The Multiversity

Quel que soit le danger, Kiriko était prêt à l'affronter au nom de Sha, elle ne reculait devant rien et à moins que son adversaire était sans conteste plus fort qu'elle, elle ne changeait pas de stratégie. La fuite était parfois nécessaire, pas forcément pour fuir, mais plus pour trouver une autre solution pour vaincre son adversaire que de foncer dans le tas. Son adversaire était là, souffrant par sa lame, mais elle ne voulait pas le tuer, pas si vite, elle devait lui arracher des informations comme elle arracherait ses organes à main nue. En le faisant hurler de douleur. Hélas, cette saleté avait prévu le coup. Une fiole fut brisée, une bourrasque de flamme l'entourait après avoir vu son corps se modifier et la sorcière fut repoussée, rejoint assez rapidement par Açoka.

La Mijakienne tenait quelque chose en sa main avant de la brandir vers elle en criant un mot. Un mot qui la fit hurler autant que Tharja hurlait en elle ! Un symbole mystérieux sur cette pierre qui, sans y faire attention, Kiriko avait déjà vu. La petite elfe servant de femme à Sha dans ses souvenirs était celle qui avait inventé chaque rune en ce monde. Tharja venait à se rendre muette, laissant le contrôle total à Kiriko. Une bonne comme une mauvaise chose dans certains cas. Pendant que Açoka avait fait en sorte que la sorcière soit elle-même, son adversaire avait quelque peu changé, c'était le moins que l'on puisse dire. Est-ce que la Celkhane pourrait vaincre une telle chose, sans magie ? Bordel, est-ce que ce truc craignait les attaques physiques déjà ? Açoka la sermonnait, en soit, elle n'avait pas tort, mais dans un sens, elle avait peut-être agi un peu trop vite ?

« Rhaaaa ferme là, j'ai encore mal ! »

Physiquement ça allait, mais son crâne lui faisait mal, comme si elle venait de prendre un sacré coup sur la tête alors que rien de tout cela ne s'était passé. Donnant un coup en crachant ses tentacules, les deux femmes se séparent pour esquiver ce coup, mais la sorcière put apprendre qu'en coupant ses choses, ça finissait par cracher du feu vers elle. Va falloir faire gaffe avec son arme. Son arme ? Elle venait de se rendre compte que son arme n'était plus là, ni dans sa main, ni dans son fourreau, mais alors... forcément, à côté de ce sac-poubelle géant !

« Ferme ta foutue gueule ! Bientôt, tu serviras de tapis de chiotte si Sha se sent généreuse ! »

Elle se fichait bien de ce qu'il racontait, que ce soit pour la perturber ou un semblant de vérité, elle ignorait ce genre de propos. Elle était la future femme de Sha, c'était tout ce qui comptait pour elle. Mais comme ce dernier ne restait pas en place, il venait à lui foncer dessus, obligé de fuir ce dernier, sans arme, et sans magie. Si Tharja était là, elle aurait pu tenter de le repousser, mais Kiriko... si elle parvenait à faire une flammèche, c'était déjà bien. La sorcière courait, esquivant de peu les attaque du Flamer, cherchant un endroit où se planquer, un endroit où le décor pourrait lui servir pour ne pas être une cible facile. Pénétrant les ruines, elle l'attirait, juste assez pour foncer en arrière à toute vitesse récupérer son arme. Une fois entre les mains, elle se sentait moins désarmée.

« Maintenant saloperie, il est temps de te refaire une beauté... si c'est possible. »

Plus de prudence lui dirait Açoka, mais comment affronter ce truc sans lui foncer dessus ? Ce n'est pas comme si faire tomber une grosse pierre sur le point de céder allait le zigouiller ? Tranchant les tentacules qui fonçait sur elle, la sorcière progressait vers lui, sans avoir l'impression que trancher ces choses ne l'affecte grandement ? Açoka pourrait peut-être l'aider ? Elle fonça de nouveau vers les ruines – étant donné que sa rivale était partie par là-bas – en cherchant à la trouver. Récolter des informations sera capital pour en venir à bout, mais si elle n'a pas de solution, ce sera de foncer dans le tas.

Açoka avait fait le choix de protéger l’esprit de Kiriko de la colère de ses anciennes incarnations. Face à un démon de Tzeentch, il était suicidaire de l’affronter dans cet état. Tzeentch n’était pas qu’un simple magicien, c’était aussi un corrupteur redoutable, et Kiriko ne maîtrisait pas encore assez l’Éveil pour résister contre les tentatives d’intrusions mentales des Flamers. Açoka avait donc certes diminué les pouvoirs de Kiriko en la coupant de son ancienne incarnation, mais lui avait surtout épargné de mourir rapidement. Délestée de son arme, Kiriko joua au chat et à la souris avec le Flamer, tandis qu’Açoka se replia prudemment. Elle tenta de faire diversion, afin de permettre à la Celkhane de récupérer sa lame, et jeta une bombe dans le dos du Flamer. L’explosion déchira son corps en deux, et celui-ci se retourna, son corps se reconstituant sur place.

« Toi, tu n’es rien, tu ne mérites même pas que je m’intéresse à tooooiii… !! »

La Mijakienne fronça les sourcils, restant silencieuse. Elle était une femme déterminée, qui avait foi en elle… Certes, elle avait été très jalouse de Kiriko, au point de finir par perdre confiance en elle, mais sa Déesse l’avait rassuré lui-dessus. La promesse de l’épouser, et de porter son bébé, était un moteur suffisant pour permettre à Açoka de se surpasser. Le Flamer s’élança vers elle, crachant des jets de flammes tout autour de lui. Açoka évita prudemment en tournoyant sur le côté, et frappa avec sa lame. Encore une fois, le Flamer semblait imperméable à ce type d’attaques, et elle bondit en retrait, évitant une volée de tentacules tranchants et de dents claquantes. Elle courut ensuite derrière un pilier, et avisa ensuite Kiriko, qui revenait vers elle.

Kiriko était déterminée, et Açoka savait que, contre un tel monstre, elle allait avoir besoin de son aide.

« C’est un Pyrodémon, Kiriko. Mais ce n’est pas du feu ordinaire qu’il crache. Les flammes d’un Pyrodémon peuvent avoir des effets très particuliers sur les victimes. Outre la carbonisation, ces flammes peuvent entraîner des mutations, ainsi que des troubles psychiques. Vu que celui-ci est capable de parler, nous avons affaire à un Flamer Exalté, pas à un simple monstre décérébré. »

Il était assez ironique que ce soit elle, la non-sorcière, qui donne à Kiriko des instructions sur les démons adverses.

« Le Grand Instigateur est magnanime et généreux ! Soumettez-vous, et il pardonnera vos errances !
-  Tu m’as l’air un peu trop en pétard pour analyser son corps, ma chérie. C’est un corps humain à la base, alors il faut trouver où il cache son cœur. Je n’ai pas le temps de développer une stratégie poussée, alors, voilà ce que je te propose… Tu te charges de faire diversion, de l’occuper. Ce ne devrait pas être difficile, je suis de la piétaille sans intérêt pour lui. De mon côté, je vais le prendre à revers pour transpercer son cœur. »

Ce n’était pas un plan parfait, surtout qu’il mettait Kiriko en première ligne, mais, comme Açoka venait justement de le préciser, elle n’avait pas eu le temps de développer un meilleur plan. D’aucuns auraient pu croire qu’elle souhaitait mettre Kiriko en danger, mais ce n’était pas exact. En réalité, elle avait toute confiance dans les capacités de la Celkhane pour affronter leur adversaire.

Un ennemi bien étrange se présentant à elle. Bien que Kiriko s’intéressait au domaine magique, tant sur sa magie à elle et général qu'aux différents ennemis venant du monde magique. Kiriko avait beau essayé d'apprendre tout cela, ça n'était pas simple entre ses missions ici et là et les désirs de sa déesse à combler. Alors cette chose, ce Flamer, aucune idée de ce que c'était ni de comment le pourfendre. C'est pour cela qu'une fois son arme en main, elle allait devoir voir Açoka, plus ou moins pour demander de l'aide... Enfin, elle ne l'avouerait jamais de devoir demander de l'aide si rapidement à sa rivale, mais bon, sans ça, elle était un peu coincée... La Mijakienne tentait de lui en dire plus concernant cette créature, sur le fait que ses flammes pourraient ne pas juste la carboniser donc, attention... Mouais, cela ne la rassurait en rien en fait.

« Bordel, saleté de monstre ! »

Et pour faire simple, sa mission sera de le distraire pendant que sa rivale tentera de le tuer en trouvant son cœur. Cela ne lui plaisait pas tant que ça de jouer à l'appât mais il fallait bien le faire si elles devaient le tuer le plus vite possible afin de s'en débarrasser. La Celkhane serrait les dents avant de soupirer, car c'était après tout la meilleure solution en vue pour progresser. Avec le temple et ses ruines tout autour d'elles, ça pouvait déjà faciliter la chose.

« Ta intérêt à faire ça bien, j'ai pas envie de passer ma vie à courir. »

Elle était plus habitué à tuer qu'à faire en sorte de courir tout autour de lui. Son arme en main, la Celkhane quittait sa cachette pour l'amener vers les ruines. Pilonne, débris, mur, elle se servait de son environnement pour réussir cela. Tôt ou tard, il détruira toutes ces barrières, mais pour le moment, elle jouait ainsi, tranchant chaque tentacule qui se rapprochait un peu trop. Cela ne lui causait aucun dommage, mais c'était toujours mieux que de juste esquiver, il fallait qu'elle se défende un minimum pour cacher le fait que ce serait à Açoka de l'avoir. Elle aimerait bien lui foncer dessus et causer peut-être de lourd dégât, mais ça risquait surtout de la mettre en danger donc pas question de risquer sa vie. Bien qu'elle soit du genre tête brûlée, elle faisait cela en sachant au moins ou taper pour faire mal, pas pour frapper à l'aveuglette.

« Continue saleté de merde ! Tu vas finir par te fatiguer et là, c'est moi qui irais te buter ! »

Un minimum de provocation, une Kiriko trop calme, c'est une Kiriko non pas louche, mais en position de force, sachant que son adversaire serait une mouche cherchant à tuer un éléphant, aucune chance. Alors que là, qu'elle l'avoue ou non, cette merde ne lui plaisait pas et elle détestait servir de potiche. Mais promis, dés qu'elle trouvera un autre ennemi, ce sera là qu'elle va doublement le tuer. Fallait bien faire ressortir sa frustration de ne pas servir à grand-chose ici.

Açoka exposait Kiriko, mais elle savait que la Celkhane ne risquait rien… Du moins, moins qu’elle. Et il fallait un peu de concentration, alors que Kiriko était un peu trop énervée pour analyser le corps ennemi. Açoka se déplaça donc, et vit le Flamer tourbillonner en l’air. De base, Kiriko l’intéressait davantage qu’Açoka, alors, quand elle se mit à le provoquer, il se focalisa exclusivement sur elle. Des tentacules jaillirent de son corps, ainsi que des bras supplémentaires. La lame de Kiriko trancha un bras, et elle tournoya sur place, relevant sa lame, et l’abattit de haut en bas. Le coup trancha le Flamer, qui recula précipitamment, et Açoka put voir, en se tenant dans son dos, que l’arrière de son corps évoluait. Des amas de chairs noirâtres disparaissaient quand il attaquait en avant, déployant de nouveaux tentacules, et crachant des jets de flamme avec ses gueules multiples.

Kiriko se mit alors à courir précipitamment, et s’abrita derrière l’une des statues de marbre se trouvant au centre de la grand-place. Açoka put voir que le reste de la caravane était également arrivé à l’entrée de cette grande cour. Aïcha s’empressa de la rejoindre, et Açoka lui expliqua rapidement la situation.

« Je pense vous aider… »

Aïcha se concentra alors, et prononça une mélopée. Des glyphes se formèrent autour d’elle, et, quand elle rouvrit les yeux, ceux-ci étaient brillants. Ils avaient changé de couleurs, et elle analysa les flux magiques du Flamer. Açoka ne pouvait qu’enrager en constatant combien la magie pouvait simplifier les choses, mais elle se devait d’agir rapidement. Kiriko était talentueuse, mais elle risquait d’avoir du mal à tenir.

« C’est là… Sa deuxième gueule ventrale. Il faut enfoncer une lame à l’intérieur. »

Açoka acquiesça, et se précipita alors vers le Flamer. Il venait d’exploser une statue avec ses tentacules, et elle l’attira à lui en lançant une bombe. Une violente explosion vaporisa la moitié du Flamer, ce qui permit à Açoka de rejoindre Kiriko, pendant que le démon de Tzeentch était en train de se reconstituer. Açoka lui expliqua où se trouvait le point faible du monstre, et regarda ensuite Kiriko dans les yeux.

« On se le fait ensemble ? »

Elles étaient après tout destinées à se marier ensuite. C’était donc l’occasion de faire une activité conjugale ensuite. Kiriko et Açoka étaient des rivales, mais, quand elles se battaient ensemble, elles faisaient preuve d’une étonnante symbiose, se couvrant mutuellement. Açoka vit le Flamer se redresser, furieux.

« Vous me le paierez, misérables salopes ! Tzeentch se régalera de vos os et se repaîtra de vos âmes !! »

Açoka se contenta d’un léger sourire moqueur.

« Allez, viens, gros tas de merde ! »

La deuxième gueule… Un coup d’estoc en plein dedans devrait suffire, mais encore fallait-il réussir à le transpercer à cet endroit…

Jouer avec ce gros tas de merde, ça ne lui disait pas grand-chose. Si encore elle pouvait l'affronter, ça serait un adversaire comme un autre, mais étant pour le moment dans le flou, elle devait juste attirer son attention, esquiver ses attaques et laisser Açoka trouver son point faible et le tuer le plus vite possible. Un coup en traître dans un sens, mais face à ce genre d'adversaire, Kiriko n'était pas du genre à être fair-play. Surtout que cet adversaire en voulait à sa déesse, donc pas question de rester gentille. Se cachant derrière ce qu'elle pouvait, elle devait faire confiance à Açoka pour pourfendre leur adversaire. Cela arriva plus tard, fonçant à travers la créature, venant lui porter un sacré coup avec son explosion vu la réaction du Flamer. Mais ce ne fut pas le coup de grâce, malheureusement dans un sens...

La Mijakienne lui expliqua où frapper, et du coup, une petite attaque à deux ? Pourquoi pas, ça serait presque une première que ses deux-là fassent équipe. Son arme allait enfin servir à autre chose que de l'agiter pour rien. Leur adversaire se montrait assez furieux, comme toujours, mais sa colère allait s'apaiser avec sa mort.

« Et toi, tu feras une très jolie serpillière pour nettoyer les chiottes ! »

Bondissant ensemble, les deux rivales se rapprochaient de plus en plus du monstre, esquivant ses tentacules et une fois près de sa gueule, les deux femmes venaient à trancher le point faible du Flamer. Tranchant dans le net, les deux venaient littéralement lui passer au travers, son « cœur » étant à présent éparpillé un peu partout autour, elles venaient à retomber sur leurs pieds, laissant le Flamer perdre la vie, l'endroit devenant ainsi un peu plus calme. La Celkhane rangea son arme, prête à reprendre la route, mais avant, en passant près d'Açoka, elle venait la saisir par les hanches pour partager avec elle un langoureux et profond baiser. Ce n'était clairement pas le moment, mais ce n'était pas tout à fait Kiriko qui agissait...

« Sha a toujours eut bon goût pour s'entourer... et moi, j'apprécie rester toujours sa favorite et de dominer ses choix... »

Quelle sorcière pouvait bien dire ça ? Pas Tharja, même si elle a fini par s'adoucir, elle n'était pas celle qui appréciait d'avoir d'autres amantes à ses côtés. Bref, reprenant son corps, elle la lâchait, reprenant sa mine boudeuse en reprenant la route pour sortir d'ici. Ce n'était pas le moment pour tout ça, même si Kiriko voulait bien partager plus avec Açoka, il n'était pas l'heure pour ça mais elle était d'accord avec ce qu'Elle avait dit, elle devait dominer les autres amantes de Sha, ce sera son rôle en tant que femme de Sha, de Première femme de Sha.

« Faut qu'on se dépêche pour rattraper ce retard avant que d'autres saloperies viennent nous faire perdre du temps. »

Cela restait une mission du tournoi, elle devait finir le plus vite possible, sinon ils pourraient trouver une excuse pour la disqualifier si elle arrive dernière.

Le puissant Flamer avait affronté les deux femmes avec efficacité et puissance, mais il était tombé face à des adversaires talentueuses. Kirirko et Açoka étaient rivales, mais elles avaient appris à se battre ensemble. Açoka avait enseigné à Kiriko toutes ses techniques, et Kiriko avait été sa meilleure élève. Ensemble, les deux se battaient avec une symbiose parfaite, et les lames transpercèrent le cœur magique du Flamer, au milieu de tentacules et de jets enflammés. La bête hurla de douleur, et se tordit nerveusement devant elles. La créature sembla s’affaisser sur elle-même, et poussa de longs meuglements, des mugissements terribles. Des jets de flammes jaillirent alors de tout son corps, et le Flamer explosa violemment, dans une gerbe de flammes et de gelée noirâtre. La carcasse du monstre s’étala ensuite sur le sol, formant quelques ossements et quelques flaques noirâtres.

Açoka reprenait doucement ses esprits et eut à peine le temps de respirer que Kiriko bondit contre elle. Elle se lova contre elle, et les deux femmes vinrent partager un baiser sensuel, intense et juteux. Açoka lui répondit volontiers, sentant un long frisson la traverser, comme une sorte de relâchement, de soulagement, toute la tension nerveuse redescendant en quelques secondes. Les deux femmes s’embrassèrent donc, avant que Kiriko ne rompe le baiser, et n’indique que Sha avait bon goût. Açoka sourit doucement en caressant brièvement la joue de la Celkhane :

« Évidemment, et je n’ai jamais douté de ses choix… »

La guerrière sourit doucement à Kiriko, sans rien dire davantage. Y avait-il besoin d’en dire plus ? Kiriko proposa ensuite de reprendre, et Aïcha se rapprocha alors.

« Les Moudjahidines ont été vaincus, vous êtes vraiment fortes, toutes les deux… Mais oui, on doit continuer avant que des renforts ennemis ne débarquent. »

Il fallait traverser la cour, puis rejoindre ensuite le temple à l’arrière, celui donnant accès aux grottes. Après cet âpre combat, plusieurs des soldats d’Aïcha étaient morts. Açoka n’était toutefois pas vraiment état d’attendre qu’on leur creuse une tombe. Elle-même était très inquiète pour la santé de sa Déesse, pour la puissante Sha. L’Ombre était en danger à Wallündrill, et, plus le temps passait, et plus Açoka avait le sentiment que le passé allait refaire surface dans cette ville, et que les vieux secrets enterrés jadis allaient rejaillir.

Et, même si elle se rapprochait de Kiriko, Açoka avait un très mauvais pressentiment sur la suite des évènements…

Leur adversaire étant maintenant mort – jusqu'à preuve du contraire – elles pouvaient reprendre la route pour trouver le passage menant jusqu'à la ville du tournoi. Cela ne se fera pas en deux minutes, mais il était important tout de même de se presser. Kiriko avançait avec sa rivale à ses côtés, oubliant les personnes tombés au combat. Elle n'était pas du genre à se ficher de cela – sauf si ce sont ses ennemis évidemment – mais là, il était question de se presser. Gagner cette épreuve, faire en sorte que rien de grave n'arrive à Sha aussi. Certes, la déesse pouvait se défendre seule, elle était assez forte pour ça, mais étant sa future femme, il était naturel pour elle de s'inquiéter pour elle. Avançant toujours dans le sable, à travers la ville morte, la sorcière laissait ses yeux se balader partout, chaque recoin, chaque zone sombre, ne pas se laisser surprendre par un nouvel adversaire...

« Je ne pense pas qu'il y a d'autres adversaires dans le coin, mais je préfère pas crier victoire trop vite... »

Prudence est mère de sûreté comme elle aimait le dire. La plupart des bâtiments étaient creusés à travers la roche, quelques bâtiments étaient faits normalement en ville, mais c'étaient aussi les plus louches. Porte brisée, mur éventré, tant de cachette potentielles pour des ennemis, tant de regard camouflé guettant leurs moindres faits et geste. Elle ne sentait aucun regard sur elle, mais la sorcière Celkhane ne voulait pas s'endormir sur ses acquis.

« Je doute que ceux qu'on vient d'éliminer soient les seuls dans le coin ? »

Sa question s’adressait surtout à Aïcha, c'était elle qui était celle qui connaissait mieux le coin. Ce serait trop beau que ce groupe soit le seul dans le coin qui ai envie de leur mettre des bâtons dans les roues. Kiriko ne comptait pas les bêtes sauvages, évidemment eux, la plupart des proies étaient bon pour venir les embêter. Du coup, elle continuait à progresser, plus elles s'enfonçaient ici, plus la zone était sombre, risquant ainsi de voir débarquer plus d'invité indésirable... Si seulement une sorcière en elle était adepte dea la téléportation, ce serait beaucoup plus simple de revenir au centre de l'arène et terminer ceci les doigts dans le nez. Mais c'est à croire que ça ne fonctionnait pas comme ça, que Sha n'avait pas aimé une telle sorcière ou alors qu'elle se reposait si bien en Kiriko qu'elle ne comptait pas pointer le bout de son nez de sitôt.

« Cet endroit a toujours attiré les pillards et les monstres… Mais je pense que les Moudjahidines et ce démon les ont faits fuir. Néanmoins, je ne préconise pas d’attendre sagement leur retour. »

Aïcha était en tout cas assez impressionnée par ces deux femmes. Açoka lui avait déjà parlé de Kiriko, al décrivant comme une « insupportable garce », mais Aïcha avait toujours senti que, sous cette couche de rivalité, il y avait autre chose. Le rapport entre ces deux femmes était compliqué, un mélange de tension, d’affrontement, mais aussi d’amour. Après tout, elles aimaient chacune la même femme, et cette femme n’était pas une simple humaine, mais une Déesse polyandre. Et, au-delà de ça, quand il s’agissait de combattre, elles étaient aussi redoutables l’une que l’autre. Maintenant que l’adrénaline redescendait, Aïcha était sûre que l’un des deux l’aurait tué si elle leur disait le fond de sa pensée… À savoir qu’elles faisaient un excellent tandem.

Les hommes de Pacha Kamaq se rapprochaient également, envahissant la grande cour, jetant des regards dédaigneux sur les quelques flaques noirâtres, dernières traces du terrible Flamer, puis le groupe avança. Ils traversèrent cette grande cour, et avisèrent ensuite la dernière partie de cette ville abandonnée : un énorme temple construit à flanc de montagne.

« On dit que cette ville était jadis prospère, qu’elle était l’ancienne Wallündrill, qu’il y avait ici un vaste oasis. Quand les Grands Anciens ont envahi Terra, cette ville a été ravagée, et l’écosystème changé à jamais. L’ancienne Wallündrill exploitait l’oasis, mais avait aussi une activité minière importante, qui était gérée par une sorte de culte dédiée à un Dieu minier. C’est ce qui explique la présence de ce temple. Mais il faut s’attendre à tomber sur des monstres.
-  D’après la légende, poursuivit un homme, c’est par les mines que les monstres ont envahi l’ancienne Wallündrill, appelés des profondeurs par les Grands Anciens.
-  D’autres disent aussi que les anciens mineurs nains de Wallündrill ont creusé trop profond… »

Kiriko avait déjà rencontré les anciens territoires nains, lors de la Première Épreuve de Wallündrill, quoi semblait déjà remonter à une éternité auparavant. Menant le groupe, Aïcha s’aventura sur le chemin menant au temple. L’activité minière de cette ancienne ville avait fait sa fortune, ce qui se devinait à la configuration des lieux, puisqu’on y accédait en traversant le bastion principal. Le groupe rejoignit ainsi l’entrée du temple, et Aïcha pénétra la première, usant de sa magie pour générer des sphères lumineuses destinées à les éclair.

Derrière le hall d’accueil, avec une statue vénérant une divinité naine, on pouvait accéder aux grottes souterraines.

« Le monde du dessus et le monde du dessous sont étroitement liés par certaines grottes. Les Drows connaissent ces passages à la perfection. De tels canaux échappent souvent à la plupart des dômes magiques. Ce sont des passages secrets, et la légende dit même qu’il existe des grottes de ce type pour rejoindre l’Olympe, des grottes que la Déesse Aphrodite aurait jadis faite elle-même pour rejoindre le monde des mortels en échappant au regard de Zeus… »

Aïcha était plutôt bien renseignée, mais elle était après toute fille de noble, et Pacha Kamaq avait tenu à lui fournir une excellente éducation. On en voyait le résultat.

Quant au groupe, il quittait l’ancienne Wallündrill pour rejoindre les mines et les grottes, de quoi rappeler à Kiriko ses souvenirs de la Première Épreuve de Wallündrill…

La menace étant passée, Kiriko pouvait progresser doucement avec le groupe en prenant le chemin des mines afin de rejoindre la ville au plus vite. Quand elle aura terminé cette maudite épreuve, sans finir dernière si possible, sinon ça pourrait très bien être un motif pour l'éliminer, elle pourra souffler après. Mais pour le moment, la menace était loin d'être éliminé. Elle était calmée pour le moment, pas plus. Qu'importe la menace, cela ne lui faisait pas peur. Elle réussirait bien à passer au travers, elle avait déjà rencontré quelques-uns de ses habitants, il y a quelques temps, ils doivent savoir à présent qu'il ne faut pas s'approcher de la Celkhane en violet. Hélas, sa réputation ne suffira pas à la tirer de ce mauvais pas, bien qu'elle avait un peu d'aide cette fois aussi, il ne faut pas trop se reposer sur eux, ni même songer à faire un grand nettoyage. Elle était là pour remporter cette épreuve, pas faire le plus gros score de cadavre vaincu dans ces grottes.

« Qu'ils restent au fond, nous, on compte faire en sorte de juste traverser et rejoindre l'autre côté, point barre. »

Certes, les monstres n'iront pas les laisser tranquilles avec ce genre de raisonnement, mais dans un sens, si elles se font petites et qu'elles n'embêtent pas ceux qui y vivent, aucune raison qu'ils viennent leur interdire le passage, tant que Kiriko et compagnie ne venait pas les gêner. Y faut juste espérer que personne ne viendra leur bloquer la route, pas d'ennemis, pas d'alerte, pas d'alerte, elles traversaient cela plus rapidement. CQFD. Aïcha venait même à leur apprendre que ce genre de grotte était parfois propice à être un passage entre ici et le monde des dieux Olympiens. Sauf que ça, Kiriko, elle s'en fout. Qu'est-ce que les dieux viennent fourrent dedans ? Tant que ces maudits dieux ne viennent pas lui chercher des misères à elle ou Sha, ils peuvent bien copuler sur leurs petits nuages ou se faire la guerre, ça lui fait une belle jambe !

« Évidemment, y a pas de Drow dans l'équipe, je suppose ? »

Ca aurait été trop beau pour qu'il puisse jouer le guide ici, même à l'instinct, ça aurait été déjà plus pratique pour avoir un semblant de chemin jusqu'à la sortie car pour le moment, à dire vrai, il n'y avait pas de cartes ? Peut-être ? En tout cas, elle n'était pas très au courant de cela. Il y avait les petites bulles de lumières pour éclairer la route, mais ce serait étonnant que la route soit unique et sans danger, cela ne serait que trop beau. L'arme en main, la Celkhane avançait prudemment en observant chaque zone d'ombre éclairée ou non, il ne fallait négliger aucun angle mort. Peut-être qu'elle s'en faisait trop, mais Kiriko préférait la prudence à une situation où tout partirait en couille à cause d'un détail qu'elle n'avait pas vue et qui a jouer l'effet boule de neige.

« Je suppose que j'en demande trop si je demande en combien de temps, on en arrive au bout ? »

On ne sait jamais, si Aïcha connaît bien le coin, elle aurait peut-être une certaine estimation, sinon, patience... Et la patience dans ce genre d'endroit n'était pas son fort, le danger rode autour, se cachant pour bondir de n'importe où, bonjour les ennuie...

Açoka sourit doucement devant l’impatience de Kiriko. Elle n’était pas une sorcière pour rien, surtout qu’elle était aussi l’épouse de leur Déesse. L’humilité ne faisait pas bon ménage avec les sorcières, et Kiriko manifesta rapidement son impatience à l’idée de perdre des heures dans les grottes caverneuses. Aïcha sourit brièvement, et se déplaça vers Kiriko.

« J’ai déjà emprunté ces tunnels. Tu sais, il existe une bonne centaine de kilomètres entre ici et Wallündrill, mais il existe un couloir permettant de rejoindre plus rapidement les abords de Wallündrill. Il a jadis été généré par la Déesse Ishtar, qui était prisée dans l’ancienne Wallündrill, pour faciliter l’évacuation de son peuple. Ce passage nous permettra de rejoindre Wallündrill en quelques minutes, mais il va falloir que je passe devant. »

Aïcha s’avança donc dans le temple. Celui-ci était plongé dans la pénombre. Pacha Kamaq, de son côté, suivait les trois femmes. Aïcha se rapprocha d’une alcôve, et posa dessus une sorte de rune lumineuse. Quand la rune heurta le mur, des runes supplémentaires s’enclenchèrent. La jeune femme attendit un peu, puis prononça une mélopée en langue ancienne. Ishtar était une ancienne Déesse qu’on disait très proche de Lust, et dont le culte était encore vénéré dans certaines maisons de Wallündrill.

Quand la formule fut prononcée, l’alcôve disparut, chaque pierre semblant s’absorber pour former une sorte de couloir noirâtre et étoilé.

« Par ici. Mais on ne peut pas rentrer en étant trop nombreux, je n’ai pas les pouvoirs d’Ishtar, alors… »

Pacha Kamaq acquiesça doucement :

« Allez-y toutes les trois, mes hommes et moi vous rejoindront ensuite. »

Aïcha hocha la tête à son tour, l’encouragea à rester prudent, puis passa dans le vortex. Un escalier jaunâtre se formait progressivement, une série de marches qui filaient dans une atmosphère surréaliste. Tout autour des trois femmes, on voyait des étoiles au loin, des planètes qui se rapprochaient puis qui disparaissaient, ainsi que des formes surnaturelles, des créatures gargantuesques et indescriptibles… Tandis que, régulièrement, des espèces de courants argentés, ressemblant à des rivières cosmiques, se rapprochaient.

De son côté, Açoka observait les lieux, surprise par un tel endroit.

« C’est un couloir divin. Seuls les Dieux peuvent les utiliser, ou ceux qui disposent des bonnes clefs. Mais je vous invite à suivre l’escalier. Si vous vous égarez, vous vous perdriez dans les flux temporels et dimensionnels. Tout ce que vous voyez autour de vous, ce sont d’autres espaces, d’autres mondes, et même d’autres espaces temporels. Alors, il vaut mieux ne pas se perdre. »

En regardant autour d’elle, Kiriko pouvait voir des images, des souvenirs, des rémanences émanant de ses précédentes incarnations.

« Certains appellent ça le Warp, une zone-tampon entre les mondes… »

En continuant à marcher, Kiriko put voir une sorte de sphère dorée, une prison spatio-temporelle où une femme était enchaînée, et hurlait, s’époumonant en vain.

C’était Sha, sa Déesse… Immobilisée par des tentacules noirâtres acides, hurlant de douleur tandis que des pointes la transperçaient, et qu’un être furieux l’observait au-dessus d’elle.

« Pourquoi ? Tu m’as défié, chienne, et je ne peux t’absorber ! Pourquoi ? Que me caches-tu ?! »

Et Sha hurla, et hurla encore, tandis que les pinces de Tzeentch sondèrent son esprit, à la recherche d’informations qu’elle refusait de lui donner…

La main d’Aïcha se posa soudain sur le poignet de Kiriko, la ramenant à elle.

« Attention aux échos, Kiriko… Si tu te perds ici, même Sha ne pourra te sauver. Ici, il n’y a pas de protection. Seul cet escalier nous protège des forces maléfiques qui rôdent par ici. »

Mais l’escalier se refermait derrière elles, car Aïcha n’avait pas le pouvoir de le maintenir éternellement. Et, derrière elles, les femmes pouvaient voir d’immenses yeux les observer, certains semblant aussi gros que des planètes, tandis que des nuées de tentacules, aussi gros que des immeubles, dormaient dans l’obscurité. Quelques éclairs les révélaient parfois, et il suffisait de croiser le regard d’une de ces créatures pour entendre son écho, pour entendre le murmure… Pour entendre son appel.

Sur le coup, la réponse d'Aïcha n'avait rien pour la rassurer. Centaines de kilomètres ? C'était une blague ? Sachant qu'en moyenne, un humain fait un kilomètre en douze minutes, elles allaient y passer au moins une journée ! Heureusement, elle levait ses doutes en dévoilant qu'elle connaissait un passage pour rejoindre cet endroit en quelques minutes. Voilà qui était beaucoup plus appréciable à entendre. Après tout, cette épreuve était comme beaucoup, une épreuve de rapidité donc elle ne devait surtout pas finir dernier sous-risque de se voir éliminer. Depuis le début, Kiriko avait appris que ce n'était pas qu'un simple tournoi, mais mieux vaut ne pas leur donner d'occasion de la virer de cette compétition. Plus elle sera en courses, plus elle pourra déjouer tout cela. La jeune femme venait à ouvrir un passage après avoir apposé une rune, qui en fit apparaître d'autres. Kiriko n'y connaissait pas grand-chose en rune et pourtant, elle semblait se douter de la signification de cette rune ? Sûrement du fait que Syl'vathe avait refait surface en elle ?

Elle, Açoka et Aïcha venait donc prendre le couloir, les autres devraient suivre pas la suite. Une fois dedans, c'était assez étrange, toutes ses lumières aux loin, à croire que Kiriko marchait avec les étoiles. C'était très étrange mais très beau. La sorcière écouta les explications, du fait que tout cela n'était pas l'espace à proprement parlé, mais bien une zone où se trouvaient d'autres mondes, dimension et ainsi de suite. Marchant en grimpant les marches une à une, elle fut retenue par la vision qu'elle voyait dans une sphère dorée, voyant Sha qui semblait souffrir. La pauvre était torturée, refusant de dire quelque chose à son tortionnaire, mais elle sortie de ses pensées, Aïcha venait la remettre sur le droit chemin.

« P-pardon... »

Elle était un peu retournée par ce qu'elle avait vu, mais il n'était pas question de ça ici, même si ça pouvait aider Sha, trop traîner des pieds était trop dangereux. Évitant donc de trop trainer, elle se rapprochait quand même de son guide, espérant bien qu'elle puisse avoir certaines réponses.

« Dis-moi, il serait possible plus tard de revenir ici, en prenant notre temps ? J'ai l'impression que je pourrais ici voir certaines souvenir pour Sha. »

Chaque bribe de mémoire retrouvée, aussi pénible soit-il, était une bonne chose pour que Sha retrouve ses souvenirs et ses pouvoirs, la rendant ainsi plus puissante et plus redoutable. Mais une autre question lui venait aussi en tête, concernant plus cette épreuve aussi.

« Et ta sortie, elle nous mènera à quel coin de Wallundrill ? »

Il fallait bien qu'elle se renseigne sur où la sortie va les mener, car si c'est un coin dangereux, elle va devoir se préparer à combattre. Elle avait trois puissantes adversaires ici, dont deux qu'elle devait absolument tuer. Seule Namoria restait une ennemie, juste une ennemie mise sur son chemin, tandis que les deux autres... C'était presque une affaire personnelle...

« Passer du temps ici ? T’imagines-tu vraiment que cette dimension soit un lieu propice aux vacances, Kiriko ? Je suis navrée, ma chère, mais je n’ai pas ce pouvoir, il faudra plutôt que tu voies avec notre Déesse, mais je doute qu’elle acceptera. »

Le monde de la magie pure n’obéissait à aucune règle. Cette zone était une zone-tampon entre les dimensions, un endroit n’apparaissant sur aucune carte, sur aucun plan astral. Le Chaos, les Limbes, l’Éther, l’Immaterium, le Warp… Cette zone-tampon portait bien des appellations, et se présentait sous bien des aspects. Kiriko en avait vu une partie en rejoignant le Monde Onirique, et où elle avait croisé une créature de cette nature. Mais aucune règle ne régissait le Warp. On disait que les Dieux en étaient issus, et que, quand on mourrait, on rejoignait l’Éther, le temps d’en ressortir ensuite. Le jour où une civilisation arrivera à comprendre et à régenter le Warp, alors personne ne pourra rien contre elle. Mais ce jour semblait plus qu’improbable.

Kiriko en avait un aperçu, et Açoka la prit par la main, pour être sûre qu’elle ne reste pas en arrière.

« Je ne suis pas une sorcière, Kiriko, mais je sais que cet endroit est dangereux. Il n’est pas pour les mortels. Tu voulais savoir où Sha avait été enfermée pendant des siècles ? Tu as ta réponse. »

Le décor était perpétuellement changeant, cosmique ou micromoléculaire. On pouvait voir des planètes exploser, des atomes grossir, des décors féériques et fantasmagoriques. Dans ce noir étouffant et tempétueux, des éclairs faisaient apparaître de longs tentacules lointains. Le vent portait des murmures incompréhensibles. C’était le domaine de l’immatériel, un royaume sans logique, où les règles de la physique et de la logique ne s’appliquaient plus. S’y rendre était donc très dangereux, surtout quand l’un de vos ennemis était Tzeentch, un être issu du Warp.

Açoka maintenait donc sa main sur celle de Kiriko, tandis qu’Aïcha lui répondit :

« À proximité… Normalement, il y a un temple souterrain dans Wallündrill, mais, comme un dôme magique recouvre la ville, je préfère sortir dans une grotte à proximité, pour pouvoir examiner la zone. »

La guerrière mijakienne ne répondit rien à cela, tenant toujours la main de Kiriko. En ce moment, elles n’étaient pas des rivales, mais ressemblaient clairement à des amantes, se soutenant l’une et l’autre. Dans ce monde, Kiriko était assez confuse, sa verve habituelle laissant place à une femme plus fragile, comme si elle prenait vaguement conscience que cet endroit était dangereux pour elle, car susceptible de lui rappeler son passé, la souffrance de Sha. Car sa Déesse avait passé plusieurs siècles ici, emprisonnée et torturée par Tzeentch.

Finalement, le décor évolua encore, devenant plus naturel, plus rocailleux. Le vent qui les entourait s’amenuisa, tout comme les murmures, puis un rayon lumineux les accueillit. Elles étaient revenues dans une grotte, et Açoka consentit enfin à lâcher la main de Kiriko. Le trio remonta dans cette galerie, jusqu’à rejoindre la sortie, où elles avaient une vue imprenable sur Wallündrill.

Mais la glorieuse cité avait perdu de sa superbe. Des colonnes noirâtres s’élevaient dans le ciel, ainsi que des débuts d’incendie ici et là. La grotte se trouvait sur le flanc d’une des montagnes entourant Wallündrill. Le vide les accueillait en contrebas, mais un sentier escarpé permettait de remonter, et ainsi de rejoindre les routes souterraines menant aux entrées de Wallündrill, matérialisées par plusieurs ponts dorés suspendus au-dessus du vide.

« Je ne veux pas te décevoir, Kiriko, mais je crois bien que la compétition est annulée. Il nous faut rejoindre le temple de Lust, mais j’hésite sur le chemin à prendre. Soit nous montons pour tenter de passer par l’un des ponts, soit nous descendons. »

En contrebas, il y avait plusieurs rivières menant à la mer au milieu d’une jungle luxuriante et étouffante.

« Il existe des grottes et des égouts permettant de rejoindre la ville depuis la jungle. Dans les deux cas, il y aura du danger. »

Açoka acquiesça doucement, et se retourna vers Kiriko.

« Nous tomberons sûrement sur des ennemis par les ponts, mais, d’un autre côté, nous rejoindrons la ville plus rapidement comme ça. Que privilégies-tu, Kiriko ? »

Ce monde était étrange, rien que sa nature semblait irréelle. Bien qu'elle ne soit pas la plus grande connaisseuse du monde magique, cet endroit semblait tellement surnaturelle qu'elle en restait sans voix. Rester ici ou même y revenir n'était pas une bonne idée et pourtant, même si les images qu'elle pouvait y voir était parfois horrible, c'était tout de même des souvenirs de Sha, les voir, les lui apporter, c'était lui rapporter sa mémoire, ça faisait partie d'elle ! Mais Aïcha comme Açoka se refusait de passer plus de temps ici, elles devaient rejoindre la ville au plus vite. Oui, la ville. Le tournoi, tout ça. Elle devait tout faire pour remporter le tournoi et amener Sha au sommet de sa gloire. Ça, en plus de se débarrasser des gêneurs qui leur veulent du mal. Même Açoka venait lui tirer la main, presque comme une enfant. Elle avait envie d'en apprendre plus, pour Sha, mais rester ici et se mettre en danger ne risque pas de plaire à sa déesse... C'était un étrange dilemme qui lui était présenter.

Finissant doucement, mais sûrement par trouver les sorties, les deux amantes de Sha ne pouvaient que faire aveuglement confiance en la Mijakienne qui venait de les ramener à la terre ferme, loin du danger de cet endroit, mais dehors, ce n'était pas forcément plus gai. Oui, la ville était là au loin, mais bien des choses semblaient s'être passé depuis sa téléportation dans le désert. La ville au loin semblait subir actuellement bien des choses, et sa première pensée fut naturellement pour Sha. Il faudrait plus qu'une émeute ou deux pour la mettre vraiment en danger, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser à elle évidemment. Devant elle s'offrait deux chemins, un plus long et plus sûre, d'un autre un plus court, mais plus dangereux. Il y avait deux types de dangerosité, celui qu'elles pouvaient balayer en une poignet de secondes et l'autre qui était pouvait être beaucoup plus long... 

« J'hésite, un plus long et plus sûre, d'un autre côté, un plus court, mais plus dangereux. Reste à savoir ce qui est le plus dangereux et le plus urgent ? »

Le doute continuait de pousser en elle, car en admettant que l'un, si ce n'est ses trois adversaires l'attendait, ce serait quel chemin en supposant qu'ils savaient où elle serait ? Le chemin le plus court ? Le plus long ? Si ça se trouve, ils étaient éparpillé, certains sur la courte, l'autre la longue ? Rhaaa c'était pénible !!!

« Foutue pour foutue, prenons le chemin le plus court ! À trois, on arrivera à dégager ce qui nous gêne en chemin ! »

La sorcière sortait la lame de son fourreau, ainsi elle était déjà prête à occire quiconque viendrait sur leur chemin pour les freiner ! Le seul risque comme ça de les ralentir, ce sera de glisser à cause des flaques de sangs que les ennemis vont laisser sur leur passage. Maintenant le choix fait, le trio se dirigeait donc vers les ponts pour pouvoir les emprunter et rejoindre au plus vite. C'étaient bien ses trois adversaires que Kiriko redoutait de rencontrer, dans un sens, les affronter maintenant, cela voudrait dire qu'elle serait plus tranquille après. Mais le pire, c'était Namoria... Elle ne voulait pas tuer cette démone qui restait après tout une amie. Il y avait certes un guerre de clan entre elle et ceux que Sha soutenait, mais elle espérait ne pas la croiser ou qu'elle ne vienne pas l'attaquer, autant les deux autres, elle avait une bonne raison de les affronter, pas elle...

Il fallait rejoindre Wallündrill. Leur Déesse avait besoin d’elles, mais Açoka hésitait sur la démarche à suivre. Fallait-il passer par la jungle, ou directement par le pont ? Açoka laissait le soin à Kiriko de choisir. Après tout, elle connaissait bien Wallündrill elle aussi, à force d’y être. Celle-ci finit par trancher, et opta pour une traversée directe. Açoka acquiesça donc.

« C’est entendu ! On passe par le pont suspendu, alors. »

Le trio remonta la galerie, jusqu’à rejoindre une galerie bien plus grande, une sorte de gorge sinueuse s’enfonçant dans les montagnes. Le ciel apparaissait au loin, tandis que la galerie avait été aménagée et creusée pour permettre le passage de chariots. Ici et là, des poutres avaient été installées avec une sorte de charpente visant à soutenir par endroits la voûte rocailleuse et montagneuse. Des cadavres jonchaient toutefois le sol, ainsi que des chariots ravagés. Açoka fronça les sourcils, sentant cette odeur de mort, et aperçut rapidement des hommes en train de patrouiller.

« Hey ! »

Des malandrins, des voleurs et des bandits, des détrousseurs de cadavres. Ils se redressèrent lentement en les regardant, ayant à la ceinture des armes propres, en bien trop bon état pour appartenir à de vulgaires bandits de passage.

« Et ben ! Matez-moi ce joli trio !
-  Elles se prennent pour des guerrières, les dames de compagnie ?
-  Si vous voulez voir une épée, j’en ai une belle à vous montrer… Là ! » fit un autre brigand en posant sa main sur le sexe, se penchant vers l’avant en tirant exagérément la langue.

Açoka soupira lentement, et les observa silencieusement. Ils se rapprochèrent lentement, et elle se déplaça encore.

« Vous appartenez à une bande ? Pour qui travaillez-vous ?
-  C’est nous qui causons, ma chérie ! »

Leurs yeux étaient vitreux, signe qu’ils devaient être drogués au fisstech, une drogue hallucinogène influant sur le système nerveux. Açoka fronça les sourcils, et, quand l’homme tenta de l’attraper, elle l’attrapa alors par le bras, le tordit dans son dos, et l’envoya heurter violemment le chariot. Es autres dégainèrent leurs lames, et Açoka, avec son autre main, attrapa une dague accrochée à sa ceinture, et égorgea l’un des tueurs. Les autres, surpris, n’eurent guère le temps de réagir davantage, Kiriko et Aïcha allant les attaquer.

Après quelques instants, Açoka cloua l’homme au sol, un genou s’enfonçant dans ses omoplates, et tira sur ses cheveux.

« Maintenant, si tu ne veux pas que je te fourrez ta queue rabougrie dans la bouche et que je te la fasse bouffer, tu vas me dire pour qui tu travailles ! »

Tout d’un coup, la fierté de l’homme avait disparu, et il se mit à parler :

« On… On travaille pour le Rat ! La meute du Rat, merde ! Il… Les quatre seigneurs criminels de la région se sont réunis, putain ! On… On surveille les frontières de la ville, quoi ! »

Wallündrill était une magnifique cité, mais qui n’était pas à l’abri de ses défauts. Cité régie par des économistes et par les guildes marchandes, les pauvres y étaient mal vus, ce qui avait entraîné progressivement un brigandage important. Quatre seigneurs de crime avaient organisé des troupes dans la région, portant des surnoms d’animaux : le Rat, le Serpent, le Porc, et le Loup. Les quatre avaient chacun des origines sociales différentes. Le Rat était un être très laid qui, dit-on, obéissait scrupuleusement au Serpent, un marchand de Wallündrill banni de la cité libre.

L’homme implorait vainement la pitié des femmes, tout en expliquant que les quatre avaient été réunis pour attaquer la ville.

« C’est… C’est lui qui les a réunis ! Le… L’Homme-En-Noir !
-  Qui ça ?
-  J’en sais rien, putain, j’en sais rien ! Il… Il leur a offert les richesses de Wallündrill, et… Il parlait de la Femme d’Ombre, disant qu’il voulait qu’ils la récupèrent, mais… Merde, on voulait juste se faire de l’argent, j’veux pas mourir, merde ! »

Açoka soupira, et se redressa. Difficile de tirer quoi que ce soit d’autre de lui, et elle regarda Kiriko.

« Je crois qu’il parle de Sha, ma chérie… J’ignore qui est cet homme-en-noir, mais je soupçonne un lien avec Blaine. On ne peut pas le laisser vivre, il préviendra les autres.
-  Non, non, je vous jure que… »

Il ne put rien jurer, car Açoka lui brisa le crâne d’un mouvement brusque des mains. Aussi belle qu’impitoyable, elle ne jeta même pas un regard en arrière sur la victime, et s’avança.

D’autres hommes du Rat surveillaient le pont suspendu, incluant plusieurs archers et des lanciers.

La bataille de Wallündrill allait se poursuivre !

Pas de temp à perdre, la ville semblait être sous un voile de catastrophe alors la sécurité de Sha avant tout ! Inutile de se dire quel chemin prendre, les deux étaient sûrement piégé. Quoi qu'il en soit, le pont était donc choisi et le trio ne se fit pas attendre pour entreprendre ce dernier. N'ayant pas encore atteint ce pont, la bande tomba néanmoins sur bien des cadavres avec quelques rapaces présents pour détrousser ses derniers. Que ce soit eux qui les ont tué ou qu'ils soient juste là pour le butin, ça ne change rien au fait qu'ils risquaient d'y passer si leur langue ne se déliait pas dans un premier temps. Ses trois guignols pensaient vraiment supérieur ? Leur erreur aura été de croiser leur route, en plus de les provoquer. Açoka fit vite comprendre qui avait la force ici. Aïcha comme Kiriko ne tardait pas à se jeter sur les autres, quand bien même leur victoire était évidente, pas question de lui laisser croire qu'il aurait une chance. Un seul et unique coup vertical. La lame de Kiriko avait presque coupé son corps en deux, mais il avait une belle ouverture de son épaule jusqu'au nombril, aucune chance qu'il y survive plus de dix secondes.

Açoka tentait comme elle pouvait de faire cracher ses informations de la bouche de ce misérable voleur qui semblait appartenir à une bande de voleurs, celle du rat. Un nom qui n'avait rien de glorieux ni même effrayant aux yeux de la sorcière en violet. La Mijakienne venait à lui défoncer le crâne, de façon à ce qu'il rejoigne ses petits copains. Si elle ne l'avait pas fait, elle s'en serait chargée sinon ce sale petit rat aurait pu vendre la mèche.

« Je vois mal comment une bande de voleurs pourrait réussir à mettre la ville dans un état pareille, ni même comment ils pouvaient croire avoir la moindre chance contre Sha ? »

Enfin, leur rôle se limitait sûrement à juste mettre un bordel sans nom pour que les vrais méchants puissent agir sans trop attirer l'attention. La Celkhane agitait son sabre pour que le sang n'adhère pas à sa lame avant de pouvoir reprendre l'unique chemin – pour le moment – afin de rejoindre le pont, puis retrouver leur déesse.

« Ils nous ont déjà fait perdre trop de temps, allons y. »

Quand il s'agissait de la déesse, Kiriko ne réfléchissait pas, elle fonçait ! Elle ignorait si elle était vraiment en danger pour le moment, mais elle n'allait pas attendre pour le savoir. Il va falloir redoubler de prudence si l'ennemi est déjà en ville, mais en attendant, il fallait déjà la rejoindre, cela ne sera peut-être pas aussi simple après tout ?

« Pourquoi lancer une attaque maintenant ? Dans quel but ? »

La question se posait à ses deux camarade autant qu'à elle-même. Elle n'était pas assez prétentieuse pour se dire que cela était dû à son absence, Sha était bien assez forte pour se défendre sans Kiriko et des deux, c'est plus la déesse qui était apte à sauver sa sorcière, non l'inverse. La sorcière Celkhane cherchait donc la réponse à tout cela...

« Le Rat, le Serpent, le Porc, et le Loup… Ce sont quatre seigneurs criminels, des barons du crime aux origines différentes. »

Aïcha leur résuma sommairement ce qu’elle savait sur ces quatre individus aux sobriquets d’animaux. Le Rat et le Porc étaient deux orphelins de basse extraction. Le Rat était connu pour sa repoussante laideur, et avait grandi comme orphelin. Difficile de comprendre comment celui-ci avait pu devenir chef d’une bande de criminels, et Aïcha soupçonnait que l’aventure criminelle du rat avait commencé quand il s’était retrouvé à la tête d’une bande de petits délinquants notoires dans les rues du quartier pauvre de Wallündrill. La petite bande avait ensuite continué à croître en recueillant les déshérités et les malheureux. Le Porc, de son côté, était différent. Il venait des fermes, et on disait qu’il était devenu boulimique suite à des disettes. Ce fils de fermier était devenu un criminel en attaquant les greniers des autres villages pour récupérer leur nourriture, tuant au passage les fermiers et les habitants locaux.

Quant au Serpent et au Loup, les deux avaient de plus nobles extractions. Le Serpent avait jadis été membre du Conseil régent de Wallündrill, un puissant marchand, riche et vaniteux. Ludwig de Beauregard, comme était son vrai nom, était toutefois corrompu, et avait fait l’objet d’un procès de la part des autres marchands, ayant conduit à la confiscation de ses biens, et à son bannissement. Le Serpent n’avait respecté aucune des lois de Wallündrill, multipliant les infractions financières et soutenant des organisations criminelles pour attaquer les autres marchands. Cruel et fourbe, il était resté riche, et était l’un des moteurs du Quatuor. Quant au Loup, le dernier membre de cette bande de renégats, c’était un ancien chef militaire de Wallündrill, réputé pour ses talents au combat, son sens de la stratégie, mais qui avait fini par être limogé quand l’armée l’avait accusé d’avoir tué d’autres généraux pour satisfaire sa soif de pouvoir personnelle.

« Ces bandits sont tous recherchés par les autorités locales, mais vous avez raison, Kiriko… Même en réunissant conjointement leurs forces, ils n’auraient pas pu assiéger la cité libre si facilement.
-  Ils sont aidés par quelqu’un d’autre, c’est évident… Et le fait d’attaquer pendant la durée des Épreuves n’est pas anodine. Vous nous aviez bien dit que cette dernière épreuve était truquée, non, Aïcha ? »

Aïcha hocha la tête.

« Le pouvoir à Wallündrill n’est pas aussi stable que dans une monarchie. Il n’y a pas de rois ici, mais un conseil composé des plus grosses guildes marchandes de la ville. Les Conseillers ne sont toutefois, dans l’ensemble, guère différents du Serpent. Arrivistes, orgueilleux… Ils règnent à grand renforts de procès fictifs, de manipulations, et parfois de guerres civiles. Je pense que les marchands qui se sont associés à Blaine ont également dû obtenir l’aide des quatre bandits… De cette manière, ils ont suffisamment d’hommes pour mener à bien leur révolte. »

Açoka avait, elle aussi, la même interprétation. En rejoignant Sha, elle s’était éloignée de ses influences mijakiennes, notamment du réseau d’espionnage très abouti de l’Empire. Elle ne savait donc pas ce qui se passait précisément sur Wallündrill, mais, du peu qu’elle avait appris, la cité-État était coutumière des révoltes intestinales et des luttes entre les grandes guildes de la ville.  Néanmoins, à voir les colonnes de fumée noirâtre qui s’élevaient dans les airs, elle se disait que quelque chose de spécial était en train de se passer ici.

Le trio s’avança donc, et rejoignit le grand pont menant à la ville, où d’autres bandits se trouvaient là, ainsi que les corps des soldats réguliers, ayant été tués lors de la bataille.

« Il faut s’attendre à croiser autre chose que des bandits ici, Kiriko. Tiens-toi prête… »

Les trois femmes se rapprochèrent des tueurs, et un nouvel affrontement commença…

Qu'est-ce qui pouvait bien se trafiquer ? Là était la grande question, mais Kiriko ne saurait pas trouver la réponse. Aïcha venait bien lui donner quelques informations concernant les fameux chefs de cette bande de voleurs, deux personnes avec un bon statut et deux personnes qui étaient au bas de l'échelle sociale. En soit tant mieux si bon et moins bon se soutiennent, mais dans ce genre de choses, ce n'était pas la meilleure des solutions. Enfin, Kiriko s'en fichait, du moment qu'on la laissait tranquille, elle ainsi que Sha et son culte. Donc, foutre la merdre dans cette ville, elle s'en fichait, mais pas quand elle s'y trouvait aussi. Mais comme tout cela semblait avoir un lien avec Blaine, forcement, elle ne serait pas restée là croiser les bras.

« Ils ont mal choisi leur moment pour leur révolte. »

Mettre Sha en danger – même si techniquement ce n'était pas quelques soldats et bandits qui feront peur à leur déesse – et en plus, être un ennemi du culte des sorcières, Kiriko allait se faire une joie de leur montrer qu'ils n'auraient pas du agir de la sorte. En continuant leur chemin, de nouveaux cadavres jonchaient leur chemin, de même que de nouveaux bandits étaient là. Qu'ils en soient les auteurs ou juste là pour se remplir les poches, ils étaient alliés à Blaine, mauvais choix de vie. Lame hors de son fourreau depuis leur rencontre avec les précédents bandits, elle allait à nouveau se faire une joie de faire couler le sang. Bien qu'il va falloir se méfier à l'avenir, pour le moment, il n'y avait rien à craindre d'eux, du menu fretin. La sorcière vint à bloquer la lame adverse en assenant un coup de pied – plutôt de talon de la part de la Celkhane – dans le ventre de ce dernier, le faisant reculer avant de perdre ses outils de travail, à savoir ses mains. Plus d'armes, plus de pickpocket, plus de racket. Quoi que pour ça, il pouvait se faire mettre des crochets ou des lames. Pour plus de sécurité, ôtons-lui la vie. La lame de la sorcière lui passait en travers du torse, ressortant de l'autre côté, avant de chercher un autre bandit à éliminer.

« Comment des soldats ont pu perdre contre ça, sérieusement ? »

Soit la sécurité, ce n'est plus ce que c'était, soient ils étaient les rats qui venaient grignoter les corps laissés à l'abandon sur un champ de bataille et dans ce cas, ils ne servent à rien comme garde. Sûrement que d'autres personnes se sont frotter à ses gardes ? Tant qu'ils ne trouveront pas ses personnes, ce genre de combat sera vite expédié. Toujours le même genre de bandit qui se croit supérieur aux femmes et à qui il est plus facile d'ôter la vie que de voler le biberon à un bébé. La Celkhane ne ferait pas durer le combat, bien trop inutile à son goût, expédiant cela toujours rapidement.

« Passons à la vitesse supérieure sinon ce genre de guignols vont nous faire perdre trop de temps. »

Qui sait combien ils étaient sur ce pont ? À elles trois, elles étaient bien plus forte que ces petites troupes de bandits, il faudrait quelque chose de plus corsé pour que les trois s'unissent et viennent à bout d'un ennemi commun, là, ce serait plus gratifiant et éliminer cet ennemi voudrait aussi dire diminuer la force ennemie. Réellement. Non car ce genre de bandit, ça ne comptait dans une armée qu'en avantage numérique. N'importe qui sachant se défendre un minimum en viens à bout aisément.

Les trois femmes remontèrent le long du pont, tandis que Kiriko exprimait son scepticisme vis-à-vis des talents martiaux des hommes du Rat. Une analyse qu’Açoka ne pouvait que partager.

« Les hommes du Rat sont des malandrins de bas étage, ils viennent derrière pour surveiller l’entrée et se contenter des miettes. »

Aïcha ignorait le plan d’action initial de Blaine. Est-ce que les troupes du Rat venaient juste pour surveiller les accès, ou est-ce qu’elles s’étaient glissées parmi les pauvres de la ville pour permettre une invasion plus facile ? Somme toute, ce n’était guère important. Açoka ne fit aucun cadeau, et, même quand des bandits demandèrent pitié, elle les tua aussi. Açoka ne venait pas ici pour faire des prisonniers, ou pour poser des questions. Et laisser derrière elles des ennemis potentiels n’était pas spécialement malin. Redoutable Mijakienne, on la vit dévier des flèches avec sa lame, comme si Açoka n’avait pas besoin de boucliers pour se défendre. Aïcha était toujours admirative des talents de bretteur d’Açoka, et la voir à l’œuvre était toujours un régal. Rapide et mortelle, elle se ruait vers les ennemis, et utilisait toutes les parties de son corps comme une arme.

Son pied s’éleva ainsi au-dessus de la garde d’un homme, le frappant au visage, et elle le trancha rapidement, puis se heurta à un homme armé d’une hache. La lourde hache fusa du haut vers le bas vers elle, et elle l’esquiva en tournoyant élégamment, puis frappa l’homme dans le dos. Elle récupéra ensuite un couteau de lancer accroché à la ceinture du tueur, et le lança vers un archer éloigné. Le couteau lui transperça le crâne, et il bascula par-dessus la balustrade, tombant dans le vide. Deux autres lanciers se ruèrent vers elle, et elle les tua avec Kiriko, dans des mouvements extrêmement synchrones. Après tout, les deux femmes s’étaient entraînées ensemble, et formaient les meilleures rivales, au vu de la similarité de leurs techniques.

Le pont fut finalement sécurisé, les bandits encore survivants s’efforçant de fuir en constatant que les femmes ne faisaient aucun prisonnier. Une fois la zone nettoyée, Açoka se retourna vers Aïcha.

« Nous allons nous diriger vers le temple de Lust, Aïcha…
-  Pacha Kamaq va mettre plus de temps que nous à arriver. Mais, plus nous nous rapprocherons du temple, qui se situe dans les quartiers riches, et plus nous tomberons sur des adversaires mieux armés et mieux entraînés. »

Açoka acquiesça doucement, et regarda ensuite Kiriko.

« J’espère bien. À vaincre sans péril, nous risquons de décevoir notre Déesse en venant la sauver. »

Elles traversèrent donc le pont. Les faubourgs de la ville apparaissaient ensuite, avec une route principale qui remontait le long d’habitations et de commerces. Açoka menait la tête, voyant d’autres cadavres.  Il y avait les gardes de Wallündrill, des civils, mais aussi beaucoup d’ennemis. Des bruits se firent entendre dans les maisons, et, alors que le trio remontait, elles purent entendre à l’étage d’une maison une fille qui hurlait, tandis que des hommes ricanaient.

La porte d’entrée avait été défoncée, et des tueurs se trouvaient au rez-de-chaussée, pillant celle-ci après avoir tué les habitants. Seule leur fille était en vie, réfugiée dans sa chambre, où elle s’apprêtait à se faire violer. Et, même si leur mission était de retrouver Sha, Açoka regarda brièvement Kiriko. Elle n’eut toutefois guère besoin de son assentiment, et les deux femmes rentrèrent dans la pièce principale.

Trois bandits se trouvaient là, et au moins un quatrième au fond. Un escalier se trouvait sur la droite.

« File à l’étage, Kiriko, je m’occupe d’eux. »

Elles avaient beau être des tueuses, des femmes pouvant se montrer cruelles et impitoyables, Açoka et Kiriko avaient prêté serment à Sha, et l’Ombre, bien que Déesse des sorcières, était aussi une divinité protectrice des femmes. Et c’était bien ce qu’elles comptaient faire ici : protéger la jeune fille.

Il est vrai qu'elles ne gagnaient rien ici à affronter ce genre de mouche à merde. Même les alliées d’Aïcha qui devraient les rejoindre par la suite pourrait les tuer d'une main en se grattant les roubignoles. Il faut dire qu'ils restaient fidèles au titre de leur chef, ils n'étaient que des rats ! Et à part s'ils venaient en une légion, ils ne servent à rien. Et encore, en légion, ils seraient impressionnants, c'est tout, en dehors de ça, ça reste des petites frappes qui perdent la tête plus facilement qu'ils ne clignent des yeux. Essuyant les vagues de rats avec un certains ennuis, quasiment aucun challenge, les sorcières venaient à enfin en voir le bout du pont, étant ainsi arrivée dans la ville haute, là où se baladaient d'ordinaire les nobles, sauf que là, c'était le chaos qui y régnait. Kiriko posa un regard sur la situation avant d'avancer pour trouver de meilleurs adversaires. Açoka avait raison, Sha risquait d'être déçu en entendant leurs... exploits ? Non, banalité. 

Continuaient leur chemin pour trouver le temple de Lust, Kiriko vit beaucoup de cadavres empilé ici et là, des civil, mais aussi des ennemis. Elle n'était pas là pour ça, mais en entendant des cris d'une jeune femme, elle arrêta sa course, observant la maison d'où provenait les cris, la porte y était défoncé et il y avait du mouvement dedans. Nul besoin de réfléchir, il était trop tard pour sauver les cadavres, pas trop tard pour sauver une femme innocente ! Un aspect de la guerre qu'elle n'avait jamais compris, pourquoi y impliquer des civils ? Une guerre se faisait entre soldats, pas en impliquant des civils ? Enfin, il faut croire que Kiriko était parfois trop sensible à ça. Avec Açoka, sans se poser la question, elles investissaient la maison, déjà quatre bandits leur faisait face, mais les cris venaient de là-haut. Sa rivale se sentait d'attaque pour gober ses quatre-là, pour le moment, pas question de mettre leur fierté en avant et se dire qu'elle pouvait faire mieux qu'elle, sans un mot, elle se dirigeait vers la droite, grimpant les escalier aussi vite que possible pour ouvrir la porte, son katana en avant, prêt à trancher ceux qui osaient faire hurler cette fille.

« Rhaaaaaaaa ! »

Laissant parler la bête en elle et non la raison, son épée se planta en travers du crâne le plus proche d'elle, retirant la lame en coupant son crâne en partie pour sectionner la gorge d'un autre, sa tête restant attaché à son corps que par un fin bout de chair alors que son corps se teintait de rouge. Elle attrapait celui près de la jeune fille, le tirant par les cheveux pour le jeter dans le couloir, se retournant vers lui, elle planta sa lame entre les jambes de ce dernier, la lame planté au sol et pour lui, ce fut plus long et douloureux. Elle lui explosait le crâne à coup de talon, frappant dedans jusqu'à ce que de la bouilli prenne vie à la place de sa tête avant de se calmer et d'en retirer la lame. Bien partiellement couverte de sang, elle s'approcha de la jeune fille en larme, venant tendre la main, cherchant à la rassurer.

« Ne crains rien, ils ne te feront rien. »

Bien que paniqué, elle pouvait comprendre son état de panique et ne prenait pas mal la panique de cette dernière. Bien que Kiriko la força un peu, elle la serrait contre elle en caressant ses cheveux. Cette fille semblait avoir douze ou treize ans environ, mais par chance, elle était arrivée avant que le mal ne soit fait. Elle ignorait si les parents, la famille de cette petite était encore en vie, mais autant la mettre en sécurité et s'assurer de ça après, voir après cette bataille. Peu de chance que les nouvelles soient bonnes pour elle vu l'état de la maison, mais on ne sait jamais.

« Je t'amène dans un endroit sûre avec une amie, ferme les yeux si tu veux le temps de quitter ta maison. »

La prenant dans ses bras, la tenant d'un bras, l'autre main tenait son arme, elle descendait en bas, l'endroit étant devenu bien plus calme. Un regard pour observer les cadavres qui jonchaient la pièce principale, ignorant si les parents de la petite étaient encore là ?

« On peut continuer ? »

Ne sait-on jamais ce qu'Açoka avait vu ou trouver, mais si ce n'était rien de bon à entendre, autant continuer, elle lui expliquerait plus tard si besoin même si la Mijakienne se doutait bien pourquoi cette petite criait. 

Kiriko était émotive dans ce genre de choses. Açoka avait déjà eu l’occasion de le voir, et ne pouvait que la comprendre. Elle n’avait jamais apprécié les pogroms, qui étaient pourtant un classique des sièges militaires. Elle laissa donc Kiriko remonter, et attaqua dans le rez-de-chaussée. Açoka pouvait se montrer aussi violente que Kiriko, et n’épargna personne. Elle repoussa le malandrin qui sortit des cuisines, et l’égorgea sur place d’un coup d’épée. Deux autres tueurs se trouvaient à l’intérieur, l’un d’eux étant agenouillé, le pantalon abaissé. Elle le repoussa du pied, et planta sa lame dans le ventre de l’autre, l’épée ressortant de l’autre côté. Un corps était couché sur le sol, et un autre dans le jardin, où d’autres bandits se relevèrent en entendant les bruits de combat.

« Putain, mais t’es qui, salope ?! »

Pour seule réponse, Açoka frappa violemment l’homme à hauteur des testicules, et posa son pied dessus, venant appuyer fortement. L’homme se mit à hurler en se débattant vainement, et elle le laissa là, rejoignant le jardin. Un homme récupéra son épée sur un muret, mais Açoka para la lame, tournoya sur place, et frappa avec, l’ouvrant de la tête au bassin. Un autre chercha à la pourfendre avec une dague. Elle évita simplement en se mettant sur le côté, et le frappa dans le dos.

« Bordel, pitié, je vous laisse tout le butin, merde ! » gémit le troisième.

Açoka fronça lentement les sourcils, se rapprocha de lui, et lui brisa le cou. Elle les tua sans la moindre pitié, sans également la passion féroce de Kiriko, mais sans non plus faire preuve d’un excès de cruauté. Elle nota également dans une cabane des aboiements, et libéra un chien de famille, qui aboya encore. Açoka le regarda silencieusement, puis retourna ensuite à l’intérieur de la cuisine, où l’homme à qui elle avait écrasé le sexe rampait misérablement sur le sol. Il cherchait à récupérer une arme quelconque, et ses doigts tremblotants effleurèrent le manche d’un hachoir… Avant qu’Açoka ne lui écrase les doigts d’un coup de pied.

Entendant Kiriko revenir, Açoka traîna alors le corps de l’homme, et retourna dans le salon principal. Kiriko était en compagnie d’une jeune femme qui avait longuement pleuré, les yeux fiévreux. Açoka la regarda lentement, et hocha la tête :

« Petite… Tes parents sont morts. »

C’était brutal. Kiriko tenait la jeune fille, et Açoka jeta l’homme devant elle.

« Voici l’homme qui l’a tué. Là d’où je viens, quand un individu commet ce genre de crimes, on offre aux enfants des victimes le soin de déterminer ce qu’on leur fait. »

La jeune fille trembla nerveusement, peinant à croire à la réalité. Mais ce n’était pas le genre d’Açoka de mentir, ni d’édulcorer la réalité. Elle laissa Kiriko reposer la jeune fille, qui portait une robe froissée, légèrement déchirée. Des aboiements résonnèrent alors, et le chien de la maison apparut alors, puis se jeta dans les bras. C’était un petit chiot qui lécha la joue de la jeune fille. Açoka se rapprocha d’elle, et, nerveuse, la petite fille se recula, s’appuyant contre les jambes de Kiriko.

« Comment tu t’appelles, jeune fille ? »

Elle déglutit doucement, avant de lui répondre :

« Lau… Laura… »

Elle avait aussi une peluche en forme de lapin rose, et Açoka hocha doucement la tête.

« Nous allons t’emmener avec nous, Laura. Ici, c’est trop dangereux. Tu devras rester derrière nous le temps qu’on rejoigne le temple, où notre Déesse prendra soin de toi. Maintenant… »

Laura hocha la tête.

« Mais on ne peut pas juger celui qui a tué tes parents, Laura. Et cet homme est là. Et je vais le tuer, Laura. Que la mémoire de tes parents soit vengée.
-  Argh… N-Non… Foutues salopes, je… Je vous baiserai ! »

Açoka se retourna vers lui, et le retourna sur le dos, puis se mit à califourchon sur lui. Elle tenait dans la main la dague, et posa son autre main sur la bouche de l’homme, étouffant ses cris, et planta la lame en plein dans son cœur. Le corps de l’homme se raidit sur place, tremblant nerveusement, et elle fit tournoyer la dague, avant de la lancer dans son corps.

« Allons-y, maintenant. »

Il était temps de poursuivre leur route, car la ville était encore très dangereuse. Mais Laura restait proche de Kiriko, et chercha à attraper sa main dans la sienne.