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Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 22 nov. 2024 17:12
par Vaas Montenegro
Il tira sur sa cigarette en soupirant, puis exhala une fumée blanchâtre et violâtre.

« Putain, c’est de la bonne… »

La voiture avançait à travers les bas-fonds puants de cette ville cancéreuse. À chaque fois qu’il voyait cette forêt étouffante de quadrilatères en béton, Vaas regrettait le plein air de son île, ses forêts sinueuses, profondes, où il pouvait communier avec la nature, renifler le sol sans sentir l’odeur insupportable du goudron et les vibrations des bagnoles. Au fond, Vaas était un naturiste, quelqu’un qui aurait largement préféré rester chez lui que de venir ici… Nécessité faisait loi.

Il était le fournisseur, et le distributeur était un gros porc avare, Akihiro Guramu. Une très grosse pointure qui régnait sur la ville depuis les hauteurs de Muramasa-jo, le château-fort médiéval du Japon. Il dirigeait la plus puissante famille yakuza de Atarashï Yoake, et était en lien avec les Privateers, la milice privée dirigée par Hoyt Volker, et avec laquelle Vaas avait dû s’allier. Les Privateers avaient envahi Rook Island, et Vaas était devenu l’homme de main de Volker. Volker avait exploité le rakyat, une fleur très spéciale de Rook Island, pour en faire une drogue de synthèse extrêmement dépendante, du style à vous faire planer et à voir des éléphants roses quid ansaient dans le ciel, comme des Dumbos géants croisés avec Barbie.

Volker récupérait le rakyat et utilisait une usine sur place pour en faire sa drogue. Vaas se chargeait de faire l’intermédiaire. Cependant, à force de se faire lustrer la porte arrière, il avait fini par en avoir marre. Volker et les Guramu lui refourguaient finalement très peu d’argent, clairement pas assez pour se débarrasser de Volker. Alors, entre deux moments de lucidité, Vaas avait décidé de changer de distributeur.

« On approche, Patron. »

Des coups résonnèrent dans le coffre. Vaas souffla encore. Ils étaient trois. Il y avait lui, à l’arrière, il y avait le chauffeur, Boris Budov, un homme costaud. Vaas le surnommait « Grizzly », car il portait un masque en forme d’ours. Son copilote était un autre des hommes de main de Vaas, Akira Kenshin, surnommé de son côté « Serpent ».

Et puis, il y avait Suzie.

Vaas ouvrit sa fenêtre, et jeta son mégot. Il referma ensuite la fenêtre, et attrapa Suzie, la caressant doucement, et appuya sur son bouton. Un doux jet de rakyat lui vaporisa la figure, et Vaas frémit sur place, fermant les yeux en sentant le jet d’adrénaline en lui. Quel pied ! Il souffla encore, tandis que la voiture s’enfonçait sous un porche, rejoignant une cour intérieure cerclée d’immeubles.

Les coups sur le coffre résonnèrent encore. Vaas laissa à l’intérieur son thermos de rakyat, sa belle Suzie, puis se dirigea vers le coffre. Il l’ouvrit ensuite, dévoilant un homme enfermé à l’intérieur, lié par des cordes, un bâillon autour de la bouche. Vaas le sortit de là, et les liens furent déliés.

« Bande de tarés, pourquoi vous m’avez foutu dans le coffre ?!
- Reste cool, mon ami, on voulait s’assurer que t’étais pas une putain de balance, du genre à nous tendre un piège. »

L’homme les avait contactés en leur parlant d’une femme qui avait entendu parler de l’efficacité de leur drogue… Lady Shiny. Un nom de lampadaire qui faisait rêver. Vaas avait entendu parler de cette nana, une indépendante, une gaijin. Il avait cru à un traquenard, donc Vaas avait pris ses précautions, n’emmenant qu’un échantillon, et mettant le messager dans le coffre.

Le lieu de rendez-vous avait lieu ici, dans ces immeubles délabrés, faisant office de squats ou de lieux de passe. Un lieu sous le contrôle des Petrovski, la mafia russe, les principaux rivaux des Guramu. Des zonards les regardaient, des camés venant chercher leur dose, que ce soit de poudre ou de stupre. Des types plus nerveux les regardaient, les gardes.

Vaas épousseta les vêtements du messager.

« Là, là, reprends-toi, mec… On dirait que tu t’es chié dessus. Attends, ne me dis pas que… »

Vaas se pencha alors, et renifla l’entrejambe de l’homme.

« Mais… Mais arrêtez ça, espèce de taré !
- Nan, ça va, j’ai vraiment cru que tu t’étais pissé dessus. Au fait, tu es quoi par rapport à Shiny ? Son majordome ? On dit qu’elle a le cul d’une Ferrari, tu confirmes ? T’as déjà eu envie de fourrer ta queue dedans ? »

L’homme grimaça. Avec ses lunettes rondes, il ressemblait à un comptable… Bien trop sérieux pour Lady Shiny !

« Vous êtes obscène, vous m’avez foutu dans ce putain de coffre, vous m’avez assommé !
- Arrête de chouiner, tu as signé pour ça quand tu as décidé de gérer les affaires de la dame. Allez, dépêche-toi ! »

L’homme grommela, et se rapprocha du garde à l’entrée, un grand costaud barbu. Celui-ci regarda d’un air dédaigneux l’homme aux lunettes rondes, puis fit signe à Vaas et à ses deux hommes de le suivre, et se dirigea ensuite dans les entrailles de l’immeuble, se dirigeant vers le bureau de Shiny, ou à tout le moins vers son emplacement…

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 26 nov. 2024 18:41
par Lady Shiny
Les deux mains appuyées sur son bureau, son index droit tapotant nerveusement sur le bois vernis dans un « tac tac tac » aussi nerveux qu’agaçant, Shin faisait face à deux de ses associés : Georges, descendant d’une famille aristocratique française, bien installé dans le marché de la cocaïne dans les environs, et Mio, une ancienne trader qui avait récemment abandonné le monde angoissant de la finance pour celui, non moins tendu, de la drogue (on s’arrachait son héroïne dans les beaux quartiers).
Et Georges comme Mio faisaient la gueule – ce qui n’était pas sans tendre Shin.
Depuis peu, ils faisaient affaire ensemble, chacun dans son domaine : Shin excellait dans les stupéfiants particulièrement excitants qu’on se refilait dans les soirées japonaises, si bien que son nom hantait le monde de la nuit ; Georges donnait aux mondains de quoi se repoudrer le nez et aux politiques de quoi tenir la cadence ; la poudre de Mio envoyait voler, très haut dans les airs, quiconque voulait s’offrir une évasion loin d’un quotidien sordide. De temps à autre, comme de bons collaborateurs, ils se retrouvaient pour dresser un bilan, évoquer des rivaux ou de futurs associés.
C’est à cette occasion que Shin avait glissé le nom de Vaas.
Et c’est depuis qu’ils avaient entendu son nom que les deux tiraient cette tronche pas possible.

- C’est une petite frappe – tu le sais, ça ? glissa Mio sur un ton inquiet. Y’a que les tordus qui s’acoquinent avec lui.

Shin répondit par un sourire de défi, dans une légère grimace.

- Je crois bien en être une, t’sais.
- Tu ne te rends pas compte, Shin, renchérit Georges. C’est une personne aussi vile que dangereuse.
- Ma foi, ça me parle, moi, rétorqua l’intéressée dans un nouveau sourire.

Georges souffla lourdement. Mio commença à se mordre l’ongle du pouce.

- Je n’ai absolument aucune – tu m’entends ? aucune – envie que ce type s’approche de nos affaires, tonna Georges.

Shin fronça les sourcils. Elle les aimait bien, ces deux-là – notamment parce qu’ils lui laissaient son indépendance et n’empiétaient pas sur ses plates-bandes. Mais là, ils commençaient vraiment à l’emmerder. Elle souffla comme le ferait une adolescente excédée.

- Si tu veux te jeter dans cette merde, reprit Mio, libre à toi. Mais ne compte pas sur moi.
- Ni sur moi, ajouta Georges.

Dans un sourire faussement poli et plutôt forcé, Shin leur indiqua la porte de sortie, se retenant de toute vulgarité.

- Qu’ils aillent se faire foutre, se murmura-t-elle à elle-même tout en les saluant de la main tandis qu’ils passaient le pas de la porte.

Sans doute n’étaient-ils pas mal intentionnés, se dit-elle en les regardant s’éloigner. Sans doute même voulaient-ils son bien. Mais Shin, le bien, ça la faisait chier. Elle avait le besoin vital de sentir son coeur s’épuiser et ses veines trembler – sensations que Mio et Georges ne lui procuraient guère. Et puis elle n'avait guère d'affection pour les personnes issues de la haute société ; elle les trouvait globalement assez pénibles. En revanche, ceux que Mio appelait avec dégoût les "petites frappes" l'attiraient comme un petit papillon de nuit à une ampoule brûlante.
C’est pourquoi, sans grande surprise, elle avait pris la décision de ne pas tenir compte de leurs avis. Elle crevait d’envie de rencontrer ce Vaas si peu recommandable, par goût du jeu, du défi et du danger – et elle n’avait qu’une hâte : goûter ce rakyat. Dans toute son existence, Shin avait eu l’occasion de faire le tour de pas mal de substances, ce qui finissait par les rendre au mieux familières, au pire chiantes. Là, se présentait à elle l’occasion de se noyer dans une nouvelle ivresse, et l’excitation faisait crépiter des étoiles dans son ventre. Aucune raison ne faisait loi dans une cervelle aussi cramée. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle avait déjà envoyé un de ses comptables – un mec un peu trop frêle, ce qui n’en faisait pas une grosse perte s’il se faisait buter – rencontrer Vaas, et ce avant même que ses associés ne soient au courant.

D’un pas assuré, elle se dirigea vers son salon rouge ; des gardes du corps l’attendaient. Un bref échange lui apprit que ledit comptable – quel était son nom, déjà ? – n’était pas revenu de cette prise de contact qu’il devait initier. « Tant pis » fut sa seule pensée.

Quelques heures plus tard, c’est une Shin sûre d’elle et animée par le feu glacé de la cocaïne qui s’installa dans le bureau où elle devait recevoir Vaas. Évidemment, elle était – affalée sur ce bureau, enfoncée sans aucune élégance dans un immense fauteuil en cuir. La petite blonde n’était pas connue pour avoir beaucoup de tenue. Les pieds sertis de chaussures noires et vernies à talons épais appuyés sur le marbre froid dans lequel ce bureau était taillé, les cheveux vaguement coiffés, les yeux qu’un smokey un peu lourd charbonnait et une bouche luisante d’un gloss rouge offensif, elle attendait sagement, une clope aux lèvres. En terme de tenue, elle était égale à elle-même : des collants en résille pas trop abîmés, une jupe en jean en revanche bien déchirée, un tee-shirt beaucoup trop large qui laissait apparaître ses clavicules et dans lequel une cascade de colliers dorés se perdait, et un immense manteau en fourrure d’un blanc agressif lui donnaient une allure ambiguë. De loin, elle ressemblait plus à une sorte de pauvre groupie d'un obscur groupe grunge camée qu’à une baronne de la drogue. L’armée de gardes du corps qui l’entouraient, en revanche, étaient un bon indice sur son véritable titre.

Shin s'éclaircit la voix dans un "Hm hm", avant d'ouvrir la petite boîte dorée où dormait quelques grammes de cocaïne. Elle ne tarda pas à s'enfiler un rail à l'aide d'une paille dorée. Quand elle sentit la drogue couler dans sa gorge, elle poussa un soupir de plaisir.

- Il est quelle heure ? grogna-t-elle en s’allumant une nouvelle cigarette.
- Ils seront bientôt là, Madame, lui répondit le garde du corps le plus proche.
- Putain, que je déteeeeeeeste attendre, souffla-t-elle, avant de recommencer à jouer avec les bagues qui ornaient ses doigts.

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 26 nov. 2024 22:53
par Vaas Montenegro
C’était un endroit qui puait la pisse, les fuites d’eau, les excréments et les dégueulis de vomis dans les cuvettes des chiottes. Clairement pas le genre d’endroits que les guides touristiques montraient aux touristes. On était ici dans les quartiers délaissés d’Atarashï Yoake. La ville s’appelait « Nouvelle-Aube », mais, même dans cette ville nouvelle, il y avait un côté ancien bien pourri, décrépi. Des logements sociaux qui appartenaient à des Yakuzas, plus préoccupés par l’idée de récolter les loyers que d’entretenir leurs appartements pourris, reconstruits à la và-vite après la guerre. Cet immeuble merdique était de toute évidence insalubre, mais aucun locataire n’aurait l’idée de contester en mairie l’indécence des logements. Vaas avait depuis longtemps compris que les politiques publiques avaient pour vision des choses de regrouper tous les pestiférés en périphérie, là où ils se reproduisaient entre eux, sans commettre trop de soucis. On avait beau s’abriter derrière de grands immeubles en verre et en acier, au fond, la loi de la jungle restait la même pour tous.

Vaas suivait donc le comptable à travers les couloirs. Ici et là, des tags, des portes défoncées donnant sur des appartements miteux où on fumait, buvait, baisait, dans une ambiance sombre. Des relents de musique s’échappaient des fissures, le plancher branlant craquait. Sous le vernis de la modernité, la pourriture s’affichait.

« C’est par là… Évitez de vous perdre. »

Malgré l’ambiance peinturlurée des lieux, Vaas ressentait une certaine nervosité chez ceux qui surveillaient les lieux. Il n’était pas dupe. Entre les Guramu et les Petrovski, l’ambiance n’était pas au beau fixe. Les Guramu n’aimaient pas trop la concurrence, et Vaas avait ce jouissif sentiment d’être la petite boule qui, en tombant, allait agglomérer autour d’elle quantité d’autres boules, jusqu’à former une putain d’avalanche. Tenant Suzie en bandoulière, il sortit de la poche de son pantalon l’une de ses cigarettes spéciales, au rakyat, et s’en grilla une. Dès qu’il inhala ce produit hallucinogène, sa vision se rétrécit, les champs lumineux s’amplifièrent. Ses pupilles se dilatèrent tandis que, dans son cerveau, ses neurotransmetteurs se mirent à danser une faribole endiablée. Il tourtna la tête vers une salle illuminée comme une guirlande de Noël, où un gros tas se faisait pomper par une jeune femme qui brillait comme de la crème chantilly décorée de paillettes.

« C’est si beau, putain… J’suis amoureux… » murmura-t-il.

Ils grimpèrent un escalier. Vaas vit une fissure s’étirer en un serpent noirâtre, et ne prêta pas attention. Ils rejoignirent ensuite un étage plus propre que les autres, avec deux grizzlys gardant une solide porte. Le comptable, qui s’était transformé en petite fouine, se mit à parler.

*[colort=maroon]C’est bizarre, sa bouche remue, mais je n’entends rien…[/color]*

Vaas en déduisit qu’il fallait le suivre. Les gardes refusèrent que ses hommes le suivent. Vaas ne s’en formalisa pas outre mesure, il avait déjà oublié qu’il était venu avec eux. Il remonta un couloir jusqu’à une autre porte.

Le comptable entra dans le bureau de Suzie.

« Voilà l’homme que vous m’avez demandé, Madame… »

Vaas regarda le bureau, reniflant la bonne odeur du cuir… Et de la femme qui était avachie sur le bureau. Il inspira lentement. Elle brillait ! Comme si elle était le croisement béni d’un Ange et d’une fée, magnifique luciole aux jambes fuselées. Il l’observa, et sentit l’adrénaline battre dans ses veines, ce qui réveilla ses sens. Alors que le comptable continuait à parler, Vaas posa sa main sur son épaule, et le poussa brusquement, le renversant. Il retira ensuite Suzie de sa bandoulière, et la posa sur le bureau, dans un choc mat.

« C’est toi que j’étais supposé rencontrer… Shiny… Je sais pas si tu le sais, poupée, mais t’es en train de briller. »

Le comptable le regarda en clignant des yeux à plusieurs reprises. Vaas sortit de son côté une cigarette supplémentaire.

« Suzie t’aime bien, et ça me suffit comme preuve. On m’a dit que tu étais intéressée par les produits que le modeste artisan que je suis dispose. Voilà un échantillon pour toi. »

Sortant son briquet, il alluma la pointe de la cigarette, la fourra entre ses lèvres, tout en se rapprochant de Shiny. Il inspira encore, inhalant le rakyat, puis retira sa cigarette, et exhala un nuage de vapeur rosâtre en ciblant le visage de la poupée en or. Il fit ensuite tournoyer la cigarette entre ses doigts, pour qu’elle tire dessus.

« Tu as envie de suivre le Lapin blanc, jeune Alice ? » proposa-t-il ensuite.

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 27 nov. 2024 18:19
par Lady Shiny
- Enfin.

C’est le mot qu’elle avait soufflé avec le ton agacé d’une sale gosse, quand la porte s’était ouverte sur son invité. Elle gratifia son comptable d’un sourire vaguement hypocrite. Il n’était pas mort, et une partie d’elle s’en réjouissait ; il pouvait être pénible de devoir remplacer son petit personnel. Les gens finissaient par flipper à l’idée de bosser avec une personne qui « perdait » aussi facilement ses collaborateurs, et l’appât du gain n’était pas toujours un argument suffisant.
Le cœur battant et le corps traversé par une frisson brûlant – était-ce le fait de la cocaïne ou de l’impatience ? – elle se redressa dans un geste vif et assuré. Shin voulait jouer la grande dame élégante ; en réalité, la poudre lui donnait des mouvements rapides de nervosité. On la sentait en maîtrise, mais dans son regard crépitait une défonce agitée.

Une large inspiration souleva sa poitrine quand elle vit Vaas. « Enfin ».
Ce dernier méritait sa réputation d’être dangereux car imprévisible – elle le sentait, et ça la galvanisait. Son allure, sa façon de parler, ses mouvements brusques et confiants annonçait une forme de folie, quelque chose comme un rapport insolent à l’existence – et ça lui parlait particulièrement. Sous ses côtes, son palpitant battait frénétiquement, ce qui eut pour effet de lui faire écarquiller les yeux d’émerveillement et de tracer un sourire ravi sur son visage. Elle arrêta d’un geste brutal un garde du corps un peu trop soucieux, qui cherchait à s’interposer pour la protéger.

Shin accueillit ses compliments avec un air mutin volontairement surjoué, prenant son propre visage dans ses mains tandis qu’elle se penchait vers lui – et, je ne vais pas vous mentir, vers Suzie. Ses doigts fins surmontés de faux ongles en amande d’un rouge particulièrement sanglant glissèrent sur elle, avec la lenteur brûlante d’une amante impatiente.*

- Ouais, je brille, mon beau, répondit-elle en le fixant. Attention à tes yeux, je pourrais t’éblouir.

Shin ponctua sa phrase d’un léger rire. Elle eut à peine le temps de porter Suzie à ses lèvres qu’une fumée rose se nimbait autour de son visage. Sans hésiter, la petite blonde y plongea, la respirant avec allégresse.
Elle sentit d’abord une sensation particulièrement apaisante, comme deux mains chaudes posées sur son ventre, remontant le long de ses côtes avant de plonger dans sa poitrine. Puis tout étincela. Les murs brillaient, comme s’ils étaient couverts de petites gemmes, et ses propres mains semblaient comme caressées par les étoiles. Le ciel, qu’on devinait à travers une fenêtre pas trop couverte de crasse, remuait comme un océan dans lequel se trempe un coucher de soleil.

- Putain, c’est…

Elle ne put que sourire, et puis rire ; les mots étaient impuissants à décrire l’état doucereux et euphorique qui s’était emparé d’elle. Shin n’arrivait même pas à s’écraser sur son fauteuil ; elle se redressait, conquérante, les mains appuyées sur le bureau en marbre – un marbre qui semblait remuer, devenu cotonneux et brumeux à la fois. Elle cueillit la cigarette sans aucune hésitation et la porta à ses lèvres pour tirer une généreuse latte. Le rakyat, en se mélangeant à la cocaïne, la rendait tout bonnement exaltée et triomphante – le genre de sensation pour laquelle elle n’aurait aucun scrupule à se damner.

- Tu as envie de suivre le Lapin blanc, jeune Alice ?

Shin porta à nouveau son attention vers lui, oubliant de scruter avec ébahissement ce qui l’entourait. Elle le fixa, puis plissa légèrement les yeux, avant de lui sourire.

- T’as rien d’un lapin blanc, honey – et si t’en étais un, je te suivrai même pas. J’ai aucune tendresse pour les proies, je préfère leurs prédateurs.

Nouveau sourire, nouvelle bouffée sur la cigarette – puis elle passa littéralement par-dessus son bureau (pourquoi s’emmerder à le contourner, après tout) dans un geste étonnement maîtrisé au vu de son état, afin de lui faire face plus directement. Ce bureau, c’était comme un obstacle, une manière de se mettre en position de domination ; or, elle avait comme l’impression que ce Vaas pouvait se targuer d’être presque son égal. Elle lui rendit la cigarette, avant d’ajouter :

- D’ailleurs, tu m’as tout l’air d’être ce qu’on appelle un grand méchant loup – je me trompe ?





* Ces rimes internes, omg. Saluons-les un petit instant.

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 27 nov. 2024 21:08
par Vaas Montenegro
(Je salue tes rimes. Amen.)


On disait de se méfier des mélanges. On disait aussi aux gentilles filles de se méfier des vilains garçons. Cela tombait bien, Shiny n’était pas une gentille fille. Elle eut droit à un avant-goût quand Suzie la bénit, mais cette vapeur n’était qu’un prémice. Le rakyat était de base une fleur spécifique de Rook Island, dont le pollen était utilisé pour renforcer les guerriers de l’île, qu’on appelait de ce fait également « Rakyats ». Il vit les yeux de Shiny s’émerveiller, il vit tout le corps de la femme réagir favorablement à l’absorption de ce pollen. Ce fut comme si elle devenait blanche avec des lignes roses fluos. Elle s’en était relevée, exaltée, et bondit par-dessus le bureau, se rapprochant ainsi de Vaas, ses jambes à droite et à gauche de ce dernier. Elle lui indiqua qu’elle préférait les prédateurs aux proies. Vaas sourit brièvement à son tour, et se pencha un peu plus vers elle, respirant la fumée que la femme soufflait.

Ses mains se posèrent sur les cuisses de Shiny. Il pouvait sentir la tension des gardes. Pour beaucoup, il était un trublion, un forcené psychotique totalement instable. C’était vrai, mais Vaas savait aussi une chose : la beauté se devait d’être honorée. Elle lui rendit la cigarette, et il tira une latte, puis souffla sur elle, faisant voler des petits cristaux violets, pailletant son visage pendant quelques instants.

« C’est ce qu’on m’a toujours dit, ma belle… Mais certains en doutent, on dit que je suis devenu un petit chiot inoffensif, qui dresse la patte devant son maître… Et moi, dans ce putain de conte de fées, je me dis que le Grand Méchant Loup, y se couche pas devant un putain de castor, ou j’sais-pas-quoi… »

Sa main se crispa brièvement sur la cuisse de Shiny. Ses veines se gonflaient, ses pupilles se dilatèrent. Il respirait son odeur.

« Cette came, elle est pour toi… Cadeau maison, ma jolie. T’es le genre d’nana qui a pas peur de rouler du cul, et j’aime ça. Moi, tu vois, j’en ai marre que des mecs comme ton comptable à la con me fourrent leur bite dans le cul. »

Vaas se retourna alors vers ledit comptable :

« J’dis pas ça spécialement pour toi, mon ami, je t’ai foutu dans mon coffre comme on parque son lait, ça créé un lien intime entre nous. »

Il ne s’attarda pas à l’éventuelle réaction de l’homme, et préféra porter son attention sur la pimpante Shiny. Il posa alors son doigt sur le torse de la femme, sur le mot qui était tatoué sous ses seins : « FREE ». Plus qu'un tatouage, un slogan politique.

« La proie est servile, le prédateur est libre. C’est aussi simple que ça. Toi, tu es la prédatrice… Quel prédateur suis-je pour quémander de l’aide, hein ? Je t’offre mon bien le plus précieux, cette poudre aux merveilles. Mon prix est simple. »

Vaas s’écarta alors d’elle, et regarda les hommes autour d’eux. Il leva alors les bras, puis se retourna vers Shiny, en souriant joyeusement.

« Je me propose d’être ton Gardien, Shiny. Si je suis le Grand Méchant Loup, alors tu es la Reine, et les autres, dehors, seront nos proies. »

Le mercenaire se lança alors dans une révérence chevaleresque aussi extravagante que détalée.

« Car, n’en doute pas, ma chère Reine, ce rêve que tu tiens entre tes doigts attirera bien des envieux, à commencer par ceux qui ont eu l’arrogance de prétendre pouvoir museler un Loup. »

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 28 nov. 2024 10:26
par Lady Shiny
De loin, on pouvait aisément se dire que ces deux-là faisaient la paire – une paire qui s’annonçait néanmoins assez chaotique.
Lui agissait sans trop de soucier des conséquences, mu par une liberté féroce ; elle se comportait comme la tête brûlée qu’elle était, fonçant sans trop penser aux risques qu’elle encourrait. Il ne fallait pas être particulièrement futé pour comprendre que l’accord qu’ils étaient en train de sceller allait les mettre dans une sacrée merde. Mais eux, ça les faisait marrer, ou alors ils s’en foutaient – probablement un savant mélange des deux.

Shin le laissa poser ses mains sur elle sans moufter, si ce n’est pour arrêter d’un nouveau geste de la main deux gardes du corps bien décidés à cribler de balle n’importe quelle personne qui attenterait à l’intégrité de leur patronne. Cette confiance un peu suicidaire qu’avait Vaas, elle l’adorait ; elle y répondait avec un sourire franc, sans trembler.
Quand il s’engagea auprès d’elle, l’appelant sa « reine » avec une théâtralité exagérée, elle eut d’abord une pensée pour Georges et Mio : Vaas ne souffrait pas la comparaison avec eux. Il était au-dessus, il les surplombait, même. Elle en avait désormais la certitude : la prudence de ses deux associés l’emmerdait au point qu’elle envisageait de les lourder au profit du mercenaire. "Refuser l'ennui, vivre de ce qui fascine", se récita-t-elle (car il s'agissait bien là d'une sorte de mantra qui rythmait son existente). Un instant, elle se demanda si elle pouvait faire confiance à un homme aussi taciturne, mais le doute ne subsista pas longtemps. Tout, dans l’attitude et les mots de Vaas, faisait écho à ce qu’elle était et ce qu’elle disait elle-même, comme si elle faisait face à son reflet ou son double ; il n’en fallait pas plus pour qu’elle s’associe avec lui.

- La proie est servile, le prédateur est libre. C’est aussi simple que ça. Toi, tu es la prédatrice… Quel prédateur suis-je pour quémander de l’aide, hein ? Je t’offre mon bien le plus précieux, cette poudre aux merveilles. Mon prix est simple.

Attentive, Shin attendit dans un sourire qu’il continue.

- Je me propose d’être ton Gardien, Shiny. Si je suis le Grand Méchant Loup, alors tu es la Reine, et les autres, dehors, seront nos proies. Car, n’en doute pas, ma chère Reine, ce rêve que tu tiens entre tes doigts attirera bien des envieux, à commencer par ceux qui ont eu l’arrogance de prétendre pouvoir museler un Loup.

Elle ne put qu’applaudir avec enthousiasme à ses propos, se retenant de sautiller sur place. Voilà qui parlait à son cœur. Shin était naturellement ambitieuse, et adorait prendre le dessus sur ses rivaux. La perspective de dominer le marché du rakyat à ses côtés, écrasant au passage tous les autres, la remplissait qu’une joie aussi sincère que malsaine.
Dans une gestuelle théâtrale, elle s’approcha de lui à la manière d’une souveraine – ou, du moins, de l’idée qu’elle se faisait d’une souveraine – pour lui relever la tête et le relever à son niveau. Ses doigts posés sur la mâchoire de Vaas, elle le dévisagea un instant, avec toujours ce sourire en coin.

- Ta reine t’accepte comme gardien, Vaas.

Puis elle s’approcha encore, posant sa joue contre la sienne tandis qu’elle glissait à son oreille :

- Nous allons faire un festin de toutes ces petites proies serviles, mon beau. Ça va être un putain de bordel, tu le sais comme moi – et ça va être magnifique.

Dans un geste vif, elle s’écarta, non sans cesser de sourire, pour s’appuyer contre son bureau et attraper le paquet de cigarette qui y était posé. Un de ses gardes du corps s’approcha d’elle pour allumer sa cigarette.

- Je ne te demanderai jamais de te coucher devant moi, Vaas – et tous ceux qui ont essayé de nous baiser, tous ceux qui ont cru qu’on était des « petites frappes », on va leur niquer la gueule.

Quelle poésie.
Shin avait un bel orgueil, que son ambition nourrissait avec beaucoup de générosité ; aussi, la perspective de devenir la reine du rakyat aux côtés de Vaas lui donnait littéralement des ailes. Quant au danger, il était en train de faire palpiter son cœur.
Un court moment, elle resta silencieuse, semblant réfléchir un instant avec beaucoup trop de sérieux pour une personne aussi défoncée. En face d’elle, son comptable devenait de plus en plus nerveux : le danger qui s’annonçait le terrifiait. Il n’était pas spécialement attachée à Shin, sinon par une vague attirance qui ne se concrétiserait jamais – il s’était fait à l’idée. Non, il pensait à sa peau.

- Madame, osa-t-il d’une voix tremblante.
- Mh ? lui répondit-elle sans trop le regarder.
- Madame, je doute que ce soit là une bonne idée. Vous-
- Ta gueule.

Les deux mots étaient sortis de sa bouche avec autorité. Le comptable ne put que se taire, et reculer pour s’appuyer contre le mur, passant sur son front et sa nuque un mouchoir pour essuyer les gouttes de sueur qui commençaient à y perler. Il sentait les ennuis arriver, comme s’ils étaient déjà sur le pas de la porte de l’immeuble. Il ne s’agissait pas d’anxiété malvenue : n’importe qui du milieu savait que Shin recevait ses nouveaux associés ici. Il ne doutait pas un seul instant que l’information soit déjà en train de circuler, ce qui amènerait nécessairement les associés de Vaas à se douter qu’ils étaient en train de les lâcher – et à faire le lien avec Shin. À tout instant, il s’attendait à voir des mecs armés entrer et tirer dans le tas.
Shin était plongée dans le même genre de réflexion, à la nuance prés qu’elle n’était pas apeurée, elle ; ça l’exaltait, ça l’excitait, ça l’amusait. Des frissons parcouraient son épiderme quand elle pensait à la frustration que pouvaient ressentir les Guramu en voyant le rakyat leur filer entre les doigts au profit d’une personne qu’ils considéraient sans trop s’en cacher comme une « petite conne ».
Sourire satisfait, grande inspiration. Elle releva la tête vers Vaas, et, en recrachant la fumée blanchâtre de sa cigarette :

- On le scelle comment, notre accord, dis ? T’as tes petites habitudes, en la matière ?

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 28 nov. 2024 13:36
par Vaas Montenegro
C’était un accord, un partenariat tout à fait honnête entre deux personnes très irraisonnables. Vaas prenait naturellement de gros risques, mais, comme Shiny, le risque ne l’effrayait pas. Le danger, voilà ce qu’il connaissait, la soif du risque, l’excitation de la menace. Quand on prétendait être le loup, il fallait affronter les autres prédateurs qui pensaient pouvoir vous dominer. Vaas avait trop longtemps accepté d’être le larbin de Volker. Free, scandait le torse de Shiny. Cela avait toujours été son objectif. Il s’était libéré des Rakyats qui l’avaient toujours mésestimé depuis l’époque où il avait tué Jomän, un autre Rakyat. Pour cela, Vaas était devenu un paria, il avait renoncé à son titre de Gardien pour collaborer avec Volker, et parvenir avec eux à briser la société rakyat. Hoyt Volker était devenu son nouveau maître, mais, comme l’ancien, l’heure était venue pour Vaas de se libérer.

*Ironique, quand on y pense… C’est par amour pour Citra que j’ai affronté mon propre peuple… Et je m’associe désormais avec une autre femme.*

Shiny se rapprocha de lui, et colla son corps contre le sien. Joue contre joue, elle lui murmura qu’ils allaient ensemble se débarrasser de leurs ennemis, en lui prophétisant « un putain de bordel ». L’intéressé sourit furtivement en croisant le regard de cette femme.

« Belle et coupante comme une rose… »

Volker et les Guramu apprendraient rapidement sa trahison, Vaas avait un plan. Tandis que Shiny rabrouait son comptable pour sa lâcheté, lui commençait à prendre conscience que cette femme lui plaisait… Au point qu’il en avait une érection. Le rakyat pouvait parfois déclencher ce genre de choses. Inutile de dire que cette drogue était parfaite pour le chemsex. Vaas avait bien une idée du serment à faire, mais il n’était pas venu les mains vides. Il glissa sa main derrière lui, et sortit de sa poche arrière des papiers froissés en rejoignant encore le bureau.

« J’ai une cible, ma belle… »

Vaas déplia les feuilles, montrant pêle-mêle un manifeste du port, et une photographie d’un paquebot, le Charon, ainsi que la fiche d’un homme barbu et patibulaire : Boris Dime.

« Ce bateau va bientôt accoster au port de Yoake. Il abrite dans plusieurs de ses containers des stocks de rakyat. Les Guramu bénéficient de la complicité du capitaine du bateau, Boris Dime, un Ruskof qui bosse pour les Petrovski, mais qui les baise pour le compte des Niaks’. »

Il la regardait en parlant, observant la manière dont ses lèvres de velours s’arquaient lorsqu’elle exhalait de la fumée sur lui.

« Les Petrovski n’aiment pas les traîtres, mais, s’ils attaquent frontalement le bateau, ça va être un joli merdier. C’est là que toi et moi, on intervient. Mes hommes, tes hommes, toi et moi main dans la main, comme un putain de couple qui va à DisneyLand s’enfiler de la barbe-à-papa avec de la crème chantilly, tu vois le tableau ? Les mercenaires de Volker protègeront le bateau. On s’empare de la cargaison, et on dégote un accord avec les Russes pour refourguer la came dans leurs quartiers. Je te laisse gérer la vente, je suis plutôt du genre service après-vente, moi, tu comprends… Toi, t’es une vraie rose, on te caresserait en voyant tes pétales sans se douter que tu peux nous la planter sévère avec tes épines. »

Le comptable se rapprocha en rehaussant ses lunettes.

« Vous… Vous avez un accord avec les Petrovski ? »

Vaas sourit sans le regarder, ses yeux nichés dans ceux de Shiny.

« J’embarque pas dans ma voiture que des mecs que je fous dans tes coffres, Charlie.
- Je ne m’appelle pas…
- ’M’en fous. »

Vaas se pencha davantage vers Shiny, au point que les seins de la femme heurtaient son torse.

« Chez moi, on célébrait ça par des combats à sang dans l’arène, et le gagnant s’attirait les faveurs de la dame, et le droit de s’isoler avec elle… Mais ici, on est pas dans ma putain d’île de sauvage où on a même pas accès au porno’ sur iPhone. On peut être plus civilisés… Et que tu découvres aussi que le rakyat est un excellent chemsex… Joindre l’utile à l’agréable, entre gens qui veulent se civiliser… »

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 30 nov. 2024 11:59
par Lady Shiny
Free. En effet, Shin se considérait comme libre ; de même, les rares personnes qu’elle admirait étaient les personnes mues par la liberté, une liberté folle, insolente, aveugle, démesurée. Pour le moment, Vaas correspondait tout à fait à cette définition. De fait, elle lui accordait sa confiance – avec néanmoins toujours dans un coin de la tête cette méfiance qui crépitait ; méfiance sans laquelle il était bien impossible de survivre dans le milieu de la pègre. Pour être honnête, elle ne lui accordait pas entièrement sa confiance mais Vaas était, à l’heure actuelle, la personne dont elle se méfiait le moins – un exploit, dans un sens.

Souriant, elle l’écouta attentivement tandis qu’il lui dévoilait ses plans, hochant la tête avec satisfaction à la fin de sa présentation.

Elle devait bien lui reconnaître une chose : il avait bien perçu la manière dont Shin gérait ses ventes. Pour Shin, être une femme n’avait que des avantages. Elle savait charmer les hommes en s’adaptant à leurs désirs avec le talent d’une actrice qui modèle sa sensualité, et s’était construit un laïus sur la sororité et ses bienfaits quand elle en venait à s’associer à des femmes (qui étaient néanmoins, il fallait le reconnaître, moins présentes dans le milieu). Quant à ces situations où des mecs la prenaient pour une petite conne, une blonde décérébrée, une vieille meuf défoncée ou une nana qu’ils allaient pouvoir entuber, elle considérait cela comme des inconvénients dont il fallait savoir tirer des avantages. Elle finissait donc toujours par surjouer ces rôles afin de piéger ses rivaux. Un de ses livres de chevets – les rares qu’elle lisait – comptait, parmi les personnages principaux, une Merteuil qu’elle érigeait en modèle ; elle connaissait sur le bout du cœur la lettre LXXXI rédigée par cette dernière. « Tandis qu’on me croyait étourdie ou distraite, écoutant peu à la vérité les discours qu’on s’empressait de me tenir, je recueillais avec soin ceux qu’on cherchait à me cacher ». Comme cette femme qu’elle considérait comme une héroïne, Shin considérait qu’elle était son propre ouvrage : une rose qui sait cacher ses épines pour mieux piquer ses adversaires dans les moments où s’y attendent le moins.

Elle roula des yeux, excédée, en entendant son comptable s’inquiéter encore, de cette voix tremblante - et ce sans cesser de regarder Vaas, avec ce regard appuyé qui traduisait tout son intérêt. « Pourquoi je l’ai engagé celui-là, bordel ? », souffla-t-elle d’un ton si bas que seul Vaas put l’entendre.

- Ça me plaît, prononça-t-elle ensuite à haut voix, une cigarette au coin des lèvres.
- Madame, osa son comptable, les Petrovski sont-

D’un geste vif de la tête, Shin se tourna vers lui pour le foudroyer du regard. Fermant puis ouvrant les lèvres, il s’apprêtait à reprendre ; d’un geste de la main, elle ordonna à un de ses gardes du corps de le sortir de la pièce. Il disparut ainsi, maugréant des craintes inaudibles pour une Shin aussi décidée.

- On va être des genres de – justiciers, alors, hein ?

Elle éclata de rire. Elle-même n’en croyait pas un mot.

- On va les piller, les détruire, les humilier, reprit-elle, enjouée. Ça parle à mon cœur, tout ça, tu sais ? J’ai toujours rêvé de niquer ces petites merdes de Guramu.

Shin n’avait pas spécialement d’affection pour les Petrovski – elle n’avait jamais conclu d’accord avec eux, ils ne lui avaient jamais tiré dans les pattes – mais elle détestait l’orgueil des Guramu ; de fait, ce plan lui convenait tout à fait. La perspective de leur faire bouffer la poussière l’exaltait, dans un esprit de conquête plus que de revanche.

Elle répondit par un petit sourire à sa dernière remarque, tandis qu’il se rapprochait dangereusement d’elle. Un frisson parcourut vivement son échine à la mention du chemsex. Amatrice de sensations fortes, elle se fit plus impatiente que jamais – car dans les mots de Vaas résonnait une promesse qui l’attirait irrésistiblement.

Elle lui fit face, un instant, un large sourire confiant tracé sur ses lèvres, ses yeux charbonneux brillant d’un feu que seule la perspective d’une excellente défonce savait allumer. D’un geste lent, elle approcha sa bouche de son oreille.

- Je sens que tu bandes, mon beau. Je pense même que t’as qu’une envie : me baiser sur ce bureau, et tant pis pour tous ceux qui nous entourent, ou p’têt tant mieux pour eux. Je suis prête à parier que c’est le genre de choses qui t’excitent à mort.

Elle écarta son visage du sien, le dévisageant un court instant sans cesser de sourire, avant de se tourner vers ses gardes du corps.

- Vous trois, emmenez-vous dans ma suite.

La « suite » de Shin était accessible par une porte, qui conduisait à un couloir, puis à une autre porte, puis à un autre couloir, dans un trajet désordonné qui n’était pas sans rappeler les errances dans les backrooms les plus labyrinthiques. Plus ils s’enfonçaient dans les couloirs, plus les appartements aux murs fissurés et aux portes défoncées, chambres de passe ou salles de shoots improvisés, se vidaient de leurs occupants.
Ils finirent par arriver devant ce qui semblait être un appartement – à la place de la porte, néanmoins, il y avait d’épaisses tentures étonnamment propres desquelles émanaient une forte odeur d’encens. Un garde du corps les écarta, le temps que Shin et son invité entrent – puis les trois hommes restèrent devant la porte.
Cette pièce avait été conçue pour parfaire les défonces de Shin. Les murs étaient peints de motifs hallucinés, d’inscriptions qui n’avaient aucun sens mais que l’on pouvait contempler béatement pendant des heures. Dans ce qui ressemblait à un salon, une table basse sur laquelle étaient posées bang, cuillères, feuilles d’aluminium, allumettes, pailles en métal, petit plateau (sur lequel dormait tranquillement un mont de cocaïne) était entourée de poufs, de matelas, de plaids, de coussins posés à même le sol – afin de pouvoir s’y écraser le plus facilement. À côté, une vaste cuisine impeccable, qui ne servait qu’à entreposer alcools, boissons fraîches et quelques petits en-cas réconfortants. La chambre consistait en un énorme lit rond entouré de ce qui semblait être un coquillage géant, dans un délire de cabaret qu’avait Shin. Des couvertures, des coussins en nombre et en pagaille s’étalaient dans la pièce, dans un bordel plus ou moins maîtrisé. La salle de bain, juste à côté, ne contenait qu’une immense baignoire creusée dans le sol.

Shin ne fit que quelques pas dans l'appartement - jusqu'au niveau du salon, en somme - avant de se tourner vers Vaas, toujours souriante.

- T’as gagné ton combat et t’es devenu le roi de l’arène, lui lança-t-elle. Avant que je daigne t’offrir la récompense promise au vainqueur, fais-moi ce plaisir, Vaas. Laisse-moi fumer encore.

Etait-ce un ordre ou une supplique ? Impossible de le savoir. Shin adorait évoluer dans cet entre-deux, brouillant les pistes et laissant ses partenaires comme ses adversaires incapables de savoir si elle dominait ou si elle se laisserait gentiment faire.


Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 30 nov. 2024 21:52
par Vaas Montenegro
Pendant ce temps,
Four Shine


Daisaku Kuze était un homme qui aimait les traditions, et le respect de celles-ci. Un homme aux goûts simples, qui avait grandi au sein de sa famille, le clan Kenno, à l’aide de ses poings, autant que de son cerveau. C’était un homme violent, brutal, avec un certain respect du code de l’honneur, et qui avait une aversion viscérale pour ceux qui voulaient lui mordre la main. Son siège était un établissement respectable, le Four Shine, un cabaret typiquement japonais où des hommes venaient pour discuter avec des hôtesses belles et talentueuses, tout en pouvant se restaurer. Kuze buvait un excellent verre de saké dans sa suite personnelle quand l’un de ses hommes de main toqua à sa porte, et lui donna le téléphone portable de leur taupe. Kuze savait très bien de quoi il s’agissait. Les caves du Four Shine abritaient, parmi des amoncellements de denrées et de pièces réfrigérantes, des caisses entières de rakyats. Le clan Kenno était un clan travaillant pour les Guramu, et, en tant que Patriarche du clan, Kuze siégeait à la table des rois.

Dès qu’il attrapa le téléphone, Kuze enclencha le haut-parleur.

« Nos soupçons se sont-ils confirmés ?
- Montenegro a rejoint Shiny, aniki-sama Les soupçons de votre associé étaient confirmés. »

Kuze raccrocha rapidement, et se rapprocha de la baie vitrée de son bureau, donnant sur le grand salon du cabaret.

« Montenegro n’est pas vraiment son nom de famille, vous savez. Pour autant que je le sache, ces sauvages n’ont pas de nom de famille.
- J’ai trop longtemps toléré cette petite pute de Shiny. Elle s’associe avec votre chien fou, Volker, je vous avais dit que ce type était incontrôlable.
- Sans lui, nous n’aurions jamais pu exploiter le rakyat], Kuze.
- Il est temps d’en finir avec cette histoire. Je vous avais dit de le surveiller, et vous ne m’avez pas écouté. Allez là-bas, et faites ce qui doit être fait. »

Les traditions impliquaient que les femmes apprennent à rester à leur place. Il y avait un vieux dicton japonais que Kuze aimait bien appliquer : « Le clou qui dépasse appelle le marteau ». Ce soir, il allait falloir utiliser un marteau nommé Hoyt Volker sur deux petits clous qui avaient cru pouvoir s’extirper de la droite lignée des choses…



Repaire de Shiny

Les fesses de Shiny heurtèrent en premier la fine paroi murale, faisant trembler cette dernière. Ensuite, ce fut au tour de son dos, puis de l’arrière de sa tête, tandis que ses jambes partirent en sens inverse, à droite et à gauche de la masse qui venait de se jeter sur elle, et de la plaquer contre le mur. Le mur trembla donc, tandis que le sexe de Vaas coulissa hors de son pantalon défait pour glisser sur la culotte de Shiny. Son oiseau à l’air libre, il embrassa sa belle, en posant sa main sur ses cheveux, et son autre main en appui sur l’une de ses délicieuses fesses. Son pantalon était déjà derrière lui. Dès qu’elle l’avait invité à agir, il avait agi, défaisant son pantalon, entraînant dans la foulée son boxer. Il avait ensuite bondi sur elle, et elle heurta le mur de son appartement. Vaas l’embrassa ensuite, bien loin de se douter que leur idylle allait être le calme avant la tempête… Ou, plutôt, une tempête avant une autre forme de tempête.

« Hmmm… »

Elle avait réclamé sa dose, et, en retirant son pantalon, il avait pris quelque chose dans sa poche. Shiny put le sentir contre sa fesse, un objet froid et dur. Il rompit son baiser, et attendit que les jambes de la femme s’appuient contre son bassin pour lui présenter l’objet.

Un simple inhalateur.

« Celui-là, bébé, tu ne le trouveras pas en pharmacie. Du rakyat condensé, de quoi t’acheter ton escalier vers le Paradis, comme le dit la chanson… »

Il lui glissa l’inhalateur dans la bouche, et appuya sur le bouton de pression. À l’intérieur de la capsule, le sachet de rakyat se comprima, et projeta dans la bouche de Shiny une dose pure. Si elle avait une main sur son corps, elle le grifferait sûrement. Il vit les yeux de sa belle s’écarquiller brièvement, tandis que tout son corps réagissait à cette dose qui fusait dans ses veines, et qui allait exploser en elle, comme si elle venait d’ingérer un arc-en-ciel, ou l’intégrale des Liaisons Dangereuses en une bouffée.

« Prête à caresser les Anges, ma jolie ? » glissa-t-il en lui retirant l’inhalateur des lèvres.


  • Your head is humming, and it won't go, in case you don't know
    The piper's calling you to join him
    Dear lady, can you hear the wind blow ? And did you know
    Your stairway lies on the whispering wind ?

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 01 déc. 2024 12:43
par Lady Shiny
Caresser les anges.

C’était peut-être bien une des métaphores les plus justes pour décrire l’état dans lequel cette bouffée de rakyat la plongea. Shin fit une confiance aveugle à Vaas quand il plaça l’inhalateur entre ses lèvres ; le désir de retrouver cette sensation merveilleuse qui lui avait littéralement pété le crâne effaçait scrupules et doutes.
Quelques secondes après avoir inhalé la dose de rakyat, une sensation profonde, bouillonnante et caressante à la fois s’empara de son organisme. Plus la fumée rose s’insinuait sous sa peau, plus elle semblait s’éloigner du réel dans ce qu’il avait de pénible : ne restait qu’une insouciance impertinente, un plaisir démesuré, un calme splendide. L’intensité des sensations la clouait sur place tout en l’envoyant dans les nuages – et cet apaisement, là, si puissant, était un baume sur ses nerfs éprouvés. Autour d’elle, tout se mit à scintiller : l’appartement bariolé de couleurs, les meubles chinés, Vaas, et son propre corps. Tout était subitement beau.

En effet, la jeune femme répondit à la force de cette somme de sensations en griffant son amant, ses yeux se rivant un instant sur le plafond peint de sa « suite » ; néanmoins, elle récupéra ses esprits (ou du moins une poignée d’entre eux) en quelques secondes, pour mieux se concentrer sur son amant. Le sourire qui se traça sur ses lèvres à ce moment était sincèrement heureux.

- Si c’est ça le Paradis… souffla-t-elle.

Shin mit un temps avant de terminer sa phrase, le temps d’encaisser une nouvelle vague de sensations et de l’embrasser comme une damnée.

- … je comprends pourquoi t’as autant de tarés qui sont prêts à crever pour lui.

Quelle subtilité dans l’analyse de la croyance et de ses mécanismes. Bien évidemment, Shin n’était pas religieuse ; sur ce sujet, elle se considérait même comme la plus bêtement forcenée des athées, peinant à ne pas mépriser la religion et ses membres. Elle y voyait une forme de supériorité intellectuelle, et fermait donc bien gentiment les yeux sur son propre rapport à la came ; un rapport quasi-religieux, ne lui en déplaise.

La jeune femme resserra ses cuisses autour de Vaas le temps de l’embrasser à nouveau ; mouvement qui eut pour effet de faire remonter sa jupe déchirée sur son ventre. Elle n’eut aucune peine à diriger le membre de son amant contre son propre sexe, écartant avec un geste expert et presque instinctif la culotte qui les séparait. Nul besoin de préciser que le collant résille qu’elle portait était largement troué entre ses jambes, détail assez révélateur quant à ce qui avait causé son usure à cet endroit précis. Dans un mouvement de bassin d’une belle souplesse, elle colla son bassin au sien – et poussa un soupir brisé lorsqu’il entra en elle. Le rakyat, mélangé à l’excitation du sexe et à celle du danger, lui fit alors voir une nuée d’étoiles filantes ; elle eut même l’impression qu’elle s’écrasaient toutes avec fracs dans son bas-ventre. Cette petite drogue rose avait en effet les facultés d’exacerber tout ce qu’elle ressentait à cet instant présent.

C’était ça, le Paradis, elle en était convaincue.

Ses bras entourèrent le cou de Vaas, tandis qu’elle commençait à se mouvoir avec une souplesse langoureuse, fruit de l’excitation, comme si le corps n’était désormais mu que par l’excitation et la quête du plaisir. Des gémissements appuyés s’enfuyaient d’entre ses lèvres à chaque mouvement.

- Tu t’y connais en plaisirs, toi, souffla-t-elle entre deux gémissements. Compte sur moi pour ne jamais te laisser filer.

Une menace ou une promesse ? Impossible de le dire. En revanche, à son regard brillant, à la température croissante de son corps et à ses mouvements de bassin qui réclamaient littéralement le corps de Vaas, on voyait qu’elle était déterminée.

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 01 déc. 2024 16:12
par Vaas Montenegro
Elle s’emboîta parfaitement en lui, avec une dextérité trahissant son expérience. Lui soupira à ce contact, ses mains se crispèrent sur elle. La décharge de rakyat était puissante, de quoi vous faire disjoncter le cerveau. Mais quelque chose lui disait qu’elle pouvait l’endurer. Ouais, il avait foi en elle ! Et il ne fut pas déçu. Elle revint à lui comme un inséparable revenant à son partenaire, et il trembla doucement, sentant l’excitation l’envahir. Elle se serra à lui, s’agrippant à son corps comme un koala à son tronc, et il sourit quand elle indiqua qu’il s’y connaissait en plaisirs. Vaas était un grand joueur, oui, mais il estima que parler de la manière dont il jouait avec les impudents qui mettaient le pied sur son île sans prévenir n’amuserait sans doute pas beaucoup Shiny… Peut-être pour après. Vaas répondit par un nouveau baiser, plus vorace que le précédent. Son inhalateur avait glissé de leurs mains pour rouler sur le sol. Les lèvres de Shiny avaient un goût différent, plus sucré. Les fines particules de son élixir s’y trouvaient encore, des dépôts que Vaas frotta avec sa langue. Le rakyat ne lui faisait plus le même effet, son organisme s’était habitué, mais il ressentait toujours ce trip’, cette bouffée d’adrénaline qui circulait dans ses veines.

Il mordilla les lèvres de Shiny, pinçant sa lèvre inférieure entre ses dents, avant d’y glisser sa langue, relevant sa mâchoire supérieur, glissant un trou, engageant une ouverture qui permit à son appendice lingual de caresser celui de Shiny. Salives et frissons électriques se mélangèrent dans un ballet sensuel. Maintenant que le rakyat se répandait dans son organisme, Shiny pourrait sentir que son corps devenait par moment très sensible, rendant les coups de reins que Vaas commençait à donner plus intense encore.

« À la vie à la mort, ma belle… Si j’mens, j’vais en Enfer… » glissa-t-il après ce baiser.

Il se déplaça un peu, l’emmenant avec lui. Les fesses de Shiny se décollèrent du mur pour heurter une table, envoyant valser tout ce qui pouvait s’y trouver. Un jet de poudre s’envola. Ils étaient dans leur monde, dans leur univers. Deux amants qui suivaient la queue du Lapin blanc jusqu’au château de la Reine de Cœur, ou, en l’occurrence, et de manière plus prosaïque, une verge en rut qui ramonait une chatte trempée à la recherche d’un orgasme. Vaas serra les dents. Il était debout, elle couchée sur la table, et il partit en arrière, puis en avant encore, faisant remuer la table. Dieu, que c’était bon !

Sa main se déplaça, et caressa la joue de Shiny. Il enfonça sa bouche entre ses lèvres, l’incitant à mordre. Ses lèvres brillaient, son visage était blanc, immaculé comme celui d’un Ange.

« Rien n’est comparable à ça, ma belle… Moi en toi, toi en moi… »

Il déplaça sa main, et pinça le sein de Shiny, pressant le téton. Il se pencha alors pour s’attaquer à son sein libre, et le suçota, le gobant. La table glissa encore quand Vaas se pencha davantage. Le poids limite fut dépassé, et, même s’ils flottaient ensemble, la gravité se rappela à eux quand la table bascula sur le côté.

Vaas et Shiny tombèrent sur un matelas qui lui semblait fluo. Elle se retrouva au-dessus de lui, et il frémit en la regardant. Avec les néons et les basses lumières de l’appartement, Shiny était plus belle que jamais, en le domptant ainsi, son membre fièrement planté en elle. Sa main se posa sur son sein. Impossible pour lui d’enlever son propre débardeur, il allait devoir compter sur elle. Dessous, il y aurait des muscles, des poils, des cicatrices, et quelques tatouages rupestres, des distinctions rakyat. Sa main pressait l’une des fesses de Shiny, tirant sur sa culotte.

« Laisse-moi te dire ça de la plus honnête des manières, Shiny, mais… T’es sacrément bonne ! »

Il ponctua enfin cette phrase d’une claque sur les fesses de la femme.

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 02 déc. 2024 19:41
par Lady Shiny
C’était le genre de ballet qu’elle aimait : celui des corps qui volent, serrés l’un contre l’autre, piégés l’un dans l’autre, et puis qui se heurtent aux murs et aux meubles dans un fracas retentissant. De dehors, tout ce vacarme pouvait laisser croire que ces deux-là se battaient ; seuls les gémissements sonores de Shin et ce bruit caractéristique de deux corps qui reviennent l’un contre l’autre dans un claquement répétitif prouvait qu’il s’agissait davantage d’une sorte de baise sauvage – des baises comme elle les aimait, quoi.

La cacophonie des objets chutant de table, le bruit sec de celle-ci quand ils en tombèrent – ce fut comme une symphonie à ses oreilles aux tympans rongés par le rakyat. Alors qu’il la baisait littéralement, elle comprit à quel point cette petite drogue rose était une putain de merveille. Si elle avait l’esprit plus clair, elle aurait tout de suite imaginé devenir la reine des soirées les plus débauchées du secteur, arrosant les orgies de cette poudre rose et se vautrant dans le stupre et la défonce avec euphorie. Non, ce genre de pensées, elle les aura après – au calme. Là, elle était toute concentrée sur son amant ; amant qu’elle chevauchait à présent avec souplesse, la tête dans les étoiles. Elle remua les fesses au moment où il la fessa, dans un mouvement qui en demandait encore.
Les frissons qui agitaient son corps lui faisaient déjà voir les étoiles. Amatrice d’edging, Shin réfrénait la montée de l’orgasme afin d’être sûre qu’il soit dévastateur. Ses doigts glissèrent sous le débardeur de Vaas, le remontant sur son torse, les doigts tremblants. Un instant, elle se pencha vers lui, ses lèvres échouant sur son torse, remontant doucement jusqu’à son cou – qu’elle mordit dans un coup de rein particulièrement vif, avant de lentement danser sur lui, se relevant, étirant son buste que rythmaient les rotations de ses hanches.

- Je sais que j’suis bonne, mon cœur, répondit-elle dans un sourire, tout en ôtant le tee-shirt qu’elle portait (et sous lequel il n’y avait, bien entendu, aucun soutien-gorge).

Ses colliers dorés retombèrent en cascade sur sa poitrine.
Elle se pencha vers lui lentement, lui volant un baiser féroce, ses lèvres s’écrasant sur les siennes avant de les caresser de la pointe de sa langue.

- Mais tu sais, j’adore qu’on me le dise.

Ah, l’ego de Shin – jusque dans le sexe, elle aimait jouer avec.
La jeune femme se redressa, conquérante, un sourire gravé sur le visage. Là, elle le sentait monter, son orgasme, et elle n’avait plus aucune envie de le contenir. Les poings serrés contre le torse de Vaas, les ongles plantés dans sa peau, elle se laissa submerger par une vague de plaisir que le rakyat rendait violemment puissante. Elle ne vit pas seulement les étoiles : elle se noya dans la galaxie, tandis que son corps s'agitait et se cambrait, ses gémissements atteignant des profondeurs qu'elle ne soupçonnait même pas.

Vaas put alors la sentir se retirer de lui lentement, pour mieux se pencher sur son membre, ses lèvres se refermant sur lui fiévreusement. Il put sentir ses lèvres glisser le long de sa queue, son gland s’enfonçant jusque dans sa gorge, tandis qu’elle relevait les yeux sur lui. Elle resta ainsi, un moment, faisant de lents vas-et-vient, appuyant le bout de son membre contre sa gorge, comme une affamée. Elle l’était, d’ailleurs – elle le dévorait avec une gourmandise qu’elle ne cachait même pas, encore excitée par le rakyat qui pulsait dans ses veines.
Un instant, elle cessa, pour le regarder, souriante, le bout de sa langue caressant son gland.

- Redis-moi que je suis bonne pendant que tu te vides dans ma gorge, Vaas.

Ce furent les seuls mots qu’elle prononça avant de faire glisser sa queue sur sa langue, l’enfonçant à nouveau dans sa bouche dans des gestes fougueux qui trahissaient l'état dans lequel la drogue la mettait.

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 03 déc. 2024 01:56
par Vaas Montenegro
Ses colliers dorés brillaient comme des rivières étoilées. Vaas était sous le charme, subjugué comme un dévot face à sa Déesse, un adorateur face à son égérie. Il en frémit sur place, et glissa ses mains sur ses hanches, caressant sa peau, douce comme une peau de bébé. Elle était son Ange, une vraie petite Ange. En se concentrant bien, et en la voyant se déhancher sur lui, il pouvait voir des ailes enflammées brûler autour d’elle, des ailes en or. Le « FREE » scintillait comme des néons lumineux. Il eut un sourire béat, et l’entendit de sa voix de velours lui dire qu’elle aimait bien l’entendre dire qu’elle était bonne. Elle lui indiqua qu’elle adorait qu’on le lui dise. Il soupira en grognant, la sentant approcher du point névralgique. Cela aussi, il pouvait le sentir. Ils étaient en osmose, unis par cette drogue unique au monde. Ses veines virevoltaient en elle sous une lueur violette qui devenait blanche, étincelante.

« Tu brilles comme un putain de soleil avec des nichons, ma belle… »

Vaas planait totalement, mais qui s’en serait plaint ? Ah, cette Shiny ! Il faudra un jour qu’il lui montre les soirées orgasmiques de la tribu, dans le temple, quand le rakyat les envahissait. Ils portaient des masques tribaux les transformant en animaux. Mais elle, là, elle s’était transformée en une magnifique fée, une chenille qui venait d’éclater. Quand la chrysalide explosa, Vaas l’entendit gémir, hurler même, un cri qui résonna en lui, qui le fit vibrer. Il soupira, mais ne put jouir à temps. Elle se retira en effet au moment propice, et il se redressa, essayant de rester en elle. Elle le maintint au lit, et décida de s’attaquer à son membre autrement.

Shiny se rua sur son sexe, glissant en arrière. Vaas s’était redressé. Il en profita pour retirer pour de bon son débardeur, finissant ainsi tout nu. Sa main se posa sur les cheveux de Shiny, et les serra un peu, au début, avant de juste les caresser. Quand son membre fut avalé par elle, le contrebandier soupira lentement. C’était bon… Une dose de délice qui fusa en lui, un frisson qui déferla dans tout son corps. Elle voulait qu’il la complimente ? Vaas pouvait être un véritable Don Juan quand il le voulait !

« T’es… T’es une putain de fée, ouais… Putain, ça, ouais, t’es bonne, ma salope ! Tu veux me rendre d-dingue ? Que je te baise jusqu’à ce que ma putain de queue devienne flasque comme un ballon qui a crevé ? Oh putain, là, vas-y, régale-toi, au fond… Ouais, bébé, t’es bonne, ça… Ça ouais, putain t’es foutrement bonne ! »

Il grogna encore. Son vit élancé s’était redressé en elle, et le dragon rugit. Son feu jaillit, et sa main se crispa à nouveau sur les cheveux de Shiny. Il serra les lèvres, banda ses muscles, et jouit à son tour, crachant sa semence en elle… Son offrande, son Ode à l’Amour !

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 03 déc. 2024 20:25
par Lady Shiny
Se sentir comme la reine des damnés, l’impératrice de tous les déchus, la souveraine des débauchés : voilà ce que Shin adorait. C’était le seul titre qu’elle revendiquait, lors de ces soirées orgiaques où jusqu’aux limites de son corps, perdus dans ceux de ses partenaires.
Le rakyat lui faisait d’ailleurs ressentir cela avec une force inouïe. Vaas et elle ne formaient plus qu’un seul organisme traversé par des flux de plaisirs et des frissons puissants qui semblaient s’imprimer dans leur chair à chaque fois qu’ils les traversaient. Cette petite poudre était, à n’en point douter, la drogue parfaite pour le chemsex, allumant le corps et l’alimentant de cette fougue brûlante qui anime les amants. Jamais elle n’avait sentie l’excitation autant chevillée à son corps, et la sensation était voluptueuse.

Shin se régalait des mots de Vaas autant qu’elle se régalait de sa queue, et sa jouissance eut le goût de la victoire. À chaque fois qu’elle faisait jouir un homme, la jolie blonde se sentait infiniment puissante ; là, dans ce bref instant, elle les maîtrisait, domptant leurs corps et jouant avec leurs nerfs. Pour une petite ambitieuse comme elle, c’était un délice.

Dans un sourire, elle se releva pour l’embrasser, collant son corps contre le sien dans un baiser féroce, prête à l’allumer à nouveau.

- Madame.

Shin interrompit son geste, tournant son visage vers la porte d’entrée. Un de ses gardes du corps venait d’entrer, un air soucieux sur le visage.
Elle ne sentait pas spécialement gênée ; il était fréquent qu’ils soient les témoins (plus ou moins distants) de ses ébats, et ils avaient déjà dû interrompre quelques sauteries pour lui sauver la peau. Une main toujours posée sur l’épaule de Vaas, elle fit un signe de la tête à cet homme qu’elle payait grassement pour la protéger.

- Dis-moi.
- Il se passe quelque chose, Madame.

Shin fronça les sourcils. Encore défoncée et shootée par l’orgasme, elle avait du mal à revenir au réel, errant dans des limbes imprécises. Elle dût accomplit un bel effort de concentration pour se remettre les idées en place et déduire ce qu’il était en train de se passer. La jeune femme mit quelques secondes à se souvenir du merdier dans lequel ils avaient sauté la tête la première avec beaucoup d’enthousiasme quelques minutes auparavant.

- Nos petits amis nous rendent visite, hein ?
- Oui, Madame.
- On va leur préparer un accueil digne de ce nom, alors.

Un nouveau de signe de la tête, et son garde du corps quitta la pièce. Shin se tourna vers Vaas, souriante. Aucune once d’inquiétude, rien. Son cœur dopé à l’adrénaline tambourinait dans sa poitrine, et elle sentait ses veines s’embraser avec délice. Le rakyat encore bien présent dans son organisme, après avoir dopé son excitation sexuelle, était en train de faire flamber son goût pour le danger.

- Après le sexe, le sang, mon cœur, lui glissa-t-elle avec un sourire qui trahissait son excitation. Suis-moi.

Attrapant son tee-shirt au passage, Shin se dirigea vers la cuisine d’un pas décidé, pour ouvrir un tiroir rempli de petites merdes, comme des pacsons vides, des feuilles à rouler et des briquets. Après avoir appuyé sur le fond de celui-ci, Vaas put entendre un « tic » suivi de ce son caractéristique d’une porte qui s’ouvre. Shin venait en effet d’actionner le mécanisme qui donnait accès aux armes qu’elle gardait cachée sous un pan du sol de la chambre, sous l’épaisse moquette rose qui le tapissait. Après avoir éjecté les quelques coussins et couvertures qui l’empêchaient d’y accéder – non sans râler –, elle lui indiqua d’un geste ravi de la main, comme le ferait une présentatrice dévoilant un gros lot, la cachette secrète qui venait de se dévoiler à leurs yeux. Des armes de poings rutilantes y étaient délicatement posées, accompagnées de leurs chargeurs et de quelques poignards et lames finement affûtés.

- Sers-toi, je t’en prie – sauf si t’as déjà ce qu’il te faut.

Elle coinça un flingue dans sa jupe, et attrapa un perfecto bien trop grand pour elle qui traînait sur le sol pour y glisser ses munitions, avant d’enfiler un petit harnais autour de sa cuisse ; harnais dans lequel elle rangea un épais couteau militaire. Dans le doute, elle glissa également un poing américain dans une poche de sa veste. Puis elle se rapprocha de lui, lui volant un baiser tout en se pressant contre lui, avant de lui glisser à l’oreille dans un sourire :

- Ces petits bâtards ont interrompu notre jolie lune de miel – on va leur faire payer, hein ?

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 04 déc. 2024 00:52
par Vaas Montenegro
Vaas se sentit animé par l’énergie de lui faire l’amour pendant des heures. Cette femme le méritait, et il en avait envie. En venant de jouir en elle, sa vigueur aurait dû descendre, mais, comme il l’avait dit, le rakyatétait un excellent chemsex, du genre à vous donner un priapisme du diable. Son membre avait dégonflé, mais pas au point de retourner au repos. Disons qu’il avait rétrogradé de la cinquième à la quatrième vitesse. Il répondit à son baiser, frémissant en s’imaginant déjà la coucher sur le sol, et la prendre comme ça, telles les bêtes qu’ils espéraient redevenir.

On vint alors les déranger. Rétrogradage supplémentaire à la vitesse inférieure. Un homme de Shiny annonça de la visite. Vaas sentit quelque chose se réveiller en lui, la bête endormie, cette bête sauvage qui aimait autant le sexe que la tuerie… Le meurtrier silencieux. Shiny reprit également ses esprits. Comme dans tout conte de fées, le moment perturbateur venait d’arriver, et il n’avait même pas pu finir son goûter. Il suivit la femme dans le bureau. Si elle avait renfilé son haut, lui était toujours tout nu. Il savait qu’au Japon, les armes à feu étaient très rares. C’était l’un des pays les plus réfractaires au monde en la matière, ce qui expliquait pourquoi les Yakuzas utilisaient les armes blanches. Elle le mena dans sa salle secrète, l’invitant à se servir, tandis qu’elle-même attrapa un pistolet, et une veste en cuir élégante. Il vit des armes russes, comme des AK-47. Nu, Vaas sourit, et attrapa une machette. Il se retourna vers elle, et les deux amants s’embrassèrent alors, ; Vaas serrant la veste contre sa main.

« T’es bonne comme ça, tu le sais ? la provoqua-t-il. Enfin, je crois que j’aurais envie de te baiser peu importe ce que tu portes, bébé. »

Il se dirigea ensuite vers le bureau, tout en rangeant sa machette derrière lui, l’accrochant à une bandoulière. Sa main attrapa celle de Shiny.

« Ils viennent attaquer ton château, et j’ai mon épée. »

Vaas et elle retournèrent donc à son bureau. Le contrebandier se dirigea vers leur chambre. Il pensa à remettre ses chaussettes et ses chaussures. Depuis les vitres écaillées, des projecteurs illuminèrent alors la chambre. Les projecteurs venaient depuis un toit en face, tandis que, dans la cour d’où Vaas était arrivé, deux vans blindés entrèrent avec force, renversant des poubelles. Des commandos en sortirent. Vaas comprit rapidement qu’ils avaient affaire aux Privateers quand la voix de Hoyt résonna depuis un haut-parleur sur le toit d’en face :

« VAAS ! Mon cher Vaas, je suis tellement déçu ! Tu retournes auprès d’animaux similaires à toi. Tu devrais savoir qu’on ne m’encule pas, Vaas. T’as voulu me la foutre à l’envers, sale enfoiré à la bite molle ! Tu vas vite voir ce qu’on fait à un chien qui croit pouvoir mordre la main de son maître ! »

Vaas comprit ce qui allait se passer. Un lance-roquettes fut mis en place depuis le toit adjacent par deux des hommes de Hoyt, tandis que ses tueurs commençaient à faire feu en bas, abattant aussi bien les potentiels ennemis que les simples junkies. Vaas sauta sur Shiny, et la repoussa dans le bureau. Peu de temps après, leur nid douillet se transforma en enfer infernal quand la roquette projetée par les ennemis explosa, déclenchant une violente explosion. La déflagration projeta Vaas contre un mur, ses oreilles venant à siffler. Il retomba sur le ventre, sonné. Des détonations résonnèrent encore dans le couloir. Plusieurs des commandos de Volker n’avaient pas attendu. La porte du bureau se troua de balles comme du gruyère, et fut arrachée de ses gonds, emmenant avec elle le cadavre de l’homme qui avait prévenu Shiny.

Un homme en armure équipé d’un fusil à pompe fit irruption. Son arme, surmontée d’une lampe-torches, se projeta sur Shiny. Le temps sembla se figer… Quand Vaas bondit sur l’homme. Le fusil à pompe rugit, mais, bousculé par Vaas, le canon tira sur le plafond, faisant voler des morceaux de plâtre. Surpris, l’homme en armure repoussa Vaas avec sa main libre, et tenta de saisir son arme de poing. La machette de Vaas fusa alors, et trancha la gorge de l’homme. Le sang de sa victime fusa comme du champagne au retrait d’un bouchon, l’éclaboussant. Un deuxième tueur se rapprochait depuis le couloir, levant son fusil d’assaut en ciblant le dos du contrebandier, offrant toutefois à Shiny un angle de tir parfait pour faire couler le sang.

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 05 déc. 2024 12:42
par Lady Shiny
Certes, la scène se déroula aussi brutalement que rapidement. La voix menaçante – et particulièrement insultante – fut suivie d’une déflagration dévastatrice. Shin assista, un peu stupéfaite, à la destruction de cet espace familier ; seul le bureau de marbre, dernier vestige, demeurait inchangé, comme si rien ne pouvait atteindre ce marbre blanc millénaire. La suite lui donna tort, lorsqu’un corps criblé de balles – celui d’un de ses gardes du corps – s’écrasa dessus, l’éclaboussant de son sang et de quelques membranes organiques. Elle regarda ce qui semblait être un lambeau de cervelle glisser mollement sur la pierre, pour venir s’écraser dans un « sprouitch » sur le sol poussiéreux ; cette scène lui parut infiniment émouvante. La femme n’eut pas le temps de réfléchir à sa dimension allégorique : prise de court, elle se jeta sur le sol pour éviter les assauts de l’homme en armure qui venait d’entrer.
Elle se redressa en s’appuyant sur ses mains, à demi-allongée sur le sol, une joue maculée d’une poussière grise, le tee-shirt tâché de sang et marqué de ces traces grisâtres et noires caractéristiques des dépôts de salissures du sol. Le plâtre du plafond, en s’écroulant, saupoudra d’une poudre blanche sa chevelures blonde et les épaules de sa veste. On aurait pu se dire que, dans cet état, elle ne ressemblait plus à rien, qu’elle n’était plus que l’ombre déchue d’une Lady Shiny, c'est-à-dire d'une dame ; ce serait lourdement se méprendre. La lueur qui scintillait dans son regard, ce sourire fou sur ses lèvres, sa poitrine qui se soulevait par secousses, la manière dont les jointures de ses doigts blanchissaient à force de serrer aussi violemment les poings étaient autant de preuves qu’il s’agissait presque là de son état naturel.

Shin poussa un rire cristallin, presque innocent, quand le sang gicla du cou de l’homme en armure. D’un geste vif, elle acheva de se relever pour faire face au deuxième tueur. Au moment où il brandit son fusil d’assaut, prêt à tirer sur Vaas, Shin se – se jeta sur lui, oui. Oh, elle aurait pu tirer de loin ; elle aurait été plus en sécurité, vous m’direz. Mais Shin, la sécurité, ça ne l’intéresse pas vraiment – alors que le risque, lui, l’attire comme un aimant.
L’homme eut à peine le temps de diriger le fusil vers elle qu’elle lui tomba dessus. Leurs deux corps s’écrasèrent sur le sol, soulevant un nuage de poussière sale. Elle, au-dessus de lui, lui arracha le fusil d’assaut des mains pour le lancer vers Vaas, pour ensuite lui frapper violemment le visage, son poing américain solidement vissé dans sa main droite. Au fur et à mesure qu’elle lui démolissait la gueule, elle sentait son cœur s’affoler de plaisir, tambourinant dans sa cage thoracique au rythme de ses coups. Le tueur finit par crever sous ses doigts. Elle releva alors la tête vers le couloir, apercevant d’autres formes humaines – d’autres formes ennemies. Deux hommes protégés par des armures levèrent leurs armes vers elles, tandis qu’une poignée d’autres s’approchaient d’eux en courant.

Elle ne leur répondit que par un rire.

- Vous pensez vraiment que vous allez m’buter ? Vous croyez que j’en ai peur ? Ah, mes petits cœurs, c’est mal me connaître.

À la voir aussi brutale et effrontée, on se demandait si ses gardes du corps n’avaient finalement pas vocation à protéger les autres de Shin – voire à la protéger d’elle-même.

Cette violence qui l'animait, était-elle le fait du rakyat, ou était-ce dans ses habitudes ? Pour quelqu'un comme Vaas qui venait tout juste de la rencontrer, le doute était possible - néanmoins, le contrebandier pouvait sentir que la drogue réveillait la nature de Shin et l'animait d'une brutalité qui frôlait la cruauté. Le regard rapide qu'elle lança à son nouveau collaborateur avant de foncer sur leurs nouveaux convives en était la confirmation : il pouvait voir brûler dans ses pupilles cette flamme folle qui la caractérisait. Car là, alors que l'adrénaline pulsait dans ses veines, inondant son corps d'une énergie meurtrière, , elle ressentait. Son corps était enfin en éveil, traversé par des sensations aussi puissantes que l'orgasme qui avait animé son organisme quelques minutes auparavant.

Elle se jeta au sol pour éviter les balles, attrapant au passage le mollet d’un mec qui se dirigeait vers le bureau. Il tomba lourdement par terre, sur elle. Il s’imagina un instant en position de force, et chercha à la maintenir au sol ; elle lui planta son couteau militaire dans la jugulaire, avant de l’ôter dans un geste aussi expert que violent pour le ranger dans le harnais qui entourait sa cuisse droite.

- On en crève de me prendre pour une conne, lui lança-t-elle avant de repousser son corps avant de fondre sur leurs ennemis, un Beretta dans une main.

Shin agissait dans une totale confiance à Vaas, sûre qu’il allait protéger ses arrières ; et s’il ne le faisait pas, eh bien, ma foi, tant pis – elle n’accordait pas une grande importance à une existence prolongée, comme son attitude le prouvait.

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 05 déc. 2024 22:19
par Vaas Montenegro
Il aurait pu dire qu’elle était suicidaire, mais ce serait se moquer de la réalité. En la voyant foncer vers les autres Privateers, Vaas sentit sa queue se redresser encore. Elle venait de le sauver en renversant le mercenaire qui comptait lui tirer dessus. Il récupéra le fusil d’assaut, un Colt Commando. Depuis l’autre bout du couloir, d’autres tueurs se rapprochaient. Vaas vit Shiny courir, et elle glissa sur le sol, évitant des balles, et faucha dans sa descente un Privateer avec une cagoule rouge qui s’était avancé. L’homme tomba sur Shiny, qui, malgré sa douce beauté, se transforma en une tueuse implacable. Elle attrapa le couteau militaire accroché à sa ceinture, et le planbta dans la jugulaire de l’homme, qui poussa un gémissement de douleur. Elle récupéra ensuite l’arme rougie, et, quand elle retira la lame, le sang fusa du cou de l’homme, qu’elle repoussa. Face à elle, le halo du lampe-torche d’une arme l’engloba. Le temps sembla se suspendre, quand les détonations du fusil d’assaut de Vaas retentirent, fauchant le mercenaire qui menaçait sa diva. Les balles le frappèrent, perçant son gilet pare-balles, heurtant sa main. Son pouce fut arrachée, et le rouge recouvrit son uniforme, tandis qu’il chavirait au sol.

De l’autre côté du couloir, il y avait une salle un peu plus grande. Des Privateers étaient venus en rappel dans cette grande pièce, ceux qui avaient ensuite bondi vers le bureau de Shiny, ce qui confirmait une chose : ils connaissaient les lieux. Ils avaient arrosé à travers la fenêtre, fauchant plusieurs des hommes de Shiny. Un troisième larron tira alors sur Vaas, le forçant à se replier, les balles faisant voler des morceaux de poussière autour de lui. Il répliqua à son tour, contraignant le mercenaire à s’abriter, avant de sentir le percuteur de son arme résonner dans le vide.

*Clic. Clic*

Pestant pour lui-même, Vaas nota alors la présence d’une grenade sur la ceinture de l’homme en armure qu’il avait empalé avec sa machette.

*Voilà de quoi les calmer…*

Vaas récupéra la grenade, et la dégoupilla.

« SHINY ! Reste planquée, bébé ! »

Il lança la grenade. Celle-ci s’envola, et traversa le couloir. Elle explosa au milieu, soulevant des morceaux de poussière, et fit tomber une latte du plafond. Vaas entendit des hurlements, des cris de repli, et sortit ensuite de sa planque. Il avait délaissé son fusil d’assaut par sa machette, et fondit sur le premier des mercenaires. Celui-ci avait bondi sur le sol pour éviter la déflagration, et se relevait péniblement. Vaas bondit au milieu de la fumée, et planta sa machette dans son torse. Il sentit alors du mouvement sur sa droite, et tendit son coude vers l’arrière. Il tapa ainsi contre la crosse d’un pistolet tenu par un autre mercenaire, ce qui lui sauva la vie. Le rakyat renforçait ses sens. Les balles embrassèrent le sol. Vaas se releva vers l’autre mercenaire, une véritable armoire à glace. Il parvint à se redresser, quand l’homme le frappa au ventre d’un coup de pied, le repoussant.

Surpris, Vaas partit en arrière. Il se laissa basculer, et fit une roulade, ce qui lui permit de retomber sur ses pieds. Il eut néanmoins à peine le temps d’accomplir cette péripétie que l’autre homme se rapprocha de lui, et l’attrapa au cou.

« Tu vas crever, espèce de taré ! » hurla-t-il.

Il plaqua Vaas contre l’un des piliers de la pièce. Shiny apparut ensuite, sautant dans le dos de l’homme. Un geste osé, qui amena le tueur à relâcher Vaas. Il attrapa ensuite les cheveux de Shiny, et la fit basculer par-dessus lui, la renversant au sol.

« Ah, tu en veux aussi, sale pute ?! »

L’homme leva le pied pour l’abattre sur le visage de la femme. Vaas banda alors ses muscles, et bondit sur le mercenaire, tentant de le ceinturer. Celui-ci bascula en arrière, surpris, mais abattit ses deux mains dans le dos de Vaas, en les joignant pour intensifier l’impact de la frappe. Le coup frappa Vaas, puis l’homme le repoussa en le projetant par les épaules. Vaas tomba encore à terre, à côté du cadavre qu’il avait planté. Le mercenaire pointa alors son pistolet sur Shiny… Lorsque Vaas, sentant le goût cuivré du sang dans sa bouche, planta la machette dans le pied de l’homme. Cette fois, il eut le plaisir d’entendre ce colosse hurler de douleur quand la lame transperça sa chaussure et le pied qui se trouvait dessous. Cela laissa le temps à Shiny de se relever, et de le planter avec son couteau. Vaas se releva ensuite en récupérant sa machette.

Il attrapa la main libre de Shiny, tandis que le mercenaire était tombé à genoux, grièvement blessé tant par l’attaque de Vaas que par celle de Shiny.

« Ensemble, bébé. Comme si tu étais ma putain de Bonnie.
- Bande de tarés, j’vous nique ! »

La machette et le couteau se plantèrent dans la tête de l’homme. Le sang jaillit de la tête de l’homme, dont le corps massif tomba en arrière. Vaas regarda ensuite Shiny, qui était recouverte comme lui du sang de leurs ennemis, baignant au milieu d’une douzaine de corps, comprenant aussi bien l’escouade d’assaut des Privateers que ses gardes. Il y avait encore tout le reste des attaquants à s’occuper, mais, avant cela, saisi d’une pulsion subite, Vaas partagea avec Shiny un baiser sulfureux, très intense, qui eut pour effet de la plaquer sur le pilier.

« Je t’ai dans la peau, maintenant… À la vie et à la putain de mort, qu’elle vienne, et qu’on la BAISE ! »

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 06 déc. 2024 19:22
par Lady Shiny
Sanglante.
C’était comme ça qu’elle s’aimait : quand le beige tendre de son épiderme était éclaboussée d’hémoglobine et que s’y éparpillaient de petits débris organiques ; quand son parfum boisé et tiède comme un fauteuil de cuir s’échauffant au coin d’un feu s’évanouissait, absorbé par les odeurs de sang, de poudre et de sueur ; quand son rapport féroce à l’existence prenait la forme d’une chute folle dans le vide et la violence.

À ses yeux, la scène qui venait de se dérouler relevait d’une sorte de beauté sauvage et libre. Shin avait regardé Vaas se battre, et ce spectacle l’avait particulièrement émoustillée. Les mouvements agiles et abrupts de son corps, cette puissance brutale dans ses coups, la manière dont sa peau se tendait à chacun de ses mouvements – et cette expertise dans l’art de tuer, surtout : tout ça la laissait aussi rêveuse qu’excitée. Lorsqu’il l’embrassa, elle les imaginait déjà se sauter dessus, avides et animés d’un désir aveugle, au milieu de ce décor d’apocalypse. Elle s’était agrippée à lui comme une camée s’accroche à sa dernière dose un soir de tempête, son corps s’écrasant contre le sien dans un léger gémissement.
Les bruits, au loin, la rappelèrent au réel. Ses désirs fous devraient attendre, puisque leurs ennemis en étaient incapables.

- Je te baiserai avant que la mort ne le fasse, promis petit cœur, lui souffla-t-elle en lui mordant le cou.

Décidément, cette tuerie ressemblait de plus en plus à un teasing.
Le couteau au poing, elle se détacha de Vaas – non sans cesser de le dévorer du regard, si bien qu’il pouvait lire dans ses yeux l’exquise et puissante excitation qui l’animait – pour à nouveau se ruer vers leurs assaillants.
La jolie blonde, vive, en égorgea un au passage – mais fut stoppée dans son élan par un adversaire qu’elle n’avait pas vu venir, un mec d’une musculature impressionnante. Il l’attrapa à la gorge, resserrant son poing en la faisant légèrement décoller du sol. Shin ne lui répondit que par un rire légèrement étouffée, du fait de sa prise.

- Ahah, mon chat – tu sais pas que ça m’excite ces conneries, moi ?

À peine finit-elle ses mots que le mec put sentir une machette s’enfoncer dans le bras qui tenait la jeune femme ; Vaas couvrait encore ses arrières, et venait de la libérer. Dans un hurlement, il relâcha son étreinte ; son bras tomba au sol tandis que Shin reculait, heurtant le bas-ventre de son libérateur de ses jolies petites fesses. Elle en profita un court instant, remuant vivement avant de se retourner vers lui – avec toujours ce grand sourire accroché sur les lèvres.

- Ne bande pas trop, ça pourrait te distraire, lui lança-t-elle dans un clin d’oeil, avant de faire face à nouveau à leurs assaillants.

Elle fut stoppée dans son geste par l’arrivée, dans la pièce, d’une silhouette qu’elle reconnaissait. Un européen, tout juste cinquantenaire et incroyablement bien conservé, entra, suivi d’une foule de types armés jusqu’aux dents de mitraillettes monstrueuses et de fusils d’assauts impressionnants. Shin stoppa Vaas dans son geste, le maintenant derrière lui.

- Regarde, souffla-t-elle à son intention.

Karl de son petit nom était un tueur à gages qui avait quitté son Allemagne natale pour le Japon afin de s’associer avec elle – ou plutôt, afin de lui louer ses services. Reconverti dans les « services d’urgence » (comme il les appelait), il était renommé pour sa capacité à tuer massivement. Il ne lui était certes pas exclusif, mais dès que Shin était dans la merde – un genre de merde qui pouvait avoir sa peau – Karl finissait toujours par arriver avec ses hommes de main ; il était en quelque sorte sa carte joker. Quand la pièce fut vidée de tous ses intrus, il se tourna vers elle et Vaas, le visage fermé.

- Merci, dit-elle simplement.
- Ça va te coûter cher, Shin, répondit-il sans sourire. D’autant qu’on a chopé un petit nerveux, en bas, et que je compte bien te faire payer chaque minute de sa détentio-
- Un petit nerveux ?

Karl tiqua. Il détestait qu’on lui coupe la parole. Depuis le jour où Shin l’avait appris, elle prenait un malin plaisir à le faire autant de fois que possible.

- Vous deux, vous venez avec nous. Comme ça, vous faites ce que vous avez à faire avec lui – et tu me payes.

Shin lui répondit par une petite grimace, et, se tournant vers Vaas :

- On le suit. Il nous mettra à l’abri.
* * *

Après un bon moment de trajet dans une camionnette – trajet au cours duquel Shin s’était royalement endormie sur Vaas, la tête posée sur ses cuisses – ils arrivèrent en face d’une de ces maisons d’architecture brutaliste, qui consistait en un assemblage de cubes et de rectangles façonnés dans un béton brut, le tout entouré d’une forêt particulièrement sombre. C’était une des planques de Karl, aux environs de la ville ; une villa aussi isolée que protégée. Quiconque s’en approchait sans avoir été convié finissait généralement par y crever. Dans un silence, Shin et Vaas furent conduit dans une aile qu’elle connaissait bien (pour y avoir été à quelques reprises, après qu’il lui ait sauvé la peau) : une vaste chambre aux murs noirs, entourée d’immenses surfaces vitrées donnant sur une petite cascade qui se perdait dans les rochers et les racines de vieux arbres immenses, entourée d’un salon et d’une salle de bain – le tout dans ce même style brutaliste et minimaliste.

Le premier réflexe de Shin fut de s’étaler sur les draps propres, les recouvrant de poussière, de plâtre et de sang. Devant tant de négligence, Karl grimaça – ce qui la fit ricaner.

- Tu sais où est la salle d’interrogatoire, dit Karl à Shin d’un ton froidement procédurier. Je vous laisse reprendre vos esprits, le temps qu’on apprête votre convive ; après quoi, vous pourrez vous occuper de lui. Je vous laisse à vos petites affaires. Ta jeep est garée à l’endroit habituel, les clefs sont dans le tiroir de la commode du salon. Vous pourrez trouver de quoi vous vêtir dans ce placard, si l’envie vous prend de reprendre une apparence à peu près convenable.

Sans ajouter un mot de plus, il les laissa là.

Après un temps, Shin se redressa sur ses coudes, se tournant vers Vaas. Son joli sourire était de retour sur sa petite face.

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 07 déc. 2024 00:12
par Vaas Montenegro
Vaas ne rejeta nullement l’invitation de ce fameux Karl, qui débarqua avec la délicatesse d’un éléphant venant briser leur moment à eux, leur moment conjugal de meurtres. Beaucoup de questions avaient émergé dans l’esprit de Vaas : qui était ce Karl, quel goût cela aurait de glisser sa langue dans l’insolent fondement de Shiny qu’il avait frotté avec son membre turgescent, comment avait-il pu apparaître aussi vite, comment avait-il fait pour appréhender Volker depuis son toit… De toutes ses questions, Vaas n’en conserva qu’une, liée au fondement de Shiny. Pour autant, avant d’accepter, il sollicita à tout le moins la possibilité de s’habiller, histoire de rester entre gens civilisés et de bonne compagnie. Karl lui fit signe de se dépêcher, en expliquant que, avec tout ce barouf digne d’une favela brésilienne, la cavalerie allait rapidement débarquer. Vaas était d’accord ; Shiny était bien trop callipyge pour que son adorable séant se refroidisse sur le sol d’une prison japonaise, d’autant que les prisons japonaises n’avaient pas le charme des prisons occidentales, un certain Carlos Ghosn en avait fait les frais.

Le contrebandier esquiva donc la question de la douche. Suzie était miraculeusement toujours en vie. Il la prit donc, et récupéra un long débardeur recouvrant son sexe. Tout en sortant, Vaas put voir que les hommes de Karl avaient sorti les bidons d’essence, aspergeant les corps. L’incendie n’effacerait sûrement pas toutes les preuves, mais éviterait des questions. Vaas rejoignit ensuite un fourgon en compagnie de Shiny, et laissa celle-ci se reposer sur ses cuisses. Vaas sourit brièvement, et caressa ses cheveux, doucement, pour les rabattre derrière son oreille. Karl les accompagnait, fixant Vaas de manière impassible.

« Vous êtes quoi, alors ? Son ange gardien ?
- On peut dire ça. Vous, vous êtes ce chien fou dont j’ai entendu parler.
- Un chien, ça peut mordre…
- Il me semble que c’est ce que votre ancien associé a découvert.
- Je ne crois pas aux coïncidences. Vous qui débarquez en même temps que ce suceur de pines… Volker a voulu m’entuber sans vaseline, j’espère que c’est pas votre came.
- Nous avons été prévenus de votre venue par ce brave homme qui a dormi dans votre coffre. Si je l’ai su, les Guramu le savaient aussi. Et, comme tout le trafic du rakyat passe par vos mains, je savais que cette action allait déclencher une réaction. »

Vaas repensa à ce petit comptable frétillant. Il avait la tête de la parfaite balance, mais Vaas avait instinctivement senti qu’il était trop couard pour doubler Shiny.

« Alors, vous êtes qui, putain ?
- Comme vous l’avez dit, je suis son ange gardien. Pour le reste, tout ce que vous avez besoin de savoir, c’est que les Petrovski s’intéressent de très près à ces substances que vous avez ramené de votre île. »

Vaas allait devoir se contenter de cela. Le van s’éloignait des quartiers mal famés pour rejoindre des lieux plus huppés, dans les hauteurs de la ville. Ils rejoignirent l’épaisse forêt qui entourait Atarashï Yoake, là où des architectes fantasques avaient bénéficié de permis de construire pour édifier des villas modernes, bien loin du style classique japonais. Des villas cubiques avec des baies vitrées de partout. Le van s’y dirigea lentement, rejoignant la propriété privée. Vaas était plus ou moins sûr que, si on demandait à la publicité foncière l’identité du propriétaire, on aurait droit à une société, détenue elle-même par d’autres sociétés, renvoyant ensuite à des prête-noms. C’était un sauvage, mais il connaissait la pratique de la dissimulation.

Le van se gara dans l’un des garages de la villa. Shiny se réveilla. Vaas lui sourit doucement, veilla encore à rabattre une mèche de cheveux derrière son oreille. Là, comme ça, elle ressemblait à une petite poupée délicate, cette fleur fragile qu’on aurait pris pour une jeune ingénue jetée dans la fosse aux lions. Une erreur tactique, il avait vu sa sauvagerie, sa brutalité, et cela l’avait conquis.

Karl les guida à travers plusieurs couloirs. Bâtiment moderne, froid, aseptisé. Ils furent conduits jusqu’à une grande chambre aux murs noirs, bien loin de l’ambiance « ghetto » du repaire de Shiny. Vaas nota qu’une baie vitrée donnait sur un morceau de la forêt. Karl les invita à se reposer en attendant qu’ils soient prêts à aller interroger Volker. La porte se referma derrière lui. Vaas examina brièvement les lieux, se rapprocha HiFi très complète. avant d’entendre le son de Shiny sautant dans le lit. Il la regarda, notant son sourire, brillant comme un carton d’invitation. Il lança Suzie, qui rebondit sur le lit.

« Voilà notre copine, elle a survécu à tout… »

Il retira ensuite son débardeur, et appuya sur le bouton de lecture. Des basses lentes se firent entendre, comme des battements cardiaques tandis qu’il se rapprochait d’elle, nu, et grimpait sur le lit. Comme si les Dieux de la musique avaient entendu la supplication de Vaas, la musique se lança sur la voix sensuelle de Trent Reznor chantant son sensuel « Closer » :

  • You let me violate you
    You let me desecrate you
    You let me penetrate you
    You let me complicate you

Tandis que la musique diffusait le programme, Vaas sourit à Shiny, et releva le menton de celle-ci.

« …Et mon copain là-dessous a aussi très envie de te saluer à nouveau, Shiny… »

Il l’embrassa à nouveau, posant sa main sur ses cheveux. En ce moment, Hoyt Volker, les Guramu, Karl et tout ce merdier ne l’intéressaient plus du tout. Même Suzie allait devenir jalouse. Tout son corps fut galvanisé par son sexe assoiffé, qui alla se perdre en elle. Il s’unit en elle, et ce fut comme si le monde entier disparut, aspiré par le goût unique de ses lèvres.

Re: Make It Bun Dem [Lady Shiny]

Posté : 07 déc. 2024 13:07
par Lady Shiny
« Son ange gardien ». Karl repensa aux paroles de Vaas dans ce qui semblait être un sourire, bien qu’il soit relativement inquiétant. S’il avait endossé ce rôle, c’était à la fois pour l’argent, par goût de l’aventure (du moins, de celles dans lesquelles il était le sauveur) et parce que, bien que ne connaissant pas complètement les origines de Shin, il la considérait comme une européenne – et Karl avait une assez haute opinion du continent européen, du moins de ses contrées les plus blanches. Par un élan de solidarité motivé par un bon petit racisme des familles – racisme qui prenait ses racines dans une philosophie politique aux relents coloniaux – il venait volontiers en aide à celles et ceux qu’il reconnaissait comme ses semblables et, de facto, ses confrères et consœurs, surtout si cela impliquait de dominer des cultures qu’il considérait comme largement inférieures à la sienne. Jamais il ne le formulait clairement, et personne ne l’entendrait jamais le dire ; néanmoins, tout dans ses choix stratégiques traduisait sa mentalité.
Il avait choisi les Petrovski comme alliés pour cette même raison. Les dirigeants du clan russe avaient vite compris que Karl n’était pas seulement motivé par l’argent (ce qui aurait fait de lui une dangereuse petite girouette) ; le côté suprémaciste du tueur à gages allemand mêlé à sa profonde haine du continent américain – qu’il considérait comme « dégénéré » – faisait de lui un collaborateur de choix. Il était uni à eux par une idéologie suffisamment ancrée en lui pour en faire un allié solide qui jamais ne les trahirait.
C’est pourquoi, après avoir laissé Shin et Vaas dans l’aile qui leur était dédiée dans sa villa, il adressa un message rassurant aux Russes : le fournisseur de rakyat était entre de bonnes mains (c’est-à-dire les siennes) et la précieuse drogue serait bien entre les leurs. Il avait beau être l’ange gardien de Shin, elle n’était pas une Petrovski ; il sauvait ses fesses parce qu’il la croyait française et parce qu’elle était utile aux Russes.

Dans leur alcôve, Vaas et Shin s’en donnait à cœur joie. La petite mafieuse avait doucement remué les épaules en entendant la musique, savourant cette accalmie après le bain de sang dans lequel ils s’étaient joyeusement noyés. Elle lui avait rendu son baiser dans un sourire, heureuse de le sentir à nouveau contre elle. Si buter des gens l’avait échauffée, le voir le faire avec elle l’avait sérieusement excitée. Cette tuerie avait été une genre de parade nuptiale, au cours de laquelle l’un avait conquis l’autre.
Elle l’accueillit avec un tendre gémissement, étirant ses bras en arrière pour mieux se cambrer contre lui – et attraper Suzie au passage. La drogue était bien retombée, depuis la fin du combat, et elle crevait d’envie d’être défoncée à nouveau. Shin porta la pipe à ses lèvres, fumant allègrement avant de souffler la fumée sur le visage de Vaas. Ça y est, ça remontait, ça poussait dans tout son corps à la manière de racines s’enfonçant dans sa chair pour mieux faire éclore les fleurs de la défonce. Shin poussa un lent soupir d’extase, laissant retomber Suzie à ses côtés, sur ce lit qu’ils étaient déjà en train de salir.

- I wanna fuck you like an animal, chantonna-t-elle en le regardant.

Se redressant vivement, la jeune femme l’entraîna au sol dans un mouvement sauvage, se retrouvant un instant au-dessus de lui. Elle en profita pour remuer en rythme avec la musique, souriant comme une damnée.

- You get me closer to God, continua-t-elle en caressant les lèvres de Vaas avec un de ses doigts, avant de lui fondre dessus pour l’embrasser.

Puis, dans un mouvement vif, elle ôta sa veste et l’envoya heurter une lampe – qui tomba lourdement sur le sol. Ce qu’elle dansait bien, ainsi, sur lui. On aurait presque pu croire qu’elle était plus une professionnelle du sexe qu’une baronne de la drogue. Souple, aguicheuse, elle jouait à s’approcher pour faire mine de l’embrasser avant de reculer, pour le plaisir de le frustrer un peu. Shin savait très bien ce qu’elle faisait ; en le provoquant ainsi, en s’amusant à le dominer, elle n’attendait qu’une chose : qu’il lui montre s’il était capable de prendre le dessus sur elle.