The Multiversity

La Latvérie… Lara observait les ruines de cette forteresse. Elles étaient dans une sorte de grande pièce, de hall ravagé. Le plafond était détruit depuis longtemps, et une énorme brèche dans un mur avait provoqué l’effondrement partiel de ce dernier. Lara regarda à travers, avisant plusieurs arbres, une forêt dense qui se perdait au loin. Elle comprit, à la vue des conifères, qu’elles étaient arrivées en Europe. Séléné se rapprocha alors, et indiqua qu’il s’agissait de la Latvérie. Lara frémit doucement.

*Finalement, nous sommes arrivées ici…*

Lara n’était toutefois pas trop sûre de comprendre ce qui s’était passé. Elle ignorait encore qu’il y avait en elle un substrat de la Reine Himiko, et, quand celle-ci avait pris le contrôle, la partie consciente de la psyché de Lara avait été comme amorphe. Maintenant, son cerveau tentait de reconstituer les blancs, ce qui était d’autant plus difficile que les visions confuses qu’elle avait eus lors de ce séjour en Latvérie revenaient dans sa tête. Elle n’avait qu’à fermer les yeux pour revoir à nouveau le spectacle horrible et crépusculaire du ciel qui s’ouvrait en deux, d’une faille béante qui était en train de s’élargir, et de la chose qui se trouvait derrière. Elle revoyait la mer qui bouillonnait, et devinait la montée colossale des eaux. Le Déluge. Elle avait assisté au Déluge, à cet évènement historique qui était le point commun des mythes du monde entier. Un mythe qui était pour beaucoup la preuve de l’existence d’une civilisation originaire à toute l’humanité, bien avant les premières traces de civilisation antique en Égypte et en Mésopotamie.

Revenant dans le hall, Lara avisa le mur du fond, toujours intact. Un antique autel se tenait devant, et elle aperçut un sceau qui avait été gravé sur le mur, et qui, malgré l’usure du temps, était toujours là :


C’était le signe du clan de l’Umbra, un antique clan de sorcellerie qui avait agi en Europe centrale. Lara dut mettre quelques secondes avant d’identifier ce symbole.

« L’Umbra… Ce fort appartenait aux sorcières du clan de l’Umbra. C’était un puissant clan de sorcellerie au Moyen-Age, mais elles ont été éradiquées lors de la chasse aux sorcières. »

Était-ce ce qui s’était passé ici ? Une forteresse impie attaquée par les Inquisiteurs et par la hargne d’une foule en colère ? Pourquoi avaient-elles atterri spécifiquement ici ? Lara se déplaça lentement, cherchant des réponses, sans faire attention à Marishka… Ce qui fit que, quand celle-ci lui sauta au cou, Lara en fut la première surprise.

« MARISHKA ! Mais qu’est-ce que tu fabriques ?! »

Lara grogna en tentant de la repousser. Elle posa ses mains sur les hanches de la femme, mais Marishka s’y cramponna, et planta ses crocs dans son cou. La douleur explosa dans le corps de Lara, et Marishka commença à aspirer… Ce qui déclencha une réaction inattendue.

Une puissante onde de force s’envola du corps de Lara, repoussant celle-ci. Elle heurta violemment un mur, et tomba dans les pommes, tandis qu’une silhouette éthérée avait émergé de son corps, et tenait Marishka par le cou.

« Intéressant… Tu es plus forte que cette dinde, et si pleine de colère… »

La reine Himiko venait d’apparaître. Elle n’était qu’un fantôme, mais à la puissance terrible. Elle relâcha Marishka, qui tomba à genoux devant elle.

« Accepte-moi, Marishka, je souhaite trouver un nouvel hôte pour me réincarner. Tu ne seras pas… Commune. »

Elle ne s’attendait pas à un tel goût en plantant ses « crocs » dans le cou de Lara. Et Marischka réalisait également à quel point la culpabilité était absente. De là à s’avouer que la vie de Lara comptait finalement si peu… Non, ne pas finir cette phrase. Il fallait qu’elle s’auto-convainque qu’elle se faisait une amie. Que c’était important. Que ça durerait. Que ce ne serait pas comme avant. Et blablabla.

Puis ce fut la colère qui monta en elle. Repoussée. Retenue prisonnière par une main fantomatique. Comme quelque chose de mort et de normalement immatérielle pouvait avoir une telle puissance ?! Ça ne faisait que nourrir sa colère et elle se débattait.

Et puis elle arrêta de se débattre.

« Hein ? »

Quelqu’un voulait d’elle. Quelqu’un qui possédait une grande puissance. Elle avait été prête à passer dans le camp ennemi. Alors pourquoi ne pas accepter de se faire posséder par une sorte de fantôme japonais dont même Lara ne semblait rien savoir.

Le rictus s’élargit.

« Vas-y, pénètre-moi. Prends-moi. Réincarne-toi en moi. Je ne sais pas comment tu appelles ça mais vas-y. Par contre, je te préviens : je ne me laisserai pas effacer. Je te donne mon corps mais tu me donnes ta puissance. C’est un marché. Pas une servitude. »

Et déjà, Marischka regardait Selene avec un autre regard. L’envie de se venger. De tester sa nouvelle puissance. D’être respectée. Oui, selon comment elle allait parvenir à obtenir le contrôle sur ce fantôme japonais : se confronter à Selene serait un excellent test !

Selene aussi inspectait un peu les lieux, même si ils ne disaient pas grand chose sur ce qu'elles faisaient là. Enfin, le clan de L'Umbra, ça donnait une petite indication, ça pouvait signifier que c'était réellement une destination voulue par Himiko. Mais ça serait étonnant qu'un tel lieu puisse exister en Latveria sans que le souverain du pays le sache, et ça le serait encore plus qu'il ne se soit pas rendu compte qu'un portail fut créé par magie pour entrer sur son territoire. Mais ce problème viendrait en temps et en heure, il y en avait d'autres déjà présents, dont il était peut-être utile de se préoccuper avant.

L'assaut de l'autre fille sur Lara, dont Selene ne s'était même pas tracassé au début, prit une tournure assez étonnante, quand le spectre d'Himiko sortit du corps de l’archéologue, pour faire une proposition à son assaillante. Il semblait qu'elle était plus complète, peut-être sa part en Samantha s'était-elle bien éveillée, et elle avait préféré se réunir en Lara. Clairement, c'était son corps qui apportait le plus d'atouts mais, à présent, elle en visait déjà un autre qu'elle jugeait intéressant, et elle en fit la proposition. Pour se réincarner, Himiko utilisait un rituel, c'était peut-être parce qu'il ne pouvait être pratiqué que, plutôt que de forcer son passage, elle offrit la possibilité à son nouveau choix de l'accepter. Et on ne pouvait pas dire qu'elle y allait en subtilité, il suffisait d'entendre comment elle finissait sa tirade en disant qu'elle ne serait pas commune, c'était clairement les paroles de quelqu'un qui ne disait pas ce qu'elle pensait, mais ce que l'autre voulait entendre, il fallait vraiment être stupide pour que ça marche. Et, forcément, ça marcha. La mutante se fichait un peu de quel corps occupait Himiko, à vrai dire, surtout si elle se montrait aussi discrète qu'avant mais, puisqu'elle avait décidé de se manifester plus franchement, c'était peut-être le bon moment pour avoir des réponses.

Selene claqua simplement des doigts, et Marishka disparut d'où elle était, se retrouvant derrière la mutante, qui était à présent entre elle et Himiko.

"Avant que je ne décide si je vais te laisser t'installer n'importe où ou voir si je ne pourrais pas juste dévorer ton âme pour éviter des problèmes ultérieurs, tu pourrais peut-être répondre à quelques questions. Pour commencer, pourquoi nous as-tu amené ici?"

Himiko était puissante, c'était incontestable mais, même si elle pouvait sans doute encore se réfugier dans le corps de Lara, dans lequel elle résidait, son état actuel ne jouait pas forcément en sa faveur, Selene se nourrissait d'énergie psychique avant même de pratique la sorcellerie, qui ajouta à ses capacités à dévorer les âmes. Sa forme n'était donc pas la meilleure à prendre devant la mutante, qui commençait à en avoir assez d'être constamment baladée, et toujours étrangement par le biais de Lara.

Lara Croft était assommée. Yeux clos, elle ne voyait pas ce qui se passait. Himiko avait quitté son corps, une chose assez impensable, même pour elle. Elle devait mettre cela sur le compte de plusieurs facteurs, comme la vampirisation de Séléné, qui lui avait permis d’absorber de l’énergie, et surtout sur le rituel de Leach. Arnold Leach n’avait pas remarqué que Lara abritait un fragment de l’âme de la reine Himiko, et ce fragment avait perturbé le rituel, lui permettant de s’enfuir. Mais, maintenant, le corps de Lara ne lui était plus utile, et elle préférait un autre vassal. Face à elle, Marishka était prête à accepter, pour peu que la transformation n’aboutisse pas à son effacement. Himiko sourit doucement.

« Nous fusionnerons, Marishka. Tu conserveras ta personnalité, mais la mienne coexistera aussi. À voir comment nous fonctionnerons… Avec Lara, qui refusait ma présence, je restais en sommeil et ne prenais le contrôle qu’en de rares moments, sans qu’elle ne s’en rappelle. Je ne peux pas trop te dire, c’est différent à chaque fois. »

Ceci étant dit, que Marishka veuille ou non, Himiko pouvait le faire. Mais, quand l’hôte était consentant, c’était tout de même plus simple. Elle simula un baiser avec Marishka, mais s’aspira entre ses lèvres. Marishka put alors voir défiler devant ses yeux la vie d’Himiko, en accéléré. Elle y vit ainsi le passé de « La Reine Soleil ». Une prêtresse qui avait grandi à Yamatai, capable de commander les esprits, de les contrôler, une sorte de puissante prêtresse sur cette île sauvage. Sa réputation avait fini par attirer à elle le légendaire Premier Empereur du Japon, l’Empereur Jinmu. Yamatai était alors une île prospère, avec des productions agricoles très importantes, et Himiko avait instauré sur l’île un culte solaire de prêtresses. On la prenait pour une incarnation d’Amaterasu, la grande Déesse du Soleil, et ses prêtresses étaient formées pour servir de vassal à Himiko, afin qu’elle se réincarne, et puisse ainsi vivre éternellement.

Himiko se garda néanmoins bien de préciser à Marishka que le transfert signifiait l’anéantissement de l’âme du porteur. Cela n’était pas immédiat, mais c’était systématique. La chose était néanmoins difficile en l’état actuel, car Himiko avait perdu beaucoup de sa puissance à cause de Lara, et du fait qu’elle l’ait empêché de finaliser son rituel avec Samantha Nishimura. Himiko était patiente, et elle pouvait compter sur la soif de pouvoir de Marishka et son manque de reconnaissance pour s’emparer d’elle.

Pour l’heure, la fusion allait se réduire à une coexistence. Quand Marishka ouvrit ses paupières, ses yeux s’illuminèrent, signe que Himiko avait pris le contrôle.

« Je me suis enfuie à travers ce Portail. Il ouvrait sur une réalité lointaine, maudite… Alors, j’ai pris le premier passage disponible, et il nous a amené ici. Le fait est que c’est aussi ici que le Phénix va émerger. Quelque chose a dû interférer pour que nous arrivions là, mais je n’en sais rien. »

Himiko ignorait que Fatalis avait construit dans son palais une variante du Cristal M’Kraan, une puissante relique extraterrestre qui était capable de bien des prodiges. Mais elle avait senti l’énergie du Cristal. Cette énergie l’attirait fortement.

« Je suis encore très affaiblie, mais il y a quelque chose de très puissant là-bas… C’est là que je vais me rendre. Je te conseille de repartir dans ta jungle, prêtresse, ta place n’est pas ici. »

Himiko voyait Séléné comme une potentielle rivale. Elle se déplaça donc, commençant à léviter, jusqu’à apercevoir, au loin, le château royal de la Latvérie. L’énergie qu’elle convoitait était là-bas, un festin incroyable. Himiko comptait s’en emparer, elle frémissait déjà d’avance à l’idée de ce festin magnifique… Quand un rayon d’énergie la frappa de plein fouet, et l’envoya s’écraser lourdement sur le sol, à côté de Lara.

Flottant dans l’air, des Doombots venaient d’apparaître.

« VOUS AVEZ VIOLÉ L’INTÉGRITÉ TERRITORIALE DE LA LATVÉRIE !! VOUS ÊTES EN ÉTAT D’ARRESTATION !! »

Et voilà. C’est fait. Juste comme ça. Alors soudain, Marischka se demande si c’est vraiment aussi simple ? S’il n’y a pas un vice caché…

*Trop tard. Et puis merde de toute façon, j’ai enfin acquis du solide pouvoir ! Enfin, j’espère. *

Il y eut tout une sorte de flashback où Marischka en découvrit un peu plus sur le parasite qui occupait son corps. Parce qu’elle avait beau avoir le titre de Reine, elle n’en restait pas moins une squatteuse. Peu importait. Marischka allait maintenant jouer avec ses nouveaux pouvoirs contre Selene. Ça promettait d’être intéressant !

*Mais. C’est quoi le bordel. Pourquoi je n’ai plus le contrôle de mon propre corps ?! *

Voilà que sa parasite se mettait à blablater avec Selene. Ce n’était pas du tout ce qu’elle avait prévue ! Bon, la reine squatteuse semblait aller droit au but au niveau de son blabla : c’était déjà ça de gagner. Et voilà qu’elle parlait de manger de l’énergie. Ça aussi c’était intéressant. Tout comme cette nouvelle capacité à léviter !

*AIE ! Alors ça j’aime beaucoup moins. Tu dégages maintenant ! *

Marischka reprend soudain le contrôle. Se faire envoyer au sol est inacceptable. Ça la rend faible alors qu’elle est supposée être devenue forte ! Ça la met en colère.

« C’est moi qui vais te violer si tu continues à raconter des conneries ! »

Marischka ne connaissait pas le Doom de cette planète. Alors découvrir les Doombots ne rappela aucun souvenir comme ce devait être le cas pour ces deux compères. A ces yeux, c’était simplement des emmerdeurs supplémentaires. En fait, ils tombaient à pic. Marischka allait pouvoir s’amuser un peu.

Ne sachant pourquoi, et toujours en état de lévitation, elle leva les mains en l’air. Comme si elle appelait des choses vers le bas à remonter le haut. Dans l’espèce de flashback accéléré (où elle était loin d’avoir tout compris), il lui avait semblé qu’elle pouvait contrôler les esprits.

*Est-ce que ça fonctionne ? Est-ce que je vais me la jouer nécromancienne maintenant ? Ce serait trop cool ! Ah ah ! *

À la manière des Life Model Decoys du SHIELD, les Doombots étaient des robots convaincus d’être le vrai docteur Fatalis. Ainsi, chacun des Doombots qui se trouvait dans le ciel était en son for intérieur convaincu d’être le vrai, et que les autres étaient ses clones. Cela aurait pu amener les Doombots à s’affronter, mais leur programmation était exceptionnelle. Fatalis était effectivement un génie, l’un des esprits les plus intelligents de la Terre, maîtrisant aussi bien les arts mystiques que technologiques. Comme le disait Arthur C. Clarke, « toute technologie suffisamment évoluée était indiscernable de la magie ». Pour Victor, la magie n’était donc que l’un des domaines qu’il se devait de connaître à la perfection. La magie avait ainsi ses propres règles, et Fatalis se devait de les maîtriser.

Les Doombots analysèrent rapidement les intruses. Leurs fichiers identifièrent rapidement l’archéologue Lara Croft, neutralisée, ainsi que Séléné, une mutante redoutable. Elle était bien là, et ne tarda pas à utiliser de ses pouvoirs pour parasiter les Doombots. L’élément de surprise vint toutefois de la troisième personne, qui lévitait, et que les fichiers informatiques de Fatalis ne parvinrent pas à identifier. Cela les surprit, mais ils signalèrent ensuite la présence d’un virus qui s’attaquait à eux. Usant de ses pouvoirs magiques, Séléné s’était emparée des Doombots, les retournant les uns contre les autres. L’un des Doombots traîtres pointa sa main vers un autre, s’apprêtant à tirer… Quand il s’arrêta sur place.

« Maudite sorcière, tu penses pouvoir te comparer à Fatalis ?!
-  Tes tours de passe-passe ne sont pas très efficaces, tu n’es qu’une orgueilleuse qui se prend pour une Déesse ! »

Les Doombots reprirent alors le contrôle, et l’un d’eux tendit sa main vers Séléné. Un glyphe magique se forma autour de sa main, et le sol se mit à remuer autour de Séléné. Le sol en pierre se fractura, et plusieurs colonnes de pierres émergèrent alors, cinq colonnes qui formèrent comme les doigts d’une énorme main en pierre et en granit, venant se refermer avec violence sur la jeune femme. Les Doombots se retournèrent ensuite vers Marishka. Elle cherchait elle aussi à s’emparer de leurs esprits, mais se heurta vite au fait que les esprits des Doombots étaient très particuliers. L’un d’eux tendit sa main, et envoya une puissante onde d’air qui surprit Marishka, et l’envoya tomber sur une tour. Elle glissa sur l’un des murs d’enceinte du château, et des branches d’un des arbres situés derrière s’étirèrent derrière elle, agissant comme des tentacules pour l’immobiliser.

« Celle-ci n’est pas répertoriée.
-  Curieux. Capturons-là, pour analyse. »

Quand Séléné fit exploser la main de pierre qui la retenait, un Doombot se posa devant elle.

« Que signifie cette intrusion, Séléné ?
-  Elle vient chercher Wanda, mon épouse.
-  Fatalis ne laissera pas son territoire être attaqué impunément ! »

Le Doombot chargea son répulseur, prêt à tirer à nouveau…

« Mais TA GUEULE ! »

A qui Marischka parlait ? Même elle n’en était pas certaine. A l’un des nombreux clones qui l’avait envoyé rebondir contre un pilier de pierre avant de se faire enserrer par des lianes végétales ? A cette reine squatteuse qui occupait son corps ? Ou bien encore à elle-même qui n’arrivait plus à savoir quoi tellement le nombre de possibilités avait augmenté depuis le fait d’avoir acquis des capacités de vampire et de reine japonaise.

« Je ne suis pas une putain de souris blanche de laboratoire ! »

Ça l’énervait que les robots la prennent pour un simple sujet d’expérience à ramasser et autopsier. Par contre, ça plaisait puissamment à son égo de savoir qu’elle n’était pas sur leur liste. Liste qui devait s’étendre à toutes les personnalités de ce monde. Oui, elle adorait ça savoir être unique !

« JE suis la maîtresse du Vert ! »

Marischka força son contrôle sur les lianes que pensaient contrôler clone A, ou clone B ou- peu importe ! Il devait être sacrément moche pour se planquer derrière un masque de métal, en tout cas. Et sacrément geek aussi pour s’afficher avec une pareille cape verte. Un fan de médiéval sinon, avec un complexe de royauté. Ça, ça lui parlait. Ça parlait surtout à son égo cette image royale.

Les lianes la libérèrent et elle s’en servit comme d’une plateforme pour arrêter de léviter. Puis elle décida de pousser plus loin cette métaphore royale en se créant un trône faites de lianes végétales. Assise, elle avait le port d’une reine. Ou le singeait très bien grâce à son extraordinaire égo.

« Hey ! Les clones. Fermez-la un peu. C’est pénible de vous entendre parler. On dirait un mec fou qui monologue. Vraiment pénible. Bref. On va continuer à se battre jusqu’à votre destruction complète ou on essaie de faire les choses un peu différemment. J’aime bien l’option où vous mettez un genou à terre et me jurez allégeance, personnellement. »

Quand la main de pierre qui retenait Séléné se fissura, les Doombots constatèrent avec surprise que celle-ci était vide. Ils analysèrent les environs, mais arrivèrent à la conclusion que la mutante était partie. Il ne restait plus « que » Marishka, qui déployait ses tentacules autour d’elle. Surpris, les analystes notèrent que la flore environnante réagissait aux actions de la femme. Un tel pouvoir n’appartenait qu’à très peu de personnes. Jason Woodrue, Poison Ivy, Swamp Thing… Ces gens, Fatalis les connaissait. Il connaissait tout le monde. Celle-là était inconnue, et il arriva rapidement à la seule conclusion logique…

*Elle ne vient pas de cette dimension…*

La situation commença à se stabiliser. Marishka matérialisa un trône végétal au milieu de l’ancien château, et les Doombots, qui lévitaient en l’air, pointèrent leurs armes sur le trône. Leurs mains s’illuminaient à l’idée de la décharge plasmique qui allait venir… Mais qui ne vint pas. Une silhouette émergea alors du ciel, et se posa violemment sur le sol, devant le trône. Une femme qui tenait une lance dorée qui fissura le sol.

« La Latvérie ne ploie le genou que devant son Roi légitime ! »

Originaire de Latvérie, Zora Vukovic était la gardienne de la Latvérie, la Championne de Fatalis. Fille d’espions étrangers, elle avait grandi dans la croyance et la propagande latvérienne, jusqu’à trahir ses propres parents et déjouer un complot contre Fatalis. En récompense, Fatalis avait fait d’elle sa championne, la dotant de pouvoirs cosmiques. Elle était devenue la puissante Victorious. Pour autant, elle n’attaqua pas Marishka, quand bien même elle aurait pu le faire.

« Nos sentinelles ont repéré une intrusion inattendue. Cependant, vous n’avez pas l’air d’appartenir au SHIELD, ou à une puissance occidentale hostile. Votre amie est également blessée. »

Elle désigna Lara en affirmant cela, puis regarda encore Marishka. La Latvérie n’était officiellement plus une monarchie, mais une démocratie, dirigée par la Première Ministre Lucia von Bardas. Toutefois, personne n’était dupe. Fatalis avait délégué le pouvoir politique à un pantin pour pouvoir gérer d’autres affaires.

« Nos instruments de mesure ont relevé que ce Portail venait de Genosha. Sa Majesté souhaite vous inviter dans son palais. Je vous encourage à accepter notre invitation. À défaut, je me verrais contrainte de vous reconduire à la frontière. »

Et, curieusement, il semblait assez risqué de vouloir embêter Victorious…

La prise (le vol ?) de nombreux pouvoirs montait à la tête de Marischka. Son égo était déjà fort à la base, mais il s’envolait vers les cieux maintenant. Alors, quand toutes les copies de Fatalis la pointèrent de ses futurs tirs, elle esquissa seulement une moue dédaigneuse. Elle se sentait si puissante que l’idée même de se mettre en position de défense et donc quitter son trône vert ne lui effleura même pas l’esprit.

Et voilà qu’une nouvelle protagoniste atterrissait.

« Je n’appartiens à personne. Mais l’inverse n’est pas vrai. Tout du moins, avec le temps et du travail, les autres le comprendront. »

Une Reine squattait son être et Marischka se sentait des envies de domination mondial ? Il fallait au moins ça comme objectif pour vaincre l’ennui d’une vie absurde.

« Quant à elle, ce n’est pas mon amie. Mais ça me ferait chier qu’elle crève ici. Elle a encore des promesses à tenir. »

Lara n’était finalement qu’un « checkpoint ». Une étape à franchir pour s’accomplir. Marischka le reconnaissait maintenant. Elle avait fait des efforts pour devenir son amie. Mais le résultat était différent de celui alors imaginer. Elle s’était imaginée trouver sa première copine. Sa « BFF » peut-être. Au final, elle avait surtout trouvé un pouvoir à s’accaparer. Avant de s’emparer d’un autre, celui d’une Reine.

« Ok. Faisons comme tu as dit. Présente-moi à celui que tu appelles ta Majesté. Je suis curieux de savoir ce que ce genre de rencontre peut m’offrir. La vie, finalement, ces derniers temps, s’avère bien plus généreuse que je n’aurai pu le prévoir. »

Tiens. Marischka semble le remarquer seulement maintenant. Où est Selene ? Elle regarde à gauche et à droite, de nouveau. Mais rien. Aucune trace. Alors qu’elle devrait se poser une foultitude de questions : Marischka hausse les épaules. Pas grave. Ce n’est pas une perte majeure. En soit, ça l’embête simplement de ne pas avoir pu la combattre pour lui faire comprendre sa suprématie. Mais qui sait ? Peut-être les événements futurs la serviront sur un plateau ?

Capable maintenant de léviter grâce au pouvoir de la Reine Himiko, Marischka était prête à suivre celle qui se faisait surnommer Victorious.

« Aooh, ma tête… »

Quand Lara rouvrit les yeux, elle grogna lentement. Elle se releva péniblement, la vision floue. La jeune femme secoua la tête, clignant des yeux en reprenant ses esprits. Elle était dans un lit. Sa main tira sur la couverture, et, en cherchant à se redresser, elle perdit l’équilibre, et s’affala sur le sol. Elle tomba sur un tapis, et constata qu’elle était toute nue. Elle se retourna lentement, couchée sur le dos, et regarda le plafond. Elle fronça les sourcils en voyant un lustre impérial, qu’elle ne connaissait pas. Elle tourna la tête autour d’elle, et vit des armoiries. Elle reconnut l’armoirie de la Latvérie, et les souvenirs commencèrent à lui revenir. Son expédition au Brésil, la colonie perdue, et…

*Séléné… La sorcière.*

Elle l’avait attaqué, transformé… Lara se releva ensuite, prenant vaguement conscience que l’envoûtement qu’elle avait subi avait disparu. Lara se releva, nerveuse, et commença à palper son corps. Elle sentit sur son cou des petits trous, signe qu’on avait dû la piquer. Lara était redevenue humaine.

*La Latvérie… On a atterri en Latvérie après la mission sur Génosha…*

Elles étaient à la recherche du Phénix, et Lara avait découvert un temple à Génosha, un temple très ancien… Investi par Arnold Leach et sa secte dégénérée. En examinant la pièce autour d’elle, Lara vit une penderie. On lui avait préparé des vêtements.

*Putain, c’est une blague ?!*

La seule tenue disponible était une robe rouge moulante, une tenue de soirée. Elle grommela, et entendit alors son ventre gargouiller. On toqua alors à la porte. Lara se retourna, et vit sur le palier de la porte une délicate maid blonde.

« Sa Majesté le Roi Fatalis vous invite à sa table pour le repas de ce soir, Madame Croft. Il vous a préparé une robe de soirée.
-  C’est une plaisanterie ? Où est Marishka ?
-  Dame Marishka a passé la journée au château, et est également invitée ce soir »

Lara se pinça les lèvres, puis enfila la robe. Elle n’avait que ça à faire, après tout. La maid se chargea ensuite de la coiffer, de la parfumer. C’était une Latvérienne qui s’appelait Anika. Elle était gentille et humble, et vénérait Fatalis, le voyant comme un Dieu vivant. Anika la prépara donc, puis Lara la suivit. Elle peinait encore à croire qu’elle se trouvait au siège de la Latvérie, dans le fameux château de Fatalis. Officiellement, il ne dirigeait plus la Latvérie, mais, dans l’esprit des Latvériens, seul Fatalis était leur dirigeant légitime, celui qui avait sauvé la Latvérie des envahisseurs externes, et qui en avait redoré le blason et la fortune.

Elle rejoignit ainsi une grande pièce. Le docteur Fatalis se trouvait là, à une table ronde installée au centre, avec Marishka.

« Chère Madame Croft ! Je suis ravi de vous voir, installez-vous ! »

Fait notable, Fatalis ne portait pas son heaume, et dévoilait dessous un visage sévère, mais assez élégant, bien loin du visage massacré et tuméfié qu’on lui prêtait.

« Nous avons pris la liberté de purger votre organisme de la corruption qui y avait été installée par la mutante Séléné. Je vous en prie, installez-vous, nous vous attendions. »

Nerveuse, Lara se rapprocha, et s’assit donc. Elle était face à Marishka, et regarda celle-ci.

« Tu vas bien ? »

Marischka devait paraître changer pour Lara. L’espère de gothique agressive avait laissé place à une femme plus mûre. La raison en était simple : la multiplication des pouvoirs en elle lui avait donné bien plus de confiance. Désormais, elle se sentait au-dessus de cette vaine quête de se trouver une véritable amie. Elle avait essayé. L’expérience n’avait pas donné le résultat escompté. Alors elle allait s’essayer à siéger à la cour des grands. Rien que le fait de se trouver attablé avec le docteur Fatalis témoignait de la bonne réalisation de son nouveau plan.

« Si je vais bien ? Mieux que jamais. »

*Je fais quoi ? Je l’ignore ? *

Cette robe rouge moulante dans laquelle Lara était apparue. Ca avait fait naître des envies chez Marischka. La posséder. Planter ses nouveaux crocs dans son cou. L’assujettir. Peu importait les détails, Marischka allait créer une nouvelle dynamique de type Domination/soumission. Ca n’allait peut-être conduire nulle part mais elle se devait d’essayer.

« Bon. Maintenant qu’elle est arrivée, peut-être qu’on pourrait parler de choses véritables. Les petites conversations ne sont pas pour moi. Et je n’ai pas envie de mentir ou faire semblant. Je suis le genre de personne direct. Sauvage pourrait-on dire. Mais je suis comme je suis. Et je ne compte pas changer. »

Le doigt pointa l’archéologue.

« Par contre, celle-là, elle aime bien parler. Mais coupons à l’essentiel. Je recherche le Phénix. Où est-il ? »

Après le don vampirique de Selene et l’absorption de la Reine : Marischka lorgnait sur cette oiseau légendaire. Et après ? Elle verrait après. Mais l’idée de domination mondiale n’était plus si loin de son conscient…

On fit servir du vin à table, ainsi que des toasts avec du foie gras.

« Marishka m’a expliqué qu’elle venait d’un autre monde… Cela explique que je ne la connaisse pas. Elle convoite le pouvoir, comme nous tous.
-  Parlez pour vous, Fatalis.
-  Nous cherchons tous, d’une manière ou d’une autre, à exercer le contrôle sur les évènements qui nous entourent. Que ce soit en trouvant un travail, en pouvant payer son loyer, en fondant une famille, ou, dans votre cas, en explorant des ruines antiques… Qu’est-ce que le pouvoir, finalement, si ce n’est l’envie de contrôler sa propre destinée ? Je respecte la soif de pouvoir de Marishka. »

Lara fronça les sourcils. Elle n’aimait pas spécialement les dictateurs, mais ils avaient tous en commun d’aimer s’écouter parler.

« Vous êtes parties à la recherche du Phénix. Marishka y recherche le pouvoir, mais vous ? Quelles sont vos motivations ?
-  Je me moque du Phénix. Ce qui m’intéresse, c’est ce qu’il y a autour.
-  Je connais vos théories sur l’universalité des mythes. Enfin, c’était la théorie de votre père et de votre professeur, mais vous l’avez plutôt bien démontré à travers vos expéditions.0 Je vous en prie, servez-vous, c’est du foie gras de Latvérie. Ne vous inquiétez pas, nous avons développé des techniques agricoles pour préserver nos oies. Ici, en Latvérie, nous respectons la Nature. »

Fatalis avala un toast, tandis qu’on apportait d’autres plats pour l’entrée.

« Vous êtes un esprit brillant, Lara Croft. En d’autres circonstances, j’aurai volontiers proposé de financer vos recherches. Votre théorie m’intéresse beaucoup. »

Ils furent interrompus par la venue du sommelier, qui proposa du vin latvérien.

« Château-Langardien, un excellent cru.  Laquelle de ces dames souhaiterait le déguster ?
-  Miss Croft est d’ascendance noble, elle me semble tout indiquée. »

Le sommelier se déplaça, tout en présentant le vin, son cépage et son goût.

« Un vin rouge léger mais relevé, doucement fruité. Sentez comment le cépage se distille sur votre palais à son contact, humez son arôme délicat et subtil.
-  Et dire que les Français pérorent avec leur grand cru Saint-Émilion… »

Lara commençait à s’agacer, tout comme Marishka.

« Le Phénix sera là demain. Son arrivée est cyclique sur Terre, elle répond à des évènements particuliers. En l’occurrence, le Phénix s’est réveillé quand les mutants de la Terre ont été presque tous annihilés par la Sorcière Rouge.
-  Wanda Maximoff, votre future épouse, si j’en crois les actualités ?
-  Notre mariage est imminent, en effet. J’ai conçu un artefact capable d’emprisonner le Phénix, et de stocker son énergie. Nous comptons l’utiliser pour inverser le sortilège jeté par Wanda, mais aussi pour des raisons plus personnelles. L’énergie infinie du Phénix apportera de nombreux bienfaits à l’humanité. Nous serons en mesure de lutter contre la crise énergétique, d’offrir à tous les individus de la planète un courant propre. Les principaux maux de ce 21^ème siècle seront ainsi corrigés. Les sociétés modernes n’auront plus besoin des énergies-fossiles, et construiront des usines pour utiliser l’énergie cosmique illimitée du Phénix À plus ou moins long terme, selon les modèles sociétaux que j’ai établis, cela provoquera l’effondrement des régimes dictatoriaux arabes, qui n’auront plus assez d’argent pour acheter la paix sociale. D’un point de vue climatique…
-  Vous seriez donc le grand bienfaiteur de l’humanité ? » ironisa Lara.

Fatalis sourit doucement.

« Mais, ma chère, cela a toujours été mon but. Évidemment, je ne prétends nullement contrôler le monde, je fournirai juste l’énergie aux États qui le méritent.
-  Qui le méritent ?
-  Une énergie propre et illimitée ne sera fournie qu’aux sociétés qui œuvrent vraiment dans l’intérêt commun. Démocratie ou monarchie, peu m’importe le régime, seul compte l’intérêt supérieur de la Nation. Une telle tâche ne sera pas simple, même pour moi. »

Il se retourna vers Marishka, et attrapa alors sa main.

« Est-ce là un fardeau pour lequel vous seriez prête à contribuer, Marishka ? Votre contrôle de la flore et du métal… Vous disposez de propriétés exceptionnelles qui pourront contribuer à l’édification d’une société idéale, comme je l’ai fait en Latvérie. »

Le docteur Fatalis respectait Marischka. Il appréciait sa soif de pouvoir. Marischka était… intriguée. Presque désarçonnée. En fait, elle commençait à espérer certaines choses. Son regard avait changé. Elle regardait l’homme avec un nouvel intérêt. Une nouvelle expérience en somme. Ça avait commencé avec Lara pour se faire une amie véritable. Est-ce que ça allait se transformer avec Victor Von Doom pour s’en faire sa moitié ? Elle ne savait pas. Mais cette conversation la faisait réfléchir.

Mais le docteur Fatalis parlait beaucoup. Il prenait son temps. Il mangeait son foie gras et buvait son vin. Tout ça n’intéressait pas Marischka. Sans compter le fait que, malgré son intérêt pour l’homme, elle n’en gardait pas moins ses réflexes de méfiance. Se faire droguer par la nourriture ou empoisonner par les boissons ? Hors de question.

Quoi ?! Il savait quand le Phénix allait arriver ? Et il comptait le contrôler et l’emprisonner comme un vulgaire oiseau en cache pour faire chanter le monde dans son entièreté ? Marischka ne comprenait pas. Comment embrasser cette vision d’un changement mondial pour faire progresser cette horde de moutons cachant tous des bas-instincts ? Tous ces moutons qui souriaient de leur sourire de loup dès que les gens ne les regardaient plus ? Aucun n’était récupérable. Même sur ce monde édulcoré comparé au sien. Non, elle n’adhérait pas du tout à cette vision.

« Tu lâches ma main ! »

Sous le coup de l’impulsion, Marischka s’était relevée. Et avec un temps infini de retard, elle ne comprit qu’à cet instant qu’il avait parlé de mariage. Pourquoi l’avait-elle regardé différemment ? Personne n’était digne d’elle. Personne ne voulait d’elle si ce n’était pour l’utiliser. TRES BIEN ! Si Lara ne pouvait être son amie et Fatalis sa moitié : alors elle allait tout faire toute seule. S’ériger tout en haut. Voler le Phénix pour elle.

« Je ne comprends rien du tout à tout ton monologue. Tu parles trop et ça encombre ma tête comme une sorte de pollution. Donc voilà ma réponse avant que je ne parte. Si devenir un fardeau veut dire récupérer le Phénix, alors oui, je vais contribuer. »

Une liane sortit du poignet de Marischka et alla s’entourer autour du cou de Lara.

« On va dire que je prends congé. Avec elle. Si je ne pars pas maintenant, je sens que tout ça va dégénérer. On est d’accord qu’il n’y a aucun problème à ce que je retourne dans la chambre pour me reposer avec cette « grande » journée de demain ? »

Marischka comptait bien passer ses nerfs sur Lara. Redéfinir leur relation en la soumettant. Oui, ça allait être un bon exutoire pour la calmer.

Lara comprit vite une chose évidente : Fatalis aimait s’écouter parler. Il devait être du genre à parler de lui à la troisième personne du singulier. Elle ne croyait pas une seule seconde à son utopie, son discours lui rappelait un peu trop celui de ces dictateurs qu’elle avait croisés quand elle se rendait dans des zones instables du globe à la recherche d’artefacts antiques. Les dictateurs recherchaient de tels objets pour s’inventer une lignée existante, être les descendants de tel ou tel illustre monarque du passé. L’archéologie était un milieu très politisé, et la recherche de la vérité historique se heurtait toujours aux intérêts politiques de tel ou tel régime. Elle ne savait pas trop où Fatalis voulait en venir, ni pourquoi il av ait besoin d’elles. Elle-même, à vrai dire, était encore un peu à l’ouest. Il y a encore quelques heures, elle était sous le contrôle d’une vampire psychique qui avait fait d’elle son esclave, avant de l’abandonner. Le pire, c’est que Lara ne savait pas trop ce qui dominait chez elle : la colère d’avoir été ainsi manipulée, ou la nostalgie ? Quand elle était le pantin de cette femme, elle n’avait à aucun moment eu conscience d’être le pantin. Elle n’avait pas été privée de ses facultés psychiques, mais simplement d’un sentiment de béatitude, de plénitude qui lui avait rempli l’esprit et le cœur.

*Ne t’endors pas, reprends la conversation !*

Avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit, Marishka se redressa brusquement, écartant la main de Victor, et manifesta son intention de quitter la table… Puis généra un tentacule qui alla s’attaquer au cou de Lara.

« Hey ! »

Le réflexe fut immédiat. Lara se saisit du couteau à la table, et trancha le tentacule d’un coup sec.

« Tu fous quoi, au juste ? Je suis pas ta chienne ! »

Dans un recoin de sa tête, une petite voix en elle avait envie de dire qu’elle était celle de Séléné uniquement… Une voix que Lara se refusait à entendre.

« Assez. »

La voix agacée de Fatalis emplit la pièce. Il ferma sa main, puis la rouvrit, et sa main diffusa alors une lueur violette. Marishka sentit alors ses pouvoirs lui échapper, tandis que des tentacules métalliques émergèrent du dossier du fauteuil et des accoudoirs, s’enroulant autour de son cou et de ses poignets, pour la ramener de force sur sa chaise.

« Aucun respect pour les bonnes manières. Je vous invite en tant qu’invitée à ma table, et vous osez fouler du pied mon hospitalité. Vous êtes un fardeau dont personne ne veut, Marishka, une tête brûlée incapable de voir plus loin que le bout de son nez. Mais vous êtes dans le monde des adultes, désormais, et je ne tolèrerai pas qu’une gamine mal dans sa peau vienne perturber mes plans. »

Victor la regarda, et il n’y avait plus aucun signe d’hospitalité dans son regard, ni même d’hostilité. C’était un regard froid et sec. Les tentacules retenant Marishka s’électrifièrent alors, et diffusèrent dans son corps un intense courant électrique qui la fit se tortiller sur place. Elle avait beau être endurante, le choc fut de trop, et elle sombra dans l’inconscient. Incrédule, Lara se releva en écartant brusquement la chaise.

« À quoi vous jouez ? Libérez-là !
-  Je vous rappelle qu’elle a tenté de vous agresser…
-  Et alors ? C’est moi que ça regarde ! Je vous rappelle qu’on était encore il y a quelques heures sous le contrôle d’une psychopathe ! »

Lara se rapprocha de Marishka, bien décidée à voir comment elle allait.

« Mon offre était sincère, vous savez… Mais, au vu de votre manque de coopération, je ne peux que confirmer les conclusions du rapport d’enquête à votre sujet.
-  Arrêtez votre cirque !
-  Vous êtes des espionnes. J’espère que vous préférez l’hospitalité des geôles de Latvérie à mes chambres. »

Lara se retourna vers Fatalis, qui lui attrapa le visage avec son gantelet, et la plaqua contre le mur. Elle sentit un courant électrique la traverser, et rejoignit Marishka dans le monde du rêve.

Plus tard, elle se réveillerait avec Marishka dans les cellules de la Latvérie, solidement attachée, Marishka ayant en prime un collier inhibiteur de pouvoirs autour de son cou…

« Hmm… »

Le réveil était douloureux. Pire que ça, Marischka ressentait un terrible vide qui la terrorisait. Cette terreur, elle se refléta dans les yeux de Lara qui était accrochée en face d’elle.

« C’est quoi ces conneries ?! »

Sa mémoire lui revenait en même temps qu’elle s’agitait et faisait résonner le métal de ses chaînes. Et il y avait cette gêne au niveau de son cou. Pourquoi l’avait-on cerclé comme une chienne de la rue ?!

« Libère-moi ! »

Marischkla perdait le contrôle. Sa phrase n’avait aucun sens. La prisonnière n’allait pas pouvoir la libérer. La prisonnière ne pouvait pas être en même temps la geôlière.

« Tu finiras de toute façon à quatre pattes comme tous les autres ! Alors libère-moi avant que je ne me fâche réellement ! »

Pourquoi le Vert fermait sa gueule ?! Où était sa relation avec le Gris ? Et la Reine qui squattait dans son esprit, elle comatait ou quoi ?! Pourquoi malgré tous ses efforts, Marischka se retrouvait toujours seule ? POURQUOI ?!

« POURQUOI ?! »

Son corps se relâcha d’un seul coup. Elle se laissa choir. Elle était complètement sous l’emprise de Fatalis. Ou de Lara. Ou des deux en même temps. Elle ne savait plus. Elle n’avait plus la force de lutter. Que faire quand elle était seule et dépossédée de sa puissance ? Rien. RIEN !... Alors elle se laissa aller. Un misérable zombie. Une loque humaine. Une ado détestable, Fatalis avait eu raison de la décrire ainsi.

Mais attention. ATTENTION ! A la première seconde où elle entendrait à nouveau la voix caverneuse et éternelle du Vert… A la première seconde où le Gris lui susurrerait qu’elle pourrait utiliser ce qu’elle voudrait d’aiguiser… Oui, il y aurait un carnage. Une furie de tentacules. Des morsures à répétition pour se créer sa propre armée. Et l’asservissement de cette Reine japonaise pour parfaire sa nouvelle puissance.

Mais Marischka n’était qu’une loque. Pour le moment. Epuisée. La bave aux lèvres. Les yeux vitreux. Elle replongea dans le sommeil en attendant la suite…

Quand Lara émergea, il faisait jour dehors. Elle était passée d’une prison à une autre, de la cellule de Séléné à celle de la Latvérie… Au moins, le bon « docteur » ne la livra pas à un quelconque sort funeste, ou à des jeux pervers. Elle se releva. Pas de barreaux dans la cellule, mais une paroi électromagnétique qui empêchait de passer. Une prison high-tech, sans doute liée à la présence de Marishka, qui dormait à côté d’elle, avec un collier autour de son cou, un collier inhibiteur qui bloquait ses pouvoirs. Lara se pencha vers elle, et examina son pouls. Elle allait bien, et Lara la secoua un peu, pour qu’elle se réveille.

« Vous vous réveillez pile à temps ! »

Un officiel latvérien leur faisait face, un sourire rayonnant.

« Pourquoi sommes-nous en cellule ?
-  Votre copine est instable, nous l’avons mis ici pour sa propre sécurité.
-  Et moi ?
-  Il y a un lien entre vous… On a relevé dans votre organisme des prélèvements qu’on a retrouvé chez elle… Un genre de parasite. »

Les traces de la vampirisation psychique de Séléné ? Lara ignorait en ce moment qu’elle avait hébergé en elle une partie de l’âme de la Reine Himiko.

« Le Roi Fatalis vous a mis ici le temps de son discours.
-  Son discours ? »

Du doigt, le garde désigna un écran télévisé fixé au mur. Sur celui-ci, on pouvait voir l’une des grandes places de la capitale, la Place de la Révolution. Une immense statue de Fatalis s’y dressait, symbole de sa victoire sur les anciens monarques. Le Premier Ministre Lucia von Bardas parlait d’une voix enflammée :

« …Un jour nouveau pour la Latvérie, un jour nouveau pour le monde. Comme vous le savez, chers citoyens, le Roi Fatalis a modifié la Constitution de la Latvérie pour en faire une monarchie constitutionnelle. Ainsi, s’il m’échoit de gérer les affaires courantes, notre Roi continue à veiller sur le bon fonctionnement et le bon développement de notre pays. »

Elle parla encore, jusqu’à laisser sa place à Fatalis. Le monarque s’approcha, et il n’était pas seul. Une sublime femme en robe rouge l’accompagnait… Lara la reconnut pour avoir vu son visage sur des journaux télévisés : Wanda Maximoff.

« Depuis trop longtemps, la Latvérie s’oppose au reste du monde. Notre peuple est un grand peuple, un peuple qui a su se moderniser tout en conservant ses traditions. Je n’étais moi-même qu’un simple Gitan quand je suis né au monde. Je contemple avec le plus grand scepticisme ces démocraties occidentales qui n’ont de démocratiques que l’apparence, ces régimes qui favorisent avant tout le renouvellement d’une petite caste bourgeoise sans envergure. ‘‘ Nous fûmes les Guépards, les Lions ; ceux qui nous remplaceront seront les chacals et des hyènes... Et tous, Guépards, chacals et moutons, nous continuerons à nous considérer comme le sel de la Terre’’… Ces mots ne viennent pas de moi, ils viennent d’un aristocrate italien qui, en voyant les démocrates de Garibaldi renverser la monarchie italienne pour y instaurer une démocratie, ne fut pas dupe sur le mensonge. Donner aux gens l’illusion qu’ils ont le choix, et confier le pouvoir à des individus médiocres qui ne pensent qu’à leur propre réélection… Voilà ce qu’est la démocratie !
Je suis un grand admirateur de l’Histoire, je l’avoue. Et c’est du haut de cette étude historique que je peux vous le dire : nos démocraties si humaines et si généreuses mettent beaucoup d’effort à détruire ce que les monarchies médiévales ont mis si longtemps à bâtir ! Voyez la France, par exemple ! Ce pays centralisateur s’est construit pendant des siècles. Des siècles de lutte pour que le pouvoir royal puisse assujettir les nobles. Des siècles de guerre pour qu’une même règle juridique puisse s’imposer : le Code civil. Voyez le résultat après un demi-siècle de démocratie. Voyez ces villes qui brûlent, voyez cette société qui se délite… Et ce constat se généralise à l’ensemble des sociétés occidentales. Les communautés se déchirent, se recroquevillent sur elles-mêmes, elles ne croient plus à l’idéal d’une Nation, à un pacte républicain. Tout cela sont les symptômes d’une seule et même cause : la démocratie ! Un régime où on ne suit plus les nobles guépards et lions, mais des hyènes et des chacals, qui ne se préoccupent plus du destin commun, de la construction d’une histoire nationale, mais de leur petite carrière de bourgeois arriviste ! La religion ; l’opium du peuple ? Fadaises ! Le vrai opium, c’est ce cancer mercantile qu’on appelle démocratie ! »

On pouvait reconnaître à Fatalis un certain talent de tribun. Il exaltait la foule, multipliant les pauses.

« Aujourd’hui, tout cela change ! Aujourd’hui, la Latvérie va offrir au monde un nouveau départ ! La Latvérie a toujours été une terre d’exil et d’accueil pour les réfugiés fuyant les systèmes politiques corrompues. Aujourd’hui, nous ferons table rase du passé. Car c’est aujourd’hui que le Phénix vient ! Levez la tête, citoyens latvériens ! Vous l’avez vu en vous levant, vous en avez discuté entre vous ! Le Phénix est au-dessus de nous ! »

Fatalis leva la tête en pointant son doigt vers le ciel. La caméra se leva également, et on put voir un ciel bleu et sans nuages. Une immense boule de feu, comme un genre d’astéroïde géant, était en train de percer le ciel. Derrière, on pouvait voir le toit du donjon s’ouvrir, révélant un énorme cristal violet qui se mit à diffuser une lueur violette vers le ciel, une colonne d’énergie très impressionnante, tandis que le cristal se mit à irradier.

« Le Phénix… » soupira Lara.

Fatalis reprit ensuite son discours :

« J’ai conçu un dispositif révolutionnaire qui me permettra d’emprisonner le Phénix. Sa formidable énergie est révolutionnaire. Avec elle, nous pourrons l’utiliser, la raffiner, la produire en masse. Nous mettrons fin à la dépendance des nations aux énergies fossiles. La Latvérie ne peut vivre séparée d’un monde qui s’autodétruit chaque jour. Les changements climatiques amorcés par l’avidité de l’homme trouveront une réponse dans les capacités énergétiques phénoménales du Phénix. Le Phénix est un don, un don que, naturellement, ces fameuses démocraties bienpensantes souhaitent détruire. Et ce cadeau du ciel, j’en fais don à l’humanité toute entière. »

Soudain, il y eut une énorme détonation. La caméra se mit à saturer, tandis que les citoyens se mirent à hurler. On put entendre des explosions, et la caméra se releva. Des jets de lumière verte dansaient dans le ciel, ciblant la boule de feu… Qui se mit à rugir. Une terrible onde de choc, puis il y eut une violente explosion qui secoua tout le château. Les sirènes d’alarme s’enclenchèrent ensuite.

« Mais qu’est-ce qui se passe ?!
-  Une bombe ! Une bombe a explosé ! »

Les gardes latvériens se précipitèrent vers la sortie des cachots. Le château continua à trembler sous l’effet des explosions, et le plafond se fissura au-dessus d’elle. Une nouvelle explosion coupa alors la plupart des champs électriques environnantes, désactivant le collier de Marishka et la paroi énergétique. Lara attrapa le poignet de Marishka, et se rua vers la sortie.

« Allez, vite, on sort de là… ! »

Elles grimpèrent un escalier médiéval qui les emmena sur l’un des remparts du château… Où une proche explosion siffla juste à côté de Lara, la projetant au sol. Sonnée, elle se releva lentement, et vit, avec stupéfaction, un ballet défiant l’imagination.

Le Phénix était là, dominant le ciel, ressemblant plus que jamais à un gigantesque oiseau de feu. Mais il y avait également de nombreuses personnes qui volaient en l’air, portant des combinaisons moulantes vertes et noires, chacun ayant à un doigt un anneau vert qui brillait furieusement… Au milieu de ça, Fatalis flottait dans les airs, accompagné de ses Fatalibots, repoussant les individus. La bataille se focalisait au sommet du donjon de Fatalis.

« Le Phénix… Il est là. »

À partir de ce point, la suite de ce RP va avoir lieu dans le topic « Phoenix Five ».

Ce n’est qu’à la fin du premier arc du topic principal que ce RP reprendra.

Le manoir Croft appartenait à la famille des Croft depuis que le château leur avait été donné par le roi Édouard VI, en 1547. Ce manoir se trouvait dans le Surrey, un comté à côté de Londres, au domaine d’Abbingdon. Lara elle-même ignorait ce qui avait amené le roi à confier à sa famille ce manoir, tout comme elle ignorait encore à ce jour l’intégralité des trésors qu’il refermait. Lara était une aventurière, une exploratrice, et elle partageait ce trait avec ses ancêtres, qui avaient fait fortune avec le développement de la mondialisation. L’argent des Croft venait de la traite négrière, et de la fondation d’une compagnie maritime qui assurait des voyages et des expéditions dans les terres sauvages. Cet héritage, Lara avait souhaité le renier, initialement, mais elle avait fini par l’accepter.

Aujourd’hui, Lara revenait chez elle après avoir fait un tour de moto depuis Londres. Portant une combinaison moulante jaune et noire, elle se remémorait les évènements de sa vie, surtout les plus récents. Son voyage au Brésil, où elle avait retrouvé une ville antique, Nova Roma… Elle était devenue l’amante et l’esclave de la sorcière qui gouvernait cette ville, Séléné. Ensemble, elles avaient mené une quête éperdue liée au Phénix. Cette quête avait conduit le duo à croiser la route de Marishka, une jeune femme excessive. À Londres, elles avaient affronté des êtres monstrueux, elles avaient ensuite rejoint Genosha, puis la Latvérie… Et Lara avait ensuite vu le ciel s’embraser dans une bataille intense au sommet du donjon de la Latvérie. Le Phénix avait explosé dans le ciel, et un rayon avait frappé Marishka de plein fouet.

L’attaque ayant eu lieu lors d’un sommet diplomatique, Lara avait pu profiter du chaos pour prendre un avion, et retourner chez elle. En convalescence, elle avait appris à la télévision que le Phénix avait doté cinq mutants de pouvoirs cosmiques, et qu’ils envisageaient de changer le monde. Lara avait été surprise de voir parmi eux Marishka. Séléné, elle, était visiblement repartie au Brésil, et Lara avait été guérie. Elle n’était plus une vampire psychique. L’aura du Phénix l’avait touché, et elle avait vu ses parents en songe…

*Et je me suis vue, moi, fouillant ce manoir quand j’étais plus jeune…*

Genosha… Samantha Nishimura, sa meilleure amie, s’y trouvait, ainsi qu’Arnold Leach, un terroriste et mage noir qui cherchait à réveiller une force occulte à Genosha. Lara envisageait d’y aller, mais toutes les communications avec Genosha avaient été coupées. L’île était comme coupée du monde, avec un blocus militaire strict. Lara devait donc graisser la patte de personnes peu recommandables, et elle disposait pour cela de l’aide de Victor Sullivan. Le vieux bourlingueur connaissait des gens à Londres.

Pour l’heure, Lara planifiait son voyage. Elle rejoignit donc son manoir, et descendit de sa moto, puis ôta son casque. Elle abaissa ensuite la fermeture Éclair du haut de sa combinaison, car celle-ci lui tenait chaud. La nuit, elle rêvait encore de ses séances de sexe avec Séléné, des tentacules, de son membre qui la fourrait… Lara essayait de chasser ses souvenirs, mais, la nuit, le désir revenait.

*Un peu de sport, je dois me calmer… Ensuite, je continuerai à faire des recherches sur Genosha.*

La jeune archéologue ignorait cependant qu’elle allait recevoir une invitée imprévue…

Marischka bouillonnait. Elle fulminait. En gros ? Elle ne comprenait rien du tout à ce qui lui arrivait ! Il y a encore peu, elle se trouvait dans un autre monde. Du genre post-apocalyptique à se concentrer sur chaque jour passant pour survivre. Ce monde-ci était si « pacifique »… Et voilà qu’après « peu » de temps, quelques interactions et une bataille monstre : elle se retrouvait dotée de nouvelles capacités, de… responsabilités ?! Et quoi ? Hum ! La seule chose qui lui semblait senser, comme un putain de phare en pleine nuit : c’était la bouille de cette femme. Cette Lara Croft.

Sans y réfléchir, elle vola donc jusqu’à elle. Sans comprendre pourquoi. Ni réaliser qu’elle était dotée de nouvelles capacités. Que la squatteuse de reine japonaise fermait sa gueule depuis que l’oiseau de feu cosmique l’avait balancé à l’autre bout de son inconscient. Bref, Marischka vola au-dessus du manoir Croft et découvrit rapidement une silhouette engoncée dans une combinaison moulante noire et jaune.

« Hey ! »

La voix provint du ciel pour Lara. Cette dernière étant en train d’abaisser la fermeture éclair de sa combinaison. Marischka n’ayant aucune idée des rêves enflammant la libido de l’aventurière.

« Toi et moi, il va falloir qu’on parle. »

Ce fut le bout de son pied qui toucha en premier le sol. Une façon élégante de laisser la gravité reprendre sa possession sur le corps de « l’élue » du zozio tout feu tout flammes. Le respect ? Marischka ne l’avait pas hérité soudainement et miraculeusement !

« Je ne comprends rien du tout à ce qu’il se passe. Un coup on m’enferme. Le coup suivant on me dote de pouvoirs dont je peine à apercevoir les limites. On m’a bavassé des trucs comme quoi on m’aiderait à comprendre le bordel sur Genosha. Mais je n’en ai rien à foutre de cette île ! Ah ! Et on m’a aussi dit que tu étais… comment on m’a dit ? Perturbée, c’est ça ! Que tu étais perturbée. Que tu me donnerais ton aide. Et que les autres énergumènes aussi m’aideraient. »

Marischka s’approcha et pénétra dans la zone intime de Lara. Pas avec une intention de finir de tirer sur la fermeture éclair et de donner corps à ses fantasmes. Car, après tout, elle en avait la capacité avec ses « tentacules » accordés par le Vert. Non, c’était dans la nature de Marischka d’être intense et de se contre-foutre de respecter les limites, de rester à trois mètres de son interlocutrice. Elle alla même jusqu’à poser ses mains sur ses épaules. (réalisant que sa force musculaire aussi était plus grande qu’avant !) En fait, dans le fond, Marischka avait peur de l’abandon. Et ne voulait pas que Lara se mette à fuir.

« Tu en as quelque chose à foutre toi de Genosha ? Et dis-moi la vérité aussi. Tu en as quelque chose à foutre de moi ou tu m’avais déjà oublié ? »

Il y avait une intensité dangereuse dans le regard de la « Touchée ». Un être divin comme le Phénix n’aurait-il pas dû choisir une personne saine et équilibrée ? Pourquoi Marischka ? Un accident de parcours ? Peut-être… Toujours était-il que Lara devait faire face à cette nouvelle « force de la Nature ».