvertes par la neige.

*Benjamin !*

Elle ne pouvait pas attendre davantage. Ces Nécromorphes étaient la preuve que cette planète était dangereuse ! Jessica s’envola donc le long de la ligne de métro, qui se termina toutefois au bout de plusieurs kilomètres. La ligne s’était effondrée, et une portion était presque totalement recouverte par la neige, formant un chemin qui s’enfonçait dans une espèce de gorge profonde… Si Benjamin était passé par là, il était sûrement entré là-dedans ! Jessica se rapprocha donc, et vit un chemin escarpé qui longeait un gouffre semblant sans fond. Lévitant dans les airs, elle se mit à descendre, cherchant autour d’elle, se mettant désormais à craindre la présence tapie d’autres Nécromorphes…

A un moment de sa descente dans les profondeurs, Benjamin avait repris forme humaine. En consultant l’Omnitrix, il fit la découverte d’un état de faiblesse passager. Rien d’inquiétant. Il fallait seulement lui donner le temps de recharger sa « batterie ».

*Heureusement que l’air se réchauffe. Enfin, un peu. Et puis, ce n’est pas comme si j’avais envie que Jessica me trouve les abdos à l’air. Enfin, ce qu’il m’en reste. *

Il y avait toujours un peu de lumière pour ne pas faire une mortelle chute. Quelques fissures. Quelques pierres qui semblaient réfracter la rare lumière à la façon de la lune servant de miroir pour le soleil. Par simplicité, Benjamin les surnomma les pierres-lune. Il n’allait certainement pas gagner un prix d’originalité mais, heureusement, ce n’était pas le but de l’opération.

Le gouffre sans fond disparut au profit d’un tunnel parallèle. Benjamin était obligé d’avancer en se courbant. Ce qui n’était franchement pas agréable. Comme si le tunnel avait été creusé pour des nains. D’ailleurs, en observant les parois et les pierres-lune, il réalisa qu’il y avait bel et bien des sillons. Outils nains ou… griffes de monstre ?

*Faites que ce ne soit pas encore des Nécrophages… *

Benjamin consulta sa montre-artefact et réalisa avec une pointe de stress qu’elle n’était pas encore opérationnelle. Il continua néanmoins sa progression en redoublant de prudence, l’oreille aux aguets.

Seulement, il était impossible pour lui de rivaliser d’acuité auditive avec… (oui, encore une fois, Benjamin surnomme très simplement les choses) le peuple-taupe. Le tunnel qu’il avait emprunté déboucha dans une petite grotte, véritable carrefour de plusieurs autres tunnels. C’est là qu’il fit la rencontre d’un membre du peuple-taupe. Une créature avec d’immenses oreilles pour se repérer. Il n’avait pas de yeux pour voir mais son corps s’était tout de suite braqué vers Benjamin. Il savait exactment où il se trouvait malgré son immobilisme soudain.

*Environ 1,50m. Des avants-bras aussi épais que le bras maudit d’Hellboy et muni de griffes esquintées mais visiblement très efficaces contre la roche. Pas de doute, c’est lui qui a creusé le tunnel d’où je viens. *

« Euh, tu me comprends ? »

Sa grosse tête aveugle et rose huma l’air. Sa bouche claqua dans le vide.

« Visiblement, non. Je… je vais m’avancer. Je ne te veux pas de mal. »

Signe universelle à l’appui, Benjamin progressa les deux mains en l’air en signe de paix.

« Tu n’as pas l’air méchant. Je vais m’asseoir là. Tu vois, j’ai un date aujourd’hui. Sauf que la princesse ne m’a pas donné son horaire. »

Benjamin s’endormit dans la grotte. Jessica le retrouverait avec la créature du peuple-taupe. Comme s’il était un très gros chien. Benjamin assis et adossé à la paroi. La créature creuseuse roulé en boule à ses pieds.

Descendant lentement dans cette énorme grotte, une véritable faille dont elle peinait à voir les profondeurs, Jessica éclaira les parois avec une lumière bleuâtre. Elle patienta, jusqu’à finir par repérer des traces de pas. Jessica soupira. L’endroit était absolument effrayant. Il y avait ce gouffre sans fond, mais aussi le sifflement régulier du vent contre les parois, provoquant des bruits stridents. Elle se rapprocha donc des empreintes, et commença à les suivre, jusqu’à aviser un tunnel cristallin qui s’enfonçait dans la paroi. Jessica soupira, et se posa sur le sol, afin d’éviter d’aller trop vite, et commença à marcher.

*Les traces sont déjà très fortement effacées…*

Jessica continua à marcher, jusqu’à atteindre une grande caverne souterraine. Elle éclaira la zone avec son Anneau, tout en entendant des soupirs. Des piliers de cristal remontaient jusqu’au plafond. Le vent n’était plus qu’un sifflement lointain ici. Jessica commença alors à éclairer les petites pattes d’une espèce de créature porcine qui dormait aux pieds de Benjamin. Jessica sourit alors, et se rapprocha.

*On dirait qu’il s’est fait un ami…*

Elle rejoignit le duo, et caressa doucement les cheveux de Benjamin.

*Endormi comme ça, il serait presque sympathique…*

Jessica observa ensuite la créature porcine, et constata qu’il s’agissait plutôt d’une taupe géante. Celle-ci avait un pouls, et n’appartenait pas aux Nécromorphes. Il y avait donc ici des créatures qui n’avaient pas été contaminées par ces saloperies… Jessica était agréablement surprise. Elle se redressa, et traça une inscription dans la glace avec un laser jaillissant de son Anneau :

JE SUIS EN PATROUILLE.

TU ES MIGNON QUAND TU DORS.

JESSICA CRUZ.

Souriant encore, Jessica descendit par une galerie, qui devenait de plus en plus étroite, ce qui l’amena à voler… Et à découvrir, au bout de plusieurs minutes, un paysage souterrain inattendu.

Elle arriva au-dessus d’une ville ! Des immeubles en acier congelés s’élevaient sous elle, dans ce qui ressemblait à une gigantesque grotte, si grande qu’elle abritait toute une ville !

*Bordel, si je m’y attendais, à ça…*

Il s’était endormi. Sur une planète qui contrôlait des morts-vivants. Quel inconscience… Et pourtant, lorsqu’il s’éveilla, il se sentit en pleine forme. Un sourire naquit même en redécouvrant la créature à l’allure de taupe à ses pieds.

*Comme quoi, il ne faut pas juger les créatures à l’apparence et… oh. Mais quoi ? *

Le message dans la glace n’était pas présent quand il était arrivé. Certes, il n’était pas au mieux de sa forme après le double épisode de la survie dans les étoiles suivi de l’exploration en aveugle dans la tempête de neige. Mais, sauf bordel de voyage temporel, Jessica avait forcément écrit (gravé de son anneau) ce message après.

*Mignon ? Bordel. Je ne comprendrais jamais les femmes. *

« Bon, mon ami aveugle, je crois qu’il est l’heure pour toi et moi de creuser chacun nos propres galeries et… »

Décidément, finir une phrase semblait compliqué dans cet endroit loin de tout. Son regard avait été attiré par un signe. L’Omnitrix clignotait d’une lumière verte. Cela faisait longtemps pour Benjamin : l’ajout d’un ADN.

« Alors comme ça tu me trouves mignon ? »

Aveugle sous sa nouvelle forme alien, Benjamin avait tout de même réussi à retrouver Jessica. Il s’était même permis d’arriver sans un bruit en découvrant un savoir unique : celui de ressentir instinctivement les galeries. Capacité qui pouvait surement aller jusqu’à ressentir les passages cachés. Il était donc arrivé par une différente sortie pour découvrir à sa façon la découverte de la Green Lantern.

Oh, et cette nouvelle forme ? Elle ressemblait énormément à la grosse peluche aux allures de taupe avec le symbole de l’Omnitrix en plein milieu de sa poitrine.

« Je peux te proposer la totale si je t’intéresse ? On commence par un petit ciné. Puis je t’emmène dans un restaurant avec quelques étoiles pour t’en mettre plein la vue. Avant de t’emmener dans ma caverne. Ah, déformation alienesque. Il faut que tu remplaces caverne par hôtel. ? »

De la couche extérieure à la couche intérieur, cela donnait : un vaisseau dans les étoiles, un paysage balayé par une tempête de neige, un réseau de galerie souterrain et maintenant une ville nichée dans une caverne. Si les découvertes se multipliaient, une constante demeurait : le vide. Ou le froid. Ou l’absence de vie. Si ce n’était la découverte de son compagnon apparenté à une taupe.

*Je pourrais continuer à l’embêter un peu en lui disant que je n’ai pas de nom pour cette nouvelle forme. Mais j’en ai déjà probablement trop dit. Et puis, je n’ai plus dix ans. Je ne suis pas obligé de renommer tout ce en quoi je peux me transformer. *

En voyant cette immense cité souterraine, Jessica repensait à ces films et à ces jeux qu’elle avait découverts pendant son ermitage… Ces histoires se finissaient toujours à la fin par la découverte d’une immense cité xéno enterrée sous la roche, quelque chose de lovecraftien. Jessica avait rejoint l’autre bout de ce tunnel de verre, qui débouchait sur une galerie plus grande. Son Anneau éclaira les parois. Elle en arriva à la conclusion que des taupes avaient dû creuser cette galerie, comme celle qui dormait à côté de Benjamin.

*Je n’aurai pas dû écrire qu’il était mignon, il va être insupportable, après ça… Mais bon, si je ne fais pas le premier pas, il va se vexer, les hommes sont malheureusement comme ça…*

Jessica hésita entre continuer sa patrouille, ou retourner auprès de Benjamin. Elle voulait cependant s’assurer qu’il n’y ait aucun risque. Elle continua donc à descendre. La galerie était très grande, et descendait en formant une sorte d’arc-de-cercle, longeant donc l’immense ville. Jessica s’approchait du fond de la galerie, quand elle entendit des bruits de frottement. Sa lampe éclaira une galerie située en hauteur, et elle vit un gros homme-taupe descendre… Et reconnut la voix de Benjamin. Surprise, elle cligna des yeux à plusieurs reprises, et l’entendit rapidement plaisanter à nouveau. Il avait visiblement acquis une nouvelle forme grâce à la mystérieuse taupe qu’il avait croisé. Jessica sourit malgré elle.

« Disons que, quand vous dormez, et que vous êtes silencieux, vous êtes plutôt mignon. »

La Green Lantern se pinça ensuite les lèvres.

« J’ai eu peur que vous soyez mort lors du crash de ce vaisseau… Ou perdu. J’ai retrouvé vos traces, fort heureusement… Et j’ai croisé quelques Nécromorphes au passage. Je crains fort qu’ils n’étaient pas présents que dans ce vaisseau, et soient très nombreux sur cette planète. Il y a une cité là-dessous, j’étais curieuse de voir ce qu’il y avait dedans, mais c’est peut-être risqué. »

Jessica privilégia donc l’idée de remonter à la surface, et laissa Benjamin les guider. Avec ses sens de taupe, ils purent remonter, mais leur joie fut de courte durée. Le blizzard qu’ils avaient aperçu lors du crash du vaisseau les avait rejoints.

« AU VU DE LA VITESSE DU VENT, ET DU TAUX DE CONCENTRATION DES FLOCONS, CE BLIZZARD RISQUE DE DURER LONGTEMPS. LANTERN CRUZ, JE VOUS DÉCONSEILLE DE SORTIR ! »

Jessica soupira.

« Il semblerait que nous n’ayons pas d’autre choix que d’explorer la cité… »

Ça faisait deux fois qu'elle le qualifiait de mignon. Et comme si ça ne suffisait pas, elle avait ce petit geste de se pincer les lèvres. Même sa tentative de reprendre une conversation (presque) normale révélait des choses. Elle s'était inquiétée pour lui. Pour un type insupportable, ça faisait beaucoup de preuves d'affection. Benjamin eut l'intelligence de ne rien dire. En fait, il commençait à se poser des questions...

"J'ouvre la voie. Suivez-moi."

Bien évidemment, il était impossible d'explorer la planète. La tempête de neige avait repris. C'était soit explorer les galeries. Soit explorer la cité souterraine. Jessica semblait préférer un lieu quasi inconnu à l'inconnu total. Alors sous sa forme de "taupe", Benjamin reprit son rôle d'éclaireur.

"Ça ressemble à un centre commercial ce gros bâtiment, non ? Je me disais qu'on pourrait peut être regarder s'il y a encore des vêtements. Je pourrais faire l'effort de porter un smoking. Enfin, pas sous ma forme actuelle, hein. Je redeviendrais Benjamin l'être humain. Ou alors, s'il y avait une piscine, on pourrait se glisser dans des maillots de bain ? Mouais. Pourquoi il y aurait une piscine dans un centre commercial ? Et s'il y a bien une piscine mais pas de maillots de bain ? On gère comment la situation ?"

Malgré son babillement, la taupe explorait et reniflait constamment les environs. Il y avait peu de chances qu'il se fasse surprendre. Déjà parce que l'endroit devait être vidé de toute vie. Aussi parce que la race alien qu'il avait copié avait survécu aux Necromorphes. Ses grandes griffes progressaient donc sur le bitume en égrenant un rythme de sorte de raclement.

Ils explorèrent donc la curieuse cité. Jessica avait l’impression d’être dans un film Alien. Ce n’était pas une ville comme elle avait l’habitude d’en voir sur Terre. Il n’y avait pas de grandes rues dégagées, mais de multiples ponts suspendus menant à des portes énormes taillées dans une paroi chitineuse, avec de l’eau en contrebas. Après les compliments qu’elle avait donnés à Benjamin, l’homme était ragaillardi, restant encore sous sa forme d’homme-taupe. Jessica, elle, éclairait les structures avec son Anneau. Les bâtiments étaient d’énormes piliers verrouillés, sans fenêtre ni porte apparente. Elle soupçonna que l’entrée de ces structures se trouvait sûrement au niveau des énormes bassins, laissant supposer une race aquatique. Une chose était sûre : cette cité disparue n’était pas la colonie humaine abandonnée dont ils avaient entendu parler à bord du vaisseau. Benjamin parlait pour détendre l’atmosphère, et le duo se rapprocha d’une porte. Des inscriptions étaient présentes à côté, qui s’illuminèrent quand l’Anneau les éclaira. Ce dernier parvint toutefois à les traduire :

La Déesse-Nourricière s’est adressée à nous, nous avons trouvé sa sainte relique, et son message nous berce dans nos chants d’harmonie.

Écoutons la voix de la Déesse-Nourricière, mes frères !

Jessica ne savait pas trop quoi penser de cette inscription.

« JE NE GARANTIS PAS LA FIABILITÉ DE MA TRADUCTION. C’EST UN MESSAGE ÉCRIT DANS UN IDIOME ANCIEN QUI EST COMPARABLE À BIEN DES IDIOMES ENREGISTRÉS DANS LES BANQUES DE DONNÉES DE OA. »

Jessica acquiesça lentement. La porte devant eux s’ouvrit en coulissant, et ils s’avancèrent dans un couloir arrondi, qui les mena à un autre secteur. Il y avait encore de l’eau en contrebas.

« C’était visiblement un peuple amphibien. Cette Déesse dont parlait ce message, cette relique… Je pense qu’ils ont dû trouver quelque chose sur cette planète. »

Ils aperçurent alors une sorte de grande place concentrique. Un trou cylindrique s’y trouvait, mais il y avait aussi des tentes de recherche plus modernes, d’anciens générateurs portatifs avec des câbles jaunes allant jusqu’à des installations scientifiques. Le logo de la Yutani Space Corporation s’affichait sur ces tentes.

« Nous ne sommes pas les premiers à explorer cette cité, Benjamin… »

« Mouais. Nous sommes très certainement les seules encore vivants, par contre. »

Sous sa forme d’alien-taupe, le bruit des griffes donnaient parfois cette impression d’une terrible craie sur un tableau. Mais Benjamin avait décidé de ne pas revenir sous sa forme humaine. Sauf que l’exploration se poursuivait, déclenchant mécanisme de porte après porte.

« Je ne crois pas que mon alien soit très friand de l’eau. Ouais, je ne vais pas prendre de risque. »

Après une courte lumière verte, Benjamin sous sa forme d’être humain revint au côté de Jessica. Croisant les bras, il put lire l’inscription que sa précédente forme alien aveugle ne pouvait pas.

« Yuitani Space Corporation ? Ca ne me dit rien. On dirait que les japonais de notre Terre ont réussi à se perdre jusqu'ici. Par contre,… »

Il pointa du doigt les générateurs portatifs.

« …il y a peut-être moyen de faire redémarrer ces engins. C’est un faible risque à prendre étant donné que, si ça fonctionne, ça va faire du bruit. Mais j’ai tendance à penser que cette ville est complètement déserte et, après avoir partagé la peau de l’espèce de taupe, je crois que ce peuple ne viendra pas chercher les ennuis. Ouais, je suis pour le plan « Electricité et un peu de confort ». C’est OK pour toi, Jessica ? »

Oui, il y avait des questions en suspens. Quelle était vraiment cette ville qui avait la technologie pour pareille porte ? Dans un coin de sa tête, Benjamin avait l’impression bizarre d’être revenu dans le vaisseau spatiale à cause de la façon dont les portes s’ouvraient. Et il y avait cette religion. Avec cette Déesse-Nourricière et probablement un vieux bouquin moisi qui avait été élevé au rang d’artefact divin intouchable.

*C’est plus fort que moi. Il va falloir que je remette le couvert sur cette affaire. Surtout qu’elle m’a superbement ignoré. *

« N’empêche, je n’étais pas si loin avec mon histoire de piscine dans un centre commercial tout à l’heure. Tu penses qu’on pourrait se baigner dans cette eau au fond ? Ou miss protocole doit vérifier les horaires et la présence d’un sauveteur marin ? »

C’était plus fort que lui. Cet instinct a plaisanté. Et, depuis qu’elle l’avait qualifié de « mignon », son côté séducteur avait repris du poil de la bête. Comme si elle lui avait autorisé de lui faire du rentre-dedans. Qui sait ? Il leur faudrait bien trouver où dormir. Et sans duvet, la meilleure des techniques pour avoir chaud était de dormir collé-serré.