Cette bulle dimensionnelle n’est pas n’importe quelle bulle dimensionnelle. Je l’ai créé de toute pièce comme un rappel constant d’où je suis partie et d’où je suis rendue maintenant. Esclave, divinité impitoyable, être brisé et ces dernières décennies, une personne qui enfin commence à retrouver un sens aux choses. C’est ma bulle dimensionnelle, un travail de plusieurs milliers d’heures. En fait c’est plus que cela. À la base, c’était une réplique de l’intérieur de mon artefact car bien que ce fut ma prison, c’était aussi ce qui m’était le plus familier. Rejeter complètement ses chaines? Vous êtes naïfs si vous pensez que ça se fait en claquant des doigts. Même pour moi. Non il y a des choses que seul le temps peut arranger… Et encore. Pas toujours. Manipuler la réalité permet techniquement de tout faire… Jusqu’à ce que vous vous rendiez compte que ce serait presque… Comment dire…
Vous effacer et repartir de zéro. Et alors ce ne serait plus du tout la même chose, pas vrai? Ce ne serait plus Jeannie, ce serait carrément quelqu’un d’autre. Et je pense que c’est encore plus terrifiant que l’omniscience et l’omnipotence. Alors cette bulle dimensionnelle, c’est aussi ce qui me permet de rester en un morceau. Saine d’esprit. Et de ne pas faire quelque chose de stupide. Oui, j’y vis seule. Mais ici, l’impossible devient possible et je n’ai de compte à rendre à personne. C’est mon chez moi, sous mon contrôle exclusif. Jusqu’à aujourd’hui. C’est plus qu’une invasion de mon domicile. C’est carrément un viol psychologique. C’est ma bulle dimensionnelle, je le répète. N’y entre que ceux qui y sont invités et quiconque ne va pas suivre cette règle très simple va alors pousser le « Berserk Button ». Ce qui veut dire que je ne joue plus et qu’ils vont amèrement le regretter.
Un instant, je suis Jeannie, de taille normale. L’instant suivant, c’est moi qui tient la bestiole dans le creux de ma main, être insignifiant devant une déesse, une vraie et ma voix tonne comme quoi personne, non personne, ne va venir violer mon chez moi, l’envahir et tenter de m’en arracher le contrôle. J’écrase la chose dans ma main dans une explosion bien gore avant de claquer des doigts dans un bruit rivalisant avec celui d’un ouragan. Power Girl et Ellisson sont en sécurité dans une bulle multicolore et je domine de haut cette fausse Tyreen en contrebas. Est-ce que tu crois vraiment que tu peux entrer ici et faire ce que tu veux, hurlais-je d’une voix déformée par la colère. Tu n’as aucune idée du caractère sacré de ces lieux et je n’ai certainement pas de temps à perdre avec des insectes dans ton genre, crachais-je d’un ton méprisant. Quoi que soit cette chose, elle vient de comprendre.
Comprendre quoi? Toute l’étendue de son erreur et elle tente de battre en retraite. Oh tu veux t’en aller, dis-je d’un ton doucereux… Mais chargé de venin en même temps. Laisse moi te montrer la porte, dis-je en conjurant un trou noir près d’elle. Non, panique la fausse Tyreen, la force du trou noir va me déchirer en morceau! Il fallait y penser AVANT de tenter de m’usurper ce qui me revient de toi dis-je en regardant les cette pathétique chose se faire mettre en pièce par le trou noir. La marionnettiste n’étant plus là, le pantin ressemblant à Moxie tombe en poussière. Ce qui est à moi est de nouveau sous mon contrôle, comme en témoigne notre retour dans un New York intact… Sauf que tant qu’à être bien en colère, autant finir d’obtenir quelques réponses pour Power Girl et soudainement, après avoir vu tout ce qui s’est passé, Ellison nous révèle tout ce qu’on veut savoir. Même plus.
« Je ne voulais pas en arriver là. Je ne voulais pas un jour revisiter ce côté de moi. Mais… Tu ne peux pas comprendre ce que cet endroit représente. Pas parce que tu n’as pas l’intelligence pour. Parce que tu n’as pas vécu ce que j’ai vécu. Comme je ne pourrai jamais prétendre comprendre Power Girl car ce que tu as vécu es propre à toi. C’est plus que mon subconscient, PeeGee. C’était… Tellement familier… C’est… Ce…
Ce n’est pas important. Ce qui est important c’est que la menace a été neutralisée. Définitivement? Je dirais que c’est encore trop tôt pour le dire. Mais au moins, Ellison a parlé. C’est fou comme un scénario de fin du monde lui a délié la langue. Je suppose qu’après un truc pareil, je peux dire au revoir à notre amitié et à mon job? Tu vas sans doute dire que je suis trop instable. Dangereuse, même. Et comment pourrais-je te blâmer… »
Oui Jeannie, la menace est neutralisée… Mais ne pense pas que c’en est terminé entre nous. Toutes tes émotions négatives me rendent plus forte… Et je sais maintenant sur quel bouton appuyer pour pouvoir avoir un véritable festin. C’est amusant par contre ô combien tu as vite accepté l’excuse que quelqu’un manipulait la réalité à ta place. Je suis matériakinésiste. Pas manipulatrice de la réalité comme toi. Toutefois… Je suis une part de toi, née de ta souffrance. Je sais donc comment t’influencer, comment te faire jouer mon jeu. Power Girl, je ne me risquerai pas à toucher. Helena Wayne, en revanche… je crois que j’ai juste ce qu’il faut comme plan pour forcer une confrontation. Je vais t’isoler de tes amies, une à la fois Jeannie. Bien entourée, tu ne me nourris plus. Et s’il y a bien une chose que je déteste… C’est d’avoir faim. Bien joué, PeeGee. À cause de toi, volontairement ou non, Jeannie remporte cette manche…