Re: A Machine For Pigs [Shad]
Posté : 06 sept. 2024 18:02
Noerval écouta silencieusement la Okami parler. En tant que scientifique, il savait que l’odorat des Okamis était beaucoup plus développée que celui des humains. Ils pouvaient ainsi ressentir des choses que les humains ne ressentaient pas. Declan aussi le savait, et avait déjà utilisé cette faculté comme mode de preuve au tribunal. Il se souvenait ainsi d’une affaire ayant impliqué un meurtre avec préméditation commis près d’une auberge. Le seul témoin de la scène était un Okami qui servait dans l’auberge, et qui avait reconnu la forte odeur d’un parfum. À partir de cet odorat, la police avait mis sur place un échantillon de flagrances et de parfums, afin que le Okami indique de quel parfum il s’agissait. Il avait désigné un parfum sensuel qui dégageait des aphrodisiaques et attisait l’excitation des hommes. La police avait alors découvert que le criminel était en réalité une femme, l’une des amantes de ce monsieur, qui aimait batifoler auprès des dames. Un crime passionnel. Declan, qui avait défendu le criminel, avait essayé de soulever l’irrégularité des preuves de l’accusation, en soutenant que l’odorat d’un Okami ne constituait pas un mode de preuve recevable. Le tribunal ne l’avait pas suivi, et le prévenu avait été condamné à dix ans de réclusion criminelle. Declan avait hésité à faire appel, mais sa cliente avait refusé.
Le docteur connaissait ces histoires, car il avait justement écrit, dans une revue scientifique, un très bel article sur les modes de preuve originaux pouvant être produits en justice, un sujet qui le regardait, car les odeurs des Okamis avaient fait l’objet de débats entre experts : fallait-il en tenir compte, ou non ? Quand un Okami indiquait sentir de la moisissure dans une maison, les experts en bâtiment avaient tendance à en tenir compte. Par analogie, Noerval avait également décidé de relever ce que les Okamis disaient, et nota donc, dans son calepin, la référence à des « odeurs de viande ».
« Il est temps d’y aller, alors... Surtout, ne me dérangez pas, et ne posez pas de questions. »
Il retourna le cadavre, et effectua une série de tests, utilisant des sondes, des scalpels, et différents instruments, prenant des mesures, des relevés, notamment sur la profondeur des trous dans son dos. Il fit même un petit schéma, en respectant les proportions. Lumen n’ayant pas d’appareils photos, les médecins apprenaient, au sein de leur formation, à dessiner, afin de retranscrire sur leurs notes les observations visuelles. Il dessina avec une précision redoutable l’emplacement des trous, indiquant, à côté, en marge, la profondeur des trous, qui était à chaque fois la même : plusieurs centimètres. Les seringues s’étaient profondément enfoncées, et, en faisant d’autres relevés et autres prélèvements, notamment sur le sang, il supposa que toutes les seringues s’étaient enfoncées ne même temps.
C’est à partir de l’absence notable de sang dans son corps que Noerval put, après une bonne heure, diagnostiquer, sans aucun doute possible, sa mort.
« Il est mort de déshydratation et d’insuffisance sanguine dans son corps... Comme si une espèce de vampire avait ponctionné tout son sang, mais je n’ai vu nulle trace de morsure sur son cou, ses poignets, ou ses chevilles. »
En revanche, il avait remarqué, en utilisant une bougie, que les trous menaient à des veines qui avaient été ouvertes, ainsi qu’à des organes. Des endroits parfaits pour ponctionner le sang. Il analysa également la marque, la réécrivant sur son calepin, essayant de traiter le corps pour mieux la discerner, mais sans réel succès.
« Il a été marqué au fer rouge », signala-t-il.
Il analysa également les griffures, en analysant la profondeur, la taille, la régularité, ainsi que les morsures sur son corps.
« Les griffures sont peu profondes, et correspondent aux traces laissées par les nuisibles habituels des égouts, comme les noyeurs. Du moins, à première vue... Je ferais une comparaison plus détaillée dans mes archives, en comparant mes observations avec d’autres, mais il est en tout cas sûr qu’elles ont été infligées post-mortem. Pour les morsures, en revanche... »
L’homme avait été partiellement dévoré, mais l’empreinte des gencives, leur profondeur, ne correspondaient pas aux noyeurs, ni même aux classiques créatures nécrophages vivant dans les profondeurs de la ville. Tout était cependant faussé du fait que la victime avait passé un certain temps dans l’eau.
« L’eau peut avoir déformé les marques, les avoir agrandies, par exemple... »
En conclusion, Noerval estima que la victime était bel et bien morte de ces trous, qui avaient servi drainer son sang, à une finalité qui lui était inconnue. Son corps rachitique et maigrichon s’expliquait par des mauvais traitements qui duraient depuis des semaines : une sous-alimentation criante, une déshydratation galopante, et un pompage régulier de son sang.
« Impossible de dire avec certitude si les morsures infligées sont ante ou post-mortem. Il faudra procéder à des analyses plus poussées, mais avec une véritable équipe, et dans un laboratoire. En conclusion, il est donc certain que cet individu a été tué par quelque chose qui n’est pas une créature... À moins qu’il n’existe à Lumen une créature capable de planter une dizaine de pointes dans le corps d’un homme pour lui pomper le sang, et ce de manière régulière. Je laisserais la police en tirer les conclusions juridiques qui leur sembleront les plus adaptées. »
Il avait terminé.
Le docteur connaissait ces histoires, car il avait justement écrit, dans une revue scientifique, un très bel article sur les modes de preuve originaux pouvant être produits en justice, un sujet qui le regardait, car les odeurs des Okamis avaient fait l’objet de débats entre experts : fallait-il en tenir compte, ou non ? Quand un Okami indiquait sentir de la moisissure dans une maison, les experts en bâtiment avaient tendance à en tenir compte. Par analogie, Noerval avait également décidé de relever ce que les Okamis disaient, et nota donc, dans son calepin, la référence à des « odeurs de viande ».
« Il est temps d’y aller, alors... Surtout, ne me dérangez pas, et ne posez pas de questions. »
Il retourna le cadavre, et effectua une série de tests, utilisant des sondes, des scalpels, et différents instruments, prenant des mesures, des relevés, notamment sur la profondeur des trous dans son dos. Il fit même un petit schéma, en respectant les proportions. Lumen n’ayant pas d’appareils photos, les médecins apprenaient, au sein de leur formation, à dessiner, afin de retranscrire sur leurs notes les observations visuelles. Il dessina avec une précision redoutable l’emplacement des trous, indiquant, à côté, en marge, la profondeur des trous, qui était à chaque fois la même : plusieurs centimètres. Les seringues s’étaient profondément enfoncées, et, en faisant d’autres relevés et autres prélèvements, notamment sur le sang, il supposa que toutes les seringues s’étaient enfoncées ne même temps.
C’est à partir de l’absence notable de sang dans son corps que Noerval put, après une bonne heure, diagnostiquer, sans aucun doute possible, sa mort.
« Il est mort de déshydratation et d’insuffisance sanguine dans son corps... Comme si une espèce de vampire avait ponctionné tout son sang, mais je n’ai vu nulle trace de morsure sur son cou, ses poignets, ou ses chevilles. »
En revanche, il avait remarqué, en utilisant une bougie, que les trous menaient à des veines qui avaient été ouvertes, ainsi qu’à des organes. Des endroits parfaits pour ponctionner le sang. Il analysa également la marque, la réécrivant sur son calepin, essayant de traiter le corps pour mieux la discerner, mais sans réel succès.
« Il a été marqué au fer rouge », signala-t-il.
Il analysa également les griffures, en analysant la profondeur, la taille, la régularité, ainsi que les morsures sur son corps.
« Les griffures sont peu profondes, et correspondent aux traces laissées par les nuisibles habituels des égouts, comme les noyeurs. Du moins, à première vue... Je ferais une comparaison plus détaillée dans mes archives, en comparant mes observations avec d’autres, mais il est en tout cas sûr qu’elles ont été infligées post-mortem. Pour les morsures, en revanche... »
L’homme avait été partiellement dévoré, mais l’empreinte des gencives, leur profondeur, ne correspondaient pas aux noyeurs, ni même aux classiques créatures nécrophages vivant dans les profondeurs de la ville. Tout était cependant faussé du fait que la victime avait passé un certain temps dans l’eau.
« L’eau peut avoir déformé les marques, les avoir agrandies, par exemple... »
En conclusion, Noerval estima que la victime était bel et bien morte de ces trous, qui avaient servi drainer son sang, à une finalité qui lui était inconnue. Son corps rachitique et maigrichon s’expliquait par des mauvais traitements qui duraient depuis des semaines : une sous-alimentation criante, une déshydratation galopante, et un pompage régulier de son sang.
« Impossible de dire avec certitude si les morsures infligées sont ante ou post-mortem. Il faudra procéder à des analyses plus poussées, mais avec une véritable équipe, et dans un laboratoire. En conclusion, il est donc certain que cet individu a été tué par quelque chose qui n’est pas une créature... À moins qu’il n’existe à Lumen une créature capable de planter une dizaine de pointes dans le corps d’un homme pour lui pomper le sang, et ce de manière régulière. Je laisserais la police en tirer les conclusions juridiques qui leur sembleront les plus adaptées. »
Il avait terminé.