The Multiversity

Qu’est-ce que c’était encore que ce délire ?! Voilà maintenant que Lissandre découvrait une version du film d’animation Cars à la sauce Stephen King ? Un train vivant et souriant comme l’antagoniste de Batman ? Mais s’il n’y avait eu que cette machine infernale et cette légende sur une fête foraine hantée, elle aurait pu encaisser. Plus ou moins bien, certes… Mais il n’y avait pas que ça.

« Il kidnappe des enfants ?! »

Y avait-il besoin de repréciser au Démon que Lissandre était une maman enceinte ? Que sa femme était enceinte ? Et qu’Iris était un bébé ? Le cœur de Lissandre battait trop vite. Ce n’était plus du sang qui coulait dans ses veines, c’était de la rage en fusion qui ruait. Alastar allait devoir prendre des pincettes et faire attention à ce qu’il allait dire. Elle n’était clairement pas d’humeur à entendre parler de nouvelles amantes et de désir d’engrosser quiconque.

« Je crois qu’on va vraiment avoir besoin de Belle-maman. Les origines de Marmelade attendront. On a clairement besoin d’élever les protections de cette maison. Mélona seule ne suffira pas à protéger Iris. Ni nos deux bébés à venir. Pour preuve, elle est revenue ébranlée de cette confrontation avec ce Baron ! »

Est-ce que Lissandre venait d’ignorer la question du Démon ? Assurément, oui. Mais imaginer son futur bébé être traumatisé à vie et devenir le prochain Satan faisait absolument tout sauf l’enchanter ! Elle voulait de l’épique, oui. Elle ne voulait pas mener une vie insipide, oui. Mais de là à être la Mère de la prochaine Apocalypse ? NON !

« Ta catin, là, comme tu l’as appelé ? Samara, c’est ça ? Elle s’y connaît vraiment en démon ou ce n’est qu’une petite pute qui sait ouvrir les cuisses à la première verge de démon venu ? »

C’était violent comment propos. Lissandre s’en voudrait surement à l’avenir. Surtout si elle rencontrait cette Samara. Mais Lissandre n’était pas dans son état normal. Elle était victime de sa grossesse. Elle devait gérer une slime presqu’inconnue capable de se transformer en une sorte de multi-pâtisseries-titan. Et maintenant, elle devait gérer l’angoisse d’une sorte d’aristocrate démoniaque voleur d’enfants ?! Vous comprendrez aisément et pardonnerez ses « sautes d’humeur ».

« Il faut quoi pour l’appeler ? Fontaine de cyprine ? Te branler les couilles jusqu’à l’assèchement ? Quelque chose d’encore plus pervers ? Un fétichisme peut-être ? REPONDS, bordel ! La vie de nos enfants est dans la balance, Démon ! »

Pour Alastar, c'était vraiment une sacrée déconvenue ! Lui qui s'attendait à coucher avec deux magnifiques femmes perverses (elles s'étaient mariées devant le Prince Asmodée, quand même !), il se retrouvait désormais face à une mère en furie. Non content de la renseigner et de devoir faire avec sa frustration, voilà en plus qu'il se faisait sermonner ! Alastar y était toutefois habitué. Les humaines étaient si collantes... Elles avaient toujours besoin qu'on veille sur elles, comme de petites choses si fragiles. Qu'on les abandonne quelques mois, et c'était le drame à chaque fois ! Pourtant, si la Nature avait dit qu'il appartenait aux femmes de porter les bébés, c'est bien parce que c'était à elles de s'en occuper ! Alastar concevait son rôle de père comme un rôle de grand superviseur. Il déclenchait le processus, puis laissait ensuite la magie et la biologie se faire. Pour autant, il devait comprendre que Lissandre soit un peu paniquée face à ce baron Kowai... Et puis, elle était si jolie, quand elle s'énervait ! C'était si rare de voir comme ça ses joues s'empourprer, et son doux regard de biche se froncer pour devenir plus sévère.

Il tiqua toutefois quand Lissandre lui demanda qui était Samara, et si elle n'était pas sa « catin ».

« Hey-là ! Si tu es en colère, gifle-moi, mais n'insulte pas Samara ! Elle pourrait le savoir en lisant mon esprit... »

Alastar se déplaça lentement, sa queue caudale remuant de droite à gauche, et fournit à Lissandre des explications supplémentaires... À sa manière.

« Samara n'est pas ma catin, elle n'est même pas enceinte de moi... Enfin, pas encore. C'est une démone qui vit à Mijak, donc vous ne pouvez pas l'invoquer comme moi. C'est aussi une très puissante Archimage, donc elle est à même de vous renseigner. Et qui est Marmelade ?
-  Une Slime...
-  Vous voulez dire que vous avez deux Slimes ?!
-  Ainsi qu'un symbiote, donc, plutôt deux et demi...
-  Avoir un super-démon ne vous suffisait pas, hein ? Gourmandes... »

Fönn soupira, et tâcha de reconcentrer Alastar :

« Comment rencontre-t-on cette Samara ?
-  Eh bien, elle est à l'académie impériale de Mijak, il vous suffit d'y aller, et... »

Devant le regard d'incompréhension des deux femmes, Alastar fronça les sourcils :

« Attendez, vous... Vous faites un élevage de Slimes, mais vous ne savez pas comment aller sur Terra ? »

Fönn secoua la tête. Elle avait déjà entendu la Reine Noire en parler avec ses proches, mais elle n'avait jamais eu la chance d'y aller elle-même.

« La Reine Noire peut peut-être nous donner un accès...
-  Je vous recommande plutôt d'aller voir Mélinda Warren, son manoir n'est pas très loin de chez vous, et elle m'adore. Elle ne peut rien me refuser, alors, si vous lui dites que vous êtes mes épouses... Et puis, je ne suis pas sûr que la Reine Noire connaisse Samara. Mélinda connaît bien Samara. Et elle pourra veiller sur Iris pendant que vous irez voir Samara... Ou alors, vous emmenez Iris. Mais Mélinda a toute une tripotée d'enfants."
Il enchaîna ensuite, après une courte pause :
« Je ne suis pas sûr que le Baron Kowai en a après vos enfants. Je pense que cette rencontre est un malentendu, mais on ne peut pas exclure que Mélona ait mis le Baron sur votre route... Inconsciemment. Ce n'est pas un démon ordinaire, il appartient à une catégorie de démons rares. Ils n'obéissent pas à la hiérarchie démoniaque ordinaire. Iris est aussi mon enfant, tout comme ceux que vous avez dans vos ventres. Je veillerai sur vous, moi aussi. De tous les endroits où vous pouvez mettre vos enfants pour les protèger, le manoir de Mélinda est le plus indiqué. »

« Il faudrait qu’on aille voir une de tes amantes ? Qui a un paquet d’enfants ? Et donc, pour cette raison, on va pouvoir lui confier Iris ? Et cette amante va nous rencarder sur une archimage-pas-encore-enceinte pour nous aider à lutter contre un démon ? Un démon voleur d’enfants mais pas forcément les nôtres mais qui pourrait maintenant s’y intéresser ? C’est ça le PLAN ? »

C’était fou. Il y a encore peu de temps, cette perspective l’aurait fait sauter de joie. Celle qui était hyperactive et curieuse avant de rencontre sa belle. Lissandre avait toujours ces qualités mais elle avait depuis longtemps changé de vision à propos de sa vie. Alors… il y avait du doute qui se mélangeait à de l’excitation. Voyager dans un autre monde, après tout. Encore !

« Et tu vas nous accompagner ? Après, je te préviens, Démon : on n’a carrément pas le temps pour une partie de jambes en l’air. A part si tu uses de vils subterfuges comme les drogues, l’hypnose ou je ne sais quelle merde démoniaque : mon vagin restera sec. Donc, si tu viens avec nous, il n’est pas question qu’on attende dans la salle d’attente de ta Mélinda le temps que tu finisses tes affaires. »

Qu’est-ce qu’elle pouvait être chiante cette version de Lissandre, non ? Un bâillon et Alastar ne l’entendrait plus ! Un peu de magie injecté dans l’inmon et la femelle redeviendrait une vache bien pleine ? Peut-être. Mais il faudrait alors affronter la Lissandre d’après. Celle qui serait redevenu lucide et qui aurait compris que le Démon avait abusé d’elle. Il venait de découvrir deux slimes et demies de plus. Qu’y aurait-il encore en plus à sa prochaine visite ? Il y avait de quoi réfléchir et potentiellement s’inquiéter.

« Ah, et je n’ai pas envie qu’on me la fasse à l’envers. Et non, Démon ! Ce n’est toujours pas une façon de parler de sexe. Pas plus que tu devrais essayer de me dire de passer par l’avant si je n’ai pas envie que tu me la fasses à l’envers. GRR ! On perd du temps ! Donc, je disais, tes deux… contacts. Je vais essayer de rester polie. Tes deux contacts, je suppose qu’elles ont des petites particularités ? L’Archimage va vouloir voler temporairement nos cerveaux, les mettre dans des jarres de formol pour les étudier et nous les rendre ensuite ? Ta Melinda qui a un portail vers un autre monde dans son souterrain. C’est une espèce de remix de la sorcière à la maison d’épices. C’est soit ça, soit c’est une Mère Thérésa qui fait dans l’orphelinat. Mais, tu m’excuseras, hein ! Mais cette version ne cadre pas avec toi et ta bite en feu. »

Et pendant que la conversation était très… adulte. Dans le sens chiant du terme. Les deux slimes souriaient et mangeaient comme si aucune catastrophe ne pouvait leur tomber dessus. Elles étaient toutes les deux à des kilomètres de comprendre qu’un drama se passait à l’étage au-dessus de leur tête. Les joues bien pleines d’une pâtisserie pas encore engloutie alors que la deuxième essayait de se faire un petit peu de place le temps que les slimes avalent.

Fönn avait rarement vu Lissandre aussi paniquée. Alastar tombait à pic pour encaisser toute cette fruistratioin ! Mais, tout de même… C’était un démon ! Fönn rougit dsonc tandis que Lissandre continuait à se défouler, en lui disant qu’il n’y aurait pas de sexe, puis en le répétant, et en allant même jusuqu’à insulter les femmes dont il parlait. Quand elle finit par parler de « bite en feu », Fönn lui attrapa le poignet.

« Lissandre, calme-toi ! »

Alastar se déplaça lentement, en fronçant les sourcils. Il leva un doigt, et parla :

« Pour commencer… Le rituel que vous avez fait vise uniquement des prestations sexuelles. Je suis légitimement en droit de partir et de vous laisser toutes seules. »

Alastar enchaîna ensuite, en levant un second doigt :

« Ensuite, il n’est pas recommandé à des profanes en magie d’avoir des Slimes chez eux. Les Slimes sont des créatures magiques, à la puissance insoupçonnée. Vous n’êtes pas habilitées à gérer des Slimes. En avoir une, c’est déjà osé, mais deux… Vous jouez avec le feu, mes chéries ! Les Slimes sont des puits magiques, émotionnellement instables, et qui sont issus des shoggoth ! »

Fönn le laissa parler, tout en se pinçant brièvement les lèvres. Elle avait déjà entendu parler des shoggoth, et, même si Lucinda lui avait donné des explications sur ces créatures, elle n’avait toujours pas vraiment le sentiment de savoir de quoi il s’agissait.

« Enfin, je n’ai enfanté, ni Mélinda, ni Samara… Du moins, pas encore. Nonobstant ton comportement, que je mets sur le compte d’une mère paniquée, je veux bien accepter de vous aider, mais vous devrez en payer le prix.
-  Qui est… ? »

Connaissant Alastar, Fönn avait une petite idée, mais elle ne s’attendait pas à sa réponse :

« Je veux que vous interveniez auprès de la Reine Noire pour qu’elle accepte de porter mon enfant. »

Fönn en resta coite.

« Mais… Nous ne sommes pas… »

Alastar ricana alors. Il était énervé, et avait croisé les bras.

« Je sais que vous avez créé un petit cataclysme là-bas, toutes les deux… Et, pourtant, vous êtes toujours en vie, et toi, Lissandre, tu portes toujours ton symbiote. La Reine vous a même confié Mélona, qui est son petit trésor personnel… Je ne vous demande pas la garantie que je puisse l’enfanter, je veux juste que vous soyez présentes quand je ferai ma demande auprès d’elle. Voyez ça comme un juste retour des choses. Moi, je vais demander à des femmes de vous aider. Vous, vous allez faire la même chose sur le principe. »

Il décroisa ensuite les bras.

« Cependant, je tiens à préciser que, si tu m’insultes encore une fois, Lissandre, ce contrat sera caduc, et vous ne pourrez plus jamais m’invoquer. »

S’il y avait bien une chose à laquelle les démons tenaient, c’était assurément leur fierté. Et cela, Alastar tenait à le faire comprendre à Lissandre.

Et voilà ! Le démon allait encore vouloir queuter ! Lissandre sentait une nouvelle vague de colère monter en elle. Si elle ne disait rien, c’était simplement parce qu’elle sentait que Fönn avait pris la main sur les événements. Littéralement d’ailleurs, elle lui tenait la main pour la contenir. Ce simple contact avait aidé à la modérer et…

L’annonce choc. Alastar voulait donner un enfant à la Reine Noire. Lissandre en eut le vertige. Ce multivers qui paraissait immense. En fait, tout était si petit. Elle sur la Terre, Lucinda sur Magikya et Alastar des Enfers : tous se retrouvaient (se retrouverait) dans une même pièce. Et tout liés par une famille (la famille Verrières ! L’égo était toujours très présent chez Lissandre. Sinon plus qu’avant)

Lissandre finit par baisser la tête. Si la colère sourdait toujours en elle, elle avait été banni à batifoler dans les remugles profonds.

« Je suis désolé. Bien sûr que je vais t’aider, Alastar. Je te dirai bien que je ne pensais pas un seul instant à tout ce que je t’ai dit. Mais je ne suis pas assez malhonnête avec moi-même. Je m’excuse. Et je te promets de faire mon maximum pour ne plus t’insulter. »

Cette main qui la tenait encore. Lissandre leva les yeux vers sa Fönn.

« Qu’est-ce que je ferai sans toi, mon amour ? Comment fais-tu pour me supporter ? Je suis si chiante en ce moment. Et j’ai un égo si démesuré… Je suis désolé, mon amour. »

Elle déposa un baiser sur ses lèvres. Pas le genre qui demandait à jouer avec la langue de l’autre et cracher de l’essence sur une libido dormant sur un lit de braises. Ce genre de baiser d’amour. Ce genre de baiser que partageait deux âmes qui s’étaient retrouvées pour se compléter.

« Honnêtement, je ne vois pas pourquoi Belle-maman accepterait de porter ton enfant. En fait, je ne la vois pas porter d’enfant tout court. C’est une personne avec un si haut rang et de si nombreuses et lourdes responsabilités. Mais c’est aussi une sorcière aux grands pouvoirs. Bref, si par hasard elle venait à accepter, je me porte garant de cet enfant. Que ce soit pour l’accueillir de temps à autre chez nous. Ou même l’héberger comme si c’était le mien. Mais je ne tolérerais pas que tu disparaisses de nos vies, Alastar. Tu es le père de nos enfants. Tu es une personne bien trop précieuse, trop importante pour disparaître. Et tu sais que je serai capable de retourner en Enfer pour te poursuivre et te ramener par la peau des couilles, n’est-ce pas ? »

Certes, l’expression voulait que ce soit par la peau des fesses. Mais cette nouvelle formulation bien plus imaginée s’accompagnait d’un sourire malicieux. Si Lissandre n’était toujours pas d’humeur à accueillir le Démon entre ces cuisses, sa colère lui était passée. Du moins, la grosse partie. Car le problème Marmelade/Baron Kowaï était toujours bel et bien présent.

Alastar sourit doucement en sentant Lissandre s’apaiser. L’idée qu’il puisse enfanter la Reine Noire semblait absurde à Lissandre. Le Diablotin se rapprocha d’elle, et caressa alors la joue de Lissandre, son pouce glissant sur ses lèvres :

« Je n’abandonne jamais les femmes que j’enfante, Lissandre… Et puis, tu es tellement mignonne, quand tu t’énerves… Mais, pour te répondre, sache que la Reine Noire a déjà une fille… Et qu’elle a failli en avoir deux. »

Fönn fronça les sourcils. Elle commençait à se dire qu’elle connaissait bien Alastar, et elle avait senti l’hésitation dans sa voix.

« Failli ? »

Le Diablotin soupira, et, après quelques hésitations, reprit :

« Je suppose que vous auriez fini par le savoir… Vous avez vu les Slimes et les partenaires de la Reine Noire, n’est-ce pas ? Le traitement si particulier réservé à Mélona ne vous a jamais étonné ?
-  Qu’est-ce que tu veux dire ?
-  La Reine Noire a perdu son deuxième enfant alors qu’elle était sur le point d’accoucher. Son royaume a été envahi pendant qu’elle allait accoucher. La grossesse l’avait affaibli, et, si elle a pu repousser le monstre, son fœtus a été touché. Sa deuxième fille… Elle est devenue un couvin. »

Fönn ignorait de quoi il s’agissait, mais, au ton de la voix d’Alastar, ce n’était guère encourageant.

« Les couvins sont des bébés maudits, morts à la naissance, des bébés monstrueux. Lucinda a dû tuer son bébé… Elle a utilisé ce qu’elle a pu sauver sur son bébé pour fabriquer Mélona. L’apparence normale de Mélona ressemble à celle que la deuxième fille de la Reine Noire aurait dû avoir. »

Fönn écarquilla les yeux, peinant à croire à ce qu’Alastar disait… Et, pourtant, cela semblait si logique !

« Alors… Pour nous confier la garde de son enfant, elle doit vraiment nous tenir en haute estime…
-  Je le pense aussi. Des comme vous, on en trouve pas tous les jours non plus ! »

Fönn rougit encore. Cela, elle ne pouvait pas vraiment le nier… Mais, tout de même, quelle histoire !

« Mélona n’en sait rien, évidemment, et je vous déconseille d’en parler ouvertement à la Reine Noire, elle n’aime pas montrer ses faiblesses. Depuis la perte de sa deuxième fille, elle s’est promise de ne plus jamais avoir d’enfant, et j’entends bien changer cela. »

La jeune femme avait le net sentiment qu’Alastar leur cachait encore des choses, mais le Diablotin était ainsi. Fönn n’allait pas chercher à en savoir plus.

« J’insiste, ne le dites pas à Mélona, et surtout pas à la Reine Noire.
-  Comment tu as appris ça ? »

Alastar sourit alors, semblant retrouver son naturel :

« Je me suis tapé sa première fille ! »

« Que- quoi ?! »

Mélona est la seconde fille de Lucinda ? Alastar a couché avec la première fille et veut lui donner une troisième fille ? Et si Alastar a engrossé la première fille pour lui en donner une autre et qu’il parvient à ses fins avec la Reine Noire ?! Quel bordel à venir pour tracer l’arbre généalogique et entretenir de saines relations dans cette famille !!

« Je ne dirais rien à Mélona. Pas avant qu’elle ne soit prête à entendre la vérité. Car je ne chercherais pas à lui mentir toute sa vie. Sans être une sainte, je ne suis pas une partisane du mensonge. »

Comment le Diablotin faisait-il pour avoir autant de charmes ? Avant qu’il n’arrive, elle était en colère. Quand il était arrivé, elle était furieuse. Et maintenant, elle se sentait « mieux » ? Elle revoyait le côté séducteur ? Le futur père de son enfant ?

*Non ! Concentration, Lissandre. Ne te disperse pas. Ce n’est absolument pas le moment. *

« Et je ne reviendrais pas sur ma parole. J’intercèderais en ta faveur auprès de Lucinda. MAIS ! Et il y a un mais, je ne veux pas de plan surprise où je me retrouve dans un drama sans nom. Coincé entre la Reine, la fille de la Reine et le machiavélique Diablotin ? Sans façon ! Mais tu es le père de nos enfants. Tu es un démon charmant. Et je suis une femme de parole. Alors nous verrons ce que nous pouvons faire pour enrichir davantage notre héritage. »

A l’étage du dessous, les deux slimes mangeaient et riaient. Celle qui provenait d’un bébé mort et l’autre qui avait dévoré sa « mère »… Il y avait cette expression : l’enfer est pavé de bonnes intentions. Avec des créatures pareilles à ces deux slimes, on ne pouvait qu’y croire. L’innocence à l’état pur en lequel sommeillait de terribles monstres…

« Plus on parle et plus la situation devient compliquée. Bien entendu, je suis friande de ce genre de relations. Quel genre de femme je serais autrement ? Avant de rencontrer cette magnifique norvégienne, je travaillais fort pour révolutionner le monde du porno après tout. Mais nous devons nous concentrer. Marmelade. Notre deuxième slime. Un monstre dont nous savons rien poursuivi peut-être par un autre monstre dont nous ne savons pas beaucoup plus de choses. Procédons par étape. Allons voir cette Mélinda Warren pour que nous apprenions à voyager vers d’autres mondes par nous-même. »

Lissandre coinça le menton de sa belle entre son pouce et son index.

« Non, je n’ai pas fait d’erreur. Oui, j’ai bien parlé de mondes au pluriel. Et oui, je VEUX ce pouvoir. Tu sais à quel point je suis insatiable, mon amour, oui ? »

Ce sourire malicieux. C’était une arme fatale face à Fönn !

Cela faisait assurément beaucoup à encaisser pour les deux femmes ! Elles avaient rencontré la Reine Noire, une femme qui semblait invincible, une femme qui avait après tout contribué à soigner Mélissandre… Découvrir l’humaine derrière le visage de la Déesse, la fragilité d’une mère endeuillée, était assez touchant. Fönn prenait aussi compte de l’importance qu’elle avait aux yeux de cette femme, pour qu’elle accepte que sa « fille » puisse vivre chez elles. Cela expliquait sans doute aussi pourquoi Mélona était si stable, par rapport à d’autres Slimes, et si soucieuse de vouloir ressembler à une humaine, ou avoir une famille… Sans doute avait-elle été conçue ainsi. Fönn pouvait également concevoir que Lucinda ne cherche pas à avoir perpétuellement Mélona avec elle. Elle n’était pas sa fille à proprement parler, mais quelqu’un qui en avait l’apparence et la vision. Alastar était en tout cas très bien renseigné, et les révélations qu’il venait de donner semblaient avoir apaisé Lissandre, dont l’esprit se mit à nouveau à pétiller. Voir Mélinda, puis obtenir un moyen de pouvoir elle aussi voyager à travers les mondes. Lorsque Lissandre mentionna son plan initial de « révolutionner le monde du porno », Alastar haussa les sourcils.

« Ton plan initial me plaît beaucoup. »

Sa queue caudale se déplaça, et enlaça Lissandre. Avant que Fönn ne puisse lui répondre, Alastar amena Lissandre contre lui, et lui sourit doucement.

« Voyager à travers les mondes n’est pas un pouvoir facile. Mélinda utilise des miroirs magiques, des Portails. La Reine Noire peut le faire en utilisant sa magie, mais, toi, je te conseille plutôt les Portails. Tue s douée, mais faire l’apprentie sorcière sur ce genre de choses n’est jamais recommandé.
-  Pourquoi donc ? »

Fönn commençait à se montrer intriguée, elle aussi.

« Eh bien… Voyager d’une dimension à l’autre, c’est un voyage physique et astral aussi. Vous déplacez à la fois votre corps et votre esprit. Quand vous percez la réalité pour rejoindre une autre réalité, vous croisez également de multiples autres réalités, aux règles différentes que la vôtre… D’autres Plans plus instables. Et je ne parle pas que des Enfers. Il existe aussi des Plans intermédiaires entre celui-ci et le mien. C’est d’ailleurs pour ça que, dans les clans de démons, les jeunes démons sont formés pendant des années avant de pouvoir être invoqués. Et je suppose que vous n’avez pas un ou deux siècles pour apprendre à faire ça. »

Non, en effet… Fönn hocha la tête.

« Je suppose qu’il faudra demander à la Reine Noire si elle ne dispose pas d’un artefact nous permettant de voyager… Elle en donne bien à ses championnes.
-  Tout à fait. Mais, pour l’heure, je vais aller voir Mélinda, et voir quand elle peut vous rejoindre. Vous n’aurez qu’à essayer de vous détendre pendant ce temps. »

Il déposa un baiser sur le front de Lissandre, puis sur ses lèvres.

« Et toi, n’oublie pas que je te punirai quand même pour ton effronterie… Plus tard. »

Le Diablotin disparut ensuite dans une gerbe de flammes, laissant seules Fönn et Lissandre.

Le soudain silence était presque… insupportable. Lissandre n’entendait plus les slimes. Elle n’avait plus à supporter le Diablotin bien que… pour être complètement honnête, ce dernier avait réussi l’exploit de la calmer. Elle qui se voyait comme une Furie indomptable. Il avait fallu d’une séduction démoniaque et d’un bisou final pour lui permettre de se vider de sa colère. Mais surtout d’apaiser ses peurs.

« Ainsi donc, un nouveau chapitre semble s’ouvrir. Celui où deux femmes magnifiques et enceintes vont mettre leur chambre en bazar, mettant des vêtements partout, pour s’habiller en exploratrices des 1000 mondes. »

L’ancienne Lissandre, celle qui avait justement pour plan initial de révolutionner le monde du porno, était déjà excitée comme pas possible d’avoir son propre Portail chez elle. Mais cette Lissandre devait aussi flirter avec la nouvelle : la mère. Celle qui découvrait de nouvelles peurs. Cele qui devait gérer de nouvelles vies. De nouvelles responsabilités.

« Mais… est-ce bien raisonnable ? Je ne suis qu’une humaine sans pouvoir. Et toi, bien que tu as le potentiel de te transformer, tu n’es pas non plus une super-héroïne. »

Une idée traversa alors l’esprit de Lissandre ! Fönn put le voir à l’expression de son visage. Lissandre allait lui annoncer ce genre de nouvelles qui allait encore ajouter une nouvelle couche de pagaille. Pas que ce genre de Chaos était détestable (Fönn n’irait jamais se plaindre d’avoir consommé son mariage en Enfer ! Hey hey !). Mais il était source de changements.

« Et si on en embauchait une ? De super-héroïne, je veux dire. Je suppose que ça doit se faire ? Via un contrat en bonne et due forme. Au pire, on pourrait lui faire les grands yeux irrésistibles et caresser nos ventres ronds pour apparaitre telles « d’innocentes » victimes ? »

Ajouter une super-héroïne dans leur entourage. C’était du Lissandre tout craché ! Jusqu’où allait s’arrêter l’appétit de cette femme ? Quel planning chargé. Surtout que, le Diablotin parti, les deux amantes se devaient de rencontrer Lucinda. Puis aller voir une certaine Mélinda Warren. Avant de pouvoir rencontrer une archimage avant de… bref, la liste s’allongeait de demi-heure en demi-heure !

Alastar était donc parti. Sans lui avoir fait l’amour. Fönn se fit la réflexion que c’était sans doute une première. Mais, d’un autre côté, c’était pour mieux se retrouver. Certes, elle avait bien d’autres priorités, mais cette idée la traversa quand même. Bien sûr, elle aimait sa Lissandre, mais une rencontre avec Alastar sans sexe, c’était un peu comme offrir du gâteau au chocolat et le manger sans crème anglaise, il manquait quelque chose pour parachever le tableau. Au moins, il avait réussi à apaiser un peu Lissandre. Celle-ci était désormais plus apaisée, même si les deux femmes avaient conscience que les rencontres ne faisaient que commencer. Après Alastar, elles allaient devoir rencontrer Lucinda, puis la Reine Noire. Mais étaient-elles obligées de faire tout ça ce soir ? Fönn avait aussi envie de se reposer un peu, et, pour l’heure, de voir comment Mélona s’en sortait avec Marmelade. Après tout, c’était elle leur ticket de retour vers Magikya. Fönn y réfléchissait donc quand Lissandre lui demanda si l’heure n’était pas venue d’embaucher une super-héroïne.

« Oh… Je ne sais pas si elles accepteraient… Quitte à choisir, je prendrais bien la Chatte Noire. Sa combinaison est encore plus moulante que la tienne, tu sais ! »

Fönn s’imaginait déjà « récompenser » l’une de ces belles super-héroïnes en la mettant dans son lit ! Et puis, peut-être que les justiciers avaient entendu parler du baron Kowai ? Fönn décida néanmoins de se concentrer, de revenir à l’essentiel.

« Enfin, on a déjà une justicière, tu sais… Avec son bâton magique, je trouve que Mélona ressemble à une magical girl. D’ailleurs, je pense qu’on devrait voir comment elles s’en sortent. Je t’avoue que tout ce qui s’est passé aujourd’hui m’a épuisé, j’ai juste envie de me reposer avec ma famille, et de voir quoi faire de cette Marmelade. »

Malgré la venue du Diablotin, Fönn n’avait pas oublié la transformation monstrueuse de Marmelade… Alors, elle espérait que Mélona avait réussi à apaiser cette dernière.

A l’étage, Lissandre abdiquait. Avec le départ d’Alastar, elle finit par s’asseoir sur le bord du lit et l’effet fut immédiat. Les grosses émotions retombèrent et la fatigue s’empara d’un coup du corps d’une maman enceinte. Il n’y eut qu’un sourire silencieux en réponse à la pique concernant sa combinaison moulante. Et concernant l’idée d’engager une super-héroïne : elle décida de garder cette idée dans un coin de sa tête. Pour plus tard.

[***]

Marmelade n’a aucune idée de ce qu’il s’est passé là-haut. Cette grande maison est incroyable. Elle veut tout découvrir ! Alors elle passe d’une pièce à une autre. Ici, c’est son nouveau monde. Au-delà des murs, il n’y a plus rien. En tout cas, il n’y a plus rien qui l’intéresse. Pour aller plus loin dans la métaphore, quand Marmelade pense au dehors : c’est tout noir et tout plein de brumes. Et si elle pousse plus loin l’exploration du dehors-noir-brumes, il y a alors une lumière… et puis un bruit métallique… un TRAIN ! Et ce méchant personnage !!! NON !

Alors Marmelade a arrêté de penser au dehors. Cet endroit ne fait plus partie de ses pensées. Marmelade est si simple. Elle agit comme une enfant. Et là, cet « enfant » a trouvé le canapé dans lequel on s’enfonce dedans. Comme par hasard, ses fesses ont rencontré la télécommande. La télévision s’allume. C’est un étrange dessin animé dans lequel un gamin aux cheveux marrons appuie sur une montre bizarre verte. Soudainement, le gamin qui était un humain devient une espèce de gros chien orange sans yeux. Marmelade aime beaucoup ce « Ben10 ».

Marmelade est soudainement si intéressée par la télévision et le dessin animé qu’elle en oublie sa nouvelle grande sœur Mélona. Et ce n’est même pas de la méchanceté. C’est seulement la conséquence d’un esprit ultra-simple. Et ce n’est pas Marmelade qui va se demander si c’est un défaut lié à sa fabrication, un traumatisme ou peu importe le nom de la cause. Marmelade est contente de voir la bête-Ben10 courir vite et donner une bonne leçon aux méchants. Bim ! Bam ! BOUM !

Mélona était plus mâture que ce qu’on pouvait penser… Ce qui n’était pas peu dire ! Elle avait beau être d’un naturel frivole et insouciante, elle savait aussi quand les choses étaient sérieuses. Sa Maîtresse lui avait confié ce puissant bâton magique. Sa Maîtresse l’avait conçu à partir des échantillons de l’énorme shoggoth qui avait attaqué Magikya récemment, quand Maman Lissandre était venue, et que leur fille Mélissandre avait muté en un shoggoth terrifiant. Les échantillons du shoggoth se trouvaient dans le bâton, et c’était à vrai dire également la raison pour laquelle la Reine avait confié à Mélona le bâton magique. Un être humain ordinaire aurait pu être influé par l’essence maléfique qui était enfermé à l’intérieur du shoggoth, mais Mélona était relativement insensible à ce genre de choses. Mélona n’en avait à ce stade pas consciente, mais, de toutes les championnes et guerrières de la Reine, sa résistance à l’influence néfaste des Grands Anciens faisait sans doute d’elle la plus puissante de toutes. Mais, pour l’heure, elle s’était rapprochée de Marmelade.

Si Marmelade semblait avoir oublié qu’elle s’était transformée en gros monstre, elle était quand même affectée. Mélona lui fit donc goûter à l’arme ultime contre toute forme de dépression : la crème chantilly, les crêpes au sucre, et les chansons de Disney

« Il y a une chose merveilleuse que les humains ont créé : ce sont les dessins animés et la télévision ! Ça te dit quelque chose ? »

Maman Fönn aimait souvent dire que la télévision était la « kryptonite des enfants ». Qu’on les mette devant un dessin animé, et les enfants se calmaient instantanément, absorbés par l’univers qui défilait devant eux ! Cela intrigua Marmelade, alors Mélona se rendit dans le salon. Elle alluma la télévision. Il y avait les chaînes de télévision, bien sûr, mais aussi l’accès aux plateformes de streaming. Ses Mamans avaient un accès à toutes les plateformes possibles… Mélona commença par lui mettre un grand classique : « Hakuna Matata ». Quoi de mieux quand on était déprimés ? Ceci étant dit, une chanson sur le fait d’être insouciante n’était sans doute pas la plus adaptée… Mais Mélona était insouciante, après tout ! Elle expliqua ensuite à Marmelade comment faire fonctionner la télévision avec la télécommande, tout en lui avertissant que tous ces petits boutons étaient très pénibles !

Pendant ce temps, Mélona retourna dans la cuisine, et vérifia l’état de ses crêpes. Voir Mélona faire la cuisine, c’était un spectacle impressionnant, des tentacules jaillissaient de son dos pour récupérer divers instruments. En l’occurrence, elle tenait le poêle d’une main pour faire remuer la pâte liquide dedans, afin de bien recouvrir le tout, puis la retournait ensuite. Ensuite, Mélona utilisait un tentacule pour attraper un plat, et elle y posait les crêpes. Cela lui prit plusieurs minutes, et, quand elle eut un beau plateau, avec de la crème chantilly et du sucre, elle retourna dans le salon. Marmelade avait changé de chaîne, et avait débarqué sur un dessin animé, « Ben10 ». Mélona vit une équipe de petits bonhommes tirer des rayons lasers verts sur une créature noirâtre.

« Je ne connais pas… Tu veux bien que je regarde avec toi ? Et j’ai fait des crêpes ! Tu en as déjà mangé ? Regarde il faut mettre le sucre, puis on plie la crêpe… »

Tout en tenant le plateau, elle généra deux tentacules, l’un qui répandait des cuillères de sucre sur la crêpe, et l’autre qui repliât la crêpe.

« Il faut faire attention à ne pas déchirer la crêpe, sinon tout le sucre tombe ! La prochaine fois, il faudra faire des croustillons, mais, pour ça, il faut faire chauffer de l’huile, donc c’est bien plus long ! »

Autant dire qu’avec Mélona, le budget alimentation avait sensiblement augmenté !

« J’aime bien ce garçon. Quand il appuie sur sa grosse montre verte, il se transforme. C’est comme s’il devenait quelqu’un d’autre. »

Marmelade est intriguée. Ce garçon du dessin animé a plein de choses incroyables. Il a une montre magique. Il cache des extraterrestres quelque part dans lui. Il a une sœur qui fait de la magie et un grand-père en chemise à fleurs qui les emmène partout dans son camping-car.

« Moi aussi je voudrais avoir tout ça. Woh ! Trop belle ta crêpe, Mélona ! Je peux avoir la même ? »

Les crêtes de Marmelade manque de… beauté. Marmelade secoue le sucre et en mets trop. Mais peut-il y avoir trop de sucre avec des slimes qui s’en régalent ? Et puis, pour le pliage, on est très loin de la finesse de l’origami. Le but premier de Marmelade est de manger pendant que c’est chaud. De manger beaucoup aussi ! On ne sait jamais quand il n’y aura plus de nourriture. Ça disparait tellement vite quand Marmelade en a sous le nez. Elle ne comprend pas toujours pourquoi ça disparait si vite…

« Trop bon ! Mais je veux plus de chantilly ! C’est trop bon la chantilly. J’aimerai bien avoir une sorte de robinet à chantilly dans ma chambre. Ouais, ça serait trop cool ! »

Il n’y a définitivement plus de Marmelade en version titan. La Marmelade actuelle est une enfant qui sourit tout le temps, qui mange du sucre et qui regarde un dessin animé. Si ce n’était son apparence étrange de slime et son passé nébuleux : l’illusion avec un véritable enfant humain serait bien foutue.

« Oui. Moi aussi j’aimerais bien avec des monstres en moi. Je penserai à l’un d’eux et je me transformerais. Puis je vivrais des aventures incroyables. Puis je sauverais des gens ! Et les gens seraient content de me voir. Ils diraient mon prénom. Ils m’offriraient de la chantilly. Oui, ce serait trop trop cool tout ça ! »

Marmelade est plus petite en taille que Mélona. Et soudainement, Marmelade veut continuer à regarder le dessin animé en allant s’asseoir sur les cuisses de sa Grande Sœur Mélona. Sans lui demander, elle grimpe dessus. Une fois en place, elle penche la tête en arrière pour voir le visage de Mélona. Elle rigole. Il est rigolo le visage de Mélona depuis ce point de vue !

« Et Mélona, c'est quoi ce qu'elle veut ? C'est quel dessin animé qui lui donne des envies ? »

Oui, la Marmelade qui avait attaqué Fönn, qui avait défoncé la porte, était bien éloignée. Il avait suffi d’un peu de crêpe, de sucre, et de chantilly, pour l’apaiser. Un baume provisoire selon Mélona, mais c’était toujours mieux que rien. Il allait falloir la présenter à sa Maîtresse, et s’assurer qu’elle ne menace pas à nouveau Maman Fönn. Mélona allait devoir se faire pardonner auprès d’elles ! Elle savait que Maman Fönn pouvait facilement paniquer. C’était Mélona qui avait amené Marmelade ici, c’était donc à elle de gérer ça. Mélona avait donc parfaitement conscience de son rôle. Marmelade grimpa alors sur ses joues, et Mélona sourit doucement. Elle lui caressa les hanches, tandis que Marmelade avait péniblement essayé d’avaler une crêpe. Elle avait renversé trop de sucre, ce qui avait amusé Mélona.

« Hihi, Marmelade a du sucre sur le nez ! »

Amusée, Mélona lui lécha le bout du nez, avalant le sucre, puis Marmelade découvrit ensuite, avec la même délectation que Mélona, la magie de la crème chantilly.

« La prochaine fois, Mélona fera des gaufres, c’est mieux pour la crème chantilly ! »

Mine de rien, Mélona était devenue une spécialiste de ce genre de choses ! Marmelade s’était intéressée au dessin animé, et elle lui demanda ensuite ce que Mélona aimait regarder. La Slime réfléchit lentement.

« Eh bien… J’aime beaucoup Sakura, la chasseuse de cartes ! »

Elle lui expliqua que c’était un dessin animé racontant les aventures d’une jeune fille, Sakura, qui, aidée de son amie Tiphanie, traquait des cartes magiques qui s’étaient échappées d’un livre. L’incarnation même du shōjo, les mangas pour filles, avec un style très coloré, rose. Mélona aimait tout simplement le kawaii ! Elle aimait aussi Nekopara, ce dessin animé centré sur deux nekos très mignonnes qui travaillaient et vivaient dans une pâtisserie.

« Enfin, il y a beaucoup de dessins animés à voir… On a de quoi s’occuper ici, tu sais ! »

Marmelade aime bien Mélona. C’est rigolo quand elle nettoie son bout de nez avec sa langue. Marmelade a vraiment l’impression d’avoir trouvé sa grande sœur ! Elle est trop trop contente ! Et puis, Mélona est trop forte. Elle sait faire pleins de trucs à manger. Elle veut les gaufres tout de suite ! Mais elle a la bouche pleine de chantilly. Le temps qu’elle avale ça, son esprit est déjà passé à autre chose. Alors elle ne réclame pas les gaufres et découvre l’animé Sakura, la chasseuse de cartes.

« Je veux voir TOUS les dessins animés ! Je veux qu’on les regarde tous ensemble toutes les deux. »

Sa main agite la bouteille de chantilly. Quand il s’agit de nourriture, et plus particulièrement de nourriture sucrée, Marmelade est capable de comprendre certaines choses très rapidement.

« Mais je crois qu’on aura pas assez de chantilly pour regarder tous les dessins animés. On sera obligée de partir d’ici. Et puis, si on part d’ici, on ne pourra plus surveiller Bébé Iris. C’est à nous de faire ça. Bébé Iris est précieux pour nos deux Mamans. »

Effrayant, quand on sait que Marmelade s’est transformée en titan risquant justement la vie d’Iris. Et là, maintenant, avec sa mémoire qui a effacé ce drame, avec son sourire si enfantin… difficile de faire confiance à une personne si lunatique. Mais Mélona n’est pas n’importe qui. Elle a déjà géré bien pire avec Mélissandre.

« Un jour, j’ai entendu l’histoire d’un pêcheur. Ça disait qu’il fallait pas lui donner les poissons dans une assiette mais une canne à pêche. Je n’aime pas le poisson. Sauf quand ils sont tout petites en en chocolat ! Ceux-là, ils sont trop bons ! Et, euh… Ah oui ! En gros, je veux être comme ce pêcheur. Je veux apprendre à faire la chantilly. Comme ça, on peut rester toutes à la maison, à regarder les dessins animés et à surveiller Bébé Iris. Tu sais faire la chantilly, Mélona ? »

La bouteille de chantilly dans la main, Marmelade appuie sur la gâchette pour en mettre un peu sur le nez de Mélona. Elle aussi veut essayer de lécher le bout de son nez. Le problème, c’est que Marmelade ne contrôle pas le débit et Mélona se retrouve avec beaucoup de chantilly tout partout. Si Fönn et Lissandre passaient par là, nul doute qu’elle verrait d’abord la chantilly entre les seins de Mélona plutôt que sur le bout du nez ou sur le canapé à nettoyer…

Cette soirée prenait un tournant assez inattendu. Mélona pouffa quand Marmelade lui indiqua qu’elle avait envie de voir tous les dessins animés qui existaient.

« Tu sais, il y en a vraiment beaucoup, des dessins animés ! Et ils ne sont pas tous très passionnants… »

Mais, pour l’heure, Marmelade semblait s’être découvert une passion pour la crème chantilly. Il est vrai que c’était bon ! Bébé Iris aimait aussi la chantilly, c’était un signe ! Si les bébés aimaient ça, c’est que ça ne pouvait pas être mauvais… La logique de Mélona était absolument infaillible ! Marmelade lui parla de l’histoire d’un pêcheur, mais sans vraiment avoir retenu la leçon, puisqu’elle s’empressa de parler d’autre chose. Si Mélona se trouvait frivole, c’était visiblement encore pire pour Marmelade ! Elle ignorait encore beaucoup de choses sur elle, mais elle savait que Marmelade avait fait peur à ses Mamans. Et cela, mine de rien, ça inquiétait beaucoup Mélona. Elle avait eu beaucoup de mal à trouver des Mamans, elle espérait bien qu’elles ne les jetteraient pas dehors ! Mélona commençait à ressentir un sentiment étonnant chez elle, étrangement adulte : la culpabilité…

Soudain, Marmelade l’arrosa de crème chantilly ! Mélona écarquilla les yeux, et les cligna à plusieurs reprises, visiblement surprise. Elle en avait partout !

« Marmelade ! Je…
-  Eh bien, on dirait que vous vous amusez  bien, les filles. »

Mélona se retourna, la chantilly allant de sa tête à ses lourds seins.  Maman Fönn et Maman Lissandre étaient descendues !

« Hm… Tu as de la crème chantilly… Un peu partout, Mélona. »

Mélona en attrapa avec un doigt, et commença à suçoter.

« C’est pas de ma faute, Marmelade ne sait pas encore comment ça marche !
-  Effectivement… Vous regardiez des dessins animés ? »

La Slime acquiesça, puis se retourna vers Marmelade.

« Bon, ben, viens me nettoyer ! Utilise ta langue… »

En d’autres circonstances, l’invitation serait clairement sexuelle, mais il était peu probable que Marmelade ressente cela…

De la chantilly ! Tout partout partout ! Marmelade lève les bras au ciel avec un grand sourire de joie anticipée. Toute cette chantilly pour elle. Cette crème sucrée délicieuse. Dans sa nouvelle maison. Avec une nouvelle super acitivté à découvrir : les dessins animés. Marmelade est trop trop contente.

« Marmelade est une bonne fille. Bien sur qu’elle va nettoyer Melona ! »

Une slime sexuellement active aurait commencé par lécher cet espace qui avait provoqué, celui entre les deux seins. Une lueur malicieuse dans le regard. Peut-être même une main qui glisse sur le ventre tout doux. Mais non ! Marmelade est une gamine. Marmelade est la nouvelle petite sœur de la Grande Sœur Mélona. Et Mélona a fait un truc à son nez. Alors Marmelade doit copier. Alors Marmelade lèche le nez de Mélona.

« C’est vraiment trop bon la chantilly. Marmelade adore ça. »

Grande Sœur. Nouvelle maison. Soudain, Marmelade arrête alors que langue nettoie les lèvres de Mélona. Et toujours à aucun moment l’esprit de la slime associe l’acte au « jeu des adultes ». Non, Marmelade pense à grande sœur puis à maman. Mamans au pluriel, pour être exact.

Alors elle saute hors des cuisses de Marmelade et fonce vers ses deux nouvelles mamans. Maman Fönn est la plus proche, alors c’est elle la première. Marmelade ne demande pas et prend la main. Même pas le temps d’arrêter que la petite boule hyperactive pleine de sucre repart déjà vers le canapé souillé de crème chantilly.

« On est une famille maintenant. Il faut qu’on fasse les choses toutes ensemble. Je veux regarder les dessins animés avec mes deux mamans. Je veux qu’on partage la crème chantilly toutes ensemble. »

Elle a à peine ramener Maman Fönn près de Mélona, la forçant (cette fois gentiment et sans forme titanesque effroyable…) à s’asseoir juste à côté de Mélona. Marmelade repart déjà chercher la main de Maman Lissandre et la faire s’asseoir. De l’autre côté de Mélona. Et Marmelade vient se percher sur les cuisses de Maman Lissandre. Mais elle est déjà distraite par autre chose.

« Je ne fais pas mal au bébé qui est derrière le ventre tout rond ? C’est bon ? Cool ! »

La main de Marmelade s’ouvre et se ferme plusieurs fois. Un appel à récupérer la bouteille « magique ». Elle veut mettre de la crème chantilly dans la bouche de Maman Lissandre. Mais elle va faire très attention cette fois. Pour pas que ça déborde partout.

La Reine Noire les avait prévenus ; une Slime n’était pas qu’une créature toute adorable et kawai. Elles en avaient eu la démonstration avec Mélissandre, alors Fönn pouvait « pardonner » à Mélissandre de s’être transformée en monstre. Les Slimes de la Reine Noire n’étaient pas les seuls à avoir cette part d’ombre en eux, ce qui, selon Lucinda, s’expliquait par leurs origines. Ils étaient les descendants des Shoggoths, des créatures aussi puissantes que dangereuses, les séides des Grands Anciens. Fönn constata toutefois que les deux Slimes s’amusaient bien. Elle avait vu Marmelade nettoyer avec sa langue le visage de Mélona, recouvert de crème chantilly… Ce qui lui rappela quand elles avaient utilisé leur bombe chantilly sur Mélona. Jusqu’alors habituée au sucre ou aux bonbons, elle avait été dubitative quand Fönn avait préparé des gaufres. Elle lui en avait ensuite aspergé sur le nez, puis, le soir, en avait mis sur ses seins, « bordant » Mélona en lui faisant l’amour. Cependant, chez Marmelade, le désir sexuel était absent, et Fönn n’avait pas envie de la relancer là-dessus, vu ce qui s’était passé la dernière fois. Au lieu de ça, Marmelade se rua contre elles, et Fönn lui ébouriffa doucement les cheveux.

« Non, non, le bébé ne craint rien, rassure-toi.
-  Mélona et Marmelade étaient en train de regarder des dessins animés ! »

Fönn leva la tête vers l’écran, et vit des images de Ben 10. Mélona avait aussi découvert les dessins animés sur Terre, et elle adorait ça. Elle adorait aussi regarder des films avec elles le soir, mais elle finissait toujours par s’endormir, alors Fönn avait théorisé que ce qu’elle aimait était l’idée d’une famille réunie autour de la télévision. Elle en profitait pour s’endormir dans les bras de Lissandre ou de Fönn. En compagnie de Lissandre, Fönn s’assit sur un fauteuil, et attrapa l’une des gaufres de Mélona. Elle mordit dedans.

« Bon, Mélona… Nous devons retourner voir ta Maîtresse, et nous avons également décidé, après avoir vu Oncle Alastar, d’aller voir…
-  Oncle Alastar est venu ? Mais il n’a même pas salué Mélona ! »

Dans son langage, « saluer » Mélona revenait à dire de baiser comme des lapins.

« Il reviendra, Mélona, mais nous avions des choses urgentes à voir… Comme cette femme que nous devons aller voir, Mélinda Warren. »

Mélona leva alors la tête, et sourit joyeusement.

« Mélinda ? Mélona connaît bien Mélinda, c’est mon amie ! »

Fönn la regarda, surprise au début… Avant de se dire que, finalement, ce n’était pas si étonnant. On pouvait rapidement se rapprocher de Mélona, après tout, et se lier avec elle.

« Il y a longtemps que je n’ai pas vu Mélinda, songera Mélona en tapotant du doigt ses lèvres. Elle ne pouvait pas être ma Maman, mais, maintenant, elle est devenue Maman. C’est Maîtresse qui me l’a dit, et Mélona voulait voir sa fille, Elizabeth… Si vous voulez la voir, il serait mieux que je vienne avec vous… Mais que voulez-vous à Mélinda, au fait ? »

« Marmelade aussi veut y aller ! »

La bouteille de chantilly ne quitte jamais très longtemps les mains de Marmelade. En voyant soudainement des images à la télévision d’une attaque projetant quelque chose à distance, le doigt de Marmelade appuie sur la gâchette ! La crème chantilly part dans les airs. Elle amorce sa descente et… une bonne partie est réceptionnée par une langue monstrueuse sorti de la petite bouche de la slime.

« C’est trop rigolo de faire ça ! Essaie toi aussi Mélona ! »

Sans attendre une réponse, Marmelade appuie de nouveau sur la gachette de la bouteille de chantilly. Un jet de crème délicieusement sucré part en pleine direction de Mélona ! A elle d’être aussi habile que sa nouvelle petite sœur.

Et puis Marmelade revient dans la conversation.

« Marmelade veut voir la fille de cette Mélinda. Si Mélinda est une amie de Mélona, Marmelade veut aussi être l’amie de Mélinda. C’est rigolo, on a toutes les trois des prénoms qui se ressemblent et qui commencent par la lettre « M ». »

Et puis, et puis c’est l’horreur ! Les yeux s’ouvrent grands. Tout comme la bouche. Le petit cerveau de Marmelade vient de faire un calcul très simple.

« Si Maman Fönn et Maman Lissandre vont voir cette Mélinda. Que Mélona y va aussi parce que c’est son amie. Et que Marmelade aussi. Alors qui va s’occuper de Bébé Iris ?! »

Marmelade est prête à s’occuper aussi de Bébé Elizabeth. Parce que, ne la connaissant pas, il lui parait logique que ce soit aussi un bébé. De toute façon, elle s’inquiète soudainement beaucoup pour Bébé Iris. Mais ça perturbe Marmelade. Comment faire pour prendre soin de tout le monde et partie à l’aventure en famille en même temps ? La slime s’agite. Elle ne parvient pas à trouver des réponses toutes seules. Elle n’est pas aussi intelligente que les Grandes !!

Fönn essaya de ne pas vomir en voyant la tête de Marmelade s’étirer et sa langue attraper la chantilly qu’elle avait elle-même projeté. Mélona, qui cherchait à rester humaine, se reçut juste de la chantilly sur la figure.

« On ne joue pas avec la nourriture ! »

Elle récupéra la bombe chantilly. Marmelade s’intéressait d’ores et déjà à Mélinda, elle souhaitait les accompagner, et elle trouvait amusant que leurs trois prénoms commencent par « M ». Fönn devait bien admettre que la coïncidence était plutôt amusante. Mais, ensuite, elle commença à s’inquiéter quand Marmelade fit remarquer que personne ne serait là pour Iris. Désireuse d’éviter une nouvelle catastrophe, elle se dépêcha de répondre :

« Iris a une nourrice qui s’occupe d’elle quand je vais au travail. Mais là, je pense l’emmener avec nous chez cette Mélinda. Un bébé, ça facilite toujours les négociations, non ? »

Mélona acquiesça en se rapprochant, de nouveau propre.

« Mélinda adore les bébés, en plus ! Bébé iris est trop mignonne, Mélinda voudra sûrement la tenir dans ses bras ! »

Fönn ne trouvait rien à redire à cela. Quelque chose lui disait que cette Mélinda était visiblement très particulière aussi.

« On y ira demain, tu penses pouvoir nous introduire auprès de Mélinda, Mélona ?
-  Ben oui, hihi ! »

Mélona se jeta alors contre les deux femmes, venant les enlacer affectueusement.

« Mélinda sera ravie de découvrir les Mamans de Mélona ! »

Fönn sourit doucement, et caressa les beaux cheveux de Mélona.

« Très bien, alors, mais on y ira demain. Pour l’heure, cette journée m’a épuisé, j’ai juste envie de regarder un film avec vous. »

Après une journée aussi intense, c’était finalement une fin de soirée plutôt tranquille qui se profilait à l’horizon.