L’attrait pour les toilettes était une autre chose qui avait intrigué Mélinda chez Theorem. Oh, bien sûr, au harem, on rencontrait parfois quantité de gens avec des fantasmes bizarres. Mijak, sur ce point, pratiquait une grande liberté sexuelle. La vampire savait que bien des harems pratiquaient sans vergogne les déviances sexuelles les plus horribles, et que certains n’étaient rien de plus que des hôtels de torture, un peu comme dans ce film d’horreur terrien qu’elle avait une fois vu au manoir, Hostel. Ilo y avait toujours eu, en Theorem, une sorte de double facette : un esclave très docile et très doux d’un côté, mais aussi un sacré pervers de l’autre. Difficile d’expliquer comment sa psyché s’était construite pour arriver à ça, mais, quand on avait cet élément en tête, on comprenait mieux, au goût de Mélinda, pourquoi un homme si doux et si timide s’était rapproché d’une femme aussi cruelle et perverse. Mélinda connaissait les rumeurs circulant sur Ishtar, et, si elle savait qu’elles étaient forcément toutes exagérées... Et bien, on ne fait pas de fumée sans feu. Et puis, il suffisait de voir Natasha et ses dents, tranchantes comme des rasoirs, pour se dire que le cannibalisme sexuel ne devait pas être si exagéré que ça à Inferis.
*Il est clair qu’il y a des régions du monde où il faut être né du côté du beau sexe...*
Silencieuse, Mélinda avait regardé Theorem prendre Ishtar, dans un moment plein d’intimité et de voyeurisme. C’était dans une cabine de toilette, soit un moment intime, et, pourtant, la porte était grande ouverte, et on ne se gênait pas pour regarder. Un autre des paradoxes infernois, une autre des choses que Mélinda aimait... Car, honnêtement, les paradoxes, la vampire les connaissait, pour avoir tendance à les pratiquer. Non, elle ne jugeait pas Theorem et Ishtar pour le couple bizarroïde qu’ils formaient. Sincèrement, elle préférait un couple tordu et pervers à un classique couple amoureux ; c’était d’un chiant mortel ! Ici, il y avait l’avantage qu’on était toujours surpris, et qu’on pouvait laisser parler notre imaginaire. Et ça, ça n’avait pas de prix.
Ishtar et Theorem venaient de jouir, et Ishtar rappela alors au public que Theorem était son esclave. Une étrange piqûre de rappel, car ce n’était pas comme si Mélinda avait cherché à lui piquer. Elle se dit juste que cette phrase était avant tout destinée à Theorem. Alice leva les mains devant elle, et précisa rapidement :
« Je n’ai jamais prétendu le contraire, Ishtar ! »
En souriant, Mélinda se contenta de tapoter les fesses d’Alice. Avec sa petite guêpière en latex (c’était la seule façon que Mélinda avait de l’appeler), elle était vraiment fascinante. Une tenue à la fois élégante, perverse, et indéniablement sexy. Alice était une amatrice de robes et de corsets doux, mais Mélinda ne s’y trompait pas à deux fois ; le latex lui allait comme un gant. La Princesse était juste un peu trop timide pour oser en enfiler... Alors, il fallait juste savoir la convaincre.
La vampire sortit de ses réflexions quand Ishtar proposa aux trois personnes d’utiliser Theorem comme une sorte de toilette... De payer pour ses services. C’était étrange sur le principe, mais, là encore, Mélinda comprit que l’idée était juste d’utiliser Theorem comme un objet, avant de s’en servir comme une personne... Toujours cette histoire de dénigrement et de soumission. Les sommes demandées étaient exprimées au sens de la monnaie infernoise, mais elles étaient ridicules. C’était limite si Mélinda n’aurait pas payé plus d’argent pour acheter une baguette de pain !
Alice rougit, en refusant d’un bloc, dans sa tête, d’uriner à nouveau sur lui. C’était trop dégradant !
« Vous êtes ses anciennes Maîtresses, non ? À vous de commencer ! intervint soudain Natasha.
- Et, si on respecte l’ordre chronologique, Alice, c’est à toi d’y aller..., susurra Mélinda dans le creux de son oreille.
- Mais...
- Allez, ne nous fais pas attendre ! »
Mélinda la poussa alors, et Alice se retrouva à côté de Theorem. Elle se pinça nerveusement les lèvres, regardant Ishtar à la dérobée, les joues légèrement rouges. La Princesse n’avait pas l’habitude de baiser dans les toilettes ! Toutefois, elle était intelligente, et se rappelait très bien du moment où elle avait mis un gode sur la tête de Theorem (elle avait vraiment fait ça ?!), et où Ishtar lui avait dit qu’elle ne voulait pas qu’un homme la lèche ici. Bien sûr, c’était faux, mais Alice se demanda si ça n’allait pas servir les intérêts d’Ishtar...
Dans sa main, Mélinda lui avait glissé plusieurs pièces de 10 cuivres à chaque fois, et, après quelques réflexions, elle en donna une à Ishtar, puis se retourna vers Theorem.
« Bien... Maintenant que tu es enfin devenu un... Un Femboi... »
Elle avait trébuché, car elle ne savait pas s’il fallait dire ‘‘Femboi’’ au masculin ou au féminin... Probablement les deux, vu le caractère limitrophe de ce genre sexuel. Elle reprit néanmoins bien vite :
« ...Tu as mérité de lécher mon sexe... Alors, applique-toi, Theorem ! Tu... Tu peux me lécher à travers la culotte, ou... Euh... Sans... Mais tu dois me faire jouir ! »
En soi, ce ne serait pas la première fois qu’il lui ferait un cunni’. Quand il s’était retrouvé à Sylvandell, il lui en faisait beaucoup. En même temps, il fallait bien dire que, dans un Château où le Roi était un homme bourru et massif, voir sous les yeux un homme aussi soumis et efféminé que Theorem lui donnait systématiquement envie de lui fracasser son crâne avec son marteau. En conséquence, à cette époque, Theorem avait surtout été avec Alice, et cette attirance se retrouvait maintenant. Car, même si Theorem aimait Ishtar, et était marié avec elle, Mélinda, elle, était convaincue que l’avis de la Princesse comptait encore aux yeux de l’Inu.
Mais, bien sûr, elle pouvait se tromper.