Ce fut le silence assourdissant qui la tira de sa rêverie. Bayonetta réveillait de mauvais souvenirs chez les lutins. Alors que les loups, le Wendigo et le Chevalier-sans-tête préparait un nouveau plan de bataille à l’encontre du Chalet : Bayonetta et les lutins se faisaient un petit délire de généalogie. En vérité, Mrs Claus réalisait qu’elle oubliait tellement de choses avec les années qui passaient. Pour elle, c’était devenue parfaitement normal que les lutins travaillent pour Noël. Ça faisait si longtemps qu’elle ne s’était pas posé la question du pourquoi. Et il avait fallu l’arrivée d’une Baleine volante pour réveiller tout ça. Non, la Baleine n’était qu’un symptôme d’un Mal bien plus grand. Plus ancien.
« Le CHALET tiendra ! »
Il était temps de rendosser son rôle. Mrs Claus était la figure de proue qui menait la mission de protection du Chalet et de la nuit de Noël depuis que le Père Noël… disons, depuis qu’il récupérait de sa longue carrière.
« Vous, les Trois Petits Cochons, vous me double vérifiez toutes les protections et structures du Chalet. Je veux également trois propositions d’améliorations. Et ce, pour chacun de vous trois. Au travail ! »
Les mains sur la rambarde, le regard portant au loin mais également partout, Mrs Claus ressemblait davantage à une Générale qu’à une femme d’affaires. La femme fragile au bord de tout abandonner si profond dans le Chalet, dans la pièce où moisit le Père Noël : cette femme semble n’avoir jamais existé. Et c’est là toute la puissance de Mrs Claus. Maintenant que Bayonetta connaît davantage la vie de la femme du Père Noël, elle ne peut que reconnaître sa puissance physique et surtout mentale.
« Toi. Va pousser les leviers en bas. Aujourd’hui, nous n’allons pas pouvoir nous permettre d’être économe sur la Magie de Noël. Nous devons absolument gagner cette nouvelle bataille avant que les complications arrivent. »
Lutin de Noël : « Une fois fait, j’active les Bonhommes de neige en Or ? »
« Parfaitement. Mais tu vérifieras bien que les niveaux ne flirtent pas trop dans la zone rouge. Allez, va maintenant ! »
Les lutins qui s’affairaient ralentir quelques instants. Ce nouvel ordre qui venait de tomber comme le puissant tonnerre : c’était inquiétant. La situation était diablement sérieuse pour pousser la Machinerie de Noël au-delà des normes raisonnables.
« Toi. Va me chercher les Yétis. »
Lutin de Noël 2 : « Mais Boss, vous savez bien qu’ils sont trop gentils pour combattre. Et puis, ils ont carrément des TOC quand on les coupe en pleine conception de jouets. Dans le meilleur des cas, ce sera rigolo avec leur syndrome de la Tourette. Mais… »
« Action ! Tu te doutes bien que je les connais et que je connais les conséquences de mes ordres. »
Mrs Claus prit une grande inspiration et observa une nouvelle fois le chaos qui se répandait. Sa main attrapa un impressionnant trousseau de clés. Avait-il toujours pendu sur la hanche de la femme du Père Noël ? Ou bien les clés se multipliaient-elles en fonction de la situation ? Et, même avec l’aperçu qu’avait eu Bayonetta, le nombre de clés était très loin d’être au complet pour ouvrir les milliers de portes du Chalet.
« Si la situation dérape véritablement, je n’aurai pas d’autres choix que de quitter le champ de bataille et utiliser cette clé. C’est… c’est le pire des scénarios. Si on en arrive à là, j’activerais le processus ultime de fuite. Toute la forêt autour du Chalet se dispersera. Elle se déplacera dans tous les sens si tu préfères. Nous aurons l’impression que c’est nous qui bougerons alors que non. Le Chalet doit être une sorte de point fixe dans la trame de l’univers. Mais… ce serait un désastre en terme… cosmogonique ? Je ne sais pas. Je ne suis pas sur du mot. Mais j’espère profondément ne jamais avoir à assister à pareil bazar dans l’univers de par ma faute. »