The Multiversity

« …Le secret bien gardé de l’héritage des Forge… Une tradition familiale autant qu’une malédiction, une Forge a pour habitude devoir abandonner son enfant, et lui permettre ainsi de s’élever lui-même. Cette tradition familiale spécifique aux Forge serait, selon les spécialistes, à l’origine de la fortune inégalée des Forge. Bien de grandes familles aristocratiques deviennent décadentes du fait d’enfants qui naissent avec une cuillère en argent dans la bouche. On se souvient des regrets et même des larmes de Miranda Forge quand elle avait été interrogée, il y a plusieurs années, sur le sort de sa fille. Ce secret jalousement gardé n’a jamais été révélé à quiconque, Madame Forge ayant tout simplement affirmé que son héritière légitime retrouverait naturellement sa trace. »

C’est à bord du TransContinental Express allant de Night City à Uatis City que Lucy avait appris la nouvelle. Elle en était restée sur le choc. Depuis des années, la légende l’héritière de Miranda Forge suscitait de folles rumeurs, quantité de femmes prétendent être des héritières cachées, à grand renforts d’analyses ADN fallacieuses, multipliant les procès dans le seul espoir de gagner de l’argent. Lucy elle-même s’était intéressée à ce secret, sans se douter qu’elle avait en fait percé celui-ci en donnant à Kara, son amante, les éléments d’identification dont celle-ci avait besoin. Car l’héritière perdue de Miranda Forge avait été retrouvée. Les deux femmes avaient tenu une conférence de presse, et l’avaient bouclé par un long baiser à l’initiative de Miranda, qui avait pressé d’une main les cheveux de sa fille, et palpé ses fesses de l’autre. On savait Miranda provocante, volontiers exhibitionniste, du genre à coucher avec une femme dans la rue puis à se faire embarquer au poste pour pouvoir se taper les policières présentes sur place, elle n’allait pas se refroidir pour si peu. Lucy en avait été confuse, et elle ne s’attendait pas à ce que Kara lui réponde.

Le fait est que Lucy avait quitté précipitamment Night City, suite à une opération qui avait tourné au fiasco. Sa tentative de voler le Sandevistan en soutenant le gang de Maine avait tourné au désastre, et aurait pu faire la Une des journaux télévisés nationaux, s’il n’y avait eu l’annonce surprise des Forge. On attribuait cette attaque à Son of Men, une milice promasculine financée par les Auriens, un groupe terroriste qui aurait endoctriné Maine et ses hommes pour attaquer ce convoi militaire. Lucy avait été repérée, et avait dû s’enfuir précipitamment, à tel point qu’elle n’avait plus une seule affaire. Elle avait tout juste eu le temps de se rendre à un distributeur, de débloquer une partie de son argent, avant que tous ses comptes ne soient gelés. Arasaka la traquait, et Lucy savait qu’elle n’avait désormais plus aucune chance de s’en sortir seule. Son seul espoir restait donc la femme qu’elle avait éconduit en ne se rendant pas à une soirée au restaurant, décommandant à la dernière minute pour participer au vol du Sandevistan. Cela aurait dû être le grand coup de Maine, et ça avait été un désastre total. Traquée, Lucy avait réussi à rejoindre le TransContinental avant que la gare ne soit bloquée. Elle s’attendait à chaque instant à ce que le train soit bloqué en route, mais cette hypothèse était peu probable. Train au long cour reliant Night City à la capitale, le TransContinental comprenait une partie civile et une partie militaire, de sorte qu’il était rare de le stopper, et sûrement pas pour une netrunner en fuite.

Lucy craignait de devoir vivre dans l’un des mégabuildings, comme elle l’avait fait en rejoignant Night City au début. Elle partait sans rien, si ce n’est ses compétences. Kara n’avait aucune raison de lui répondre, et c’était surtout ça qui blessait Lucy. Elle lui avait présenté ses excuses par SMS, en lui disant qu’elle rejoignait Uatis City, et en lui donnant ses identifiants de navigation. Mais elle savait que Kara avait sa fierté, et, maintenant qu’elle avait appris qu’elle était une Forge, elle avait sûrement plus intéressant à traiter qu’une netrunner fauchée… Le train rejoignit finalement la gare. Lucy se releva, et, craignant des contrôles, fila à l’arrière. Elle attendit que le train parte à l’arrêt, et emprunta une allée de service, filant dans un accès discret, se disant que personne ne se douterait qu’elle passe par là…

…Du moins, presque personne !

Kara aurait effectivement eu bien mieux à faire en ce moment que de s'occuper d'une netrunner fauchée, et recherchée par Arasaka, mais il se trouvait que Lucy n'était pas n'importe quelle netrunner aux yeux de la jeune femme. Une relation pouvant ne serais-ce que s'approcher d'un début de confiance était très rare à atteindre plus haut vous montez dans l'échelle sociale, et Kara se trouvait maintenant à des sommets que bien peu de personnes pouvaient espérer un jour grimper. L'héritière de Miranda Forge, qui prendrais son relai à sa mort en tant que PDG de Geoweapon Corp, l'une des mégacorporations les plus puissantes, riches et influentes d'Uatis. Honnêtement elle avait encore un peu de mal à complètement s'y faire, tant tout ça avait été rapide. La découverte de l'information, puis la confrontation avec Miranda...jamais elle n'aurait cru un jour élever la voix face à l'une des femmes les plus influentes du monde car elle était en colère contre elle, et triste. Les flux d'informations concernant son passé, sa vie, et sa réalité, étaient énormes et lourds de sens, mais au final elle s'y était pliée et avait acceptée de prendre ce rôle...ne serais-ce que pour avoir la possibilité d'établir elle même quelques changements qu'elle estimerait nécessaires dans le futur.
Mais avant de penser à l'avenir, Kara se devait encore de régler le moment présent. Elle avait eu besoin d'une aide extérieure pour accéder aux fichiers cryptés contenant toutes les informations la concernant, et c'était Lucy qui avait réussie à lui en donner l'accès...avant de disparaître des radars sans explication, puis de réapparaître tout aussi subitement. Kara savait pourquoi, même sans disposer des services de renseignement de Geoweapon, le carnage qui avait eu lieu à Night City concernant un braquage qui avait mal tourné avait circulé. La nouvelle de Kara devenant officiellement une Forge avait eclipsée ce "fait-divers", mais elle faisait aisément le lien entre cet évènement et le comportement de Lucy, qui avait tout désormais d'une fugitive. Sans aucun doute permis, elle était traquée par Arasaka, et ces derniers lui mettraient la main dessus tout aussi douée que soit Lucy...à moins qu'une autre mégacorporation avec suffisamment de moyens et d'influence ne lui mette la main dessus avant.

Par le biais de l'un de ses implants oculaires, Kara pouvait voir en direct l'arrivée de Lucy, ainsi que sa prise de direction qu'elle avait anticipée en la connaissant un peu. Elle avait choisie de ne pas partir par la sortie normale, mais de prendre une voie un peu plus détournée tout en étant assez proche. Pareille géolocalisation avait été rendue aisée par le fait que Lucy elle même avait envoyée ses identifiants de navigation à Kara, ce qui lui donnerait une nette avance sur Arasaka, et ce qui serait aussi la raison pour laquelle, en empruntant cette allée, Lucy finirait par distinguer Kara. Cette dernière portait une tenue élégante, et était adossée à l'un des murs de l'allée tout en fumant une cigarette. Un peu plus au loin, elle pourrait distinguer, garée, la silouhette d'une Caliburn ainsi que celle de quelques soldats de GWC qui l'entouraient pour sécuriser la zone. Kara tourna la tête en direction de Lucy quand cette dernière apparu, et se décolla du mur.

Salut Lucy. Contente de voir qu'Arasaka ne t'a pas encore mis la main dessus, mais ça ne saurait tarder. Viens, grimpe.

Kara n'avait nullement l'intention de rester ainsi trop à découvert, elle tourna les talons, et monta dans la voiture côté conductrice, tout en pressant Lucy de faire de même à ses côtés. Une fois les deux jeunes femmes en place, les portières se refermeraient et la voiture se mettrait d'elle même en route à une allure assez vive. Mais une fois à l'intérieur de la voiture, Kara commença à se détendre déjà un peu plus, et tendit d'ailleurs sa cigarette à Lucy.

Tiens, tire dessus, quelque chose me dit que tu en as besoin. Je pense que tu es relativement en sécurité pour le moment. Cette caisse est un véritable char d'assaut déguisé en voiture de luxe, et Arasaka n'osera probablement pas tenter quelque chose au risque que je sois un dommage collatéral.

Il y avait de plus une multitude de drones volants et armés qui patrouillaient en permanence dans les environs de la Caliburn, alors elle devaient normalement être en sécurité ici. Kara laissa l'occasion à Lucy de tirer quelques taffes sur la cigarette, avant de reprendre la parole.

Maintenant, tu va me raconter ce qui s'est passé, et pourquoi Arasaka semble si déterminé à te capturer.

Ce n'était pour l'instant pas exactement des retrouvailles très chaleureuses, mais Kara saisissait bien le fait que Lucy était dans une situation délicate, et le pourquoi lui échappait en partie.

Lucy ne s’attendait pas à un tel comité d’accueil. Très douée dans son domaine, elle s’était calibrée sur les communications d’Arasaka, et savait donc qu’ils ne surveillaient pas cet accès, réservé au personnel. Elle av ait piraté une carte d’accès pour passer, et s’avançait nerveusement, s’attendant à ce que les troupes d’Arasaka se rapprochent. Elle fut donc assez surprise de voir…

*Kara ?!*

Au volant de sa Caliburn, elle se tenait à l’extérieur, dans une superbe robe noire moulante. Lucy cligna des yeux, surprise, avant que Kara ne croise son regard, et ne l’incite à venir. Elle vit au-dessus de la voiture un drone de sécurité de la GeoArmy, et plusieurs commandos faisant office d’escorte. Maintenant que Kara était une Forge, sa mère devait veiller sur elle. L’assaut sur le Sandevistan avait relancé les craintes d’attaques terroristes de la part de SoM, et une femme comme Kara Forge était devenue une cible de choix. Lucy se déplaça lentement, sentant son cœur tambouriner curieusement dans sa poitrine. C’était bien elle, et, quand Lucy fut à portée, Kara la salua rapidement, et lui fit signe de grimper, parlant avec ce ton autoritaire et décidé qu’elle avait toujours eu.

« Euh… Bonjour, Kara… »

Visiblement, son amie était au courant des ennuis de Lucy avec la mégacorporation, alors elle grimpa à l’intérieur de sa voiture.

« Tu as une nouvelle voiture, à ce que je vois… »

La Rayfield Caliburn était une voiture de luxe qui valait une petite fortune, même pour un salaire d’avocate.  Pilotage automatique, écran holographique, la voiture était dotée d’une quantité infinie d’options, et customisable à souhait… Fauteuils chauffants, vibrants, pouvant se coucher à l’arrière, la voiture était aussi équipée du système de pilotage automatique dernier cri. Les logiciels de pilotage informatique disposaient de cinq niveaux d’automatisme, le Niveau 1 étant le niveau le plus basique, le Niveau 5 étant celui où la voiture pouvait fonctionner sans pilote. Autant dire qu’une Rayfield Caliburn disposait de ce dernier niveau.

Dans un agréable ronronnement, la voiture démarra, et Lucy sentit à peine l’accélérateur du moteur. Kara lui tendit alors sa cigarette longue, et Lucy l’attrapa, puis fuma. Nul besoin d’ouvrir la fenêtre, la voiture disposait d’un système de ventilation très puissant. Nerveuse, Lucy se frottait les cuisses, observant encore Kara… Magnifique. Elle aurait pu envoyer n’importe qui la chercher, mais elle était venue elle-même, au risque de se confronter aux agents d’Arasaka ou aux forces de l’ordre. Pourquoi prendre tant de risques quand on savait désormais qu’on était une Forge ? Lucy essayait de comprendre, tout en étant toujours assez nerveuse… Puis Kara demanda à la netrunner de lui expliquer ce qui se passait. Lucy réfléchit un peu, puis consentit à lui donner quelques explications, consciente que, de toute façon, Kara devait déjà savoir beaucoup de choses.

« Et bien… Comme tu le sais, je faisais partie d’un gang… Celui de Maine, un… Un mercenaire. Enfin, j’accomplissais des missions pour eux. Maine souhaitait s’emparer de ce prototype militaire développé par Arasaka, le Sandevistan… Les choses ont dégénéré. Je ne sais pas trop ce qui s’est passé, car j’ai été déconnectée du réseau, et les agents d’Arasaka étaient dans notre repaire. J’ai failli mourir. Ensuite, j’ai appris aux informations que le convoi militaire d’Arasaka avait été détruit, et que des terroristes étaient recherchés. On m’a classé dans le tas, mais… Je crois surtoiut que Maine a dû péter les plombs. Il… Il y avait trop d’implants en lui, son cerveau n’arrivait plus à suivre. Il était au bord de la cyberpsychose, et… Je crains le pire pour lui. »

Lucy se pinça nerveusement les lèvres. Pas de levier de vitesse pour les séparer.

« J’ai été éduquée par Arasaka, comme tu le sais… Il y avait bien sûr le gang de Maine, mais ils en avaient aussi après moi. Ils veulent me récupérer… Alors, j’ai quitté Night City, et… Toute seule, je pourrais leur échapper, mais pas indéfiniment. C’est… Enfin, c’est pour ça que j’ai besoin de toi, et… »

La netrunner, peu habituée à exprimer ses pensées, rougit doucement. Elle regarda le sol de la voiture, avant de poursuivre :

« Je… Je voulais te présenter mes excuses… Pour t’avoir plaqué comme ça. C’était Maine… Il voulait impérativement que je vienne pour son casse, et, comme il était instable… Je pouvais l’apaiser, tu comprends ? Alors, j’y ai été, et les évènements se sont précipités… Puis j’ai appris que, finalement, tu étais la fille de Miranda Forge. »

Cette dernière révélation tomba comme un couperet. Lucy sourit alors, et releva sa main, venant caresser doucement la joue de Kara.

« En réalité, je ne suis pas si surprise… J’ai vite senti en toi ton esprit vif, et cette autorité naturelle avec laquelle tu parles aux autres. Mais pourquoi vouloir m’aider ? Ceux qui ont rencardé Maine sur ce coup doivent me prendre pour une traîtresse… J’ai Arasaka au cul et des terroristes… Pourquoi prendre un tel risque, Kara ? Je pensais que quelqu’un viendrait pour me refiler des papiers, de nouvelles identités numériques, et… Au lieu de ça, tu débarques dans ta super voiture de luxe avec ta robe ultra-sex’… Si ouverte que j’arrive même à voir ta culotte… Pourquoi tu prends de tels risques ? »

Lucy aimait chez Kara son sang-froid, et son absence de circonvolutions. Elle lui disait clairement les choses, et, quand elle lui annonça que Maine était mort, Lucy sentit son cœur se serrer. Maine et les autres… Maine devenait de plus en plus instable, sensible à la cyber-psychose en raison des implants trop normaux qu’il avait utilisé. Elle songea brièvement à Rebecca et aux autres, avant de relever la tête. Kate était devenue une Forge, et elle ne chercha pas à le nier. Au lieu de ça, elle lui expliqua que Lucy était une netrunner d’exception, et qu’elle n’avait pas envie qu’elle rejoigne Arasaka, que ce serait gaspiller son potentiel. Lucy l’écouta silencieusement. Kara se montrait très sérieuse, rejetant toute trace d’affection. Cela avait de quoi perturber. Elle proposa finalement de l’embaucher au sein de GeoWeapon Corp., de faire d’elle… Une corpo ! Lucy ne pouvait sérieusement être favorable à une telle solution, mais elle comprenait aussi ce que Kara voulait dire. Elle allait être recherchée par Arasaka et par les autorités uatéennes. Même avec ses talents cybernétiques, il lui serait impossible d’échapper longtemps aux autres. Les netrunners de tout bord allaient également la traquer, ou la considérer comme une pestiférée. Maine avait été jusqu’à attaquer un convoi militaire, à porter atteinte à la puissante armée uatéenne, celle qui contrôlait tout, bien au-delà du Sénat même.

La jeune femme regarda encore Kara.

« Alors, c’est vrai ? Tu es vraiment… Je veux dire… Sa fille ? Une Forge ? »

C’était l’évidence même. Lucy ferma les yeux en regardant à travers la fenêtre les néons de la ville.

« J’ai tout perdu, Kara. Tous mes comptes ont été saisis, et, tout ce que j’ai pu effacer, c’est les recherches que j’ai faites pour toi. J’avais le choix… Sécuriser mes fonds en les cryptant, ou détruire les données te concernant. C’est tout ce que je pouvais faire avant de perdre tous mes accès. J’aurai pu m’offrir de quoi me refaire une autre identité, mais je ne l’ai pas fait… Et, pendant tout le trajet de Night City à ici, je me suis demandée… Pourquoi. Pourquoi avoir protégé ta carrière ? »

Inutile de dire que, si les autorités avaient appris que la netrunner terroriste avait eu comme cliente l’héritière de Miranda Forge, l’image de marque de GWC en aurait pâti. Kara ne pouvait répondre à cette question, mais simplement émettre des hypothèses. Lucy se mordilla les lèvres, et regarda à nouveau la femme.

« J’accepte… Mais je veux pas être une simple salariée quelconque. Je ne suis pas faite pour bosser dans des bureaux, et je ne pense pas que ce soit ce que tu attends de moi. Je veux bien être ta netrunner, Kara. Je bosserai pour toi exclusivement. »

Si cela ne revenait pas à travailler textuellement pour GWC, le résultat serait concrètement le même, vu que Lucy travaillerait pour celle qui était destinée à en devenir la future patronne.

« Je savais que tu voudrais me retrouver… Je m’attendais pas à ce que ce soit autant le merdier, mais je savais, vu notre passif, que tu voudrais me retrouver avant les autres… Et le fait que tu cherches pas à me flinguer signifie que ce que je t’apporte va au-delà des ennuis potentiels que je pourrais te causer. Ceci étant dit, je ne crois pas que tu tiennes à moi uniquement pour mes talents cybernétiques. Des netrunners talentueux, il y en a, et ils n’ont pas tous les emmerdes possibles que  je pourrais te refiler. »

Lucy se pencha vers elle, et attrapa la main parfaitement manucurée de Kara, d’une douceur infinie, puis embrassa doucement ses doigts.

« Tu sais, je crois que la raison pour laquelle j’ai préféré couvrir ton joli petit cul de corporatiste, et la raison pour laquelle tu me fais cette proposition… Ben, je crois que c’est la même raison, Kara. »

Lucy la regarda encore, et caressa à son tour la joue de Kara.

« Parce que je me vois pas bosser avec toi si nos rapports doivent être… Strictement professionnels… Et je suppose qu’il en est pareil pour toi, non ? »

Lucy connaissait Kara, elle la connaissait intimement, et elle savait quand elle était nerveuse. Et cette nervosité, Lucy l’avait senti dès le début. Kara s’était améliorée au niveau du langage non-verbal, de la maîtrise de son corps et de ses expressions corporelles. Comme Miranda Forge quand elle s’exprimait, Kara apprenait maintenant à être une leader charismatique, et à contrôler sa communication à la perfection. Quand Lucy travaillait comme Kara alors qu’elle était encore avocate, elle avait dû mener pour elle des recherches sensibles sur les mégacorporations, sur le Sénat, sur les relations entre GWC et l’armée… Kara avait toujours cherché en parallèle à obtenir des informations sur GeoWeapon Corp., sur l’héritière de Miranda Forge… Comme si, inconsciemment, ou intuitivement, elle avait toujours su qu’elle était destinée à un grand avenir. Lucy et elle avaient écrit le moins de choses possibles, mais certains fichiers devaient malgré tout être envoyés. Il y avait eu des échanges de mails, des appels… Tout était crypté, bien sûr, mais rien qui n’aurait permis d’éviter aux IAs et aux spécialistes de l’armée et d’Arasaka. Lucy avait donc tout détruit, ce qui lui avait pris du temps. Elle avait aussi détruit ses serveurs, se privant également de la possibilité de récupérer son argent.

Elle nota un soulagement perceptible chez Kara, qui sembla alors se détendre. Elle lui confirma que Lucy travaillerait pour elle… Et sa mère. La surprise put se lire dans les yeux de Lucy.

*Pour Miranda Forge ?*

Anticorpo, Lucy n’aimait pas particulièrement les Forge. Cependant, elle avait couché avec Kara, et elle l’avait apprécié, alors même que Kara était de base une corpo’, une avocate quoi avait beaucoup d’argent, une cadre. Lucy n’était toutefois pas sectaire, et, si leurs relations avaient été délicates au début, très rapidement, elles étaient devenues amantes, et Lucy avait accepté de travailler pour elle, et l’avait apprécié… Un intérêt qui n’avait cessé de grandir, au point qu’elle fasse quelque chose d’impensable : sacrifier ses propres intérêts pour ceux d’une autre personne…

Kara lui annonça qu’elles allaient rejoindre le manoir Forge. Un manoir luxueux, situé hors de la ville. Elle configura l’autopilote de la Caliburn, et la voiture se mit à rouler, filant sur l’hypervoie. Il fallait sortir de la ville, et le GPS interne signala une bonne demi-heure avant d’arriver au manoir. Tremblant nerveusement, Lucy vit alors Kara se déplacer, l’enjambant pour s’asseoir à califourchon sur elle. Coincée entre Kara et le fauteuil, Lucy frémit lentement. Elle se pinça les lèvres quand Kara malaxa ses généreux seins, ses seins qu’elle avait mordillés, embrassés, sucés, recouverts de sa semence, tant de fois… Lucy soupira lentement en croisant son regard, et ses yeux clignotèrent doucement. Ses cyber-implants se mirent en place.

La Caliburn disposait d’un pare-brise holographique que Lucy verrouilla. Des lueurs rosâtres s’allumèrent au bas de la voiture, et elle chargea un souvenir mémoriel qu’elle avait enregistré dans ses implants mémoriels. Une image se forma ainsi sur le pare-brise, une séance où Kara l’avait chevauché chez elle.

« Ton corps m’a tellement manqué, Kara… »

Sur la vidéo, on pouvait voir, à travers une caméra de sécurité, le haut de la tête de Kara, son corps nu dansant sur celui de Lucy sur son lit, Kara s’empalant sur sa verge en soupirant.

« C’est la première fois que je te vois jouir… C’est la première image que j’ai quand je pense à toi… Le bonheur infini que j’ai pu lire sur ton visage, derrière ton regard si sérieux de femme d’affaires… »

Lucy lui sourit, et déplaça ses mains, venant malaxer le cul de Kara. Elle pétrit chacune de ses fesses avec ses mains, puis glissa ses mains sous sa tunique noire pour palper directement la peau nue de ses fesses. Elle les pinça chacune, sentant contre ses doigts la fine lanière de son shorty. Elle frémit doucement, et sourit alors à Kara, avant de lui voler brièvement un baiser en se penchant vers elle, prenant appui sur ses fesses.

« J’ai quand même une dernière condition pour être ta netrunner et vivre dans ton grand manoir… J’veux pouvoir continuer à te baiser autant que je veux. »

Rejoindre une mégacorporation, c’était très inattendu de la part d’une zonarde de Night City. Lucy avait toutefois eu le temps de réfléchir à sa vie. Son rêve de rejoindre la Lune lui semblait plus loin que jamais, et elle avait Arasaka aux fesses. Cela datait de bien avant David, Arasaka n’avait jamais cessé de la traquer. C’était pour elle que David s’était sacrifié, et elle ne pouvait pas faire comme si cela n’était rien. Elle ne pouvait plus se permettre de fuir indéfiniment, et elle savait que le pire ennemi d’une mégacorporation restait une autre mégacorporation. GeoWeapon Corp. était l’une des plus puissantes qui soit, à même de rivaliser avec Arasaka, et d’offrir à Lucy tout l’équipement et le savoir-faire dont elle avait besoin pour prendre sa revanche.

Et puis, elle avait confiance en Kara. Si elle avait suivi Kara au lieu de se rapprocher de David, les choses auraient pu être différentes… Sans doute pas assez pour empêcher David de continuer à sombrer dans la cyberpsychose, mais suffisamment pour réaliser qu’elle s’était sans doute trompée en cherchant le réconfort d’hommes forts.

Se frottant contre elle, Kara la bousculait dans ses pensées, et elle ne put que sourire quand elle observa qu’elle avait déjà piraté sa voiture.

« Je ne voudrais pas qu’on t’accuse de favoritisme… Il faut bien que je fasse preuve de mes talents. »

Elle frémit ensuite quand la main de Kara se déplaça contre elle, jouant contre son sexe. Lucy soupira plus fortement, Kara allongée contre elle. Sa main glissait encore contre l’une de ses fesses, et Kara lui expliqua que son contrat impliquerait de faire l’amour avec Miranda Forge, et avec… Les deux. Une idée qui aurait pu déranger, mais qui fit frémir Lucy, dont les muscles se contractèrent.

Sa main remonta pour caresser la joue de Kara, et frotta avec son pouce les lèvres de Kara, lui rendant la pareille. Quand Kara avait fait la même chose, elle avait léché, sucé, et même… Mordillé. Lucy se montrait joueuse, elle aussi, et elle laissa celle-ci se redresser. Kara défit alors son haut, glissant sur les pans de son tailleur vert.

« De tous les mystères de la vie, la manière dont ton tailleur tient est sans doute le plus grand qui soit… » s’amusa Lucy.

Elle observa ensuite les seins de Kara, et se hissa alors. Ses mains glissaient sur les hanches de Kara, remontant pour gratter le dos de celle-ci, et apposa sa bouche sur l’un des seins de Kara, venant le suçoter, et le mordilla même à hauteur du téton, brièvement, juste pour le plaisir d’entendre Kara gémir, et de sentir le téton durcir. Avec son autre main, elle glissa sous la minijupe de Kara, et pressa l’une de ses fesses.

« Tu me proposes de coucher avec la MILF ultime, ma chérie, et tu crois que je vais dire non ? Toi et elle dans le même lit… Je suis curieuse de savoir laquelle est la plus salope, entre la jeune gourgandine, et celle sur qui toutes les Uatéennes fantasment… »

Lucy lécha l’espace entre les seins de Kara, et s’attaqua ensuite au second, puis descendit ensuite son autre main, et vint malaxer avec elle l’autre fesses de Kara, les compressant et les malaxant fortement, les bruits de succion de ses lèvres sur les tétons de Kara venant emplir l’air étroit de la voiture.

« Mais j’ai un peu peur que tu aies perdue de ton endurance, à vivre avec tous ces bourges et ces corpos… Il va falloir que je m’assure que tu sois bien à la hauteur de ta réputation, ma chérie… »

Installée sur le siège confortable de la Caliburn, Lucy était en train de décompresser. Après ces derniers jours de folie où elle avait été poursuivie par Arasaka, et où elle avait assisté à la mort de David, le contraste avec Kara était particulièrement fort. Elle serrait donc ses mains sur ses fesses, et s’absorbait pleinement dans ses retrouvailles avec elle. Toute cette situation semblait complètement irréelle. Elle, la petite netrunner de Night City, traquée par une mégacorporation, était précisément en train de sucer les seins de Kara Forge, l’héritière de GeoWeapon Corp., une autre mégacorporation qui n’avait rien à envier à Arasaka, si ce n’est sa PDG bien plus charismatique et médiatique. Lucy ignorait de fait totalement si ce nouveau départ à Uatis City serait un nouveau chapitre de son existence, ou une courte parenthèse dans sa vie de fugitive, mais elle tenait à en profiter, à oublier Night City… Et, pour cela, il n’y avait rien de mieux que le sexe. Kara savait s’y prendre pour la stimuler, que ce soit par la perfection incroyable de son corps, ou par sa perversion naturelle. Quand elles s’étaient connues à Night City, la jeune avocate qu’était Kara s’était déjà avérée être une femme pleine de passion. Il aurait en réalité fallu de peu pour que Lucy reste à l’époque avec sa cliente. Peut-être qu’au fond, elle avait eu peur d’instaurer une relation durable avec une personne qui était issue de la haute, et que cela ne la conduise entre les griffes d’Arasaka… Tout était différent, maintenant. Lucy avait perdu l’appui du gang de Maine, puis elle avait vu David s’effondrer petit à petit, jusqu’à devenir un cyberpsycho qui avait fait trembler la Tour Arasaka… Mais elle, la mort se refusait à venir l’arracher du monde des vivants. La conclusion en semblait logique : elle se devait de célébrer la vie, de l’honorer. Il n’y avait bien sûr rien de mieux que le sexe pour cela.

Kara lui proposa un défi qui était perdu d’avance pour Lucy, celle de voir laquelle jouirait en premier. Elle frotta son nez contre le sien, et Lucy frémit en retour, tout en se mordillant les lèvres. Elle en oubliait tout à ce moment, y compris qu’elle baisait dans la voiture de la femme qui était probablement la plus riche de tout Uatis, puisqu’elle avait entre ses mains l’empire infini des Forge.

« Tu sais comment m’exciter juste en me parlant, toi… C’est un de tes pouvoirs d’avocate, je suis sûre qu’on t’a appris ça au barreau… »

Lucy ne se faisait effectivement pas trop d’illusions sur le fait qu’elle allait perdre ce défi. Elle l’acceptait toutefois fort volontiers, avec un grand plaisir. Kara se débrouilla ensuite pour retirer à Lucy son shorty blanc, l’écartant, puis se pencha contre elle. Les deux femmes retournèrent s’embrasser, et Lucy écarta les jambes, tandis que son siège s’abaissait encore, jusqu’à les mettre pleinement en situation allongées, l’une sur l’autre. La main de Kara alla jouer avec son sexe, et elle la masturba, tout en l’embrassant. Lucy frémit lentement, se rappelant qu’il y avait bien trop longtemps qu’elle n’avait pas fait l’amour avec une femme. L’incroyable douceur des lèvres de Kara, la sensation agréable de son corps chaud et moelleux qui s’écrasait doucement contre le sien… Des sensations exquises déferlaient dans tout son corps, exaltant les sens de Lucy, qui se tortillait suavement sur place.

« Hmmmm… »

Pour autant, elle ne fut pas totalement passive. Sa main glissa à nouveau sur le délicieux cul de Kara, ce cul qu’elle avait pressé, embrassé, et pénétré bien des fois. Sa main remonta contre la croupe de Kara, et elle enfonça un doigt en elle, puis un deuxième, et commença à remuer sa main, jusqu’à faciliter l’accès à cette petite rondelle.

« N’escompte pas de moi que je sois inactive… Je me souviens à quel point cette partie de ton anatomie est sensible… »

Lucy retira ensuite ses doigts, puis usa de ses performances et de ses implants cybernétiques. Le long de son poignet, elle déploya un tentacule lumineux. Elle utilisait habituellement cet appendice pour se battre, mais il avait aussi d’autres fonctionnalités… Notamment celui de s’enfoncer dans le fondement de Kara. Son tentacule remua ensuite, et se mit à vibrer, tout en gonflant et en rapetissant.

Avec son autre main, Kara libéra son autre tentacule. Elle avait ses deux mains posées sur les fesses de Kara, proches de son bassin, et ce deuxième tentacule se glissa contre la chatte de Kara, et vint se frotter sur son bouton de plaisir, titillant son clitoris en vibrant, avant de s’enfoncer dans sa chatte, glissant sur elle comme un serpent. La texture était souple, luisante, ressemblant à une sorte de latex un peu gluant, mais non moins agréable… Et Lucy, perverse, s’amusait parfois à très légèrement électrifier ses deux tentacules. Rien de dangereux pour Kara, mais de quoi stimuler son corps par des décharges qui la feraient frémir en stimulant ses zones érogènes…