The Multiversity

Reine Verrières était décidée. Lucinda acquiesça lentement. Retrouver le Premier Shoggoth… Cela supposait toutefois que la théorie sur leur origine soit fondée. Aussi intelligente et cultivée soit-elle, Lucinda en savait encore très peu sur la Grand-Race de Yith. D’après ce que Flagg, son ancien mentor, lui avait dit, les Anciens étaient, soit morts, soit avaient renoncé à leur enveloppe physique, et étaient revenus à la Tour. On disait surtout d’eux que les shoggoths avaient fini par se rebeller, par les dévorer et par les massacrer, le tout sous l’influence des Grands Anciens. Restait encore aussi à déterminer la relation confuse entre les Anciens et les Grands Anciens.

« J’ai une petite idée… Mon ancien mentor cherchait, comme moi, la planète d’origine de la Grand-Race de Yith. Yuggoth.[/color] »

Yuggoth… Une planète très mystérieuse, elle aussi, qu’on disait comme étant une planète centrale pour les Grands Anciens, leur base dans ce Multivers.

« Retrouver ce monde est la priorité de ma fille… Peut-être que je pourrais t’associer à cette quête, lorsqu’elle reviendra nous voir. »

La main de Lucinda se déplaça, et caressa alors le visage de Reine Verrières, affectueusement.

« Cela me laissera le temps de t’examiner un peu, et de voir de quoi tu es capable, et de te séparer de ta mère. »

De son côté, Lissetie se posait sans aucun doute moins de questions que Reine Verrières. Elle faisait l’amour avec sa mère, s’enfonçant en elle. Le corps de Lissandre n’était pas inerte, il réagissait, même si Lissandre continuait à flotter dans cet état second, entourée par toutes les Erubetie. Lissetie manifesta à nouveau sa volonté de rejoindre Erubetie lors de leurs missions, de leurs campagnes sexuelles.

« Il faudra demander à Maîtresse…
-  Mais la Reine acceptera sûrement, je ne vois aucune raison qu’elle te repousse ! »

Aucune, en effet, car Erubetie était après tout tellement adorable !

Reine Verrières accueillit la caresse sur son visage. Elle ne recula pas. Signe de soumission ? Réelle marque d’affection d’une femme qui sait déjà qu’elle doit cacher ses faiblesses ? Reine Verrières préféra ne pas réfléchir et profiter de ces quelques instants de « bonheur ». De lâcher prise.

Puis elle reprit son sérieux.

« Très bien. Dans ce cas, retournons voir ma famille. »

Ses yeux regardèrent tout autour d’elle, à la recherche de la sortie à emprunter.

« A moins que nous ayons encore quelque chose à faire ici ? »

***

Lissetie adorait faire l’amour à sa maman. C’était si bon. Tendre et à la fois si déchaîné. Difficile à expliquer. Mais Lissetie s’en fichait des explications. Les sensations avant la réflexion. Elle n’était pas faite dans le moule de celles qui jouent aux échecs ou dirigent des mondes.

« Je finis d’épuiser maman et on ira demander à votre Maîtresse. »

Quelques coups de bassins plus tard.

« De toute façon, je crois que j’apprends très vite. Je crois que je deviens très bonne à faire l’amour à maman. A moins que je ne doive dire « baiser » ? Avec mon air innocent, je suis sûre que ça donne un petit effet de plus, oui ? »

Lissetie était vraiment faite pour le sexe. Ce petit sourire mutin ? Cette aisance naturelle à rentrer et sortir de n’importe quel orifice ? Peut-être même que la Slime Bleue y voyait une élève prometteuse voire une rivale qui lui donnerait du souci plus tard ?

Reine Verrières et Lissetie firent bonne impression. Quand Lissandre émergea, plus tard, elle était dans un grand lit, avec une forme qui dormait sur elle. C’était une chambre assez atypique, tranchant avec l’atmosphère gothique du château, car elle était… Toute rose. Il y avait de grosses peluches s’étalant sur tout un pan du mur. Les murs en rose pastel étaient assez impressionnants, donnant à l’ambiance de cette chambre quelque chose de particulier. Mais Lissandre constata surtout que la forme endormie contre elle émergea doucement, levant une tête. Lissandre portait toujours sa combinaison rose moulante en latex, et pouvait sans doute avoir l’impression de planer un peu… Elle sentit des oreilles de lapin frotter son visage, et, quand la silhouette devant elle se releva, Lissandre put voir… Sa Mélona !

« Maman Lissandre ! »

Un rêve ? Non, et Mélona se pencha vers elle pour l’embrasser, confirmant que Lissandre ne vivait pas. Elle s’était réveillée dans la chambre de Mélona au sein du palais de la Reine Noire, et Mélona se blottit contre elle.

« Mélona a mis du temps à se réveiller… Désolée, Maman Lissandre, j’aurai aimé t’accueillir dès ton arrivée ici ! »

Mélona l’embrassa encore, visiblement sincèrement très heureuse de la retrouver. Elle resta encore chaudement contre elle, frottant son visage dans le creux de son cou.

« Tu as rencontré d’autres Slimes, non ? Je sens l’odeur d’Erubetie sur toi… »

La langue de Mélona glissa sur la joue de Lissandre, la caressant tendrement.

« Maman a bien dormi ? »

Chaque baiser de sa Mélona était une arme de destruction massive contre sa capacité à réfléchir. Chaque baiser étant un présent qui l’ancrait justement dans le présent. Et Lissandre était heureuse. Elle se sentait bien collée contre sa Mélona dans une chambre rose.

« Dormi ? Hum… Je ne me souviens même pas m’être endormie. J’ai fait un rêve… Waouh ! Si seulement tu avais fait le même que le mien, ma Mélona. C’était… c’était, oui, c’était le genre de film que j’aurai aimé réaliser, créer et jouer. C’était incroyable. »

Mais comme un rêve, plus elle se focalisait dessus, plus les détails devenaient flous. Après tout, il y avait tant de choses étranges autour d’elle. Quelle était cette pièce ? Quand s’était-elle endormie ? Que faisait-elle avant ? Lissandre avait des difficultés à se souvenir tant elle se sentait bien. Sa main glissa d’ailleurs sur son ventre tout rose de latex moulant, comme si elle cherchait à raviver les émotions floues de sa mémoire diffuse.

« Je crois que j’ai du mal à émerger, ma Mélona. Mais je me sens en pleine forme. Peut-être pas physiquement car je crains d’avoir des courbatures, même si je ne comprends pas bien pourquoi, mais ma santé mentale est excellente ! »

Elle était tant heureuse qu’elle l’embrassa.

« Attends, tu m’as dit que j’avais rencontré d’autres slimes ? Erubetie ? Tu es en train de me dire que la Slime Bleue, Reine Verrières et Lissetie ne sont pas le produit de mon imagination ? »

Sa voix était encore assez calme. Mais elle sentait l’excitation monter à gros bouillons. Si tout était vrai, alors elle était dans le château de la mère de Mélona dans un autre monde. Si c’était vrai, elle avait été le réceptacle de la meilleure orgie de sa vie. Si c’était vrai et c’était probablement le plus incroyable : sa famillle s’était encore agrandie de deux membres incroyables et slimesques !

« Mais WAOUH, quoi ! Ah ah !! »

Se réveiller en compagnie de Mélona était assurément une très bonne chose. Heureuse de revoir Mélona, Lissandre l’embrassa, et Mélona répondit goulûment à son baiser. Elle indiqua ensuite à sa fille adoptive avoir fait un curieux rêve, tout en se sentant très bien. Puis Lissandre sembla alors réaliser qu’elle n’avait pas rêvé, et croisa le regard de Mléona. Celle-ci cligna des yeux à plusieurs reprises, puis pouffa alors, en posant ses deux mains sur sa bouche. On aurait pu croire y voir une jeune fille qui était en train de rire devant une plaisanterie de sa mère.

« Maman plaisante ! Nous sommes chez ma Maîtresse ! Maman s’est beaucoup amusée pendant que Mélona dormait… »

Mélona avait vu tout cela comme dans un rêve. S’asseyant sur le lit, Mélona étira ses bras.

« Mélona est désolée de ne pas être venue pour présenter à sa Maman le château, mais il fallait que Mélona restructure son corps. »

Les Slimes n’avaient pas besoin de dormir, mais on pouvait comparer ce rituel à une forme de sommeil. La Reine Noire n’était pas encore venue, semblant visiblement offrir à Lissandre ce moment d’intimité avec Mélona. Après tout, avant d’être prise par les Slimes, elle était venue ici pour en savoir plus sur Mélona, et s’était à un moment inquiétée, souhaitant la revoir. Mélona lui expliqua que c’était la Reine Noire qui l’avait emmené après qu’elle ait fait l’amour avec Erubetie, et l’avait déposé dans le lit. Qu’elle ait déposé Lissandre dans le lit de Mélona était donc un signe fort sur la bonne relation que Lucina souhaitait construire avec elle. Quant à Reine Verrières et Lissetie, elles existaient, bien sûr, mais Mélona ignorait encore où elles étaient. Si elle avait vu en rêve certaines scènes, c’était du fait de sa Maîtresse. Mais elle l’avait laissé seule avec sa Maman.

Mélona se rapprocha de son meuble à peluches, et attrapa une poupée, puis la présenta à Lissandre. C’était… Une poupée d’elle-même !

« Mélona l’a conçu elle-même… Pour l’offrir à sa Maman ! »

Savoir que sa Maman était venue jusqu’ici, bravant ses appréhensions vis-à-vis de sa Maîtresse… Cela ne pouvait que faire plaisir à Mélona, ravie d’avoir sa Maman avec elle !

« Elle est mignonne. »

Lissandre récupéra la poupée tendue par Mélona.

« Tout comme la grande version. »

Elle lui fit un clin d’œil accompagné d’un sourire. Puis Lissandre s’assit en tailleur sur le lit, prenant conscience de la situation et des nouvelles informations acquises.

La pensée traversa : est-ce que cette poupée était également une petite slime ? Ou était-ce véritablement un doudou comme les enfants en avaient pour dormir la nuit ? Mais Mélona ne dormait pas. Elle se « restructurait ». Un terme étrange, trop adulte, trop réaliste dans la bouche de sa pétillante et rose Mélona. Et donc, étant donné qu’elle réfléchissait, son visage se ferma. Ses sourcils se froncèrent un peu. Elle le remarqua à la réaction qui commençait à s’inquiéter de Mélona.

« Tout va bien. Regarde, je souris. J’étais simplement en train de réfléchir. Tu vis dans un environnement incroyable, Mélona. Et tu as une famille exceptionnelle. Je suis un peu intimidée par tout ça. Mais j’ai l’impression que ta famille m’a déjà accepté. Et j’en suis très heureuse ! »

Puis elle se leva, se dirigeant vers la porte.

« Je viens de me réveiller. Tu me montres le chemin pour aller manger ? Je suis sûre qu’il y a pleins de bonnes choses sucrées pour faire un bon petit déjeuner. Puis, j’aimerais bien qu’on soit toutes à table. Moi, toi, belle-maman, Reine Verrières et Lissetie. »

Lissadre tendit ensuite sa main vers Mélona pour qu’elle s’en saisisse.

Il ne faisait aucun doute que ce mot avait été entendu par Mélona de la part de sa Maîtresse… Restructuration. Elle avait parfois encore du mal à le prononcer, mais elle était heureuse, si heureuse de revoir sa Maman ! Sa maîtresse l’avait accepté, et Maman avait même produit deux Slimes ! Pour Mélona, tout cela était incompréhensible, mais elle faisait confiance à sa Maîtresse pour tout lui expliquer.

Maman Lissandre demanda alors un petit-déjeuner en compagnie de tout le monde. Mélona posa un doigt sur ses lèvres, signe qu’elle réfléchissait. Les Slimes n’avaient pas les mêmes besoins gustatifs que les humains, mais, quand on était au château, il y avait effectivement un réfectoire commun.

« Je vais t’y conduire, Maman ! »

Aussi enjouée qu’à l’habitude, Mélona semblait même déborder d’énergie. Elle n’avait pas besoin de se restructurer tous les jours, mais, quand elle le faisait, cela équivalait à une grosse nuit de sommeil. Elle attrapa la main de sa Maman, et les deux femmes sortirent de la chambre par une porte. Le château de la Reine Noire restait un château médiéval, mais où la magie était omniprésente. Les portes s’ouvraient ainsi parfois toutes seules sur leur passage.

Elles rejoignirent un escalier en marbre, et descendirent, jusqu’à rejoindre le réfectoire. Il y avait en réalité un grand-nombre de gens, y compris les simples sujets de la Reine. En arrivant dans le réfectoire, Mélona montra du doigt le fond de la pièce. La Reine Noire siégeait sur une table surélevée, et, quand Lissandre se rapprocha, elle put voir deux couleurs émerger du corps de la Reine Noire : une couleur bleue et une couleur rouge.

Tandis qu’elle rejoignit la table de la Reine, les deux couleurs se matérialisèrent, et elle put voir Reine Verrières et Lissetie se dresser derrière la Reine Noire. Mélissandre s’agita contre le corps de Lissandre, et la Reine Noire sourit doucement, laissant Lissandre s’asseoir à côté d’elle, une chaise s’écartant d’elle-même pour qu’elle puisse s’asseoir.

« Je te souhaite le bonjour, Lissandre. Comme tu vois, tes filles vont bien. »

On pouvait noter que, si Lissetie semblait plus heureuse, Reine Verrières gardait un air plus altier, sa main posée sur l’épaule de la Reine Noire, comme pour signifier qu’elle se voyait d’abord comme une souveraine.

« Elles ont dormi en moi pendant que tu te reposais, expliqua la Reine Noire. Il faudra voir ce que tu souhaites faire d’elles. Lissetie a envie d’être avec Erubetie, et Reine Verrières… Je peux me tromper, mais quelque chose me dit qu’elle n’a pas envie de vivre avec toi comme Mélona. »

Devant Lissandre, il y avait une assiette vide.

« Ah, et si tu veux manger, pense à ce que tu souhaites manger »

Lucinda pensa par exemple à un croissant, et celui-ci se forma dans son assiette. Mélona, de son côté, préféra rejoindre Lissetie, et la salua de la main… Visiblement heureuse de voir d’autres Slimes !

Lissandre était à la fois heureuse, excitée et anxieuse de découvrir Lissetie, Reine Verrières et sa Belle-Maman toutes les trois en face d’elle. Sa famille était réellement si grande que cela maintenant ! Jamais elle n’aurait pu penser à un tel scénario il y avait un an de cela. Comme quoi, la vie était avant tout totalement imprévisible.

*Et c’est très bien comme ça ! Le pire adversaire n’est pas un cauchemar de type Cthulhu. Le pire ennemi est l’Ennui. *

« Bonjour, Erubetie. Bonjour, Reine Verrières. Et bonjour à vous, Belle-Maman. »

C’était si étrange de dire tout cela à voix haute. Le nom de ces deux filles. La filiation nouvelle avec cette reine charismatique. Sans compter tout ce que cela impliquait. Elle avait tellement de questions. Comme le fait que les slimes avaient dormi « au-dedans » de la Reine Noire ?

*Mais d’abord, manger ! *

Des frites apparurent dans son assiette… à côté d’une bonne dose de chantilly.

« Ah ah. Bien sûr que non je ne vais pas mélanger les deux ensembles. Mais je crois qu’imaginer des frites dans un château médiéval était uchronique. Puis il y avait Mélona, j’étais obligé de penser à du sucré. »

Lissandre se régala d’abord des frites et observa en silence la grande salle où tous mangeaient. C’était rassurant de voir du monde autre qu’elle et la Reine Noire. Ce lieu devenait « vivant » et non plus une sorte de forteresse de solitude ou de maison hantée.

Puis elle pensa à du poulet recouvert de chapelures pour accompagner les frites. Elle se rendait compte, en commençant à manger, qu’elle avait grand appétit !

« Je ne comprends pas ce que ça veut dire que mes filles aient dormi en vous. J’ai déjà des difficultés à accepter le fait que j’ai deux nouvelles filles. En quelque sorte ? Parce que ce n’est pas vraiment une création normale ? Bref. Je ne comprends pas tout mais, s’il y a bien une chose que je comprends et respecte : c’est la liberté. Le désir de vivre selon ses pulsions et ses rêves. Alors, si Lissetie veut passer du temps avec Erubetie. Je l’accepte. Si Reine Verrière désire… faire ce qu’elle veut faire : je l’accepte également. Bien entendu, il y a comme une partie de mon cœur qui souffre déjà à l’idée de séparations. Mais ce serait vraiment hypocrite de ma part de les enfermer. J’ai toujours lutté pour vivre. J’ai brisé les chaînes de ma famille et son carcan lié à sa richesse. J’ai brisé les chaînes professionnellement en m’incrustant dans le milieu pornographique. Et tant d’autres chaînes. Alors… »

Lissandre regarda en silence Lissetie. Il y avait une telle joie sur cette bouille. Il était clair qu’elle avait pris beaucoup de gêne de la jovialité naturelle de sa Mélona. Elle hocha de la tête pour lui donner son accord.

Puis elle regarda Reine Verrières. Son nom. Son port. Son expression. Tout indiquait la femme de pouvoir. Lissandre se sentit « inférieure » à cette aura qu’elle dégageait.

« Toi aussi j’accepte que tu embrasses ta destinée. Mais je voudrais en entendre davantage. Je me doute que vous avez parlé toutes les deux. Et j’aimerai entendre ce que vous avez prévu de faire. »

Lissetie était dans le dos de Mélona. Elle glissa ses bras autour de la taille de Mélona et posa son menton sur son épaule. Toutes les deux observaient la conversation naissante du reste de la famille. Il y allait avoir trop de mots et de réflexions pour elles deux.

Ici, dans sa dimension, Lucinda n’était pas qu’une simple souveraine, elle était aussi une Déesse. L’abondance de ressources était donc l’une des choses qu’elle pouvait faire, grâce à la magie. Lissandre sembla s’en amuser un peu, tandis que Mélona restait sage, oscillant entre sa mère et sa Maîtresse. Elle avait ses réserves d’énergie pleines et entières, maintenant qu’elle avait « dormi ». Et Mélona n’avait en soi jamais faim. Ses besoins étaient différents de ceux des humains. Elle hésitait donc. Lucinda était à proximité de Lissandre, entourée par ses Slimes, et laissa Mélona se rapprocher d’elle. Elle semblait surtout intriguée par Reine Verrières et par Lissetie, mais se rapprocha naturellement de Lissetie, qui semblait plus accueillante que Reine Verrières. Lissandre s’exprima ensuite, indiquant qu’elle laisserait aux Slimes le soin de faire ce qu’elles voulaient.

« C’est une décision assez sage… Même si, techniquement, et sans vouloir t’offenser, ces Slimes sont avant tout les enfants de Mélissandre. Enfin, tu y as contribué, bien sûr, mais tu es une humaine, et ce sont des Slimes. Leur place n’est pas dans un monde comme la Terre. Cela ne signifie pas non plus que tu ne pourras jamais les voir, bien sûr… Mais, si tu veux concevoir une vraie famille humaine aimante, compte plutôt sur ta Fönn et sur vos enfants à venir. »

Lucinda était visiblement au courant de la vie privée de Lissandre. Dans son monde, peu de choses pouvaient lui échapper. La Reine Noire se déplaça, et s’assit à côté de Lissandre. Sa main alla doucement lui caresser les cheveux.

« Les Slimes ont des mentalités de fonctionnement très différentes de nous, alors il ne faut pas te familiariser… Néanmoins, elles ont une partie de ta personnalité. Même Reine Verrières, sa soif de pouvoir vient de toi… Je ne te savais pas si ambitieuse. Mais, après tout, pour avoir eu le courage de suivre Mélona dans l’inconnue pour rencontrer une magicienne comme moi, il faut bien avoir un peu de sang-froid, non ? »

Difficile de savoir où Lucinda voulait en venir, alors elle poursuivit :

« Tu m’intrigues, tu sais… Pour une femme sans pouvoir, la magie fonctionne très bien chez toi… Ce Slime que toi et Mélona avez conçu… Ces deux autres Slimes. Je me demande s’il n’y a pas un pouvoir caché en toi. Le bébé que j’ai senti en gestation chez toi n’est pas totalement humain, cela vient peut-être de là ? Tu avais des sorcières ou des magiciennes dans ta famille ? »

Ses origines ? Lissandre était prise de court. Elle n’avait pas pensé un seul instant qu’elle se mettrait à faire de l’accro-branche dans son arbre généalogique. Par contre, l’idée de posséder un potentiel magique latent, même passif faisait battre son cœur plus intensément.

« Je ne pense pas. Enfin, jusqu’à aujourd’hui, ma famille était très bourgeoise. Très ordinaire. Très chiante, en fait. Je ne suis pas en froid avec eux, il m’arrive de correspondre un peu avec ma grande sœur mais je ne pourrais pas dire qu’on a une relation fusionnelle. Et, vu qu’on devait toujours agir selon la bonne-étiquette, le savoir-vivre et tout ce corpus de règles, de non-dits et de silence : je réalise à quel point mon passé de Verrières ne m’a jamais attiré. Désolé. »

Elle l’était. Vraiment. De ne pas avoir des réponses pour Lucinda, pour l’aider à démêler le mystère de sa vie concernant ses slimes.

Sa main se porta à son ventre. Oui, elle avait aussi cette deuxième famille. Pour une femme qui pensait rester célibataire encore des dizaines d’années pour se consacrer à ses projets et changer le monde autour d’elle : la vie lui avait fait un pied de nez. Voilà que c’était tout son monde interne qui changeait. Et que tous ses projets y étaient désormais attachés.

« C’est vrai. Je suis enceinte. Et pourtant, j’ai sauté sans réfléchir dans ce passage entre deux mondes. Ma curiosité est si puissante que j’ai laissé la femme de ma vie derrière moi sans même la prévenir… »

Les remords l’assaillaient comme un essaim de petites bêtes. Lissandre réalisait qu’elle s’en voulait vraiment. La puissance de la curiosité était moindre que les soucis qu’elle se faisait pour sa Fönn. Il fallait qu’elle la prévienne. Lui dire que tout allait bien. Mais… elle ne voulait pas non plus quitter sa belle-maman et tout ce qu’elle avait à offrir.

« Vous pensez qu’on pourrait prévenir Fönn ? Lui faire savoir que je vais bien ? J’ai peur qu’elle s’inquiète. Et cette peur pourrait m’empêcher d’être à 100% dans cette expérience avec vous toutes. »

Elle regarda Lucinda, mais aussi Mélona, Lissetie et Reine Verrières. Et, waouh, cette dernière avait un tel regard… C’était perturbant. C’était comme faire face à une émotion humanisée. Lissandre faisait face à sa soif de puissance. Une soif si démesurée qu’elle avait donné naissance à une slime ?

« Rhaaa ! Je suis perdue. »

Elle se leva en se tenant la tête. Autrefois, son chemin était clair. Elle pouvait visualiser le nombre de merdes, de galères et de problèmes. Mais la voie était claire. Elle l’avait tracée. Aujourd’hui, elle avait la sensation de se trouver dans un carrefour qui partait dans tous les sens. En 2D ? Pas seulement. En 3D ? Presque. En 4D, oui !

« Pardon. Je suis désolée. »

Pourquoi se mettait-elle à pleurer ? Est-ce qu’elle se sentait dépassée à ce point ? Ca ne lui était jamais arrivé. Elle avait pourtant tant de belles choses dans la vie et… Oui. C’était ça. Elle regarda toutes les femmes qui l’entouraient. Et alors les larmes devinrent des petits sourires liquides. Oui, c’était ça l’explication. Elle avait tant à perdre aujourd’hui. Tant de choses à protéger. Et seule, elle ne pourrait plus le faire.

« Je suis désolé. C’est juste que je suis si heureuse, aujourd’hui. Et je crains de perdre ce bonheur. Désolé. Je me sens si faible et si comblée à la fois. C’est un mélange très perturbant à ressentir. Je vous aime toutes. Toutes ! »

La Reine Noire resta silencieuse tandis que Lissandre, reprenant peu à peu ses esprits, constatait qu’elle était désorientée. Elle était face à sa belle-mère, à Mélona, et à ses filles… Tout en étant loin de Fönn, sa petite-amie, et même sa promise. Il y eut un surplus d’émotions, ce qui interloqua Lucinda. Mélona se rapprocha alors, et attrapa doucement les poignets de Lissandre, croisant son regard.

« Maman Lissandre… Pleure ? »

Lucinda se déplaça alors :

« Toutes les larmes n’expriment pas la souffrance, Mélona. Ta mère adoptive fait face à un surplus d’émotions, cela la submerge. Sois une gentille fille, et fais-lui un câlin.
-  Oh, Maman ! »

Mélona se pressa alors contre Lissandre, et serra ses bras autour de sa taille, appuyant sa tête sur ses seins en soupirant doucement. Lucinda se déplaça encore, et caressa le visage de Lissandre, glissant sa main sur ses cheveux.

« Tu as l’air de tenir beaucoup à cette Fönn… Je vais envoyer l’une de mes concubines la chercher, et lui demander de venir ici. Enfin, ce n’est pas comme si tu étais incarcérée ici, mais j’aime ta compagnie. »

Dit comme ça, c’était assez adorable. Lucinda se pencha alors vers Lissandre, et l’embrassa doucement sur les lèvres. Sa main descendit dans la foulée, et glissa sur le dos de Lissandre. Elle caressa ensuite son postérieur, souriant doucement à celle-ci.

« Tu n’as pas à être désolée… Il est possible que ta famille ait eu des sorciers ou des sorcières… Les gènes sautent parfois plusieurs générations, et, souvent, les pouvoirs magiques restent latents, enfermés… Alors, je ne sais pas si tu es vraiment une magicienne, mais je sais que la manière dont tu interagis avec Mélona est exceptionnelle. Quant à Lissetie et Reine Verrières… Plus je les observe, et plus je peine à voir en elles de vraies filles. Elles seraient plutôt… Des clones. »

Cette analyse semblait être la plus juste pour Lucinda.

« Chacun de tes clones s’inspire de l’un des éléments qui te caractérise… La luxure pour Lissetie, et l’ambition pour Reine Verrières. Après tout, ambitieuse, il fallait bien l’être pour te rendre chez moi, non ? Ce sont des miroirs de toi-même… Elles sont fascinantes, tu ne trouves pas ? »

« Fönn sera bientôt ici ? C’est génial. Merci. Vraiment, sincèrement, merci ! »

Lissandre pensa à embrasser d’un gros smack bruyant la joue de sa belle-maman. Puis, étant donné que cette dernière l’avait embrassé sur la bouche : elle l’embrasse également sur les lèvres.

« Vous allez voir à quel point elle est formidable ! Et magnifique ! Et, bref, vous allez comprendre pourquoi c’est la femme de ma vie. Ah, je suis si heureuse que toute ma famille se retrouve et apprenne à se connaître toutes ensemble. »

Son arbre généalogique. Ca devenait véritablement un sujet majeur au fur et à mesure qu’on parlait de ses probables gênes de magicienne. Peut-être qu’une de ses ancêtres étaient liées aux massacre de Salem ? Vu qu’elle était française, peut-être fallait-il chercher un lien avec l’immolation de Jeanne d’Arc ? Lissandre ne savait plus. Elle n’était même pas sure de réfléchir de la bonne façon. Après tout, pourquoi associer la Pucelle d’Orléans aux vieilles femmes aux nez crochus touillant encore et encore leurs marmites dégueulasses ? Elle n’en savait rien. Mais elle avait un nouveau mystère à éclaircir. Jouer le détective de sa propre vie : intéressant.

« Oui, ce sont peut-être des clones. »

Lissandre vit Reine Verrières plisser son nez d’insatisfaction à cette remarque. Elle qui tenait tellement à sa vie, son caractère, son unicité.

« Mais je pense qu’on se fiche rapidement si oui ou non c’est un clone, un bébé-éprouvette ou un bébé normal. Parce que, la vie ne se définit-elle pas par les expériences vécues ? Les expériences qui changent plus ou moins profondément une âme ? Des bébés jumeaux partagent certes des traits communs. Mais s’ils se marient, ils auront forcément une expérience de vie différente ? Même en imaginant qu’ils se marient à d’autres jumeaux : quelle pourrait être la probabilité qu’ils donnent naissance à exactement les mêmes enfants chargés exactement du même bagage ADN ? »

La maman de Lissetie et Reine Verrières se leva alors. D’abord en faisant quelque pas pour rencontrer la Luxure qu’elle incarnait.

« Un baiser, Lissetie ? »

Dans les yeux de cette dernière, ce fut une explosion d’étoiles. Elle acquiesça de la tête comme une enfant. Et Lissandre la récompensa.

Elle se retourna ensuite, tendant la main pour que Mélona la rejoigne. Elle voulait passer tellement de temps avec sa famille. L’éloignement avec chacune d’entre elle semblait la pire des choses. Une nouvelle peur s’était implantée en elle. La peur de l’éloignement. La peur de la disparition. La peur de la mort. La peur de l’oubli.

Puis Lissandre alla devant Reine Verrières.

« L’Ambition, alors ? Oui, tu as le regard d’une Reine. Je ressens une force intense en toi. Quelque chose qui me fait vibrer. Tu ne serais pas d’une façon ou d’une autre le fruit de mes entrailles, je crois que je me sentirais inférieure et mal à l’aise à être si proche de toi. Ne t’inquiète pas, je ne t’embrasserais pas comme je viens de le faire avec Lissetie. »

Elle tendit alors une main vers Reine Verrières.

« Je compte sur toi. »

Quelques mots. Une phrase simple et banal en apparence. Mais Lissandre passait un pacte silencieux. Sans savoir tout ce qui s’était passé entre les deux Reines, elle se doutait de la puissance intérieure de Reine Verrières. Cette Ambition était une Force. Dans un système de plusieurs personnalités, elle incarnerait probablement la Gardienne. Celle qui défend toutes les autres. Une femme avec de l’ambition paraissait être une égoïste. Mais Lissandre savait instinctivement qu’il y avait une grande individualité chez Reine Verrières. Mais également la chaîne de la contrainte avec sa famille était plus lourde et plus tendue que chez les autres. Elle savait ce qu’elle devait aux autres et elle ne trahirait pas cet héritage. Bien au contraire.

« Permets-moi de rectifier ou de préciser ce que je t’ai dit, ma belle… Je ne cherche pas à nier leur individualité. Ce sont tes clones, mais elles sont désormais indépendantes de toi. Quand Erubetie génère ses clones, ils partagent tous la même connexion. Ici, ce n’est pas le cas. Lissetie et Reine Verrières sont pleinement indépendantes. Donc, ce sont des clones… Mais on peut aussi les considérer comme tes filles, selon les définitions qu’on met à ces termes. »

Lucinda n’était pas convaincue que la précision scientifique intéressait beaucoup Lissandre. Celle-ci était heureuse de voir Lissetie et Reine Verrières, même si elle pouvait percevoir la différence de tempérament chez les deux. Elle ignorait en revanche ce qu’il en était de son héritage génétique. La Reine Noire pensait toutefois ne pas se tromper sur son diagnostic. Il y avait tout simplement trop d’éléments qui ne collaient pas… Mélona fabriquant Mélissandre, et Mélissandre fabriquant ces deux clones. Il n’y avait pas besoin d’être démiurge comme Lucinda pour comprendre que Mélissandre avait exprimé le désir profond et inconscient de Lissandre de former une famille, et d’avoir des enfants. Lissetie et Reine Verrières, à leur manière, répondaient à ce besoin maternel qui existait chez cette femme. Mais, au-delà de ça, Lucinda devait aussi comprendre comment une telle chose était possible. Il était aussi possible que cela soit lié au bébé démoniaque que Lissandre portait… Mais le plus probable était que cette grossesse ait réveillé quelque chose de latent chez Lissandre, d’endormi. Autrement dit, Lucinda comptait enquêter sur les Verrières, sur la famille biologique de Lissandre, afin d’avoir une réponse aux questions qu’elle se posait.

Reine Verrières sembla rester de marbre face à sa mère. Lucinda se rapprocha alors, et caressa le corps de Lissandre, la ramenant doucement contre elle, et l’embrassa ensuite.

« Lissetie et Reine Verrières ne seront pas adaptées pour vivre chez toi. Reine Verrières ne le souhaite pas. Elle veut rester avec moi et étudier, renforcer ses pouvoirs et ses connaissances… Tandis que Lissetie s’est entichée d’Erubetie, et souhaite également participer, avec elle, à ses croisades sexuelles. »

Lucinda se déplaça un peu.

« Mais Lissetie voudra ton avis… Et, même si Reine Verrières ne le montre pas, elle aussi. Quant à moi, je souhaite que tu restes encore un peu, j’ai encore des expériences à mener sur toi… Rien de bien méchant, je te rassure. Il se pourrait même que tu les trouves très plaisantes. Je dois découvrir si le bébé que tu portes est à l’origine de tes aptitudes soudaines à créer des Slimes, ou s’il a réveillé quelque chose qui était inconscient en toi… »

Vu les expériences de Lucinda jusqu’à présent, Lissandre pouvait s’attendre à avoir encore beaucoup d’orgasmes…

Ses « enfants » avaient donc tant besoin de son avis pour poursuivre selon la voie qu’il commençait à se dessiner ? Lissandre était émue. Des êtres avaient besoin d’elle. Elle voulait se jeter sur elle et les emprisonner à vie dans des câlins. Mais elle était une fervente défenseuse de la Liberté. On ne pouvait soustraire quelqu’un à ses envies et ses rêves. Il fallait les laisser faire. Quitte à ce qu’elles souffrent. Quitte à ce qu’elles s’éloignent… Alors elle versa à nouveau quelques larmes.

*Est-ce que c’est la grossesse qui me rend si émotive ? Ou est-ce parce que j’ai envie trouver des liens inestimables ? *

Lissandre se dirigea en premier vers Reine Verrières.

« Je ne te retiendrais pas. Si tu es en quelque sorte l’incarnation de mon Ambition, alors va jusqu’au bout. Pose 100, 1000, un million de questions à belle-maman. Extirpe-lui jusqu’à la dernière de ses connaissances. Va au bout des questions que tu te poses. Repousse les limites aujourd’hui connus. N’hésite pas à te retrouver seule contre tous si tu penses détenir des vérités encore inconnues. »

Lissandre déposa ensuite un bisou sur la joue de Reine Verrières.

« Et si un jour tu te retrouves seule, n’hésite surtout pas à appeler ta famille. Si tu ne le fais pas, alors crois-moi que je viendrais t’engueuler comme il faut ! »

D’où était venue cette autorité parfaitement maternelle ?! Elle ne le savait pas. Mais elle avait pu voir dans les yeux de Reine Verrières que son émotion avait fait mouche. Elle avait même esquissé un abaissement de tête d’embarras.

Puis Lissandre se dirigea vers Lissetie.

« Toi aussi je te donne ma bénédiction. Et ne t’encombre pas du poids des connaissances. Laisse ça à ta sœur. Va partout où tu pourras aller en compagnie d’Erubetie. Voyage. Profite de ses voyages. Apprend de ses voyages. Pas avec ta tête mais avec ton cœur, d’accord ? Pars donc dans ces croisades sexuelles. Change la face du monde, des mondes, avec ton sexe. Eradique toutes les guerres par ton amour infini, OK ? »

Elle aussi reçue un baiser.

« Tu es forte, Lissetie. Ne laisse jamais le mal pénétrer ton cœur. »

Puis Lissandre revint auprès de Lucinda.

« Je suis prête. Si tu promets que chacune de tes expériences est absolument sur pour mon bébé, alors je suis prête. Une dernière condition. Le début des expériences pourra débuter qu’une fois que ma femme m’aura rejoint. Je ne sais pas si ce sera douloureux ou non. Mais je veux pouvoir lui serrer la main. C’est autant mon bébé que le sien. Elle sera donc aussi inquiète que moi. »

Sa femme allait arriver ! Elle était si excitée de la revoir, de lui présenter sa famille nouvellement agrandie.

Lissandre était émue d’apprendre que Lissetie et Reine Verrières attendaient son accord. Même Reine Verrières sembla manifester un semblant de gêne. Lucinda en était légèrement amusée. Elle laissa le soin à Lissandre de les complimenter comme il se devait, puis celle-ci se retourna vers la Reine Noire. Elle énonça qu’elle était prête à faire les expériences que Lucinda voulait, pour peu que cela ne mette pas son bébé en danger, et que Fönn soit présente. Cette deuxième requête amusa doucement Lucinda. Un léger sourira orna ses lèvres.

« Très bien… Il semble logique que tu veuilles partager cet aspect de ta vie avec ta femme. Toutefois, elle ne sera pas là dans l’heure. Il va donc falloir trouver de quoi t’occuper. Tu es écrivaine, non ? Je suis sûre que tu pourras trouver dans mon monde bien des endroits féériques où stimuler ton imagination. »

Lucinda se releva alors. Elle se rapprocha de Lissandre, et lui sourit encore, caressant son visage, son autre main glissant sur sa hanche, ses doigts faisant crisser son latex. Lucinda l’embrassa alors, pressant son corps contre le sien. Dire que Lissandre était venue initialement ici à reculons, persuadée de devoir affronter une dragonne dans sa tanière… Et, désormais, elle ne voulait plus partir ! Tout cela ne pouvait qu’amuser Lucinda. Elle embrassa donc doucement Lissandre.

« Quel endroit souhaiterais-tu voir ? La ville ? La forêt enchantée ? Les îles flottantes ? La mer féérique ? Mon monde est comme un conte de fées pour toi, et, puisque tu souhaites rester ici, il me semble de bon aloi de te faire visiter les lieux, non ? »

La Reine lui sourit encore, et l’embrassa une nouvelle fois sur les lèvres.

« Bien sûr, ma belle, je compte aussi profiter longuement de ton corps… Et te donner plein d’idées que tu pourras retranscrire dans tes scripts… »

Quelle palpitante perspective ! La découverte d’un monde soit-disant impossible/imaginaire en compagnie de sa belle-mère à la libido toujours assoiffée.

Lissandre répondit alors au baiser de Lucinda. Après tout, le Démon lui avait dit que les émotions d’amour et les besoins sexuels étaient deux choses tout à fait différentes. Bien que complémentaires. Alors pourquoi se refuser à un tel baiser qualitatif ? Surtout que l’esprit de Lissandre était désormais apaisé. Elle ne craignait plus rien.

« Je peux choisir ? La mer féérique m’évoque une magnifique couleur bleue constellée d’étoiles blanches scintillantes. Mais je suis bien plus curieuse de découvrir les îles flottantes. A quoi ressemble le monde en-dessous ? Je veux dire, ça n’existe pas sur mon monde. Alors je suis curieux de savoir si en-dessous la face visible de l’iceberg se trouve de la terre entassée ? Ou de la roche sculptée ? Ou peut-être bien une matière toute lisse et magique ? Je n’en sais absolument rien et tout cela stimule énormément mon esprit de créatrice ! »

Un monde à explorer. Des personnages féminins au background fort. Oui, oui ! Tout cela faisait tourner à plein régime l’imagination de Lissandre. Il allait falloir prendre des notes. Enregistrer tout ça d’une manière ou d’une autre.

« J’ai plein de choses qui se passe dans ma tête. Est-ce qu’il y a moyen d’enregistrer ce que je vais voir ? De prendre des photos ou des sortes de peinture vivantes animées ? Est-ce qu’il y a moyen que j’ai de quoi prendre des notes ? Ou peut-être une slime dans laquelle je m’immergerais pour me reconnecter à ce que j’ai vu/pensé ? Je dois surement dire beaucoup d’idioties. Mais mon esprit tourne à 200% là maintenant ! Hi hi ! »

Puis ses yeux se posèrent sur sa Mélona. Elle avait une idée pour elle.

Lissandre se rapprocha de l’oreille de Lucinda :

« Il y aurait moyen qu’on change toutes les trois de tenue ? Quelque chose à base de petites tenues qui tiennent grâce à des sortes de colliers de perles blanches ? Mais, des perles du genre sucré. Des colliers de bonbons, en fait. Et donc, un moyen très appétissant de pouvoir conduire à des strip-tease ? Hi hi ! »

Elle partait à la découverte d’un nouveau monde et, comme si ça ne suffisait pas, elle tentait de changer la garde-robe d’une Reine ? Quelle petite effrontée, cette Lissandre ! De quoi mériter une bonne paire de claques sur son latex si appétissant et moulant. Hi hi !

Lissandre semblait être fascinée par tout ce qu’elle voyait. Il est vrai que le monde de Lucinda ressemblait parfois à un conte de fées, à un récit merveilleux, mais chaque monde avait ses règles. Lucinda n’avait pas pu créer une utopie parfaite, et son monde, si elle le protégeait, n’en restait pas moins un monde humain. Il y avait donc parfois des monstres, et le tout fonctionnait par l’intermédiaire d’un État fort, dominé par Lucinda. Elle n’allait toutefois pas ennuyer sa belle avec des considérations si prosaïques. Lissandre souhaitait voir les Îles Flottantes, mais demandait aussi à pouvoir tout enregistrer, tout filmer, tout consigner… Et, avant que Lucinda ne puisse répondre, enchaîna sur autre chose. La Reine se pinça les lèvres, et leva un doigt. Lissandre sentit alors le souffle lui manquer.

« Désolée, ma chérie, mais tu es encore plus bavarde que Mélona ! Donc… Pour te répondre… »

Elle poursuivit :

« Oui, tu peux filmer, photographier, tout ce que tu veux… Je n’ai rien à cacher. Mais non, je ne me change pas. Quant à toi… Je te rappelle que tu portes un symbiote qui peut changer de forme, donc, tu n’as qu’à demander à Mélissandre de changer de forme. Maintenant, suis-moi. »

La Reine Noire rendit à Lissandre sa voix, et les deux femmes, en compagnie de Mélona, se rendirent à travers une série de couloirs. Le château de la Reine était très grand, avec des couloirs assez vastes, les sols recouverts de tapis soyeux. Il y avait de multiples tableaux le long des murs, des statues, des meubles décoratifs… Lucinda rejoignit une pièce sans fenêtre, en forme de cercle. La pièce s’illumina par un orbe bleu au centre, de forme cristalline. La lumière éclaira plusieurs miroirs répartis tout autour de la pièce.

« Ces Portails mènent aux différentes parties de ma planète. »

Les Portails ne tardèrent pas à s’illuminer, montrant des images d’ailleurs. Un village, une forêt, le désert, la plage… Lucinda tendit un doigt vers un miroir montrant un ciel argenté.

« Par là… »

La Reine Noire se dirigea vers le Portail, et passa à travers. Lissandre put le faire, et sentit un vortex l’attirer. Elle se retrouva ensuite à côté de Lucinda, et put sentir un courant d’air soulever des visages. Elles étaient sur une sorte de plateforme au début d’une île.

« Attention à derrière toi. »

Derrière Lissandre, il y avait… Le vide, tout simplement ! Elle pouvait voir des nuages bas flottant en contrebas, et puis, plus bas encore, très loin, les pointes de montagnes et les cimes des sommets. Elles étaient sur une île flottante !

Lucinda n’est pas une Reine pour rien. La clouer au silence. Refuser ses desideratas. Prendre les devants. Avoir une salle de téléportation. Lissandre était fière de l’avoir comme belle-maman. C’était une femme d’autorité et de charisme.

*En vrai, je crois que je voudrais être comme elle quand j’aurai son âge. *

Et voilà maintenant qu’elle devait faire attention à ne pas tomber éternellement dans le vide ! Génial !

« Ah ah ! Ce monde est incroyable. Je crois que je pourrais y vivre tellement je ne vois pas comment je pourrais ployer sous le terrible ennemi que je nomme Ennui. »

Lissandre décida alors de s’allonger. Pour ne pas prendre le risque de tomber. Elle ne savait pas si les vents étaient puissants ou traîtres sur ces terres capables de flotter dans les airs. C’est donc la tête dans le vide, le regard vers le bas qu’elle cherchait à comprendre ce nouvel environnement.

Une mer de nuages. C’était ça qu’elle voyait en contre-bas. Des nuages à perte de vue qui devaient dissimuler les terres de la Reine Lucinda. Ici, les soucis du bas n’étaient pas visibles. En haut, on pouvait se permettre de penser à autre chose. D’être quelqu’un d’autre. Du moins, c’est ce qui semblait à Lissandre. Et elle se dit que Lucinda venait probablement ici quand elle avait besoin de réfléchir. Ou de ne pas penser du tout et prendre un peu de repos.

Elle se tourna ensuite sur le dos pour finir en position en tailleur. Elle capta le regard de Lucinda avec en arrière-plan des montagnes verdoyantes.

« Il y a des créatures qui vivent ici ? Des races humanoïdes peut-être ? »

Elle s’allongea de nouveau et regarda en bas. C’était à y perdre la tête. Maintenant, le bas des Iles Flottantes semblaient être les montagnes sous ses pieds tandis que les pics des montagnes de la Surface semblaient être les îles. Lissandre préféra se redresser en position tailleur avant de faire une mauvaise chute…

« Il y a des choses à faire ici ? Ou c’est plutôt le genre d’endroit où on vient pour passer un coup de balai dans sa tête et profiter du moment présent ? »

*Tu m’entends Mélissandre ? Tu es contente de découvrir les terres de ta Maman Mélona ? *

Les Îles Flottantes étaient impressionnantes, bien sûr. Elles flottaient dans le ciel, à divers degrés. Lucinda avait choisi un point assez haut, au-delà des nuages. On pouvait les voir en contrebas, formant des mers cotonneuses. Le spectacle était très impressionnant, avec les reflets du soleil dessus. Pour éviter de tomber sous l’effet d’un coup de vent, Lissandre se coucha sur le sol, observant le paysage, tout en interrogeant la Reine Noire.

« J’ai créé un monde magique, donc il y en a… Mon monde abrite aussi des races prédatrices. On trouve des harpies par ici, mais aussi quelques installations humaines sur d’autres îles. Tu vfois ces nuages en bas ? Des navires volantes s’y rendent pour en récupérer la substance. »

Un nuage était un regroupement d’eau et de cristaux de glace. Outre le fait de pouvoir extraire la poussière de nuage pour en récupérer de l’eau, il y avait aussi des cristaux magiques à récupérer. Lucinda se déplaça, rejoignant Lissandre.

« Certains nuages par ici sont solides… Tu sais, je suis la Reine et la Déesse de ce monde, mais je ne peux pas tout superviser. J’ai des représentants, des barons… Celui qui gère le Royaume Aérien est le Baron de l’Air. Nous irons voir la ville où il est, Aerondight, ensuite si tu veux… »

Il y avait encore beaucoup à voir. Le monde de Lucinda était un monde féérique, une sorte de variante de conte de fées. Lucinda ne le décrivait pas comme un « monde magique », mais comme un « monde merveilleux ». Elle pouvait sentir l’excitation de Lissandre, mais, en la voyant ainsi, Lucinda avait aussi d’améliorer leur relation familiale. Elle se déplaça alors, et soupira doucement. Sa verge se déploya presque naturellement, et elle se pinça les lèvres, relevant le corps de Lissandre, la mettant à quatre pattes face au vide.

« Regarde en bas à droite… »

Lissandre pouvait voir une mer cotonneuse. C’était une grande étendue de nuages reliés entre eux, et sur lesquels il était possible de marcher. Ces mers cotonneuses se formaient sporadiquement, en fonction du climat.

« Un navire volant ne devrait pas tarder à venir… Nous allons embarquer dessus, je veux que tu marches sur les nuages… Mais, en attendant… Maman a très envie de toi ! »

Et Lucinda la pénétra, la prenant avec passion en levrette…

« J’espère que ta fiancée… Est aussi stimulante que toi, ma belle, hmmm… »

Des harpies et des navires volants ! Lissandre était émoustillée comme une petite fille au jour de son anniversaire. Il fallait se méfier des créatures volantes et de leurs griffes. Il fallait en savoir plus sur ce commerce impossible à base de récupération de nuages. Oui, ce monde stimulait énormément l’humaine de la Terre.

« Bien sur que je veux rencontrer ce Baron de l’Air. J’ai déjà tellement de questions. Je veux voir comment cette ville vit. Les entrepôts qui stockent ce qui sort des nuages. L’architecture qui doit être basé sur une illusion de vide et de blanc alors que le tout doit être bien solide. Oh oui, je veux tout découvrir de ces Iles Flottantes ! »

Toujours allongée, Lissandre guettait le moment où la couche supérieure du nuage serait écartelée, libérant ainsi le passage à un galion défiant la suprématie de la gravité. Et elle avait de quoi filmer et conserver des traces. Oh la la, quand elle pensait aux gros yeux ronds que ferait son équipe technique et artistique. Le brainstroming serait fou au moment de leurs retrouvailles !

« Marcher sur les nuages ? Ça me fait autant peur que je trépigne de poser les pieds dessus ! Mais… ? Belle-maman ? Hum… »

Lissandre se pinça les lèvres de plaisir. Elle n’avait même pas remarqué que Lucinda avait ouvert la fermeture éclair de sa combinaison de latex moulant rose. A moins qu’elle soit restée ouverte depuis l’orgie onirique qui peuplait ses pensées ? C’était fort possible. Son esprit étant tellement assailli de toute part. Difficile de conserver les idées claires dans un monde magique emplie de créatures ivres de sexe : Hi hi !

« Ma fiancée est magnifique, Belle-maman. C’est une beauté froide des pays du Nord. Mais son sexe est un brasier : Hi hi ! Après tout, comment la glace aurait pu résister aux assauts d’un démon entre ses cuisses ? Impossible ! Hi hi ! »

Tout en faisant des efforts pour contracter ses muscles intimes et ainsi se resserrer sur la verge de Lucinda, Lissandre ne pouvait pas détacher les yeux de la mer de cotons. Impossible de rater ce moment unique : cette première fois.

« Belle-maman devrait peut-être tempérer ces saillies. Je suis quand même super proche du vide. Ca m’embêterait de tomber. Enfin, vous seriez bien capable de tomber avec moi et de me faire découvrir le sexe en trois dimensions comme le font les insectes : Hi hi ! »