The Multiversity

[Marishka Auschwitz]

Qu’est-ce qu’elle est agaçante d’efficacité. Elle sait tout d’Alma et de sa vie. Le terme « soumise forte », c’est l’appellation d’Akane. Est-ce que ça veut dire qu’elle l’utilise également quand elle n’est pas là ? Connaissant son mode de vie « direct », elle en serait capable. Mais ce serait aussi diminué sa position hiérarchique dans « la meute ». A moins que… devenir un quart de déesse n’étant plus une priorité, associé au fait que Shayne ait dénoué le collier autour de son cou… Akane parlerait d’Alma comme il lui plait ? Ca l’agace rapidement. Puis ça a tendance à l’exciter un peu en l’imaginant parler d’elle sous cette appellation auprès de Liliane. Au final, Alma s’en fiche. Elle se prend la tête pour pas grand-chose. Et, pour obéir à l’ordre de Verena, elle sait qu’elle doit passer à un autre sujet. Ce qu’elle s’empresse de faire.

« Giana. Encore Giana… Décidément, elle est partout où je veux aller. »

Ce qui est une bonne chose. C’est agaçant, ça aussi. Mais Alma est satisfaite de savoir que la cyborg ne va pas réussir à disparaitre de sa vie.

« Giana devra attendre. Même si je ne passe pas à l’action avec Abigail, je veux la voir elle. Et Liliane. Surtout Liliane mais… non, en fait, Abigail aussi. Définitivement. Parce que si Abigail ne va pas bien, Liliane n’ira pas bien. Et donc moi aussi par ricochets. Donc j’irai les voir toutes les deux et… j’improviserai ? »

Sonnette d’alarme. Même au ton de sa voix, Alma n’a pas pu parler de l’improvisation avec assurance. Mais elle compte bien aller les voir toutes les deux. Au moins pour prendre des nouvelles. Pour tâter le terrain. Et si par miracle une solution s’offrait à elle, elle la saisirait.

*Mais sinon, est-ce que Verena ne serait pas en train de me dire que j’ai délaissé maman ? Ce serait un acte de faiblesse de dire que j’ai besoin de la voir et… je suis trop conne. Cet orgueil est une vraie maladie. *

« Je compte définitivement aller parler à Liliane et Abigail. Mon plan ne changera pas. Mais c’est vrai que je pourrais demander l’avis de maman. Au moins lui dire ce que je compte faire à court et moyen terme. Et puis, euh, prendre de ses nouvelles. »

Pourquoi faut-il que la relation la plus difficile soit avec la femme par qui tout a commencé ? Celle qui a récupéré une « clodo violente » comme on aime parfois lui rappeler pour la faire grincer des dents. Surtout, celle qui a su voir dans une petite chose brisée un vrai potentiel. Qui a probablement découvert sur le tard que cette pépite organique était bien davantage. Mais il était trop tard pour la demi déesse. Elle s’était déjà attachée. Avec toutes les complications émotionnelles et événementielles que cela aura ramené.

« Mais avant Abigail et maman, il y a toi. »

Le changement est immédiat. La séductrice en Alma revient sur le devant de la scène. C’est dans son attitude. Dans son intonation. Sans être exagéré ou candidat à un vulgaire prix pour une actrice porno. C’est le potentiel réveillé par l’experte en séduction.

« Et ces crêpes. Avec ce sirop qui a très envie de couler… Ce serait dommage que ça coule sur le tablier. Il faudrait l’enlever pour le nettoyer, oui ? »

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Le plan de match se tient. D’accord, le gros problème de « Abigail vit dans la rue » ne sera pas réglé. Il serait étonnant qu’Alma réussisse à la convaincre de quoi que ce soit aujourd’hui. Surtout que dans l’esprit fragile d’Abigail, Alma ne doit pas avoir le meilleur des rôles. Si elle venait à voir, Alma égal la faucheuse. Chaque fois qu’Alma entre dans sa vie, quelqu’un est blessé ou quelqu’un meurt. Bon. Pas chaque fois. Mais l’esprit est une chose fragile, facile à scarifier et donc qui se souvient des choses pas forcément comme elles se sont produites. Mais ça, c’est un problème à régler à un autre moment. Pour commencer, dialoguer. Voir si Abigail va mieux. Voir comment se porte Liliane. Et agir ou réagir en conséquence, selon la situation. Car Alma a raison sur un point. Si Abigail ne va pas bien, Liliane n’ira pas bien non plus car Abigail est sa seule famille.

Évidemment, si Liliane est dans la même maison magique qu’Akane, nécessairement, elle devra s’occuper d’Akane aussi… Pour ne pas faire de jalouse. Pas parce qu’elle espère secrètement que La Bête va la prendre de façon possessive car elle aura sur elle l’odeur d’une autre femme. Alma la soumise, Alma la proie, dont le cœur s’emballe face à une redoutable prédatrice? Peut-être. Mais il y a encore plus effrayant qu’Akane. Quelqu’un qui n’aime pas partager. Jimmy. Dont on a privé de SON humaine, partit il ne sait où, sans même un bisou sur sa petite tête écailleuse. Oh Alma aura droit à un moue bougonne et un regard lourd de jugement! Et si vous ne vous vous êtes jamais fait faire les gros yeux par un phrynosoma hernandesi, vous ne savez donc rien de la terreur et des sueurs froides qui viennent avec cette expérience donc interdiction formelle de rire! Non mais sans blague!

Et avant cela, il y aura une discussion avec Maman Shayne. Une Maman Shayne beaucoup plus présente, beaucoup plus à l’écoute. En quelque part, c’est flippant. Une fois, elle n’a pas pu venir voir Alma donc pour ne pas manquer un « rendez-vous » avec sa fille adoptive, elle a fait téléporter Alma jusqu’à elle. Elles ont pris le thé, Shayne discutant joyeusement avec Alma tandis que d’une main, à distance, elle était en train de torturer un de ses élus qui avait tenté de désobéir à ses ordres et de traquer Alma pour la défier. Et oui, Alma vient d’un monde de sang et de violence. Mais en général, vous voyez l’hémoglobine, vous entendez les os qui craquent. La, aucune marque visible, juste des yeux injectés de sang et des hurlements d’agonie. Et Shayne, joviale, contente de voir sa fille, comme si toute cette scène ne la concernait absolument pas… Prenant la vie et donnant la mort si facilement…

Et avant Maman Shayne, en effet, Verena. Une Verena espiègle qui réprimande Alma en lui disant que ce n’est pas bien de jouer avec la nourriture, encore moins de salir volontairement un vêtement. Qui si Alma est si désespérée de la voir nue qu’elle a besoin d’une si pathétique excuse… Alma déglutit et, comportement humain naturel, elle cligne des yeux. Autrement ils deviennent secs et c’est très désagréable. Mais quand elle rouvre les yeux, Verena n’est plus devant elle, juste son tablier sur le plan de travail. Elle sent la poitrine nue de l’espionne contre son dos. « Je t’interdis de te retourner. Je veux t’entendre supplier de pouvoir passer un moment d’intimité avec moi. Tu es une soumise, une dominée. Tu ne demandes pas. Tu reçois ce qu’on te donne. N’oublie pas ta place… Ou tu seras punie. », dit l’espionne, encore une fois en jouant avec les nerfs et les pensées d’Alma comme si c’était un violon. Le cerveau pas très sage d’Alma devient soudainement fertile d’imagination et ce petit corps trop longtemps privé de libido a l’impression de revivre la puberté une deuxième fois. Toutes ces hormones…

[Marishka Auschwitz]

Comment a-t-elle pu se déplacer si rapidement ? Mais déjà la compréhension doit abdiquer face à la sensation. Cette poitrine dans son dos. C’est déjà une torture. Mais la voix langoureuse de la super espionne ? La manipulation si évidente et pourtant ô combien efficace de Verena ? Alma est déjà en totale perte de contrôle. Il y avait déjà matière à bouder, à se replier sur soi-même quand sa version Pride s’est vu reléguer au nom « d’une pathétique excuse ». Elle était pourtant certaine de l’avoir ressenti : ce charme qui exsudait de son corps. Et… pas le temps de plus cogiter. De nouveaux mots. De nouveaux ordres. La rabaisser. Subir cette volonté de résister, d’être la plus forte ! Et puis… toujours cette lâcheté à redécouvrir que quelqu’un va prendre des décisions pour elle. Ne plus penser. Juste… se rebeller ? Pour être punie ? Terriblement attirant. Alma a très envie de faire des bêtises.

« Je ne vais pas supplier. J’ai tout de même ma fierté. Et puis, je croyais qu’on était ici pour manger des crêpes. Beaucoup de crêpes. Avec beaucoup de sirop maladroit… qui coule… un peu partout ? »

Bien entendu qu’Alma n’a pas seulement faim de crêpes. Mais si elle ne se débat pas un minimum, où est le fun pour les deux femmes ? Si elle ne se met pas elle-même au supplice, le plaisir sera-t-il aussi jouissif ? Alors que l’attente… l’impatience… le suspens… Elle voudrait se retourner, bien sur ! Son corps la trahit de toute façon. Son pied remue nerveusement. Comme si, « par magie », concentrer toute son impatience dans une telle répétition d’action « à l’abri des regards » allait lui permettre de se purger et de pouvoir jouer son rôle.

« Si tu n’as plus besoin de ton tablier, je vais aller le ranger. J’ai appris qu’un extérieur rangé permet d’avoir un intérieur de tête rangé. Oui, c’est ce que je vais faire. Ranger ce tablier inutile. Juste à côté d’un tiroir rempli de lingerie. »

Sans déconner, comment chaque maison magique peut contenir ce qu’il faut au moment où il le faut ? Sont-ce de simples bâtiments ? Ou une version de génie ayant pris apparence de maisons ? Peut-être pas. Ca voudrait dire qu’ils sont soumis à la demi déesse. Et que quoi ? Quand on frotte le balai par terre, on les réveille pour concrétiser un vœu. Probablement une très mauvaise réflexion. Mais une qui aura permis à Alma de se lever, (de ne pas se retourner ! Elle obéit à l’ordre) et de se rendre auprès du tiroir. Oh ! Et elle n’a pas rangé le tablier. Elle l’a jeté sur le lit. Elle n’en a pas fait exprès, voyons. Ce serait… un manque de respect ? De la provocation ? Peut-être. Oui, ce sourire satisfait de sa bêtise.

« Ca c’est très joli. Bon, je ne comprends pas pourquoi la culotte est ouverte au niveau de l’intimité. Mais ils ont mis des perles. Je vais l’essayer. Après tout, pourquoi certaines femmes pourraient mettre des perles autour de leur cou pour magnifier leur beauté ? Et pourquoi moi je ne pourrais pas mettre en valeur une autre partie de mon corps ? Il faudrait que je trouve le soutien-gorge qui va avec cette petite culotte maintenant. Où peut-elle être ? Hum… Je ne la voie pas. »

Oui, Alma a les jambes tendues et le corps penché en avant pour fouiller (très inefficacement, il faut le faire remarquer) à la recherche de la deuxième moitié de sa « tenue ». Comment ? Par mégarde, elle offre vue sur les perles ? Ah. Elle n’avait pas remarqué. Ce doit être une affaire de concentration… et puis, elle fait tout ce qu’elle peut pour ne pas se retourner. On le lui a interdit… et elle est une « bonne fille » qui respecte les ordres après tout.

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Il n’y a pas de proie plus alléchante que celle qui pense futilement pouvoir échapper à son rôle. Alma provoque… Mais elle ne peut pas tromper Verena. Elle essaie de se gagner du temps pour que son esprit soit moins embrumé par le désir. Ou alors elle est juste masochiste et elle aime se torturer en faisant augmenter ce dernier. Quoi qu’il en soit, Verena ne s’attendait certainement pas à ce qu’Alma fasse juste obéir. Non, non, non. Ce ne serait pas très intéressant comme jeu. Alma a envie d’être punie. Et en fait, Alma veut pratiquer sa séduction. Là certains d’entre vous vont répéter : « Mais les RPs d’Alma, c’était mieux avant, quand il y avait moins de séduction et de sexe, là c’est rendu n'importe quoi! » L’argument est valable, dans une certaine mesure. Mais au risque de se répéter, ce sexe, cette séduction, ce n’est pas quelque chose de gratuit. Ce n’est pas…

Comme le scénario d’un film porno. Il existe mais c’est juste une excuse pour le sexe. Toute l’affaire est fausse, rien n’est vrai. Même le sexe est surjoué. C’est du divertissement, du spectacle. Sauf qu’ici, on parle de l’évolution d’une jeune femme qui a eu une vie de merde, qui a une une seconde chance… Non. Une chance 1.5 de se refaire une vie avant que sa mère adoptive ne se rende compte de toute la pression qu’elle mettait sur ses épaules et maintenant, enfin, elle a sa chance 2.0. C’est une exploration de la psyché d’un être brisé qui cherche sa place, qui cherche à être accepté, à s’accepter. C’est l’histoire d’une jeune femme qui est arrivée sur ce monde gravement « hypothéquée », avec un lourd bagage, avec des acquis de base manquants, avec une estime de soi en lambeaux… Oui, à ce moment-là, le sexe, la séduction, même l’Amour avec un grand A… Cela ne voulait…

Rien dire pour la petite sauvageonne. Mais maintenant, Alma réalise la chance qu’elle a de devenir plus que ce qu’elle était et elle se rend compte qu’elle a des années de retard dans certains domaines. Elle doit travailler fort si elle espère pouvoir atteindre son plein potentiel. Et si cela passe par de nouvelles expériences en matière de sexe, si pour cela elle doit découvrir la séduction, si pour cela les anciens écrits ne ressemblent pas aux nouveaux écrits, alors soit.  Donc, revenons-en à l’action, si vous le voulez bien. Alma provoque Verena. Enfin. Provoque. Cela fait partie du jeu car personne ne se penche réellement de cette façon en agitant les fesses dans la vraie vie. Tout le monde sait qu’Alma la soumise, Alma la masochiste n’a qu’une envie… Et la main de l’espionne vient claquer cette croupe insolente. Tout ce qu’elle mérite, c’est une fessée pour son très mauvais comportement.

Est-ce qu’Alma a été « ruinée » par Verena? De guerrière badass voulant faire couler le sang, elle est devenue moins sanguinaire, plus réfléchie. Mais elle n’a rien perdu de sa létalité, en fait. Ce serait une grave erreur que de le penser. Non. Verena lui a simplement… Comment ne pas toujours montrer les crocs et sortir les griffes. La séduction EST une arme. Si Alma réussit à séduire sa cible, à s’en approcher sans qu’elle ne soit sur ses gardes et qu’elle profite du fait d’être à la bonne distance pour du corps à corps, elle aura l’occasion d’éliminer rapidement sa proie tout en évitant qu’elle ne donne l’alerte. Alors que son style habituel aurait fait en sorte que la moitié du bâtiment serait déjà sur son dos à lui tirer dessus. Oui, la séduction peut servir dans la chambre à coucher. Mais elle peut aussi servir sur le champ de bataille. En quelque part, la guerre, le conflit, sera toujours quelque part en Alma…

[Marishka Auschwitz]

…

Comment ça l’écrivain boude ? Trop de sexe, se plaint la foule voyeuriste ? Mais n’est-ce pas le moteur du monde ? Sans le sexe, pas de procréation, pas d’héritage. Le sexe a donné naissance au plus vieux métier du monde, comme le veut la rumeur. Le sexe a donné naissance à l’industrie pornographique qui paie des hommes et des femmes pour vivre de leur métier, pour donner aux solitaires et aux complexés des « histoires » sur lesquelles se palucher. Alors OUI, il y a du sexe. Plus qu’avant ? Oui encore. Et alors ? Ce n’est pas comme si on décrivait chaque mouvement de langues, de doigts ou, disons, d’utilisation de matériel. Il y aura surement votre compte dans les autres sujets de ce forum. Bonjour, au revoir.

Et donc ? Alma aura très certainement été punie comme il le fallait par la terrible Verena. Mais tout cela se sera passé dans une incroyable mais prévisible ellipse. On pourrait toutefois se demander où l’action s’est déroulé ? Où sont passés les perles ? Ou encore si les assiettes vides et la bouteille tout aussi vide de sirop ont été utilisé pendant ou après le sexe ? Sexe sexe sexe ! Parce qu’apparemment vous aimez autant que vous ne voulez pas voir ce mot. Bon… peut-être y a-t-il des problèmes d’un côté ou de l’autre écran, qui mériterait d’aller chez un psy. Alma chez un psy ? Non, elle a Verena (enfin, la super espionne répète qu’elle ne peut pas être possédé. Oui, on sait.) L’écrivain chez le psy ? Pas assez d’argent. Et puis, écrire est un excellent moyen, non ? Bref.

« C’était… intense. »

Alma se relève après avoir essayé de s’asseoir. Souffrirait-elle d’une blessure récente ? Toujours est-il qu’elle vient déposer un bisou sur la joue de Verena pour la remercier.

« Merci. »

C’est ce que j’écrivais… Donc, une répétition plus tard. Un grand verre d’eau également, Alma fait revenir la conversation dans leur duo.

« Est-ce que tu vas rester dans les parages ? Ou… est-ce que tu vas t’en aller ? »

Le téléphone portable est sous la main d’Alma. C’est déjà la deuxième fois qu’elle appuie sur un bouton pour réveiller l’écran. Dans sa tête, notre miss pense déjà à l’étape suivante. Ne pourrait-elle pas rester ancrée dans le présent ? Non. Ce n’est pas un animal. Et elle n’est pas Akane.

« C’est pour savoir. Enfin, ça ne va pas changer grand-chose. Sauf si tu veux venir avec moi pour aller voir maman ? A moins que ce soit elle qui vienne. Je ne sais pas encore comment ça va se passer. »

Troisième fois qu’elle manipule l’outil technologique de communication.

« Je ne l’ai pas encore appelé. Je voulais d’abord qu’on, euh, termine nos affaires en cours. »

Dans cette maison magique ? Ailleurs ? Soudainement, Alma a en tête un endroit en particulier. Un restaurant dans Franklin. L’endroit où elle et Shayne ont eu une conversation après leur rencontre. Ses souvenirs sont flous. Mais il lui semble qu’elle avait dévoré une sacrée quantité de steak. Et que tout avait fini dans le drame et la colère. Evidemment que ça avait fini ainsi. Elle était brisée à un point pas possible et Shayne avait encore en tête qu’Alma n’était qu’une Elue parmi d’autres. Un pion avec du potentiel. Mais un pion. Et surtout un pion sacrifiable à tout instant.

*Ce serait une bonne épreuve de se revoir là-bas. Ca… permettrait de réaliser tout le temps qui a passé. Tous les efforts et les résultats qui ont suivi. Oui, je vais définitivement appeler maman pour lui proposer ce lieu de rendez-vous. Enfin, une fois que je saurai pour Verena. *

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Verena dit à Alma que tant qu’à être dans les parages, elle va en profiter pour valider les acquis et l’évolution d’Akane et de Liliane. Ce serait idiot de ne pas saisir une telle chance quand elle se présente à vous. Quoi, elle pensait vraiment que Verena allait s’en aller dans un nuage de fumée comme dans ces vieux films de ninja? Non. Verena est la mentore de la Team Alma et donc elle prend son rôle très au sérieux. Donc si Alma la soumise espérait revoir la belle espionne hyper sexy, son petit cœur tout mou va pouvoir s’emballer dans sa poitrine. Et non, Verena ne compte pas venir avec Alma voir Maman Shayne ou être présente pour cette rencontre. Cela concerne la mère et la fille, certainement pas elle. Autrement dit : Alma, si tu voulais utiliser Verena comme « bouclier »… C’est mort. Cela ne va certainement pas et définitivement pas arriver.

Une fois qu’Alma sait davantage comment planifier ses affaires, surprise, surprise, je reçois un appel de ma fille adoptive. Je décroche et en bonne mère adoptive que je suis, je prends de ses nouvelles. C’est juste normal. On dirait, toutefois, qu’Alma ne s’attendait pas à ce que je réponde si vite ou que je lui fasse la conversation sur des sujets légers que certains pourraient même qualifier d’insignifiants. Je vous ai dit que je faisais des efforts pour devenir une meilleure mère, non? Et bien voilà. Je n’ai pas menti. Dans une relation familiale, toujours entrer directement dans le vif du sujet n’est pas recommandé. Et je n’aime pas Liliane, que je juge être une création ratée mais je prends quand même de ses nouvelles. C’est la chose polie à faire, après tout. Donc je le fais. C’est à mon tour, par contre, d’être surprise, quand elle me fait sa proposition. Elle veut vraiment… Qu’on…

Retourne dans ce restaurant? Euh… Si elle veut? Je veux dire, fondamentalement, je n’ai pas d’objection. C’est juste un restaurant après tout. Mais le souvenir, pour elle, est loin d’être des plus excellents, non?  N’ayant pas de raison valable de dire non, j’accepte son invitation. Si elle fait la demande, c’est qu’elle doit avoir une idée derrière la tête. C’est ce qui serait le plus logique. Je lui fais confiance. Je sais qu’elle était avec Verena et je suppose que la garce rousse continue avec son plan pour en faire « Alma Pride ».  Et c’est vrai que cela a beaucoup aidé Alma. Je ne peux pas voir son visage mais je peux facilement imaginer ma fille adoptive en train de sourire devant ce petit triomphe. Maman Shayne a accepté son invitation! C’est vrai qu’il faut savoir apprécier même les plus petites choses dans la vie. Vous ne savez pas de quoi demain sera fait, si le bonheur sera encore à votre portée.

Donc… Un certain temps plus tard, nous revoilà devant ce restaurant. S’il faut être honnête, je l’avais complètement oublié. Lui et ce qui s’y est produit. Je suis une demi-déesse avec un demi-million de choses à faire et à superviser. Si vous pensez que je vais me souvenir de chaque petite dispute avec Alma, vous rêvez en couleur. C’est loin d’être le cas. C’est ma télépathe, en fait, qui m’a servi d’aide-mémoire dans ce cas précis. Sa mémoire est prodigieusement phénoménale, après tout. Alors autant en faire usage. Et si vous vous posez la question, je suis toujours en train de porter une tenue mettant mes formes, mon corps, en valeur. Là c’est plus de l’ordre de vêtements professionnels qu’on s’attendrait à voir sur une femme d’affaires… s’il existait plusieurs femmes d’affaires avec mes mensurations. Quoi? Je reviens d’une réunion d’actionnaires dans une de mes compagnies!

« Bonjour Alma. Merci pour l’invitation… »

[Marishka Auschwitz]

Alma est arrivée la première. Le temps que la cheffe de son « entreprise » termine une réunion. Pour être honnête, Alma ne veut pas savoir de quoi il était question. D’un, parce qu’elle se doute qu’elle n’aimerait probablement pas le sujet et les décisions prises. De deux, elle n’a pas besoin de s’ajouter des problèmes supplémentaires. Ah, et il y a un trois. Ce restaurant lui fait grignoter l’ongle de son pouce. C’est qu’elle est nerveuse la Alma. Pas nécessairement à cause du restaurant. Peut-être un petit peu parce que la géniale Verena n’est plus à côté d’elle. Donc qu’elle doit prendre ses propres décisions. Mais surtout parce qu’elle est revenue en ville. L’humanité l’entoure. L’oppresse, d’une certaine façon… Comme la certitude d’avoir plongé dans un fleuve ou de meurtriers et agressifs alligators viendront claquer leurs mâchoires tôt ou tard.

« Oh… Pardon. J’étais perdue dans mes pensées. Bonjour, maman. Et, c’est bien normal, non ? »

Le tailleur professionnel de Maman Shayne a de quoi impressionner Alma. C’est impressionnant à quel point l’effet ressenti a un haut potentiel pour perturber. Il est indéniable que la coupe est ajustée à son corps et que sa massive poitrine semble sur le point de toute faire exploser. Un peu comme les vêtements d’un certain Géant de Jade. Mais c’est à la limite de l’exhibition tout en restant dans un style strict de femme d’affaire. C’est…

« Waouh. »

*Je viens vraiment de le dire à voix haute ? Merde. *

« Hum, peut-être qu’on devrait échanger la prochaine fois ? Je veux dire, pour qu’on s’accorde sur le style vestimentaire ? »

Alma ? Elle est revenue au style qui lui a fait gagner des points quand elle a décidé de passer aux cheveux courts. C’est-à-dire jeans moulants et déchirés avec un petit haut blanc. Sachant qu’elle verrait sa mère adoptive et que l’objectif n’était certainement pas de la draguer ! Elle a ajouté une espèce de veste en jeans avec l’implantation de pics pour une inspiration punk. Pas de chaussures à talons mais une paire de chaussures de ville lui recouvrant seulement la cheville et d’une couleur rouge vivante (pas rouge sang, la nuance étant importante).

C’était tellement plus facile de parler au téléphone. Parce que Shayne a pris de ses nouvelles. De sujets légers et (presque) sans importance. Parce que, aussi, c’était elle qui guidait la conversation. Un peu, et c’est étrange à dire, comme si elle était la dominatrice du blabla. Alma réalise qu’elle est peut-être en train de mélanger toutes les notions. Et que la faute doit être incombée au stress.

« On devrait entrer, oui ? Sauf si tu penses que c’est une mauvaise idée ? »

Faire machine arrière ? Fuir un champ de bataille ? Est-ce vraiment Alma qui vient de proposer une telle idée ? On pourrait croire qu’elle est souffrante. Peut-être même accuser une faiblesse dû à ses derniers choix de vie. Mais il faut avoir la force pour accepter qu’on a fait une connerie et décider de la corriger. Pour autant, l’inclinaison des pieds est un signe non-verbal qui exprime la volonté de direction. Dans une conversation, il est parfois intéressant de les regarder pour savoir si la personne veut partir ou rester. Et là, le corps d’Alma est prêt à entrer dans ce restaurant.

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Alma ne pourra pas dire que je ne donne pas d’attention à ce qu’elle dit. Elle a parlé d’harmoniser nos tenues la prochaine fois. Pourquoi attendre? Je la regarde de la tête aux pieds et soudainement ce que je poste se transforme. Sans être la même chose qu’elle, ce serait de mauvais goût, c’est dans le même style. Toujours le tout pour bien mettre ma généreuse poitrine en valeur et mon postérieur rebondi, par contre. Je l’ai dit et répété à Alma. Le corps est une arme. Pas juste savoir s’en servir pour faire des arts martiaux. Une arme de distraction massive peut faire la différence entre la vie et la mort. Ce que je porte est plus dans des tons de noir, blanc et gris. Plutôt monochrome, me dira-t-on, mais c’est parfaitement volontaire, en fait. C’est pour exprimer la dualité de l’existence et le conflit qui fait rage en chacun d’entre nous et… Je plaisante, bien sûr.

J’avais juste envie de couleurs plus sobres, c’est tout. Maintenant que nos tenues sont harmonisées, j’entre la première dans le restaurant, le temps qu’Alma ramasse sa mâchoire qui doit trainer au niveau du sol. Les gens ont souvent cette réaction quand j’utilise mes pouvoirs. Forcer la matière à m’obéir, à se plier à ma volonté, changer l’état, la nature des choses… On me dira : mais qu’est-ce que tu gagnerais à tuer ta créatrice qui manipule la réalité, tu es déjà très puissante… La réalité déclasse et de loin la simple matière, c’est évident. D’où mon désir d’avoir ce pouvoir dans mon arsenal. C’est simple à comprendre, il me semble. Mais bref. Ce n’est pas important pour ce qui se passe en ce moment. Ce qui est important, c’est que nous sommes toutes les deux au restaurant, que nous sommes à la même table que la dernière fois et qu’heureusement, l’impression de déjà-vu n’est pas là.

Je laisse donc à Alma l’avantage du premier « round » de discussion. Si je prends tout de suite le contrôle du verbiage, il y a de fortes chances pour qu’Alma ne fasse que me suivre et ce n’est pas ce que je veux. Si elle voulait que je vienne avec elle dans ce restaurant, c’est que je suppose qu’elle a une idée derrière la tête. Et me concernant, c’est aussi une belle marque d’évolution. Au lieu de lui imposer un sujet de conversation, je la laisse faire. Je suis habituée à être en contrôle. Une demi déesse décide, impose. Une mère adoptive s’attend à l’obéissance quand elle est moi. Était moi. Donc céder un peu de contrôle à autrui, ce n’est pas une petite affaire pour moi. Bref. Pour lui donner le temps de mettre de l’ordre dans ses idées, je consulte le menu. Un geste mesuré, calculé. Je n’ai nullement besoin de regarder ce menu. Mais c’est une bonne tactique au vu de la situation actuelle.

Alors Alma, pourquoi sommes-nous ici, pourquoi tu es avec moi au lieu d’être avec Liliane, Abigail ou Akane? Je me pose intérieurement la question. Je ne dis pas que ce qu’elle a choisit de faire est mauvais ou illogique. Pas du tout. Elle grandit, évolue et avec cette croissance vient de nouvelles réflexions, de nouvelles idées, de nouvelles choses qu’elle va vouloir développer, explorer. Peut-être qu’elle veut revisiter des lieux qui lui rappellent de mauvais souvenirs pour que le nouveau souvenir soit positif et donc change sa perception de l’endroit? Si c’est le cas, c’est loin d’être une mauvaise idée, en fait… Je trouve cela plutôt malin, même. Pourquoi se priver d’aller quelque part parce que la première fois, les choses n’ont pas eu une fin heureuse? Pour les mortels, la vie est trop courte pour s’arrêter à ce genre de détails. Alma aurait-elle gagné en maturité sur quelque chose qui est inaccessible à bien des gens? On peut rêver…

[Marishka Auschwitz]

Ramasser sa mâchoire ? Oui, ouvrir ainsi la bouche lui aura permis de tourner sept fois sa langue avant d’ouvrir les hostilités. Elle n’a donc rien dit et a suivi en silence Maman Shayne. Bien entendu qu’elle n’est pas déjà blasé par le pouvoir de matériakinésie. Après tout, elle ne l’a pas vu si souvent en action que ça. Certes, il est question de confettisation très régulièrement. Preuve en est que la menace se grave dans la tête et empêche la production de nouvelles bêtises. Donc la mère et la fille sont harmonisées et s’assoit à… cette table. Une hésitation. Une seule petite car ce serait débile de craindre une banquette. Ce n’est pas une mimique. Une gueule géante pleine de crocs effilés ne va pas jaillir sous ses fesses.

*A moi de commencer à parler ? Entendu. Oui, après tout, c’est moi qui l’ait invité. C’est forcément que, moi, j’ai des choses à lui dire, à elle. *

« J’étais déjà en train de commencer à me prendre la tête. Pour savoir quoi dire en premier. Comment aborder tel sujet. Et… non. Ce n’est pas mon genre. Je vais aller droit devant et ne pas arrondir les angles. Au risque que ça dégénère, encore…, entre nous deux.

Je n’ai pas aimé ce que tu as fait devant la porte du restaurant. Attention, je ne dis pas que je n’aime pas l’intention. J’apprécie que tu m’aies écouté et que tu aies voulu qu’on porte à peu près la même chose. Mais j’étais prête à entrer dans le restaurant dans cette configuration. Mais non, tu as fait ton caprice. Tu as fait étalage de tes pouvoirs divins, et tu as manipulé la matière.

Tu n’as pas pensé à un seul moment à me demander mon avis ? Peut-être que j’aurai eu envie de porter un de ces pantalons stricts et d’avoir le haut de mon corps mis en valeur par un tailleur sur mesure ? Tu y avais pensé à cette possibilité ? »

Alma y pense maintenant. Elle se projette, elle, devant un miroir imaginaire dans sa tête. Avec sa nouvelle mentalité, sensualité et cheveux courts ? Oui, elle parvient à s’imaginer comme une sorte de femme d’affaires. Attention, elle n’a pas DU TOUT envie de trier de la paperasse à longueur de journées, d’avoir le douloureux de faire de l’immobilisme ou de répondre à une bande de cons au téléphone. Mais… le nouveau style ne la rebute pas. Et, son esprit était toujours bizarrement calibré, elle se demande si ça ne pourrait pas être un bon costume après celui de la maid…

La serveuse arrive évidemment à ce moment-là et demande si elles ont choisi. Alma dit que oui. Ce sera ce gros steak. Poliment, la serveuse lui demande si elle est bien certaine. Son regard la détaille. Cette « maigreur » apparente d’Alma comparée au grammage de titan de la commande. Un « Oui » sans gueule mais extrêmement autoritaire lui revient en pleine poire. La serveuse déglutit, se tourne vers la mère qui doit être plus aimable. Avec une telle plastique, comment le contraire pourrait-il être ?

Une fois la serveuse repartit, Alma ajoutera un dernier truc avant d’écouter très attentivement sa mère adoptive.

« Et sinon, je t’ai invité parce que j’ai cru lire entre les lignes de Verena que c’était la chose à faire. L’idée du restaurant est venu comme ça. Je ne pourrais pas expliquer quel a été le déclic. Et après notre repas, j’irai prendre des nouvelles de Liliane et Abigail. Mais je ne sais pas encore si ce sera tout de suite après le repas ou si elles devront attendre. »

Sous-entendu : cette conversation n’est pas forcément parti du bon pied. Et si ça poursuit dans cette voie, Alma mettra fin à cette source d’ennuis, d’hostilités et de problèmes pour revenir s’apaiser auprès de son oasis. Enfin, sous les rayons de son Soleil.

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

J’écoute Alma sans rien dire… Avant de claquer des doigts… Et lentement, nos tenues se transforment pour devenir celles de femmes d’affaires, ce que je portais en arrivant, essentiellement. Et je lui lâche un « C’est bon, tu as fini de faire du ouin ouin » particulièrement méprisant. Oui parce qu’il faudrait que le monde tourne autour de ses petits caprices? « Je n’ai pas aimé », qu’elle dit, « j’étais prête à entrer tel quel », « j’aurais pu vouloir être habillée comme toi »… Mais oui Alma parce que tu es TELLEMENT bavarde! Parce qu’en plus, maintenant, il faut que je lui demande SON avis quand JE veux changer de vêtements? Elle mérite cette riposte méprisante. Quand elle se conduit en sale gamine, c’est tout ce qu’elle mérite. Et je m’en fous si ça la frustre. C’est elle qui a déclenché les hostilités avec ses paroles immatures. Mais attention, hein.

Elle n’est pas contente d’être fringuée comme elle a dit qu’elle aurait voulu essayer? Alors elle va lever son cul, aller s’acheter d’autres vêtements et revenir. Madame critique mon utilisation de mes pouvoirs? Allez, mon petit caprice et pour le reste, tu te démerdes. Vas-y, ose ouvrir ta grande gueule et en rajouter une couche, pour voir. Si c’est pour faire la sale gosse que tu m’as amené ici, tu vas le regretter amèrement. Mais mon irritation trouve soudainement une autre cible, cette serveuse qui juge ma fille adoptive. « Est-ce qu’il y a un problème », minaudais-je à l’attention de l’employée du restaurant. « Ma fille adoptive a faim. Alors hop, hop, hop. Votre plus gros steak. Et celui de meilleure qualité. Sinon, je vais passer un petit coup de fil à un bon ami du FSIS… » Se faire menacer d’avoir la visite du Food Safety and Inspection Service fait toujours des merveilles, ça je vous le dis.

Abus de pouvoir? Je ne vois pas en quoi. Je connais des gens et ces gens occupent des postes importants. Si un restaurant n’est pas conforme aux normes étatiques, c’est mon devoir de bonne personne que d’aviser les autorités concernées. Après, si mon attention est titillée uniquement à cause de mon insatisfaction, c’est simplement un concours de circonstances des plus fortuit. Rien de plus, rien de moins. Ce n’est certainement pas de la mesquinerie et si quelqu’un venait à le prétendre, il ferait la connaissance de mes avocats, donc… Bref. Alma a repris la parole, elle a fini de parler, c’est à mon tour. Je pense que nous allons pouvoir avoir une conversation cordiale. J’espère. Commençons par un commentaire positif. Flatter l’égo fait des merveilles, vous savez? Je me fiche pas mal de ce que les autres pensent, à chacun sa façon de faire les choses et puis c’est tout.

« J’avoue que cette tenue très businesswoman te va à ravir, Alma. Et merci de l’invitation, je ne suis pas contre aller manger au restaurant de temps en temps. Alors donc c’est cette garce rousse qui t’a plus ou moins encouragée à cette activité? Je ne devrais pas être surprise. Elle veut vraiment que tu puisses pleinement t’épanouir socialement. Parler avec des gens, échanger, tisser des liens plus forts… C’est important.

Et si tu veux des nouvelles d’Abigail, par mesure de précaution, j’ai quand même envoyé un médecin sur place pour évaluer son état de santé. Bien malgré moi, je dois reconnaitre qu’elle est très coriace pour une… Humaine ordinaire. J’ai presque oublié que je ne peux pas utiliser certains termes en ta présence. Tu vois? Je fais un effort juste pour toi. Tu as dit Liliane et Abigail… Tu fais quoi d’Akane? Tu n’iras pas la voir ou c’est après? »

[Marishka Auschwitz]

C’était inéluctable. Il fallait qu’elle agisse de cette manière. Le conflit semble être leur mode de communication favorite décidément… Alors, non, Alma ne va pas l’ouvrir et se plaindre d’avoir été rhabillée sans son consentement. Déjà parce que ce serait enfantin et aussi parce que les vêtements sont bien taillés. Elle se sent… différente. Une forme de pouvoir. C’est intéressant. C’est intrigant. Et de toute manière, Maman Shayne est entrée et les voilà déjà à leur table. Alma voudrait venir en défense à la pauvre serveuse. Mais elle réalise que si elle pourrait endosser la mauvaise humeur de sa mère adoptive, ce serait contre-productif à leur futur échange. Donc la serveuse sera un dégât collatéral.

Oh ! Un commentaire positif et… voilà. Déjà le fiel revient et la déesse attaque la super espionne. Ne rien dire. Attendre son tour. Patienter le temps de savoir tout ce qu’elle a à dire. Verena lui a appris le silence et l’écoute. Quand les gens parlent, ils donnent de la matière. La matière est de la connaissance. La connaissance est une arme. Une source de vérités et d’intentions à décrypter.

« Tout d’abord, malgré… certaines choses, c’est très gentil de me parler comme ça. »

D’un point de vue extérieur, ce doit être embarrassant à observer, non ? Comme une impression que les deux ont un balai dans le cul ? Qu’elles marchent sur du verre brisé ? Il y a tellement de précautions à prendre pour que ça ne tourne pas à l’affrontement physique. Et donc violent.

« Je te prierai par contre de ne pas dire de mal de Verena. C’est une femme très importante dans ma famille. Comme toi. Liliane. Abigail ou même Akane. »

*Et Giana aussi… *

« Pour ton information, oui  j’ai prévu de voir Akane. Enfin, peut-être pas aujourd’hui. Mais j’avais bien prévu de voir tout le monde. Seulement… »

Elle regarde le restaurant. Ses yeux s’attardent dehors. Sur Franklin. Cette ville pleine d’humanité très loin du confort et de la sécurité qu’offrent les maisons magiques.

« …pas ici. En fait, voilà mon plan. D’abord je vais voir Abigail pour savoir comment elle va. Suite à son kidnapping. Au fait que je l’ai aspergé de sang. A ma défaite de ne pas avoir su la calmer sans l’aide de Liliane. Parce que si Abigail ne va pas bien, alors Liliane non plus. Et si Liliane ne va pas bien, alors c’est moi qui n’irait pas bien. Je suis dépendante de ma famille. Mais en contre partie, elle me donne une force que je ne pourrais pas avoir si j’étais, et tu aimes me le rappeler, une clodo violente. Je n’ai pas beaucoup d’espoir mais je vais essayer de la convaincre de rester dans une maison magique. Pour sa sécurité. Pour le bien-être de tous. Pas besoin de refaire la liste des prénoms et des liens. Ensuite, il faudra que je retourne voir Giana. Possiblement pour sa technologie à entrer dans la tête d’Abigail. Mais surtout pour la mettre dans mon lit. Enfin, pas pour le sexe. Enfin, si… un peu. Mais pas pour ça ! Je veux dire : je veux sauver son humanité. Et je sais que j’ai le potentiel pour l’abriter de la pluie qui tombe dans sa tête. »

Et… Alma a recommencé. Digression. Trop d’informations. Elle a tout dit sans rien dire de précis. Mais elle décide de se taire. Aussi parce que la serveuse, très embarrassée étant donné que c’est la même que tout à l’heure, leur apporter un pichet et des gateaux apéros à grignoter. Ou ça peut être des petits morceaux de pains avec du pâté, ajoute-t-elle précipitamment.

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« Je suis confuse. Quelle pluie dans la tête de Giana? De quoi tu parles? J’imagine que tu fais une métaphore, quelque chose du genre mais… Je ne suis pas certaine de te suivre, là. Et l’humanité de Giana… Tu as vu la cyborg, il n’y a rien d’humain là-dedans. Plus rien, en fait. Je veux dire… Quand as-tu vu Giana faire montre d’un fragment d’humanité? Et même s’il restait quelque chose, soyons honnêtes…

Tu penses vraiment que la machine va te laisser interférer? Tu as vu ce qu’elle a fait à Liliane et Abigail, non? Et je veux bien croire que Verena te donne des cours de séduction mais tu surestimes tes capacités si tu penses que la cyborg va écarter les cuisses en te voyant. D’ailleurs? Quoi? Oui, merci, déposez les assiettes avec les entrées et fichez le camp. Vous ne voyez pas que nous avons une discussion mère-fille sérieuse? »

La serveuse se fait donc chasser assez vite merci. Je. Discute. Avec Alma. Je n’ai pas le temps pour une vulgaire humaine qui fait juste prendre notre commande et amener les assiettes. Je suis bien plus intéressée par cette notion absurde qu’Alma a comme quoi elle va miraculeusement réussir à ramener l’humaine en Giana. C’est risible, vraiment. La cyborg ne se laissera jamais faire.  Et même si Alma, admettons, réussissait son coup. Tant que la machine demeure, et Giana ne peut pas survivre sans, elle va déclencher un champ de bataille dans ce petit corps. L’une tentant de prendre le contrôle sur l’autre. Donc si elle veut jeter de l’huile sur un conflit où la machine a gagné et prendre le risque de voir Giana s’autodétruire… Elle peut. Mais je ne vois pas de scénario où l’humaine et la machine font la paix et tout va bien dans le meilleur des mondes. Vraiment pas…

Si Alma veut se mettre des lunettes roses, elle peut. Mais c’est une attitude très dangereuse à avoir. Giana a décidé de devenir cyborg et elle ne fera certainement pas machine arrière, sans mauvais jeu de mots. Automatiquement, cela va finir en conflit. C’est inévitable. Et Alma ne sera pas toujours là pour surveiller la cyborg. Moi, je serais la machine, j’apprendrais à imiter l’humaine à un tel degré qu’Alma serait incapable de faire la différence et je ferais semblant qu’elle a réussi son coup. Mais ça… C’est moi. Et même que je dirais, toujours dans l’exemple où je serais à la place de Giana, je m’arrangerais pour développer des nanorobots capables de s’assembler en un dispositif qui me permettrait de prendre le contrôle du corps d’Alma et de sévèrement limiter ses facultés cognitives et je l’assimilerais dans une sorte de collectif. Comme les borgs dans Star Trek. Pensez-y.

Si les implants ne sont pas visibles, qui va suspecter quoi que ce soit? Personne, tout simplement. C’est une vérité aussi simple qu’évidente. Est-ce que je suis inquiète pour Alma? Définitivement. Ce n’est pas n’importe qui qu’elle veut mettre dans son lit et forcer à un changement majeur. Et rien qui vaille la peine d’être fait ne sera fait sans qu’il y ait des efforts et de nombreuses embûches. Je serais vraiment curieuse de savoir ce que la garce rousse a fait pour que soudainement ma fille adoptive ait cette « surconfiance » suicidaire. Gagner contre Giana? Elle prend ses rêves pour des réalités ou quoi? Elle a vu de quoi la cyborg est capable. Elle sera dix coups d’avance avant qu’Alma ait fait le premier. Non, je ne sous-estime pas ma fille adoptive. Je la sais capable de grandes choses. Mais ça? J’ai le droit de douter. Ce n’est pas comme si elle m’avait fait part de son plan…

[Marishka Auschwitz]

« Maman. »

Une façon d’attirer son attention. Une introduction qui devrait faire plaisir à la Très Grande Déesse sur son piédestal qui… n’est finalement comme tout le monde à rechercher l’amour et le lien avec un autre être vivant. Non, bien sur que non. Shayne est une déesse. Elle a des milliers voire peut-être davantage d’autres humains qui lui obéissent. Elle ne s’abaisserait pas à un niveau inférieur pour une petite chose brisée comme Alma, si ?

« Je suis désolé. J’ai parlé sans structurer ma pensée. Je vais recommencer et essayer d’être plus concise. Et de te donner des détails. Hum… ça parait contradictoire. C’est mal parti. »

Grande inspiration. Petit instant pour procéder à un auto flashback. Et… retour à la réalité.

« Disons que j’ai fait une simulation de rencontre avec Verena. Pas du genre informatique, plutôt organique. Mais je ne rentrerais pas dans ces détails.

Donc, mes pouvoirs grandissent. Et, rhaa, pourquoi faut-il que ce soit si dur à raconter ? Je recommence. Simulation avec une Giana qui est Verena. Mais les pouvoirs de la super espionne ont muri jusqu’à leur plein potentiel, alors c’est comme si c’était la vraie Giana. A ça, j’ai ma maîtrise de mes pouvoirs qui augmentent. Pas les pouvoirs en eux-mêmes, plutôt la synergie entre eux. J’ai donc pu utiliser des micro lianes faites du Vert couplé avec la communication du Rouge. On pourrait dire que je suis entré dans sa tête, dans ses souvenirs. Une sorte de… télépathie ? Mais un pouvoir que je ne pourrais pas répéter à l’envie comme l’apparition de mes lianes aux poignets. »

Boire un verre d’eau. Non parce qu’Alma a soif. Mais parce que c’est un excellent prétexte pour faire une pause et ne pas enchaîner comme une sauvageonne. Ces yeux s’attardent alors sur le verre d’eau. Plus particulièrement l’eau. Qui lui fait penser à la pluie. Qui la ramène dans la tête de Giana. Parfaite transition silencieuse.

« Je suis donc entrée dans sa tête. Et il pleuvait. Est-ce que c’est moi et mon imagination défaillante qui a crée cet environnement ? Peut-être, je l’admets. Je suis sur que l’environnement mental est bien trop abstrait et compliqué pour ma petite psyché. Je l’admets. Mais j’ai vu Giana. Pas la cyborg, Giana. Et elle était recouverte d’eau. Sauf que ce n’était pas de l’eau. C’était du métal liquide. La peau de GIana était quasiment entièrement recouverte. La machine a quasiment conquis tout le territoire. Et puis l’ombrelle ! »

Faire une pause. Rassembler ses pensées. Ne pas se laisser distraire par la serveuse qui revient avec sa grande assiette très remplie. Et très appétissante d’après ce qui lui signalent ses narines. Concentration.

« J’ai eu une vision il y a… j’ai l’impression si longtemps. Dans une autre vie. Avant le Rêve et Cassandre. Dans cette vision, Giana avait une ombrelle. Et j’ai compris pourquoi. Pour la protéger de la pluie. Pour la protéger d’une cyborgisation complète. Et je m’en fiche si ce n’est pas un vrai mot. Le sens est là. Alors je vais sauver Giana. Et, ah oui !, je sais qu’il y a de l’humanité en elle parce que je l’ai vu. Je l’ai ressenti. Ces petits tétons durs. Cette GARCE a effacé ses souvenirs ! Et quand j’ai essayé de la piéger par rapport à la quantité de temps supprimé, elle m’a avoué froidement que c’était la chose la plus normale à faire. »

Rien que d’y repenser, ça l’énerve ! Alors elle décide de violenter son steak en lui plantant le couteau dans le lard. Le jus coule comme le sang. Couper. Mettre dans sa bouche et fermer sa gueule. Mastiquer et se décharger d’une partie de ses mauvais sentiments. Après tout, Verena lui a ordonné d’être heureuse. Et puis, elle doit aussi écouter Maman Shayne. Elle a surement des choses intéressants à lui dire. Verena ne lui aurait pas conseillé de l’inviter sinon, oui ?

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« Donc, si je comprends bien, parce que Giana a semblé réceptive à des attouchements, tu comptes… La mettre dans ton lit, avoir du sexe avec elle et magiquement la faire redevenir humaine? Parce qu’on dirait VRAIMENT que c’est ce que tu essaies d’exprimer. Et si c’est là ton plan, je pose la question : est-ce que tu as perdu la tête? C’est la vraie vie ici, pas un film pornographique, déjà pour commencer.

Et ensuite, admettons. Tu la mets dans ton lit et voilà, miracle, son humanité se pointe le bout du nez! Tu fais quoi ensuite? Il va bien falloir que tu retournes voir Akane et Liliane, non? Donc la machine revient en force et termine son travail d’extermination. Parce que j’imagine que ton plan génial ne se limitait pas juste à baiser la cyborg et se dire qu’il y aurait une guérison miraculeuse parce que ce ne sera certainement pas le cas, voyons.

Ton problème est simple, Alma. Tu te bats contre un adversaire capable d’apprendre extrêmement rapidement et de s’adapter à toutes tes stratégies. Si tu ne prends pas en compte ce problème dans ton plan, tu fonces droit dans un mur. Je ne sais pas comment faire mais tu vas devoir déjouer la partie cyborg de Giana sinon elle sera immunisée à tes attentions avant la fin de la soirée. Et je doute que c’est ce que tu veux, n’est-ce pas?

Si j’étais à ta place, et je précise que je ne suis pas une experte en cybernétique, j’utiliserais mes pouvoirs pour interférer avec l’implant ou les implants capables d’envoyer l’information à la cyborg. Faire en sorte que la cyborg oublie ces informations. Je ne dis pas que ce sera facile car il faut s’assurer de ne pas effacer les bonnes informations. Et encore, là comme on parle d’effaçage… Tu te doutes bien d’où je vais avec ça…

La cyborg pourrait juste supprimer les souvenirs que tu veux créer avec Giana. Si elle a déjà effacé sa mémoire par le passé, elle est capable de recommencer autant de fois qu’elle je jugera nécessaire. Donc… Je ne sais pas… Il faudrait que tu te filmes? Mais que l’enregistrement ne soit pas à un endroit où la cyborg pourra l’atteindre ou l’altérer parce que sinon cela n’aura pas servir à grand-chose. Ceci étant dit… Un autre facteur…

Tu n'as jamais vraiment aimé Giana alors pourquoi tout d’un coup c’est si important de l’aider?  Dans la théorie, si elle élimine complètement son humanité, c’est à ton avantage, non? Une cyborg pleinement dédiée à l’observation d’un sujet capable de fournir de nombreuses opportunités d’expérimentation : toi. Qu’est-ce qu’une Giana humaine va vraiment pouvoir t’apporter de plus. Ne te fâche pas, j’essaie de comprendre! »

Je commence à manger ce qu’il y a dans mon assiette également. Le steak frite ici est excellent et c’est ce que j’ai commandé. Un bon steak saignant. Une sauce au poivre. Des légumes croustillants en accompagnement… Mais ce n’est pas ce qui est important. Je ne comprends vraiment pas ce que Giana peut apporter à Alma. Nécessairement, elle va se retrouver avec une humaine extrêmement instable et sans aucun filtre ou considération pour les normes sociales. Je ne vois pas comment ça pourrait bien finir. Après, certainement, je pourrais être positivement surprise mais je ne vois pas comment. Giana n’a jamais montré quelque signe d’humanité et elle va perdre en efficacité si elle est moins machine et plus humaine. Où est le gain, où est l’avantage? Elle a besoin de l’expertise technologique de Giana et sa prodigieuse capacité d’analyse!

[Marishka Auschwitz]

« Pourquoi je veux tenter l’impossible ? C’est très simple. Giana est ma seule amie. Sans compter le fait que dans ma tête, je suis la Sainte aux Secondes Chances. Voilà. »

Concis. Efficace. Alma tient le regard un instant puis le plonge dans son assiette. C’est que, même si cette conversation est très intéressante (et intense) : la nourriture ne doit pas être gâchée. Tiens, focalisons-nous sur ce détail un instant. Je ne suis pas allé vérifier le passé d’Alma mais, elle devait dévorer la viande comme si elle n’en avait pas vu depuis des mois et qu’elle avait peur qu’on lui vole ? Alors qu’aujourd’hui, c’est une femme civilisée qui connaît le concept de restaurant. Oui, elle mange avec avidité. Mais il n’y a plus de honte à manger avec Alma en lieu public.

« Bon, j’entends bien tout ce que tu me dis. Et, oui, je suppose qu’associer les mots Giana et amie dans la même phrase doit continuer d’accumuler les questions et les doutes dans ton esprit. Mais c’est comme ça. Liliane est ma petite amie. Abigail est sa famille. Akane est, hum, disons spéciale pour ne pas entrer dans certains détails. Verena est ma mentore. Giana ? C’est la première personne avec qui je me suis lié sans la notion de sexe. C’est la seule indépendante. C’est aussi celle qui m’en a fait le plus baver à me critiquer et à me vomir son fiel littéraire à la gueule. Mais, ouais, je la voie comme ça, Giana : mon amie. Et il est hors de question que je détourne les yeux après avoir vu son corps réagir. Tu pourrais me dire que ce n’est que des restes, des réflexes organiques qui d’un toucher amène irrémédiablement à une érection de ses petits tétons. Je pourrais le comprendre. Ca me ferait chier mais je pourrais l’accepter. Après tout, si c’est son rêve de devenir une cyborg entièrement, qui suis-je pour lui imposer une autre voie ?

Mais il y a la Vision. Ma famille heureuse. Mon Parc de la Congruence. Akane s’occupant de tous les animaux abandonnés, par exemple. Et il y avait Giana. Déjà, elle était dans la Vision. Mais elle portait une ombrelle. Si intrigant, putain. Ca me retourner le cerveau de nombreuses fois. Et puis il y a eu la visite dans sa tête. L’humaine subissant la pluie technologique. Alors voilà. C’est peut-être stupide. C’est peut-être du « Alma tout craché » mais il est hors de question que je l’abandonne en sachant tout ça. »

Mais Maman Shayne a raison. Alma s’est contenté d’un objectif à court terme. Accéder à la partie humaine de Giana et rien d’autre. C’est tout à fait cohérent qu’une fois touchée, l’esprit de la machine demeurera. Et ce n’est absolument pas le plan de l’écraser. Oui, Alma ne connait pas le passé de Giana. Et il est hors de question de faire comme s’il n’existait pas. Sans son passé horrible, Alma ne serait pas là aujourd’hui à pouvoir accomplir… et bien, ce qu’elle a accompli et ce qu’elle accomplira. On se fiche des détails. Ce qui importe, c’est de sauver l’humanité de Giana. Et si elle doit rester dans la tête de son amie pour lutter contre la machine le temps de trouver une solution ?

Alma plonge son regard dans celui de sa mère adoptive.

*Et bah je resterais dans sa tête. En quoi ce serait différent du Rêve ? *

Elle a un sourire qui apparait sur son visage alors qu’elle est plongée dans ses pensées.

*Je ne suis plus à une vie alternative près, hein. Je suis déjà brisée de toute façon. Je ne crains pas une fracture de plus dans ma psyché. Surtout que, en y réfléchissant, Giana a bien plus de potentiel que moi a changé le monde. Oui, c’est tout vu. Ma décision est prise. Mais tout ce que je viens de penser ? Je crois que c’est plus sage de ne pas le partager avec maman. Je ne veux pas qu’elle pète un câble et se mette à confettiser des trucs. *

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

C’est bien de vouloir épargner mes sentiments… Mais ce qu’Alma ne sait pas et que moi je sais, c’est que j’ai une puissante télépathe à mon service qui m’informe de ce que ma fille adoptive pense. De la façon dont elle me regarde, je suspectais déjà qu’elle pensait à quelque chose que je n’aimerais pas. Et mes soupçons se confirment avec ce que ma fidèle subordonnée me révèle. Mon regard se fait plus dur et le sourire d’Alma risque de disparaitre assez vite merci. Maman Shayne sait ou a deviné une partie de ce qu’elle pense. La réaction qui vient avec risque d’être dangereuse. Comment elle le sait? Disons que quand son verre commence à changer de forme, tout seul, cela indique qu’une certaine matériakinésiste n’est pas de bonne humeur et qu’elle se retient de faire quelque chose de plus dangereux pour toute personne présente dans les environs.

« Tu es en train de penser à quelque chose de dangereux. Et considérant ton obsession pour ce que tu as vu dans la tête de Giana, je commence à me douter sérieusement que tu comptes y faire un séjour étendu pour empêcher la machine de défaire ce que tu as fait. C’est précisément ce genre d’attitude irresponsable qui fait que je me dis que tu n’es pas prête à être laissée sans surveillance. Considérant que, très certainement…

Tu ne vas utiliser ni mes ressources ni ma technologie pour réussir ce tour de passe-passe, un, comment tu vas revenir, deux, qui va protéger ton corps physique et trois, tu vas faire quoi si la machine t’infecte? Même sans implant, le cerveau est un gros ordinateur organique avec plein d’espace de stockage. Qu’est-ce qui empêcherait la cyborg de t’électrocuter et de tuer ton corps humain, mettant fin à tes jours par le fait même?

C’est ça ton problème, Alma. Tu ne réfléchis pas. Tu es l’héroïne de ton propre récit d’aventures dans ta tête où tu as de grandes idées qui ne peuvent que fonctionner! Et invariablement, quelqu’un, souvent moi, doit repasser derrière toi pour éviter que tout pète. Je vais être franche, directe et fort probablement cruelle. Qu’est-ce qui te fait croire que tu as ce qu’il faut? La Sainte Aux Secondes Chances? Cette arrogance. Alors dis-moi…

Qui a sauvé Abigail quand elle était dans un état de détresse psychologique? Liliane. Qui a sauvé Liliane et Abigail quand elles sont devenues la cible de la cyborg? Une de mes ressources. Qui a rendu possible toute cette évolution chez toi et tes amies? Maman Shayne et son réseau de maisons magiques. Verena, embauchée par Maman Shayne. Tu as une vision, une fois et tu réussis à faire en sorte que Giana a les tétons durs et soudainement…

Madame est l’élue? Madame Alma peut sauver n’importe qui, pouf, comme ça, en un claquement de doigts? Tu n’as même pas de vrai plan. Tu n’as aucune idée de ce que tu vas faire et comment le faire et tu te dis que tu vas réussir? Apparemment, je dois te traiter comme une gamine. Encore. Tu es privée de sortie et de visite pour la semaine. Oublie aller voir Akane ou Liliane ou Abigail. Tu vas passer une semaine avec moi. Au complet.

Et nous allons travailler sur ton plan. Oh je compte abuser du simulateur. Tant et aussi longtemps que ton plan sera en-dessous de 90% de chances de réussites, tu vas continuer de t’entrainer. Je ne vais pas te laisser risquer ta vie et mourir stupidement à cause de caprices d’une gamine avec des rêves. Tu es une adulte, Alma. Comporte-toi en adulte au lieu de partir dans des lubies qui pourraient causer ta mort. Je ne vais pas te laisser jouer à la roulette russe avec une cyborg. Elle aura calculé où est la balle et c’est quoi qui va te la prendre dans la tête. »

[Marishka Auschwitz]

C’est la table qui fond ou c’est la forme du verre qui change ?... Quoiqu’il en soit, c’est un mauvais signe. Si ça ne suffisait pas, il suffit de voir la dureté dans les yeux de Maman Shayne. Elle n’est pas satisfaite de sa réponse. Et le discours qui suit ne fait que confirmer cette première impression.

La table du restaurant est devenue un ring de MMA. « […]laissée sans surveillance » : un premier crochet qui vient surprendre la challengeuse ! « La Sainte aux Secondes chances ? Cette ARROGANCE. » : et c’est un nouveau coup de la déesse qui n’a pas les chevilles qui gonflent mais autre chose qui vient percuter par en-dessous le menton de l’humaine. Quand notre jeune challengeuse va-t-elle pouvoir riposter ? Car elle doit continuer à subir la diatribe. Ecoutez donc « Madame est l’élue […] je dois te traiter comme une gamine. ENCORE. Tu es privée de sortie » OUTCH ! Aie aie aie ! C’est un terrible enchaînement qui pourrait bien mettre la chalengeuse K.O. Comment ? Ah oui, on me fait remarquer dans mon oreillette que la fille adoptive accélère le rythme de son pied sous la table, que ses poings sont serrés à en faire blanchir la peau et que- oh pardon. La tenante du titre n’a pas encore terminée. Ecoutons ! « mourir stupidement à cause de CAPRICES d’une GAMINE avec des rêves. Tu es une ADULTE, Alma. » Woh, mes aieux ! La demi déesse frappe fort. J’aurai aimé dire vicieusement mais, et comme le veut l’expression, c’est la vérité qui blesse. Je rends l’antenne sans annoncer mon nom et la station. Bonne suite de lecteur à tous !

« Si c’est ta façon de me dire que tu tiens à moi, ce n’est pas la façon la plus intelligente de me le dire. »

Miracle. Alma a réussi à ne pas se lever comme une furie et à gueuler sa réplique. Attention tout de même, la demoiselle a les nerfs bien à vifs. C’est un effort insupportable pour elle que de devoir vivre avec cette nouvelle maturité.

« Je vais aux chiottes. Je reviens. »

Oui, elle aurait pu être plus subtile et dire qu’elle avait un « besoin à satisfaire » ou une autre expression pour gentiment déguiser la réalité et l’adoucir. Mais c’est déjà un énorme effort de la part d’Alma.

« A moins que je sois déjà « puni » et que tu veuilles m’accompagner pour baisser ma culotte et diriger mon jet de pisse ? »

Sans attendre de réponse, Alma se lève et se dirige effectivement vers les toilettes. Elle sait que les arguments de Shayne sont valables. Ella aurait pu essayer de caser une ou deux répliques pour se défendre, probablement. Mais… Bordel, elle ne va pas chialer maintenant, si ?

« QUOI ? Tu veux ma photo ? Finis donc de mettre ce rouge à lèvres de putes et dégage ! »

Oui, un autre dommage collatéral après la serveuse. Mais ce n’est absolument pas le moment pour Alma de connaître des remords. Elle s’enfermer dans une cabine et s’assoit. Elle tape une fois sur le mur et parvient à se retenir au dernier moment. Il y aura tout de même une trace d’impact.

« Pourquoi faut qu’elle m’emmerde comme ça ? C’est elle la gamine arrogante à agiter dans tous les sens sa baguette magique pour changer de vêtements. Mais non, faut qu’elle fasse sa conne de mère tyrannique et me rabaisser. Bordel ! Fait chier… »

Alma tente alors de joindre Verena. Si on lui laisse appeler et que la super espionne répond ? Voilà ce que sera son introduction :

« C’est de ta faute ! Je t’ai écouté et voilà que je suis enfermé dans les chiottes, en colère et dans d’autres vêtements. J’ai beau prendre sur moi et faire l’adulte qui a muri, Shayne n’a pas arrêté de m’en mettre plein la tronche. Et tu sais le pire ? C’est que je ne peux pas vraiment répliquer parce qu’elle utilise la vérité. Fait chier ! J’ai envie de te demander de venir me chercher avec Ed et de fuir cet affrontement. A quoi bon lui tenir tête ? Si je le fais, je vais devoir passer au moins une semaine avec elle et ne pas voir les autres. C’est bien beau de vouloir maximiser mes chances. Mais elle n’a pas un culte qui compte sur elle ? Madame la grande déesse toute puissante aux seins sur le point d’exploser. Pff… elle a failli confetisser ou je ne sais pas quoi dans le restaurant. Elle n’a aucun contrôle ni patience. C’est bien la peine d’appuyer sur mes défauts et de me dire de me comporter en adulte… »

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

Verena fait remarquer que si Alma est si sur la défensive, c’est qu’elle a dit ou fait quelque chose qu’elle a au moins en partie à se reprocher. Telle mère, telle fille, ajoute-t-elle en rigolant légèrement. Puis la mentore d’Alma se fait rassurante. Si elle a suscité une telle réaction chez Shayne, c’est qu’elle n’a pas été capable de mettre en pratique cette facette plus maternelle qu’elle tente de développer. Que ce qu’elle a dit ou proposé doit être plutôt dangereux, en fait, si Shayne réagir ainsi. De ne pas mal le prendre. Shayne est terriblement maladroite pour dire les choses sans être… Antagoniste. Qu’entre elle d’eux, j’aurais intérêt à travailler à me rapprocher de Shayne Pride et je… Mais je l’emmerde cette sale garce blonde! Oser dire que moi, je pourrais avoir tort alors que clairement, c’est Alma qui a des idées dangereuses et limite suicidaire! Vraiment!

J’ai un EXCELLENT contrôle de moi et je ne suis DÉFINITIVEMENT PAS antagoniste dans mes propos, c’est Alma qui est CATÉGORIQUEMENT immature! Et NON, il n’y a pas un usage ABUSIF de MAJUSCULES dans mes propos! Verena dit à ma fille adoptive qu’elle est très fière d’elle. Oui, Alma est en colère. Mais elle n’a pas fait de scène, elle n’a pas causé d’escalade, elle a réussi à rester en contrôle d’elle et c’est un grand pas vers l’avant pour Alma Pride! Maintenant, la prochaine étape est de continuer de garder un maximum de calme et de retourner à la table. La pression aura diminué de part et d’autre et une discussion civilisée va pour reprendre. Alma ne gagnera rien en fuyant la « confrontation ». Elle est capable de faire valoir son point de vue tout en voyant ce que Shayne essaie de véhiculer malgré ses paroles qui manquent clairement de douceur.

Comme si j’avais quelque chose à me reprocher, c’est ridicule… Mais bon. Alma revient à la table… Un lourd silence s’installe… Et la serveuse revient pour remplir les verres d’eau et… Le mien explose quand je me rends compte de qui est là, dans un uniforme de serveuse. LA GARCE ROUSSE! LÀ! DEVANT MOI! RAAAAAH! Je veux dire… Pestilence et putréfaction. Cette fieffée coquine d’espionne tente de me courroucer par sa simple présence. Mais je refuse d’entrer dans son jeu. Shayne se rit de ses manigances : ha ha ha! Verena explique que malheureusement, notre serveuse ne se sentait pas bien et donc elle s’est proposée pour s’occuper de notre table. Comment elle a réussit à se faire passer pour une employée ou se faire embaucher sur le champ, aucune idée. Mais elle est redoutable! Elle est encore PIRE que Giana! Je la déteste! Elle va agir en tant que modératrice!

Et donc, la voilà qui me dit que je devrais attention à comment je parle à Alma. Qu’elle est ma fille adoptive et que je ne dois pas lui parler en des termes qui pourraient causer préjudice à sa confiance en elle. Là, c’est le verre d’Alma qui explose et mon envie de faire des confettis avec cette garce rousse augmente de façon significative. Puis elle dit à Alma qu’elle doit porter davantage attention aux plans qu’elle veut partager avec autrui. Elle ne peut pas juste dire ce qui lui passe par la tête, encore moins faire les choses sur un coup de tête. Je suis HUMILIÉE. On dirait que c’est Verena la mère et nous les enfants. Et je n’arrive même pas à être vraiment furieuse parce qu’elle a raison et que son ton est très apaisant. Oh que je la déteste. Pourquoi je l’ai recrutée comme mentore pour Alma? Me faire faire la morale par une MORTELLE qui n’a même pas un millénaire d’existence!

[Marishka Auschwitz]

S’il y avait besoin de mettre en situation la différence de protection apportée d’un côté par Verena et de l’autre côté par Shayne, c’est maintenant chose faite. La super espionne répond au téléphone et parvient à abaisser le niveau de nervosité et de colère chez Alma. Et pourtant, l’introduction mettait Alma en mauvaise position. Mais il y a le ton. La façon de dire. Le petit rire. Et tout cela désarme petit à petit, et efficacement. Oui, savoir qu’il pourrait y avoir une Shayne Pride permet de rabaisser la déesse. Ce n’est pas parce que son pouvoir est effrayant qu’elle a une meilleure maîtrise de ses émotions.

Pouvoir qui entre en action quasiment après qu’Alma soit revenue à table. Son corps se contracte d’un seul coup ! Elle n’a pourtant encore rien dit. Et son baromètre à stress remonte très rapidement pour entrer dans la zone rouge quand… Verena. Leur nouvelle serveuse est Verena ! Et la pression redescend drastiquement et automatiquement. C’est débile, Alma le sait, mais elle ne peut s’empêcher de penser que son ange gardien veille sur elle. Verena avec une paire d’ailes immaculées et une auréole démontable sur la tête ? Alors que Shayne la voie plutôt avec un bronzage type infernale et une queue fourchue qui s’agite sous son nez. Ce truc énervant qu’on peut faire avec les animaux domestiques où ils suivent stupidement le mouvement jusqu’à… oui, ne poussons pas la métaphore plus loin. La déesse me regarde par delà le quatrième mur.

« Maman. J’ai bien entendu ce que tu m’as dit et je ne suis pas d’accord. Enfin, pas avec tout. Je suis belle et bien une adulte et il est hors de question que je sois stupidement puni. Interdiction de voir ma famille ? Non, je sais. Je vais faire mieux. Je vais t’expliquer pourquoi.

Admettons que tu utilises tes pouvoirs ou tes ressources pour m’empêcher de voir Liliane ou Akane. Puis que tu m’emmènes de force dans ton simulateur ou je ne sais pas quoi. Penses-tu vraiment que je serai efficiente et atteindrais rapidement ton objectif des 90% ? Si tu es honnête, tu sais qu’avec mon caractère, soit je ferai tout pour saboter soit je n’aurai pas la tête à m’entraîner.

Donc après ce repas, j’irai voir Liliane et Abigail qui sont en vie grâce à toi, et pas moi, comme tu me l’as bien expliqué tout à l’heure. Je ne sais pas si je t’avais remercié pour ça mais je te le dis ou redis maintenant : merci. Je passerais peut-être quelques heures avec elles, essaierait de convaincre Abigail d’intégrer ton formidable réseau de maison magique. Puis j’irai payer une visite à Akane. Et non à Giana comme j’avais initialement prévu de le faire. Avec Akane, euh, il n’y aura pas vraiment de conversation. Je la laisserai me faire suer avec un de ces entraînements physiques type, euh, Iron man.

Et après ? Après je reviendrais auprès de toi et je pourrais t’écouter très attentivement. On ira dans ton simulateur et on y passera la semaine s’il y a besoin. Je suis carrément OK pour m’entraîner avec toi. Si tu décides de m’allouer ces ressources, je les accepte. Mais, et il me semble que c’est toi qui me l’a répété, je ne peux pas toujours compter sur toi. Tu n’as pas le droit de m’engueuler sur ce sujet quand j’essaie de travailler avec ce que je possède. C’est injuste, non ?

Ah, une dernière condition. C’est avec plaisir que je m’entraînerais avec toi pendant une semaine. Mais seulement si c’est vraiment OK. Je veux dire, toute une semaine tout le temps avec moi ? Tu peux vraiment te le permettre avec le poids de tes responsabilités ? Et je veux une réponse honnête. Si je suis un poids mort et… je veux bien l’admettre. Mais je n’aime pas ça. Alors il est hors de question que je te pénalise. Et… je ne sais pas. Je réfléchirais à autre chose. Quitte à perdre Giana. Enfin, son humanité. Après tout, jusqu’à maintenant, j’ai toujours interagir avec son côté cyborg, oui ?... »

Incroyable. Alma a parlé « normalement ». Pas sous le coup de la colère. S’éloigner. Joindre Verena. Tout cela aura été une incroyable évolution. Son regard se perd rapidement sur la table et le restaurant. Définitivement une avancée par rapport à la première fois qu’elle avait mangé dans cet établissement. Et elle ne peut pas s’empêcher d’avoir un rapide sourire pour elle-même.

[Jeannie]

Jeannie incarne:


Shayne Hannigan, Aussi connue sous le nom de Miss Fortune ou Sir Prize.

« La plupart de ses arguments sont valides », fait remarquer Verena. Mais de quoi je me mêle, sale garce rousse? Je t’ai demandé ton avis? Non. Alors tu la fermes et tu restes en dehors de mes affaires familiale. L’arrogance de cette humaine! Là c’est une fourchette qui se tord toute seule. Évidemment que je suis courroucée. Je suis une demi-déesse. Ma volonté ne devrait PAS être contestée! Certainement pas par des MORTELS! Et encore moins par ma fille adoptive. Elle devrait OBÉIR à sa mère adoptive, point final! Et je ne suis PAS déraisonnable! Je confettise le premier qui oserait proférer une telle insanité et… Et je suis obligé de reconnaitre que dans cette situation très spécifique, dans une certaine mesure, PEUT-ÊTRE qu’Alma se montre un peu plus mature que moi. Rien de moins certain. Purement spéculatif. Oui. Voilà. Ce serait… Bref.

Oui, c’est vrai que si je l’empêche de voir les autres, rien que pour me défier, elle pourrait ne pas y mettre du sien et la punir que ne ferait que renforcer cette sale tête de cochon. De mule. De cochon mule! Mais en même temps la laisser faire serait une atteinte à mon autorité! Je ne peux quand même pas la laisser faire ça? Et comme si elle n’attendait que ce moment, la garce rousse reprend la parole. « C’est par le compromis que vous serez plus forte et ce que propose Alma coupe quand même la poire en deux… » GRRRRR! La moitié des couverts ressemble à des sculptures d’art moderne, maintenant. Oh qu’elle m’énerve. OH QU’ELLE M’ÉNERVE! Du calme, Shayne, du calme. Toi aussi tu as le droit de présenter tes arguments. Oui. Voilà. Je vais montrer que je suis encore PLUS mature qu’Alma. Et donc, nécessairement, devant cette évidente supériorité…

« Bon. Pour des raisons de moral des troupes, dans mon infinie générosité, je consens à laisser Alma aller voir Abigail, Liliane et Akane. Mais… Tu as une heure pour chacune de ces trois personnes. Après, tu vas venir t’entrainer. Pas une semaine parce qui oui, ce serait facile pour moi de déléguer mais une semaine complète ensemble, nous ne sommes pas encore prêtes pour ça et je ne veux pas devoir supporter cette…

Cette garce rousse comme médiatrice à tout bout de champ. Et je me dis que même avec de l’entrainement, cela ne règle pas le problème de base. La machine est stérile. Incapable de créativité. Correction. Elle peut créer quelque chose en se basant sur ce qu’elle voit et analyse. Mais cela va obéir à des règles, des codes, un algorithme, quelque chose du genre. C’est sa portion humaine qui, à terme, lui donnerait vraiment le pouvoir de créer.

Le problème, c’est que la machine doit avoir des millions d’arguments sur pourquoi son reste d’humanité est une faiblesse et non une force. Et je regrette mais je ne vois absolument pas comment convaincre une machine de la pertinence de l’art alors que moi-même je trouve cela complètement inutile. En quoi pisser sur une toile, c’est de l’art? Oui mais ça mettre l’esprit torturé de l’artiste! Non. Ça montre un mauvais contrôle de sa vessie…

Et une absence totale d’hygiène et de bonnes manières! Bref. Je m’égare. La seule faiblesse que je peux trouver à la machine c’est pourquoi elle a conservé sa partie humaine si longtemps, ces vestiges. Tout n’est que logique et raison avec la cyborg. Sauf que ma crainte c’est qu’elle gardait cela pour une raison précise et qu’Alma, qui comme d’habitude a réfléchit après coup, a brisé le… Statut quo. Et donc maintenant, ce qui était d’un intérêt potentiel est considéré comme une menace. »

J’ai réussi! Je n’ai presque pas été insultante!