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Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 28 déc. 2024 03:04
par Vaas Montenegro
Tandis que Shiny se heurtait à un Yakuza, Vaas eut également droit au sien. Il le frappa en détendant son pied vers son visage, que Vaas para avec la main. Il allait donner la réplique quand il se reçut un coup de tonfa dans le haut du dos, émanant d’un autre comparse. Cela permit à son premier adversaire de retrouver l’usage de ses jambes, et de tenter un uppercut. Vaas aurait dû se le prendre en pleine tête… Mais, à défaut, le Yakuza se reçut un puissant coup de poing dans le visage émanant d’Aleksei. Son ennemi chavira au sol. Derrière Vaas, l’homme au tonfa allait encore frapper, mais le coude de Vaas partit en arrière, et le frappa au nez. Une victoire de bien courte durée, car le contrebandier était déjà attaqué par un autre Yakuza qui bondit par-dessus le banc sur lequel Ryuji leur avait parlé, et s’attaqua à Vaas. Quant à Aleksei, il n’en menait pas large non plus. Un Yakuza chercha à le ceinturer dans son dos tandis que deux autres fondaient sur lui.

« Raahh… !! »

Aleksei bondit en arrière, et le dos du Yakuza cramponné à lui heurta ce dernier, ce qui fit qu’il relâcha sa prise sur Aleksei. Le Russe en profita pour attraper l’homme par le col, puis, usant de sa force redoutable, le fit passer par-dessus lui, et le projeta sur les deux autres Yakuzas. Un quatrième s’élança en hurlant, tenant dans la main une matraque. Aleksei intercepta l’arme avec sa main quand le Yakuza amorça un mouvement avec, et usa de sa main libre pour frapper l’homme en plein visage, le projetant en arrière.

« Ces enfoirés sont trop nombreux ! »

Sous-estimant sans doute Shiny en raison de son sexe, les Yakuzas commençaient à revoir leur stratégie en constatant qu’elle venait de tuer l’un des leurs. Plusieurs se rapprochèrent d’elle, formant un arc-de-cercle. Elle avait récupéré une arme blanche, un sabre. Si ses adversaires n’avaient pas de katanas, ils déployèrent leurs wakizashis. L’un d’eux déploya même deux kodachis, les croisant entre eux.

« Tu te crois douée, salope ?
- C’est une dingue, ‘faut la planter ! »

Vaas apparut alors, armé du tonfa du Yakuza qu’il avait sonné avec son coup de coude. Son arme frappa un Yakuza à la tête, lui faisant tomber son wakizashi. Vaas le récupéra dans la foulée. Il avait appris à manier une lame avec sa machette.

« On doit se disperser, Shiny, ou ils vont nous submerger ! »

Il se rua vers un Yakuza, et leurs lames s’entrechoquèrent. À proximité, Aleksei frappa du pied le ventre d’un Yakuza, le clouant au sol, mais fut ensuite assailli par plusieurs ennemis. Un coup le frappa au visage, un autre dans le dos, et il tomba à genoux, le sang s’égouttant de son nez. S’élançant vers lui en hurlant, un Yakuza tenait une batte de base-ball. Les doigts d’Aleksei profitèrent du fait que leur porteur était au sol pour récupérer du sable, et il le projeta sur le visage du Yakuza qui fonçait sur lui, l’aveuglant. Cela lui permit de se relever, de tordre le poignet du Yakuza pour récupérer sa batte, avant de le projeter sur d’autres. Manipulant la batte, Aleksei frappa le visage d’un proche Yakuza, qui tomba au sol. Un autre, qui avait été jeté au sol, se jeta sur le genou d’Aleksei, ce qui le déstabilisa. Le Russe réagit néanmoins en frappant l’ennemi au ventre avec son autre pied, mais se reçut du coup un coup de barre dans le dos. Le Russe poussa un grognement de douleur en basculant en avant, où un autre Yakuza le frappa à la joue, le faisant tomber au sol.

Vaas, quant à lui, continuait à croiser le fer. Il dévia la lame de son agresseur, pensa alors le vaincre, mais se reçut un de pied sur le flanc qui le déstabilisa. Il tomba à genoux, et se reçut un coup à la main qui fit tomber son épée.

« Meurs ! »

Le contrebandier bondit en avant, et ceintura son ennemi. Insuffisant pour renverser ce dernier, car le mercenaire se reçut dans la foulée un coup de matraque sur le flanc. Il bascula sur le sol, se couchant sur le dos, la main serrée.

De toute évidence, il n’y avait que dans les films qu’on pouvait gagner face à une telle cohorte.

Pour autant, Vaas n’avait pas encore abattu toutes ses cartes. Sa main serrée se releva, dévoilant la grenade fumigène qu’il avait volé au Yakuza, et qu’il venait de dégoupiller. Il la jeta en l’air, s’en servant comme d’un projectile. La grenade toucha le front du Yakuza armé de sa lame, et projeta dans la foulée un épais écran de fumée. Cette protection subite permit à Vaas de se relever, et d’attraper le poignet de Shiny.

« On se disperse dans le parc, Shiny ! Il faut les séparer ! »

S’ils voulaient sortir vivants de ce parc, c’était la seule option valable…

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 28 déc. 2024 16:21
par Lady Shiny
Ouais, c’était bien la merde. Même s’ils n’étaient pas tous des maîtres dans l’art du combat, ils avaient l’avantage du nombre – et très probablement du terrain. Shin ne connaissait rien de ce parc, ce qui la mettait dans une position particulièrement inconfortable vis-à-vis de ses adversaires. Néanmoins, Vaas avait raison : dans la situation qui était la leur, ils étaient des cibles vivantes et bien trop visible.

Quand la grenade explosa, elle se jeta sur le sol pour récupérer son manteau et l’enfila prestement avant de s’éloigner vers la partie du parc où se concentraient un bel amas d’arbres. Shin était vive comme un petit animal : un reste de sa nature hybride. Tout en s’enfonçant dans ce simulacre de forêt, Shin prit bien soin de frotter son manteau contre quelques buissons et quelques branches afin que s’y coincent de petites touffes de fourrure blanche.
Puis elle repéra un saule pleureur massif, non loin d’une mare. Shin frotta son manteau contre son écorce, avant de le planquer dans une épaisse rangée de stipa tenuissima. Toujours aussi prestement, elle grimpa à l’arbre pour se cacher parmi les épais feuillages de l’arbre, attendant ses ennemis, son sabre dans la main. Ce genre de situations lui permettait de tirer avantage de ce qu’il restait de sa nature hybride et de son enfance sur Volony – où elle était sans cesse fourrée dans les forêts, à escalader, se cacher et inspecter jusqu’aux plus petites fleurs pour connaître les propriétés de chaque élément naturel. Oh, elle n’était pas toujours rigoureuse et sa mémoire lui faisait souvent défaut, mais son corps se souvenait : ainsi, de nombreux réflexes étaient ancrés dans ses muscles.

Silencieuse, elle patienta – mais pas bien longtemps. Une bande de quatre yakuzas avait suivi méticuleusement son jeu de pistes. Tandis que deux d’entre deux inspectaient tout autour d’eux pour chercher une nouvelle trace de Shin, les deux autres restèrent prêt du dernier indice qu’elle leur avait laissé – c’est-à-dire juste en-dessous d’elle.
Vous vous doutez bien de comment les choses allaient tourner. Sans faire un bruit, elle se mit en position, coinçant le sabre dans une de ses mains – et sauta. Elle tomba à pieds joints dans le dos du premier yakuzas, qui s’écroula sur le sol, et profita de la situation pour égorger le deuxième dans un geste rapide, lui laissant à peine le temps de crier. Puis elle se pencha sur l’autre homme, qui essayait de se redresser et de crier. Il n’y parvint pas : Shin le bâillonna de sa main avant de lui faire subir le même traitement. Elle n’eut néanmoins pas le temps de se planquer avant l’arrivée de leurs deux comparses : ils fondirent sur elle dans un cri, leurs armes dirigées dans sa direction. Elle manqua de perdre un bras dans cet affrontement, mais vint à bout de ses adversaires – non sans peine.

Reprenant son souffle, Shin s’avança dans la rangée de stipa tenuissima pour récupérer son manteau quand elle entendit un sinistre craquement dans son dos. « Shit, ils sont cinq ». Elle se retourna lentement pour faire face à son ennemi.

- Personne n’échappe aux Go-Ryu, poupée.

Shin roula des yeux, visiblement profondément agacée.

- Poupée ? Je bute tes potes et je reste encore une poupée ? Putain, je sais vraiment pas ce qu’il vous faut.

Comme seule réponse, le yakuza leva son arme dans sa direction, et elle – elle plia les genoux pour disparaître de son champ de vision, cachée dans les hautes herbes. Il n’eut pas à la chercher bien longtemps : toujours baissée, Shin se jeta sur lui pour le ceinturer et le renverser en arrière avant de le terminer à coups de sabres.

Au loin, elle entendait un autre groupe arriver. Bien décidée à leur refaire le même coup, elle enfila son manteau et reprit sa course folle.

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 30 déc. 2024 01:29
par Vaas Montenegro
La grenade fumigène projetée par Vaas les dispersa tous les trois. Shiny était effectivement rapide, trop rapide pour Vaas, qui essaya de la suivre. Il vit une tornade fine et svelte fuser à travers le parc, et s’efforça de la suivre en vain. L’homme récupéra au chemin le tonfa, avant de se mettre à courir. Vaas arriva sur un sentier entre plusieurs arbres, et eut à peine le temps de se retourner qu’un Go-Ryu s’élança vers lui en hurlant, tenant une matraque en l’air. Vaas se bloqua sur ses jambes, et profita de l’élan de son adversaire en se mettant de profil face à lui. Son coude heurta le torse de l’homme, et Vaas l’attrapa ensuite, pour le projeter par-dessus lui. Le Yakuza s’écroula sur le sol, et un autre s’élança alors, frappant Vaas d’un coup de pied. Le mercenaire vacilla sur place, se recevant le coup de pied sur son bras droit. Il grogna en serrant les dents, et répliqua en utilisant son précieux tonfa. Il l’attrapa par le bout, et la pointe heurta le cou du Yakuza, qui le repoussa. L’homme se mit à éternuer bruyamment en caressant son cou, ses trachées ayant souffert de cette attaque. Vaas l’acheva avec un coup de tonfa dans la tête, qui projeta l’homme au sol, inanimé.

Vaas soupira longuement, puis reprit sa marche. Il entendait les hurlements du combat entre Aleksei et les Yakuzas, et cherchait encore Shiny. Le parc disposait de quelques lampadaires, mais rien de bien significatif. Difficile de se déplacer. Vaas rejoignit un carrefour, et entendit des soupirs à proximité. Il se déplaça, rejoignant l’herbe, et vit un saule pleureur, avec des corps sur le sol. D’énormes buissons blancs se trouvaient ici et là, des cheveux d’anges, ou stipa tenuissima. Vaas vit des corps inanimés baignant dans leur sang. Il avait entendu les gargouillis d’un Yakuza égorgé.

*Shiny… C’est son style.*

D’autres cadavres étaient étalés au milieu des cheveux d’anges, qui n’avaient plus d’angélique que l’appellation, puisque les longs brins d’herbe étaient recouverts de sang. Vaas entendit d’autres hurlements.

« Elle est partie par là !
- ’Faut buter cette folle ! »

Vaas se déplaça également, et délaissa son tonfa pour le sabre de l’une des Japonais. Les cinq Yakuzas recherchaient Shiny. En se déplaçant sur le sol, Vaas vit sur le sol un ancien torii qui avait été jeté là, usé par le temps, avec des petites maisons en pierre évoquant des temples. Un antique autel. Le mercenaire vit des statues poussiéreuses en forme de chien viverrin, les fameux tanukis du Japon, des animaux auxquels les Japonais prêtaient des pouvoirs surnaturels de métamorphose. Vaas n’y prêta pas davantage d’attention, et fusa sur un Yakuza, qu’il planta dans le dos, tout en posant sa main sur sa bouche, étouffant son cri. Il accompagna le Ryo-Gu au sol, pour éviter que le bruit de sa chute n’avertisse les autres.

« Là, dans cet arbre ! »

Les Yakuzas hurlèrent, ayant visiblement retrouvé la trace de Shiny. Vaas entendit des mouvements sur les arbres. Les Yakuzas étaient repérables, car ils utilisaient des lampe-torches accrochées à leur poitrine. Lui n’avait qu’à rester dissimulé dans l’ombre des énormes champs.

« On s’est un peu trop éloignés de la route, où est Tanju ?
- Tanju ! Reviens ! »

Les chasseurs devenaient les chassés, une situation qui n’était pas sans rappeler à Vaas son île.

De son côté, Shiny devait sans doute raisonner comme lui, dissimulée dans les arbres… Elle put toutefois entendre des bruits sur les branches, qui lui confirmeraient qu’elle n’était pas seule en hauteur. Et, en regardant autour d’elle, elle pourrait voir une étonnante créature dont le pelage semblait luire par moment. Ici, dans les tréfonds du parc, un tanuki l’observait. Ressemblant à une sorte de croisement improbable entre un raton-laveur et un renard, le tanuki retroussa brièvement ses babines, tandis que son pelage cessa de luire… Ou peut-être que cela avait été le simple reflet des lampes-torches sur sa fourrure. Le plus étonnant était que, à bien regarder ses yeux, c’était Shiny qu’il fixait, comme s’il s’interrogeait sur le fait de savoir si elle faisait partie de sa tribu ou non…

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 30 déc. 2024 13:39
par Lady Shiny
Lorsque ses yeux croisèrent ceux du tanuki, tout se figea.
Tandis qu’elle observait les reflets lumineux sur son pelage lui revint en tête une mélodie familière comme peut l’être une de ces vieilles comptines de notre enfance qu’un cœur devenu adulte écoute en se soulevant. Le parc japonais s’altéra devant ses yeux, sa végétation se mêlant à celle des forêts sauvages de Volony. Elle n’était plus perchée dans un saule pleureur, mais dans ces arbres millénaires à l’écorce rude et ridée dont les feuillages changeaient de couleur au gré des changements de temps : à l’approche de la pluie, elles prenaient la teinte humide d’un vert bleuté et nocturne, et devenaient d’un vert rieur quand le soleil approchait. Un bref instant, elle eut la certitude que ce n’était pas un tanuki qui la regardait, mais la version d’elle enfant et hybride.
Cette vision la raidit un moment. Shin cligna plusieurs fois des yeux, paniquée. Quand elle les ouvrit à nouveau, il avait disparu.

En revanche, les yakuzas, eux, étaient encore présents, et Shin s’apprêtait à payer ce court moment d’hallucination nostalgique. Un homme, dans son dos, lui attrapa une cheville, bien décidée à l’attirer vers lui. Le premier réflexe de Shin ne fut pas ce qu’on peut appeler un réflexe de survie : elle se jeta dans le vide. Pris de surprise, son adversaire la lâcha ; elle en profita pour attraper une branche, évitant ainsi une chute qui lui aurait sans nul doute brisé la nuque. Les membres du Ryo-Gu avaient prévu le coup ; aussi fut-elle accueillie par un autre yakuza quand elle parvint à se hisser sur la branche. Dans un autre geste suicidaire, Shin se jeta sur lui pour le faire tomber – et elle avec.
Leurs deux corps – celui du yakuzas en-dessous et celui de Shin au-dessus – s’écrasèrent sur le sol. La chute n’avaient pas été fatidique pour son ennemi ; il n’était qu’un peu sonné, ce qui n’empêcha pas Shin de l’achever d’un violent coup de pied dans la gorge. Elle sentit sa trachée se briser sous la plante de ses pieds dans un craquement sinistre. Shin n’eut néanmoins pas le temps de vraiment souffler : derrière elle, les yakuzas redescendaient rapidement de l’arbre. Elle leur fit face, un sourire aux lèvres.

- Vous parliez de me buter, mh ?

Un rire moqueur s’échappa d’entre ses lèvres.

- Ça cause, ça cause, mais ça ne fait pas grand-chose. Moi qui croyais qu’il fallait craindre les yakuzas - pfeuh.

Il n’en fallait pas plus pour les mettre en colère. Les trois hommes encore vivants se dirigèrent vers elle, se perdant en insultes charmantes à son encontre – de type « Ta gueule, sale pute » et autres joyeusetés.
Trois contre un ? Dans tout son orgueil, Shin se disait que c’était « trop facile » ; elle changea rapidement d’avis quand le combat rapproché commença. Si elle réussit à en éventrer un dans un geste particulièrement sauvage, en lui plantant sa lame dans le ventre, les deux autres unirent leur force pour la plaquer au sol : l’un en lui donnant un coup de matraque dans le ventre, l’autre en lui tirant violemment les cheveux. Elle s’écrasa au sol lamentablement, ventre contre terre. Quand elle essaya de se relever, elle sentit une chaussure s’écraser sur son dos – et mangea à nouveau la poussière.

- Répète donc ce que tu disais, petite conne ?
- Si t’es mignonne, on te laissera peut-être en vie, qui sait ?

… Ces deux-là ne la connaissaient vraiment pas. Même dans les moments où sa vie était en jeu, Shin ne s’écrasait jamais - et surtout pas face à ses ennemis. Elle n'eut aucune peine à deviner où ils voulaient en venir, ce qui la fit souffler. Décidément, les êtres humains étaient condamnés à être décevants.
Shin leur répondit par un énième rire moqueur.

- Vous êtes aussi cons que prévisibles, leur répondit-elle sans cesser de sourire. Moi, mignonne ? Allez crever.

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 30 déc. 2024 18:27
par Vaas Montenegro
Dissimulé dans l’ombre, Vaas vit sa dulcinée fondre sur les Yakuzas comme une diablesse sauvage, une barbare des temps modernes. Il aurait pu en avoir une érection si la situation n’était pas aussi dramatique. Elle parvint à réduire les rangs ennemis, et poussa son avantage… Mais sa chance finit par lui tourner. Shiny finit au sol, une chaussure plantée dans son dos. Un sourire victorieux sur les lèvres, le Yakuza qui la maîtrisait incita son comparse à en finir.

« Tue-moi cette folle…
- Avec plaisir. Comme on fait son lit et on se couche, ma salope ! »

L’autre dégaina son wakizashi, se préparant à un coup mortel… Vaas se tenait prêt à bondir, mais un cri sinistre retentit alors autour d’eux. Un râle profond émanant de l’arbre où se tenait Shiny.

« Qu’est-ce que… »

Sous les yeux médusés des Yakuzas, une énorme paire de yeux les observa alors, depuis les branches des arbres. Une voix terrifiante résonna alors, forte et puissante :

« NE LA TOUCHEZ PAS, MÉCRÉANTS ! QUICONQUE TOUCHE AUX NÔÔÔÔTRES S’EXPOSE À MA… FUUUREEEEUUURRRR !! »

Les yeux écarquillés, les deux Yakuzas virent alors une tête géante descendre des branches de l’arbre ! Elle flottait toute seule, portant une barbe noire et des yeux jaunâtres, qui devinrent alors rougeoyants, tandis que la figure se figea en une grimace terrifiante. Ses poils s’enflammèrent alors, et la tête s’entoura d’un halo de feu, avant que la bouche hideuse du tsurube-otoshi ne crache un halo de feu.

Aussi forts soient-ils, les Yakuzas hurlèrent, et commencèrent à filer, tandis que l’énorme tête se rapprochait de Shiny… Et disparut alors. Shiny put alors sentir sur sa poitrine les petites pattes du tanuki, qui alla lécher ses lèvres.

« Hantée ! Ce parc de malheur est hanté ! »

D’autres hululements sinistres se faisaient entendre, et Vaas crit bien se demander s’il n’était pas complètement défoncé en voyant un squelette géant émerger des arbres, fixant les Yakuzas avec ses yeux globuleux.

*Ce n’est pas très poli de le dire, mais ton odeur est assez bizarre… Tu ne sais plus te détransformer ?*

Une voix émergea dans le crâne de Shiny, avant que Vaas ne se rapproche. Le tanuki se hérissa alors, et fila à nouveau. Vaas aida Shiny à se relever en lui tendant sa main, et l’enlaça alors.

« Tu vas bien ? Tout ce sang, c’est le tien ou le leur ? »

Le squelette géant n’était qu’une illusion. Les Yakuzas finirent par le réaliser, et commencèrent à s’énerver, mettant cela sur le compte d’hologrammes utilisés par leurs cibles.

« Il y a beaucoup de légendes autour de cette ville… Je ne sais pas si je suis encore défoncé ou non… Mais on devrait profiter de leur confusion pour se tirer d’ici. »

Vaas se décala ensuite de Shiny, et commença à marcher sur le sentier, sans trop savoir ce qui allait les attendre…

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 30 déc. 2024 19:43
par Lady Shiny
Interdite, Shin garda ses yeux rivés sur l’immense tête qui descendait de l’arbre. Si ses assaillants, terrifiés, s’enfuirent, elle n’en fit rien – en fait, elle n’eut même pas peur. Avant même d’entendre les rassurantes paroles de l’esprit qui venait de lui sauver la peau en menaçant ses adversaires, elle avait eu une certitude profonde et instinctive que cet être monstrueux ne cherchait qu’à la protéger – même si c’était bien la première fois qu’elle se trouvait en contact avec ce genre de créatures. De la même manière, à aucun moment elle ne crut halluciner. Ces apparitions, aussi surnaturelles soient-elles pour le commun des mortels, était pour elle tout à fait – naturel, oui.
Elle sourit quand le tanuki se posa sur sa poitrine, léchant son visage de ce geste tendre que l’on ne réserve qu’à ceux que l’on reconnaît comme faisant partie des siens. Il s’agissait là de la créature qu’elle avait entraperçue plus tôt, avant que les yakuzas ne lui tombent dessus ; cette créature qui, pendant un court instant, avait pris la forme d’une Shin enfant avec ses oreilles et sa queue bleutée. La petite blonde leva une main vers l’animal, le caressant tendrement.

- J’ai dû partir, lui murmura-t-elle.

Le tanuki, en l’entendant, releva son museau vers elle, plongeant son regard dans le sien.

Partir ?

Shin hocha la tête, un sourire un peu triste sur le visage.

- J’ai essayé, tu sais – mais je ne pouvais pas rester avec vous. Je n'étais pas faite pour ça.

L’arrivée de Vaas mit fin à ce court échange. Lorsqu’il se pencha vers elle, Shin lui sauta dans les bras, l’enlaçant vigoureusement. Retrouver le contact de son corps lui procura un apaisement immédiat, et elle prit le temps de savourer ces retrouvailles avant de lui répondre.

- C’est leur putain de sang. Ça saigne beaucoup, ces petites merdes.

Bon, toutes ces injures étaient au moins la preuve qu’elle allait bien.
Shin jeta un coup d’œil derrière elle, là où le tanuki s’était enfui, cherchant à le voir encore – en vain. Elle souffla, avant de se tourner vers son amant.

- T’as été bien amoché toi, hein ? T’aimes ça, prendre des coups pour moi ? Attention à ne pas céder à cette addiction-là aussi.

Elle accompagna sa remarque d’un rire léger, signe que c’était une blague – enfin, presque. D’un hochement de tête, elle approuva son idée de partir d’ici. Les yakuzas essayait de retrouver une certaine contenance tout en étant encore bien paniqués. Scrutant tout autour d’eux d’une manière sporadique et nerveuse, ils ne les virent pas s’enfoncer dans le parc.
Les deux amants marchèrent quelques minutes encore, regardant attentivement tout autour d’eux, à la recherche d’un ennemi quelconque qui les attendrait, embusqué ici ou là. Seul le silence les entourait – jusqu’à ce qu’ils entendent des bruits de coups dans un recoin. Aleksei. Il devait probablement être aux prises avec ce qui leur restait d’adversaires encore un peu vaillants. Shin et Vaas s’approchèrent à pas de loups, se cachant dans les fourrés pour mieux observer la scène avant d’agir. Là, dans une petite plaine entourée par un marais, leur allié russe affrontait quatre yakuzas. Trois cadavres jonchaient le sol, une preuve – s’il en fallait une – de la capacité du Russe à abattre ses adversaires. Néanmoins, il était clairement en difficultés : son organisme, aussi puissant soit-il, commençait à s’épuiser à force d’encaisser, de parer et d’envoyer des coups. Vaas et Shin ne seraient pas de trop.
D’un geste, Shin montra du doigt à Vaas le marais – et lui fit un clin d’œil. Elle n’y connaissait trop rien dans tout ce qui est langage gestuel, aussi ne put-il pas comprendre tout de suite ce qu’elle s’apprêtait à faire. Il ne put que constater la riche idée qui venait de lui passer par la tête. Aussi silencieusement que l’aurait fait un caïman, Shin entra dans l’eau, pour y disparaître complètement. Vaas put la chercher du regard, peut-être s’interroger (s’était-elle lâchement enfuie ? bêtement noyée ?) - jusqu’à ce qu’un bruit violent lui indique ce qu’elle était en train de faire : Shin avait nagé jusqu’au bord de la mare pour attraper discrètement les mollets des deux yakuzas qui se tenaient trop près de l’eau, et ainsi les attirer violemment vers elles. Les deux hommes basculèrent, surpris, pour tomber sur une sorte de nymphe tueuse qui les attirait sous l’eau, coinçant leurs cous entre ses avant-bras et sa poitrine. L’un voulut répliquer : elle lui asséna un violent coup de tête, ce qui le fit tomber dans les pommes. L’autre eut plus de réflexe et parvint presque à s’extraire de son emprise, mais Shin était pleine de ressources. Elle referma ses deux bras autour de son cou, l’étouffant tout en le noyant.

Au bout de quelques minutes, leurs cadavres flottaient à la surface de l’eau. Shin en sortit, levant les bras comme elle l’avait fait précédemment dans l’arène pour faire face à Aleksei et Vaas qui étaient tous deux parvenus à abattre les yakuzas restants.
Certes, elle était trempée, et son ensemble blanc de combat était ici couvert de terre, là tâché de sang, et partout imbibé de cette eau verdâtre propre aux marécages – mais quelle entrée triomphante.

- Ne nous a-t-on pas convié à une petite sauterie, messieurs ? prononça-t-elle d’une voix forte et d’un air théâtral, les mains sur les hanches.

Puis elle jeta un œil à son apparence.

- … Même si je ne pense pas mériter de me rendre où que ce soit dans cette tenue.

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 31 déc. 2024 17:31
par Vaas Montenegro
L’apparition providentielle des tanukis avait dispersé les Yakuzas, mais il en restait encore un bon petit nombre. Vaas avait toutefois retrouvé Shiny, ce qui était le plus important. Comme on pouvait s’y attendre, elle était une aussi piètre demoiselle en détresse que lui était un piètre chevalier. Autrement dit, elle n’avait nullement eu besoin de son aide pour se débarrasser de ses ennemis. Elle s’amusa même à commenter les coups qu’il avait reçus, et Vaas sourit.

« Des coups superficiels, la pensée que tu étais là suffit à endurer n’importe quelle blessure. »

Romantique jusqu’au bout des doigts, Vaas suivit sa belle. Ils s’éloignèrent du sous-bois, et entendirent rapidement les sons du combat entre Aleksei et un autre groupe de Yakuzas. Le Russe était là, un tronc inébranlable, entouré par quatre Yakuzas sur une petite île entourée par un marais. Vaas et Shiny restèrent dissimulés, et Shiny indiqua à Vaas qu’elle avait un plan. Ce dernier acquiesça, sans trop savoir à quoi s’attendre venant de sa part. La manière dont elle avait grimpé aux arbres, et déployé ses griffes… Vaas en savait quelque chose sur le combat en forêt, il savait que les facultés de cette femme n’étaient pas normales. Il la vit disparaître dans le marais, et Vaas se pinça les lèvres, se déplaçant lentement à son tour.

Aleksei avait les muscles bandés, et, quand un Yakuza chercha à l’attaquer avec un coup de pied, il para avec son bras. Un autre l’attaqua alors sur son flanc, et le Russe esquiva, puis faucha la jambe du Yakuza. Dans son dos, un troisième levait son bras pour abattre sa matraque sur le dos d’Aleksei. L’autre avait commencé à frapper en visant le dos d’Aleksei, quand ils basculèrent brusquement en arrière. Shiny venait de sortir de l’eau, et bondit sur eux. Elle neutralisa d’un violent coup de tête l’un des Yakuzas, et commença à se battre contre l’autre, entreprenant de l’étrangler. De son côté, Aleksei rugit de rage, et donna à son tour un violent coup de tête. Il brisa le nez d’un Yakuza, puis l’attrapa par le bassin, et le souleva du sol, usant de sa force herculéenne, et le repoussa dans le marais. Le dernier Yakuza parvint alors à frapper Aleksei au visage en sortant sa matraque. Aleksei mit un genou au sol, et se prépara à recevoir une attaque violente… Lorsque Vaas sauta dans le dos du Ryo-Gu, le ceinturant. Il le cloua au sol, et se redressa ensuite, ce qui offrit à son adversaire le temps suffisant pour répliquer en envoyant son coude en arrière.

« Urgh ! » grogna Vaas quand le coude de son adversaire le toucha au flanc.

Il tomba au sol, et vit son ennemi se redresser alors, s’apprêtant à lui donner un coup décisif… Quand Aleksei se rua sur l’ennemi. Vaas crut voir les yeux du Russe se mettre à luire, puis il planta ses dents dans le cou de l’homme, et mordit. Le malfrat hurla de douleur, puis Aleksei le propulsa dans l’eau. Tout alla très vite, mais Vaas vit que les dents blanches d’Aleksei avaient rougi, et ressemblaient d’ailleurs davantage à des crocs qu’à des dents. Ce fut un regard fugace, trop court pour pouvoir conclure quoi que ce soit. Vaas se releva ensuite, un peu sonné, et vit que Shiny s’en sortait toujours aussi bien… Même si elle ne brillait plus beaucoup, et qu’elle puait.

Vaas sourit alors, et se risqua à caresser la joue visqueuse de la femme.

« Ouais, c’est sûr que, si un foutu inspecteur du service de l’hygiène se pointe, tu vas faire fermer leur putain de restaurant.
- Ils vont se regrouper à l’entrée principale du parc, il y a une sortie détournée par des toilettes publiques. »

Aleksei cracha sur le sol une gerbe de sang, puis fit signe aux deux de le suivre. Ils s’aventurèrent sur un sentier menant à un mur. Ici, Aleksei écarta alors un panneau qui donnait sur une cabine de toilettes. La cabine servait de passage pour rejoindre West Park, les ramenant à la rue. Shiny put du coup se faire un minimum de toilettes, tout comme Vaas ou Aleksei. Ils utilisèrent les robinets.

« C’est quoi, cette putain d’alliance de merde d’Omi ? demanda alors Vaas.
- Une vieille histoire, qui remonte à un siècle. Une organisation secrète qui réunit les différentes familles de Yakuzas à travers le Japon. Son existence même relève pour certains d’un canular. Tu as travaillé pour eux. »

Vaas grogna en tirant sur un rouleau de papier-toilette pour s’essuyer autant que possible. Il s’était assis sur une cuvette, tout en parlant encore :

« Hoyt Volker et les Privateers sont en lien avec l’Alliance Omi.
- Mais en quoi tout ce merdier nous concerne ? Pourquoi vouloir nous buter ?
- Je te l’ai déjà dit, Vaas… Le rakyat, Volker, et Shiny. Ceci étant dit, je ne suis pas plus renseigné que vous deux. Les Yakuzas sont un peu sous tension en ce moment, on dit qu’un Occidental souhaiterait s’emparer de l’Alliance Omi. Ceci expliquerait sans doute pourquoi le Dragon de Kansai a été envoyé ici. »

Vaas grommela.

« Tout est lié à ces fameuses armes qui doivent arriver… Je ne suis pas du genre à me planquer, Aleksei. On me cherche, et je mords. Shiny et moi, on se ressemble là-dessus. Alors, si ce fils de pute veut nous inviter à grailler, je vais le satisfaire, et peut-être même qu’avec un peu de chance, il fera partie du menu. »

Il s’était relevé pour dire ça, et se rapprocha de Shiny.

« Qu’est-ce que tu en penses, Shiny ? Ma Lady a-t-elle envie de côtoyer la haute société le temps d’une soirée ? »

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 01 janv. 2025 15:52
par Lady Shiny
Tout en étant affairée à se redonner une figure humaine, Shin écoutait d'une oreille l'échange entre les deux hommes. Quand elle essayait se réfléchir à cette histoire, elle avait la sensation de devoir détricoter un sac de nœuds dans le noir avec des moufles - bref, elle ne comprenait rien. La drogue avait ankylosé sa cervelle, c'est vrai ; les décisions rarement raisonnables (quel euphémisme) qu'elle prenait en était la preuve. Néanmoins, ce n'était pas seulement son inaptitude partielle à penser qui lui posait problème : une aura de mystère planait. Il y avait encore des choses à découvrir, et elle comptait bien œuvrer à éclaircir ce gros bordel dans lequel ils étaient plongés - que dis-je, noyés.

Elle opina du chef aux paroles de Vaas : Shin n'était pas de celles qui ont comme réflexe de fuir pour sauver leur peau.

- Vaas a raison. Si tu nous emmerdes, on te mords - et si t'essaies de nous buter, on te renverse.

Quels beaux principes.

Shin se jeta de l'eau sur le visage, faisant face à son reflet. Un bel hématome se dessinait sur sa joue droite et sa lèvre inférieure était fendue sur le côté - de charmants souvenirs laissés par ses assaillants. De son maquillage, il ne restait plus rien, et ses cheveux consistaient en un amas bordélique. Cependant, Shin ne voyait que de la gloire dans toute cette déchéance. Sa survie était une preuve de victoire. Elle serra les poings, continuant à s'inspecter. Quand Vaas se rapprocha d'elle, elle croisa son regard dans le miroir : il put regarder le grand sourire qui se dessinait sur ses lèvres lorsqu'il évoqua la perspective de foutre la merde dans la belle société.

- Voilà des mots qui chantent à mes oreilles, répondit-elle. Laissez-moi vous trouver de quoi nous préparer pour l'occasion.

Car oui, Shin était pleine de ressources. Elle quitta leur abri de fortune, se dirigeant d'un pas décidé dans une ruelle - pour y attraper un adolescent, afin de lui tirer son portable. Le gamin essaya de résister, mais elle sut le calmer à coup de pieds bien sentis.
Quelques minutes plus tard, une camionnette se garait dans cette ruelle - conduite par une de ses femmes de main, une japonaise au corps intégralement tatoué (à la seule exception du visage). C'est elle qui, sur indication de Shin, alla chercher Aleksei et Vaas pour les emmener au véhicule. Lorsqu'elle leur ouvrit la portière arrière, les invitant à entrer d'un geste de la main, ils tombèrent sur une Shin nue, immergée dans un tub doré, en train de se savonner les cheveux. À côté d'elle, des valises étaient empilées.

- Hitomi est une vieille amie, leur expliqua-t-elle. Nous venons du même orphelinat. Elle est spécialisée dans ce genre de petits sauvetages, et m'a tirée de pas mal de situations merdiques. Elle n'est pas comme nous - pas d'armes, de traffic, de drogues, tout ça - mais personne ne connaît les bas-fonds de cette ville mieux qu'elle.

Gracieusement, Shin sortit de l'eau pour s'enrouler dans une serviette.

- Profitez-en, elle est encore chaude.

Elle attrapa une valise pour en sortir une robe dorée et satinée qu'elle enfila prestement, faisant l'impasse sur les sous-vêtements ; détail que révélait de manière assez audacieuse la manière dont la robe moulait son corps. Puis elle enfila un collier de perles, puis un autre, puis au moins trois autres - si bien que cette rivière nacrée recouvrait son décolleté - pour terminer avec des escarpins noirs et vernis.

- , je suis une lady, ajouta-t-elle en s'allumant une clope avant de quitter l'habitacle.

Elle rejoignit Hitomi, qui, appuyée contre le capot, faisait de même. Il ne restait plus qu'à attendre les deux hommes, pour rejoindre une petite sauterie qui, elle le sentait, finirait en jolie tuerie.

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 02 janv. 2025 11:48
par Vaas Montenegro
« Elle est pleine de ressources, ta copine.
- Je croyais que c’était la tienne. »

Vaas était d’un naturel méfiant, mais Shiny avait son petit réseau. Il rencontra ainsi Hitomi, une amie que Shiny avait croisé à l’orphelinat, et qui, malgré son corps couvert de tatouages, n’appartenait pas au milieu du crime organisé. Vaas conserva son scepticisme pour lui, et balaya à vrai dire tout le reste quand une Shiny pimpante sortit d’un bassin intégré à l’arrière d’une camionnette transformée en camping-car aménagé. Un style assez typique du Japon, même si on évoquait surtout les camions aménagés ou customisés, en parlant de « dekotora ».

Les deux hommes profitèrent donc. Avec le repos qui suivait l’adrénaline, Vaas prenait conscience que son corps était dans un sale état. Il avait plusieurs contusions, des ecchymoses, et des hématomes. Aleksei était également blessé, mais, tandis que le Russe se lavait, Vaas constata que ses plaies semblaient cicatriser assez vite, confirmant à ses yeux que ce géant en muscle avait visiblement quelques capacités surnaturelles.

Vaas et Aleksei sortirent ensuite à leur tour.

« Laisse le portable que tu as piqué au môme, Shiny, il a déjà dû prévenir les flics, autant éviter d’avoir des invités surprises. »

Professionnel jusqu’au bout des ongles, c’est à ça qu’on reconnaissait un Parrain de la drogue ! Aleksei n’était toutefois pas seul non plus, et, tandis qu’il se lavait en compagnie de Vaas, une voiture se rapprocha d’eux. Yuri en sortit.

« Yuri est avec moi… Mais il n’est pas aussi innocent que ta copine. »

Les combats à West Park n’étaient pas passés inaperçus, la police allait bientôt boucler tout le quartier. Cependant, Yuri avait surtout amené deux costumes.

« Tu as pensé à moi ?
- On ne peut pas se présenter à un restaurant de luxe avec nos vêtements rapiécés, c’est une question de savoir-vivre, objecta Aleksei. Et puis, je suis curieux de voir si tu supportes bien le port d’un costard. »

Vaas grommela. Lui était effectivement plus habitué à des vêtements amples et légers. Il se changea toutefois, enfilant un smoking noir, un pantalon, une chemise, avec une cravate. Ironiquement, faire le nœud de cravate s’avérait plus difficile pour lui que de bastonner des Yakuzas. Aleksei s’en amusa un peu, et se chargea de faire le nœud, ressemblant un peu à un grand-frère qui veillerait sur son proche.

« Là, là, tu t’énerves pour rien.
- Navré de ne pas être à la hauteur, on ne fournit pas de smoking sur mesure à Rook Island !
- Tu devrais savoir que les vrais monstres sont ceux qui portent au quotidien ce genre de tenues. Nous, nous ne sommes que des saltimbanques en comparaison. »

Vaas soupira ensuite. Le col de chemise luis errait, et la cravate l’étouffait. S’il fallait se battre, le costume ne durerait pas longtemps. Il n’y avait que dans les films que James Bond pouvait se battre en smoking. Mais, maintenant qu’ils étaient prêts, ils grimpèrent dans la voiture de Yuri.

Le Kanrai était un restaurant huppé proche de West Partk. Il fallait toutefois faire le tour du parc pour le rejoindre. Aleksei grimpa devant, et Vaas s’installa sur la banquette arrière avec Shiny, et lui tint la main. En chemin, ils purent voir un défilé de voitures de police et d’ambulances.

« On a foutu un sacré bordel.
- Qui sème le vent… »

Yuri rejoignit ensuite l’entrée du restaurant, une entrée élégante avec un ascenseur menant vers les salles à manger, avec un steward à l’accueil.

« Tu te doutes que c’est un piège ?
- Tout ça n’est pas clair, Yuri. J’ignore dans quel merdier on se retrouve, mais, si ce type voulait nous tuer, il l’aurait déjà fait.
- Parce que vous laisser avec une armée de Yakuzas armés jusqu’aux dents, c’était un signe de camaraderie ?
- Peut-être qu’il voulait voir ce qu’on avait dans le ventre… »

Une petite moue sceptique traversa les lèvres de Yuri.

« Tu es cinglé, Aleksei, j’espère que tu le sais, ça.
- Qui est le plus fou des deux, mon cher ami ? Le fou, ou celui qui le suit ? »

Aleksei sortit en laissant cette citation résonner aux oreilles de Yuri. Vaas grimaça un peu en sortant. Il avait mal plus ou moins partout, et il n’avait plus de rakyat pour supprimer la douleur. Le trio rejoignit le hall. Le steward les laissa passer, et un autre steward, à l’intérieur de l’ascenseur, les conduisit vers le dernier étage.

Les battants s’ouvrirent sur une grande pièce avec une mezzanine, une baie vitrée massive à gauche, et un énorme aquarium au fond. Ils arrivèrent sur une petite surélévation en bois donnant sur le centre de la pièce. Toutes les tables avaient été écartées, sauf une. Une table ronde où Ryuji se tenait, assis sur l’un des quatre fauteuils qui avaient été installés.

« Vous avez mis le temps pour vous préparer, on dirait… Je vous en prie, installez-vous. J’ai réservé toute cette salle rien que pour nous. »

Vaas se déplaça lentement, empruntant les deux marches en bois permettant de rejoindre le centre de la salle. Il y avait un assortiment de plateaux de fruits de mer sur la table. Ryuji attrapa un bulot avec une petite fourchette en argent, et l’avala.

« Votre soirée se passe bien ? Après tant d’exercices, je me suis dit que vous auriez sans doute faim. Servez-vous, je vous invite. Les homards sont délicieux, je vous les recommande. »

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 02 janv. 2025 13:49
par Lady Shiny
Par la vitre de la voiture, Shin admirait les lumières qui scintillaient frénétiquement dans la ville. La nuit était tombée depuis un moment déjà ; épaisse, elle enrobait les bâtiments, rongeait les silhouettes, creusait la ville d’angles morts de plus en plus nombreux. Ruelles et tunnels ressemblaient à des gueules d’enfer, béances d’où risquaient à chaque instant de s’échapper des créatures mortifères et démoniaques. Les feux de signalisation, les enseignes de magasin, les panneaux publicitaires et les écrans des smartphones tranchaient dans cette lourde obscurité, sortes de lucioles urbaines qui attiraient l’œil pour mieux le guider.
Shin ne se laissait pas de ce spectacle. L’énergie électrique de la ville, elle la sentait traverser ses veines pour faire battre plus vite son cœur.
Elle sourit quand Vaas lui prit la main et, dans un geste aussi tendre que coquin, elle dirigea la main de son amant pour la caler entre ses deux cuisses. La fraîcheur de sa peau entra immédiatement en collision avec la chaleur brûlante de ses cuisses – ce qui lui arracha un léger soupir. Ce genre de contact physique lui faisait un bien fou après toutes ces heures à se prendre des mandales dans la gueule. Puis elle se tourna vers lui, détaillant dans un sourire sa tenue.

- Tu ne te sens pas trop – étranger à toi-même, habillé comme ça ?

Dans un geste vif, elle l’embrassa dans le cou, avant de lui glisser à l’oreille :

- On dirait presque un petit role play : moi, la lady débauchée, et toi, petit aristo incontrôlable qui n’attend qu’une chose–

La voiture s’arrêta et les portières s’ouvrirent, forçant Shin à s’interrompre. Elle sortit de la voiture pour faire face au restaurant – un bâtiment somptueux qui puait le luxe. Le genre d’endroits où, plus jeune, elle avait joué aux côtés d’Hitomi le rôle de la petite escort ingénue pour mieux dépouiller les vieux riches. « Une bien belle époque, ma foi ». Shin suivit silencieusement les serveurs, inspectant les lieux : retenir le chemin, repérer les sorties et les éventuelles armes, tel était le petit rituel qu’elle suivait lorsqu’elle entrait dans un lieu inconnu. Le restaurant lui plut : il était splendide, imprégné de ce luxe clinquant qu’elle appréciait. Dans sa jolie robe dorée, elle se sentait tout à fait dans son élément. Elle s’approcha de la table en roulant joliment des hanches, s’installant à la droite de leur hôte dans un mouvement lent.

- Ne nous en veux pas trop pour ce léger retard : on avait quelques petits cafards à écraser avant de te retrouver.

Elle s’approcha de lui, posant sa main sur son avant-bras avant d’ajouter dans un sourire :

- Mais ne t’inquiètes pas : ils étaient bien trop médiocres pour nous faire autre chose que nous égratigner.

Sur ces mots, elle ôta sa main pour s’emparer de la bouteille de vin rouge et d’un verre. Putain, qu’est-ce qu’elle avait soif. Ce genre de petits remontants serait salvateur, après tout ce fracas.
Car oui, là, Shin faisait un peu la kéké. Ces yakuzas les avaient mis en bien mauvaise posture. Néanmoins, pas question pour elle le montrer à leur – adversaire ? Elle n’avait pas à lire clairement dans le jeu de Ryuji, et ne parvenait pas encore à se décider : était-il un allié ou un ennemi ? Au vu du comité d’accueil qu’il leur avait réservé pour leur visite nocturne du parc, il voulait leur peau ; mais alors, pourquoi cette invitation au restaurant ? Shin cogita un petit moment, avant de lui demander de but en blanc :

- Qu’est-ce qu’on fait ici, à part bouffer des fruits de mer ? Je suis pas contre l’idée, mais disons qu’il y a de meilleures compagnies que celle d’un mec qui a essayé de vous faire la peau.

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 03 janv. 2025 01:44
par Vaas Montenegro
Vaas devait bien admettre que, malgré son état de blessures, Shiny arrivait encore à l’enflammer. Son petit jeu dans la voiture avait été brutalement interrompu par leur arrivée au restaurant, car il sentait bien qu’à défaut, il l’aurait prise sur la voiture. Sa robe dorée en satin était absolument outrageante, tout comme les colliers qu’elle avait enfilés. Elle brillait de mille feux, et faisait toujours preuve de la même provocation face à ses interlocuteurs. Face à Ryuji, elle le provoqua, tandis que Vaas observait les fruits de mer. Cela, en revanche, ça lkui rappelait le pays. Sur une île, on mangeait beaucoup de poisson, mais aussi les fruits de mer, et Rook Island était pour le coup plutôt bien fourni. Il attrapa donc une gambas, ces grosses crevettes qu’on trouvait normalement en Méditerranée, mais dont il existait des spécimens autour de [{i]Rook Island[/i]. Elles avaient déjà été partiellement décortiquées, ne laissant que la tête à arracher, ce qu’il fit, tout en plantant ensuite le corps tendre de l’animal invertébré dans un bol de sauce.

Shiny, de son côté, alla droit au but. C’était une Lady, il était normal qu’elle soit pressée.

« Je suppose que vous ne comprenez pas grand-chose à ce qui se passe, n’est-ce pas ? Moi non plus, je vous rassure. On m’a parlé d’une fusillade dans un taudis qui était sous votre contrôle, Miss Shiny, on m’a parlé d’une cargaison d’armes que notre ami ici présent attendait avant d’apprendre qu’il s’était fait doubler par le capitaine de ce navire… On m’a aussi parlé du rakyat, cette nouvelle drogue de synthèse conçue à partir du pollen d’une fleur unique en son genre, et fabriquée dans un laboratoire secret par une espèce de prêtresse qu’on surnomme la Bruja… Et, le temps que je me demande dans quelle espèce de délire à la Tarantino je me trouve, voilà qu’on rajoute une couche avec des néonazis… Et c’est vous qui me demandez ce qui se passe ? »

Résumé comme ça, toute cette histoire semblait un peu délirante. Comme toujours, Aleksei se montra le plus rationnel, tandis que Vaas attarda sa main libre dans le dos de Shiny, plus précisément vers le bas du dos.

« Ces armes, je les ai achetés, vous voulez me les voler…
- À ce qu’on m’a dit, vous avez fait venir un joli paquet d’armes, Aleksei. Un peu trop pour que vous n’ayez pas anticipé quelque chose. »

Aleksei frémit lentement.

« Dites-nous juste à quoi se résume tout ce bordel. »

Ryuji sourit lentement, et avala une crevette.

« C’est vrai, j’ai donné l’ordre à mes hommes de vous tuer. Vu le bordel que vous avez foutu, et vu la réputation de celui-là, je voulais savoir si ce qu’on dit sur vous était fondé ou non. Je vous rassure, vous m’avez agréablement surpris.
- Rassure-toi, il m’en reste encore assez pour te foutre une raclée.
- Ne me tentez pas. Vous êtes comme ce dégénéré du clan de la famille Shimano, Goro Majima… Le Chien Fou. Ce titre vous irait bien.
- Putain, arrête de tourner autour du pot comme un putain de politicien, à quoi ça rime, tout ce bordel ?! »

Ryuji se racla la gorge, et commença à s’essuyer les mains, avant de s’attaquer à l’intérieur d’un crabe. Signe de sa force terrifiante, il arracha l’une des pattes du crabe sans utiliser de pince.

« C’est très simple : je veux que vous dégagiez de l’équation. Toi, Shiny, et toi, Vaas. Votre copain russe va vous impliquer dans une guerre qui ne vous concerne en rien. Une guerre entre l’Alliance Omi et la Sombra Corporation, cette société à laquelle votre ami néonazi souhaite entrer depuis que vous avez libéré une place en butant Volker. »

Les pièces du tableau s’imbriquaient lentement. Ryuji leur sortit alors de l’intérieur de sa veste deux billets d’avion.

« Votre île a besoin de vous, Vaas. Pendant votre séjour ici, Volker y a fait quelques aménagements, à la recherche des trésors enfouis dessous… »

Deux billets d’avion pour Okinawa.

« Je vous demande d’accepter mon invitation à prendre des vacances. Deux semaines à Okinawa, le temps que tout se calme. Pendant ce temps, Monsieur Vaas, l’Alliance Omi souhaite oublier vos errements, et reprendre directement avec vous le trafic de rakyat. Plus d’intermédiaires, plus d’entourloupes pour vous. Vous, Shiny… À vrai dire, je ne sais pas trop quoi faire de vous. J’ignore pourquoi ce Karl souhaite vous attraper, mais nous pouvons vous proposer une nouvelle vie… Loind e ce Karl. Quinze jours de repos, pour me laisser régler mes affaires avec Monsieur Petrovski, et tous nous soucis seront envolés. »

Il brisa la patte de son crabe en deux.

« N’est-ce pas une solution formidable pour vous ? Un happy end, comme dans ces putains de films à l’eau-de-rose ? »

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 03 janv. 2025 13:58
par Lady Shiny
Shin se fit silencieuse tandis que les trois hommes échangeaient. Elle avait, après tout, un peu la dalle – et le vin rouge ne nourrissait pas vraiment. Elle lorgna longuement sur cette orgie de fruit de mers qui trônait sur la table, hésitant un instant entre tel ou tel mets. Petite, elle avait surtout connu les ressources que peuvent offrir forêt, rivière et lacs ; aussi avait-elle découvert tardivement (c’est-à-dire en arrivant sur Terre) ces créatures marines que les humains appelaient « fruits de mer » par réflexe langagier. La première fois qu’elle en avait entendu parler, Shin s’attendait à voir servis devant elle des équivalents marins des fruits que l’on pouvait cueillir sur terre. Qu’elle ne fut pas sa surprise quand elle découvrit qu’il s’agissait en réalité d’êtres vivants, parfois servis alors qu’ils n’étaient pas encore morts. En les dégustant, son palais et sa langue avaient fait une expérience gustative aussi étrange qu’inoubliable ; elle se souvenait encore de la – très – longue durée de ce repas, au cours duquel elle avait savouré avec beaucoup de curiosité ces fruits qui n’en étaient pas vraiment. Les manger, c’était comme plonger la tête dans l’eau salée ou enfoncer ses doigts dans le sable mouillé – ça absorbait toute son attention.
Shin attrapa une huître, puis une autre, puis – encore une autre. Ça, c’était ce qu’elle préférait. Le goût iodé, la matière gluante, l’odeur marine : tout se conjugua merveilleusement bien, au point de la faire soupirer de plaisir. Qu’il était dur de se concentrer sur une conversation, quand vos papilles gustatives ne demandaient qu’à se laisser gentiment transporter vers un ailleurs enchanté ! Néanmoins, Shin s’y employa ; pas question de trop se laisser aller. Elle attrapa une pince de crabe, bien décidée à la grailler tout en suivant la conversation.

D’abord, elle ne comprit pas tout. Il était vrai que toute cette histoire formait un beau foutoir. Shin se tendit et montra les crocs quand Ryuji compara Vaas à un dégénéré, sa main se refermant nerveusement sur sa serviette pour contenir sa colère. Elle n’aurait eu aucun scrupule à le planter pour cet outrage – mais se retint. Vaas avait raison : il était temps de connaître le fin de mot de l’histoire.

Shin le laissa dérouler son charmant petit discours, avant de le fixer avec sa moue caractéristique. Vous voyez laquelle, non ? Mais si. Une sorte de jolie grimace qui mêle mépris et dégoût d’une manière assez insolente, mais un peu charmante. Puis elle se tourna vers les deux hommes, pour mieux les sonder, attrapant au passage la bouteille de vin pour se resservir. Quand son regard se posa à nouveau sur Ryuji, il la défiait du regard.

- Miss Shiny, je crois lire sur votre visage quelque chose qui ressemble à un « non », lui dit-il.

Elle but une belle gorgée de vin avant de lui répondre.

- J’vais te dire un petit truc, Ryuji – parce que t’as pas vraiment l’air au courant.

… Ohla, ça commence bien.
Il faut dire que Ryuji venait de faire exactement ce qui énerve Shin : prendre des décisions à sa place. Alors, dans un geste lent, elle attrapa un des billets d’avion, faisant mine de le lire avant de le fixer à nouveau.

- Tu m’as prise pour une mignonne parce que t’es un peu con – c’est le cas de pas mal de mecs. Je ne vous en veux pas trop parce que j’ai appris à ne plus en attendre beaucoup de vous. Aleksei et Vaas sont bien les rares hommes à me surprendre - agréablement, j'entends. Ceci étant dit…

Elle sortit un briquet de sa poche, puis avança vers elle une assiette creuse remplie par des coquilles vides de bulots. D’un geste, elle posa le billet sur le petit monticule formé par les coquilles.

- Tu ne sais pas quoi faire de moi ? Je suis gentille, alors je vais t’aider un peu. D’une part, tu ne décideras pas de mes faits et gestes.

Shin appuya sur le briquet d'un geste vif, et approcha la flamme qui venait de surgir du billet. Puis, comme pour ponctuer sa phrase, elle y mit le feu. Le papier s’embrasa rapidement tandis que les flammes le rongeaient petit à petit.

- D’autre part, je suis pas une lâche et je n’ai pas peur. Je suivrai mes alliés, et j’irai au feu pour eux s’ils me le demandent – et je dis pas ça parce que je suis le genre de meuf à me sacrifier pour un gars, mais bien parce que…

Du billet, il ne restait plus rien. Elle regarda le petit tas de cendres, avant de plonger à nouveau ses yeux dans ceux de mon interlocuteur.

- … parce qu’il n’y a rien que j’aime plus que la violence et le chaos, Ryuji.

Un sourire à son intention, puis elle attrapa son verre de vin à nouveau. Sur ce dernier point, Shin n’avait pas menti – mais elle avait caché une dernière information : elle avait des comptes à régler avec Karl. La perspective de lui enfoncer une lame dans le coeur l’enchantait bien plus que celle de se dorer la pilule sur une plage ensoleillée.

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 04 janv. 2025 03:16
par Vaas Montenegro
Comme on pouvait s’y attendre, Shiny répondit poliment à la proposition de Ryuji en l’invitant à aller se faire foutre. Elle brûla même le billet d’avion. Le Yakuza resta impassible, ne semblant guère ému.. Aleksei, qui connaissait bien la culture française, e pencha alors vers Shiny :

« Il y avait un artiste français qui avait marqué les esprits en brûlant un billet de banque à la télévision. Tu es une vraie Gainsbarre, tu sais… Mais en bien plus sexy. »

Ryuji se retourna alors vers Vaas, qui n’avait pas brûlé le billet.

« J’imagine que votre réponse est la même.
- Non. »

Haussement de sourcils de Ryuji. Vaas examina le billet, et le glissa dans la poche intérieure de sa veste.

« Je garde le billet… Ma Lady est impulsive, c’est une romantique… Moi, je suis matérialiste, je connais la valeur de l’argent. On m’offre un billet, je le garde. Mais on est tous dans le train ensemble. Hoyt Volker a voulu me la foutre dans le cul, et il voulait que je le remercie pour ça. Toi aussi, tu veux me la foutre dans le cul. »

Oui, ce n’était pas le même style que Shiny, Vaas était bien plus cru.

« Mais je garde ce billet, car, quand on aura récupéré les armes, qu’on t’aura renvoyés dans ton trou, que Shiny aura buté ce connard de Karl, je crois qu’on aura bien mérité de se détendre à la putain d’Okinawa. »

Ryuji l’avait laissé parler, et une petite moue amusa traversa ses lèvres.

« Eh bien, quel sens du théâtral. Vous avez fini, ça y est ? Vous vous sentez fiers de vous, avec vos provocations ? Vous croyez vraiment que ça changera quelque chose ? »

Ryuji regarda Shiny.

« Laisse-moi te préciser une chose, ma jolie… Je ne cherche pas à te dire quoi faire, juste à éviter d’avoir à te tuer pour rien. Mais tu as fait ton choix, et je le respecte. Notre prochaine rencontre ne sera pas aussi sympathique.
- On pourrait aussi te buter maintenant. »

Cette fois, le visage si sérieux de Ryuji se détendit enfin.

« N’en fais pas trop, vous tenez à peine debout. Les femmes, ça rend vraiment idiots… Vous tenez à peine debout. Nous aurons l’occasion de nous revoir. D’ici là, je vous invite à profiter. »

Ryuji se racla ensuite la gorge :

« Vous savez, il existe deux types de personnes… Celles qui veulent vivre leur vie à fond, sans se soucier des conséquences, et celles qui ont le sens des responsabilités. Ils mènent une vie ennuyeuse, morne, mais avec un bonheur qui les convient… Ils engrossent leurs femmes, ils vont au restaurant une fois par mois, ou au cinéma, et ils se satisfassent des primes que leurs employeurs leur versent, de leur nouvelle voiture… Ces gens vivent vieux. Les gens comme nous, nous avons une espérance de vie plutôt courte. Vous avez fait votre choix. J’en prends acte. »

Après cette dernière tirade, il se releva. Vaas était bien tenté de se lever, mais Aleksei lui fit signe de rester en position. Ryuji les laissa ensuite, et Vaas soupira.

« Je crois qu’on s’est vraiment foutus dans la merde… »

Aleksei attrapa un bulot, et en avala le contenu, avant de résumer leur position :

« On ne change pas la nature d’un scorpion. »

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 04 janv. 2025 13:50
par Lady Shiny
Shin se permit une dernière provocation lorsque Ryuji les quitta, lui faisant un au-revoir en secouant la main, un large sourire sur le visage ; geste de la main qui se changea en doigt d’honneur lorsqu’il leur tourna le dos.

- Lui aussi, j’ai bien envie de me le faire, souffla-t-elle avant de boire une nouvelle gorgée de vin.

« Se le faire », dans le sens « le buter », bien entendu – même si Shin ne précisa pas. L’ambiguïté de l’expression l’amusait au moins autant que sa vulgarité. Avait-elle vraiment envie de se le taper ? Dans l’absolu, Shin voulait pécho pas mal de gens, et pourquoi pas lui, au fond… Sa libido était décidément un gouffre sans fin, et la colère qu’elle pouvait ressentir l’alimentait fréquemment. Quel plaisir que de se taper un ennemi avant de le tuer. Ça lui était arrivé, déjà, par le passé – si bien que certains rares hommes, ici et là, la surnommaient la Mante. Le pire, c’était qu’il y avait deux-trois hommes que l’idée avait excité : ils s’étaient fait haïr d’elle, dans une sorte de jeu sexuel malsain. Ils l’avaient tous payé cher.
Le sexe, le sang, la violence : décidément, c’était ça qui donnait du sens à sa petite existence.

Shin s’empara d’une pince de crabe, juste pour le plaisir de sentir sa coquille se briser sous l’effet de la pince qui servait à cet effet.

- Vous avez tous les deux raison, leur répondit-elle en se tournant vers eux. On est bien dans la merde… Mais ne sommes-nous pas fait pour ça ?

C’était une question rhétorique, bien entendu. Shin enchaîna :

- Je dois reconnaître à Ryuji au moins ça : il maîtrise l’art de s’occuper de ses adversaires. Une tuerie dans un parc, puis un plateau de fruits de mer – et enfin une négociation polie avant de lancer les hostilités. On se sent presque choyés, non ?

Elle ponctua sa phrase d’un joli rire, avant d’attraper à nouveau quelques huîtres. Décidément, elle n’en lasserait jamais. D’un geste de la main, elle héla une serveuse – qui était d’ailleurs un peu terrifiée par les trois personnes qu’elle avait devant elle.

- Du champagne, pour fêter ça !

La serveuse s’exécuta, leur apportant la bouteille dans un joli sceau doré. Shin attendit qu’ils soient tous trois servis, que la serveuse ait décampé, pour lever sa coupe :

- Trinquons à ce merdier. On n’a pas fini de s’amuser.

Après une gorgée de ce délicieux breuvage – franchement, huître et champagne, qui dit mieux ? – Shin releva les yeux vers les deux hommes :

- Quelle est la suite de notre charmant programme, mh ? Maintenant que plus personne ne veut nous tuer et en attendant que ce soit à nouveau le cas, autant profiter un peu.

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 05 janv. 2025 19:41
par Vaas Montenegro
« Ryuji est notre ennemi, mais il a un certain sens de l’honneur, lui aussi. Il aurait pu nous tuer ce soir, mais, vu notre état, ce combat n’aurait pas été honorable. »

C’est ce qu’Aleksei dit quand Shiny annonça son intention de se le faire.

« Tu as l’air de le connaître… Ou d’avoir entendu parler de ce fils de pute. »

Vaas, toujours aussi charmant, avait néanmoins compris que Ryuji avait pratiqué une différence de traitement entre le Russe et eux deux. Aleksei sortit une cigarette, et tira dessus, tandis que Shin réclama du champagne. Il y avait encore des serveurs ici, qui étaient visiblement ravis de voir que le restaurant n’allait pas avoir besoin de travaux de rénovation dès demain. Shiny demanda ensuite la suite, tandis que Vaas avalait une gorgée de bulles acides, sentant le champagne remonter en lui. Ce n’était pas aussi intense que du rakyat, mais ça avait à tout le moins le mérite de lui rafraîchir la gorge.

« Je crois que tout va tourner autour de ces armes…
- Ouais… Ces foutues armes. »

Aleksei souffla encore.

« Ces armes vont attirer beaucoup de curieux… Karl sera sûrement là aussi.
- Ton plan initial, c’était quoi ?
- Attaquer le port, ce serait suicidaire. J’ai un plan, mais je vous en ferai part plus tard. »

Vaas acquiesça lentement. Il aurait également fallu être parfaitement idiot pour raconter cela en public. Pendant ce temps, les serveurs remirent en place le restaurant, et la télévision s’alluma. Le bandeau annonçait une émission spéciale, et l’émission se focalisait sur ce que le journaliste appelait « le massacre de West Park ».

« …Des dizaines de cadavres éparpillées dans un parc public. Le Procureur de l’État a évoqué un règlement de comptes sanglant entre les différentes bandes criminelles, tournant autour du trafic de stupéfiants. Une nouvelle drogue de synthèse se répand en effet au Japon, et trouve son point d’origine au port d’Atarashï Yoake. Les tatouages identifiés sur des corps confirment une intensification de ce conflit, les personnes décédées appartenant au clan yakuza des Go-Ryu, un clan situé à Osaka, connu pour avoir le contrôle des activités criminelles autour du canal Dōtonbori. Le ministre… »

Aleksei avala un peu de champagne.

« Retourner chez moi va être dangereux, les Guramu ont dû tout mettre sur écoute. »

Vaas hocha la tête.

« Dans ce cas, je suppose que c’est à moi de vous héberger… Tu es prête à rencontrer la bruja, Shiny ? Je ne pense pas que le van de ta copine Hitomi ait été identifié par les Yakuzas, elle pourrait nous conduire… »

Le refuge de Vaas était un entrepôt situé dans la zone portuaire, abritant dans ses souterrains le laboratoire qui servait à fabriquer le rakyat… Ainsi que la demeure de sa sœur, la Grande-Prêtresse de Rook Island… La bruja.

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 05 janv. 2025 23:11
par Lady Shiny
Shin hocha la tête en entendant les deux hommes parler. "On va être nombreux à se mettre sur la gueule pour ces armes", songea-t-elle. Une raison de plus pour profiter du répit que leur offrait Ryuji. Shin sentait bien que son corps réclamait autre chose que des coups de poings et autres mandales. L'alcool, sur ce point, était libérateur : il allumait cette jolie étincelle dans son cerveau ; étincelle qui se propageait gentiment dans tous ses muscles et son système nerveux pour les apaiser. La douleur s'évaporait peu à peu, et tout son organisme se détendait - au point qu'elle rigola en entendant l'annonce télévisuelle, amusée.

- On est des massacreurs, alors ? J'adore.

Elle qui s'était joliment avachie peu à peu sur sa chaise se redressa lorsque Vaas évoqua sa bruja. Un sourire sincèrement ravi se dessina sur son visage, et elle se pencha vers son amant pour attraper sa main, embrassant le bout de ses doigts d'une manière plus sensuelle que romantique.

- Ce serait un honneur, Vaas.

Rien de moqueur. L'idée lui plaisait, et elle se sentait flattée - elle avait presque la pression, tiens.
D'un geste de la main, elle demanda un téléphone, sortant un instant de la table. Lorsqu'elle revint, elle vida sa coupe de champagne d'une gorgée.

- Hitomi sera là dans cinq minutes. Finissez vos verres, mes chéris.

En effet : cinq minutes après, ils se retrouvèrent Hitomi et son van, réorganisé pour l'occasion. Plus de tub ni de valises ; à la place, des couchettes confortables constituées de coussins et de sièges récupérés et un frigo étaient disposés dans le ventre du van, attendant ses convives. Une douceur odeur herbacée flottait dans l'air, souvenir des savons qui avaient permis à nos trois héros de récupérer une forme digne de se socialiser suite à leur escapade nocturne (et sanglante) dans le parc.

Les deux femmes n'échangèrent pas une parole. D'ailleurs, Aleksei et Vaas purent faire le constat qu'ils n'avaient pas vraiment entendu la voix d'Hitomi - quelques mots, au mieux, plus murmurés que clairement prononcés. C'était comme si elles étaient capables de communiquer uniquement par le regard. Ils les virent échanger quelques coups d'œil, plissant les paupières, haussant un sourcil, roulant des yeux - un échange silencieux qui se terminera par un mouvement de Shin dans leur direction :

- Les mecs, vous montez derrière.

Et bien évidemment, les deux femmes montèrent à l'avant. Shin baragouina quelques mots à propos d'un entrepôt, Hitomi hocha la tête.

- Quand elle te le demandera, tu pourras lui indiquer la route, Vaas. En attendant, faites-vous plaisir ; il y a un frigo quelque part à l'arrière.

Dès que la camionnette démarra, Shin se mit à trifouiller l'autoradio, passant d'une chaîne à l'autre tout en s'allumant une énième cigarette. Et enfin, elle trouva ce qu'elle cherchait : une chanson japonaise vieille de vingt ans. Les deux femmes échangèrent un sourire, avant de se mettre à chanter - enfin, à brailler, plutôt.
Leurs chansonnettes aussi joyeuses que maladroites prirent fin lorsqu'ils approchèrent de la zone portuaire. Hitomi baissa alors le son - au grand damn d'une Shin en train de massacrer *Shimame* de Moon Kana - et ralentit avant de se tourner vers Vaas.

- Indique-lui le chemin, traduisit Shin en ouvrant la boîte à gants pour en sortir des chewing gums.

Peu à peu, ils s'enfonçaient dans une zone plus désolée du port - jusqu'à atteindre l'entrepôt désigné par Vaas. Shin se sentit immédiatement attirée par lui - son organisme reconnaissait les effleuves, même lointaines, du rakyat. Elle se tourna vers les deux hommes, un sourire enjoué sur les lèvres, avant de descendre. Oh, elle avait hâte, oui.

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 07 janv. 2025 01:28
par Vaas Montenegro
Ils rejoignirent donc le van d’Hitomi. Vaas s’affala à l’arrière sans demander son reste. Aleksei, de son côté, ouvrit le frigo, et en sortit une bière, puis le van démarra… Sous un accompagnement musical qui donnait à Vaas l’impression qu’on égorgeait des chats. Aleksei regarda les deux femmes brailler comme deux hystériques, et commenta sobrement :

« Dire que j’avais envisagé une soirée karaoké… On nous aurait foutus dehors. »

Vaas sourit doucement, et profita de ce moment de repos pour attraper son téléphone, et enfonça ses écouteurs dans ses oreilles. Il lança alors sa playlist, qui diffusa dans ses oreilles « Pure Love in Kamurocho », la preuve ultime que le destin le poursuivait. Une chanson d’amour à propos d’une prostituée et de son client, et de leurs inquiétudes vis-à-vis des sentiments de l’autre. Comme un fragment déformé de sa propre histoire.

Ah, I can't believe it
My love she has a darker side
She'll spread her wings, into the night
Clinging to any man that she can see

Une musique plus apaisante, qui accompagna Vaas jusqu’au port. Vautré depuis l’arrière du van, il voyait les néons de la ville défiler à travers les lucarnes arrières du van, jusqu’à ce qu’on le somme de sortir de sa rêverie. Vaas se redressa, et se pencha vers l’avant, puis les guida jusqu’à l’entrepôt. C’était un entrepôt assez miteux, situé dans une partie ancienne du port, avec des grues rouillées, des prostituées étrangères, des clandestins, des entrepôts appartenant à des entreprises qui avaient fait faillite, et entourées de clôtures avec de vieux panneaux de bailleurs annonçant que les locaux étaient à louer. Vaas pouvait sentir Shiny s’exciter doucement, probablement impatiente de pouvoir goûter au nectar sacré.

Vaas sortit de l’une de ses poches un badge, et un portail s’ouvrit, leur permettant de rejoindre le cœur de l’entrepôt.

Il y avait de nombreuses carcasses de boîtes de pizzas dans un angle. Une atmosphère enfumée avec des feux émanant de gros pneus qu’on avait entassés les uns sur les autres. Quelques canapés et fauteuils rapiécés, avec des néons verts flashy et rosâtres émanant du fond de l’entrepôt. Des prostituées portant des robes bodycon en rose latex s’affairaient sur des hommes. Quand Vaas sortit, plusieurs d’entre eux se levèrent.

« Le Boss est revenu !
- Patron ! »

Dans un coin, une chaîne HiFi diffusait de la musique. De la lumière émanait des anciens bureaux de l’entrepôt, reconvertis en salles d’habitation. Il y avait un dortoir, un salon avec une télévision, une aire de jeux avec un billard, des flippers, et une odeur globale de tabac, d’alcool, et de rakyat. Sur d’anciennes bittes d’amarrage reconverties en table, des carcasses de bouteilles de bières, de joints… Une ambiance de débauche urbaine, d’anarchie primitive, avec des femmes gothiques qui fumaient dans leurs coins. On avait taggué sur les murs des inscriptions qui semblaient tout droit sorties d’un Mai-68 déjanté : « ILS ONT VOULU T’ENCHAÎNER. ET QUI L’A DANS LE CUL MAINTENANT ? », ou encore : « LA LIBERTÉ DE LEUR DIRE MERDE ! ». La poésie n’était pas spécialement au rendez-vous dans cet endroit. Les habitués venaient pour avoir leurs doses de rakyat, formant le réseau de Vaas, un assortiment de déshérités, prostituées, junkies, orphelins, et autres déchets de la société.

Il y avait même un hot tub dans un coin. Des générateurs de chantier volés permettaient d’alimenter l’ensemble, bourdonnant dans la cave, avec de gros câbles jaillissant du sous-sol comme des tentacules assoiffés. On baisait d’ailleurs contre la porte du générateur, un homme bourrant une femme, tandis que les deux partageaient une ligne de rakyat.

« Bienvenue dans mon chez-moi, Shiny. »

Vaas récupéra un joint de rakyat, et l’alluma, puis souffla dedans. Il sentit immédiatement sa douleur s’atténuer, et frémit doucement.

« Putain, ce que ça fait du bien… »

Il soupira, et tendit le joint vers Shiny, exhalant sur son visage son rakyat exquis.

« Tiens, bébé, tu as mérité de goûter à mon trésor… »

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 07 janv. 2025 10:58
par Lady Shiny
Au fond, la demeure de Vaas ne pouvait pas ressembler à autre chose qu'à ça : un immense bordel, dans tous les sens du terme. Dans l'air flottait l'odeur entêtante de la weed, et lui répondait celle, plus profonde et plus dense, du rakyat, dans une symphonie olfactive qui charmait Shin. Si ces doux parfums flottaient dans les airs, à hauteur de tête, ils se mélangeaient dès que l'on approchait des êtres qui peuplaient ce squatt immense aux odeurs de sueur, de stupre et des parfums agressifs qu'utilisaient les prostituées pour attirer et emprisonner leurs clients.

- Quel endroit magique, souffla-t-elle.

Shin était sincèrement ébahie. Il régnait dans ces lieux une liberté dévorante qui l'attirait irrésistiblement. Les lumières piquantes des néons laissaient leur empreinte sur sa rétine, tout comme elles éclaboussaient les murs et les corps, leur donnant une teinte presque irréelle. Elle reconnut sans peine dans le rose de ces luminaires la couleur de sa nouvelle drogue préférée - celle du rakyat.
Tout en avançant, entourée par ses deux alliés et amants, Shin laissait son regard s'accrocher à tout ce qui l'attirait : les volutes de fumée, les corps qui se ruaient les uns sur les autres avec un désir féroce, les immenses tags insultants. Elle échangea un clin d'œil avec une femme gothique qui la mattait, avant de lui envoyer un baiser du bout des doigts.
De tous temps, Shin avait aimé séduire - elle n'allait pas s'arrêter en si bon chemin.

Tandis que Vaas saluait ses hommes, elle se tourna vers Aleksei :

- C'est marrant, parce qu'une partie de moi se dit que ce genre d'endroits t'es étranger - à toi, si rigoureux, si soigné. Cependant, une autre partie de moi est sûre que, quelque part, tu es familier de ces lieux aussi bordéliques que débauchés.

Elle, pour sûr, en connaissait un rayon. Ces vastes squatts conçus pour la défonce et la baise, ça avait été sa deuxième maison pendant une longue période. L'argent lui avait offert la possibilité de vivre dans un lieu plus huppé, plus luxueux - mais là, dans les bas-fonds, elle sentait comme chez elle. Rien dans l'impudeur des gens qui baisaient ne la mettait mal à l'aise. Combien de fois avait-elle été à la place de ces femmes, à se faire prendre contre un mur, sur un canapé défoncé ou une table dans un état douteux, à proximité d'une foule plus ou moins consciente de ce qu'il se passait ? Elle ne comptait plus. Ça lui rappelait bien des souvenirs plein de vices, tout ça - et ça la faisait joliment tressaillir.

Shin continuait de scruter tout ce qu'il se passait autour d'elle avec un regard émerveillé, quand elle reconnut l'odeur enivrante du rakyat. La petite blonde prit une longue inspiration, profitant de ce qui, selon elle, constituait un préliminaire à la défonce. Elle regarda - pardon, elle admira Vaas - tandis qu'il tirait sur le joint, approchant son visage du sien pour mieux lui souffler dessus. En se posant sur elle, le nuage rose lui noya immédiatement le cerveau. Elle ferma les yeux en attrapant le joint, pour fumer à son tour. Alors, la décharge fut si intense qu'elle tomba en arrière - mais fut rattrapée à la fois par Vaas, qui s'était emparé de son poignet, et Aleksei, qui était dans son dos et qu'elle heurta donc dans sa chute.

- Mes sauveurs.

Un sourire se mit à flotter sur ses lèvres : celui de l'apaisement propre à la défonce. Un apaisement joyeux, presque innocent, et plutôt béat. Dans ce genre de moments, elle oubliait tout pour ne se concentrer que sur son corps ; un corps qui percevait le monde d'une toute autre façon. Là, Shin était convaincue d'être dans une œuvre d'art.
Elle embrassa la main de Vaas, puis celle d'Aleksei, avec un regard caressant.

- Quel accueil, Vaas. Tu maîtrises l'art de prendre soin de tes convives.

Pour le remercier, elle se rapprocha de lui, refermant ses bras autour de son cou pour l'embrasser longuement tout en se pressant contre lui. Sous l'influence du rakyat, les baisers prenaient une toute autre dimension. Ils devenaient surpuissants, nourrissant ce désir qui habitait Shin et lui retournait perpétuellement le crâne. À la fin de ce baiser, elle plongea son regard dans le sien - un regard bienheureux et défoncé - avant de se tourner vers Aleksei pour l'embrasser à son tour, ses mains se posant de part et d'autre de son cou pendant que son buste s'écrasait contre le sien.
Puis, se détachant de lui, elle les regarda tous deux, toute fière de ce qu'elle venait d'accomplir - comme en attestait le sourire joueur qui se traça sur ses lèvres à ce moment-là.

- Comme ça, aucun jaloux.

Shin ponctua sa phrase d'un petit rire, avant d'ajouter :

- Je suis partageuse, moi - et j'adore partager.

Oui, le rakyat lui donnait des ailes.

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 08 janv. 2025 11:20
par Vaas Montenegro
C’était comme donner la clef d’une cage à un oiseau doré aux ailes brillantes. Quand Shiny tira sur le joint de rakyat, elle sentit la drogue hallucinogène et désinhibitrice fuser dans son cerveau, et un sourire épanoui heurta ses lèvres. Elle tituba en arrière, surprise, et heurta le torse d’Aleksei. Ce dernier avait été plutôt bien ciblé par Shiny. Des endroits crasseux et hors du système comme ça, il en connaissait beaucoup. Lui aussi avait été là, et le fait qu’il était l’un des combattants du Coliseum du Palais des Plaisirs confirmait aussi qu’il avait gardé un certain attachement envers les marginaux… Des gens comme Shiny, ou comme Vaas. Cependant, Aleksei était aussi le Parrain d’une mafia, et ne pouvait donc pas vivre dans un trou. Et puis, il y avait aussi le fait que le luxe était une drogue à laquelle on s’habituait aussi. Avoir son propre cuisinier, un appartement luxueux au sommet de la ville, bien entretenu, sans l’odeur puante des remontées d’égout…

Un barbecue fonctionnait dans un coin, où un homme nu et tatoué des pieds à la tête fumait tout en faisant griller des saucisses. C’est ce que Vaas nota avant que Shiny ne l’embrasse sensuellement. Rakyat oblige, il avait déjà une bonne érection, et posa sans vergogne sa main sur les fesses de Shiny, son autre main sur sa nuque, et répondit avec emphase à son baiser. Ses lèvres étaient délicieuses, et elle brillait, sa Shiny. Elle brillait comme un joli petit ange, magnifique, somptueuse, radiante !

Shiny se retourna ensuite vers Aleksei, et l’embrassa à son tour, puis signala aux deux qu’il n’y aurait pas de jaloux. Aleksei sourit alors, et posa alors sa main sur la fesse restée libre de Shiny, tout en retournant se lover dans son dos. Il l’embrassa dans le creux du cou, mordillant même tendrement sa chair.

« Jaloux ? Quelque chose me dit que tu aimerais que l’on s’entretue pour toi, ma Shiny… Mais tu as raison, je suis pragmatique, ton corps a les capacités de nous endurer tous les deux. »

Plus que leurs déclarations, Shiny pouvait sentir contre son corps les sexes érigés des deux amants. L’érection, la plus universelle et la plus éloquente des démonstrations. Vaas frémit doucement devant elle, et l’embrassa à nouveau, caressant avec sa main l’un de ses colliers dorés. Sous l’effet hallucinogène du rakyat, ce collier brillait furieusement entre ses doigts.

« J’ai une chambre pour toi… »

Ils rejoignirent ensuite les anciens bureaux en grimpant par un escalier à l’extérieur. Des néons avaient été mis autour de la double porte menant à l’entrée. « FUNHOUSE » avait été mis autour de la porte. Ils montèrent à l’étage, rejoignant un couloir sombre, plus propre, jusqu’à une porte qui menait à une chambre surplombant l’entrepôt. Une antique baie vitrée permettait de voir l’ensemble.

La pièce comprenait un énorme lit rouge en forme de cœur, suffisamment grand pour les contenir tous les trois. Sur une table basse à côté, une autre Suzie se tenait là, la grande-sœur de celle qui avait été perdue chez Karl. Vaas commença alors à tenter de retirer sa cravate, et grommela sur place.

« Comment ces gens font pour porter ça ? Il faut vraiment être le diable pour porter cette tenue… »

L’occasion pour Shiny de briller à nouveau… Tandis qu’Aleksei se déshabillait à son tour.

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 08 janv. 2025 17:08
par Lady Shiny
FUNHOUSE.

- Quel titre prometteur, glissa-t-elle en voyant le nom tracé au-dessus de la porte.

Oui, c’était bien une chambre pour elle – ou, du moins, digne d’elle. Ce nom, aussi innocent que suintant le stupre, annonçait pour elle une vraie partie de plaisir. C’était après tout ainsi qu’elle concevait sa vie entière – même s’il fallait lui reconnaître une certaine conception de ce que pouvait être une « partie de plaisir ». Pour Shin, le plaisir avait tout intérêt à être dangereux - autrement, avait-il seulement de la saveur ?

Dès qu’elle passa le pas de la porte, elle sut que le plaisir qui l’attendait dans cette chambre serait – comment dire. Ah oui : redoutable. Une musique qu’elle connaissait bien commença sa boucle dans sa tête ; le genre qu’elle mettait très fort dans sa chambre, le plus souvent presque nue, une cigarette entre les lèvres et un verre d’alcool dans la main, tandis qu’elle cherchait la tenue la plus allumeuse possible.

Darlin', can I be your favorite?
I'll be your girl, let you taste it
I know what you want, yeah, just take it


C’était, à ses oreilles, une musique trempée de sensualité. Après un joint ou un verre, elle finissait par esquisser de jolis pas de danse, enjambant des tas de fringues dans des gestes lascifs ; tout un rituel qui la mettait généralement en feu.

Son regard tomba sur l’immense lit en forme de cœur, puis sur la vaste baie vitrée. Un sourire se traça instinctivement sur ses lèvres ; le genre de sourire gorgé de luxure qui lui allait si bien. Les baisers et les caresses gentiment indécents lui avaient mis l’eau à la bouche – et elle en voulait encore plus. Dès qu’il s’agissait de cul, Shin était insatiable.
Sans peur ni pudeur, elle s’approcha de Vaas, l’aidant à ôter sa cravate, lui souriant tout en se mordant la lèvre inférieure. Lui aussi brillait, sous l’effet du rakyat et du désir – un désir qui faisait fondre le moindre interdit qui restait en elle. Une fois la cravate en main, elle s’en servit pour la placer autour du cou de son amant pour attirer son visage contre le sien et lui offrir un baiser assez obscène, le genre qui sentait la luxure à plein nez. Son corps se colla à nouveau contre le sien, sa poitrine couverte de bijoux s’écrasant contre le torse de Vaas. Ce contact franc, brutal juste comme il faut, lui arracha un charmant soupir.
Puis, heureuse de son petit effet – car elle sentit bien lors de cette étreinte à quel point il bandait – elle se recula, joueuse, lui tirant la langue d’un air de défi, lui lançant un « Viens me chercher » du regard. Alors qu’elle reculait, elle eut le plaisir de sentir qu’à nouveau, elle tomba sur Aleksei. Toujours la cravate dans la main, Shin se tourna vers lui, et fit mine de lui jouer le même tour. Elle arrêta néanmoins son geste.

- À quoi est-ce que je m’expose, si j’ose te faire la même chose, mh ?

Joueuse, elle continua, entourant avec cette cravate le cou d’Aleksei, avant de tirer doucement dessus pour attirer son visage près du sien. Plus musclé, plus grand et moins défoncé, il opposait néanmoins plus de résistance.

- Un chef de mafia accepterait-il seulement qu’une femme comme moi cherche à le dompter ?

La réponse était évidente – surtout quand on connaissait les goûts de Shin, goûts que les deux hommes avaient pu découvrir. Si elle agissait ainsi, c’était pour faire ce qu’elle faisait de mieux : les provoquer.
Car il n’y a rien au monde qu’une petite peste comme Shin aime plus que pousser ses amants dans leurs retranchements, juste pour les voir lui répondre.