The Multiversity

« Cassé ? Quoi ? Qui ? Ah, moi ? Non, non. Je crois que ça va. Enfin, au niveau des os. »

Benjamin était complètement à l’ouest. Ses jambes tremblaient encore. Des convulsions nerveuses mais aussi de plaisir. Jamais une femme ne l’avait poussé dans ce genre de limite. Ce fut l’odeur du café qui lui permit de petit à petit quitter le septième ciel pour de nouveau causer avec la Mort. Ah non, ce n’est pas la faucheuse : c’est Brimstone.

« Si ça ne vous dérange pas, je crois que je vais prendre le café par terre. Je ne suis pas sûr de pouvoir me relever tout de suite. »

Il était nu, blessé et souillé de divers liquides face au Fusion. Mais son esprit était trop sonné et trop marqué pour ressentir de la honte et sentiments voisins. En fait, et c’est là que Benjamin se dit que son esprit était cassé : il pensait déjà à un second round avec Rextra ! Par contre, il pensait à un autre genre de scénario. Elle avait connu le sexe avec Benjamin. Mais que dirait-elle avec Quad ? Plus de taille. Plus de muscles. Plus que deux bras (quatre !). Et une verge alien de proportion de rang supérieur à celui d’un être humain.

« Est-ce que ça l’intéresserait ? »

Il avait parlé à voix haute sans le faire exprès. D’ailleurs, Brimstone n’avait pas le contexte donc il ne pouvait pas comprendre. Mais, au lieu de tout lui expliquer, il préféra tremper ses lèvres tuméfiées dans le café. Il fallait qu’il reprenne ses esprits. Qu’il couvre ses fesses aussi, probablement. Il commençait à ressentir une sensation de froid.

Ses épaules se haussèrent. Benjamin s’en fichait du rendez-vous avec ces ex collègues. Bon, il fallait aussi dire que le café n’avait pas encore totalement chassé les brumes que la sauvagerie de Rextra avait provoqué.

« Je ne vais pas pouvoir vous donner un chiffre précis. L’Omnitrix n’est pas un pokédex. Ça ne met pas un numéro derrière chacun des aliens dont l’ADN a été copié. Mais je peux vous garantir qu’il y en a une bonne centaine facile. Donc, forcément, mes anciens collègues ne connaissent qu’une petite partie de mes capacités. Et jamais, ô grand jamais, je ne dévoilerais la totalité. De toute façon, ça prendrait bien trop de temps et ce serait bien trop chiant. »

Bon, il était quand même temps de se rhabiller. Benjamin se fichait que ce soit une combinaison prototype qui essaie de suivre les changements liés à une mutation. Lui n’avait jamais eu ce problème depuis ce moment, très loin en arrière, où il avait mis pour la première fois l’Omnitrix à son poignet. Les vêtements revenaient toujours quand il redevenait humain. Tout comme, avec certains aliens, des vêtements apparaissaient.

« Evidemment, mes transformations sont sujettes à des contraintes. Mais ce n’est pas une science exacte. Plus j’ai grandi, plus j’ai gagné en contrôle. Et donc plus longtemps j’ai pu tenir sur la durée. Aujourd’hui, je pourrais tenir une journée entière. Le sommeil est plutôt un frein. Je suppose que, le cerveau et donc aussi le corps, mettent ce temps à profit pour se ressourcer. Donc mon corps a très souvent tendance à redevenir humain. »

Voilà, il était de nouveau habillé et plus ou moins présentable. Le cadeau ne pouvait pas masquer les traces de coups et de morsures. Un sourire en coin apparut. Quand il retrouverait son compagnon de chambrée, Benjamin ne ferait pas semblant. Il raconterait sans pudeur son heure de sexe.

« Dernière info avant que vous ne vous décidiez pour votre plan. Je peux passer d’un alien à un autre de façon rapide. Très rapide. Sans repasser par la case être humain, si vous voulez. Si les possibilités stratégiques se multiplient, ça reste quelque chose d’énergivore. »

Il existe un culte de la folie ? C’est encore plus fou que de s’acoquiner avec des démons. Si une ombre de surprise passe sur les traits de Benjamin, ce dernier ne fait aucune remarque. Surtout que le nouvel arrivant dans la pièce a de quoi retenir l’attention. Un squelette « vivant » aux os noircis et au potentiel destructeur. Parce que les tripes de l’humain lui disaient de se méfier de cette mascotte de classe pour étudier l’anatomie. Et il y en aurait des centaines d’autres dans le si petit cube !

« Un cadeau… bizarre. Mais hey, qui suis-je pour critiquer les mœurs de peuples que je ne connais pas, hein ? »

Bon, Brimstone lui a fait une requête. Se transformer en un alien affreux. Un inconnu de ses ex collègues. Un qui serait utilisé dans un réseau de grottes. Donc très probablement un endroit sombre. Ce qui irait de pair avec l’espèce de tour de nécromancie que veut jouer le Fusion.

« J’ai peut-être une idée pour l’alien. Je vais me transformer dans quelques instants en lui pour qu’on valide ensemble le choix. Mais je dois vous prévenir qu’il est plutôt dangereux. Techniquement, je ne peux pas parler avec étant donné qu’il ne possède pas de cordes vocales ou approchant. Mais je peux toutefois utiliser une sorte de télépathie. Le problème c’est que, et bien… Il s’entendrait probablement bien avec votre déesse du culte de la folie. Parce qu’envoyer mes phrases dans la tête de quelqu’un ressemble davantage à un symptôme de maladie qu’une conversation. Mes phrases auront l’impression d’être entendus dans une caverne avec de l’écho. Et le ton est étrangement semblable à la voix de celui qui le reçoit. En gros, ça donne l’impression de découvrir qu’on a une double personnalité. Schizophrénie, un truc dans le genre. »

Benjamin tourna plusieurs fois le cadran de l’Omnitrix et appuya de sa paume dessus. Tout son corps noircit immédiatement puis l’instant d’après, une sorte de flaque noire épaisse s’écrasa sur le sol. C’était un noir très noir. Un noir trop parfait qui donne une impression de vertige… De ces ténèbres commencèrent à s’élever des tentacules d’encre.

EST-CE-QUE-C’EST-ASSEZ-AFFREUX-POUR-VOUS- ?-…

Davantage Benjamin restait sous cette forme d’alien et davantage l’alien conquérait la pièce. Il avait la propriété de l’eau qui s’adapte à n’importe quel contenant. Mais en plus de ça, il avait cette propriété incroyable de l’univers : toujours en expansion. Cet alien semblait avoir la capacité de produire de la matière à partir de rien et de grossir encore et encore ET ENCORE ET ENCORE !!

Alors Benjamin stoppa la transformation et redevint humain.

Rester sur cette planète et travailler pour Brimstone ? Un désert sans fin sur fond d’ambiance post-apocalyptique ? Tout ça pour servir de rat de laboratoire pour une espèce de mort-vivant 2.0 ? Absolument rien n’allait dans le sens du Fusion. Et pourtant, pour être honnête, il y eut une image avant toutes ces questions quand Brimstone lui fit sa proposition : celle de Rextra.

« Impossible pour moi de vous répondre maintenant. »

Le futur. Une chose floue. D’autant plus quand on arrête de faire les plans à cause des échecs passés. Non, définitivement, Benjamin ne peut pas se projeter au-delà d’un futur proche. Et puis…

« Demain, je serai peut-être mort. Ou peut-être que l’ordinateur dans votre tête aura pris le contrôle. Non, ce n’est pas contre vous, mais je ne peux vraiment pas vous répondre de suite. Ce que je peux vous dire, par contre, c’est que ce n’est pas un non catégorique. L’idée d’être un rat de laboratoire m’énerve déjà. Mais vous avez dit que ce ne serait pas ça. Je ne sais pas. Il faudra que nous en reparlions plus tard. »

Le dernier alien avait puisé davantage qu’il l’avait imaginé dans ses réserves. Benjamin avait la sensation d’avoir des cernes très colorées et très lourdes. Mais c’était probablement un contre-coup de cet alien terrifiant.

« Il va falloir gérer mes anciens collègues. Et puis il faudra voir ce qui se passera avec cette créature à des kilomètres au-dessous de nous dans les profondeurs. Alors, gérons chaque problème à la fois. Et quand nous serons arrivés au bout de mon contrat, nous aviserons. Ca vous va ? »

Est-ce que le ventre de Rextra aura gonflé à ce moment-là ? Est-ce que Benjamin serait prêt à recommencer à long terme à cause d’un bébé ? Non… Impossible pour le moment. Il ne veut pas y penser. Surtout parce qu’il voit davantage Benjamin le fuyard que Benjamin le père. Et l’idée de partir la queue entre les jambes plutôt que d’affronter les problèmes n’est pas bien. Il ne veut pas ajouter davantage de poids à sa pile de merdes.

Benjamin se sentait un peu stupide maintenant qu’il était sur les lieux. Il avait simplifié la réalité en imaginant le RustWorld comme un unique et infini désert où se trouvait ici une mine de forage et des centaines de kilomètres plus loin deux ou trois villes. Mais faire face à ce canyon bouleversait ses idées préconçues. Ce qui allait dans le sens de Brimstone et de sa demande de partenariat.

*Peut-être que ce monde a davantage à offrir ? *

Il pensa cela alors qu’il déchargeait le cadavre sans tête d’un ex collègue. Puis ses yeux tombèrent sur la sauvage. Parce que Rextra semblait déjà être passée à autre chose. Comme une sauvage, justement, qui ne se souciait pas de l’émoi et du bordel qu’elle faisait subir à Benjamin.

*De toute façon, ce n’est pas le moment d’avoir ce genre de conversation. *

« Des scorpions géants ? A l’intérieur de grottes et de tunnels ? »

Soit les créatures seraient handicapées à cause de leur longue queue empoisonneuse, soit c’était eux qui se jetaient dans leur garde-manger. Scorpions géants, Rachnards ou autres : la décision de Benjamin était de toute façon déjà prise. Et il allait l’emballer comme il fallait pour la délivrer au Fusion.

« A vous l’honneur. Vous connaissez les créatures de ce monde et les lieux. Qui plus est, si ces choses vous connaissent et vous voient en premier, je serai un excellent élément de surprise pour inverser la tendance d’une bataille. »

Lâcheté ? Conservation de sa propre vie ? Choix raisonné ? A chacun de penser ce qui lui plaisait. Et puis, on lui avait laissé le choix, non ? Donc il avait le droit de rester à l’arrière du titan à gueule de squelette dès le début, non ?

Si Benjamin observait Brimstone sculpter son trône dans la pierre, c’est parce qu’il trouvait ça ridicule. Bien sûr qu’il n’allait pas faire cette remarque à voix haute. Mais, les bras croisés, il ne pouvait pas s’empêcher de le penser. Pourquoi perdre du temps à une telle réalisation ? Pourquoi ce besoin royal ? Ça paraissait déplacé. Ce genre de truc, ça se retrouvait dans un comics par exemple. Le lecteur trouvait ça cool que le monstre à gueule d’os soit assis pareillement. Mais, il y en avait qui réfléchissait aux trucs cool dans l’IRL. Et alors ça devenait ridicule. Et là, ça paraissait ridicule aux yeux de Benjamin.

« Entre un monstre et un prédateur ? »

Non, il n’a pas réfléchi. S’il devait même être honnête avec Brimstone, il avait complètement oublié cette devinette. N’ayant rien d’autres à faire en attendant ses ex collègues, Benjamin décida de jouer le jeu.

« Je dirais que… hum, un monstre est un être anormal. Quelqu’un ou quelque chose qui a des traits qui sortent de l’ordinaire. Si l’apparence d’un monde peut être qualifiée d’hideuse, rien n’empêche que ce monstre soit herbivore ou pacifique. Alors qu’un prédateur ? Je dirais qu’un prédateur pourrait avoir les traits de monsieur tout le monde. Mais derrière ces traits se cache une soif de sang. Un besoin de violence. La nécessité de chasser pour… jouer ? Se nourrir ? Les deux peut-être. »

Ce n’est pas vraiment répondre à la devinette, se dit alors Benjamin. Il n’a pas évoqué LA différence entre un monstre et un prédateur. Il a plutôt donné une sorte de définition tout en confrontant les deux idées. Il hausse les épaules. Bah, peu importe, le Fusion lui donnera surement le fond de sa pensée. Probablement assis sur son nouveau trône alors que lui… restera debout ? S’assiéra comme un enfant par terre ?

Si Benjamin voyait où Brimstone voulait en venir ? Hum… Bien sur que non ! Cette devinette concernant la différence entre un monstre et un prédateur. Ce zèle à sculpter un trône de géant. Le tout saupoudré d’un plan tarabiscoté à base de centaines de guerriers squelettes comme défoncés par des tirs enflammés. Bien sur que non il n’embrassait pas la logique du Fusion !

Mais il ne pouvait pas lui révéler le fond de sa pensée. Il se devait d’être un minimum diplomate et il s’employa en ménageant le ton dans sa voix.

« Je crois très bien comprendre l’idée de ce trône. Brute, immense : il y a une idée de toucher à l’épique, je suppose. Mais… comment dire, je ne suis pas certain que mes ex collègues y croient. Je veux dire, il me semble qu’il y a un problème avec les dimensions, non ? »

Benjamin se rapprocha et se tint à côté du trône pour démontrer le rapport de taille. Il mit même sa main entre sa tête puis la leva pour lui faire comprendre à quel point le trône était haut.

« Après, je suppose qu’on pourrait mentir un peu avec les proportions. En jouant sur l’éclairage et sur le fait que ma forme alien ferait disparaitre le bas du trône parce que ce dernier baignerait dans l’espèce de corps slimesque noire qui sera le mien. »

Il fallait qu’il fasse le tour de la caverne. La forme alien « cauchemardesque » avait la désagréable propriété de s’étendre comme l’infini et d’épouser toutes les formes comme l’eau. Passé un certain point, ça en devenait incontrôlable. Difficile à reprendre forme humaine. Car d’étranges pensées gangrenaient celles de Benjamin… Un alien TRES dangereux.

Benjamin se retourna, interrompant l’observation de la caverne, pour poser une question :

« Et quel rapport avec le monstre et le prédateur ? Je veux dire, c’est une façon comme une autre de parler ou il y a un rapport avec notre affaire en cours ? Ou peut-être votre forme et celle de mon alien ? J’avoue, je suis un peu perdu avec tous les événements qui s’enchaînent rapidement. »

Ecouter Brimstone parler réveilla une vieille question chez Benjamin : devait-il redevenir le héros qu’il avait été ? Combattre pour ceux qui cherchaient à re-créer un monde contre ceux qui ne voulaient que détruire. Ca semblait être une position à tenir. Mais… Les belles idées ne tenaient pas face à la dure réalité. Non, définitivement, Benjamin ne redeviendrait pas un héros. AH AH AH ! Il esquissa un sourire alors que ses pensées essayaient de le manipuler : et s’il ne voulait pas un monde ? Sauverait-il un enfant ? C’est traître d’exposer un enfant à un carnage puis à la mort. Mais son esprit alla plus loin en lui posant cette question spécifiquement : sauverait-il SON enfant ?

*NON ! Je règle ce problème avec mes anciens collègues mercenaires. Je vis cette aventure avec ce tunnel dans les profondeurs. Et je me barre de ce trou perdu ! Brimstone lui-même a dit que ce monde était pourri. Je ne vois pas pourquoi je m’y cramerais la couenne… *

« Ce n’est pas mes… »

Benjamin ne finit pas sa phrase. Amis avait été dit entre parenthèses. Il l’avait bien entendu. Mais sa bouche avait agi avant son intellect. Bref, Brimstone joua la comédie. Il était un sacré bon acteur !

« Bon, ils arrivent. Ce qui nous laisse encore un petit peu de temps. Et je me posais une question. Probablement la dernière avant que vous alliez bricoler vos implants. Si vous retirez cette marge de sécurité, qu’est-ce qui vous empêchera de péter un câble et de redevenir un destructeur pour ce monde ? Parce que, le problème s’expose aussi pour moi. Si la transaction prend trop de temps, et que ma forme alien a trop grossi : je deviendrais à mon tour un problème. Passé un certain point, il me sera extrêmement difficile de reprendre le contrôle. »

Brimstone est effrayant. Benjamin a très fortement pensé au terme « monstre » mais, après la devinette du Fusion, il n’est plus sûr de savoir comment utiliser ce mot. Donc il préfère le chasser de son vocabulaire pour le moment.

« Vous semblez increvable. Je suis heureux d’être dans votre camp et non dans celui de vos ennemis. »

Benjamin croisa les bras en regardant la sortie (pour lui) et l’entrée pour ses futurs ex collègues. Toute cette mise en scène paraissait bien complexe. Mais combien de fois cela avait-il pu marcher ? Et plus la supercherie était grosse, mieux elle fonctionnait. A se demander si le cerveau était véritablement un organe fiable malgré les merveilles qu’il pouvait imaginer.

*Bizarre. J’ai l’impression de m’être retourné pour ne pas regarder quelqu’un pisser. Alors que Brimstone doit se la jouer monstre de Frankenstein. Bon, peu importe, dans tous les cas, je suis bien obligé d’admettre que je lui fais confiance. En même temps, même en faisant attention, j’ai souvent la fâcheuse tendance à faire confiance rapidement… Foutue problème !... *

« Vous êtes prêt ? OK. Dans ce cas, je me rends vers l’entrée. Si je ne dis pas de conneries, j’ai à peu près mémorisé les lieux. Ça devrait aller. Je me trouve un petit coin pour me cacher. Un même coin pour pouvoir observer l’extérieur sans être vu. Quand mes ex-collègues arrivent, je leur sors le grand jeu pour l’Acte I. Allez, c’est parti. »

Benjamin fait un signe de la main pour saluer Brimstone et s’en va.

[***]

Derrière un stalagmite, Benjamin observe. Combien de temps a passé ? Il n’en sait rien. Ce qui est plutôt ironique étant donné qu’il appelle l’Omnitrix une montre. Mais une montre qui ne lui donne pas l’heure. Peu importe. Ce n’est pas important. Ce qui est important, c’est qu’il voit ses anciens collègues arriver. Et particulièrement leur cheffe. Une femme de plus de deux mètres qui a très tôt perdu son bras en commettant une erreur pro. Une erreur qu’elle a transformée en avantage stratégique en le transformant en bras cybernétique et truffé de gadgets.

*Le genre qui pourrait me détecter ! Elle serait bien capable d’avoir un module de détection de chaleur, cette bougresse. *

Alors Benjamin frappe de la paume de la main son Omnitrix et se transforme en l’alien horrible. La marée noire et cauchemardesque commence à prendre d’assaut la grotte. L’ambiance se met en place pour l’acte numéro un.

Rendre la zone sinistre et inquiétante. C’est ce que Brimstone lui avait demandé pour ce premier acte. Benjamin prit alors la décision de ne pas apparaître devant ses ex collègues. Certes, très rapidement, ils allaient pouvoir découvrir quelque chose de si noir que la couleur semblait absorber la lumière même. Ils pourraient deviner des formes tentaculaires. Mais ils ne verraient rien assez longtemps pour en être certains. Mais suffisamment pour que leur imagination leur laisse imaginer les pires scénarios.

*En somme, je pourrais appeler ce premier acte : l’Acte Lovecraft. Bref, un peu d’invasion télépathique et je me barre d’ici. *

PLUS-LE-TEMPS-PASSE…MOINS-IL-VOUS-EN-RESTE…

Une première invasion pour l’éclaireur du groupe. Maigre. Traits émaciés. Tendances perverses avec de jeunes femmes. Benjamin n’avait jamais pu encadrer ce mec. S’il avait eu des doutes, il n’avait jamais eu la confirmation qu’il faisait des trucs illégaux avec des filles pas encore en âge. C’était donc un réel plaisir de s’infiltrer dans sa caboche et y faire naître la peur. Mais il était trop tard pour lui, les squelettes aux os carbonisés se relevaient déjà de leur sarcophage de sable. Il n’y avait plus de retour en arrière possible.

IL-EST-DEJA-MORT…MAIS-LE-CADAVRE-EST-MOINS-IMPORTANT-QUE-TA-REPUTATION…

Cette deuxième invasion visait la cheffe du groupe au bras robotique. Benjamin avait aimé au caractère aussi trempé que son bras d’adoption. Des épaules fortes. Un sang-froid à tout épreuve. Ce qu’il avait découvert plus tard, c’était une fierté proéminente. Il suffisait qu’on critique sa force, son leadership ou quoi que ce soit qui la touchait directement ou indirectement : et elle voyait rouge comme un taureau. Si Benjamin n’avait pas réellement de grief envers elle (si ce n’était cette affaire de données et toutes les conséquences sombres qui en résultaient…) : l’invasion télépathique avait surtout pour but de faire perdre les pédales au leader des mercenaires. Couper la tête était toujours une bonne stratégie pour laisser se répandre le chaos. Une désorganisation, des doutes et il y aurait un paquet de faiblesses à exploiter.

Benjamin revint sous sa forme humaine. Ses ex collègues ouvraient des tirs de couverture pour ne pas se faire avaler par la marée morte-vivante. Son centre de gravité abaissé pour ne pas se faire repérer, il slaloma entre les stalagmites pour accéder au second acte du plan de Brimstone.