The Multiversity

Jeannie incarne:

Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

Ah on ne défonce pas le mur alors, pour attraper l’autre couillon et le faire parler? C’est presque… Triste, en fait. Mais bon, pas dramatique non plus, en fait. On va faire la mission comme Quiet veut qu’on la fasse. C’est elle qui commande, après tout, non? Non, définitivement, je ne suis pas faite pour un travail dans l’espionnage. Pas assez d’action. Trop d’attente. Mais… Je le redis. Je ferai un effort. Surtout que si je veux la suite de l’histoire… C’est-à-dire comment elle s’est retrouvée avec une peau impossiblement douce et ne plus avoir la faculté de parler autre chose que le navajo sans tuer… Il va falloir attendre. Si je fais quelque chose de con, elle sera fâchée après moi et donc je n’aurai pas la suite. Oh, peut-être qu’en vérité, elle me ment, que c’est un énorme n’importe quoi et qu’en vérité, elle se paie ma tête. Un mensonge mainte fois répété.

En même temps, j’aime penser que bon, quand même, elle dit la vérité. Vérité et espionnage ne vont pas ensemble mais… On peut espérer. Définitivement qu’on peut espérer. Effectivement, pour en revenir à l’aspect boulot, la conversation ne révèle pas grand-chose. On a le nom d’un endroit mais cela ne me dit absolument rien. En même temps, je ne suis pas du coin, je ne pensais pas m’arrêter ici pour faire du tourisme et je me dis que comme c’est la mission de Quiet, ce sera plus simple de la laisser prendre les devants. Moi? Si elle a besoin qu’on brutalise quelqu’un ou qu’on casse quelque chose, elle peut compter sur moi! Ça va me faire plaisir d’aider. J’ai les poings qui me démangent. Que voulez-vous, j’adore l’action. J’ai été conçue pour ça. N’est-ce pas normal alors de vivre selon les principes qui sont derrière mon existence? Je ne crois pas que ce soit si farfelu…

Tout ça pour dire que je finis par en apprendre un peu plus sur où on s’en va grâce à Quiet (ou grâce au SHIELD, je ne fais pas vraiment de distinction à ce stade des choses) et je me demande quelle sera notre approche cette fois. Techniquement, je peux être discrète, oui. Je veux dire… Je peux prendre une apparence plus inoffensive et moins visible. Ma grande force ne va pas disparaitre pour autant. C’est juste une enveloppe corporelle, en fait. Donc techniquement, je pourrais prendre l’apparence d’une jolie jeune femme comme on s’attendrait davantage à voir chez Hooters ou ce genre d’établissements et quand même défoncer un mur d’un bon coup de poing. Ah mais c’est sûr que ça surprend. Juste que mon physique actuel annonce déjà la couleur de ce qui attend ceux assez cons pour me chercher des emmerdes. Moins discret mais ça dit ce que ça a à dire : attention. Danger! Eh oui!

Ceci dit, cette flexibilité additionnelle de ma part peut facilement servir nos intérêts. Comme je l’ai dit, mon corps est comme un costume, des vêtements, etc. C’est une apparence. Donc si elle a besoin que je sois un homme pour la mission, c’est possible aussi. Je n’aime pas avoir à le faire, j’ai été créée avec un sexe féminin et m’identifie comme tel mais si cela va nous éviter des emmerdes… On ne me demande pas d’aller coucher avec quelqu’un non plus. Alors mon inconfort est très secondaire. J’explique ce que je peux apporter comme contribution à Quiet mais dans l’absolu, c’est encore à elle de décider si elle a déjà un plan en tête, si elle veut intégrer mes capacités dans ses calculs ou si je suis juste, qui sait, le plan de secours. Elle y va, elle fait ses trucs et si ça tourne mal, je défonce la porte et je viens la récupérer. Ça fonctionne aussi, je ne serais pas contre.

Alix était partisane des options violentes impliquant généralement la destruction de biens mobiliers. Une approche très éloignée de celle de Quiet. Foncer dans le tas ne leur apporterait rien en l’occurrence. Quiet ignorait si Joao Silva était lié aux enlèvements de migrants, ce n’était pour l’heure qu’une piste qu’il fallait creuser.

« Une enquête, ça ne résout pas en tapant sur tout ce qui bouge. Tu as voulu me rejoindre, donc tu vas devoir apprendre à raisonner comme des enquêteurs. Le maître mot, c’est la patience. »

Ce n’était pas la principale vertu d’Alix, en tout cas ! Quiet ne tenait néanmoins pas à ce qu’elle fasse échouer la mission ! D’un autre côté, elle n’avait pas non plus de se fâcher avec l’un des rares personnes au monde qui puisse parler navajo ! Même au sein du SHIELD, il n’y avait aucun traducteur en navajo. Ce n’était pas sans raison que l’armée américaine avait utilisé cette langue comme moyen de cryptage pendant la guerre, tant elle était peu usitée, et peu connue. Quiet et Alix se préparèrent donc, et sortirent dans la ville.

Le Can Phumo était un night club situé au bord de la mer. Maputo était une ville assez vivante la nuit. Pour le suivre, Quiet utilisa sa Jeep, qui était malheureusement assez voyante. Fort heureusement, Silva était très occupé sur son téléphone, et ne faisait attention à rien, ne pouvant sans doute pas concevoir qu’on le suive ici, à Maputo, au Mozambique. Quiet et Alix purent donc le suivre, tout en restant prudentes, jusqu’à voir l’enseigne du Can Phumo. L’établissement était implanté le long de la côte. En se rapprochant, Alix indiqua à Quiet qu’elle pouvait modifier son apparence grâce à ses pouvoirs de matériakinésie. Alix ayant un physique assez remarquable, Quiet l’encouragea à le faire, d’autant que deux femmes blanches au sein du Can Phumo, cela risquait de surprendre !

« Il est étonnant que tu sois assez bourrine, alors que tes pouvoirs pourraient faire de toi une parfaite espionne, observa Quiet. Prends ça. »

Elle lui tendit une oreillette, très discrète.

« Comme ça, on pourra discuter ensemble. Il faut mettre les doigts sur l’oreillette pour l’actionner, alors évite de le faire en étant repérable. »

Alix prit une forme d’homme noir, et les deux entrèrent ainsi, se faisant passer pour un couple. À l’intérieur du club, il y avait une piste de danse centrale, un comptoir, et des loges VIP. Quiet comprit rapidement que Joao Silva se trouvait dans les loges VIP, et une nouvelle idée émergea en elle en voyant que des agents de sécurité cherchaient de belles femmes.

« Alix ? demanda-t-elle par l’intermédiaire de son oreillette. Changement de plan… Prends une forme de femme noire plus sensuelle, débrouille-toi pour que les agents de sécurité t’emmènent auprès de Silva… »

Jeannie incarne:

Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

Oui, avec un pouvoir comme le mien, je pourrais facilement faire dans l’espionnage mais ma créatrice ne m’a pas dotée de la patience pour. Quand l’inspiration est un mélange entre les héros de films d’action des années 80-90 et un physique à la Power Girl qui elle non plus n’a pas non plus de grandes dispositions pour l’espionnage bien… Voilà. Je sais suivre les consignes. Je déteste me faire donner des ordres mais je sais écouter quand il faut. Obéir, si vous voulez utiliser ce terme. Et bien que j’ai été pensée, conçue, construite avec une apparence féminine, pour les besoins de la cause, je n’ai pas hésité à me donner l’apparence d’un homme noir. Mon apparence par défaut est bien trop facile à reconnaitre. Je suis rarement celle qui doit lever les yeux vers les autres dans une pièce. C’est même l’inverse. Je dois baisser le regard sur les autres.

Mais apparemment, le bon vieux dicton qui prétend qu’aucun plan ne survit au premier contact avec l’ennemi s’avère vrai car Quiet, après m’informe que je dois changer d’apparence. Euh… D’accord. Une femme sensuelle. Oui, ça peut se faire. Mais… Séduire quelqu’un à qui j’ai envie de mettre des baffes jusqu’à ce qu’il parle? C’est beaucoup me demander quand même. Une autre raison pour laquelle je ne suis pas douée pour l’espionnage. Mes méthodes sont d’une très grande simplicité. Dans ce duo improbable, elle est clairement Astérix et moi Obélix. Plus petite, maline, rusée. Moi, imposante, forte et impulsive. Quoi? Vous ne saisissez pas la référence? C’est pourtant une BD francophone très connue avec des jeux, des films et tout le bataclan! Bref. Ce que je cherche à dire c’est que ce que Quiet me demande ne cadre pas avec ma façon de faire. Nécessairement…

J’hésite. Je me dirige vers les toilettes et une fois m’être assurée qu’il n’y a pas de caméras ou autres dispositifs du même genre, je me glisse dans la toilette des femmes, heureusement déserte. Autrement… Cela aurait été difficile à expliquer. Je change d’apparence et je décide de m’approcher de celle de Mel Medara dans la série Arcane. Une excellente série sur Netflix que je vous recommande chaudement d’ailleurs. Après tout, sensuelle ne veut pas dire vulgaire et je doute que cet individu se contenterait de quelqu’un qui a plus l’air d’une prostituée qu’autre chose. En ayant l’air plus classe, en me démarquant davantage de la faune locale, cela me permettra de m’impose davantage comme « le choix logique ». Non, je ne dis pas que les autres personnes ici présentes sont « inférieures » ou quoi que ce soit. Je dis juste que si on veut regarder les choses d’un angle plus… Avantageux…

Pour la mission… Il faut savoir tirer son épingle du jeu, mettre des cartes intéressantes sur la table et une mise qui en vaille la peine. Avant de revenir dans la salle principale, je valide avec Quiet si elle ne préfèrerait pas que j’utilise ma matériakinésie sur elle pour la transformer, temporairement, en femme noire. Je veux dire… C’est elle l’espionne, pas moi. Oui d’accord, elle ne peut pas parler mais elle peut prétendre être muette ou je ne sais trop… Et si elle parlait navajo, qui sait, peut-être qu’il penserait que c’est un dialecte local ou obscur ou quelque chose du genre? Quoi qu’il en soit, si elle veut que ce soit moi qui y aille, j’irai mais je lui répète de façon très claire que je ne suis pas une espionne et qu’elle a intérêt à me dire quoi faire et comment le faire sinon j’improvise et je doute que sa patronne va aimer le résultat. Quoi? Vous me demandez de faire quelque chose de contrenature!

Quiet eut une répartie bien sentie quand Alix lui rappela qu’elle n’était pas une espionne, et que Quiet avait intérêt à la guider.

« C’est toi qui as voulu m’accompagner, non ? Tu connaissais les risques en venant. Tout ce que tu as à faire, c’est à ce qu’on t’invite au salon, on doit juste récolter des informations. »

Alix avait pris une apparence sensuelle, qui ne pourrait que marquer les esprits. Quiet l’encouragea à se rendre près du bar, et à attendre, tout simplement. Elle-même allait devoir s’infiltrer, et commença à examiner les lieux, recherchant les portes de service, les zones discrètes. Des endroits où elle pourrait s’infiltrer, sans rien risquer. Quiet le fit donc, et trouva un couloir dérobé menant aux loges plus intimes, là où il y avait les strip-teaseuses et d’autres shows. Quiet savait se montrer discrète et silencieuse, et passa par ce couloir, rejoignant la porte de service. Elle arriva dans un autre couloir avec un escalier, et comprit que les étages souterrains devaient mener à d’autres activités plus illicites. Le Can Phumo n’avait pas encore révélé tous ses secrets, et Quiet comptait bien continuer à se renseigner.

La jeune femme monta à l’étage, évitant soigneusement les éventuels gardes et gangsters qui patrouillaient. Elle se faufila ensuite dans des toilettes, et rejoignit les ventilations. Elle se faufila à l’intérieur, et commença à ramper. Pendant ce temps, en contrebas, Alix finit par être abordée par l’un des agents de sécurité de Silva, qui lui fit observer qu’elle était belle et seule, et lui proposa de prendre un verre à l’étage. Le plan avait donc marché ! Alix se retrouva donc à la table de Silva, qui discutait en compagnie d’autres hommes, dont un homme à la peau blanche et à la barbe fournie. Ils étaient tous en compagnie de midinettes passablement ivres ou droguées.

« Comment tu t’appelles, trésor ? demanda Silva à Alix, sans s’intéresser une seule seconde à sa réponse. Installe-toi à côté de moi, sois gentille… »

Silva était en compagnie d’Ulysses Klaue. Appelé plus simplement « Klaw », Ulysses était un mercenaire, un trafiquant en tout genre. Un super-vilain qui avait pour père un dignitaire nazi qui avait été chargé par Adolf Hitler de mener un corps expéditionnaire au Wakanda pour se renseigner sur le vibranium. Ulysses avait poursuivi ses recherches dans ce domaine, menant des raids à destination du Wakanda. Il disposait du pouvoir de générer des ondes sonores, car il avait été un physicien, et avait eu besoin du vibranium pour perfectionner ses recherches. Depuis lors, Ulysses participait à différents trafics en Afrique : armes, diamants, prostitution, drogues… Amoral et dangereux, il vouait une haine sans pareille à la famille royale wakandaise.

« Alors, où en étions-nous ? demanda Silva à Klaw, tout en caressant la cuisse d’Alix.
- Comme je vous le disais, le vibranium n’est pas si simple à récupérer. Les Wakandais commencent à perdre leurs gisements, leur stock s’amenuise. Alors, je doute que la Roxxon puisse vraiment s’intéresser à cet alliage.
- Laissez-moi m’occuper des intérêts de la Roxxon, Monsieur Klaue. En ce qui vous concerne, nous souhaitons vous confier une autre mission. L’un de nos convois en Afrique du Sud n’est pas arrivé, et cela me perturbe un peu. Des terroristes les ont attaqués, on a retrouvé plusieurs cadavres, dont celui de N’Dyen, notre contact sur place. »

Un ricanement traversa les lèvres de Klaw, qui avala sa pinte.

« Et cela vous surprend-t-il ? Ce pays est en plein chaos.
- Au vu des traces d’impact, cela nous surprend, oui… Les réfugiés ont été interrogés, et ont mentionné une femme surpuissante, invincible… Beaucoup ont mentionné les Avengers. »

Klaw sembla s’étrangler sur place

« Les Vengeurs ? Ici ?! Vous vous foutez de moi ?!
- Notre compagnie a déjà rencontré des ennuis récurrents émanant de ces hurluberlus colériques. Ils ont sûrement dû entendre parler d’Outer Heaven.
- Vous êtes inquiet pour votre petit réseau post-colonial ?
- Écoutez, je me contente de suivre les ordres, moi. Je devais m’assurer que les réfugiés africains étaient bien livrés à Outer Heaven…
- Et moi, je me retrouve sans travail ! »

Silva soupira doucement.

« Mes supérieurs souhaitent savoir qui a attaqué ce convoi, et nous allons en faire partir un autre… D’un des camps d’Angola. Je veux que vous vous y rendiez, et que vous supervisiez vous-même ce transfert. Nous ne devons plus avoir d’attaques sur les convois. »

Jeannie incarne:

Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

Ce serait tellement plus simple de juste tabasser tout ce beau monde jusqu’à ce qu’il parle… je veux… Le mec qui ressemble à un homme d’affaires ne doit pas avoir un méga seuil de résistance à la torture et l’autre avec une gueule de mercenaire aura du mal à faire la malin avec des difficultés respiratoires prononcées. Mais non. Quiet ne veut pas agir ainsi. Alors je me fais violence à suivre le plan et à laisser cet enfoiré mettre ses sales pattes sur moi. Oh mais je vous assure par contre que je suis très attentive. Très, très, très attentive. Et normalement, je pense, Quiet devrait pouvoir entendre ce que j’entends grâce à l’oreillette, non? Je ne sais pas exactement comment ce gadget fonctionne mais j’imagine qu’il fait plus que le modèle de base. Enfin. J’espère. Sinon, je suis capable de répéter ce que j’ai entendu mais cela ne veut pas dire que…

Bah que ça me parle, que ça me dit quelque chose! Hum… Je me dis… Si ce Silva est la tête pensante du duo, j’imagine que son téléphone doit être très intéressant, non? Il dépasse un peu de sa poche. Ça me donne une idée. Personne ne fait vraiment attention à moi, je suis le trophée de service, après tout. D’un discret coup d’œil, j’ai une bonne idée de la marque et du modèle. Et comme ma matériakinésie en est une à courte portée… Vous commencez à deviner ce que je vais faire, non? J’ai dans mon sac à main un téléphone portable. Correction. J’ai dans mon sac à main ce qui ressemble à un téléphone portable. Quand j’étais au bar, je jouais avec mais le téléphone n’a aucune carte sim, rien. Une matériakinésiste de mon niveau peut faire bien des choses, pratiquement au niveau subatomique. Faire un faux téléphone demande juste… Du temps et de la patience.

Mon point est le suivant : si je peux modifier ce que j’ai déjà pour imiter le téléphone de Silva, je peux le faire tomber de sa poche, le substituer avec le faux, créer un incident qui explique pourquoi il ne fonctionne plus et modifier son téléphone pour qu’il ressemble à un autre modèle. Il me faut juste… Comme je l’ai dit… Une distraction. Voyons voir… Il y a un mec qui passe près de la table de Silva avec une bouteille dans les mains… Ça peut le faire. Une bouteille de champagne, c’est encore mieux. Complètement ivre, il agite la bouteille dans tous les sens, gesticulant en racontant je ne sais quelle histoire à la jolie jeune femme avec lui. Et un bouchon de champagne qui « décolle » peut faire penser à un coup de feu. J’aide juste ledit bouchon à partir. Donc… Greluche numéro un pousse un cri. Bousculade. Mon sac à main tombe. Quelqu’un tombe contre ma chaise et me fait tomber.

Je m’agrippe à Silva qui par réflexe me repousse. Son téléphone tombe par terre mais il ne le remarque pas. Les gorilles de la sécurité font beaucoup de bruit. Dans la confusion, je fais l’échange. Le téléphone de Silva a maintenant l’air d’être une marque et un modèle complètement différent avec un écran craquelé et un appareil qui ne fonctionne plus. Parfaitement crédible à cause de la chute et du choc. Son « téléphone », donc ma copie, se fait kicker par un individu quelconque et ensuite piétiner par un groupe de greluches en panique. Autrement dit : kaput, le téléphone. Pendant qu’il va engueuler je ne sais qui, se rendant compte de ce qui vient d’arriver à son téléphone, un serveur m’aide à me relever. Je ne suis pas une espionne, c’est clair. Mais je suis une excellente matériakinésiste. Quiet va être contente : ce sont des informations gratuites de plus. Je me dirige vers les toilettes, un mouchoir sur la bouche, visiblement secouée. Si je suis chanceuse?

Quiet sera dans les toilettes ou à proximité pour récupérer mon « cadeau ». Quelque chose me dit qu’elle aura tout vu. C’est une pro de l’espionnage, après tout…

« Vous croyez vraiment que tout se passe en Afrique comme aux États-Unis ? Je ne suis pas votre chief security, ou quel que soit le terme ronflant que vous attribuer à vos collaborateurs. La Roxxon n’est qu’un partenaire commercial pour nous.
- Un partenaire qui a longuement financé vos opérations clandestines au Wakanda, et qui ne nous ont rien apporté d’autre que des problèmes et des procès. »

Un sourire mesquin orna les lèvres de Klaw.

« Si vous pensez pouvoir récupérer le vibranium de ce bon vieux roi T’Challa sans moi, avec votre beau costume-cravate, envoyez donc vos troupes. Moi, j’ai d’autres contacts. Les Chinois s’intéressent énormément à l’Afrique, sans parler de nos amis russes…
- Vous en êtes rendus à vous prostituer aux Chinois et aux Russes ?
- Je m’offre à ceux qui me cassent le moins les couilles, Silva, et, pour l’heure, j’ai autre chose que participer à votre petit projet, et… »

Le bouchon de champagne d’une bouteille amenée par un serveur éclata alors, un bouchon sauvage qui fusa contre le sac à main d’Alix. Les évènements se précipitèrent ensuite. Depuis son poste d’observation, Quiet vit Alix se blottir contre Silva, et elle échangea le téléphone portable, ce que Quiet nota. La situation allait devenir compliquée, car, si jamais Silva se dirigeait vers son téléphone portable… Alix décida alors de s’enfuir vers les toilettes, et Quiet commença à reculer, consciente que les évènements allaient bientôt se précipiter.

Alix rejoignit les toilettes, ferma les portes, et chercha Quiet du regard… Quand la porte explosa brusquement. Une main jaillit alors, et attrapa Alix à la gorge, la plaquant violemment contre le fond des toilettes, fissurant le miroir.

« Tu croyais que je ne verrais pas ton manège ? Qui t’envoie, salope ? La Recces ? »

Klaw l’avait poursuivi dans les toilettes, rappelant aussi qu’il était un super-vilain. Une porte d’une cabine s’ouvrit alors, et Quiet fit irruption, profitant de l’effet de surprise pour bondir vers le visage de Klaw, qu’elle frappa au visage avec le pied. Le coup sonna Klaw, qui relâcha Alix et recula, pour se recevoir un double coup de pied sauté dans le torse. Le choc repoussa Klaw à l’extérieur des toilettes. Quiet se dirigea vers Alix, qui semblait surprise, mais avait l’air d’aller bien.

« Putain, mais vous êtes qui ?! »

Quiet allait attaquer encore, mais Klaw tendit ses mains vers elle. Des vibrations en sortirent, des vibrations sonores qui repoussèrent Quiet. La jeune femme se redressa lentement, un peu sonnée, prenant conscience que Klaw était plus dangereux que ce qu’elle pensait…

Jeannie incarne:

Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

Alors celle-là… Je sais que je ne suis pas la plus grande espionne du monde mais j’ai définitivement donné une performance plus que décente! C’est officiel, il m’emmerde ce type. Et il peut se penser grosse brute intimidante, il va falloir plus que ça pour me faire mal. Me désorienter un peu, je ne dis pas… Mais guère plus. Ma priorité est de m’assurer de protéger le téléphone que j’ai volé. Ainsi nous aurons accès à ses secrets. J’en ai entendu pas mal mais des preuves solides, c’est toujours ce que préfèrent ces organisations qui disent protéger et défendre la planète. Et si Quiet veut critiquer ma façon de faire, c’est ce qui arrive quand vous envoyez quelqu’un qui n’est pas fait pour de l’espionnage faire de l’espionnage. J’ajoute aussi que c’est elle qui a donné le premier coup. Donc je dois avouer que je suis plutôt fière, en fait. J’aurais voulu que ce soit moi.

Mais en même temps, cela prouve que je peux écouter quand elle parle et faire preuve d’un minimum d’adaptabilité. La vache, est-ce que… Non. Coïncidence, tout au plus. Une arme ne peut pas changer sa nature. C’est juste… Une technique différente que j’essaie pour arriver à des résultats spécifiques. Les mêmes que je veux obtenir en général : l’élimination de ce qui trouble l’ordre et la sécurité. Pour y arriver, la chose est un brin différente mais… Voilà quoi. Non. Je reste une arme et mon objectif n’a pas changé. Rajouter des cordes à son arc. Oui. Voilà. C’est ça. Rien de plus, rien de moins. Est-ce que je me raconte des mensonges pour ne pas perdre pied dans des questions existentielles? Peut-être bien. Mais si cela me permet de rester dans le moment présent, je ne suis pas contre l’idée. Ce ne serait pas optimal de flancher maintenant, on ne va pas se mentir… Vraiment pas optimal.

Je confesse, par contre, que je n’ai pas réussi à ne pas pouffer de rire. On me dira : rire dans un moment pareil? Vraiment, Alix? Oui, vraiment. Non mais attendez, le mec il débarque en faisant son show de « Agrougrou! Je suis un méchant! » Il se prend un début de raclée par Quiet et après il chiale en demandant qui on est? Désolé mais je ne peux pas prendre un tel type au sérieux. Il fait la brute contre ce qu’il croit être sans défense mais je ne serais pas surprise qu’il batte en retraite la queue entre les jambes. Et tiens, comme il est hors des toilettes, en ce moment, et donc moi hors de sa vue, on va lui jouer un sale tour. Je copie son apparence. Pourquoi? Pour deux raisons. La première est que si par miracle Silva n’est pas témoin de tout ce grabuge et qu’on doit continuer l’infiltration… C’est la porte d’entrée parfaite. La seconde est que si des alliés de ce salaud se pointent, ils vont hésiter.

Et l’hésitation peut faire toute une différence. Oh Quiet va facilement savoir qui est qui. Elle tape sur le vrai. Je veux dire… Difficile de se tromper en la matière. Et si jamais elle le… Nous perd de vue… Je lui donnerai un signe subtil que c’est bel et bien moi. Ainsi, pas de confusion. En tout cas, il fait une de ces têtes quand je sors des toilettes à mon tour, de voir son double qui le regarde. Les mêmes expressions, les mêmes manies… Quant au style de combat… Encore une fois, une seconde d’inattention peut faire une différence. Je ne suis pas du genre à me dire qu’il y a une façon « loyale » de se battre. Dans un combat, la priorité est de neutraliser l’adversaire. Et là, s’il ne vomit pas ses testicules, c’est qu’il est étonnamment plus coriace que prévu car un coup pareil pourrait fissurer sans problème un mur en béton armé! Ah je ne dis pas que je vais garder l’avantage longtemps. Mais un coup, un bon coup et Quiet pourra sans problème lui faire la peau, non? C’est elle l’espionne et l’assassin!

Quiet n’était pas une super-héroïne, mais elle avait été formée au combat contre les super-vilains. Elle s’élança vers Klaw, décidée à pousser son avantage, mais celui-ci tendit sa main, et envoya une onde sonore qui vrilla les oreilles de Quiet, la déstabilisant. Alix al suivit ensuite, et changea de forme, délaissant la sensuelle femme à la peau noire pour prendre un double de Klaw. L’intéressé haussa les sourcils, surpris, puis sourit ensuite, amusé.

« Une polymorphe ? Mystique ? Navré, ma cocotte, il en faudra plus pour me déstabiliser ! »

Klaw s’élança alors vers Alix, et celle-ci en fit de même. Il y eut un double coup assez violent, qui provoqua un choc sourd. Alix fut repoussée, et heurta violemment le mur de la mezzanine, tandis que Klaw passa par-dessus bord, et tomba au milieu de la piste de danse, renversant plusieurs danseurs. Sonné, il se releva, tandis que Quiet, après un bref regard inquiet vers Alix, se rapprocha de la balustrade, et sauta en contrebas. Klaw commençait à se relever quand le pied de Quiet le frappa en pleine tête. Il y eut un choc sourd, et elle remit Klaw au sol, lui faisant cracher du sang. Le club diffusait en ce moment un classique de Boney M, Rasputin. Quiet brandit ensuite son pistolet vers Klaw, mais celui-ci tendit alors la main… Et la musique qui sortait des énormes enceintes commença à saturer alors, oscillant, provoquant des bruits stridents, comme si on s’amusait à remuer la platine du disque pour rayer ce dernier.

« Bande d’idiotes, vous m’affrontez dans une discothèque alors que je contrôle les ondes sonores ! »

Klaw tendit son autre main, et envoya d’énormes ondes de choc. Les danseurs furent repoussés, voltigeant sur place, et Klaw dirigea l’une des ondes vers la mezzanine. L’onde était si puissante qu’elle endommagea la mezzanine. La situation était en train de déraper, et, comme on pouvait s’y attendre, Silva était en train de s’enfuir précipitamment !

Jeannie incarne:

Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

Bon… Si je récapitule, machin peut contrôler les ondes sonores. D’accord. Sauf que… Plus de discothèque fonctionnelle… Plus de son facile. Et il peut avoir bousillé la mezzanine, je ne suis pas idiote au point de rester statique dans un tel affrontement. Ce que je dois faire est très simple : priver l’adversaire d’avantage stratégique et immobiliser Silva, au cas où. Commençons par le plus facile : Silva. Pour rappel, Klaw est sur la piste de danse. Moi, il ne m’a pas encore vu. Donc… J’intercepte Silva. Voyant « Klaw », il abaisse sa garde juste ce qu’il me faut pour que le sol se dérobe sous ses pieds avant de l’emprisonner à la taille. Je ne bougerais pas trop si j’étais toi, à moins que tu veuilles risquer de fusionner avec des morceaux du plancher quand je te ressortirai de là, que je lui dis. D’accord, ce n’est pas ultra élaboré mais ça fonctionne.

À moins qu’il ait magiquement des ouvriers de la construction sous la main, il ne va pas pouvoir s’extirper de matière redevenue solide. Donc ça, c’est fait. Deuxième partie du plan, priver Klaw de son avantage. Et pour ça, il me faut juste le local électrique. Pas besoin d’être un maitre électricien pour lire une étiquette. Plus de son pour la discothèque donc plus d’avantage pour Klaw. Ce qui ne veut pas dire que la partie est gagnée d’avance, bien sûr que non. Il peut encore utiliser ses pouvoirs sans. Oh et mesure de précaution : je me confectionne des bouchons pour les oreilles, on ne sait jamais. Oh et je fais une entrée remarquée en défonçant le mur derrière lui et en le chargeant comme un taureau le ferait sur un matador. Je lui mets quelques bons coups avant de me prendre une attaque sonique. La vache, c’est qu’il ne lâche pas facilement le morceau! Saleté de terroriste!

Nous roulons sur le sol dans un vicieux affrontement où je me dis : s’il manque d’oxygène… Ça va aider, non? Donc je commence à l’étrangler. Sauf que naturellement, il ne va pas se laisser faire. Évidemment. Il se débat comme un possédé et moi, je ne peux pas trop utiliser ma super force sinon je risque de le tuer. Donc… J’essaie plus de le garder immobilisé. Mon objectif est de protéger Quiet le plus possible. Plus facile à dire qu’à faire quand votre cible se débat comme un enragé. Nous roulons sur le sol, lui cherchant à se défaire de mon emprise, moi tentant de lui faire perdre connaissance par manque d’oxygène. Et s’il pense que je suis Mystique, tant mieux. Cela va éviter qu’il sache qui je suis vraiment. Ceci dit, je ne serais certainement pas contre un coup de main de la part de l’assassin. Avec toute cette panique, on risque d’avoir les forces de l’ordre au cul.

Donc, le plus vite on neutralise Klaw et qu’on récupère Silva, le mieux ce sera. Je me dis que je vais avoir au moins un bleu à cause de tout ce bordel. Ah oui. Autre question que j’aimerais bien poser : une fois que les deux guignols seront neutralisés, on fait quoi avec? On les amène où? Entre Silva qui s’époumone à crier à l’aide et Klaw qui jure de toute la force de ses poumons tout en tentant de se libérer, je n’ai pas trop le temps de réfléchir à un plan. Je ne suis clairement pas en bonne posture. Plus Klaw cherche à se libérer, plus il risque de se blesser gravement et je ne suis pas médecin ou infirmière. Et je doute qu’aller à l’hôpital soit une option. Quiet, viens m’aider avant que je lui brise quelques côtes par accident ou pire. Mort, il ne nous servira à rien. Dans le coma ou en état de choc non plus. Comment elle fait pour neutraliser des types de ce genre efficacement et sans les tuer!?

Klaw était un super-vilain. Un vrai de vrai. Ses pouvoirs lui permettaient de manipuler les ondes sonores, il disposait également de la classique force surnaturelle, et, tandis qu’Alix maîtrisait Klaw, Quiet avait maille à partir avec les gardes de Silva. Alix avait immobilisé Silva en profitant de l’effondrement de la mezzanine, mais ses hommes se précipitaient déjà pour l’aider. Quiet s’abrita derrière le bar, et, tandis que les invités s’enfuyaient en hurlant, les détonations retentirent. Des rafales d’arme automatique transformèrent les bouteilles d’alcool en cibles, faisant vomir l’alcool et les bris de verre sur la position de Quiet. Celle-ci bondit sur le côté, dans un geste qui n’aurait pas déplu aux films d’action de Chow Yun-Fat, pistolet en avant, et elle répliqua en ouvrant le feu. L’une de ses balles atteignit la jambe d’un des criminels, et il hurla de douleur en fléchissant le genou. Un autre se déplaça en canardant Quiet. Celle-ci roula sur le côté après son saut, s’abritant derrière un muret près d’un accès aux toilettes du rez-de-chaussée. Elle entendit alors du bruit venant des toilettes, et l’un des hommes de Silva fit irruption, pointant un pistolet-mitrailleur Uzi. Quie,t n’écoutant que son instinct, bondit vers lui, et détendit la jambe. Son pied s’élança, et frappa l’homme à la tempe, l’envoyant s’écraser contre le mur en céramique. Elle entendit le craquement de son nez, et récupéra l’Uzi, puis mitrailla à son tour.

De son côté, Alix était au milieu du dancefloor, tentant d’étranger Klaw, qui gigotait sous elle.

« Toi… Tu me plais, t’es sacrément bandante ! Mais… Tu aurais dû réviser tes fiches ! »

L’un des pouvoirs de Klaw consistait notamment à pouvoir modifier la taille de son corps. Klaw avait pour particularité d’avoir un « corps sonique ». Ce corps, il l’avait acquis lors de l’une de ses premières confrontations avec son ennemi éternel, T’Challa. Ulysses Klaw était à l’origine un physicien, qui avait développé une thèse sur les ondes sonores, et avait permis de développer une arme capable d’amplifier les ondes sonores pour leur donner une forme physique, et pour s’en servir à des fins offensives. Son arme demandait néanmoins du vibranium pour fonctionner, et c’était à ce titre que le jeune Klaw avait mis sur pied un commando afin de récupérer des stocks de vibranium. Il s’était heurté à l’époque au père de T’Challa, le roi T’Chaka. Lors de leur combat, Klaw avait perdu l’une de ses mains, mais avait aussi réussi à tuer le Roi du Wakanda, devenant de ce fait l’ennemi juré de cette nation. Suite à cela, Klaw avait remplacé son moignon par une prothèse sonore, un canon sonique redoutable. Klaw avait ensuite réitéré dix ans plus tard son offensive sur le Wakanda, et était venu avec sa machine expérimentale, un convertisseur d’ondes sonores. Il avait fini dans le convertisseur, qui avait transformé son corps. Klaw avait eu un corps fait d’ondes sonores, ce qui faisait qu’il pouvait le modifier.

Autrement dit, Alix n’affrontait pas un second couteau.

Klaw réduisit son corps, et, même si ce dernier avait changé de corps, il avait conservé l’apparence de son bras coupé, et de son canon, qu’il utilisa à bout portant. Le tir souffla Alix, l’envoyant heurter le plafond de la discothèque, et elle retomba ensuite, où Klaw se mit à grandir, l’attrapant à la gorge. Il repriot sa taille normale en la plaquant au sol.

« Tu m’as pris pour qui la stagiaire, hein ? Je combattais des super-héros quand tu étais encore en couche-culotte ! J’ai affronté les Quatre Fantastiques, j’ai participé aux Guerres Secrètes ! Qui t’envoie, ma poulette ? Les Vengeurs ? La Ligue ? Le… »

Une détonation retentit. Une balle atteignit Klaw en pleine tête, et il bascula sur le côté, sonné, sa tête se mettant à devenir floue. Quiet arriva ensuite, et sauta à pieds joints sur le torse de Klaw, repoussant ce dernier.

« Vous n’avez vraiment pas l’air de comprendre à quoi vous en tenir… »

Klaw pointa son canon vers les deux femmes, mais, au lieu de les attaquer encore, il généra une construction spéciale… Car, s’il était capable de solidifier son corps, il pouvait aussi générer d’autres formes. C’est ainsi qu’une Alix-bis émergea.

« Vois ça comme une preuve d’amour, ma chérie ! »

La Alix-bis se mit à courir, et tendit sa main vers Quiet, envoyant une onde sonore qui la repoussa. Quiet rebondit sur le sol, roulant sur le côté, tandis que l’Alix-bis se rapprocha de l’Alix originelle, prête à l’affronter…

Jeannie incarne:

Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

Il n’y a pas trente-six façons de le dire : il m’énerve. Vraiment. Ceci étant dit, j’ai encore des cartes dans mon jeu. Je n’ai pas dit mon dernier mot moi non plus. Considérez ceci : Klaw m’a vu en tant que « femme noire » et en tant que « Klaw ». Il pense que je suis une changeuse de formes. Je ne sais pas s’il pense toujours que je suis Mystique mais c’est de peu d’importance. Ce qu’il convient de retenir est ceci : il n’a aucun moyen de savoir qui je suis vraiment et quels sont mes pouvoirs. Silva a pu voir une fraction de ma matériakinésie et il est bien trop occuper à gueuler comme un perdu et à demander à ses hommes de l’aider pour faire grand-chose. Donc… Je me dis : n’utilisons pas toutes nos cartes tout de suite. Continuons de garder un atout ou deux. J’ai l’impression que ça va servir. Chose certaine, son pouvoir est pour le moins intéressant, on ne va pas se mentir.

Toutefois, s’il faut être honnête, ma priorité en ce moment n’est plus du tout la mission mais garder Quiet en vie. Je ne sais pas quelles sont ses capacités surhumaines, si elle en a, son niveau de résistance et tout… Mais je suis convaincue que je peux encaisser plus de tirs soniques qu’elle. Je résiste aux balles. Elle non. Donc je vais faire comme dans un jeu vidéo. Je vais être le tank et garder l’agro. Et s’il pense m’impressionner avec une copie de moi… Une copie de moi imparfaite, sans mes pouvoirs… Il va falloir qu’il fasse mieux que cela. Oh je ne la sous-estime pas pour autant. Après m’être prise plusieurs attaques soniques, j’ai clairement compris que c’est un coriace ce type et que j’ai potentiellement mal évalué la situation. Mais si vous pensez que c’est ce qui va me faire reculer… Vous avez déjà écouté Galaxy Quest? Never give up. Never surrender. Donc… On se bat.

Je ne dis pas que c’est logique. Je dis que c’est ce que je sais faire de mieux. Et apparemment, cette construction sonique a un seuil de résistance à ce qu’elle peut tolérer en termes de coups assénés avec une super force parce qu’un terme d’un violent échange, elle est bousillée, ladite construction. Non, comme dit, mon objectif est d’empêcher Quiet de se faire trop amocher. C’est sa mission. Elle sait quoi faire. Moi non. Donc Klaw se retrouve vite avec moi encore sur son chemin. Chaque fois qu’il tente de tirer sur Quiet, c’est moi qui m’interpose et qui encaisse l’attaque. La vache. Je suis faite solide mais c’est autre chose que se faire tirer dessus à la mitrailleuse. Mais je n’ai pas été créée pour rendre la vie facile à mes ennemis. Mes vêtements sont déchirés, oui. Mon apparence d’emprunt commence à montrer des signes de blessures, oui. Mais je peux encore encaisser.

Quiet a encore son arme. Et si elle ne l’a pas, avec tous les mecs qui se sont fait déglinguer, c’est le festival des armes qui trainent par terre. On se croirait dans un jeu vidéo, il suffit de se pencher pour ramasser armes et munitions. J’exagère mais pas de beaucoup. Klaw continue de me demander pour qui je bosse et je ne sais pas s’il est réellement impressionné ou s’il est juste sarcastique mais le fait que j’ai encaissé autant d’attaques soniques et que je sois encore en état de me battre semble l’impressionner. Imbécile. Tu combattais peut-être avant ma naissance mais j’ai été créée par une déesse pour vaincre une menace considérablement plus dangereuse que toi. Shayne t’aurait déjà liquéfié les organes si elle avait été à ma place. Ma stratégie, si on peut appeler ça une stratégie, est primitive au possible. Garder Quiet en vie. La laisser donner les ordres. Autant je déteste recevoir des ordres, autant j’ai été créée pour en suivre donc…

Mais une chose est sûre. Je ne vais pas tenir éternellement. Je le cache mais je suis plus blessée que j’en ai l’air…

Klaw était d’un autre niveau, Quiet en prit vite conscience. Des super-vilains, il y en avait de tous les niveaux, des clowns aux psychopathes génocidaires. Celui-là était bien plus dangereux qu’il n’en donnait l’impression, avec ce corps sonique. Quiet cherchait son point faible tandis qu’une fausse Alix, prenant les traits de l’apparence actuelle d’Alix, se matérialisa. Le combat entre les deux résonna, et Klaw constata vite que la métamorphe n’était pas Mystique, car elle disposait d’une force bien plus puissante que la célèbre métamorphe mutante. Il vit aussi que la femme tentait de protéger l’autre, qui semblait moins puissante, mais beaucoup plus agile. Il transforma son bras en canon sonore, et fit feu sur Quiet. Le tir, terrible, ciblait en arrière-bras le bar, et pulvérisa les bouteilles, fissura les vitres. Alix s’interposa entre les deux, et le tir lui lacéra la chair, faisant couler son sang, avant que son clone ne la frappe au ventre. Un coup d’une force prodigieuse, qui l’envoya s’étaler lourdement sur le sol. Le clone sonore bondit dans les airs, coude en avant, mais Alix put esquiver l’attaque, qui heurta lourdement le sol, le fissurant. Le clone était incapable de parler, et s’élança vers son adversaire. Alix put frapper son double, un coup qui éclata le visage du clone, avant qu’il ne se reconstitue.

*Réfléchis, Quiet… Tout ça n’est que de la physique…*

Une onde sonore était une vibration qui interagissait avec la matière, avec une propagation de l’onde sphérique. Quiet avait encore les oreilles qui sifflaient, et Klaw pointa sur elle son canon. Il tira, et Alix bondit encore. Le tir la frappa au ventre, et Quiet entendit la femme hurler, crachant du sang en tombant au sol. Le clone s’élança encore vers elle, et Quiet réceptionna la fausse Alix d’un coup de pied puissant au pied.

« Vous êtes tenaces, mes cocottes ! »

Quiet savait qu’il était possible d’annuler artificiellement du son en mettant en opposition deux signaux sonores de même fréquence. C’était le principe qu’on utilisait sur les casques antibruit, Malheureusement, Quiet n’avait rien en stock pour faire ça, et commençait à envisager la seule option leur permettant de sortir d’ici. Elle s’éloigna alors, sous le rire de Klaw.

« Ta copine s’est tirée, ma jolie ! »

Klaw rappela son clone, un sourire victorieux sur les lèvres. Il tendit la main, et une nouvelle onde sonore souffla Alix comme un mannequin de papier, lacérant sa peau.

« Puisque tu n’as pas envie de parler, je vais abréger tes souffrances… »

Le super-vilain positionna son bras vers Alix… Autour d’eux, des hommes armés se rapprochaient, pointant leurs armes sur Alix, qui semblait à ce moment vaincue… Quand une flash bang explosa brusquement devant Klaw. Surpris, celui-ci se recula, et Quiet fit irruption. Elle n’avait pas été trop loin, elle avait tout simplement récupéré un casque antibruit dans la régie, et le posa sur les oreilles d’Alix, en lui faisant signe de ne surtout pas le retirer… Puis elle se redressa. Klaw avait retrouvé la vue, et les hommes armés ciblaient Quiet, qui s’interposait entre eux et Alix, les mains levées en signe de reddition.

« Tu t’es enfin décidée à parler, poupée ? »

Quiet les regarda lentement, se pinça les lèvres… Et parla alors, en anglais.

« Tu veux vraiment que je parle ? »

Klaw cligna des yeux, et les autres mercenaires également, surpris. Alix put les voir chanceler, et Quiet parla encore, en faisant un pas vers eux.

« Je m’appelle Quiet… Car j’apporte la mort quand je parle. »

Les mercenaires commencèrent à suffoquer. Ils attrapèrent leurs gorges, à l’emplacement de leurs cordes vocales, et commencèrent à gémir, tombant à genoux avant de vomir du sang. Ils se tortillèrent encore sur place, tandis que la mort s’abattait sur eux, les parasites vocaux de Quiet venant les attaquer. Klaw, qui avait un corps différent des autres, posa malgré tout sa main à sa gorge, et se mit à reculer.

« Mais… Mais qu’est-ce que… »

Il éternua encore, et Quiet parla à nouveau :

« Tu as attaqué mon amie ! Tu voulais m’entendre parler, hein ? Alors, PROFITE ! »

Les parasites vocaux de Quiet étaient une arme terrible, sa malédiction. Les mercenaires autour de Klaw se tortillèrent en suffoquant, rendant leur dernier souffle dans des postures affreuses, leurs yeux se remplissant de vaisseaux sanguins qui éclataient dans leurs globes oculaires. Klaw ne put que fuir rapidement, et Quiet soupira doucement, avant de se retourner vers Alix, qui était mal en point. Elle revint alors vers elle, consciente que, avec son casque antibruit, Alix n’avait sans doute pas dû tout comprendre. Quiet lui retira le casque, et attrapa les joues d’Alix, qui avait repris sa forme normale.

« Reste avec moi ! décréta-t-elle en navajo. Alix ! »

Jeannie incarne:

Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

Pourquoi je continue de prendre des coups sans hésiter, sans broncher? Je veux dire, je laisse entendre vocalement ma douleur, oui. Mais je continue de faire rempart entre Quiet et moi. J’imagine que c’est parce que c’est tout ce que je sais faire. Mes bouchons d’oreille me protègent mais à force de me manger des attaques, j’en ai perdu un, je crois. Peut-être les deux. Je tiens encore à cause de ma prodigieuse endurance. Techniquement, Jeannie m’a conçu pour tenir tête à un martin, un kryptonien, un atlante, une amazone, peu importe l’espèce doté d’une super force. On ne sait pas ce que Shayne aura dans son arsenal, m’avait dit un jour ma conceptrice. Alors il faut être prêt à tout. Et en effet, au vu des personnes que ma Némésis a recruté autour d’elle… C’est facile de voir qu’en ce moment, je n’affronte que du menu fretin et ses mercenaires.

Elle sacrifie les pions qui lui sont le moins utile, apprend de ce qu’elle observe, adapte sa stratégie. Mais moi, je me rends compte, je ne suis pas doté de la même faculté de modifier ma façon de faire. Je suis une arme. En mon âme et conscience, c’est ainsi et uniquement ainsi que je me vois. Ma fonction est claire. Mon avenir tout tracé. Il peut y avoir quelques menus détours mais j’existe pour éliminer Shayne. Et ensuite, si le monde a encore besoin de moi… J’imagine que je vais affronter le mal jusqu’à mon dernier souffle. Jusqu’à ce que, qui sait, Jeannie crée une arme encore meilleure. Je ne sais pas. Mais quand Klaw a attaqué Quiet, les choses étaient claires pour moi. Très claires. Je suis l’épée. Je suis le bouclier. Et donc… J’encaisse. Comme je peux modifier comment je suis faite, volontairement, j’ai implanté en moi le téléphone de Silva et il est ultra bien protégé.

Après tout, cette forme, cette enveloppe, sert simplement de façade à ce que je suis. Je n’ai pas vraiment le même fonctionnement qu’un humain ordinaire… Car je ne suis pas un humain ordinaire. Bref. J’ai accompli ma fonction. J’ai protégé Quiet. Je lui ai permis de reprendre l’avantage. Je n’ai pas vu grand-chose car je suis salement amochée. Mais l’ennemi est mort ou en fuite. Donc… C’est bien. Enfin. Oui et non. Sa patronne va être livide. Une espionne doit être discrète, non? Là, c’était tout SAUF discret. Personnellement, je m’en fous de ce que l’autre énervée qui aime donner des ordres pense. Je sais ce que MOI je pense. La bataille terminée, Quiet revient vers moi. « J’éjecte » le téléphone de mon corps, miraculeusement intact, et je le lui tends. La mission passe avant moi. Sauf que ladite mission m’a énormément demandé. Je suis plus ou moins…

En mode automatique. Je peux effectuer des actions simples. Conserver ma forme « par défaut ». Mais ne me demandez rien d’autre. Je suis incapable de pensées complexes en ce moment. Une arme peut fonctionner même sans avoir besoin de réfléchir. Après tout, le corps peut suivre des instructions programmées. Quiet me dit de rester avec elle. D’accord. Qu’elle donne la prochaine commande. En ce moment, rester consciente est difficile. Il y a beaucoup de dommages à réparer. C’était un coriace, ce Klaw, il n’y a pas à dire. Et donc… Tout ce qu’il me reste d’énergie, si on veut, est dédié à des tâches plus critiques que de garder une apparence d’emprunt ou être capable de tenir un discours. Je ne sais pas ce que Quiet a en tête ou quel niveau de force elle a mais je pèse mon poids. Je suis grande, costaude et toute en muscles. Et les muscles pèsent plus lourd que le gras, c’est bien connu. Je ne suis pas un poids plume, disons…

« Central, ici patrouille B-14 ! Nous traquons les terroristes ! »

Ce soir, à Maputo, il régnait une certaine effervescence. La bataille au Can Phumo laissait derrière elle une flopée de vidéos prises par les témoins qui se mirent à circuler sur les réseaux sociaux locaux, et surtout de nombreux cadavres, ceux laissés par Quiet. La police était venue en force, et, quand elle avait commencé à encercler le bâtiment, Quiet avait réussi à s’enfuir avec Alix en grimpant dans une voiture, pourchassant celle de Silva. Ce dernier avait échappé aux parasites vocaux de Quiet, et s’enfuyait à bord d’une voiture de sport témoignant de sa fortune, une Maserita Granturismo. À Maputo, peu de gens pouvaient s’offrir une telle voiture ! Quiet s’était dépêchée de rejoindre une voiture, une BMW i7. Elle filait rapidement, tout en utilisant une clef USB du SHIELD pour la brancher à l’autoradio, ce qui lui permit d’intercepter les communications de la police.

« Patrouille B-14, bien reçu ! Les suspects s’enfuient à bord d’une Maserati et d’une BMW i7. Ordre de les appréhender immédiatement. »

Quiet vit deux voitures de police devant elle, et braqua à gauche. Alix était assise sur le fauteuil passager à côté d’elle. Les pneus crissèrent sur le bitume, la voiture heurta le trottoir, et Quiet accéléra, se plaquant contre le fauteuil. Les voitures de police s’élançaient derrière elles. Quiet fila à un carrefour au feu rouge, et évita de justesse un camion, qui leur offrit un peu de répit. Les voitures de police crissèrent en freinant de toute urgence, offrant à Quiet un peu de soulagement, même si elle avait perdu de vue la Maserati. Elle se retourna vers Alix.

« Toujours avec moi ? Il faut qu’on retrouve cet enfoiré ! »

Silva n’allait sûrement pas retourner à l’hôtel, et, puisqu’il se savait repéré, il fallait le retrouver, et l’appréhender !

Jeannie incarne:

Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

Le seul point positif dans ce merdier c’est que personne ne m’a brièvement vu reprendre ma forme « normale ». Ça aurait grandement compliqué les choses. Non avec tout le bordel qui s’est passé, dans ce cours intervalle où j’ai eu besoin de « prendre une pause », j’ai eu beaucoup, beaucoup, beaucoup de chance. Je suis encore affaiblie et loin d’être pleinement opérationnelle mais j’ai réussi à me trainer jusqu’à la voiture, m’asseoir dans le siège passager et boucler ma ceinture. C’est déjà ça de bon. L’inquiétude de Quiet s’est plus ou moins rapidement estompée quand je lui ai assuré que j’étais encore fonctionnelle. Ce qui dans la séquence d’événements nous mène tranquillement à cette course poursuite. Quel merdier… Ah oui. J’ai donné le téléphone de Silva à Quiet. Des fois qu’elle voudrait en envoyer le contenu à sa patronne, qui sait.

Moi j’ai fait ma part des choses. À ce stade-ci des choses, je suis en train de reprendre des forces. Donc… Voilà. Protéger Quiet de Klaw fait que je me suis pris tous les dommages à sa place. À elle de montrer ce qu’elle sait faire. Parce que bon, c’est quand même elle qui sait ce qu’on cherche, qui est qui et ce qu’on doit faire. Moi… J’essaie d’aider au meilleur de mes capacités en fonction de ce qu’elle me dit de faire. Ce merdier avec Klaw n’est certainement pas ma faute. J’ai même fait des efforts supplémentaires pour éviter les dommages collatéraux, tant du côté humain que matériel. J’ai vraiment fait mon maximum pour être… Je ne sais pas… Professionnelle… Mais dans le genre « corporate ». Le milieu de ces agences qui disent qu’elles sont là pour sauver le monde mais qui sont plus intéressés par les pays riches et industrialisés donc payants. Bref. Je suis encore en vie. Et consciente.

Il serait sans doute préférable de changer de véhicule mais cela ne semble pas dans les plans de Quiet. La voiture dans laquelle nous sommes est bien trop facile à repérer. On ne pourra pas échapper facilement à la police… Ou à quoi que ce soit d’autres qui pourrait être lancé à nos trousses. Je ne sais pas moi, ce type du Wakanda qui passait par là, Diana qui revenait d’une… Réunion dans une ambassade, Power Girl qui revient d’une séance de bronzage… Je peux imaginer facilement plusieurs dizaines de super héros qui pourraient débarquer de nulle part et nous intercepter. Et encore, là on parle de ceux que je connais parce qu’il doit y en avoir un paquet d’autres. Ma matériakinésie ayant une portée limitée, je ne peux pas faire grand-chose pour aider. Et comme je suis bien amochée, je peux encore moins faire que d’habitude. Au moins j’ai repris ma fausse apparence de femme noire.

Au moins, j’ai eu la présence d’esprit de renforcer les pneus. Même si on passe sur… Je crois que ça s’appelle un hérisson, ce dispositif fait pour crever les pneus des voitures… Cela ne fera aucun dommage. En fait, j’ai utilisé mon pouvoir pour renforcer la voiture, point. À moins d’utiliser plusieurs armes antichars, ils vont au mieux égratigner la peinture. Pratique, quand on y pense. Je suis mal en point et pas au sommet de ma forme mais je me débrouille quand même. Autrement ce serait trop la honte. L’idéal aurait été que je puisse me reposer pour de vrai mais cela ne semble pas être une option pour le moment. Donc j’endure et j’espère qu’on ne va pas rencontrer quelque chose d’aussi ou encore plus costaud que Klaw parce que je ne pourrai pas encaisser autant dans le round deux. Pas sans avoir repris des forces. Avec un peu de chance, on va capturer Silva sans plus d’incident…

Quiet roulait à vive allure, et constata vite qu’Alix contribuait à leur survie, renforçant le véhicule. Ceci expliqua sans aucun doute pourquoi aucun des pneus n’avait crevé quand Quiet avait heurté des trottoirs. Elle roulait avec grande efficacité, pilant parfois à sec, faisant crisser les pneus de la voiture sur le bitume.

« La Mazerati rejoint la voie rapide vers Matola. »

Quiet comprit où elle devait aller, et braqua brusquement à gauche, évitant d’autres voitures de police qui apparaissaient devant. Le braquage fut si sec, à destination d’une ruelle, que la voiture heurta violemment le mur. Le véhicule trembla, et Quiet fonça dans la ruelle, fauchant des poubelles, et rejoignit une petite rue piétonne. Des piétons hurlèrent, et, en évitant des touristes, Quiet braqua sur la terrasse d’un café, envoyant valser des tables inoccupées. Elle rejoignit ensuite des volées de marches, ce qui lui permit de rejoindre la rue, où elle continua à rouler. Alix lui suggéra de changer de véhicule, mais Quiet estima qu’elles n’avaient pas le temps de le faire. En roulant ainsi, elle rejoignit une rue qui longeait l’une des voies rapides menant à Matola.

« Il est par là ! »

Matola était une ville à l’ouest de Maputo, la banlieue de Maputo. On y trouvait un port, des usines, et une succession de maisons s’étalant le long de rues dont peu étaient goudronnées. Une zone plutôt dangereuse la nuit pour quelqu’un comme Silva… Quiet rejoignit une entrée, et grimpa sur la route menant à Matola. Elle accéléra encore, et ne tarda pas à voir la Maserati. Silva avait réussi à semer la police, comme elle, et elle lui colla au train.

« C’est lui… »

Elle évita un camion en braquant sur la gauche, et vit Silva foncer vers Matola. Il savait qu’il était suivi, et Quiet continuait à le rattraper, et le heurta. Grâce aux améliorations d’Alix, Quiet put frapper juste. Elle poursuivit Silva depuis une route parallèle, et braqua sur une route pour heurter violemment sa voiture à un carrefour. Elle le percuta suffisamment fort pour que la voiture de Silva perde son contrôle. Elle heurta une poubelle, et s’envola dans les aires, avant de faire une série de tonneaux meurtriers. La Mazerati se fracassa violemment sur le sol, laissant derrière elle des morceaux de tôle. La voiture de Quiet fut également déstabilisée, et se mit à glisser sur le côté, tournoyant sur place, avant de terminer sa course folle contre un mur en béton entourant une propriété… Et les airbags jaillirent, plaquant Quiet et Alix contre les fauteuils de la voiture. Quiet soupira doucement, sonnée, et réussit à sortir de la voiture.

Déstabilisée, elle tomba au sol, et se releva lentement. Silva avait, lui aussi, survécu à l’accident. Ses airbags l’avaient protégé, mais la Mazerati s’était renversée. Quiet avança lentement vers sa voiture, et le vit ramper hors de la voiture. Dehors, les habitants se rapprochaient. Quiet n’avait pas le temps de jouer. Elle se rapprocha de Silva, qui se releva laborieusement, et l’attrapa par les épaules.

« Mais… Vous… Êtes… Qui ? »

Quiet déglutit, consciente qu’elle ne pouvait pas parler, si ce n’est en navajo, un idiome qu’il ne devait sans aucun doute pas connaître. Elle le traîna vers elle, et il commença à se débattre. Alors, elle le frappa à la tempe, le neutralisant, puis regarda Alix.

« Il faut qu’on trouve un endroit tranquille pour l’interroger ! »

Jeannie incarne:

Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

Au moins, tout ce bordel avec la voiture n’a pas aggravé mon état. Parce que sinon, Quiet aurait dû trainer deux personnes et je fais mon poids, quand même. Toute cette musculature n’est pas là pour faire joli, après tout. C’est du solide, il n’y a pas à dire. Maintenant, par contre, nous nous retrouvons devant un problème de taille : où allons-nous planquer ce type? Si nous étions au Japon, j’ai un gym et j’ai un chez moi. Mais ici, en Afrique… Bah je n’ai rien, en fait. Et comme je continue de refuser de faire partie de la Justice League, je n’ai pas accès à leurs planques… Je n’ai pas d’amis ou d’alliés ici… Et appeler ma créatrice à la rescousse, ce serait trop la honte pour être même considéré. Quiet ne semble pas avoir de ressources du SHIELD dans les parages donc ça donne deux femmes paumées avec un prisonnier dans un pays où elles sont… Bah…

Considérée comme des fugitives. Ce qui n’arrange absolument pas les choses. Retourner à l’hôtel est impossible, il n’y a pas vraiment d’endroit où se cacher dans les parages… Pour le moment, on peut toujours fuir à pied. Sans doute qu’on peut perdre la police dans les rues et ruelles, le temps que leurs véhicules retrouvent notre piste… On ne dira que c’est con mais… Je sors mon téléphone et je regarde ma liste de contacts. Elle est bien maigre, ma liste de contacts. Jeannie, She Hulk, Wonder Woman, Balthazar…Certains ce sont des numéros personnels, d’autres des numéros qui vont rebondir un peu partout pour brouiller les traces… Sans le vouloir, je soupire d’irritation. Il manque Power Girl à ma collection, tant dans mon lit que dans mes contacts et… Et merde, Alix, ce n’est pas le moment de penser à ça! Non. Non. Je ne vais pas impliquer dans ce merdier qui que ce soit d’autre.

Se planquer implique d’oublier tout lieu public ou établissement privé sous surveillance. Si on trouve un bâtiment désaffecté, cela peut toujours servir, également. Hum… Je regarde sur mon téléphone la carte des environs. Ce que je fais est irresponsable mais… Considérant que nous n’avons plus de véhicule… J’ai trouvé un endroit. Ce n’est pas idéal mais cela ne risque pas d’être trop surveillé. Comme ce fut mentionné dans un article de février 2022 et comme l’histoire aime se répéter, le Matola Santos Health Center est de nouveau fermé à cause d’inondations. Autrement dit, qui penserait à aller regarder dans un bâtiment plein de flotte… Ou enfin, en partie plein de flotte? Personne. Et pour qu’on y arrive rapidement, je prends Quiet sur mon dos et l’autre couillon sous mon bras et j’utilise ma super vitesse de super badass pour mettre de la distance entre nous et les flics.

Nous arrivons un certain temps plus tard en vue du bâtiment et l’absence de présence policière me confirme que nous les avons semés. Mais moi… Je suis crevée. Presque vidée de mes forces. Ce n’était pas une bonne idée, je sais que ce n’était pas une bonne idée mais je n’avais pas d’autre choix. Une fois en sécurité à l’intérieur, je tombe comme une masse. Quiet va devoir gérer ses bobos si elle en a, le prisonnier et moi. J’ai poussé la machine trop loin et maintenant, j’en paie le prix. Mais avais-je vraiment le choix? La réponse est non. Pourquoi j’ai fait ça? J’emmerde la patronne de Quiet. Sa mission n’est pas ma mission, ses méthodes ne sont pas les miennes. Pourtant, je n’arrête pas de risquer ma vie pour elle. Rien que l’affrontement avec Klaw… Mais bon, les questions, plus tard, le repos, maintenant. Ah j’ai rarement été aussi mal en point, c’est vous dire. Quoi que les radiations la dernière fois… Bref. Espérons que cela ne se reproduira pas de sitôt…

Le Matola Santos Health Center était un petit centre médical, qui était en travaux. Quand Silva se réveilla, la nuit se terminait. Quiet l’avait attaché à une chaise, et il se tortilla sur place. Elle avait observé les environs, et n’avait vu aucun policier, mais des mouvements furtifs, silencieux… Rien de quoi l’inquiéter en temps normal, mais Quiet était en territoire inconnu, et potentiellement hostile. Elle avait laissé Alix se reposer sur un matelas, Quiet se chargeant de monter la garde. Elle s’était tout de même attardée quelques instants à la regarder dormir, et avait doucement souri. Derrière ses gros muscles et son comportement bourrin, Alix avait un visage assez doux quand elle dormait.

Et Silva s’était ensuite réveillé. Quiet avait utilisé son drone pour établir une connexion avec Maria Hill, qui tenait à interroger en permanence leur suspect potentiel.

« Maria Hill… Je constate que le SHIELD n’a pas mis fin à ces bonnes vieilles habitudes consistant à mener des actions armées dans des pays souverains étrangers n’ayant aucun accord avec le SHIELD. Qu’est-ce que vous me voulez, putain ?!
- Joao Silva, nous vous avons filmé en train d’avoir une conversation avec Ulysses Klaw, un terroriste international activement recherché. Nous disposons de suffisamment d’éléments pour nous assurer que vous passiez vos quinze prochaines années en prison, alors je vous conseille d’être un peu plus coopératif.
- Et vous voulez me faire croire que vous avez monté une opération au Mozambique uniquement pour capturer Klaw ? Ne me faites pas rire, Hill, votre agente m’a déjà suffisamment fait mal comme ça. »

Maria Hill se tut pendant quelques instants, avant d’abattre sa première carte :

« Qu’est-ce que Outer Heaven ?
- À vous de me le dire, je n’ai jamais entendu parler de ce truc… »

Une certaine pointe d’agacement traversa les yeux de Maria Hill.

« Vous voulez vraiment jouer à ça, Silva ? Vous n’êtes qu’un pion au sein de la Roxxon, que croyez-vous que vos supérieurs vous feront s’ils savent que vous avez été compromis ?
- Je veux l’assurance que mes proches seront protégés, Hill. »

Maria Hill resta silencieuse pendant quelques instants.

« C’est entendu. Maintenant, prouvez-moi que la dévastation du centre-ville de la capitale du Mozambique pour vous retrouver n’était pas vaine. »

Silva resta silencieux pendant plusieurs secondes, avant de répondre :

« Soit… Cela remonte à loin, vous savez… Il faut remonter à la conférence de Berlin, au 19^ème siècle. »

La conférence de Berlin était le nom attribué à un sommet européen ayant eu pour question le partage des colonies africaines, après des années d’expansion sauvage et de concurrence entre les grandes puissances coloniales. Historiquement, on retient surtout de cette conférence qu’elle fixa les grandes lignes de la colonisation européenne en Afrique.

« L’un des aspects secrets de cet accord fut l’instauration de grandes lignes de ravitaillement au sein des différentes colonies. Des réseaux essentiellement souterrains, des tunnels qui devaient permettre aux Européens de se déplacer plus facilement d’une colonie à l’autre. »

Maria choisit de ne pas l’interrompre, consciente que les informations que Silva avaient à donner viendraient progressivement.

« Le point central de ce réseau de contrebande était une forteresse secrète, que les Européens affublèrent d’un nom de code devant sonner local… Zanzibar. »

Zanzibar… Quiet resta silencieuse, comme à son habitude, mais entendit du bruit dehors.

« Poursuivez, Silva.
- Avec la décolonisation, le Réseau Zanzibar s’est perdu. Je ne suis même pas sûr que les gouvernements connaissent toujours son existence… Mais, pendant la guerre froide, les rumeurs du Réseau Zanzibar ont, pour des raisons assez évidentes, énormément intéressé les Américains et les Soviétiques. »

Dehors, les voix s’accentuaient, et des voitures se rapprochèrent, leurs phares éclairant le centre médical. Surprise, Quiet se rapprocha d’une fenêtre, et entendit des voix fortes. Dehors, des hommes armés se déployaient, et elle étouffa un juron.

*Merde !*

Elle se retourna vers Silva.

« Que se passe-t-il ? Nous détectons des signaux tout autour du centre…
- Ce sont eux !
- Mais de qui parlez-vous, bon sang ?!
- Outer Heaven… Les Diamond Dogs ! Ils ont retrouvé Zanzibar, ils… »

Une balle traversa soudain une fenêtre, et frappa Silva en pleine tête. Surprise, Quiet recula contre le mur, tandis que le corps sans vie de Silva, retenu à sa chaise, tomba en arrière, entraînant avec lui la chaise. Un tir extrêmement précis, venant d’un tireur d’élite. La balle avait traversé le crâne de Silva, et Quiet se coucha au sol, venant récupérer la douille. Un tir silencieux, qui ne venait sûrement pas des individus qui s’approchaient. Quiet les examina à travers la fenêtre. Des gangs locaux, visiblement… Et bien armés !

Quiet se dirigea vers Alix, afin de la réveiller, et d’envisager une fuite…

Jeannie incarne:

Alix Cindra Erling, Super héroïne à temps partiel et badass extraordinaire

Je dors et je reprends des forces. Comme les humains, plus souvent qu’autrement, si je rêve, je n’en garde aucun souvenir. Sauf que là, je vais parfaitement m’en rappeler. Dans cet espace infini et blanc, il y a une table. Deux chaises. Et ma Némésis. Shayne. Ce n’est donc pas un rêve ordinaire. Loin de là. Je suis immédiatement sur les gardes. « Tu m’amuses, Alix, c’est pour cette raison que tu vis encore », me dit ma… Grande sœur… Bien que ce soit plus ou moins exact. Shayne, que je lui réponds. Comment… « Comment suis-je dans ta tête, dans tes rêves alors que je n’ai pas ce pouvoir? Moi non. Un de mes sbires, oui. » Mon sang se glace dans mes veines. Pas au sens propre du terme, évidemment. Mais je peux dire sans mentir que je n’avais jamais réellement considéré l’étendue des moyens de Shayne. C’est… Terrifiant, en fait. Parce que…

Apparemment, elle est capable de me surveiller. De savoir ce que je fais, de savoir quand je dors. L’inverse est loin d’être vrai. MA Némésis est calme. Souriante. « Il est temps de te réveiller, Alix, tu vas avoir de la compagnie », qu’elle me dit. Je l’accuse d’avoir lancé ses sbires à mes trousses mais elle chasse cette idée d’un geste de la main en disant que ce serait du gaspillage. Qu’elle n’a rien à voir avec ces types, qu’elle m’a juste mise en garde… Et qu’elle a un cadeau pour moi. Un cadeau. Venant de mon ennemie jurée. Faites-moi rire, oui. Je la regarde avec méfiance. « Tu vas mourir, Alix, si tu n’acceptes pas mon cadeau. Tu n’es pas en état de te battre. Fuir va ralentir ta nouvelle amie. Accepte mon cadeau et reprends les forces dont tu as besoin. » La salope. Elle me tient par les proverbiales couilles. Si je refuse, effectivement, je n’ai pas assez récupéré. Je…

Je peux me battre… Mais je serai un poids pour Quiet. Un désavantage. Je peux bien lui dire de fuir et de me laisser derrière. Elle a été entrainée pour le faire… Mais je ne suis pas convaincue qu’elle le ferait. Donc… Si je refuse le cadeau de Shayne, je mets Quiet en danger. Sauf que rien de bon ne peut venir de ma Némésis, ce qui veut automatiquement dire que c’est un cadeau empoisonné. Merde, merde, merde… Le temps file. Je le sais. Shayne le sait. Et si elle me dit que le danger approche, c’est que c’est vrai. C’est un pur produit du chaos. Rajouter de l’imprévu dans les plans de l’ennemi… Ce serait son genre. Et comme elle me le fait remarquer : « si quelqu’un doit te tuer, je me réserve ce privilège. » Alors qu’est-ce que je fais? J’acceptes en me retrouvant avec une variable inconnue, une épée de Damoclès au-dessus de la tête… Ou je refuse et Quiet sera…

J’accepte, que je finis par dire. Un calice en or apparait, rempli d’un liquide qui ressemble à du sang. Très théâtral. Pas le temps de tergiverser. Je vide le verre d’un trait et je sens aussitôt mes forces revenir et je me réveille aussi sec sous le rire amusé de Shayne… « Restes à couvert », que je dis à Quiet qui aura sans aucun doute remarqué ma « guérison miraculeuse ». Utilisant mes pouvoirs, je traverse un mur sans le détruire avant de foncer comme une locomotive lancée à pleine vapeur contre les rangs ennemis. Ah ils ne s’attendaient pas à une attaque surprise, ces salopards. En attirant ainsi l’attention, je donne le temps à Quiet de préparer sa propre fuite. Gagner du temps. Détourner l’attention. C’est le rôle du tank. Allez Quiet, ne fais rien de stupide, saisis la chance que je te donne et profites en. Si je suis un poids mort pour toi… Fuis, c’est tout. Et termines ta mission…

Les ennemis se rapprochaient. Des gangsters locaux. Leur présence n’avait rien d’anodine. Quiet se déplaça rapidement, examinant le cadavre de Silva. Il avait été abattu, mais il en avait beaucoup dit. Pour l’heure, la priorité était de fuir. Quiet rejoignit la chambre d’Alix, s’apprêtant à la réveiller de force, mais, quand elle entra, elle vit Alix se relever brutalement, une lueur sauvage dans les yeux. Quiet cligna des yeux à plusieurs reprises.

« Alix ? »

Alix se précipita de sortir, sans trop rien dire. Elle lui ordonna de rester à couvert, et, tandis que les bandits se rapprochaient de l’entrée, Alix se transforma provisoirement en un ersatz de She-Hulk. Elle défonça le mur du centre, et sa main attrapa la tête d’un bandit, le projetant au loin. Il heurta le flanc d’un pick-up, et s’affala lourdement sur le sol. Surpris, un gangster leva soin fusil à pompe, et tira à bout portant sur Alix. Le coup souffla la jeune femme, mais les chevrotines rebondirent sur le sol, et il se reçut un violent coup de poing qui fractura sa boîte crânienne. Des bouts d’os s’enfoncèrent dans son cerveau et provoquèrent sa mort avant même qu’il ne heurte le mur d’enceinte du centre médical. Des gangsters hurlèrent, et continuèrent à lui tirer dessus, mais les balles semblaient rebondir sur son corps.

« <Hulk ! C’est Hulk !> »

Un autre avec une machette se rua vers elle, hurlant en essayant de l’atteindre avec.

Quiet, de son côté, partit vers l’arrière, et rejoignit une ruelle, où elle entendit des voix fortes. D’autres gangsters se rapprochaient, et lâchèrent sur elle des chiens furieux.

*Merde !*

Quiet se mit à courir dans l’autre sens, et sauta par-dessus un muret. Elle arriva dans une cour poussiéreuse, et fila vers la plus proche maison, une bicoque dont on pouvait se demander comment elle pouvait encore tenir debout. Les chiens d’attaque la poursuivaient. La porte était fermée, et, avant que Quiet ne puisse la forcer, l’un des chiens rejoignit le jardin. La tireuse d’élite évita de justesse son attaque. Le chien bondit sur elle, et heurta la porte. Elle brandit son pistolet, et tira alors que le chien fonçait sur elle. Les balles s’enfoncèrent dans le corps du monstre, et le cadavre du chien lui tomba dessus. Quiet le repoussa, et recommença à courir, tandis que les bandits la poursuivaient. Elle rejoignit une ruelle en sautant par-dessus une palissade, et un homme avec une machette s’élança vers elle. La machette fusa droit vers son visage, et Quiet ne l’évita que de justesse, en écartant sa tête. La machette heurta le mur, et Quiet le repoussa du pied.

« <Je vais te planter, salope !> »

Et l’homme l’attaqua à nouveau !

The Multiversity

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