The Multiversity

[Daisy Johnson]

Si Daisy avait déjà affronté des Dieux ? Le fait est que… Oui.

« Récemment, j’ai été déployée à Atarashï Yoake lors de l’Olympomachie. J’ai eu mon lot d’ennemis divins à affronter. Mais il ne s’agit pas de combattre Shahtra, mais juste de renvoyer cette grosse araignée et son nid… Ailleurs.
-  Effectivement, acquiesça Strange. Mais nous ne ferons que régler le symptôme, pas en traiter la cause. Je sais que Spider-Man a réussi à enfermer Shahtra, alors on peut supposer que, comme son retour coïncide avec l’Olympomachie, la guerre menée par les Olympiens lui a permis de s’échapper.
-  Et quoi ? Vous pensez que Shahtra va se manifester ? »

Strange réfléchit un peu, tandis que Daisy restait à côté de Clotho, la SpiderWitch, qui insistait sur le fait de retrouver Mana.

« Qui peut prédire les intentions d’une divinité ? Je n’en sais rien. Enfin, et pour vous répondre, Clotho, il existe une infinité de Spider-men… Et de Spider-women, aussi. Notre planète en recense un impressionnant échantillon, et ils sont toujours en vie, si cela peut vous rassurer. »

Doctor Strange était désormais prêt à aller explorer la zone sensible, à se rendre dans la mine. Avant ça, Daisy répondit à Clotho en ce qui concernait Mana :

« Écoute, pour Mana, elle est encore en mission… Un truc sur une île reculée proche du Japon. Quand elle reviendra, je pourrais lui en parler, même si je n’ai toujours pas trop compris ce que tu lui voulais.
-  Vous pouvez rester là ou m’accompagner, mais je n’ai pas envie que les araignées soient perturbées. J’ai préparé un élixir qui permet de reproduire l’odorat d’une araignée. Cela devrait permettre de se rapprocher d’elles sans déclencher leur méfiance… Mais ne pavanez pas sous leur nez non plus. »

L’idée de retrouver toutes ces bestioles ne plaisait pas forcément à Daisy, mais elle savait qu’elle allait devoir s’y coller. Après tout, il fallait bien qu’elle fasse son rapport à ses supérieurs !

[SpiderWitch]

La SpiderWitch échangea un regard silencieux avec ses deux sœurs.

« Nous ne savons pas ce qu’est l’Olympomachie. Mais c’est impressionnant d’être en compagnie d’une guerrière qui a lutté et survécu face à des divinités. »

Daisy venait soudainement de gagner des points par paquets de dizaines aux yeux de la SpiderWitch. Mais aussi des Moires en général. Sa place était tout à fait légitime dans leur groupe. Tout comme cet homme avec ces connaissances et son titre de Sorcier Suprême. Oui, c’était là promesse de réussir.

« Par contre, je ne sais pas en quoi ça peut être rassurant de savoir que des Spider-men soient toujours vivant. Est-ce que ça veut dire qu’ils sont puissants ? Ou que leurs ennemis sont faibles ? Je n’ai aucune idée de comment prendre cette information. »

Les deux sœurs de la SpiderWitch avaient déjà progressé de quelques pas en direction de l’entrée de la mine. Elles deux comme le Sorcier Suprême était prêt à passer à l’action.

« Nous n’avons pas besoin de cet élixir, Sorcier Suprême. Comme je l’ai déjà dit, c’est moi qui suis entré en communication avec la Reine araignée et qui ait récolté les informations. Elle me connaît déjà et sait que je ne lui veux pas de mal. Quant à mes sœurs, nous avons toutes l’habitude de côtoyer les araignées. Que ce monde soit différent du nôtre ne devrait avoir aucun impact. »

La SpiderWitch aussi était prête à retourner dans le réseau souterrain. En fait, elle précisa au Sorcier Suprême qu’elle avait travaillé entre le moment où elle avait quitté le SHIELD et le moment présent. Elle était l’éclaireuse. Elle avait donc exploré plusieurs galeries pour apprivoiser la géographie de ce nouveau lieu. Suffisamment pour déterminer un chemin sur entre ici et la Reine araignée. La SpiderWitch précisa qu’elle avait avant tout fait ça pour la sécurité de ses sœurs.

« Donc si tout le monde est prêt, je prends la tête et vous emmène en tout sécurité et rapidement auprès de la Reine araignée. »

[Daisy Johnson]

« Moi, je prendrais bien la potion ! »

Stephen Strange sourit brièvement, et Daisy l’avala. Elle avait beau avoir combattu les Dieux olympiens, elle grimaça légèrement en sentant le goût âcre et infect de cette liqueur. Mais elle avala malgré tout la potion, et éternua ensuite, avant de tirer la langue.

« Beuuh, c’est franchement pas bon…
-  Certes… Mais c’est efficace. »

Ils étaient prêts, alors Strange invita Clotho à les guider. Daisy retourna non sans appréhension dans la grotte. Strange lévitait pour suivre Clotho, passant à travers des ouvertures latérales, ce qui leur permit de rejoindre assez rapidement le nid. Daisy resta prudemment en retrait, et Strange survola au milieu de la zone. Le nid était toujours effrayant qu’hier, avec les multiples cocons, les pattes d’araignées, les ombres sinistres… Daisy se sentait comme Frodon dans l’Antre de Morgul, avançant en sentant autour de lui la présence étouffante de Shelob, l’abominable araignée anthropophage. Strange commença à murmurer, générant autour de lui des pentacles, tout en se rapprochant de la Reine-Araignée.

Daisy resta silencieuse, observant de loin la scène, restant toujours méfiante. Les Moires étaient plus proches. Le corps de Strange commença à évoluer. Son dos se déchira pour générer des pattes arachnéennes qui se posèrent sur le sol, son corps se recouvrit d’une espèce de fourrure similaire à celle des araignées, si tant est qu’il s’agisse d’une fourrure. De multiples yeux rouges se formèrent, tandis que son ventre ondula, et prit une forme d’énorme abdomen. Strange s’était transformé en araignée géante ! Daisy sentit son estomac se retourner, et dut lutter contre l’envie de vomir. Elle ferma les yeux, tandis que Strange faisait claquer ses mandibules, dialoguant avec la Reine-araignée.

Depuis les hauteurs du nid, le monstre arachnéen se manifesta alors. Tandis que Strange générait un Portail, le monstre fit claqsuer furieusement ses mandibules, et la Reine-Araignée se crispa alors. Ses araignées se mirent à claquer également des mandibules, et le monstre arachnéen émit alors un nouvel hululement en frappant ses mandibules, déclenchant des ondes psioniques. Les araignées de la Reine s’agitèrent alors, et commencèrent à s’entretuer, certaines araignées restant fidèles à leur Reine, d’autres attaquant soudain tout autour d’eux.

« Bordel, je le savais que ça allait merder ! »

[SpiderWitch]

Quelle étrange créature. A bien regarder son faciès, on découvrait qu’il était constitué de trois crânes. Et des crânes humains. Qu’est-ce que cela voulait dire ? Observant son ennemi, la SpiderWitch remarqua une nouvelle chose. Les yeux du monstre brillaient de la couleur du sang. Mais ils ne brillaient pas dans chacune des six orbites. Ce qui revenait à dire que les crânes avaient été assemblé pour former un masque.

*Trois masques. Comme les trois Sœurs d’une unité Moire. J’espère sincèrement qu’il n’y a pas de véritable connexion entre ces deux informations. *

Durant sa réflexion, il y avait eu comme des bruits de mandibules. Mais à la fois comme quelqu’un qui « parle dans sa moustache ». Très vite, la SpiderWitch fut tirée de ses pensées par sa Sœur Lachésis.

« J’ai trouvé. Je vais pouvoir contre-mandibulé son pouvoir. »

« Ouais ouais. Fais ça. Moi je rue sur le monstre ! »

Il y avait une synergie évidente entre les trois Sœurs. Elles donnaient même l’impression d’avoir échangé deux lignes de texte pour aider leurs nouveaux alliés à comprendre. Leurs initiatives, leurs façons de bouger, tout indiquait une capacité à travailler ensemble. Chacune avait ses points forts. Chacune savait ce qu’elle devait faire.

Alors Lachésis commença à contre-mandibulé à l’aide des deux appendices qui se trouvaient de part et d’autre de sa bouche. Gracieusement, elle évoluait sur les fils des toiles d’araignées avec la grâce d’une danseuse. Toutes les « petites » araignées qui écoutaient son chant se calmaient. Les duels fratricides cessaient. Les mandibules claquaient de rage que le monstre les ait manipulés.

Dans le même temps, de longs appendices noirs se déployaient du dos d’Atropos. Cette femme à l’allure de folle avec ses yeux rouges et ses cicatrices façon monstre de Frankenstein, montait à l’assaut de façon très frontale et très brutale. Elle ne semblait pas éprouver de peur ou de douleur. Elle grimpait à toute vitesse en utilisant les pattes dans son dos et les toiles d’araignées. Mais le style était à l’opposé de sa sœur guérisseuse.

Toujours dans le même temps, la SpiderWitch avait gagné les hauteurs grâce à ses pouvoirs à base de cercles magiques. Elle en avait invoqué une telle quantité que cela donnait l’impression qu’un cercle de projecteurs avait été installé au plafond. Ce qui lui permettait de se déplacer à la façon du SpiderMan de ce monde mais à l’aide de fils magiques. Elle n’était pas une guerrière. Elle savait se battre mais sa Sœur Atropos le faisait bien mieux qu’elle. Alors elle s’évertuait à le distraire en façon près de lui. En tirant un fil magique pour immobiliser quelques instants une patte monstrueuse menaçante. Ainsi la Sœur guerrière pouvait griffer de ses mains le monstre.

« Ah ah ! Un de mes bébés vient de s’infiltrer à l’intérieur de son horrible masque ! »

[Daisy Johnson]

Le monstre arachnéen n’appartenait pas à la portée de la Reine araignée. Était-il lié à leur arrivée ici ? Le Docteur Strange avait parlé de Shathra. Ce monstre était-il l’un de ses séides ? Daisy observait la scène quand un filament de toile la saisit au torse, et la fit basculer en avant. Elle tomba du tunnel où elle se trouvait, et glissa sur la paroi. Elle atterrit sur le sol, et tira sur l’araignée possédée qui la tractait. Plusieurs balles lui explosèrent le crâne, et la bête couina de douleur. Daisy se releva ensuite, et lança une onde sismique sur une araignée qui cherchait à l’attaquer, la repoussant. Le monstre alla s’éclater contre une paroi, sa carcasse broyée tombant au sol. Les Moires cherchaient à combattre le monstre-araignée, et Atropos se rua vers lui, tandis que la SpiderWitch cherchait à le restreindre. Atropos parvint à mettre une araignée derrière la tête tricéphale du monstre. Un geste dangereux qui la mit en position de danser. La patte du monstre fouetta Atropos au ventre, déchirant sa robe noire et blanche. Elle tomba au sol, et le monstre bondit près d’elle, s’apprêtant à l’empaler… Quand Daisy projeta sur lui une onde de choc qui frappa le monstre au torse. Le coup le repoussa, et il rebondit au sol. Daisy pointa son arme pour lui tirer dessus, mais la créature tendit l’une de ses mains, et cracha sur elle un filament de toile, qui saisit son arme, et la lui arracha des mains.

*Merde !*

Daisy se rapprocha d’Atropos. Fort heureusement, la blessure était superficielle. Le monstre se mit alors à secouer la tête, la tortillant sur place. L’araignée d’Atropos cherchait à s’immiscer dans son cerveau. La bête rugit alors, et poussa un cri strident, suraigu. Les araignées qu’il avait corrompus. Daiosy se rappelait d’une revue scientifique parlant des phéromones arachnéens, que les araignées femelles utilisaient pour attirer les araignées mâles, afin de copuler, provoquant la mort de l’araignée mâle… Cette araignée-là diffusait elle aussi des phéromones de ce type. Daisy  envoya une nouvelle onde de choc avec ses deux mains, profitant de la distraction fournie par Atropos.

Le coup frappa encore l’araignée monstrueuse. Elle s’envola pour heurter un autre mur, et se releva lentement, avant de vomir du sang noirâtre. La créature rugit encore… Et une longue patte noire chitineuse transperça alors sa tête. Le masque tricéphale explosa, et la créature tomba mollement au sol.

« Misérable mutant raté ! »

Une voix féminine émanait de l’autre côté de cette patte. Daisy frémit en voyant un nouveau monstre débarquer, une femme-araignée d’une laideur particulièrement repoussante. L’araignée d’Atropos avait miraculeusement échappé à la patte de cette femme, mais, alors qu’elle se déplaçait sur le sol, un tentacule noir émergea de l’abdomen de la femme monstre, qui attrapa l’araignée, et l’attira à elle. La femme observa lentement la petite araignée qui se débattait vainement de ce tentacule gluant… Puis elle l’écrabouilla au sol.

« Des petits gêneurs qui n’ont rien à faire ici… Et qui ne devraient pas être là. Ces araignées sont nôtres, pas les vôtres ! »

[SpiderWitch]

Les Moires se regroupèrent suite à l’arrivée du Cauchemar Arachnéen. Même Atropos qui était la guerrière avec son tempérament impatient savait quand il fallait mettre de la distance. Rien que de par son comportement, ses deux Sœurs surent que ce nouvel adversaire était dangereux.

« Merci. Oui, je remercierai l’Araignée Sismique de t’avoir envoyé pour me seconder. »

Daisy était reléguée à un rôle de soutien. A une intermédiaire de la volonté d’une Déesse-Araignée. Mais, à travers l’arrogance de la guerrière, il y avait un véritable remerciement à entendre. Seulement, il fallait s’intéresser au sous-texte.

« Laissez-moi faire, mes Sœurs. »

La SpiderWitch opina de la tête mais invoque de nouveaux cercles de magie dans les hauteurs et sur les murs. Elle tira des fils éthérés pour s’accrocher au-dessus de la petite assemblée. A une distance qui ne pouvait pas faire naître un réflexe meurtrier au Cauchemar Arachnéen. Une position d’observatrice.

« On me nomme Lachésis. Je suis la plus sage parmi les trois sœurs que nous sommes. Si je peux éviter que la situation tourne à la confrontation, alors j’aurai réussi. »

Une situation qui n’enchantait pas tout le monde. Atropos voyait le corps de son petit familier écrabouillé au sol. Un affront doublé d’une perte. Cela méritait une punition violente et agressive. Mais, même si elle grognait dans son coin et que ses poings se serraient, elle restait à sa place et faisait confiance.

« Nous sommes ici pour aider cette Reine a retourné chez elle avec sa famille. Ou du moins à lui trouver un nouvel habitat où elle ne sera plus victime de sa prédatrice. Nous souhaitons simplement trouver la meilleure solution qui conviendra à tout le monde. Est-ce que vous pensez que nous pouvons arriver à une telle conclusion ensemble par la voie de la conversation ? »

Depuis sa position surélevée, la SpiderWitch observait et jouissait d’une vue globale sur la situation. Ce point de vue unique était sa force dans son unité. Lachésis était trop empathique et trop concentrée sur la voie des mots. Atropos se retenait mais n’avait d’yeux que pour une ennemie à abattre. Seule la SpiderWitch pouvait observer ses deux Sœurs, Daisy, le Sorcier Suprême et le peuple de la Reine araignée. Si cette dernière paniquait, c’était à elle d’agir pour l’apaiser et laisser travailler Lachésis. Mais celui qui l’intriguait le plus était le Sorcier Suprême. Que manigançait-il, lui qui n’était pas intervenu contre le monstre trimasqué ?

[Daisy Johnson]

Stephen Strange réussit à reprendre sa forme normale, mais semblait sonné, en sueur. Daisy, quant à elle, pointait son pistolet vers la monstrueuse créature arachnéenne. On aurait dit un genre de centaure… Mais arachnéen.

*Mi-araignée, mi-humain, et re-mi-araignée derrière…* songea Daisy, en se disant que c’était sans doute la meilleure façon de décrire ce truc.

Cette créature n’était visiblement pas avec les Moires, puisque Wynona souhaitait l’affronter, et que Béatrice tenta d’intercéder. Des trois, Daisy avait vite compris que Béatrice était la cérébrale, cherchant à trouver des solutions pacifiques, tandis que Wynona était plutôt du genre à foncer dans le tas sans réfléchir. La créature les regarda lentement, et émit un sifflement sarcastique.

« Hmmm… Oui, oui, c’est une offre raisonnable, assurément. Tout à fait raisonnable… Mais, dites-moi juste une chose, les sœurs sourire… Pourquoi voudrais-je ramener cette grosse saloperie chez elle alors que je me suis décarcassée les mandibules à l’envoyer là ? »

Daisy fronça les sourcils, et sentit l’attaque venir. La créature monstrueuse se redressa, et projeta depuis son ventre des tentacules redoutables, recouverts de scopules, ces touffes de poils qui permettaient aux pattes d’araignée d’adhérer à n’importe quelle surface. Daisy envoya une onde de choc à faible intensité sur Béatrice, la renversant, mais l’éloignant aussi des tentacules de la femme monstrueuse. Daisy tira ensuite sur la créature, qui siffla en bondissant en l’air sur le côté. Elle atterrit sur un mur, la tête en bas, et se catapulta en avant. Elle fusa droit vers Daisy, déployant des pattes griffues. Daisy se concentra, et envoya des ondes vibratoires plus puissantes. Le coup frappa la femme, la surprenant en plein vol. Elle s’effondra douloureusement sur le sol, brisant plusieurs de ses pattes.

Wynona avait déjà bondi vers la femme, prête à l’occire, quand une toile jaillit derrière elle, et la toucha dans le dos, la projetant à son tour en arrière. Perdant son équilibre, Wynona tomba au sol. L’attaque venait de l’une des araignées de la Reine, corrompue sans doute par cette femme. D’autres araignées s’élancèrent tout autour de Wynona. Pendant ce temps, l’araignée-centaure se redressa lentement, arrachant ses pattes brisées. D’autres repoussaient à la base.

« Pas mal, pas mal…
-  Vous êtes en état d’arrestation ! »

Un rire sinistre s’échappa des lèvres de la femme.

« Petite humaine gentille, est-ce supposée m’impressionner ? Je suis Optis, et je sers Dandelo ! »

Daisy ignorait ce qu’elle voulait dire par là. Elle se concentra encore, prête à se battre…

[SpiderWitch]

La voie de la simplicité était donc condamnée. Le centaure arachnéen avait donné son nom et ses intentions. Et il y avait pire que sa capacité à faire jaillir de dangereuses tentacules : cette Optis servait quelqu’un. Donc une créature inévitablement plus redoutable. Car ce ou cette Dandelo avait un plan. Pourquoi déplacer la Reine araignée dans ce monde par exemple ? Il y avait d’autres questions mais les Moires n’avaient pas le temps. Il fallait survivre à cet affrontement. Ce qui devait être largement du domaine du possible. Elles étaient trois. Cinq en comptant leurs nouveaux alliés !

ATROPOS : « Je m’occupe des petites araignées ! »

La guerrière aux yeux rouges n’était pas seule. Elle fit appel à ses petites compagnonnes venimeuses. Ca devenait vite un fouillis de pattes mais les forces semblèrent trouver rapidement un point d’équilibre. Atropos semblait se contenir. Elle le devait après avoir été prévenu par Lachésis d’essayer de ne pas les tuer. Les araignées étaient contrôlées par cette Optis. Il devait y avoir un moyen de briser le charme. Atropos devait donc lutter contre ces instincts et préserver la vie ou de la faucher. Ce qui ne lui plaisait pas des masses… Et donc elle grognait et jurait. Mais elle s’affairait, malgré les difficultés, à ne tuer inutilement aucune araignée contrôlée.

LACHESIS : « Clotho ! Je vais te créer une opportunité. Saisis-la ! »

Si sa première manœuvre était toujours la communication, et qu’elle était surnommée la guérisseuse, il fallait tout de même faire attention à Lachésis. La frontière entre guérison et empoisonnement est fine. Un médicament peut autant soulager que provoquer la souffrance. Les mains de Lachésis se tendirent et se raidirent soudainement. Au-dessous ses doigts, de l’autre côté de l’ongle, des sortes d’appendices minuscules, blancs et acérés grandirent.

LACHESIS : « Optis ! Dansons-toi et moi. Je suis très intriguée par ta capacité à te séparer de tes membres et les faire repousser. Je veux voir de plus près comment ça fonctionne ! »

Et elle se lança à l’assaut. La guérisseuse était devenue l’empoisonneuse. La centaure arachnéenne s’en rendit vite compte quand son torse fut comme piqué par un insecte. Qui était donc le résultat d’un des appendices que Lachésis avait fait poussé sous ses doigts. Un poison paralysant et foudroyant qui résulta par la soudaine perte de contrôle de ses tentacules. Ces dernières s’affaissèrent et devinrent un poids mort. Un déséquilibre qui permit à Lachésis de venir piquer Optis au niveau du cou et provoquer une nouvelle paralysie.

LACHESIS : « Maintenant ! »

Mais la SpiderWitch patientait. Elle observait depuis sa position collée au plafond. Elle était déjà en mouvement avant que sa Sœur ne lui donne le signal. Accroupie sur des cercles magiques pour se trouver devant le visage de leur nouvel ennemi : la SpiderWitch usa de sa magie pour hypnotiser Optis. L’objectif étant, comme les petites araignées que combattaient Atropos, de ne pas tuer Optis pour pouvoir l’interroger en toute sécurité.

[Daisy Johnson]

Optis, servante de Dandelo… Des noms totalement inconnus pour Daisy ! Elle se rapprocha du docteur Strange, qui était encore sonné par sa communion échouée avec la Reine. Se positionnant près de lui, elle tirait sur les araignées qui se rapprochaient, ou les repoussaient avec ses ondes vibrantes.

« Docteur Strange, remettez-vous !
- J’ai senti… Une terrible présence qui s’emparait de la Reine »

Daisy soupçonna que ce devait être ce mystérieux Dandelo. Impossible pour l’heure d’en savoir davantage du côté de Stephen, qui générait autour de lui des orbes de protection, mais peinait à retrouver le fil de sa pensée. De leur côté, les Moires menaient un assaut rangé sur Optis, Atropos déployant ses araignées rouges pour combattre les araignées de la meute. C’était un concert infernal de mandibules, de pattes acérées se fracassant contre les autres, de morsures sanguinolents et toxiques. Daisy aurait pu en vomir tant ce tableau était horrifique ! Elles voyaient d’énormes ombres au fond de la grotte, où de plus grosses araignées se battaient. Lachésis attaqua alors Optis, fusant sur elle, et planta ses dards empoisonnés en elle.

« Tu m’as pris pour une bête de foire, Lachésis ?! » siffla Optis.

Les tentacules d’Optis retombèrent autour d’elle, ce qui permit à Lachésis de la piquer à hauteur du cou. Clotho bondit alors près d’Optis, et généra des sceaux magiques, cherchant à hypnotiser Optis. L’attaque fut efficace. Optis, déséquilibrée, surprise, commença à dodeliner de la tête, les bras ballants. Toutefois, si elle avait perdu le contrôle de son corps, son esprit restait toujours aussi vorace, lié à cette nuée dont elle s’était emparée. Une énorme araignée cracha un filament de toile qui englua la tête de la SpiderWitch, la jetant au sol. L’araignée rétracta ensuite sa toile quand une onde sismique la frappa violemment, la projetant contre le mur et découpa le fil. Daisy se précipita vers la femme, et lui rendit la vue.

Pas le temps de lui sourire ou de la rassurer, car une araignée sauteuse bondit par-dessus Optis et atterrit devant Daisy. Elle pointa son arme à feu sur elle, mais une patte se leva, se détendit, et frappa dans les mains de Daisy, faisant sauter son arme. Son pistolet lui échappa des mains et tomba au sol. Surprise, mais pas vaincue, elle généra dans sa paume une nouvelle onde sismique, mais, cette fois, l’araignée sauteuse bondit juste en avant, et sa tête heurta le torse de Daisy. L’onde vibrante partit sur la gauche, et frappa un mur, le fissurant violemment. Le plafond commença alors à trembler. L’araignée sauteuse allait mordre cruellement Daisy quand Strange projeta sur elle… Sa cape rouge. Comme si elle était animée, la cape s’enroula autour de la tête de l’araignée sauteuse, privant ses multiples yeux de la vue, la déstabilisant assez pour permettre à Daisy de se reculer, et d’éviter un coup mortel.

« Elle ne se laisse pas faire ! »

Optis réussit à retrouver le contrôle d’un de ses membres… Et se planta une griffe dans le corps, permettant de vomir son sang, ainsi que la toxine de Lachésis.

« Qu’eeeest-ce que… T ‘aaaaaaaasss f-f-f-f-f-ffaaaaaiiitt… ?!! »

Sa bouche pâteuse l’empêchait de parler convenablement, et elle tentait de reprendre rapidement ses esprits pour se battre encore…

[SpiderWitch]

Se retrouver la face brutalement engluée sur le sol était une expérience désagréable. Et douloureuse. La SpiderWitch aurait détestée rester longuement dans cette position de faiblesse. Heureusement, la femme alliée était venue à son secours. Se mettant à son tour en danger. Mais le sorcier veillait. Lui et sa cape partageant de nombreux points communs avec la sienne. Un esprit pervers aurait pu imaginer un coït entre ces deux artefacts pour donner naissance à de petits capes. Des capettes de pouvoir. Et un esprit capitaliste y aurait vu une façon de se faire beaucoup d’argent. Peu lui important que cela amène un tsunami de problèmes sur le monde. Ce monde. Mais trêve de digression.

Lachésis : « Intéressant. Très intéressant. Tu n’as pas hésité à te perforer le corps pour assurer tes chances de survie. Bien peu en aurait eu la force mentale. »

Atropos : « Lachésis, tu fais chier ! Pas maintenant tes conneries ! ACHEVES-LA ! »

La SpiderWitch n’ajouta rien mais s’élevait déjà dans les airs via ses pouvoirs magiques. Elle se hissa face à Optis et déploya à nouveau ses glyphes rougeoyants, incrustés dans le canevas même de l’existence. Son précédent sortilège d’hypnose n’avait pas été assez puissant pour une créature d’une si dangereuse puissance. Elle devait plonger plus loin dans la trame de la vie. Tricoter d’une façon plus resserrée et plus complexe les fils de sa magie. Et pour cela, elle devait se mettre en danger. Mais elle pouvait se le permettre. Parce que ses Sœurs étaient avec elles. Parce qu’Optis luttait contre le poison mais aussi la perte de son fluide sanguin. Et enfin, il y avait cette femme qui devait la conduire à la Magicienne des Ténèbres. Et ce sorcier avec qui elle partageait le lien d’une cape organique.

Alors la SpiderWitch plongea dans un autre plan de l’univers avec un autre corps.

Atropos : « Elle ne prévient jamais ! »

Lachésis : « Comme si nous étions surprises. Nous nous connaissons. Ne fais pas semblant d’être surprise et en colère, ma Sœur. »

Alors qu’Atropos avait vraiment donné l’impression d’être en colère et que Lachésis avait laissé échapper un petit rire de femme adulte constatant la pitrerie inoffensive d’un enfant : voilà que les deux s’échangeaient un franc sourire. Ces trois femmes-là partageaient un lien qu’aucun Terrien ne pouvait appréhender. Différence culturelle, voilà tout.

Atropos : « Je m’occupe des subalternes ! »

Lachésis : « Et moi de l’empoisonner et la ralentir un peu plus longtemps. »

Atropos : « Gérer les autres soucis vous autres ! »

Lachésis : « Monsieur le Sorcier Suprême, peut-être pourriez-vous partir avec votre corps astral aidez notre sœur ? Je suis sur que cette expérience serait intéressante pour vous. Assister notre Sœur tricotant les fils des destinées. »

Perdu dans un monde « de ténèbres », la SpiderWitch était comme équipée de deux artefacts semblable à des aiguilles à tricoter. A l’extrémité de ses artefacts astraux, le canevas de « l’air » affichait alors un maillage serré. La SpiderWitch tirait un fil et le mêlait avec un autre. Elle « tricotait » littéralement et visuellement les glyphes rougeoyants que même Daisy était alors en mesure d’observer de ses yeux de non-magicienne.

[Daisy Johnson]

Optis tenait bon, provoquant l’admiration de Lachésis. Daisy, de son côté, entreprenait de récupérer son pistolet, quand un fil l’attrapa sur la jambe, et la cloua au sol. Elle fut traînée en arrière, tandis que Strange déployait de nouveaux sortilèges. Face à ce nombre élevé d’araignées, il généra des sphères lumineuses, qui déclenchèrent des rayons lumineux, fauchant les araignées. Les monstres étaient de plus en plus nombreux, tandis qu’Optis, blessée, continuait à combattre Lachésis. L’araignée qui tirait Daisy fut alors tuée par Atropos, tandis que Lachésis demanda à Strange de venir en aide à la SpiderWitch. Daisy, en se retournant, put voir des points rouges qui brillaient dans les hauteurs.

« Mais qu’est-ce qui se passe ? »

Strange n’eut pas le temps de lui répondre. Il entoura son corps par une sphère de protection tout en s’asseyant en tailleur en lévitant. Une autre version de lui-même apparut alors, un Strange éthéré, astral, qui put rejoindre le corps éthéré de la SpiderWitch, sa projection astrale. Avisant les glyphes rouges, Strange fronça brièvement les sourcils, analysant le sortilège que la SpiderWitch préparait. Elle tissait une toile complexe chargée de magie. Dans la précipitation, certains de ses fils étaient en train de se défaire. Strange entreprit alors de les renforcer, tandis que, en contrebas, le combat continuait de plus bel.

Optis claquait des dents, et cracha des gerbes de toiles acides sur Lachésis depuis sa gueule, avant de bondir sur le côté, surprenant Lachésis. Les multiples pattes ventrales d’Optis se plantèrent sur Lachésis, tandis que son ventre s’apprêtait à s’ouvrir pour vomir sur elle des gerbes d’acide. Daisy intervint alors, et repoussa Optis en utilisant ses vibrations sismiques. Deux vibrations puissantes qui fauchèrent Optis. La femme araignée alla s’éclater violemment contre un mur.

« Argh ! Tu vas me payer ça, salope ! »

Daisy leva alors sa main, et envoya une nouvelle onde sismique qui frappa le plafond, et le fit s’ébouler en partie sur Optis. Une araignée énorme se rapprocha alors de Daisy, avec des pattes interminables. Daisy déglutit devant cette horreur, et la repoussa avec ses ondes sismiques. Ses doigts commençaient à vibrer dangereusement, tandis que l’onde de choc la poussa au sol. Elle se rapprocha ainsi du cratère central. Daisy se redressa ensuite, un peu sonnée, du sang s’écoulant de ses narines. Optis jaillit alors en hurlant hors des débris.

« Vous allez me le payer !! »

Optis était furieuse, mais aussi lourdement blessée. Daisy se releva encore, et parvint enfin à récupérer son pistolet. Elle fit feu en étant couchée au sol sur une araignée, et entreprit ensuite de se relever. Son attaque au plafond avait fragilisé ce dernier, provoquant des fissures et de la poussière qui tombait.

« Il faut partir d’ici, tout va s’effondrer ! »

[SpiderWitch]

« Je tire ce fil… »

Dans son corps éthéré, la SpiderWitch officie à l’aide de ses deux artefacts.

« Je détourne le chemin qui lui permet de m’opposer de la résistance… »

Totalement plongé dans son tricotage de la destinée, la SpiderWitch ne ressentit pas tout de suite la présence du Sorcier Suprême.

« Ici, je prends ce fil et je noue un nœud… »

La Vie est une entité qui avance sans cesse. Qui ne peut pas voir ce qui a été modifié. Elle se projette sur l’après mais agit dans le maintenant. La SpiderWitch est tel un parasite qui dérègle son organisme. Et donc elle agit pour revenir à la situation à l’équilibre, défaisant ce qu’a été fait par la SpiderWitch. Mais cette dernière a une alliée de poids. Ce qui signifie qu’elle peut travailler d’autant plus efficacement qu’elle n’a pas à revenir en arrière.

Dans le monde physique, les glyphes apparaissent petit à petit.

« Le passé d’Optis sera ainsi ralenti. Certaines épreuves qui lui ont permis d’être ce qu’il est est aujourd’hui verront leur efficacité moindre. Car sa psyché n’y a plus accès de façon immédiate. Elle doit à nouveau synthétiser et, oh ! »

La SpiderWitch réalise alors la proximité du Sorcier Suprême.

« Je vous remercie pour l’assistance. J’ai encore quelques mouvements à effectuer et notre ennemi sera alors incapable de résister à la forme d’hypnose qu’opérera ma magie physique. Seulement, je réalise qu’une force semble veiller sur notre ennemi. Et je ne parle pas de la Vie. Quelque chose d’autre. Et donc je prends ce fil… »

Du temps passe.
Et à la fois, le temps ne signifie pas grand-chose dans la dimension éthérique.

De deux corps, la SpiderWitch est à nouveau un. Grâce à l’aide du Sorcier Suprême, son sortilège est prêt plus rapidement que prévu.

Atropos : Atropos : « Tu as fait vite, Clotho ! »

« J’ai été aidé. »

Lachésis : Lachésis : « Cette créature est incroyable. »

« Fais place, ma sœur. Je m’en occupe. »

La SpiderWitch plana jusqu’à Optis et se tint en l’air face à la gueule monstrueuse. Elle ne lui laissa pas le temps de parler. Sa cape organique se déploya pour former une figure à huit pointes. Soit autant de pattes qu’une araignée. Des mains de la SpiderWitch, des symboles géométriques parcourus d’un fil d’or. Autour de sa tête, telle une auréole de sorcière, un cercle rouge composé de symboles rappelant des yeux s’ouvrirent. Toute la matière même de l’existence dans son environ immédiat changea. « Se troubla » « Miroita » C’était ainsi que les spectateurs environnants parvenaient au mieux à décrire les changements dont le langage était si pauvre qu’il ne pouvait expliquer ce genre de « phénomène » ou de nouvelle « couleur ».

Et aussi « facilement » que ça, Optis tomba sous le contrôle hypnotique de la SpiderWitch.

Atropos : Atropos : « On l’achève ? »

Lachésis : Lachésis : « On l’emprisonne pour l’étudier ? »

« Sorcier Suprême, votre avis ? »

Ce n’était pas un manque de compassion de la part de la SpiderWitch. Seulement, au vu des événements, Daisy n’avait aucun rôle à jouer dans cette partie de l’Histoire. Il fallait imaginer la SpiderWitch telle une soldate qui visait uniquement l’efficience. Daisy en somme était une « simple » soldate. Pour exagérer le tableau : bourrine et vivant pour l’action. L’action était maintenant suspendu. Et le Sorcier Suprême avait du poids de par son rôle dans la décision à venir.

[Daisy Johnson]

Optis était redoutable, mais, avec l’aide de Stephen Strange, la SpiderWitch réussit à mener à bien son sortilège, un glyphe complexe constitué de fils magiques et de yeux rouges qui se focalisèrent sur Optis. Ce fut comme une onde de choc qui frappa celle-ci. Elle s’immobilisa, tombant dans une sorte de transe. Optis était sous le contrôle hypnotique de Clotho, et les trois femmes choisissaient quoi faire d’elle. Stephen Strange se matérialisa à son tour.

« Cette créature n’est pas à l’origine de cette attaque. Il faut la maintenir en détention, pouvoir déterminer sa provenance, et l’origine de cette créature. »

C’était un plan intéressant. Le plafond continuait néanmoins à trembler. Les araignées commandées par Optis étaient également au repos. Daisy pouvait voir de curieuses lueurs luminescentes, comme des reflets sur les murs, ce qui était d’autant plus perturbant qu’il n’y avait aucune lumière quelconque. Le docteur Strange générait une sorte de filet magique pour enfermer Optis.

« Rassurez-vous, ce filet a été spécialement conçu pour détenir n’importe quelle créature magique. »

Daisy reprenait ses esprits de son côté. Elle espérait sincèrement en avoir fini avec ces araignées. Le filet jaillit autour d’Optis, qui siffla et cracha rageusement, tandis que le filet se reposait sur elle. Daisy espérait surtout qu’ils allaient sortir d’ici rapidement. Elle sentit alors des graviers tomber sur son épaule. Daisy leva alors la tête, et vit au plafond trois yeux rougeâtres. Elle glapit en voyant le monstre arachnéen qu’elle avait affronté au tout début de cette aventure. La bête frappa le plafond, faisant tomber un gros morceau de rocher sur la SpiderWitch.

« Attention ! »

Daisy bondit vers la femme, et la ceintura. Elle l’éloigna ainsi en la renversant. Le monstre arachnéen bondit ensuite sur elles, et Daisy projeta un rayon sismique de sa main, frappant le monstre. L’onde de choc repoussa la créature, qui rebondit sur le sol, et cracha avec sa gueule un filament de soie qui toucha le genou de Daisy. La créature rebondit dans le cratère d’où la Reine araignée manipulée par Optis venait, et bascula dedans. Daisy se sentit alors traînée, et emmena la SpiderWitch avec elle.

« NON ! »

Les deux femmes tombèrent dans le trou, et traversèrent la Faille.

Daisy se sentit happée entre les dimensions, et elle et la SpiderWitch traversèrent un autre Portail, qui les amena ailleurs. Elle tomba sur un sol laiteux.

Le temps de reprendre ses esprits, Daisy put voir qu’elle était sur une planète avec une immense géante gazeuse rouge qui se trouvait dans l’atmosphère. À perte de vue, le sol était d’un blanc laiteux, et Daisy frémit en comprenant que la planète toute entière était recouverte de soies d’araignées, un océan infini de toiles blanchâtres s’étalant à perte de vue…

[SpiderWitch]

Malgré l’enchaînement d’imprévus qui avaient conduit les deux femmes à se retrouver sur un autre monde, la SpiderWitch conserva son sang-froid. Se concentrant dans son « monde intérieur », elle écouta avec beaucoup d’attention. Rien dans l’immédiat ne serait un danger. Elle se permit donc d’ouvrit les yeux à nouveau et d’observer avec attention les toiles qui composaient le sol.

« Je ne sais pas où nous sommes mais nous pouvons respirer et bouger sans difficultés. »

Partir d’une base solide et remonter la pyramide des problèmes les plus compliqués.

« Les araignées tissent différents types de fil. Il y en a qui permettent de se mouvoir. D’autres qui sont collants pour piéger les indésirables. Nous nous trouvons actuellement sur des fils de déplacement. »

La SpiderWitch tourna le visage vers Daisy et la détailla des pieds à la tête. Elle en vint rapidement à une conclusion qui fit qu’elle lui prit sa main dans la sienne.

« Je vais nous guider. Votre aversion pour les araignées et votre ignorance dans leur art ne vous permettra pas de vous déplacer sur les bons fils. Suivez-moi. »

Comme s’il n’y avait pas de combat horrifique, comme s’il n’y avait pas eu de chute vers une succession de deux portails : la SpiderWitch prit une direction et commença à marcher. A l’élasticité des fils, il était évident qu’il y avait des trous au-dessous de leurs pieds. Mais il y avait tant de travail d’artisanat de choses arachnéennes (faute d’avoir encore vu d’autres êtres vivants, il était difficile de trouver la bonne appellation) que la somme des fils rendait l’observation difficile. Ce pouvait être une chute de trente centimètres comme une chute de trente mètres…

« Est-ce que votre Sorcier Suprême saura nous retrouver rapidement ? »

Question pratique après question pratique. La SpiderWitch avait ce quelque chose de « militaire ».

« Il nous faut partir du principe que nous ne serons jamais récupérés. Il va donc falloir nous trouver de quoi nous hydrater, puis de quoi nous nourrir enfin un endroit où dormir. Vous êtes d’accord avec ce programme ? »

Son cerveau revenait dans le temps et analysait les dernières secondes qui avaient conduit à cette nouvelle situation. La chute et les flashs visuels lui semblèrent importants.

« Je me demande si le retour de la créature visait à nous capturer pour nous emprisonner dans un cocon dans un objectif ultime de nous dévorer vivantes. En ce cas, nous devrions être sur son monde. Ce qui m’intrigue tout particulièrement, c’était la présence de ce second portail. Mon corps a ressenti différents facteurs qui attestent de ce que j’ai envie d’appeler un double piège. Mais cette subtilité ne peut pas provenir de notre agresseur initial. Il n’a pas le profil psychologique. »

[Daisy Johnson]

Est-ce que Strange allait les retrouver ? Dans ce paysage désertique et laiteux, Daisy ressentait un curieux sentiment. Il y avait là une sorte de plénitude apaisante, mais aussi une angoisse forte. L’atmosphère était orangée, marquée par cette géante gazeuse qui toisait la planète. Daisy en comprit qu’elles étaient sur un satellite de cette planète. Elle se rappela ensuite que certains des satellites naturels de Jupiter étaient plus gros que Mercure, comme Ganymède.

« Le Portail est toujours actif, donc Strange est peut-être déjà sur cette planète… Mais il a l’air instable, puisque nous ne sommes pas apparues à côté. »

La SpiderWitch avait également une autre question intéressante : pourquoi ? Pourquoi est-ce que les deux femmes se retrouvaient là ? Daisy la suivait sur les fils de déplacement. Par certains interstices entre les fils, elle pouvait voir des fils qui se perdaient en contrebas, laissant supposer l’existence d’autres couches plus profondes. L’arachnophobie de Daisy était effectivement mise à rude épreuve, mais elle s’efforçait de rester calme, tout en suivant la SpiderWitch. Elle n’avait aucune réponse à lui fournir. La SpiderWitch perçut des vibrations sur les fils. Dans le nid d’une araignée, les fils que l’araignée tissait émettaient des vibrations, l’attirant à chaque fois qu’une proie était tombée dans sa toile… Ou que la botte d’un gigantesque humain était proche. De son côté, Daisy essayait surtout de ne pas penser au film « Vermines », ce film affreux où des araignées pondeuses utilisaient les corps d’humains comme hôtes pour pondre des araignées plus grosses et plus fortes en eux. Quand elle avait vu ce film, elle s’était répétée à plusieurs reprises de ne pas vomir.

Elles aperçurent finalement au sommet d’une butte une immense vallée avec un grand trou central, un puits qui menait aux profondeurs. Des araignées se déplaçaient autour de ce puits, et avaient érigé au fond de l’immense vallée une très grande statue représentant une araignée.

« On dirait une idole… »

Parmi les araignées, Daisy reconnut aussi des créatures similaires à Optis, des humains-araignées monstrueux qui semblaient commander aux autres. La statue représentait une ancienne divinité, Omm, une Déesse ancestrale qui avait été vénérée sur Terre à l’époque de l’âge hyborien, de la Pangée, quand tous les continents n’en faisaient qu’un. Elle avait conçu des hommes-araignées qui avaient défié les hommes-serpents du Dieu Set. De ce culte, il ne restait sur Terre qu’une secte d’hommes-araignées qui avaient croisé la route de Spider-Man et de Docteur Strange, dans le cadre d’une ultime lutte entre cette secte et les Hommes-Serpents de Set. Cela, Daisy n’en savait rien, mais peut-être que la SpiderWitch reconnaîtrait Omm à travers cette statue faite de toiles…

[SpiderWitch]

Accroupie, la SpiderWitch observait cette nouvelle découverte. La vallée emplie d’humains-araignées ressemblait à une menace latente. Ce n’était pas un délit de faciès. La SpiderWitch n’avait pas le même rapport aux araignées que Daisy. Seulement, Optis avait redistribué les cartes.

« Je préconise l’attente et l’observation. »

L’idole était inconnue aux yeux de l’éclaireuse de l’Unité Moire. Elle n’avait aucune idée que son nom soit Omm. La SpiderWitch vénérait les Araignées Supérieures du monde d’où elle provenait. Mais il n’y avait pas une Omm dans le lot. Continuant à observer les humains-araignées régentés les araignées animales, la SpiderWitch se permit une réflexion :

« Là d’où je viens, nous vénérons des Araignées vivantes. Des forces vivantes et actives. Je ne comprends pas cette vénération à des sculptures minérales pour des entités très probablement mortes. Ou, au pire, fictives. »

Ce qui revenait à avouer que la SpiderWitch n’était pas d’accord avec cette pensée et cette vision du monde. Elle n’allait pas mener une croisade pour détruire ce culte à Omm. Mais si elle n’avait que du temps devant elle et l’impossibilité de rentrer chez elle, elle prendrait probablement un genre d’initiative à faire tomber l’idole et apprendre aux araignées de toutes formes à respecter la Vie et les puissances du Destin.

Mais pour le moment, elle était en observation. Il ne fallait pas agir avec précipitation. Son objectif principal restait clair : trouver une source buvable, de la nourriture et un abri. La SpiderWitch avait bien en tête que cet endroit pouvait ne pas être le bon. Qu’il serait à fuir. Elle leva la tête. Il fallait également prendre le facteur du temps en compte. Combien d’heures de jour leur restaient-elles ?

« Nous risquons de passer beaucoup de temps ensemble vous et moi. Il me semble qu’apprendre à nous connaître deviendra rapidement une obligation. Nous allons probablement devoir rester l’une près de l’autre lorsque nous devrons vider notre vessie. Si les températures deviennent glaciales, nous devrons nous coller l’une à l’autre pour partager notre chaleur. Sans compter le fait que sans confiance, nous ne pourrons pas dormir. Et sans sommeil, notre cerveau et notre corps perdront très rapidement en force. Il est impossible pour moi de mourir maintenant. Je ne pense pas que le Destin m’ait amené sur cette planète pour mourir. Mais si tel est le cas, je remplirais mon rôle jusqu’à ma finalité. »

Tout avait été dit sans émotions. Une avalanche de faits doublée d’une absence de sentiment de honte. Il n’y en avait pas à avoir au sujet des besoins naturels du corps par exemple. L’organisme était, dans les grandes lignes, le même pour tous. Il était inconcevable pour la SpiderWitch que Daisy éprouve de la gêne à évoquer de tels sujets. Surtout qu’elle paraissait avoir une expérience militaire, comme la sienne.

[Daisy Johnson]

Face aux questions philosophiques de la SpiderWitch sur la croyance, Daisy lui répondit :

« Le principe même de la croyance, c’est de croireen des personnages dont on ignore l’existence. La foi fonctionne ainsi. »

Daisy serait cependant une bien mauvaise enseignante de la religion, car elle n’était pas spécialement croyante. Un trait commun à beaucoup de personnes qui, comme elle, étaient à la base des informaticiens. La SpiderWitch préconisa la prudence, ce avec quoi Daisy ne pouvait qu’être en accord. Elle se dévoila donc un peu plus quand sa partenaire évoqua l’idée de se rapprocher davantage :

« Je m’appelle Daisy, comme tu le sais. Avant de rejoindre le SHIELD… »

Elle sourit doucement.

« En fait, j’étais assez hostile au SHIELD. J’appartenais à un réseau de pirates, la Rising Tide, et on cherchait à obtenir des informations compromettantes sur le SHIELD, à prouver que cette organisation était dangereuse, et dissimulait des trucs… Un genre d’organisation conspirationniste. Le SHIELD m’a attrapé. J’ai rencontré l’agent Coulson, et j’ai fini par adhérer à leur organisation. Comme tu as pu le voir, j’ai aussi des pouvoirs mutants, je peux générer des vibrations sismiques avec mes mains. C’est très pratique, mais les vibrations font trembler mes muscles, donc, je dois me tempérer, et ne pas en abuser. »

Il y aurait eu bien plus à dire, mais Daisy n’était pas connue pour être particulièrement loquace en situation de danger. Et là, sur une planète hostile peuplée d’araignées géantes, on pouvait dire qu’elle était dans un environnement hostile.

« Bon, et toi ? Qu’est-ce que tu peux me dire sur toi et tes copines ? Vous venez d’un monde qui ressemble au mien, ou à celui-ci ? »

Si la SpiderWitch était curieuse au sujet de Daisy, l’inverse était vrai !

[SpiderWitch]

La SpiderWitch ne répondit pas tout de suite. Elle non plus n’était pas la plus loquace parmi les trois Sœurs qui formaient leur Unité de Moires.

« Ce ne sont pas mes copines, ce sont mes Sœurs. Mais nous ne sommes pas attachées les unes aux autres par des liens de sang. Nous avons tissé nos liens en grandissant toutes les trois ensembles. Malgré nos caractères et nos compétences différentes, nous formons un tout. Seule la Mort accompagnée du Destin pourra défaire cette tapisserie de nos trois couleurs. »

Il y eut un nouveau silence durant lequel la SpiderWitch observa l’agitation autour de l’idole de pierre. Mais aucun fait extraordinaire n’empêcha la poursuite de leur conversation.

« Le monde d’où je viens est assez semblable au tien. Nous possédons aussi des structures qui nous permettent d’avoir des toits au-dessus de nos têtes. Malgré cela, nos nids ne sont pas bâtis comme les autres. Les vôtres étouffent la Nature. Les nôtres essayent de cohabiter avec. Ce qui est obligatoire étant donné que l’espèce humaine n’est pas l’espèce prioritaire. Ce sont les araignées sous toutes leurs formes et tailles. Ce qui implique des réseaux de toiles et une organisation verticale. »

La SpiderWitch tourna alors son regard pour détailler sans vergogne Daisy. Si elle avait été un homme, l’expérience aurait été malaisante. Il aurait été facile de la traiter de pervers. Ce qui, au vu de sa froideur, ne pouvait en être. La SpiderWitch semblant asexuée et dépourvue de libido. Pour autant, ce regard scrutateur n’était pas agréable.

« Mes pouvoirs ne rentrent pas en contradiction avec mon organisme. Je suis capable d’hypnose. Capable de tisser des liens éthériques pour progresser comme une araignée sauteuse. Ma cape organique permet de protéger mes angles morts notamment. Mais rien dans mon arsenal a le potentiel de me nuire. Je ne comprends donc pas pourquoi le Destin t’a doté d’une habilité propre à te détruire. Ce fait m’intrigue énormément. J’aimerais y réfléchir profondément et longuement. »

Dans sa tête d’éclaireuse, la SpiderWitch tentait de comprendre. Quelle était cette espèce qui croyait en des Dieux invisibles ? Cette espèce qui était capable de compétences extraordinaires au détriment de leur propre sauvegarde ? Selon le fonctionnement de la SpiderWitch, il y avait une impossibilité à la survie. Il y avait dû y avoir une erreur dans leur Histoire qui avait conduit toute l’espèce à emprunter le chemin de la destruction. Devait-elle faire part de ses pensées à Daisy ? Lui demander si elle savait qu’elle était vouée à mourir ? Elle et les siens ?

[Daisy Johnson]

La Spider-Witch venait d’une société arachnéenne, ressemblant à la sienne, mais tout en étant différente. Vu comment elle en parlait, Daisy envisageait une sorte de monde à mi-chemin entre le sien et celui où elles avaient débarqué. Elle lui expliqua qu’elle était liée aux deux autres Spiders, qu’elles étaient des sœurs, et aussi que ses pouvoirs ne rentraient pas en conflit avec son organisme. Daisy sourit furtivement, tout en observant ses mains.

« Je suppose que cela vient de mon père… Un super-vilain, Calvin Zebo. On l’appelle Mr. Hyde. Il… Il a pris une formule, un mutagène, la Formule Hyde, en vue de devenir un genre de Hulk. Mais son mutagène a partiellement marché, et a développé en lui une personnalité secondaire. »

Un nom assurément inspiré du roman de Stevenson, L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde.

« Mes pouvoirs sont liés à un mutagène, le gène-X. On ignore encore comment ce gène se développe. Chez moi, je pense que le patrimoine génétique de mon père entre en confrontation avec le gène-X, et que cela explique pourquoi mes pouvoirs sont si puissants… Et aussi si incontrôlables. J’y travaille, néanmoins. »

Elle n’était pas la seule dans ce cas-là. De manière globale, tous les détenteurs du gène-X avaient du mal à contrôler leurs facultés, ce n’était pas spécifique qu’à Daisy. Elle observa encore le profond cratère.

« Nous sommes là d’où viennent ces araignées, ainsi que cette femme hybride… On devrait en profiter pour se renseigner, tu ne crois pas ? Comprendre comment ces créatures fonctionnent… Et on trouvera peut-être un Portail pour nous permettre de revenir. »

C’était bien sûr risqué, mais ce n’est pas comme si elles avaient beaucoup d’autres options. En restant sur place, elles prenaient de plus à tout moment le risque qu’on les découvre. Daisy était donc plutôt partisane de l’option consistant à prendre les devants…

[SpiderWitch]

La Spider-Witch écouta attentivement et en silence Daisy. Il y avait beaucoup d’informations. Toutes n’étaient pas importantes. Certaines retinrent son attention. D’autres étaient importantes étant donné leur localisation actuelle et leur volonté à retrouver les leurs.

Mais la Spider-Witch ne se sentait pas « poussée au cul ». S’il n’y avait pas de menace de mort immédiate, elle avait le temps de répondre. Et c’est ce qu’elle fit. En reprenant point par point ce que Daisy lui avait dit.

« L’appellation « super-vilain » est étrange. Mais je suppose qu’elle est à relier votre notion de « super-héros ». Et donc cela signifierait que dans votre affrontement, ton géniteur a choisi le camp qui répand la souffrance. Intéressant. Non que ton père soit un vecteur de maux. Mais que tu sois sa fille et que tu sembles ne pas avoir suivie sa voie.

Avais-tu choisi cette voie avant de passer à une étape de compréhension ?
Daisy Zebo, donc ?
Qu’est-ce qu’un Hulk ? »

Toujours accroupie, la SpiderWitch prit un petit temps de réflexion en silence. Elle avait tourné la tête pour ne plus regarder Daisy. Naturellement, elle ne lui redonnait donc pas encore le temps de parole. Puis ses yeux revinrent dans ceux de sa « partenaire ».

« Quelle est la nature de ce travail qui te permet de travailler sur ce que tu ne peux toucher ? A savoir l’héritage génétique de ton géniteur et de ta génitrice. Bien que tu ne sembles pas mentionner cette dernière. Mais plutôt évoquer l’action d’une entité de Nature. Peut-être même une sorte de « maladie » qui se serait répandu sur ton monde.

Quelle est la limite actuelle de tes pouvoirs ?
Passée cette limite, quels sont les dégâts réparables ?
Les dégâts t’handicapant à vie ? »

De nouveau, et parce que c’était lié aux dernières paroles de Daisy, la SpiderWitch tourna la tête et pencha le regard vers le cratère. Il y avait un choix à faire. Jusqu’à maintenant, elle préférait l’attente. Elle était capable d’attendre de longues heures immobiles. Elle pouvait même attendre et observer des journées entières si la préparation avait été correctement menée. A savoir avec des doses d’hydratation et de nourritures.

« Je suis en accord avec la phase de renseignement. Mais je suis en désaccord avec le plan qui semble avoir élu domicile dans ton crâne. Je suppose que tu es une partisane de l’action ? Donc entrer en contact avec cette race ? Mais tu es incapable de dialogue avec eux ? Donc comment mèneras-tu cette mission d’éclaireuses sans tomber dans une confrontation directe et potentiellement létale pour toutes les deux ? »