She's so high [Valiobservée !]
Posté : 22 nov. 2024 11:59
Lady Shiny
"Je dois faire quoi, là ? Me présenter ? J'ai vraiment besoin de me présenter ?"
La grande blonde passe une main sur ses yeux, signifiant ainsi avec une absence d'élégance un léger agacement, avant de soupirer longuement. Après avoir plongé sa main dans une poche de l'épais manteau en fourrure au motif léopard, elle sort un paquet de cigarettes et s'en allume une dans un geste adroit.
"Soit. Allons-y."
Dans les grandes lignes
On me connaît - enfin, "on", visiblement pas vous, mais passons - sous le nom de Lady Shiny ; un petit pseudo un peu clinquant pour ce beau milieu de la pègre. Mes proches, en revanche, me surnomment Shin.
Je me définis comme une femme.
Je suis désormais une humaine.
Quant à mon âge, j'ai récemment dit au-revoir à ma vingtaine - mais je reste assez discrète sur mon âge réel.
Officiellement, je suis connue pour les parfums que je commercialise. J'ai longtemps été un nez très fin ; néanmoins, je crois bien que toutes les petites substances que je tape l'ont sérieusement entamé, ce nez. Vous avez dû voir mes affiches publicitaires, je pense - les media les comparent à celles d'Oliviero Toscani pour Benneton (je l'ai d'ailleurs débauché deux-trois fois, celui-là). Peut-être avez-vous aussi entendu parler des fêtes que j'organise - non ? Elles sont particulièrement bruyantes. Il fut un temps où un tabloïd m'avait appelée Messaline - vous savez, cette impératrice qui s'offrait aux hommes la nuit. Cela vous donne une petite idée de l'ambiance de ces party.
Officieusement, je suis connue pour la came. Je la transporte, je la transforme, je la vends et je la consomme. On ne parle pas là d'une gentille petite weed, non ; on préfère la poudre, ici.
Histoire
... Et nous arrivons maintenant à ce pan de ma personnalité et de mon histoire que je n'aime guère partager - mais vous ne me laissez pas le choix, n'est-ce pas ? C'est bien ce qui me semblait.
Je vis sur la Terre depuis quelques années, mais je ne suis pas originaire de ce territoire.
Je suis née dans les Terres Naturelles de Volony ; j'étais, à l'époque, une hybride. De cette crinière blonde, là, que vous voyez sur ma tête, surgissait autrefois deux oreilles assez proches de celles ces renards - mais un genre de renard à poils bleus. J'avais également des griffes à la place des ongles ; ça, c'est un peu resté, oui, approchez-moi d'un peu trop près et vous verrez. Quant à ces jolies petites fesses, elles étaient surmontées d'une queue de renard bleu particulièrement douce.
Ce sont des vieux souvenirs, tout ça.
J'ai pas vécu très longtemps là-bas.
Je n'en avais pas très envie.
C'est très chou, les Terres Naturelles. On y vit en paix, au milieu de la nature, avec des arbres majestueux, des rivières cristallines, des fleurs dont l'odeur vous transporte dans des contrées inespérées (et je ne parle pas seulement des fleurs hallucinogènes, même si, je dois l'avouer, elles ont longtemps eu ma préférence). On y vit en paix, mais on s'y fait vraiment chier - du moins, c'était mon cas.
Quand on était gamines, on nous parlait toujours d'une sorcière qu'il fallait éviter - j'ai oublié son nom. C'était une femme un peu effrayante, qui vivait dans une grotte, au fin fond d'une forêt que je n'avais pas le droit d'approcher du fait de mon jeune âge. Ma mère me racontait toujours des sortes de contes dans lesquelles cette sorcière faisait disparaître des hybrides après les avoir atrocement mutilés. La morale était, de fait, toujours la même : jamais au grand jamais il ne fallait l'approcher. A l'école, en revanche, on se racontait d'autres histoires : on disait que cette femme avait permis à des hybrides de quitter Volony, de les envoyer vers des contrées plus prospères - des endroits magnifiques, que le langage peine à décrire. A chaque fois qu'un hybride disparaissait, on disait "Il/Elle est parti(e) là-bas". Nous, ça nous faisait rêver.
Comme l'a dit un poète, "on n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans" ; croyez-moi, on est même complètement con. C'est à cet âge que je suis entrée dans cette forêt interdite avec une copine - je ne sais pas ce qu'elle est devenue, d'ailleurs - et que je suis allée jusqu'à cette grotte nichée dans le recoin le plus sombre possible.
J'avais pas vraiment peur. Je voulais surtout partir.
J'ai rien contre Volony, spécialement, hein. Mais cet ailleurs, il m'attirait. Je me voyais pas vire dans la forêt toute ma vie, à sniffer des fleurs hallucinogènes et à galoper dans les plaines. Il fallait que je me casse de là, que je trouve ma place. Et puis, comme toute bonne adolescente, j'en avais plein de cul de ma famille : j'étais une gamine perdue au milieu d'une vaste fratrie, dans une famille paysanne. C'était pas mon rêve, ça.
Quand je suis arrivée devant elle, elle m'a dit ce truc qui m'a pété la tête :
- Je sais pourquoi tu es là.
Je l'ai crue - j'avais dix-sept piges, je vous rappelle. Qui est un prix Nobel, à cet âge ? Pas grand-monde - et en tout cas, pas moi, c'est sûr. En plus, il fallait la voir : une femme grande, redoutablement belle, avec une masse de cheveux aussi noirs que la nuit, des yeux qui s'accrochent à ton regard et te glacent le sang, une peau couverte de tatouages mystiques. J'étais hypnotisée.
Quand elle m'a demandé de lui donner la main, je l'ai fait.
Quand elle m'a demandé de lui donner un peu de mon sang, je l'ai fait aussi.
Quand elle m'a dit que le prix à payer serait lourd, je ne l'ai pas cru. Yolo, comme disent les poètes.
J'ai bu le contenu d'une fiole avec un peu d'excitation. A peine l'avais-je fini que j'ai senti mon corps s'embraser. J'ai hurlé. Je pense que mon cri a résonné dans toute la forêt. Si la pote qui m'accompagnait était toujours en vie, je suis sûre que ça l'aurait fait fuir. Je suis tombée au sol, clouée par la douleur ; elle m'a prise dans ses bras pour m'emmener au bout d'une galerie souterraine. Là, elle m'a posée sur le sol, a passé ses mains dans mes cheveux. Lorsqu'elle a retiré ses mains, elle tenait mes oreilles bleues dans ses poings. J'ai senti sa main dans le bas de mon dos, juste après ; elle venait de décrocher sans grande douleur ma queue.
Eh, je vous, jure, ça terrifie. Je me suis juste dit "ok, en fait c'est ma mère qui avait raison". Je me suis sentie si conne.
Ce sentiment n'a pas duré, puisque je me suis évanouie.
Quand j'ai ouvert les yeux, j'étais sur une matière particulièrement rude ; j'ai appris plus tard qu'ici, on appelait ça du béton.
Cet ailleurs, là, cet endroit magnifique, cette contrée plus prospère - en fait, c'était la Terre.
Non mais quelle blague.
J'ai pas mal pleuré, et je vous épargne mes merveilleuses années en foyer pour gamins étrangers. J'ai appris le japonais dans la douleur, et j'ai toujours un reste d'accent que personne ne parvient vraiment à identifier. Pour me la péter, je dis que je suis française, ça a une forme de prestige (et c'est toujours un peu marrant d'entendre des gens écharper le mot "croissant"). Très vite, comme j'avais ce "nez", j'ai trouvé ma place dans le monde de la parfumerie ; et très vite, comme j'avais pas mal de thunes, je me suis lancée dans le traffic de drogues.
Honnêtement, sur cette Terre, y'a pas grand-chose à sauver - sinon la came et les parfums.
Portrait
Physiquement, je me défens, non ?
Je suis une blonde qui aimerait être plus grande qu'elle ne l'est - mais bon. J'ai des yeux clairs, aussi, et une peau un peu beige et un peu rose ; bref, le cliché de la blondasse, quoi.
Concernant mon allure, on la reconnaît à mon goût pour les tenues les plus raffinés et les plus élég-je plaisante. J'adore tout ce qui est grunge, surtout parce que ça trigger toute la belle société. Me pointer en collants résilles, crop top et Doc Martens dégueulasses de boue à un cocktail organisé par la haute société japonaise ? Mais quel plaisir. Je me suis fait percer la lèvre juste pour leur petit air de dégoût quand ils me regardent. Je ne les ai jamais vraiment aimés, ceux-là ; j'ai bien vu comment ils traitaient les gamins de foyer comme moi. Alors je les torture un peu, avec beaucoup de plaisir. Je suis d'ailleurs pas du genre à me tenir droite, à parler avec une voix douce et des gestes délicats ; je suis plutôt vulgaire, et j'adore ça. Chez moi comme à ces petites sauteries, je suis là, un peu voûtée, les pieds sur les tables, une clope au bec. Qu'est-ce qu'ils vont me faire ? J'ai de la thune, et c'est suffisant. Ah, y'en a qui râlent, mais je m'en tape profondément.
Concernant mon tempérament, je dois avouer que pas mal de choses ont changé depuis ma "métamorphose". Avant, certes j'étais pas le couteau le plus aiguisé du tiroir, mais j'arrivais quand même à être émue par pas mal de choses - j'arrivais à m'émerveiller, quoi. Un bel éclat de soleil, une goutte de rosée qui s'évapore, un rire léger ; je pouvais écrire des petits sonnets dans ma tête pour ce genre de délicates petites futilités.
Mais je suis sortie de cette grotte comme anesthésiée - ou alors c'est la Terre qui rend comme ça ? Je sais pas, tiens.
Maintenant, si je veux ressentir un truc un peu intense, un peu fort, un truc qui t'anime quoi, je dois creuser. Je dois creuser longtemps et très fort. Autant vous dire qu'il n'est pas très surprenant que la drogue ait croisé mon chemin.
J'ai pas non plus un caractère facile, je le reconnais. Je râle pas mal, je fais souvent la gueule et je suis blasée d'avance - j'ai peur d'être restée bloquée au stade de l'adolescence, parfois, je vous jure. Mon goût pour la provoc' un peu gratuite en est la preuve. Dans le milieu de la parfumerie, y'a pas grand-monde qui sait me saquer, mais tout le monde est d'une hypocrisie sans pareilles dès que vous avez un peu d'argent. Dans le milieu de la drogue... c'est un peu pareil, en fait. Bon, ça m'a fait une jolie légende : celui d'une belle emmerdeuse, d'une sorte de girlboss bad bitch, vous voyez le genre ?
Quant à mon passé, j'évite d'y penser ; ça me plonge dans des émotions que je n'aime pas.
Et oui, me voilà - from LGJ to your forum.