The Multiversity

« Ah non. Là. Stop! Toyman, c’est bien suffisant. Et admettons cette autre personne qui attaque Carol. Mais le reste… Non. Ouste! Du balais! Et un claquement de doigts, un! Et c’est beaucoup mieux! Plus de gros vaisseau méchant, plus de gros vilains partout. Juste moi, une armée de jouets tueurs et la personne qui les contrôle. Attends. J’AI OUBLIÉ DE VIRER LES CASSE-NOISETTES TUEURS! OH NON! »

Alors oui. Vous avez bien lu. D’un claquement de doigts, je viens de ramener les choses à un état beaucoup plus gérable. Non, non, non. Dans le script, une grosse attaque de méchants n’était pas prévue. Pardon. Dans MON script. Une petite attaque, je ne dis pas, Carol qui sauve héroïquement la situation, ça c’est parfait mais pas d’invasion de je ne sais quoi ou d’attaque d’envergure. Ce n’est pas un film d’action, ici, c’est le récit parfois loufoque de ma rencontre avec Carol. Le culot de tous ces méchants de s’inviter où ils ne sont pas désirés! Oui, ce culot! Je l’ai dit! Inacceptable! Et ce Toyman va entendre ma façon de penser! Les jouets sont faits pour causer l’émerveillement! Titiller l’imaginaire! Pas en faire de terribles armes mortelles qui font peur aux enfants! Donc, Carol peut s’occuper de la vilaine électrique, moi, j’ai deux mots à dire à ce Toyman!

Et on ne va pas se mentir, il ne me fait pas la vie facile avec tous ces jouets transformés en armes! J’ai déjà décrit les soldats casse-noisettes géants et les bombes sur pattes tirées de Mario Bros… Mais il y a le jack-in-the-box avec lance-flammes, la balle rebondissante tueuse et j’en passe. Qui est le débile qui a ouvert un coffre à jouets et qui s’est dit : voilà mon nouvel arsenal. Je cours, je saute, j’esquive, je me téléporte… Il me fait transpirer ce vil félon! Pendant que Carol se bat héroïquement dans un duel aérien digne d’un avenger, je lutte pour ma vie tout en tentant de protéger les innocents. À la télé, tout a tout le temps l’air facile quand on les voit se battre, ces héros en capes et en collants. Mais dans la réalité… Il faut un cardio de la mort et une endurance de fou! J’ai chaud, je transpire, je suis essoufflée… Et je n’ai même pas encore réussi à atteindre le « boss », c’est dire!

Je ne jouerai plus jamais à Super Mario de la même façon! Je vais toujours me demander si je suis en train d’épuiser le pauvre héros. Je peux le faire. Pour une fois dans ma vie, je peux être une super héroïne… Je crois… Peut-être que si je capture Toyman, Carol sera impressionnée! Ah ce serait bien d’impressionner Carol et le reste des avengers… Encore que… Je vais être dans un état lamentable après tous ces efforts et… Et Jeannie, tu peux manipuler la réalité, tu n’auras qu’à t’en servir pour te refaire une beauté, voyons! Ah des fois, j’en oublierais presque que j’ai des pouvoirs, c’est fou. En tout cas, pour une réserviste ou super héroïne à la retraite, elle a l’air de bien s’en sortir, miss Danvers. Clairement, elle ne se laisse pas dominer par son adversaire. Vas-y Carol! Tu peux le faire! Je crois en toi et… Et Jeannie, concentres toi sur TON méchant! Ou tu vas finir en purée!

« Toyman! Espèce de lâche! Montre-toi! Je suis pacifiste mais ce n’est pas l’envie qui me manque de te botter les fesses! Transformer des jouets en armes! Il faut une catégorie toute spéciale de méchant pour faire une chose pareille! Rends toi s’en faire d’histoire et si je me sens généreuse, je ne te ferai pas quelque chose de désagréable. Comme faire en sorte que ton nez te pique pour le reste de tes jours! »

Jeannie altéra encore la réalité… Ce qui semblait accréditer la théorie selon laquelle elle provoquait les catastrophes qu’elle combattait ensuite. Cela rappelait à Carol Sentry, ce super-héros bénéfique qui avait en lui une mauvaise personnalité, The Void, qui contrebalançait chacune de ses bonnes actions. Jeannie fit disparaître le Hall of Doom, et Limewire se volatilisa également devant Carol. Surprise, celle-ci sentit le sol trembler.

*On ne peut pas manipuler la réalité comme ça…*

Toute chose avait un prix. Dans le monde de Jeannie, les règles n’étaient peut-être pas les mêmes, mais ici, sur Terre, lorsqu’on jouait avec la réalité, les conséquences pouvaient en être dramatiques. Quand Wanda avait tordu la réalité pour attaquer les Vengeurs, Strange l’avait senti, et s’était manifesté pour interrompre cela. Et, quand Wanda l’avait de nouveau fait en éradiquant les mutants, cela avait eu d’autres graves conséquences encore. Jeannie héla Toyman, quand elle put entendre des bruits. Remontant le long de l’une des rues, Toyman s’avançait dans un robot géant. Des lasers en sortaient, faisant exploser les voitures.

« Tu es celle qui manipule la réalité, hein ? Tu croyais vraiment que ce serait aussi simple ? C’est toi qui nous as appelés ici, et nous avons accepté ton invitation. Et voilà que tu ne voudrais plus jouer ? Tu veux un petit scoop ? Tu n’es pas la seule qui manipule la réalité. »

Le sol trembla à nouveau, et Carol sentit à nouveau un vertige la saisir. Le Hall of Doom réapparut alors dans le ciel dans une violente déchirure, et, pendant un moment, Carol vit une faille dans le ciel, comme si on l’avait ouvert en deux, révélant derrière une multitude d’étoiles sur un fond multicolore. Carol n’eut pas le temps de dire quoi que ce soit qu’un éclair d’énergie la frappa encore sur le flanc, et la souffla contre un van qu’elle enfonça. Limewire venait de réapparaître, tandis que le canon de Toyman ciblait Jeannie, et faisait feu, déclenchant une onde d’énergie étincelante.

« Tu croyais que ce serait aussi simple, Carol ? Qu’il suffirait que ta copine claque des doigts pour qu’on parte ? Tu as dû passer trop de temps à la retraite, pour croire qu’il n’y avait que ta copine qui puisse modifier la réalité.
-  Arrête ça, la réalité… Elle se délite… »

Depuis le pont de commandement du Hall of Doom, derrière de multiples moniteurs, Lex Luthor supervisait la situation. À côté de lui, concentré, flottant dans sa bulle, Eclipso manipulait lui aussi la réalité.

« N’oubliez pas notre priorité… Nous devons capturer cette femme. »

« Mais je n’ai appelé personne ici! Qu’est-ce que c’est que cette grotesque affirmation? Déjà, monsieur Toyman, je ne vous connaissais pas avant que vous ne débarquiez ici. Ensuite, je n’ai certainement pas appelé cette monstruosité volante, je ne sais même pas ce que c’est. Alors définitivement, vous vous trompez de personne. Je déteste la violence, pourquoi inviterais-je alors des criminels? Gredin! Félon! »

Ah donc les méchants ont aussi quelqu’un pour manipuler la réalité de leur côté. Je ne suis pas exactement étonnée, au sens où je sais que mon pouvoir n’est pas unique… Mais je me demande qui de nous deux peut ou va l’emporter. Je suis une déesse. À moins qu’on parle d’un dieu, mon niveau de puissance sera supérieur. Ceci dit… Le multivers n’aime vraiment pas quand on pousse trop fort. Des altérations mineures, ça va. Là si je joue à « je fais disparaitre le vilain truc qui vole mais l’autre le fait réapparaitre »… C’est comme… Vous savez le jeu où deux personnes tirent une corde chacun de leur côté? Dans le cas de la réalité, si on la déchire… Je ne veux même pas imaginer les dommages que cela va causer. Soit j’accepte de laisser le machin volant ici, dans cette réalité et j’espère que l’autre qui manipule la réalité va arrêter d’utiliser ses pouvoirs faute de nécessité…

Soit je prends le risque de causer quelque chose de vraiment grave. Carol est occupé avec une super vilaine et moi je ne suis clairement pas faite pour le combat. Je déteste me battre. Alors tout ce que je peux faire… C’est tenter de limiter les dégâts, transformer des attaques létales en des attaques inoffensives, des actions de ce genre. Je ne blesse ni ne tue depuis des millénaires. J’ai eu un épisode destructeur, une fois. Plus. Jamais. Et sous aucun prétexte. Je préfère encore assister à la fin du monde que de risquer de ressusciter le monstre que j’ai brièvement été. Et je ne peux pas céder à la colère ou à la panique non plus sinon je vais LA rendre plus puissante. La pire erreur de ma vie, le pavé que j’ai posé sur une route en enfer. L’enfer est pavé de bonnes intentions? Oh ce n’est que trop vrai en ce qui me concerne. Tôt ou tard, je vais devoir commettre l’impensable. Un infanticide.

Shayne… Ma… Fille… Ma création… Si Alix échoue à t’éliminer… Je n’aurai d’autre choix que de le faire moi-même… Mais ce n’est pas le temps de penser à un événement futur. Je dois me concentrer sur le présent. Je vais devoir prendre des risques qui me répugnent à prendre. Mais ultimement, ai-je vraiment le choix? La reddition? Qui que ce soit qui prétende que je l’ai invité ici, ce qui est absolument faux, est un dangereux malade et il ne va certainement pas m’incarcéré dans d’agréables conditions. Et pas que cela. J’ai été une génie jadis. Je vais m’autodétruire avant qu’on me vole ma liberté à nouveau. Plus jamais je ne serai prisonnière ou esclave de quelqu’un. C’est possiblement la seule chose qui pourrait me pousser à revenir sur ma promesse de ne plus jamais blesser ou tuer, exception faite de blessures très mineures quand je fais des farces, naturellement.

« Je veux vivre une vie paisible, je ne veux certainement rien avoir à faire avec des gens dans ton genre ou ceux qui sont dans le machin moche qui vole. Alors je le redis. Je n’ai invité ou appelé personne. Certainement pas volontairement. C’est trop demandé que vous me laissiez tranquille? Vous faites erreur sur la personne. Au risque de me répéter. Et si mon point n’est pas assez clair, jusqu’où votre ami est prêt à risquer l’intégrité de la réalité? Si vous ne partez pas de votre plein gré JE vous ferai partir. »

Déconcentrée par ce qui se passait, Carol laissait Limewire lui donner plusieurs coups. Et, mine de rien, cela commençait à ‘lagacer ! La super-vilaine tenta une nouvelle attaque, mais, cette fois, son éclair se heurta à la capacité d’absorption de Carol. Sa main gauche attrapa la main tendue de la super-vilaine, qui écarquilla les yeux. Les arcs électriques fusèrent à travers le corps de Carol, qui serra son poing droit.

« Retour à l’envoyeuse, chérie ! »

Son poing droit frappa violemment Limewire au visage. Le choc lui en donna mal aux articulations, mais le corps de son adversaire fila en arrière, et elle renversa plusieurs des jouets de Toyman, pour finir sa course contre un mur, sonnée et au sol. Carol se déplaça ensuite rapidement, et vit que Jeannie était aux prises avec Toyman.

« Quand on joue avec la réalité, il y a toujours des conséquences, rétorqua Toyman depuis sa grosse armure. Nous avons perçu tes actions. Pour le reste, moi, je me contente d’obéir, et on m’a dit de te ramener. »

Ils en avaient donc après Jeannie… Carol savait que la Légion Fatale était dirigée par Lex Luthor. Il s’était toujours débrouillé pour ne jamais se faire attraper, et pour s’allier avec des individus tous plus dangereux les uns que les autres. Toyman concentra son canon énergétique sur Jeannie, mais, quand il fit feu, Carol s’interposa, et ferma les yeux en se concentrant. Elle absorba toute cette décharge, puis la projeta sur Toyman dans un puissant rayon d’énergie. Le tir frappa violemment le robot, grillant tous ses systèmes. Carol bondit vers la tête, mais les yeux ru boto s’illuminèrent brusquement, tirant deux lasers qui frappèrent Carol. Le coup la repoussa au sol. Elle rebondit sur le bitume, atterrissant à côté de Jeannie.

« Ils… Ils en ont après toi, Jeannie. »

Le sol vibra encore. Carol fusa encore vers Toyman. Jeannie, de son côté, sentit soudain des tentacules d’ombre jaillir autour d’elle, s’enroulant autour de son cou, mais aussi de ses jambes et de ses bras.

« Bonsoir, gente dame. Pardonnez l’agitation de mes amis tempétueux, mais nous tenons vraiment à vous inviter en notre compagnie. »

La voix charmante émanait d’un super-vilain capable de manipuler les ombres, et de devenir lui-même une ombre, The Shade. Un voleur qui avait existé à l’époque de l’Angleterre victorienne, et qui se targuait notamment d’avoir rencontré Charles Dickens. De son nom de baptême Richard Swift, il était un vendeur de biens exotiques, lorsqu’il avait été victime d’un coup monté. Un homme dénommé Simon Culp lui avait demandé un lion vivant. Quand Swift lui avait offert le lion, Culp l’avait doublé, en utilisant le lion et Swift pour un rituel magique maléfique. Le rituel avait néanmoins mal tourné, et Swift avait absorbé le pouvoir magique que Culp souhaitait faire, devenant ainsi un individu capable de devenir une ombre, et de les manipuler. Les années passant, la santé mentale de Swift n’avait cessé de décroître, jusqu’à en faire « The Shade ». Il cherchait depuis à conjurer la malédiction, et c’était la seule raison pour laquelle il avait décidé d’accepter de travailler pour Luthor.

S’il n’était pas spécialement fort, il était fait d’ombre, et était donc très difficile à toucher. Il pouvait aussi se déplacer à travers les ombres, et c’était de toute évidence qu’il cherchait à faire avec Jeannie, à l’absorber dans les ombres pour la livrer à Luthor…

« Mais c’est hors de question, je n’ai rien à faire avec des méchants », protestais-je avant de disparaitre et de réapparaitre plusieurs mètres dans les airs. Là. Pas d’ombre donc pas de risque de se faire attraper. Ces gens sont fous. Je suis une farceuse dimensionnelle. Une aventurière du multivers, des réalités, des dimensions, de l’espace et du temps! Je n’ai certainement aucune envie d’aider des méchants ou même d’entendre ce qu’ils ont à me dire. C’est toujours du miel et si vous vous approchez trop, hop, prisonnier dans la toile et là, les sourires deviennent des bouches pleines de crocs qui cherchent à vous dévorer! Alors non merci. Et l’autre truc que je pense qu’ils ne savent pas… Ils ne peuvent pas me forcer à coopérer en prenant des gens en otage. Déjà, les gens à qui je tiens… Que je considère comme des amis… Sont tous capables de se défendre.

PeeGee, elle leur botterait les fesses à ces gredins, c’est clair! Harley, elle est trop maline pour eux et en plus, sa petite amie n’est pas du genre à accepter qu’on s’en prenne à sa tendre moitié. Donc qu’est-ce qu’ils comptent faire? Me menacer de tuer des civils innocents pour me forcer à coopérer? Je vous rappelle que j’ai toujours dit que jamais je ne serais une super héroïne. Dans l’absolu, je ferai toujours passer ma vie avant celle des autres. Appelez ça de la lâcheté ou de l’égoïsme, je m’en moque. Pendant des millénaires, j’ai été une esclave, forcée de donner, de faire contre mon gré. Plus jamais. C’est aussi simple que cela. Et puis bon, si jamais ça tourne vraiment trop mal… Jamais je ne croirai qu’ils vont me courir après jusqu’aux confins de l’univers… Donc… Je pourrais toujours quitter la Terre pour un moment et revenir plus tard. Dans quelques siècles, par exemple.

Bon, c’est sûr que Carol. Harley et PeeGee seront mortes depuis longtemps… Mais ces vils faquins également. Je suis immortelle. Alors… C’est difficile de capturer quelqu’un quand on est mort. Je n’ai pas envie de quitter la Terre. J’aime bien cette planète malgré ses aberrantes contradictions. Mais je ne vais pas mettre ma vie en danger pour les projets mégalomanes de dangereux criminels. Alors là pas question. Donc… Essayons quelque chose qui ne fonctionne jamais, en général, avec ces gens-là… La diplomatie. Oh il y a de fortes chances que ça échoue. Mais là, le but, c’est de gagner du temps pour que les amis de Carol rapplique. Les Avengers. Et pourquoi pas la Justice League en renfort. Qui vous voulez, en fait, tant qu’ils font partir les méchants, je ne suis pas très difficile. Même que je dirais que je me moque bien de qui les fait partir, à ce stade-ci des choses.

« Excusez moi? Vous là, le chef des méchants, dans votre hideuse machine volante! Oui alors c’est pour vous dire : je ne compte pas vous aider dans vos projets maléfiques et ce sous aucun prétexte. Donc soyez raisonnable, retournez d’où vous venez et acceptons tous les deux que nos chemins ne se croisent plus jamais. Non parce que vous voyez… Là, c’est bon, il y a juste Carol et moi… Mais elle a des amis, Carol. Et…

Ils vont venir! Les héros viennent toujours pour sauver la mise. Je sais que vous avez quelqu’un qui manipule la réalité à bord. Moi je n’ai pas peur de la briser, la réalité, gagner du temps pour que les héros arrivent et vous regarder fuir la queue entre les jambes. C’est que vous voyez, je ne suis pas une super héroïne donc… Les dommages collatéraux, c’est dommage mais si c’est ce que ça prend pour vous faire partir… Pas trop le choix! »

Lex Luthor supervisait la situation quand Jeannie se matérialisa près de lui. Il ne portait pas son armure de combat, et se retourna lentement en lui faisant face. Mains croisées dans le dos, il ne semblait pas plus impressionné que ça, et fronça les sourcils en l’observant.

« Je suis surpris. Je pensais que vous étiez l’un de ces lutins de la Cinquième Dimension. Mais vous n’en avez pas la carrure. »

Lex se déplaça lentement, posé et sérieux.

« Les lutins de la Cinquième Dimension ont la capacité de modifier en totalité la réalité, mais ils sont totalement immatures… Ce qui les rend aussi aisément manipulables. L’un d’entre eux, une fois, a eu la bonne idée de se faire piéger par Le Joker, et a confié à ce dernier des pouvoirs omniscients. Depuis ce jour, je me méfie des gens comme vous… J’ignore ce que vous êtes, mais vous êtes une bombe à retardement. Vous manipulez la réalité sans aucune conscience de ce que cela implique, en croyant qu’un simple changement de réalité n’entraîne aucune conséquence. Vous ignorez le principe de Lavoisier et de la conservation de la masse. »

Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme. La célèbre loi de Lavoisier, dont l’application immédiate était réservée à la chimie, avait connu une publication bien plus large.

« Quand vous modifiez la réalité, vous perturbez l’équilibre d’éléments physiques et quantiques dont la signification et l’étendue vous échappe. La réalité n’est pas une pâte-à-modeler que vous pouvez manipuler à votre guise. Je vous piste depuis un certain temps, depuis que vous avez affronté Power Girl à New York. J’ai vu votre inconséquence, votre immaturité, et tout ce que cela a engendré. »

Lex Luthor se rapprocha d’elle.

« Alors, combien de temps comptez-vous encore tenir avant de détruire la Terre par erreur ? Ou confier vos pouvoirs par inadvertance à un sadique psychotique qui refaçonnera le monde à son image ? De tels pouvoirs… Personne ne devrait les détenir, qui que vous soyez. »

« Ha ha ha! La bonne blague! Alors le type qui ne manipule pas la réalité est soudainement un expert en la matière. Et nous, qui la manipulons avant même que l’humanité vienne à exister, ne savons pas comment nous en servir. Quelle arrogance! Mais excellente blague, vraiment. J’ai toujours trouvé follement amusant les types dans votre genre. Qui parlent sans connaitre, qui se prétendent des experts alors qu’ils ne sont…

Rien. Déjà pour commencer, monsieur le criminel car c’est ce que vous êtes et donc décrédibilise les insanités que vous proférez, la Terre n’est pas en danger, certainement pas par moi. Il existe une puissance encore plus importante que les dieux eux-mêmes qui décide si oui ou non ce que nous modifions dans la réalité aura lieu de ou non. Une force si puissante que même si je décidais de détruire la Terre ici et maintenant devant vous…

La remettrait en place avant même que je finisse ma modification. Alors non. La Terre n’est pas en danger. L’existence n’est pas en danger. Si cette entité le permet, c’est que dans le grand ordre des choses, ou selon son envie, cela ne le dérange pas. De deux, j’ai été une génie. Exaucer des vœux, tout ça. Je ne suis pas stupide. J’ai mis des mécanismes dans des mécanismes dans des mécanismes en place. Cet exemple dont vous parlez? Impossible.

Je ne prétends pas être l’être le plus mature qui soit. Mais je suis loin d’être stupide. Si d’autres sont suffisamment imprudents pour donner des pouvoirs à des psychopathes, ce n’est pas mon cas. Je ne donne jamais de pouvoirs de cette importance de toute façon. Et j’ai perdu assez de temps avec vous, monsieur je ne sais rien du tout. Continuez de vous bercer de vos idées de grandeur si ça vous chante. Mais laissez-moi tranquille. »

Et hop! Me revoilà avec Carol, loin de ce fou qui pense qu’il en connait plus que moi sur la manipulation de la réalité. Vraiment, les mortels, des fois, ont plus d’arrogance que certains dieux dont j’ai croisé la route. C’est hilarant. Cet homme ne manipule pas la réalité. Il a dû voir un ou deux manipulateurs de réalité, peut-être qu’il a même pu en interroger un et voilà, c’est un expert. Peut-être que pour certains, les choses fonctionnent comme il le décrit. Peut-être. Mais c’est comme bien des choses. Pour arriver à deux, je peux faire un plus un. Ou quatre moins deux. Ou deux multiplié par un. Quatre divisé par deux. Manipuler la réalité par un n’est pas forcément la même façon pour l’autre. On peut le faire par magie, pouvoir divin, technologie… Il y a tellement de variations! Ce qui rend son discours encore plus ridicule. Je ne suis un danger pour personne…

Encore moins pour la planète. La discussion est close. S’il veut continuer de m’embêter, Carol va lui boxer le nez! Persécuter les gens ainsi sans avoir la moindre petite idée de son interlocuteur. C’est honteux. Scandaleux. Et je vais rester TRÈS près de Carol, des fois que. On ne sait jamais avec ce genre d’hurluberlus. Ils ont tendance à se prendre pour des sauveurs et penser que tous les sacrifices sont permis pour arriver à leurs fins. Aussi pire que des fanatiques! Power Girl est une super héroïne responsable. Si j’étais dangereuse, elle ne m’aurait pas laissé filer. Carol aussi est une super héroïne responsable. Elle garde un œil sur moi mais elle a bien vu que j’étais inoffensive! Alors non, vraiment, je ne vois aucune raison valable de me constituer prisonnière ou de me sentir mal. Je me sentirai mal quand j’aurai quelque chose à me reprocher, pas avant! Ainsi soit-il!

Quand Jeannie revint près de Carol, ce fut pour constater que Toyman avait été mis à l’arrêt. Le robot gisait au sol, et sa destruction avait court-circuité les jouets de Toyman.  La poupée vivante et grandeur humaine qu’était Toyman était au sol, neutralisée. Caroml se retourn avers Jeannie, et lui sourit en la revoyant. D’autres super-héros se trouvaient là, et on pouvait voir de multiples filaments de toile. C’était Spider-Man qui avait neutralisé le robot géant, en entoilant ses jambes, ce qui avait fait chuter ce dernier. Toyman était ainsi dans sa toile, et le Tisseur repartait déjà.

« Où étais-tu passée, Jeannie ? »

Jeannie lui résuma sa confrontation avec Lex Luthor, et Carol fronça les sourcils. Il se méfiait d’elle, et il voulait qu’elle évite de détruire le monde en manipulant la réalité.

« Eh bien… Lex Luthor n’aime pas beaucoup les métahumains. Mais il n’a pas tort sur un point, modifier la réalité n’est jamais sans conséquence. »

Elle disait ça sans aucune réelle expérience, mais Carol avait déjà vu la réalité être modifiée. Quand Wanda avait inversé le cours des choses, quand elle avait accru le gène X, Carol Danvers s’était réveillée dans une nouvelle temporalité où elle était une super-héroïne de premier plan… Bien loin de son statut actuel. Et, quand le sortilège de Wanda avait été inversé, Carol s’était retrouvée à sa place usuelle. Un simple changement, mais qui, pour le coup, était plutôt positif.

« S’ils en ont après toi, il faut partir d’ici, nous mettons inutilement la vie des citoyens en danger ! »

Carol se déplaça encore, se rapprochant de Jeannie, tandis que, dans le ciel, les super-héros fondaient vers la base flottante de Luthor…