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Re: Urbex hanté [Mana Yami]

Posté : 12 oct. 2024 16:41
par Bayonetta
Bayonetta se déplaça encore. Depuiis la place des Abbesses jusqu’au Champ de Mars, il y avait en théorie 5 kilomètres. À pied, en marche normale, il fallait plus d’une heure pour rejoindre les deux secteurs. Mais, ici, dans cette version difforme de Paris, Bayonetta devait s’attendre à tout. Elle et Mana descendirent la rue Houdon, qui menait tout droit à la place Pigalle, au cœur du boulevard de Clichy. Tout en descendant la rue Houdon, Mana interrogea Bayonetta sur les visions, surprise de constater que le docteur Verrières avait aimé une femme, et semblait loin de l’être cruel qui avait mené d’innommables expériences sur des enfants.

« La capacité de faire le bien ou le mal est inhérente en chaque individu, Mana. Des gens comme le docteur Verrières existent potentiellement toujours autour de toi. Tout être qui aime est capable de haïr. Personne ne naît fondamentalement mauvais ou bon. Si on laissait Auguste déployait son discours, je suis sûre qu’il te dirait que tout ce qu’il fait a été fait pour de bonnes raisons, et dans les meilleures intentions. J’ignore ce qui est arrivé à cette Louise, mais il est probable que son sort ait été l’élément déterminant de la folie du docteur. »

À ce jour encore, il était très difficile de comprendre comment une nation entière avait pu sombrer dans la folie. Comment expliquer qu’un peuple civilisé puisse ainsi faire confiance à des fous sanguinaires comme les nazis ? Qui sait ce qui avait pu amener un brillant scientifique à rejoindre les ennemis ? Bayonetta n’en savait trop rien, et elle n’était sans doute pas la plus à même de répondre aux questions de Mana.

« Ne te déconcentre pas, Mana, rien ici ne nous veut du bien. »

Au bas de la rue, elles rejoignirent la place Pigalle. Une bouche de métro se trouvait à son centre, et on pouvait voir un énorme tuyau métallique qui en sortait, et remontait sur le boulevard de Clichy.

« Il doit être relié à l’espèce de station qui est au-dessus de la Tour Eiffel… Je suppose que tous les grands axes parisiens ont hérité de ces affreuses veines de métal. »

Autour de la bouche de métro, il y avait des voitures militaires, des soldats qui patrouillaient.

« Je crains qu’il ne faille leur rentrer dedans, ma belle… Tu es prête ? »

Re: Urbex hanté [Mana Yami]

Posté : 12 oct. 2024 16:42
par Mana Yami
C’était plus fort qu’elle. Elle savait que c’était une grande faiblesse que beaucoup cherchaient à exploiter : à savoir sa naïveté. Son cœur pur. Mais c’était plus fort qu’elle : Mana voyait le bon chez tout le monde. Même chez la pire des crapules, chez le plus haï des criminels : au fond, il y avait quelqu’un de bien qui avait fait des choses mauvaises parce que les épreuves avaient été trop dures à supporter.

« Tu te trompes, Bayonetta. Tout ne nous veut pas du mal. Pense aux enfants. »

Mana était l’Optimisme incarnée. En un autre temps et un autre lieu, elle aurait pu devenir une déesse. Mais les êtres humains avaient depuis longtemps abandonnés les dieux pour croire aux murmures de la science. Quoique, c’était parfois des CRIS quand la science communiquait à coup de bombes nucléaires…

« Je suis prête. Je peux même te fournir un peu d’assistance magique. Un aperçu du pouvoir du Magicien dans lequel je suis incarné actuellement. »

Agitant son petit bâton bleu avec un cadran à horloge à l’extrémité : la magie actionna subitement les deux aiguilles jaunes qui tournèrent à toute vitesse et de manière totalement chaotiques. Puis elles s’arrêtèrent et Mana visa les voitures militaires. Les aiguilles accélèrent dans le sens horaire. Extérieurement, les peintures de la carrosserie devinrent ternes. Intérieurement, les problèmes mécaniques émergeaient. Un moteur long à démarrer. Une fuite d’huile. Les voitures pourraient démarrer. Mais pas en fanfare et à toute berzingue.

De toute manière, il aurait fallu de jeunes soldats frais et entraînés pour aller en ce sens. Seulement, la magie du temps les toucha aussi. Dix voire vingt ans leur furent infligés. Moins d’énergie. Moins de masse musculaire. Moins d’envie à mourir pour une cause supérieure. En bref, Mana venait de donner une avance non négligeable à la rapide sorcière.

« J’ai fait en sorte de diminuer le champ d’action pour limiter la puissance de la magie du temps. Je ne voudrais pas que tu te mettes toi aussi à vieillir. Bon, entrons dans cet affreux tuyau de métal. Ça ne présage rien de bon… Mais nous n’avons pas le choix. »

En plongeant dans les ténèbres du métro, Mana aperçut rapidement une silhouette qui se tenait debout et adossé contre un mur. Un homme plutôt grand habillé d’un manteau long. Mais surtout, il portait un masque cachant quasiment entièrement son visage. Dans la rapidité de l’action, Bayonetta était une sorcière rapide et devait se concentrer sur l’itinéraire (contrairement à Mana qui était comme qui dirait sur le siège passager) : Mana eut l’impression que cet homme avait non pas un crâne, mais un cerveau exposé à l’air libre. Etrange. Qui plus est, Mana aurait juré entendre le prénom de cet homme dans une espèce de murmure mourant : Jinzo…

Image

Re: Urbex hanté [Mana Yami]

Posté : 12 oct. 2024 16:42
par Bayonetta
Pour la soutenir, Mana utilisa sa magie temporelle pour détériorer les véhicules, et pour vieillir les soldats nazis. Ceux-ci s’en rendirent compte, et Bayonetta agit ensuite. Elle bondit hors de sa cachette, et fonça vers le premier soldat, qu’elle frappa d’un puissant ,coup de pied retourné. Le coup fit s’envoler le soldat, qui s’écrasa avec violence contre une voiture nazie. Les autres commencèrent à aboyer en allemand, et un soldat la visa avec son MP40. Il fit feu. Bayonetta bondit sur le côté, et esquiva de justesse les balles, ce qui lui permit d’accélérer sa vitesse autour d’elle. Elle fusa vers l’ennemi, et le propulsa à son tour, puis bondit en arrière. Ses pieds attrapèrent un autre soldat par son uniforme, et elle fit un salto en arrière en sautant, et se réceptionna sur le toit d’une voiture, avec le soldat en-dessous. Les vitres de la voiture explosèrent, et le soldat se mit à gémir faiblement, la plupart de ses os réduits en bouillie.

Devant elle, deux soldats firent encore feu. Elle sauta en hauteur, prenant sa forme de panthère, se réceptionna sur le toit de la bouche de métro, puis sauta à la gorge de l’un des soldats. Il hurla de douleur quand elle planta ses crocs dans sa gorge, et fit jaillir le sang. L’autre soldat tira encore, mais Bayonetta, toujours aussi rapide, venait déjà de bondir en l’air. Elle tournoya en l’air, et fouetta l’homme au visage avec sa queue caudale, puis reprit ensuite forme humaine en se réceptionnant au sol. Elle frappa l’homme du plat de la main au torse, et le choc envoya ce dernier valser contre un poteau métallique.

Une balle atteignit alors Bayonetta à l’arrière, et elle gémit. Le tir venait d’un officier nazi qui pointait sur elle son Luger. Bayonetta serra les dents, prête à répliquer… Quand un projecteur rouge l’enveloppa alors brusquement.

« <Vous êtes en état d’arrestation, Fräulein !> »

Une voix monstrueuse émanait du zeppelin situé au-dessus d’elle. Bayonetta fronça les sourcils, et vit des tentacules métalliques noirs émerger du zeppelin, fonçant vers elle, tandis que les alarmes de la ville résonnaient. Bayonetta se retourna vers la bouche de métro, et fila à l’intérieur, évitant ainsi les tentacules. Elle prit sa forme de panthère pour partir rapidement, et tomba sur d’autres gardes en contrebas. Elle bondit sur eux, les renversant les uns après les autres, descendant encore plusieurs volées de marches, jusqu’à rejoindre le quai principal. Bayonetta reprit alors sa forme normale, et réalisa avec joie qu’elles avaient semé les nazis.

Il n’y avait aucun train sur place, mais, à la place, un énorme tentacule métallique, probablement l’un de ceux émanant de la sphère géante installée au-dessus de la Tour Eiffel. Bayonetta n’avait pas senti lors de sa fuite la présence de Jinzo.

« Il faut qu’on emprunte le métro… Sous ma forme panthère, j’y irai plus vite. Tu vas bien ? »

Re: Urbex hanté [Mana Yami]

Posté : 12 oct. 2024 16:43
par Mana Yami
« Comment ? Oui, je… »

Mana était sous le choc de la vision fugace. Elle ne comprenait pas ce qu’elle avait vu. Mais le peu avait suffit à graver sur sa rétine l’image d’un homme au crâne chauve, masqué et aux yeux rouge. Et d’autres images venaient se superposer par-dessus. Le tout devenait incompréhensible alors que, justement, son cerveau cherchait à trouver une réponse.

« J’ai cru voir quelqu’un mais… Mais je ne crois pas qu’il nous pourchassera. Ou nous ralentira dans notre mission. Je… »

Dans son monde de naissance, ce qu’elle croit être son monde de naissance… parfois, elle se demande si tout n’est pas qu’une supercherie. Se découvrir créature dans un manga dessiné par la plume d’un être humain d’un monde qui n’est pas le sien… Mana a vu la saga Matrix avec Daisy. Et ce film a été un choc pour elle. Et voilà qu’elle a ce prénom en tête : Jinzo. Un être qui n’a pas pu exister dans son monde de naissance. Lui semble futuriste alors qu’elle serait antique selon les termes du monde de Daisy. Et pourtant… une sensation familière. Et cette image du manga qui se superpose et…

*C’est trop ! Et c’est surtout pas le bon moment ! *

« Disons que j’ai été victime d’une sorte de vision de prophétie. Oui. On va dire ça… »

Mais sa voix n’est pas convaincante.

« Vas-y. Prends ta forme de panthère. Ne t’inquiète pas pour moi. Nous devons sauver les enfants et arrêter le Docteur Verrières. Il n’y a que ça qui doit compter pour le moment. Moi, je ne compte pas. »

Parler de prophétie alors qu’elle est déguisée sous l’apparence d’une créature nommée « Magicien du Temps ». Toute cette aventure est de plus en plus difficile à avaler. Mana espère déjà en voit la fin. Elle veut retourner dans le petit appartement en ville avec Daisy. Etre habillé d’un pyjama. Se mettre au chaud sous un plaid. Regarder un film et papoter avec son amie. Oui, si cette vision-là doit servir de motivation : alors elle la conservera bien présente dans sa tête.

« Fonce. Rapproche-toi au plus vite du Docteur Verrières. Je libèrerais alors toute ma magie. Il vieillira au point de devenir un vieillard. Toi aussi tu seras pris dans la tourmente magique. Mais même avec quelques années de plus, tu seras toujours aussi belle et puissante. Et… oui, je crois même que ma magie aura un impact sur le rêve lui-même. Il vieillira. Même si je ne suis pas certaine de ce que ça implique. »

Re: Urbex hanté [Mana Yami]

Posté : 12 oct. 2024 16:43
par Bayonetta
Mana était perturbée. Sur le tarmac, Bayonetta reprenait son souffle en examinant les lieux. Ce métro était comme le reste de cette ville : une construction onirique, qui n’obéissait à aucune règle logique. Sur les murs, il y avait bien des plans délavés, mais ils n’étaient pas fiables, changeant constamment. Mana lui expliqua avoir ressenti une présence. Bayonetta regarda donc autour d’elles, étirant ses cercles de perception, mais ne ressentit personne. Pour autant, elle ne croyait pas que Mana avait eu une vision, ce n’était pas son style.

« Nous sommes dans un endroit qui n’existe sur aucune carte, Mana. Un rêve éveillé partagé entre plusieurs personnes. Et un rêve, de base, cela nous éloigne de la pure réalité physique pour le monde des esprits. Dans les rêves, on peut croiser d’autres rêveurs. Honnêtement, vu la singularité de l’endroit où nous sommes, tout est possible, ma chérie, y compris que des personnes que tu connaisses ou non captent par moment ce rêve collectif… Comme des fréquences sauvages sur une radio. »

Dit comme ça, tout ça n’avait pas grand-sens, mais Bayonetta se comprenait. Elles n’étaient pas sur une réalité tangible, mais dans une réalité intangible, un rêve commun. Mais ce n’était pas un simple rêve. Quelque chose disait à Bayonetta que, si elle venait à mourir ici, elle le ressentirait dans le monde physique. Risquait-elle de finir à jamais piégée de cette affreuse machine, un peu comme le docteur Verrières et les enfants ? Mana remit l’église au cœur du village. Il fallait retrouver Verrières, sauver les enfants, et Mana déploierait alors sa bombe temporelle pour le faire vieillir instantanément. Cela vieillirait aussi Bayonetta, qui resta silencieuse. Ce n’était pas la perspective de vieillir qui l’inquiétait, mais la limite de ce plan.

Mana raisonnait en effet comme si le docteur Verrières était une entité physique, soumise aux lois de la physique… Mais elle n’était pas sûre que cela soit le cas. C’était son esprit qui était là, et un esprit n’était pas soumis aux règles du temps de la même façon que le corps. D’un autre côté, un esprit se dégradait en même temps qu’un cerveau, et, si le cerveau de Verrières était un assemblage électronique, alors le sortilège de Mana pouvait aussi marcher. Comme un corps humain, les pièces électroniques pouvaient s’user avec le temps, elles se corrodaient, elles s’éreintaient, elles s’épuisaient…

« Grimpe sur mon dos, Mana, on y va. »

La jeune femme obtempéra, reprenant sa forme de peluche, et Bayonetta se mit à courir sur la ligne de métro, suivant le gros câble, qui menait tout droit vers le cœur de la bête. Et, comme elle pouvait s’y attendre, la ligner de métro ne tarda pas à s’élever de manière anormale, puis à descendre, encore et encore, ressemblant presque à une sorte de train fantôme, avec des couleurs rouges et des reflets monstrueux sur les murs. La priorité était de suivre le tentacule, où qu’il les conduise. Bayonetta était sûre qu’elles allaient en apprendre davantage sur le passé du docteur Verrières. Tandis qu’elles avançaient, le tentacule se mit à onduler autour d’une sorte d’immense abîme. Le métro disparut même, et elles se retrouvèrent à suivre un rail suspendu dans une sorte d’abîme infernal, d’où des flashes jaillissaient, ainsi que le visage gigantesque de Louise Verrières.

« On ne peut rien faire, docteur Verrières.
Je refuse d’y croire !
Cette maladie est incurable…
Fermez-là, bande d’incapables ! Incompétents ! Sales Juifs ! Dégagez de ma vue ! »


Louise Verrières était tombée malade… Cela avait dû être le point de bascule d’Auguste Verrières. L’abîme disparut ensuite, et elles retournèrent dans une station de métro. Bayonetta reprit alors sa forme normale.

« J’ignore où nous en sommes… Mais sois prudente, Mana, nous ne sommes pas au bout de nos surprises ici… »

Re: Urbex hanté [Mana Yami]

Posté : 12 oct. 2024 16:43
par Mana Yami
Jinzo…

« Je crois… je crois que si je survis à ce rêve étrange. Je crois qu’une autre aventure m’attends après. Je n’en suis pas sur… »

C’était son instinct qui parlait. Mais Mana avait la sensation que des événements liés à sa propre personne allait bientôt arriver. Avec un peu de chance, elle comprendrait davantage d’où elle venait. Parce que, parfois, elle doutait que ce qu’elle prenait pour son passé soit son véritable passé. Et si tout était une création ? Des souvenirs implémentés ? Et si elle n’était véritablement qu’un personnage de manga qui avait été appelé à la vie par une sorte d’étrange magie ? Cette façon de considérer la vie la plongeait dans un abime de perplexité comme cet abime qui leur apprenait que la femme du Docteur Verrières était un jour tombée malade.

Elles avaient traversé. Elles n’étaient pas tombées. Pourtant, une phrase lui revenait qu’elle déclara à voix haute :

« Quand on regarde l’abime, l’abime nous regarde en retour. »

Alors Mana tourna la tête pour regarder derrière. Et elle ressentit quelque chose. Les ténèbres donnaient consistance à un cauchemar. A tout moment, Mana allait voir une Dark Mana poser une main noire sur le rebord et ramper sur le sol jusqu’à réaliser qu’elle aurait assez de force pour se relever… puis sourire d’une façon machiavélique… avant de lever son « Dark » Bâton et l’attaquer.

Mais ce fut probablement pire de découvrir qu’il y avait bien une femme qui s’extirpait des ténèbres. Une femme malade. Des yeux flamboyants d’amour. Une âme corrompue qui n’allait pas laisser deux inconnus s’attaquer à son Auguste.

« Je ne m’attendais pas à ça… »

C’était le danger derrière elles. Il y en avait un autre devant elles. Une station de métro parisienne appelait rapidement à l’image des rats. Mais dans un rêve cauchemardesque comme celui-là, les rats devenaient skavens. Et pas seulement des espèces de SDF attaquant avec leurs griffes naturelles ou des bâtons. Ceux-là avaient des masques respiratoires et bonbonnes derrière le dos. Certains avaient des espèces de gros fusils qui semblaient capables de cracher de grosses munitions qui, dans le meilleur des cas, créerait un environnement de fumée. Dans le pire, un poison qu’elles respireraient.

« Et voilà que nous sommes prises en tenaille… Quand on se réveille, on n’a pas l’impression que les cauchemars soient si longs… »

Re: Urbex hanté [Mana Yami]

Posté : 12 oct. 2024 16:43
par Bayonetta
Elles avaient rejoint une nouvelle station, et Mana sentit une présence derrière elles. Bayonetta nota surtout la présence de nouveaux gardiens devant les deux femmes, des Skavens recouverts d’une combinaison de rayonnement avec des bonbonnes attachés dans le dos, un masque à gaz, et un lance-flammes dans leurs mains. Bayonetta les vit s’approcher depuis le fond du quai, là où des escaliers permettaient de grimper.

« Okay, les garçons… »

Bayonetta sortit sa paire de pistolets roses, ses Scarborough Fair, tenant un pistolet dans chaque main. Fait notable, elle disposait aussi d’une autre paire de pistolets roses attachés à ses chevilles, qu’elle matérialisa rapidement, puis leva brusquement son pied gauche. Preuve de sa souplesse, elle étendit sa jambe au maximum, et une balle rugit du canon. La balle frappa la tête d’un Skaven, passant à travers son masque. Le Skaven lance-flammes gémit lentement avant de tomber misérablement au sol.

« Dansons ! »

Les flammes jaillirent vers Bayonetta, qui bondit en arrière. Un élégant salto où elle se réceptionna avec ses mains. Ses mains prirent brièvement une aura violette, générant des glyphes autour d’eux, et elle se catapulta dans les airs, évitant les jets de flammes qui fusèrent là où elle se trouvait. Un déluge de balles fila dans tous les sens, Bayonetta tournoyant sur place, abattant d’autres Skavens. Elle se réceptionna ensuite au sol, et se mit à courir, tandis qu’un autre Skaven actionnait son lance-flammes, la poursuivant en décalant son canon. Les flammes lui léchaient les fesses, et, dans une scène qui aurait pu sortir d’un film Matrix, elle courut vers le mur, et courut sur ce dernier. Là aussi, des glyphes apparaissaient le long de ses pieds. La tête en bas, elle fit encore feu, transperçant le corps du Skaven qui couina de douleur.

Bayonetta se réceptionna à nouveau au sol, où elle fit une roulade. Pendant sa roulade, les Scarborough à ses pieds tirèrent encore, dans deux directions différentes, atteignant d’autres Skavens. Elle se remit ensuite en appui au sol avec ses pieds. Face à elle, un Skaven cracha ses flammes. Bayonetta bondit encore en l’air, sentant les flammes lécher ses seins. Elle grogna en sentant la douleur heurter sa poitrine, entaillant sa combinaison, mais parvint à sauter au-dessus du Skaven. Elle fit une roulade en l’air, et détendit son pied en étant au-dessus du Skaven. Un tir à bout portant qui perça son casque. Quand Bayonetta se rétablit sur le sol, le Skaven qu’elle venait d’abattre s’effondra lourdement.

Elle se releva ensuite, et épousseta ses jambes. Bayonetta sortit ensuite une sucette verte assez petite…

…Puis une sonnerie de gare se fit entendre. Elle se retourna, et vit un train lumineux se rapprocher, entrant en gare. Un train militaire avec une sirène d’alarme. Des soldats armés jaillirent ensuite, et des mitrailleuses lourdes pointèrent depuis les fenêtres du train, des MG42.

Bayonetta se mit alors à courir, tandis que les mitrailleuses rugirent, faisant feu de tout bois. Elle glissa sur le sol pour éviter plusieurs balles, puis se propulsa en l’air, où elle se transforma provisoirement en panthère, afin de rejoindre un escalier, sous les balles qui sifflaient autour d’elle, arrachant des morceaux de céramique. Elle rejoignit l’étage supérieur, filant dans un long couloir qui menait vers la sortie du métro, quand une chanson commença à résonner dans le couloir.

Parlez-moi d'amour,
Redites-moi des choses tendres,
Votre beau discours,
Mon coeur n'est pas las de l'entendre.
Pourvu que toujours
Vous répétiez ces mots suprêmes :
Je vous aime.

Sur les affiches publicitaires, des images se formèrent. Bayonetta reprit sa forme normale en voyant, sur une affiche, un couple jeune en train de danser, avec une légende :
Valse des Verrières, Trocadéro, 1924
La chanson de Lucienne Boyer résonnait dans le couloir, chantée par Louise Verrières : « Parlez-moi d’amour ».

Il est si doux
Mon cher trésor, d'être un peu fou,
La vie est parfois trop amère,
Si l'on ne croit pas aux chimères,
Le chagrin est vite apaisé,
Et se console d'un baiser,
Du cœur on guérit la blessure,
Par un serment qui le rassure.

Sur une autre affiche, le couple marchait, main dans la main. Auguste Verrières était jeune, il avait un beau visage, tout comme Louise, avec sa chevelure blonde courte et bien coiffée. Marilyn Monroe avant l’heure.

Promenade au jardin du Luxembourg après une séance à l’ENS, 1919

Bayonetta resta silencieuse pendant quelques instants.

« Ils se sont connus étudiants… Vu l’apparence de Louise, elle devait descendre d’une noble famille. Auguste a le regard de celui qui réussit, un intellectuel probablement issu des couches populaires… Un prolétaire qui épouse une noble, marquise ou duchesse… Ça aurait pu être le début d’un conte de fées. »

Dans le métro, Mana avait senti la présence de Louise, mais cette présence s’était pour l’heure éloignée quand Bayonetta avait choisi de défier les Skavens.

Re: Urbex hanté [Mana Yami]

Posté : 12 oct. 2024 16:46
par Mana Yami
Assister en première loge aux prouesses physiques et guerrières de Bayonetta était quelque chose, pour utiliser deux pauvres mots. Croire qu’une manieuse de magie était incapable de combattre à mains nus ou en utilisant des armes à feux. Même si Mana était contre la violence, la situation avec les Skavens forçait à reconsidérer certaines choses.

Mais découvrir le passé de Louise et du (détestable) Docteur Verrières était une toute autre expérience qui prenait le pas sur une possible Mana-défonceuse-de-cul-au-CAC.

« Oui, c’est triste. J’ai de la peine pour eux deux. Enfin, surtout pour elle. Non, pour lui aussi. Ca prouve une nouvelle fois que personne ne naît mauvais. On le devient. »

Mana tourna la tête pour essayer de voir si, derrière, la Louise venue des abysses rattrapait son retard. Il paraissait que non. Ce qui amenait à se poser de nouvelles questions…

« Ca aurait pu être un conte de fées comme les enfants en voient maintenant au cinéma. Où l’amour triomphe à la fin. Louise aurait surement été une excellente maman. Ses enfants auraient été magnifiques comme elle. »

Ils découvraient de plus en plus d’images du passé du Docteur Verrières et de sa femme au fur et à mesure qu’ils se rapprochaient de leur « ennemi ». Mana , sous sa forme de peluche à l’effigie du Magicien du Temps, ne pouvait s’empêcher de réfléchir. Elle n’avait d’ailleurs que peu d’autres choix étant la forme actuelle qui l’habillait. Et donc, elle se demandait pourquoi ? Pourquoi tant d’informations sur Louise ? Pourquoi tant de choses qui paraissait sous le signe de l’amour, et donc de bonnes choses ? Puis une idée lui vint.

« Bayonetta, peut-être qu’on devrait récupérer ces affiches. Peut-être que notre présence ici, dans ces souterrains, a une vraie importance. Et si nous étions là pour lui redonner la mémoire ? Pour lui apporter la chaleur ? Les bons souvenirs et les bonnes émotions ? Je me doute que mon discours est niais. Naïf. Stupide, peut-être, vas-tu penser. Mais c’est plus fort que moi. Dès que j’entraperçois de la lumière, je suis obligée d’y croire et de tout faire pour. Alors, là, je me dis qu’on doit récupérer ces affiches pour les montrer au Docteur. Pour lui rappeler ce qu’il a perdu. Pas avec haine. De la nostalgie, peut-être. Mais surtout pour lui rappeler la chance qu’il a eu de croiser une telle âme pour l’accompagner durant un temps de sa vie. Ce n’est pas donné à tout le monde de faire des rencontres aussi marquantes. »

Mana se retourna une nouvelle fois pour voir derrière elles deux. Est-ce que cette chose qui avait remonté des abysses était vraiment Louise ? La tendre et chère du Docteur qui avait enfoui bien profondément cette partie de sa vie pour sombrer dans la folie ? Et si le but de la Magicienne et de la sorcière étaient de « nettoyer » la Dark-Louise pour la rendre à son Docteur ? C’était probablement sottises. Mais ça avait au moins le mérite de regonfler et réchauffer le petit cœur tendre de Mana.

Re: Urbex hanté [Mana Yami]

Posté : 12 oct. 2024 16:46
par Bayonetta
Mana était ébranlée par ce qu’elle voyait.

« Tu as entendu parler des nazis, n’est-ce pas, Mana ? En 1960/1961, les Israéliens ont réussi à retrouver un ancien nazi, Adolf Eichmann. Il a été le responsable administratif de la solution finale mise au point par le régime nazi. On aurait pu croire que c’était un homme charismatique, furieux, quelqu’un qui vous marquait… Mais il n’en était rien. Eichmann n’était qu’un petit fonctionnaire minable, de seconde zone, qui exécutait bassement ce qu’on lui disait sans réfléchir. Hannah Ardent en a vu l’exemple de sa théorie sur la banalité du mal. Ce que ça veut dire, ma jolie, c’est que les choses les plus monstrueuses, les actes les plus ignobles, peuvent être commis par n’importe qui. Je crains fort qu’Auguste Verrières se souvienne encore de Louise… Car je pense que tout ce qu’on voit ici est lié à leur histoire. »

Une histoire d’amour tragique, celle d’une femme tombée malade, et d’un homme qui avait tout fait pour la soigner. Plus elles avançaient, et plus l’ambiance devenait sombre. On y voyait un homme à bout, désespéré, mal rasé, dans des vêtements rapiécés. Puis les tableaux cédèrent place à des photographies en noir et blanc, montrant des barbelés, de grandes tentes dans une cour face à un grand bâtiment avec un toit en pente, des tables d’opération avec des hommes faméliques, rachitiques, qu’on harnachait. Le docteur Verrières portait alors une blouse blanche, et donnait des ordres à ses assistants, qui approchaient des « patients » terrorisés aux yeux écarquillés des seringues mortelles.

Expérimentations du docteur Verrières au camp de concentration de Sachsenhausen, 1942

L’amour et le désespoir de Verrières l’avaient peu à peu amené dans la démence, à commettre des actes irréparables. Sur une autre photographie, on le voyait serrer la main d’un officier impérial japonais, un homme avec une barbichette noire et des lunettes rondes. Bayonetta le reconnut : Shirō Ishii, le « docteur Mengele » du Japon, responsable de la terrible unité 731. La photographie s’accompagnait d’une légende parlante :

Transfert du docteur Verrières au sein de l’Unité 731, 1924

« Verrières a poursuivi ses recherches ici… »

La voix lourde de Bayonetta trahissait son horreur. Dieu seul sait combien de personnes Auguste Verrières avait pu tuer pour sa quête folle.

« Je ne pense pas qu’on puisse le raisonner, Mana… Ce bon docteur a depuis longtemps vendu son âme au Diable. »

Re: Urbex hanté [Mana Yami]

Posté : 12 oct. 2024 16:47
par Mana Yami
Elle détestait entendre ça. C’était la pire épreuve qu’on pouvait lui infliger.

« Je déteste quand les gens commencent à réussir à me persuader qu’une personne est au-delà du point de non-retour… »

Mana était l’incarnation de l’innocence. Elle pourrait devenir la Sainte des Secondes Chances. Mais elle n’était pas si puissante. Et elle n’avait pas la grandiloquence ou la mégalomanie pour atteindre un tel rang de par elle-même. Alors… elle souffrait des photographies en noir et blanc et des paroles de Bayonetta.

« Qu’est-ce que je devrai faire ? Une fois cette mission terminée, est-ce que je devrais trouver un obscur grimoire pour m’ouvrir une porte vers les Enfers ? Pour aller rencontrer le Diable et… quoi, le supprimer ? Je ne suis même pas sûr qu’un tel lieu et une telle entité existe… »

Est-ce que Mana survivrait à un tel endroit de dépravation ? Serait-elle comme une sainte irradiant d’une lumière purificatrice ? Une aura lui servant de bouclier total contre les émissaires des sept péchés capitaux ? Ou, au contraire, sa trop grande pureté de cœur la ferait sombrer dans des abimes de perversions ?... Après tout, Lucifer n’était-il pas un Ange au tout début ?

« Je ne pourrais pas être partout pour aider les gens à ne pas tomber dans les horreurs de la routine. Je ne pourrais pas tous les prévenir que leurs supérieurs leur ordonnent des mauvaises tâches. Parce que, il se pourrait aussi que ses supérieurs aient leur propre supérieurs, et qu’ils reproduisent cette même erreur. Alors quoi ? Ça voudrait dire qu’il y a une personne au sommet ? Le Diable ?

Mais tu sembles dire que les êtres humains sont faibles par nature. Le Diable semble alors une invention idéale. L’ennemi commun. La menace qui permet de s’allier alors que ce genre d’alliance ne se ferait habituellement pas. La banalité du mal… Cette expression est horrible. Elle me donne l’impression que je ne pourrais jamais rien faire pour guérir ces maux. Et si je ne peux rien y faire ? A quoi vivre ? A quoi bon lutter ? »


Même une organisation mondiale comme le SHIELD était engluée dans l’administratif et le culte du secret. Mana n’arrivait toujours pas à comprendre comment un groupe de personnes dont l’objectif était de sauver le monde pouvait se ralentir lui-même avec un système créer par les humains. Système qui semblait soudain intouchable pour des raisons qu’elle ne comprenait pas. Ce que l’humain avait créer ne pouvait pas être modifié/amélioré par l’humain ? Incompréhensible…

Re: Urbex hanté [Mana Yami]

Posté : 12 oct. 2024 16:47
par Bayonetta
Mana s’accrocha encore à l’espoir de pouvoir raisonner celui qui avait déjà commis l’irréparable. Bayonetta était bien plus pragmatique. Elle laissa Mana parler tandis que le duo approchait de la sortie de ce couloir onirique. Un escalier interminable semblait mener à la sortie. Bayonetta se rappela que l’escalier de la station de métro des Abbesses comprenait 176 marches, une station de métro bien profonde où monter ces escaliers pouvait être long et fastidieux*. Visiblement, dans ce Paris fantasmé, ce long escalier en colimaçon avait été repris. La sorcière répondit ensuite aux interrogations ésotériques de la jeune sorcière :

« Le Diable, c’est une expression. Enfin, les démons existent, et on peut conclure des contrats avec eux, je l’ai bien fait. Mais, en ce qui concerne notre hôte, le mal dont il souffre est pire qu’un pacte de Faust qui prévoirait qu’il vende son âme… J’ai affronté des menaces surnaturelles, ma petite chérie, j’ai affronté des créatures angéliques monstrueuses qui souhaitent asservir les humains. Mais rien de ce qu’ils ont fait n’est comparable à ce que l’être humain peut faire. Car, pour le meilleur et pour le pire, l’être humain dispose du libre-arbitre. »

Tout en grimpant, elle poursuivit :

« Le docteur Verrières s’est allié aux nazis. Il a participé à des expériences sinistres, je ne sais combien de gens il a torturés, tués… Tu as dû en entendre parler, non ? Les nazis, l’extermination programmée et systématique d’ethnies qu’ils jugeaient inférieurs. L’Histoire de l’Homme recèle de concepts monstrueux, de dictateurs sanguinaires, mais rien n’a été pire que les nazis. Et ceux-ci étaient intimement convaincus qu’ils agissaient pour un bien supérieur. Au fond de leur âme, ils pensaient faire le bien en commettant les actes les plus inimaginables qu’on puisse imaginer. Je ne sais pas si le docteur Verrières peut être sauvé, mais je sais qu’il ne mérite pas d’être sauvé. »

Les marches continuaient à se succéder.

« Les êtres humains sont faibles par nature, mais c’est notre lot à tous. Vouloir guérir le mal, purifier l’humanité… Tu ne le réalises pas encore, mais les mots que tu tiens, ce sont les mêmes que des gens comme le docteur Verrières peuvent tenir. À quoi bon lutter, tu dis ? Mais personne ne t’a demandé de soigner l’humanité, Mana. Et comment voudrais-tu soigner cela ? L’être humain est doté du plus formidable des sentiments, Mana, le sentiment d’amour. Les animaux aussi aiment, mais l’être humain est la seule espèce qui peut aimer les autres sans rien attendre en retour. Un chat aime sa famille, mais il ne ressent rien pour un autre chat inconnu. Quand un être humain en voit un autre qui souffre, cela le heurte. Mais, vois-tu, tout est une question d’équilibre. La capacité d’aimer, c’est aussi la capacité de souffrir. Tu ne peux rien y faire. Si tu aimes une chose, et si on te prive de cet amour, alors tu souffriras… Et, dans ta souffrance, tu peux te perdre, jusqu’à atteindre le point de non-retour. »

Bayonetta atteignit enfin le bout des marches. Un rai lumineux les accueillit, comme si le soleil brillait… Mais ce n’était qu’un projecteur. Elles avaient rejoint la place du Trocadéro, et, comme on pouvait s’y attendre, il y avait beaucoup de nazis. Devant elles, il y avait cette large place semi-circulaire menant au célèbre Palais du Trocadéro, avec sa place qui donnait vue sur la Tour Eiffel. L’un des endroits les plus célèbres de Paris.

Le projecteur émanait d’un zeppelin, et la voix monstrueuse du docteur Verrières en émana :

« Vous pensiez vraiment que je ne vous avais pas retrouvé ? Je suis le STEM ! Vous vous êtes enfermées là-dedans, dans une boucle infinie ! Jamais vous ne pourrez me vaincre ! Donnez-moi les enfants, et je vous laisserai partir ! »

Tout autour de la place, en compagnie des soldats, des mechas se rapprochaient, les encerclant.

« Je vais avoir besoin de toi et de toutes tes capacités, Mana… »

- -

* : NdA : expérience authentique !

Re: Urbex hanté [Mana Yami]

Posté : 12 oct. 2024 16:47
par Mana Yami
Elle en avait plus que marre. Ce rêve durait trop longtemps. Elle tournait en rond. Il la faisait tourner en rond. Jouant avec son cœur, ses espoirs et son ardent désir de croire que tout le monde était bon. Mais les mots de Bayonetta puis ceux du Docteur Verrières brisèrent une protection en elle.

« Entendu, Bayonetta. Donne-moi un instant. »

Sous sa forme actuelle du Magicien du Temps, elle remua son Bâton Temporel pour invoquer un sortilège. Un petit cercle magique apparut dans le vide et commença à tourner autour de son axe de rotation. Puis c’en fut un deuxième à l’effigie du cadran d’une montre avec ses chiffres et ses aiguilles. Plus Mana incantait et plus les cercles se multipliaient, chacun tournant autour d’un axe unique, complexifiant le sort.

« Voilà, j’ai fini mes préparations. Je n’ai plus qu’à redevenir moi et… »

Le tout petit Magicien du Temps redevint la réelle Magicienne des Ténèbres. Mana était de retour, en chairs et en os. Si du moins ce rêve faisait qu’elle avait vraiment un corps qui pouvait saigner et se fracturer.

« …je n’ai plus qu’à avaler cette bombe temporelle. »

Ce qu’elle fit. Elle avala le sortilège et il y eut comme une implosion provenant de l’intérieur du torse de la petite magicienne. L’onde se propagea jusqu’aux mechas qui ne virent que des relevés étranges dans leurs cadrans mécaniques.

Mana gagna quelques centimètres en hauteur tandis que sa petite poitrine plongea vers le sol. Ses cheveux devinrent plus longs mais surtout d’un blanc pur et immaculé. Des rides tracèrent des expressions dans sa peau. Son regard avait perdu en innocence et gagné en maturité. En somme, Bayonetta faisait maintenant équipe avec une possible version bien plus âgé de Mana. Son potentiel magique n’était plus comparable. Bien plus haut. Tant que ça créait une pression d’être à côté de la Magicienne des Ténèbres.

« Nous avons perdu assez de temps, Bayonetta. »

Elle traça très rapidement une suite de cercles magiques reliés les uns aux autres. Comme si cela formait une phrase. L’instant d’après, c’était une vague qui déferlait tout autour des deux femmes. Les méchas se mirent à s’oxyder à vitesse grand V. Quant aux soldats, ils vieillirent si vite qu’ils semblèrent se transformer instantanément en squelette qui devinrent poussière en rentrant en collision avec le sol.

« Reste près de moi et tu resteras hors d’atteinte de ma magie. Allons-y. »

La vieille Magicienne du Temps traça à nouveau une série de cercles magiques pour former une nouvelle phrase. Phrase qui s’étira dans tous les sens comme si les glyphes et symboles étaient vivants et se propageait comme le réseau racinaire de la nature. Désormais, les deux femmes se trouvaient dans une sphère d’environ cinq mètres de diamètre. Tout ce qui les touchait vieillissait très rapidement. Les balles perdaient leur vélocité et ralentissaient comme des vieillards.

Re: Urbex hanté [Mana Yami]

Posté : 12 oct. 2024 16:47
par Bayonetta
Le docteur Verrières était en train de déployer toutes ses ressources, une armée terrifiante. Elles étaient au moins à un contre cent. Pas de quoi effrayer Bayonetta, mais il ne fallait pas se leurrer sur ce qui allait suivre. Elle se mit en position se combat, pliant ses longues jambes, comme pour amorcer des mouvements, tandis que les rotors des gatlings des méchas commençaient à tournoyer et à vrombir.

« Prépare-toi, ma chérie, c’est parti pour durer… »

Elle sentit alors son corps frissonner de toute part. Mana fit exploser sa magie, et, surprise, Bayonetta la vit vieillir rapidement, des rides creusant son beau visage. Ses longs cheveux blonds devinrent blancs, et elle déploya autour d’elle une puissante bombe temporelle, protégeant Bayonetta d’un vieillissement accéléré. Les rotors qui tournoyaient se mirent alors à grincer furieusement, puis de la rouille commença à recouvrir les armures des méchas. Les soldats commencèrent eux aussi à fortement vieillir, jusqu’à s’effondrer sur le sol, se transformant en tas de squelettes poussiéreux.

Les méchas se mirent également à s’effondrer sur place, et, en quelques instants, la place du Trocadéro se vida de ses menaces. Surprise, Bayonetta clignota des yeux.

« …Ou pas. »

Mana continua à maintenir sa sphère temporelle, ce qui fit que les nouveaux soldats qui s’approchèrent furent également vieillis instantanément. Bayonetta se mit à la suivre, dans la bulle temporelle formée par Mana pour les protéger. Des balles filaient vers elles, mais se heurtaient à sa sphère temporelle, tandis que le duo remontait vers l’esplanade du Trocadéro, protégé par un mur de barbelés et par des tourelles de défense. Une bataille acharnée s’y déroulait, des explosifs se désagrégeaient, et Mana parvint à atteindre le mur de barbelés, le rongeant à son tour. Étonnamment, le sol, lui, semblait se maintenir, signe que la bulle devait être une demie-bulle.

Les deux femmes continuaient à progresser jusqu’à rejoindre l’esplanade du Trocadéro… Quand un puissant éclair déchira le ciel, et frappa la bulle temporelle de Mana.

« Vous pensez pouvoir tricher ainsi ? Ce monde est MIEN ! »

La voix furieuse du docteur Verrières résonnait. Les deux femmes parvinrent à rejoindre l’esplanade du Trocadéro. Une vue normalement magnifique, mais horrifiée par l’espèce d’énorme structure cellulaire qui se dressait au-dessus de la Tour Eiffel. Une espèce de monstrueux cerveau cauchemardesque, avec de nombreux tentacules métalliques qui remontaient le long de la Tour Eiffel.

« Il faudra plus que vos petits tours de magie, sales sorcières ! Vous ne mettrez pas fin à mon travail ! »

Entre elles et la Tour Eiffel, il y avait les Jardins du Trocadéro, et Bayonetta put voir des dizaines et des dizaines de tanks s’y agglutiner. De monstrueux Tigres qui orientèrent leurs canons vers la bulle de Mana, et firent pleuvoir l’Enfer. Il fallait ajouter à ça des hordes d’obusiers autour du Champ de Mars. De ;’autre côté du pont d’Iéna, plusieurs dizaines de camions Katioucha s’étaient déployés le long de la rive, ciblant le Trocadéro. Un emprunt aux troupes soviétiques qui risquait de faire du dégât. Le Katioucha était un lance-roquettes multiple monté sur un camion militaire, projetant une pluie de missiles meurtriers et dévastateurs à bonne distance.

« Bordel, ils sont toute une armée… Ta bulle ne va pas tenir, Mana ! »

Comme toute chose en ce bas monde, la magie n’était pas inépuisable. Und éluge d’artillerie s’abattit autour d’elle, dévastant le magnifique Palais de Chaillot, qui cerclait l’esplanade du Trocadéro. Un déluge interminable, faisant s’effondrer des gravats sur les deux sorcières. Bayonetta décida d’agir en voyant que Mana commençait à perdre le contrôle, et à s’effriter sur place, tant il y avait d’éléments à vieillir. Elle se transforma en panthère, et emmena Mana avec elle, basculant sous ses jambes, puis bondit sur les débris qui leur tombaient dessus, rejoignant ainsi le toit du palais de Chaillot. C’était un très long palais à l »’architecture unique, formant un vaste arc de cercle qui entourait les jardins du Trocadéro.

Des avions volaient au-dessus d’elle, les mitraillant sans relâche, de terribles Messerschmitt qui forçaient Bayonetta à zigzaguer. Un missile fusa depuis un avion devant elle, et elle bondit alors, rebondissant sur le missile. Elle aussi figea provisoirement le temps, et rebondit sur l’avion, avant de sauter, d’avion en avion.

« J’ai un plan, Mana ! Il y a un zeppelin à proximité ! On va le faire s’écraser sur la base de Verrières ! »

Bayonetta continuait à bondir dans les airs, et, quand elle n’eut plus d’avion sur lequel rebondir, elle reprit forme humaine, et déploya des ailes de papillon, tout en propulsant Mana dans les airs, l’envoyant vers le pont extérieur du zeppelin. Elle-même se réceptionna sur un Messerschmitt, et généra un sceau sur la carlingue de l’avion, avant de déployer son fouet magique, Kulshedra, pour l’enrouler autour de la carlingue de l’avion. Elle le maintint ainsi en position, et orienta l’avion vers le zeppelin, bien décidée à aider Mana…

Re: Urbex hanté [Mana Yami]

Posté : 12 oct. 2024 16:47
par Mana Yami
Elle était essoufflée. Et pour dire la vérité, l’image de plusieurs bras d’un monstre nommé Désespoir se rapprochait d’elle. Commençant à assombrir son horizon. Elle avait déployé une magie très puissante : une magie temporelle. Ça leur avait permis à toutes les deux de triompher de nombres d’obstacles. Mais un terrible éclair avait bien failli faire exploser son sortilège. Le pire avait été d’entendre le Docteur Verrières. Sa démonstration ne lui faisait ni chaud ni froid ? Bluff ou véritable témoignage d’une puissance absolue ? Elle ne savait pas. Et ce monstre nommé Désespoir qui la ceinturait la faisait pencher vers l’option la plus négative.

Agenouillée sur le pont extérieur du zeppelin, Mana avait la tête plantée sur le sol. Elle soufflait. Elle n’arrivait pas à reprendre son souffle. Et elle devait se rappeler le plan de Bayonetta. Mais elle était trop concentrée à ressentir les blessures impossibles de ce corps. Un bras brisé d’une bataille que la « jeune Mana » n’avait pas encore vécu. Des actes sexuels trop violents. Des cicatrices magiques suite à l’emprisonnement et la torture avec une créature moitié magique moitié démoniaque. Son pouvoir temporel, ce rêve qui n’en était pas un : est-ce que tout ce qu’elle ressentait était inventé ? Ou était-ce de funestes présages de ce qui lui arriverait quand elle reprendrait le cours de sa vie ?

*MANA ! *

Elle expira soudainement et dans la même impulsion se releva. Son sens magique lui permet de situer Bayonetta. Elle n’était pas à côté d’elle. Mais elle se rapprochait. En attendant, elle était seule sur le pont de ce zeppelin. Et elle se souvenait du plan : faire écraser l’appareil sur le haut de la Tour Eiffel.

*Comment ? *

Il allait falloir livrer une nouvelle bataille avant de pouvoir s’occuper de comment détourner les commandes de cet appareil volant pour lui donner une nouvelle trajectoire. Tout comme il faudrait convenir d’un plan pour ne pas mourir dans l’explosion qui en résulterait. Mais pour le moment, Mana la Vieille devait se concentrer sur la vague qui s’approchait d’elle.

Ca n’avait pas de sens. Dans l’histoire, il y avait eu un terrible accident avec un zeppelin. Celui du Hindenburg. Un incendie nourri par le gaz contenu dans l’énorme ballon. Alors pourquoi les créatures que Mana la Sage allait devoir affronter ressemblait à des espèces de Bibendum, la mascotte de Micheli, croisé avec l’Epouvantail du Batman. Pour cet aspect sac de paille et terreur dans un « déguisement » tout droit sorti d’expériences nazies…

*Concentre-toi. Comment faire pour les éliminer sans faire exploser le zeppelin ? *

Elle invoqua alors des bulles temporelles. Des sarcophages magiques qui entouraient chaque adversaire. Dans cette zone, elle pouvait accélérer le temps. Faire mourir l’oxygène. Sans oxygène, plus de combustible pour le feu. Sans oxygène, plus rien pour respirer. Si seulement ces choses étaient vivantes…

(Cri de douleur !)

Une nouvelle vieille cicatrice. Mana était une magicienne. Et comme toute magicienne, elle devait signer avec ces doigts. Sauf qu’une vieille douleur s’était réveillée. On lui avait brisé des doigts… Et, en signant, le doigt venait de prendre une inclinaison anormale…

Mana tomba cul par terre et commença à ramper en arrière. Elle était seule. Et un monstre de gaz était dangereusement proche d’elle. Si les années d’expérience avaient forgé son sang-froid, ça n’empêchait pas de craquer de temps à autre… Comme son doigt…

Re: Urbex hanté [Mana Yami]

Posté : 12 oct. 2024 16:48
par Bayonetta
Bayonetta faisait un rodéo aérien sur cet avion. Sa magie permettait de retenir l’avion, et elle se déplaçait autour du zeppelin, affrontant les autres avions qui la mitraillaient, se focalisant sur elle. Elle cherchait à rejoindre le pont du zeppelin. Rien ne semblait arrêter Auguste Verrières, mais Bayonetta n’était pas impressionnée plus que ça. La sorcière se concentra alors, et traça avec son pied un glyphe sur la carlingue de l’avion, puis commença à remuer. Sa combinaison se réduisit encore drastiquement, jusqu’à ce qu’elle soit pratiquement nue. Utilisant la langue des sorcières, la langue d’Enoch, Bayonetta parla alors fortement, invoquant un démon :

« APACHANA/APACHANA NAPTA !! »

Ses cheveux s’étirèrent alors, et se projetèrent dans toutes les directions. Des Portails se générèrent alors autour d’elle, et des poings démoniaques géants en jaillirent, frappant les avions. Des punchs démoniaques qui fracassaient les avions, les repoussant comme une tapette écrabouillait une mouche. Elle venait d’invoquer Hekatonchair, et, même si ce n’était pas vraiment lui, mais une projection de ses pouvoirs, le résultat final était parfait ! Sous elle, son avion de fortune se désintégrait. Elle bondit alors dans les airs, et sauta de carcasse d’avion en carcasse, tournoyant dans les airs comme une insaisissable furie pour éviter les missiles et les rafales. La puissante sorcière laissait déployer tout son potentiel, tandis que, sur le pont principal du zeppelin, un monstre gazeux approchait ses tentacules de Mana…

…Quand un poing géant jaillit, et propulsa le monstre gazeux dans le décor tout en faisant dévier le zeppelin. Sous le zeppelin, un autre coup de poing frappa ce dernier, pour le surélever. Bayonetta atterrit alors sur le pont, et glissa sur le sol, avant de tirer dans tous les sens autour d’elle, dans une sorte d’exotique danse dorsale mortelle. Elle écartait tellement les cuisses qu’on aurait pu voir son sexe s’y mouler ! Aucune des balles ne se rapprocha de Mana, et les monstres hurlèrent. Les Bibendum monstrueux étaient fort heureusement faciles à voir. Bayonetta termina sa danse en se retournant, une main en appui sur le sol, puis se propulsa vers Mana, tandis que le zeppelin continuait à défier la gravité. Les poings de Hekatonchair se concentraient sur la partie métallique du zeppelin pour le soulever, et le retourner. Bayonetta attrapa Mana en plein vol, la ceinturant par le bras, et se propulsa dans les airs, virevoltant. La lune refléta brièvement sa silhouette, telle une sorcière sensuelle issue d’un conte baroque, et elle retomba sur le zeppelin, désormais pleinement retourné.

La coque du zeppelin était parfaitement retournée, et se détachait de la partie dirigeable du zeppelin, qui était propulsée vers Verrières.

« Mais qu’est-ce que vous faites ?! Vous défiez une armée entière ! Je vous anéantirai, je vous briserai, je… ! »

La coque se détacha définitivement du zeppelin dans un concert de grincements métalliques, mais, au lieu de retomber… Elle filait droit en avant ! Ou, plutôt, la coque se désagrégeait tout en fonçant droit vers l’énorme cerveau.0

« Regarde-moi ça, Mana ! On fait du surf sur le toit d’une coque qui flotte en l’air ! Quand tu raconteras ça à tes copines, elles n’y croiront pas ! »

Le zeppelin s’abattit sur la Tour Eiffel monstrueuse de Verrières, et déclencha une explosion colossale, qui souffla la majeure partie des véhicules militaires stationnés autour, et projeta une vague de gaz qui souleva la coque du zeppelin, et projeta les deux femmes tout droit dans le STEM géant. Transformée en une sorte de longue planche de surf flottante, retenue par les cheveux tentacules de Bayonetta, le reste de la coque se fracassa à travers une vitre, et Bayonetta tournoya dans les airs au moment du choc. Un élégant salto arrière, et elle se rétablit, tout en tenant Mana dans ses bras.

Une entrée fracassante digne de la redoutable sorcière, qui sourit alors à Mana… Et constata que son doigt était tordu.

« Ma pauvre chérie, tu manques de vigilance… Tu as de la chance, il me reste des sucettes ! »

Bayonetta attrapa alors une sucette verte, et, sans laisser le temps à Mana de dire quoi que ce soit, le fourra dans sa bouche. Elle ressemblait alors plus que jamais à une sorte d’enfant dont sa mère fantasque prendrait soin. Dehors, Hekatonchair avait déposé les armes, laissant la Paris démoniaque de Verrières en flammes, des carcasses d’avions tombant encore ici et là.

« Une sorcière veille toujours sur les siennes, Mana… J’ai passé des siècles à être bannie, ne laisse pas le doute t’envahir. Il est temps de ramener Auguste Verrières à la réalité, mais ne va pas croire que nous en avons terminé. »

Devant elles, il y avait une sorte de pont de contrôle complètement ravagé, avec le reste de la coque qui avait défoncé une énorme porte en se plantant dans le béton. Aucun garde à l’horizon. Bayonetta avait le mince espoir qu’Auguste Verrières avait déployé toutes ses ressources pour les empêcher d’entrer…

Re: Urbex hanté [Mana Yami]

Posté : 12 oct. 2024 16:48
par Mana Yami
C’était étrange de se sentir comme une enfant dans les bras de Bayonetta alors que son corps était celui d’une femme qui avait déjà très bien vécue. Est-ce à dire qu’elle resterait à jamais faible ? Qu’elle aurait toujours besoin que quelqu’un vienne à son secours ? Ça signifiait que même trouver des moyens d’augmenter sa puissance magique et de collecter encore et encore des connaissances ne la mettrait à jamais à l’abri.

*C’est donc moi, le souci. Ma personnalité. Mon caractère. Parce que je suis trop gentille ? Trop naïve ? Ou parce que tout au fond de moi, j’ai besoin d’être cette femme qui se complait à être sauvée ?... Je ne sais pas. Et ce n’est absolument pas le moment de se faire une thérapie en pensées ! *

Mana écoutait donc les dernières paroles de Bayonetta tout en suçotant la friandise magique. Elle sentait son doigt cassé se remettre en place. C’était à la fois douloureux et apaisant. La douleur venait surtout du pouvoir de l’imagination. Sentir l’os revenir à sa place, c’était comme avoir la bouche endormie mais tout de même entendre les outils du dentiste tourner et travailler à l’aveugle.

« Est-ce que tu peux me reposer par terre maintenant ? Merci. »

Elle suça jusqu’au bout la sucette de la sorcière. L’effet se propageait même au-delà de son problème de doigt. Un petit souffle de jeunesse revenait vivifier ce corps de belle magicienne mature. Ses yeux fixaient la porte. Probablement la dernière à franchir avant d’en finir avec cette aventure onirique. Ses doigts se déliaient dans les airs. Mana retrouvait la souplesse et souriait à l’idée de pouvoir lancer ses sortilèges sans heurts.

Les deux femmes reprirent la route. Elles traversèrent le pont de contrôle et passèrent la porte. La dernière, pensa Mana une nouvelle fois. Il y eut un soudain FLASH DE LUMIERE ! Mana se sentit poussée en arrière. Elle allait passer à travers la porte ouverte et s’écraser par terre. Et… Non. Non ? Mana cogna contre un mur plutôt mou. Du liège. Et avant qu’elle ne comprenne cette nouvelle bizarrerie, voilà qu’elle était transpercée à plusieurs endroits et CRIAIT SA DOULEUR.

Docteur Verrières : « Vous êtes deux cafards, vous deux. Et tels les insectes que vous êtes, je vais vous exposer en vitrine. »

D’où le mur derrière elle. D’où le liège. D’où les épingles qui s’étaient plantées dans ses poignets, avant-bras, bras, épaules, reins, jambes, chevilles. Et plusieurs dans ses cheveux pour l’empêcher de bouger la tête. C’était douloureux. Et son sang coulait de plusieurs endroits.

Docteur Verrières : « Ces épingles sont en fer. Car, comme le veut les légendes, les fées sont allergiques à ce matériau et ne peuvent plus utiliser leur magie. J’ai supposé que ça fonctionnerait sur vous aussi. »

Et voilà maintenant que des liens de contentions, (qui semblaient doués de vie) vinrent se serrer autour de ses bras, cuisses, taille et cou. Le Docteur Verrières connaissait très bien ce genre de matériel. De par son statut de docteur. D’expérimentateur (fou). Et de travailleur dans un hôpital psychiatrique.

*Prise au piège comme un vulgaire papillon inoffensif… *


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Re: Urbex hanté [Mana Yami]

Posté : 12 oct. 2024 16:49
par Bayonetta
Tout comme Mana, Bayonetta se retrouva également « punaisée » dans une vitre translucide. Elles avaient rejoint un lieu improbable, une sorte de laboratoire de scientifique fou. C’était un grand laboratoire avec une mezzanine centrale circulaire. Au centre de la mezzanine, un grand appareil concentrique flottait au sommet de câbles noirâtres multiples, et émettait régulièrement des arcs électriques à sa surface. Impossible de se méprendre : c’était le STEM.

Plus sinistre et nazi que jamais, le docteur Auguste Verrières était là, ses yeux disparaissant derrière des lunettes. Il y avait de multiples cuves translucides tout autour du laboratoire, avec des tables d’autopsie. Les mains du docteur Verrières étaient rouges de sang, et, sur un établi, d’horribles instruments chirurgicaux avaient été installés. Un cadavre de femme se trouvait devant, et Bayonetta pouvait également voir un cerveau qui flottait dans un petit bocal liquide, relié par des câbles à un ordinateur bourdonnant.

Des messages épileptiques apparaissaient sur l’écran noir du gros écran cathodique de l’ordinateur, formant des lignes vertes :
Les oiseaux s’égaient au clair de lune.

Où suis-je ?

Noir. Noir. Blanc. Blanc. Autres couleurs. Je ne comprends pas.

Où est mon bébé ?

Pourquoi ai-je envie de me gratter le nez ?
Bayonetta constata alors que leur cage de verre s’étiolait et s’étirait pour former une cuve.

« De précieux cobayes, oui, oui ! Hahaha, je vais enfin y arriver ! Louise, mon amour, tu vas enfin avoir un corps ! »

La sorcière commençait peu à peu à comprendre, avec effroi, ce que le docteur Verrières, dans sa démence, avait fait.

« Vous… C’est le cerveau de votre femme ?
Son cerveau ? Oui… Oui et non ! Vous ignorez tout de là où nous sommes, Fräulein.
Qu’est-ce que vous comptez faire ? Auguste, tout ça n’a aucun sens ! »

Auguste Verrières secoua la tête en ricanant nerveusement.

« Nein ! Nous sommes dans une bulle, Fräulein, une bulle. Quand nous rêvons, les barrières de la réalité s’amincissent, le voile se déchire. Un rêve ne porte pas que sur soi, nous sommes reliés au Plan entre les Plans, à la dimension qui se trouve entre les dimensions. J’ai retrouvé ma femme, j’ai réussi à capturer son esprit dans un cerveau que j’ai disséqué, mais il me manque encore un corps… Un corps, et mon amour me reviendra ! Un corps, et nous vivrons éternellement, en faisant abstraction de toutes les lois physiques de ce monde injuste et cruel ! »

Bayonetta observa encore l’ordinateur, transmettant les pensées de « Louise ».
J’ai peur. Mais je n’ai pas froid.

Où est mon corps ? Où suis-je ?

Des feuilles qui volent le long des arbres.

J’aimerais à nouveau entendre les théories scientifiques farfelues d’Auguste, il m’amuse tellement quand il est aussi exalté !
Bayonetta secoua la tête.

« Vous l’empêchez de retourner au sein du cycle, Verrières ! Libérez l’esprit de votre femme, elle est morte !
Mais pas vous ! De quel droit osez-vous m’interdire cela ? Je vous ai étudié, Bayonetta ! Et vous aussi, Mana ! Mais vous, Bayonetta, vous êtes revenue à la vie ! Alors, ne venez pas me dire que cela est impossible ! »

Il se déplaça lentement.

« Toutes ces femmes, tous ces corps, ont été incapables de supporter l’esprit de ma pauvre Louise. Mais vous, oui, je sens que cela va marcher ! »

Auguste était surexcité, un vrai dément ! Bayonetta était toutefois toujours retenue. Il se rapprocha de Mana.

« Toi, tu as un fort potentiel magique, et tu viens d’une autre dimension. Tu seras la parfaite hôte pour ma Louise adorée ! »

Il était fou. Comment raisonner un tel homme ? La tâche semblait assez impossible !

Re: Urbex hanté [Mana Yami]

Posté : 12 oct. 2024 16:49
par Mana Yami
Epinglée au mur, aucune action ne leur était possible. Mana pouvait une unique chose, comme Bayonetta : à savoir parler avec le Docteur Verrières. Qui plus est, ce dernier se rapprochait dangereusement d’elle pour un dessein des plus noirs…

« C’est d’accord. Je veux bien héberger votre femme dans mon corps. »

Qu’il exulte de joie ou qu’il ne la croie pas du tout, ça n’allait de toute façon pas changer sa prochaine action. A savoir jouer au Docteur Frankenstein sur elle.

« Mais êtes-vous seulement préparés à la revoir ? Avant de nous retrouver ici, le rêve nous a montré votre vie. Et il y a eu une époque où vous étiez amoureux. Où vous étiez heureux. Mais vous avez changé. Autant de corps que d’esprit. Croyez-vous que votre femme soit préparée à ce changement ? Avez-vous seulement conscience de votre changement ? »

Aussi faible qu’un insecte capturé, Mana n’avait plus rien à perdre. Et même à cet instant critique de sa vie, elle ne parvenait pas à répudier totalement cet homme. C’était plus fort qu’elle. Peut-être aussi parce qu’abandonner une fois l’humanité, serait l’abandonner à tout jamais. Comme cette problématique de croiser un SDF dans une rue qui demande une pièce. Si vous la donnez, il faudrait la donner au suivant. Et à tous les autres. Tous les jours. Et… inévitablement, cette générosité mettrait le donateur à la rue. Et serait-il aider ? Triste problématique humaine…

« Mettons que vous vous acceptiez tous les deux. Que les liens de l’amour ait été plus puissant que l’éloignement causé par la mort. Votre femme sera-t-elle prête à revenir dans un corps différent du sien ? Un corps si vieux ? Pourrez-vous aimer votre femme dans le corps d’une autre ? »

Parce qu’il ne fallait pas oublier que la Magicienne des Ténèbres avait usé de sa magie pour vieillir magiquement grâce à sa forme empruntée du Magicien du Temps. Attention, Mana était très belle pour une femme de son âge. Ses rides d’expression et ses cheveux blancs de sage lui donnait une nouvelle beauté. Mais le principal était qu’elle était plus âgé que la femme du Docteur Verrières. Un nouveau choc pour elle. Un autre à ajouter à une pile dont Mana ne voulait pas connaître la hauteur. La profondeur ?...

« Mettons également que mon corps soit accepté par votre femme. Et qu’il supporte votre procédure qui, je suppose, doit être très douloureuse. Docteur Verrières. »

Mana appuya le ton sur les deux derniers mots. Il y avait dans sa voix ce quelque chose qui annonçait le dernier argument. Celui qui flirtait avec le climax. Si ces prochains mots ne touchaient pas le Docteur Verrières, alors Mana pourrait commencer à goûter au désespoir.

« Avez-vous seulement parlé avec votre femme ? Je la vois qui communique via l’ordinateur. Mais je ne vous ai pas encore vu communiquer avec elle. Docteur Verrièrs, avez-vous réellement lu ce qu’elle vous écrit ? Vous qui êtes intelligent. Vous qui avez le rang de Docteur. N’avez-vous pas remarqué à quel point elle souffre ? A quel point elle a perdu pied avec la réalité ? On pourrait croire à de la poésie. Mais j’y vois une âme qui se fragmente et qui tombe en ruines… »

Fin. Mana n’ajouterait rien de plus. Si ces mots ne le touchaient pas, alors elle ne voyait pas quels autres pourraient. Bayonetta étant elle aussi épinglée, il n’y avait de l’espoir pour que deux situations. La première, totalement floue, portait le nom de miracle. La seconde, plus improbable, reposait sur les enfants avec qui Mana avait passé du temps à leur apprendre à jouer. A utiliser les jeux pour avoir un impact sur la réalité du rêve. Autrement, il ne restait rien…

Re: Urbex hanté [Mana Yami]

Posté : 12 oct. 2024 16:49
par Bayonetta
S’accrochant au fol espoir de faire changer le docteur Verrières, Mana lui indiqua qu’elle était d’accord pour être son cobaye, mais essaya de le raisonner. Ce qu’elle disait était bien entendu raisonnable et sensé, mais Auguste Verrières, lui, ne l’était plus. Il contempla l’interface de l’ordinateur quand Mana en parla, et grogna ensuite.

« C’est normal… J’ai réussi à récupérer son esprit, mais elle n’a pas de corps. Elle est… Comme un cerveau animé qui flotterait dans du formol. C’est ce que j’ai essayé de faire, avant de finir ici. Il ne s’agit pas que de moi ou de vous, Fräulein. Mes recherches sont révolutionnaires ! Ma femme est passée de l’autre côté, et je vais la faire revenir ! J’ai découvert le secret !
Mana, ne fais pas ça… Ce n’est pas sa femme !
Silence, infâme dévergondée ! Qu’en savez-vous ?! »

Bayonetta sentit alors un courant électrique jaillir de la cage dans laquelle elle était, et elle se crispa sur place, ses muscles tendus par l’électricité l’empêchant de hurler. Auguste arrêta ensuite, et se déplaça encore, tandis que d’énormes pinces déplaçaient la cage de Mana, et la mettaient sur une table d’opération.

« En 1907, le médecin américain MacDougall a mené des expériences sur plusieurs cobayes qui venaient de décéder. Il a pesé six humains moribonds puis décédés, et a constaté à chaque fois que le corps diminuait de 21 grammes. 21 grammes… C’est le poids de l’âme. Mais où va cette âme, Fräulein ? Elle rejoint un grand cycle, où l’âme est purgée, puis retourne à la vie.
Vous ne pouvez pas briser ce cycle, Verrières. Ce qui vous parle n’est qu’un fragment, une chimère !
Tout a toujours été là, sous nos yeux ! L’esprit de ma femme ne m’a jamais quitté, et je l’ai retrouvé ici ! Mes expériences dans les camps allemands sur l’âme humaine m’ont amené ici, Fräulein, à faire partie d’une unité de recherches conjointes entre les nazis et les Japonais. Nous avons découvert que la réalité est multiple, et nous avons mené des expériences sur les rêves. Les rêves sont une passerelle. J’ai compris que c’était dans le monde des rêves que je pouvais retrouver l’esprit de ma femme. Car une âme ne se réincarne pas en un claquement de doigts. Le processus est long. »

Mana sentit des sangles la retenir. Le docteur Verrières lui posa ensuite un curieux appareil sur la tête, ressemblant à ces appareils de films sur des scientifiques fous, une sorte de gros appareil cylindrique avec des électrodes qu’il posa sur la tête de Mana, puis relia à l’ordinateur avec un gros câble.

« Vous n’aurez pas mal, Fräulein. Vous n’êtes pas vraiment là, vous savez. Votre cerveau a créé une reproduction parfaite de vous, mais vous rêvez. Alors, pour réussir, je dois vous détruire, afin que l’esprit de ma femme revienne. Votre sacrifice est un grand espoir pour la science. »

Auguste commença alors. L’appareil sur la tête de Mana se mit à crachoter, et le corps de Mana se crispa sur la table. Les lumières clignotèrent, tandis que Auguste Verrières, exalté, se mettait à rire comme un dément. L’écran retransmettant les pensées de Louise Verrières se mit à clignoter à son tour, puis laissa ensuite s’exprimer d’autres mots, qui n’avaient plus rien à voir avec les pensées vagabondes de Louise Verrières :
Ya na kadishtu nilgh'ri stell'bsna Nyogtha,

K'yarnak phlegethor l'ebumna syha'h n'ghft,

Ya hai kadishtu ep r'luh-eeh Nyogtha eeh,

S'uhn-ngh athg li'hee orr'e syha'h.
Les iris de Mana virèrent au noir, sa salive commença à couler de ses lèvres. Une machine explosa, et des alarmes anti-incendie se déclenchèrent.

« Oui, nous sommes proches, nous sommes si proches !! Viens à moi, mon aimée, viens à moi !! »

La double porte d’entrée du laboratoire explosa alors, et Bayonetta vit un torrent de feu jaillir.

« Ça suffit ! Monstre !!
Toi ?! Arrête !! »

Ming venait d’arriver ! Le plus turbulent des enfants maudits envoya une épaisse langue de feu sur Verrières, qui s’enflamma sur place en hurlant de douleur. Bayonetta sentit alors la cage de verre qui la retenait se fissurer, et elle se dépêcha de libérer Mana. La Magicienne des Ténèbres se mit alors à vomir, et recracha une espèce d’horrible fœtus.

« Nooon !! »

Les flammes entourant Verrières se dissipèrent, et il tendit sa main vers Bayonetta, envoyant une onde de choc qui propulsa cette dernière avec violence contre un pilier. Ming cracha à nouveau des flammes, mais Auguste l’enferma dans une sphère où les flammes rebondirent.

« Ceci est mon domaine ! Vous ne m’empêcherez pas de ramener ma femme ! »

Il saisit Mana à la gorge, et allait la remettre sur la table quand de la vapeur s’échappa du fœtus que Mana avait vomi sur le sol

« Auguste… Mon amour… »

Surpris, Auguste relâcha Mana, et se retourna.

« L-Louise… ? Ce… C’est t-toi ?
Oh, Auguste… Ta femme baise des cadavres depuis des années. Elle pourrit dans le sol où tu la rejoindras bientôt, HAHAHAHAHA !! »

La vapeur s’échappant du fœtus s’enfonça alors dans le corps d’Auguste, rentrant par sa bouche, mais aussi par ses narines et par ses yeux, crevant ces derniers. Un hurlement déchirant s’échappa du corps d’Auguste, qui se mit à reculer, et tomba au sol, avant que son corps ne soit secoué de spasmes nerveux. Il était en train de se transformer, de prendre une forme monstrueuse, tentaculaire et sinistre… Une forme eldrichtienne !

Re: Urbex hanté [Mana Yami]

Posté : 12 oct. 2024 16:49
par Mana Yami
Quelle sinistre expérience que de donner la vie de cette façon… C’était la première fois pour Mana. Elle n’avait jamais été enceinte. Et voilà qu’elle avait recraché un fœtus dans une réalité surtout onirique. Il y avait de quoi laisser des séquelles pour plus tard.

Ebranlée, Mana trottina vers Bayonetta pour l’aider à se relever. Les deux femmes étaient libres de leur mouvement. Mais à quel prix ? Le Docteur Verrières était maintenant posséder par une chose… qui était sortie de Mana. Elle en arrivait même à se demander si c’était une noirceur cachée en elle qui avait donné naissance à cette… chose.

« Ça va aller ? »

A peine eut-elle reçue confirmation de la sorcière que Mana trottinait pour rejoindre Ming et lui poser exactement la même question. Nulle doute qu’il y aurait de la colère dans son ton. Mais le principal était qu’elle soit présente et que, grâce à ses pouvoirs, elle avait contré les machinations du Docteur désormais possédé.

« Je reviens. »

Mana retourna voir Bayonetta. Il y avait quelque chose dans l’arrière-plan de son esprit. Elle comprit, et elle retrouva un sourire, quand elle fut devant la sorcière.

« Sa femme est là ! »

Elle se retourna comme si ses yeux allaient se poser sur elle. Mais elle n’était pas visible.

« Après avoir passé le pont qui donnait sur les abysses, il y avait sa femme qui nous suivait. Et encore après, quand on a eu un accès sur leur histoire tragique à tous les deux. Elle était toujours plus ou moins avec nous. Je crois… je crois que le Docteur Verrières a tout de même réussi. Je crois qu’il a trouvé moyen de conserver un lien avec elle. Je crois… oui, je crois qu’elle est quelque part avec nous. »

De biens belles paroles tandis que le Docteur Verrières devenait plus monstrueux avec chaque seconde qui passait.

Mana décida de s’allonger sur le sol.

« Louise. Si vous m’entendez, sachez que je vous donne ce corps. Ce n’est pas vraiment le mien. Mais c’est une enveloppe physique dans cette réalité. Prenez-en possession et parlez une dernière fois avec votre amoureux. Parlez-lui sans craindre ce monstre qui le possède. Bayonetta et Ming sauront comment repousser ces viles attaques. Prenez possession de mon corps. Parlez-lui avec votre cœur. Et trouvez un moyen de faire la paix. Il est temps pour vous deux de partir pour le monde d’après. »

Complètement certaine de sa démarche, Mana ferma les yeux alors qu’un cauchemar vivant conquérait cette réalité à seulement quelques petits mètres d’elle…