The Multiversity

La SpiderWitch avait encore beaucoup de questions à poser, tout en émettant des réserves sur le fait de se ruer vers la base ennemie.

« On t’a déjà dit que tu posais beaucoup de questions ? C’est à croire que tous les Spiders du Multivers sont des moulins à paroles ! »

Daisy avait déjà eu l’occasion de faire une mission avec Spider-Man, en Latvérie, il y a de cela quelques années, et elle avait pu constater qu’il était très bavard.

« Rassure-toi, je n’ai aucune envie de sympathiser avec eux, juste de sortir d’ici. Mais je ne pense pas que nous soyons dans un endroit sûr ici… Ni même qu’il existe un endroit sûr sur cette planète. Les toiles, c’est comme les réseaux mycorhiziens, non ? Je veux dire, si on émet une vibration, tout le reste du réseau nous perçoit, non ? »

Simple question rhétorique, Daisy avait vu la série « The Last Of Us », elle savait donc ce qu’était un réseau mycorhizien, à savoir un réseau souterrain que certains champignons développaient à partir des racines de plantes qu’ils parasitaient. Ce réseau leur permettait ensuite de communiquer entre eux. Cet élément servait d’intrigue de fond à la série télévisée, en expliquant que les zombies fongiques étaient tous reliés entre eux via ce réseau. Les araignées fonctionnaient un peu sur ce même principe. Autrement dit, qu’elles restent ici ou se déplacent, elles prenaient le risque d’être repérées. Statistiquement, plus elles passaient de temps sur ce monde, et plus elles risquaient d’être repérées, donc, la meilleure option, c’était de sortir.

Pour autant, Daisy répondit aux questions de la SpiderWitch, au fur et à mesure que les réponses lui venaient en tête :

« Hulk, c’est… Un surnom. Un scientifique, à la base, Bruce Banner. Il travaillait sur l’impact des ondes Gamma résultant d’une explosion atomique, et a mené une expérience qui l’a fait muter. Il peut devenir Hulk, un géant vert indestructible qui incarne toutes les frustrations de Banner, toute sa rage refoulée… Depuis lors, il y a eu d’autres Hulk… She-Hulk, Red Hulk, Red She-Hulk… Quasiment toute une famille ! »

Elle poursuivit ensuite :

« Et c’est Daisy Johnson… Ou Sutter. Je crois que mon père biologique ne sait même pas que j’existe, il m’a conçu en se tapant une prostituée… Qui s’est empressée de m’abandonner aux services sociaux. Les Sutter ont été ma famille d’adoption, mais j’ai toujours été une enfant turbulente. J’étais une délinquante, et, un jour, j’ai volé des CDs dans un magasin. L’agent de sécurité m’a surpris, et, sous la panique, mes pouvoirs se sont déclenchés pour la première fois, et ont détruit le magasin. Je n’ai appris l’identité de mon père biologique qu’une fois que le SHIELD m’a retrouvé. »

Daisy n’avait pas eu une vie facile. Plus jeune, elle était une vraie rebelle, et elle avait déjà eu un casier judiciaire. Les Sutter n’avaient pas eu de chance avec elle.

« Ce pouvoir que j’ai… Le gène-X. On ne sait pas d’où il vient. Le plus ancien mutant référencé de notre monde est En Sabah Nur, qui existait à l’Égypte antique… Il semble que le gène-X revienne à chaque fois que la Terre fait face à une grave menace. Certains supposent que c’est la Terre elle-même qui conçoit ce gène-X, comme un moyen d’autodéfense. Toujours est-il que le gène-X a proliféré depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Il saute parfois une génération ou deux. Ce que je sais, c’est que, si j’utilise trop mes pouvoirs vibratoires, ils peuvent déchiqueter mes doigts, éclater mes os, et faire exploser mes mains… Donc, on peut parler de dégâts à vie, oui. J’apprends à les maîtriser avec le SHIELD. »

Est-ce que la SpiderWitch aurait encore d’autres questions ? Daisy, quant à elle, continuait à observer les lieux, s’attendant à chaque instant à ce qu’elles se fassent attaquer par ces saloperies d’araignées…

« Je conçois que je pose beaucoup de questions. Il me semble que c’est le seul moyen de récupérer des informations. Non, correction. Il y a un autre moyen. Mais je n’ai pas la possibilité de me connecter dans la sphère des pensées. Certaines Araignées Supérieures ont accès à la noosphère. Mais me comparer à un moulin à paroles doit être une première. Je ne suis pas bavarde. Mes Sœurs le confirmeraient. »

Point par point, la SpiderWitch répondit aux réponses qu’elle reçut. Jusqu’à maintenant, il n’y avait pas eu d’activités arachnéennes inquiétantes. Donc, étant une éclaireuse avec une bonne dose de sang-froid, rien ne la forçait à passer en mouvement.

« Des réseaux de champignons ? Des vibrations informatives ? C’est intéressant. Tu voudrais qu’on retourne contre eux leur toile ? Moi je suis capable de voir les fils de déplacement et les fils de capture. Et toi tu as une compétence pour agir sur les vibrations. Il me semble que notre complicité a un potentiel inexploité. Encore faudrait-il savoir où aller. Simplement décider d’aller tout droit sans avoir de visuel sur une longue distance me semble être une approche à qualifier de suicidaire. »

Concernant le Hulk, la SpiderWitch n’eut rien à ajouter. Elle ajouta ces informations à la pile. Peut-être cela lui serait utile dans le futur ? Pour le moment, il fallait sortir de ce monde. Et une fois retournée dans le monde de Daisy, il lui faudrait entrer en contact avec la Magicienne des Ténèbres. C’était là sa mission.

« Sur ton monde, les géniteurs et les génitrices sont autrement importants que sur le mien. Sans chercher la procréation d’êtres parfaits, l’affaire coïtale vise principalement la sauvegarde de l’espèce via la transmission des savoirs passés. Une tâche difficile étant donné la construction de nos cerveaux et le fonctionnement de nos souvenirs. Sur ton monde, l’affaire coïtale revêt une trivialité qui me dépasse. Je ne dénigre pas les plaisirs de la chair qui relaient des informations nerveuses via nos parties intimes. Mais je conçois que ce soit une discussion inappropriée pour notre situation actuelle. C’est une affaire de culture. »

Il n’y avait toujours aucune activité inhabituelle à mentionner. Ce n’était pas aberrant. Etant donné le nombre de missions à son actif, l’éclaireuse savait que la patience était une compétence à développer. La vie n’était pas intense. Elle était constituée d’énormément petits riens et de routines.

« Ce gène qui permet à ton corps serait une façon que ta planète a de se réguler ? Intéressant. Ma venue dans ton monde a peut-être un lien avec ce phénomène. Ma mission consistant à retrouver la Magicienne des Ténèbres y est peut-être liée également. Intéressant. Je n’ai pas la vision des Araignées Supérieures et je ne la désire pas. Vivre le présent avec la connaissance du futur est un trop lourd fardeau pour une tête constituée comme la mienne. Qui sait ? Peut-être que ta présence sera requise lorsque le temps de la révélation sera venu ? »

Daisy s’empressa de faire quelques précisions, car elle sentit que la Spider-Witch s’était vexée d’être qualifiée de « moulin à paroles ».

« Désolée, je… J’essayais de faire de l’humour, parce que se retrouver sur une planète remplie d’araignées, pour moi, c’est assez flippant ! Et, pour ta gouverne, le Spider-Man de mon monde est une vraie pipelette. Mais tu es moins bavarde que lui. »

Un peu moins. Daisy lui sourit ensuite, soucieuse de ne pas créer de disputes avec elle. Tout ce qu’elle avait envie, c’était de quitter cette planète arachnéenne ! La Spider-Witch, de son côté, pensa à ce que Daisy avait dit, sur le fait que la Terre aurait créé le gène-X. La Spider-Witch se demanda si tout ça n’était pas lié à son arrivée, ou à sa volonté de retrouver la Magicienne des Ténèbres. Sur ce point, Daisy n’avait aucune réponse à fournir, car elle n’en savait tout simplement rien.

« Ce n’est qu’une théorie, hein… Il est aussi possible que le scientifique qui ait pensé à ça ait trop lu Bernard Werber. »

Une référence que son acolyte n’allait pas comprendre, alors Daisy enchaîna :

« C’est… C’est un auteur français, il raconte des histoires qui incluent des éléments fantastiques ou de science-fiction, généralement. Dans l’une de ses histoires, il part du principe que la Terre dispose d’une forme de conscience, et que, face aux menaces de l’espace, à savoir les chutes d’astéroïdes, la Terre a conçu les êtres humains pour qu’ils puissent la protéger de ce genre de menaces. Enfin, je ne dis pas qu’il a tort, mais je ne dis pas non plus qu’il a raison. Tout ce qu’on peut constater, c’est que le gène-X a proliféré après la Seconde Guerre Mondiale, tout comme l’apparition de métahumains, que ce soit des humains qui ont muté, comme notre Spider-Man, ou des extraterrestres qui sont descendus sur Terre, comme Superman. »

Comment expliquer leur occurrence ? Daisy avait transmis une théorie. Elle plaisait à la Spider-Witch. Mais Daisy n’en savait pas grand-chose. Plus elle évoluait au sein du SHIELD, et moins elle comprenait ce qui se passait autour d’elle.

« Quant aux relations sexuelles… Vu qu’il s’agit d’un mode de reproduction, il semble logique qu’on y tire du plaisir. Je veux dire, tous les animaux à deux sexes ressentent ça, comme si c’était génétiquement encodé en chacun de nous. Les humains ont juste évolué pour apprécier le rapport sexuel en le décolérant de la procréation. Je ne sais pas si ça fait de nous des anormalités par rapport aux plans de Mère Nature ou non. »

Vu la planète où elles avaient atterri… Question anormalités, Daisy n’avait vraiment rien à se reprocher !

Ce n’était pas la première fois que Daisy évoquait le SpiderMan. Ce qui éleva la qualité de ce niveau d’information. Devait-elle le rencontrer ? Dans quel objectif, elle ne savait pas. Mais peut-être était-ce un des objectifs des Araignées Supérieures. De toute façon, sauf apparition inopinée devant elles deux dans les temps à venir : c’était impossible étant donné que les deux « araignées » se trouvaient sur deux mondes différents.

« Si c’est possible, je crois que j’aimerai lire les productions de ce Bernard Werber. Il me semble intéressant. Imaginer un monde qui ne peut pas bouger avec la liberté des animaux pour chercher à se protéger d’agression de cailloux de l’espace ? C’est un point de vue que je trouve vraiment intéressant. Ca impliquerait que quelqu’un ou quelque chose veuille attaquer une planète. C’est intriguant. »

Elle réfléchit un instant mais n’en délivra pas plus de pensées. Puis elle repensa à ce qu’avait dit Daisy et désira là-dessus aussi réagir.

« Encore faudrait-il définit ce qui est normal. Il me semble que c’est un niveau d’information qui diffère par rapport à là où on se trouve et avec qui on se trouve. De toute manière, nous sommes deux individus de type femelle. Qui plus est, nous ne sommes pas non plus d’un type à donner naissance sans la nécessité d’un mâle. Et enfin, je n’ai aucun désir de procréer. Il me semble donc qu’il n’y a rien de plus à ajouter sur ce sujet. »

A quel moment cela se passa-t-il ? C’était une donnée difficile à déterminer pour la SpiderWitch. Les indicateurs de temps de ce monde tel que le Soleil lui était encore trop inconnu. Mais elle ressentit un regard. Ce poids de la vision qui glisse sur un corps à distance. Et elle en ressentit un avertissement.

« Daisy. »

Elle éveilla l’attention de sa partenaire actuelle. Peut-être l’avait-elle déjà ressenti elle aussi. Il ne fallut pas longtemps à la SpiderWitch pour découvrir l’origine de ce malêtre. Là, tout en bas dans la toile, une araignée au corps blanchâtre les regardait. Quelle était cette chose ? Elle avait une tête humaine. Il paraissait même que c’était une tête de poupée. Et ça allait plus loin. Cette chose hybride qui les regardaient, semblait sourire. Mais elle n’alertait personne. Elle regardait. Du moins pour le moment. Et la SpiderWitch vit que l’hybride avait également des pattes étranges. Au bout de chacune des huit se trouvait de petites mains typiquement humaines avec leur pouce opposable.

« Je pense que nous allons devoir rentrer en action. Mais je ne saurai dire si nous devions nous méfier de cet être qui nous voit ou si nous devrions le prendre pour un signe et le suivre tel un guide venu nous chercher. »

Daisy sourit quand la Spider-Witch s’intéressa de près à Bernard Werber. Daisy ne passait pas son temps qu’à faire des lignes de code, il fallait bien lire pendant que ses programmes tournaient ! Avec Werber, il y avait des hauts et des bas, mais certaines de ses histoires étaient très réussies. Quitte à lui offrir des livres, Daisy pensait naturellement à la saga des Fourmis, la plus connue de Werber, qui avait même donné lieu à une adaptation en jeu vidéo. Elle n’était pas spécialiste, les araignées ne fonctionnaient pas comme les fourmis, mais, ici, sur cette planète arachnéenne, tout était possible. Daisy essaya de se rappeler de ce qu’elle savait de la logique de ruche des fourmis. On parlait clairement de sociétés pour désigner les fourmilières, des insectes fascinants, allant jusqu’à former des supercolonies comprenant des centaines de millions de fourmis ! Des sociétés utopiques qui fonctionnaient en parfaite harmonie, selon une logique de castes, avec des répartitions sociales. On dénombrait plus de 16 000 espèces de fourmis, mais on en découvrait pour ainsi dire tous les jours. Daisy le savait, car elle avait déjà travaillé sur des algorithmes informatiques, des schémas numériques essayant de reproduire informatiquement le fonctionnement des castes de fourmis. Les fourmis fonctionnaient ainsi selon une logique phéromonale. Elles empruntaient ainsi progressivement le chemin le plus court allant du nid à leurs ressources en suivant le chemin des précédentes fourmis.

Plongée dans ses pensées, Daisy n’en sortit que quand sa camarade lui signala qu’une araignée les observait. Daisy attrapa naturellement son pistolet, et frémit en voyant une curieuse araignée mutante. Huit pattes se terminant par des mains, et un visage de bébé sur le sommet du crâne. Le réflexe naturel de Daisy était de tirer sur cette monstruosité, mais elle n’en fit rien, en se disant que, puisque l’araignée ne cherchait pas à les attaquer, c’est qu’elle voulait sûrement les guider quelque part.

« Ça pourrait être un piège, mais… Ce n’est pas comme si nous avions d’autres options, après tout. Suivons cette créature, et on avisera en fonction. »

Daisy espérait surtout ne pas faire trop de cauchemars par la suite…

La SpiderWitch s’accorda au souhait de Daisy. Elles suivirent donc toutes les deux l’étrange araignée à visage de poupée. Une gardienne parfaite pour une petite île en Mexique que beaucoup surnommaient simplement « l’île des poupées ». Mais leur destination à tous n’étaient pas une petite bande de terre coincée entre les eaux. Cela aurait été un summum de l’absurde et de la destruction de certaines lois logiques alors qu’elles s’enfonçaient dans un cratère.

Sans prévenir, au détour d’une galerie, il y eut une nouvelle faille.

Au lieu d’une petite île silencieuse, d’une caverne sombre qui serait devenue blanche tant il y aurait eu de toiles d’araignées : ce fut du bitume et des gratte-ciels à s’en briser les cervicales. La pollution sonore avait remplacé le poids du silence. Et la SpiderWitch se retrouva seule avec Daisy. Seule dans le sens sans leur étrange guide. Car il y avait toute une foule qui les contournaient et qui râlaient qu’elles soient dans le passage.

« Où sommes-nous ? Je suis certaine que ce n’est pas mon monde. Est-ce le tien, Daisy Johnson ? »

Le Destin semblait attirer les araignées auprès de l’agente du SHIELD. En effet, un être masqué se présenta à elles deux alors qu’elles avait rapidement bifurqués pour la solitude d’une allée dans les ombres des bâtiments. L’intervenant était costumé de rouge et de bleu. Plus étrange, il possédait trois paires de bras. Une véritable « araignée humaine ».

Ressentant une attaque à venir, la SpiderWitch ne perdit pas de temps et réagit immédiatement et instinctivement. Des runes apparurent dans le tissu de la réalité au-dessus de sa tête. Une magie que Daisy avait déjà pu voir en action alors que la SpiderWitch avait hypnotisé ses collègues, par exemple. Ainsi, le « SpiderMan » à six bras se retrouva avec une main aux doigts repliés en l’air sans qu’aucune toile d’immobilisation jaillisse. Il resta immobile, en attente des ordres de sa nouvelle « Maîtresse ».

Mais la SpiderWitch se tourna vers Daisy pour lui parler à elle d’abord.

« Est-ce que tu comprends ce qu’il nous arrive ? Connais-tu cet être ? As-tu des questions spécifiques à lui poser ? Tu peux en disposer à volonté. Ma magie l’oblige à obéir à mes ordres silencieux. Il répondra à nos questions à toutes les deux. »

(hrp : j’ai un vague souvenir d’une trame jamais exploitée avec un spider-man qui mutait. D’un dessin animé, je pense. Mais je ne connais absolument rien à ce personnage. Et tu es libre d’en faire ce que tu veux ^^)

La grotte cotonneuse les conduisit à un spectacle assez inattendu : une cité souterraine ! Une vaste cité éclairée par des cristaux, avec des murs caverneux recouverts de toiles, tout comme les rues, les fondations des immeubles, les murs… Daisy commençait peu à peu à avoir une théorie sur l’évolution de ce monde. Mais, avant qu’elle ne puisse l’exprimer à haute voix, un homme-araignée leur tomba dessus. SpiderWitch réagit à temps pour l’immobiliser, et demanda à Daisy des explications. Celle-ci ne tarda pas à lui répondre :

« Nous sommes toujours sur le monde arachnéen… Un monde qui devait être à la base similaire au mien, avant d’être recouvert d’une toile d’araignée immense. Cette ville… Devait préexister à cette toile planétaire. J’imagine que… Cet individu… Doit être une sorte d’hybride. »

Tout cela n’était qu’une théorie, mais elle était déjà vertigineuse. Interroger la créature allait en revanche être difficile, car elle avait depuis longtemps, si ce n’est depuis toujours, perdu l’usage de la parole. Elle se débattait furieusement en faisant claquer ses mandibules. La SpiderWitch avait utilisé sa magie pour suspendre ses bras, mais pas sa gueule. Un jet de toile fusa alors de sa gueule, et frappa la SpiderWitch au visage. Daisy réagit alors en envoyant avec sa main une vibration sismique. L’onde frappa la sentinelle, et la projeta contre le décor.

« Je ne pense pas que nous serons les bienvenues ici, SpiderWitch, tâchons de nous cacher en attendant que Strange nous retrouve. »

Daisy s’agrippa à la SpiderWitch pour qu’elle puisse les emmener toutes les deux au milieu de cette grande ville. Pas de voitures, mais des hybrides-araignées nombreux qui grimpaient sur les murs. Les anciennes rivières étaient intégralement recouvertes de toiles. Daisy n’était pas sûre de trouver le moindre allié ici, mais il allait bien falloir se réfugier, car de nombreuses araignées déferlaient depuis la surface, grimpant le long du plafond, formant une marée de mandibules et de cliquetis de pattes qui les traquaient toutes les deux…

Le rythme des découvertes était difficile à suivre. Sans compter qu’il n’y avait pas assez d’informations pour véritablement saisir la tapisserie générale. Il leur fallait prendre du recul. Se trouver une cachette. Survivre. Et peut-être repartir en exploration. Mais plus tard. Il leur fallait déjà se poser avant de réfléchir à bouger à nouveau.

Ses mains se pressèrent de détacher les morceaux de toile qui lui engluait le visage. Heureusement pour la SpiderWitch, Daisy était présente et la guida sur le début de leur course comme si elle était aveugle. Elle la remercia tout en courant. Qu’elle la lâche ou non dépendait de l’agente du SHIELD. Pour avoir effectuée quelques missions, la SpiderWitch savait que pour certaines, cela était un geste rassurant.

En courant à travers la ville entoilée, la SpiderWitch réfléchit. Si les hybrides-araignées provenaient d’au-dessus elles deux, alors elles devaient trouver un refuge à l’opposé ? Pénétrer dans les immeubles et rechercher les souterrains ? La solution paraissait contre-intuitive. Ça lui donnait la sensation de se rendre d’elle-même en prison et de laisser à ses ravisseurs le soin de seulement fermer le porte à double tour. Mais quelle était l’alternative ?

« Je préfère énoncer sans tarder que je n’aime pas l’idée que ce dénommé Strange nous sauve. En ce cas, je pourrais dire la même chose de mes Sœurs. Mais ma formation m’a appris à me débrouiller seule. Je dois partir du principe que personne ne viendra me sauver. Cela enclenche une réaction d’espoir et également de passivité. Nous devons être actives et proactives. »

Evidemment, elles croisèrent la route d’un autre hybride-araignée. L’araignée humaine était en appui contre le mur d’un immeuble et cracha plusieurs fois de la toile. Mais un individu seul ne pouvait faire peur à la SpiderWitch. Alors la menace était encore plus faible sachant que l’agente du SHIELD la soutenait. Cet hybride-araignée ne fut donc qu’une péripétie sans gravité.

« Est-ce que nous ne devrions pas trouver un de ces immeubles-magasins ? Nous pourrions nous y réfugier avec une réserve de nourriture et d’eau. Sans compter les grilles qui protègent les ressources des magasins contre les voleurs nocturnes. Qu’en penses-tu ? Car il me semble que les panneaux grossiers et criards en face de nous augure d’un tel immeuble. »