The Multiversity

Diana estimait avoir dit l’essentiel. Elle avait parlé de cette fameuse « seconde partie » de la fête… Et quelle fête ce serait ! De mémoire, jamais elle n’avait vu les clans être tous réunis. Certes, l’heure était grave, très grave même. Themyscira avait été assiégée, et, même si Diana avait réussi à sauver ses Amazones, la Déesse Artémis était désormais portée disparue, corrompue par la Déesse Nyx, la redoutable Déesse de la Nuit. Néanmoins, Diana avait le mince espoir que cette tragédie réussirait à unir les différents clans, et à mettre fin aux vieilles rivalités. Elle savait que, parfois, du pire des cauchemars, quelque chose de positif émergeait quand même. La Seconde Guerre Mondiale avait permis l’émergence de l’ONU, et le renforcement du droit international. Cela n’avait pas mis fin à ce fléau qu’était la guerre, mais cela avait tout de même été une première étape vers la construction d’une paix mondiale. Diana voulait donc croire que l’union entre les clans se maintiendrait. Parmi tous les points à envisager lors de ce sommet, la Déesse Artémis serait au cœur des discussions, ainsi que la formation d’une équipe chargée de la retrouver.

Toutefois, Emily était surtout préoccupée par le cas de Vector Industries. Après la tentative massive de conspiration de Vector Industries, Emily était recherchée par Vector Industries, et elle s’attendait à ce que la conglomération renouvelle ses tentatives de s’emparer des métahumains de la Terre, et de s’installer sur la Terre. Diana se retourna vers elle, et lui sourit alors. Elle lui caressa la joue dans un geste qui se voulait affectueux, et l’embrassa tendrement sur les lèvres.

« Maintenant, nous les connaissons. La Ligue est vigilante, et tu es en sécurité ici. C’est pour ça qu’on t’a envoyé là, non ? Quoi que Vegapunk prépare, nous serons prêts à l’accueillir comme il se doit, tu peux nous faire confiance. »

Diana avait laissé Emily se lover contre elle. Elle lui sourit encore, tandis que le repas se terminait. La fête était encore loin de se terminer, mais elle allait prendre une autre tournure… Beaucoup plus adulte.

« Alors, que comptes-tu faire ? Si tu veux méditer, j’ai toujours aimé le long de la plage pour faire ça… Il y a un sentier qui y mène directement depuis ce temple. Moi, je suis la fille de la Reine, et je suis Wonder Woman, alors… Je dois continuer à honorer nos invitées par ma présence ! »

- Vous savez qu’il ne faut pas les prendre à la légère, Diana…

Emily soupire d’un souffle anxieux. Les deux dernières années au sein de la conglomération lui avait fait découvrir un potentiel militaire et guerrier jamais vu sur Megapolis. Même pas les meilleurs clans de Streetriders de l’Underground ne serait égaler de telles forces de combat. La notion est relative; Pour la jeune femme c’est du gros calibre tandis que pour la Terre, celle-ci avait connu des menaces d’une dangerosité similaire. La confiance de Diana est palpable tandis que la nouvelle réfugiée doutait que leur vigilance suffirait à arrêter des esprits déviants et parfois imprévisibles. Vegapunk est l’exemple même du génie qui, sans la laisse du président de Vector Industries pour la retenir, jouerait avec cette réalité et ses habitants avant que l’on découvre son existence. Un rejet de tout respect au profit d’ambitions qu’Emily ne comprenait pas. Ça ou bien des agents qui scruteraient les continents et nations du monde pour la retrouver. Themyscira reste un refuge fiable mais il serait stupide de prendre son séjour pour des vacances tout frais payé.

Le baiser et le contact humain affectueux la calme intérieurement, réanime le souvenir inoubliable de sa première fois avec une amazone terrienne. Son corps voulait posséder Diana plus longtemps encore, poursuivre cette exploration intime dans une chambre au cœur d’une nuit chaude sous le clair de lune. Cette vie qui bat dans sa poitrine approuvait l’idée mais l’esprit savait qu’une telle possession de la princesse et championne de Themyscira est impossible. Emily se replace droite sur son siège et scrute la salle avec un réflexe d’inquiétude sur son visage. Sa promiscuité avec Diana, les regards qui se sont posés sur elle durant un baiser naturellement doux et adorable, elle a cette perception erronée de jalousie ou de moquerie sur le visage de quelques convives. C’est comme par le passé quand les membres de son gang savaient pour son pouvoir volatile.

- Je vois…tes obligations. Encore heureuse que je n’ai pas à assumer ce genre de responsabilités perverse de sitôt. Pas avec ces regards qui me dévisagent. Excusez-moi…

Emily se lève et fait volteface pour quitter la grande salle du banquet. Se jeter dans une orgie désordonnée et en s’échangeant les partenaires à tout instant ? Non, pas intéressée. Cette culture est encore trop nouvelle pour s’y jeter tête la première. Elle le pensait et accélérait le pas dans le corridor menant au sentier éclairé par des torches. Urbaine depuis sa naissance la jeune femme se retrouve dans une noirceur d’encre. Aucune flamme ne semble aider ses yeux à s’ajuster à l’absence de lumière artificielle et d’éons colorés. Ses pas ralentissent de peur de s’enfarger sur une surface inégale. C’est si puéril et enfantin mais quand on passe des années à vivre avec des rollers au pied ce genre de réaction survient face à la noirceur.

Quand Emily foule la surface molle de la plage elle peut enfin voir plus loin que le bout de son nez. Le reflet des vagues sous le clair de lune lui fait penser à une masse noire gluante cherchant à la submerger pour devenir des filets d’eau léchant ses sandales et pieds. La fraîcheur de l’air est contrée par la chaleur qu’elle relâche de son corps. Elle inspire, ouvre grand ses bras.

“ I am the girl who walks alone
And when I'm walking a dark road
At night or strolling through the street

When the light begins to change
I sometimes feel a little strange
A little anxious when it's dark
Fear of the dark
Fear of the dark “

Un chant dans la nuit. Une expression d’une blessure de jeunesse sous la beauté d’une voix qui n’est pas celle d’une sirène. Et dans un monde sans dieux, Emily s’est sentie seule pendant si longtemps.

Personne pour qui prier. Alors des perles reluisantes naissent dans ses yeux.

Diana laissa Emily emprunter le sentier menant à la plage. Elle-même huma l’air frais et agréable de son île. Ici, il n’y avait aucune trace de pollution, aucune odeur nauséabonde non plus. C’était l’île de beauté. Pour autant, depuis que l’île avait été détruite, et désormais reconstruite, les problèmes du monde des hommes ne leur étaient plus inconnus. Régulièrement, les patrouilles le long des côtes retrouvaient des détritus, des sacs plastiques nombreux qui dérivaient au large. L’île était également confrontée au phénomène des flux migratoires. Les Amazones venaient parfois en aide aux chaloupes qui s’échouaient le long de la Méditerranée, formant un camp de réfugiés. Et, comme les pays européens, elles étaient confrontées aux mêmes problèmes. Diana avait ouvert les frontières pour recueillir les anciennes victimes des Amazones, quand ses mères menaient des assauts sur les bateaux environnants pour y attaquer des hommes afin de se reproduire. Ces hommes, échoués en mer, avaient été recueillis par Diana sur l’île, provoquant la première grosse crise politique de l’île. La même crise avait lieu désormais avec ces migrants, et Themyscira n’appartenait pas à l’Union Européenne. Les pays européens ne se pressaient donc pas pour ouvrir leurs ports à des centaines de migrants désespérés.

*Enfin, on verra ça plus tard… Ce n’est pas vraiment la raison de ce sommet…*

La jeune femme laissa donc Emily, et se dirigea vers le Palais. Elle passa par une première porte, rejoignit une halle, puis se dirigea vers une autre porte, d’où des parfums et des gloussements émanaient. Elle écarta des rideaux, et frémit encore en voyant l’assemblement de couvertures, de divans, les odeurs d’encens, et les corps dénudés. Comme le voulait l’usage, elle enfila un masque doré autour de ses yeux. Elle pouvait tout à fait comprendre qu’Emily ne cherche pas à participer à ce genre de soirée. Elle était encore marquée par son expérience avec Vector Industries. Diana avait besoin de se détendre, et se laissa donc absorber, pour la nuit… Quel meilleur moyen de célébrer la paix, après tout ?

La fête allait durer toute la nuit. Une orgie comme il en existait à l’époque de l’Antiquité grecque, où on célébrait par ce biais les Dieux, et où on renouvelait les forces vives de l’univers. Tel était le but initial de l’orgie dans les sociétés archaïques, le renouvellement de la vie en honorant celle-ci par une fête où le but était la recherche du plaisir. En Grèce antique, les orgies étaient pratiquées au nom du dieu Dionysos. À Themyscira, on les pratiquait aussi. Sur le principe, une orgie n’était pas forcément sexuelle, il pouvait aussi s’agir d’orgie alimentaire, de danse… Mais, en l’occurrence, il s’agissait bien de sexe. Quand Emily entra, on lui remit un petit masque doré autour de ses yeux. Chaque convive en portait, même si on pouvait les reconnaître.

L’orgie avait lieu dans un grand hall en forme de rotonde. Sur le plafond, une verrière représentait différentes divinités sur une fresque. Au centre de la pièce, une grande statue en marbre avait été dressée en l’honneur d’Aphrodite, au milieu d’une fontaine. Dans son eau sacrée, des amantes faisaient l’amour. Tout autour, il y avait des klinai rouges, ces lits de table que les Grecs antiques utilisaient pour dîner, soit à même le sol, soit en étant surélevés. Tout le long du mur, des colonnes en marbre soutenaient une mezzanine en hauteur où il y avait des fenêtres, permettant une aération de la coupole. Et, évidemment, sur le sol, les Amazones faisaient l’amour. Gardes et servantes se relayaient, car cette orgie devait être l’occasion pour le peuple amazone de se retrouver. Il y avait donc toutes les couches de la société amazone. Emily put également voir que des animaux avaient été ajoutés à l’orgie, comme des serpents qui ondulaient sur des courbes féminines. On utilisait aussi la magie rose, dotant ainsi des femmes de verges, qui pénétraient les autres.

Diana était allongée sur l’un des klinai, embrassant avec passion Yara Flor, sa consœur brésilienne. Elles se caressaient sensuellement, tandis qu’un serpent s’enroulait autour de l’une des jambes de Diana.

« Tu vas aimer ce que j’ai à te proposer, Diana…
- Le goût est déjà prometteur… »

Diana ne pourrait voir Emily, car elle était dos tourné, allongée contre Yara, qu’elle se mit à masturber, tout en sentant le serpent siffler contre ses lèvres intimes. Emily pouvait voir que n’importe qui pouvait rejoindre les différents couples ou groupes qui s’étaient formés. Ainsi, une main caressa brièvement le postérieur de Diana, tandis qu’Emily continuait à s’aventurer au sein de l’orgie…

Emily découvrait l’ambiance si particulière de cette deuxième partie des bacchanales amazoniennes. Diana était en compagnie de son homologue brésilienne, la belle et énergique Yara Flor, qui était elle aussi très sensuelle. Les deux femmes s’embrassaient langoureusement, se frottant tendrement l’une à l’autre. Yara était plus jeune que Diana, et Diana pouvait sentir son énergie, son engouement… Un pur bonheur ! Diana soupirait doucement contre elle, ses lèvres se plaquant encore aux siennes. Yara était très belle, avec des lèvres sucrées, un corps chaud et tendre… Elle s’absorbait dans son office, quand elle sentit le corps d’Emily se presser contre elle. Diana soupira, et tourna la tête vers Emily. Elle sourit, en voyant que celle-ci était revenue de ses songes le long de la plage.

« Bon retour à la fête alors, Emily… J’espère que tu en profiteras autant que moi.
- Qui n’en profite pas, Diana ? »

Yara sourit, et croisa ensuite le regard d’Emily. Elle se pencha vers elle, et les deux femmes s’embrassèrent. Emily s’était déshabillée, se mêlant finalement plutôt bien à l’ambiance des lieux.

« Mon amie ? Nous sommes toutes amies ici, Emily… Toutes sœurs. »

C’est ce qu’elle lui dit après leur baiser. Diana resta allongée à côté, couchée sur le flanc, et sa main glissa sur le dos d’Emily, pour caresser l’une de ses fesses. C’était un autre visage de Diana qu’Emily put découvrir. Une femme beaucoup plus sensuelle et passionnée, sulfureuse, même. Après tout, Diana était belle, elle le savait, et elles étaient sur une île qu’on appelait aussi l’Île de Beauté. Quoi de mieux que le sexe pour assurer la cohésion d’un groupe ?

« Nous avions peur qu’une cérémonie de ce type puisse te heurter. Le monde des hommes se montre très paradoxal, et très castrateur… Ils ne font plus des cérémonies de ce genre, et la frustration qu’ils accumulent les rend plus violents. »

On aurait pu croire que cette orgie lubrique n’était que l’expression d’une lubricité, mais ce serait réducteur. C’était plutôt une sorte de cérémonie sociétale destinée à harmoniser entre elles les Amazones. Elles ne s’appelaient pas « sœurs » pour rien, elles formaient une communauté soudée, une grande famille, une communauté idyllique, qu’on aurait pu qualifier, en un sens, d’utopie communiste. La propriété privée n’avait pas le même poids à Themyscira qu’elle ne l’avait ailleurs, et cette doucereuse cérémonie en était l’expression. La main de Diana pressa l’une des fesses d’Emily.

« Tu n’as aucune obligation d’être ici si tu te sens mal à l’aise, Emily. Personne ne t’en voudra, sache-le… Mais tu es la bienvenue si tu as envie de communier avec nous… »